Note : Série de textes très courts. Quatre sont prévus pour l'instant. D'autres pourront s'y ajouter après visionnage du 3ème film et des versions longues.
Les dialogues en italique sont ceux des films.
Disclaimer : Rien ne m'appartient, sinon le texte. Les personnages et leur univers sont à Tolkien et Peter Jackson.
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Atterrés, immobiles côte à côte dans la nuit, Fili et son frère Kili n'osaient même plus se regarder : ils avaient beau compter et recompter, se répéter : "ce n'est pas possible", la triste réalité était qu'il leur manquait deux poneys. Deux !
En lieu et place desquels ils avaient trouvé des arbres déracinés, qui ne l'étaient pas lorsqu'ils s'étaient éclipsés.
Bravo.
Impossible désormais de feindre l'innocence et de prétendre qu'ils n'avaient rien remarqué : à moins d'être sourd et aveugle, il est difficile de rater une créature assez grande pour déraciner un arbre à quelques pas de vous !
- Occupez-vous des poneys et, surtout, restez près d'eux, avait dit Thorin.
Assurément, il savait ce qu'il disait et pourquoi il le disait… Las, la jeunesse insouciante a trop souvent tendance à prendre les dires de ses aînés avec désinvolture !
Les deux frères, à présent, se mordaient les doigts de la légèreté qui les avait amenés à ignorer les consignes données. Pourquoi donc, se disaient-ils deux heures plus tôt, rester là à regarder ces stupides poneys ? Quelle barbe ! Il ne va pas leur pousser des ailes, ils ne vont pas s'envoler, ni s'en aller d'aucune autre manière (tu parles !) puisqu'ils sont entravés et que l'endroit est totalement désert !
Fili et Kili trouvaient bien plus amusant de s'éclipser en douce et d'aller explorer les environs : outre que l'escapade avait un délicieux parfum d'interdit, Fili avait cru distinguer à travers les arbres, tandis qu'ils chevauchaient avec les autres, ce qui ressemblait à une vieille tour en ruines (et qui, ô déception, ne s'était révélée être finalement qu'un piton rocheux totalement dépourvu d'intérêt mais présentant une forme particulière). Il grillait d'envie d'aller l'explorer et, bien entendu, Kili s'était aussitôt enthousiasmé pour cette idée.
Non seulement ils s'étaient sentis plutôt bêtes, tous les deux, en constatant qu'il n'y avait là pas plus de tour qu'un seul mot cohérent dans le baragouin de Bifur, mais encore le retour au campement était-il amer !
Déjà, la disparition de deux de leurs montures allait poser un gros problème au matin, lorsqu'il faudrait reprendre la route. Ce n'était pas tant l'idée de devoir continuer à pieds qui les gênait (car bien entendu, ce serait pour leurs pommes, puisqu'ils étaient responsables). Non, le vrai souci c'est que du coup, ils allaient considérablement ralentir toute la Compagnie. Or, le temps leur était compté. Et leurs compagnons ne tarderaient pas à ronchonner et faire des remarques acerbes, s'ils étaient obligés de se traîner à cause d'eux !
Par ailleurs, les deux garçons pensaient au savon magistral qu'allait leur passer Thorin ! Tous deux s'étaient déjà sentis penauds l'autre soir, lorsqu'ils s'étaient fait sèchement réprimander parce qu'ils s'amusaient à effrayer Bilbon avec des histoires d'attaques d'orcs. Là, c'était bien pire ! Ils se sentaient archi nuls ! Soyons honnête, il ne faut pas être bien malin pour surveiller quelques poneys… or, ils avaient lamentablement faillis !
Indépendamment de leur amour-propre mis à mal et des conséquences prévisibles de l'incident, l'idée de passer pour des incapables devant toute la Compagnie n'était pas vraiment des plus folichonnes.
Un grand moment de solitude morale !
