Disclaimer: rien à moi, tout à JK, sniff.
Note: ma première fic, plus longue que ne le laisse présager le premier chapitre, avec de vrais morceaux de slashs pour plus tard et un bon vieux pairing HG/RW.
« Vieux ! Ron, par ici… »
Okay, vu, Harry, tu peux arrêter d'agiter les bras, pas besoin que tout le Chaudron baveur se retourne vers la table du Survivant.
« Bordel, vieux… une espèce de roc immense, tu es vraiment devenu une espèce de roc immense ! Et quelle putain de barbe ! Une putain de montagne barbue… »
Je souris… surveille ton langage, Harry.
Il n'est lui aussi que sourire, content de me voir, on dirait.
« Par contre, toi… t'as eu tort d'arrêter le Quidditch, tu sais ça ? »
Rire à présent, franchement. Il chasse une mèche de son front, pour mieux s'ébouriffer sa tignasse rebelle. Sa cicatrice est à présent beaucoup moins visible, à peine perceptible, juste une fine démarcation blanchâtre .
« Assieds-toi, vieux. Tom est déjà passé six fois pour prendre ma commande, je devais lui faire un peu pitié. »
Je m'assieds face à lui, il a choisi une table un peu reculée dans un coin du pub. Ne serait-ce ses mouvements de bras tout à l'heure pour attirer mon regard, personne ne remarquerait vraiment qu'Harry Potter est dans les murs.
Tom, lui est très attentif, et se précipite vers notre table au moment où j'étends mes jambes devant moi.
« Ogden's old pour moi, Tom… toi, vieux ? »
« Pareil. »
« Tout de suite, Mr Potter… Mr Weasley, ça fait plaisir de vous revoir ! Il y avait longtemps… »
Longtemps oui. Je grommelle un truc à Tom qui retourne aussitôt vers son comptoir.
Harry me regarde à nouveau, sans rien dire cette fois, un demi sourire accroché aux lèvres.
Trop longtemps, oui, il m'a manqué, ce con !
« Tu nous manquais, tu sais ? »
Pas tout de suite, Harry, pas tout de suite. Laisse-moi encore un instant retrouver mon meilleur ami. Mais il continue.
« Trois ans, vieux, trois longues, interminablement silencieuses putain d'années ! J'arrive pas à y croire. Trois ans sans te voir, ni te lire, et nous sommes là, assis face à face sans savoir lequel va craquer le premier… hein vieux ? Foutre Dieu, Ron, ne nous fais plus jamais un truc pareil. »
Arrête, Harry, pas de ça. Je savoure l'instant là, tu ne vois pas… Ne me lance pas ton « nous » en pleine gueule alors que je n'ai pas encore réouvert les yeux.
« Merde, parle ! »
Je sors un son, qui ressemble à un raclement, du fond de ma gorge. Tom choisit ce moment pour nous apporter nos boissons… Bon timing, Tom, merci.
De l'autre côté de la table, Harry n'a plus sa grimace joyeuse, il semble d'ailleurs maintenant prêt à exploser.
Okay, Weasley, fin du temps mort, premier round.
« Je m'excuse, Harry, franchement, sérieusement, je m'excuse. Ca a été long pour moi aussi. »
« C'était ton choix, tu ne nous as pas laissé d'alternative, rien. Juste le vide. Trois ans de vide… tu peux en effet être sacrément désolé, Ron ! »
Sa voix tranche dans le vif, s'enfonce jusqu'à mes tripes. Désolé.
Je reprends.
« D'accord, Harry. Je suis carrément désolé, et totalement con d'avoir pu croire que de disparaître résoudrait tout. J'ai eu tort. »
Un léger sifflement, une pause dans sa respiration, je continue.
« J'ai vraiment pensé pour le mieux, tu sais, le mieux pour nous trois. Ne plus faire partie de l'équation me semblait la meilleure solution. Et Merlin sait que j'ai du mal à trouver les bonnes solutions ! »
Un plissement imperceptible des paupières, il attend la suite.
La suite vient, mais hachée menue, elle me tombe des lèvres par petits bouts.
« Un an pour comprendre pourquoi je devais décamper, un an ensuite pour digérer ma réflexion et enfin un an pour accepter de rassembler les morceaux. Après ça, une semaine pour rejoindre le Terrier. Ca me semblait un délai raisonnable vu du Pôle. Mais c'est vrai que ça n'explique pas le silence… »
Son souffle qui lâche « Laisse tomber ».
Mon meilleur ami, j'ai retrouvé mon meilleur ami, et comme après l'avoir vu affronter le Magyar à pointes, ça me remue les entrailles à m'en tirer des sanglots. Que je retiens. Ronald Weasley ne pleure pas en public ! D'ailleurs, Ronald Weasley ne pleure pas, c'est juste la fumée qui pique les yeux, c'est tout.
D'ailleurs, j'y pense et je sors de dessous ma cape un paquet de cigarettes moldues.
Harry me regarde, étonné.
« Tu fumes ? »
« Je fume, oui, depuis trois ans. Toi ? »
« Non, jamais vraiment eu envie de m'y mettre. Hermione serait contre, de toute façon, tu la connais. »
« Oui, je la connais. Je crois que ça amplifie mon plaisir de la cigarette, de savoir qu'Hermione est contre. »
Je lui jette un regard, il a cillé, mais ne réplique pas.
« Et un autre whisky de feu ? Tu crois qu'Hermione serait contre aussi ? dis-je en contemplant mon verre vide avec regret. »
« Baah, elle n'a pas toujours besoin de tout savoir… »
Et s'ouvre à présent la valse des whiskies, verres vides côtoyant autres verres vides, jusqu'à ce Tom décide que de nous laisser la bouteille mettra fin au remue-ménage entre son comptoir et notre table.
Là, je suis bien… franchement bien même, et franchement saoul aussi. Harry, aussi atteint que moi, rit bêtement depuis 10 bonnes minutes.
Il se lève, tente de faire un pas à gauche, revient vers la droite, retente un coup à droite pour enfin s'effondrer sur le sol, se cognant au passage la mâchoire contre le rebord de la table. Tout ça ponctué d'un long rire rauque et bête.
Je me précipite vers lui, aussi vite que le permettent mes jambes en coton. Il est beau, le garçon qui a survécu, affalé par terre, la lèvre en sang et secoué de grincements débiles.
« Oh Harry ! Ca va vieux ? Tu peux te relever ? »
Harry grogne un truc vague et fait un geste vers Tom qui regarde le spectacle d'un air navré.
« La clef de la chambre, Mr Potter ? Un hibou pour Mme Potter peut-être ? »
Harry geint un instant, puis saccade à l'intention de Tom « La clef, hibou plus tard, elle sait où je suis. » et s'effondre à nouveau, mais cette fois dans mes bras.
Je suis déjà passé par là et, même si Colin était un peu moins lourd qu'Harry, je sais que l'alcool s'évapore quand Ronald Weasley se met en branle. Mon ami sur l'épaule, je suis Tom vers le second étage du Chaudron Baveur, où il m'explique que Harry a l'habitude de louer une chambre.
De fait, la pièce que m'ouvre Tom est visiblement occupée par le bel abruti qui souffle contre mes omoplates.
Je le dépose sur le lit et m'apprête à quitter la pièce à la suite de Tom, quand Harry m'arrête d'une main plus ferme que son imbibition le laisserait penser.
« Ron, non, tu restes. »
Je proteste.
« Tu dois dormir, vieux, je ne serai pas loin. »
« Non, tu restes. Maintenant. Demain, je ne serai plus saoul assez pour te parler. Et on doit parler. Parler d'elle… »
Et depuis quand a-t-on le droit de refuser quoi que ce soit au Survivant ? Je m'assieds donc dans un fauteuil que je rapproche du lit. Et j'attends. Qu'il me parle. D'elle.
