Disclamer (une fois pour toute pour cette fiction) : les personnages du canon sont à JKR, l'histoire et les personnages que vous ne connaissez pas sont à moi, à moi et rien qu'à moi! Pas touche sinon je mords.
Bêtas : Morwenedhel et Archimède (je vous remercie les filles)
Note : c'est un cadeau pour Leylah. Elle voulait un HP/DM parce que c'est son couple préféré. Donc, je lui offre un drarry. J'espère, mon petit gouda, que ça te plaira (non parce que j'ai un chouilla la pression)
Alors, je sais qu'il existe des histoires avec le même titre. Dont une qui a la même idée de base (vous comprendrez rapidement) mais elles n'ont que cette idée de base en commun, le reste est totalement différent. Cette fic est entièrement finie. Elle fera 10 chapitres dont un épilogue. Je l'avais coupée en parties, 4 parties dont la dernière était un épilogue.
J'espère que cette fiction plaira.
C'est un UA, dans le monde moldu. Pas de sorciers ni de pouvoirs, rien du tout.
Elle est différente des autres, je pense et vous le découvrirez dès le début. J'espère aussi ne pas avoir dit trop de bêtises et qu'il n'y a plus de fautes
/!\ Avertissement /!\ Je mets tout de suite cette fic en rating M, pour cause de relations entre messieurs consentants, mais cela viendra un peu plus tard dans la fic.
Bonne lecture ;)
Lis sur mes lèvres
Partie 1
L'enfance
Chapitre 1
Lorsque Pétunia Dursley se leva en ce matin du 30 novembre 1981, elle n'aurait jamais imaginé que sa journée et sa vie allaient être à jamais chamboulées.
Comme tous les matins depuis cinq ans, la mère de famille était debout avant tout le monde pour s'occuper du petit-déjeuner de son mari Vernon et de son adorable bébé Dudley âgé de dix-sept mois. Ensuite, en attendant que son fils se réveille et hurle dans son lit parce qu'il avait faim, elle faisait un brin de ménage.
Armée de gants en caoutchouc, elle récurait avec ardeur ses plaques de cuisson déjà rutilantes, avant de se mettre à briquer son plan de travail. Une odeur de javel emplissait la pièce impeccable pour le commun des mortels, mais apparemment pas assez pour la femme blonde au visage chevalin et au cou plus long que la normale.
Pétunia était une maniaque de la propreté et du rangement. Sa maison était lavée du sol au plafond, tous les jours.
Vers huit heures, Dudley se mit à brailler à l'étage. Réglé comme une horloge, le bonhomme se réveillait à la même heure tous les jours de la semaine. À partir de cet instant jusqu'à son coucher, il fallait sans cesse faire ses quatre volontés. Mais ses parents étaient ravis. Ils étaient fiers de lui.
La mère de famille se hâta à l'étage avec un biberon de lait bien chocolaté afin d'amadouer son garçon pour le changer et l'habiller, mais aussi pour couper court à ses hurlements pendant la durée de toute l'opération.
Alors qu'elle était en train de changer la couche pleine et presque débordante de son chérubin blond qui se tortillait et criait à s'en déchirer les cordes vocales sur sa table à langer, le biberon couché sur le sol, gouttant par terre, presque vide, la sonnette retentit.
- Qui peut bien sonner aussi tôt ? demanda-t-elle à Dudley qui, au lieu de lui répondre, lui donna un coup de pied dans l'estomac afin de manifester son mécontentement.
Il n'était que huit heures et demie !
Armée d'un bébé vêtu autant que possible et remuant dans ses bras, Pétunia descendit l'escalier pour aller ouvrir avant qu'un nouveau coup de sonnette ne réveille son mari. Vernon ne travaillait pas aujourd'hui, sa femme le laissait dormir. Il se levait aux environs de dix heures en général.
Derrière la porte se trouvait une jeune trentenaire, la peau sombre, les cheveux attachés en un chignon serré, portant un manteau rouge ainsi qu'un paquet emmitouflé dans une couverture.
- Madame Dursley ? Je suis Virginia Ampton. Services Sociaux.
Pétunia resserra sa prise sur son fils, le faisant hurler plus encore. Elle n'avait qu'une peur, qu'on lui retire son précieux bébé. Pourtant, ce n'était pas possible, elle n'avait rien fait pour cela. Dudley était chéri. Ce n'était pas un enfant battu. Mais peut-être que les voisins étaient coupables. Jaloux de la réussite des Dursley – Vernon était directeur de son entreprise de perceuses depuis quelques mois et les affaires marchaient bien – ils avaient dû faire appel aux Services Sociaux pour faire tomber cette famille honorable.
- Que voulez-vous ? attaqua Pétunia d'une voix glaciale.
- Navrée de vous déranger aussi tôt, mais nous avions quelqu'un à vous amener.
- Quelqu'un ? Je ne fais pas dans...
- Il s'agit de votre neveu, Madame Dursley.
- Je n'ai pas de neveu. Vous devez vous tromper.
- J'en doute. Puis-je entrer pour vous expliquer ? Il fait froid dehors et...
Pétunia risqua un œil à droite puis à gauche. Aucun voisin n'était à l'extérieur ou derrière ses fenêtres à espionner les autres. Seule une voiture noire, une berline garée devant le numéro 4, prouvait la présence de quelqu'un chez les Dursley.
- Entrez !
Elles s'installèrent, l'une tant bien que mal car son bébé luttait pour s'échapper des bras maternels, l'autre en vérifiant que le contenu de ses couvertures paraissait toujours là, ou dormait encore s'il s'agissait effectivement d'un enfant. Vu la taille de la couverture, ce ne pouvait pas être autre chose – elle refusa de penser qu'il pût s'agir peut-être d'une personne de petite taille.
Pétunia n'avait pas vu sa sœur Lily depuis des années, depuis la fin des études de la plus jeune et de son propre mariage avec Vernon. Cela devait faire cinq ans. Elles n'échangeaient aucune lettre ni aucun coup de fil. Elles avaient pris deux directions différentes et n'avaient pas tenté de se rapprocher. Si Lily s'était mariée et avait eu un enfant, Pétunia n'était pas au courant. Et la visite de cette assistante sociale venait de piquer sa curiosité. Même si elle avait du mal à croire que Madame Ampton disait ne pas s'être trompée, si l'enfant était bel et bien son neveu et qu'on lui confiait, cela voulait dire que sa sœur était soit incapable, soit morte ou portée disparue. Dans les trois cas, la blonde éprouva un pincement au cœur.
- Vous êtes bien Pétunia Dursley née Evans ?
- Oui.
- Vous avez une sœur qui s'appelle Lily ?
- En effet. Qu'est-il arrivé à ma sœur ?
- Vous... Vous n'êtes pas au courant ? s'étonna Virginia, les yeux écarquillés. Personne n'est venu ?
- Pour me dire quoi ?
Ampton ferma les yeux. Ce n'était pas à elle d'apprendre ce genre de nouvelles aux familles, mais à la police. Elle devait juste amener l'enfant dans sa nouvelle maison et ses tuteurs étaient prévenus.
Là, apparemment, tout avait été bâclé. Pourtant, une enquête avait été menée, Virginia en était certaine puisque les Services Sociaux tenaient le nom des Dursley de Scotland Yard. Pétunia Dursley et Lily Potter étaient sœurs.
- Madame Dursley, est-ce que la police ou un agent des services sociaux est venu ici ?
- Non, ni visite, ni coup de téléphone. Dîtes-moi ce qui est arrivé à ma sœur !
L'agente devait se montrer douce et aimable. Elle avait affaire à une femme qui venait d'apprendre le pire.
Virginia ne comprenait pas pourquoi personne n'était venu prévenir les Dursley de la mort de Lily Potter. Qu'avait fait la police ?
Des comptes allaient être rendus dès qu'elle reviendrait au bureau. L'agent chargé de l'enquête avait intérêt à donner des explications solides, de même que les collègues de la jeune femme.
En venant au 4, Privet Drive, Virginia était certaine que la tante était au courant. Là, si Madame Dursley refusait de prendre son neveu, il se retrouverait pupille de la Couronne. C'était la pire des solutions et pour l'agente, il était hors de question que ce petit bout de quinze mois, absolument adorable, finisse dans un orphelinat. Ils étaient pleins.
- Votre sœur et son mari ont été retrouvés assassinés à leur domicile. Je suis navrée.
Même les cris de Dudley s'étaient tus. Pétunia avait la bouche grande ouverte en un cri silencieux. Sa sœur était morte ?
Maintenant qu'elle le savait, elle refusait tout bonnement de l'imaginer. C'était sa cadette, la seule famille qui lui restait... jusqu'à aujourd'hui.
- Quand ?
- Il y a un mois. Le 31 octobre.
Pétunia se figea quand elle se rappela de cette date. C'était passé dans tous les journaux pendant des jours et on parlait encore de cette affaire. Le couple Potter avait été retrouvé mort à son domicile, roué de coups de couteaux. La blonde n'avait jamais fait le lien entre Lily Potter et sa sœur, Lily, tout simplement parce qu'elle ne savait pas qu'elle avait un beau-frère.
- Oh Seigneur !
La honte et la douleur furent deux des sentiments les plus forts qui la traversèrent en cet instant. Elle n'avait pas reconnu le portrait de celle qu'elle n'avait plus vue depuis cinq ans et se dégoûtait.
- Donc... l'enfant...
Elle s'interrompit, ravagée par les larmes. Elle n'avait pas pu aller à l'enterrement. Y en avait-il seulement eu ? À part Pétunia, Lily n'avait personne ! Elle devait se trouver dans la fosse commune avec son mari.
Rien que cette idée donna la nausée à la maîtresse des lieux.
- Aux informations, ils disaient que le coupable avait été arrêté ?
- Oui.
Pétunia tamponna ses joues osseuses et ses yeux rougis par les larmes avec un mouchoir qui ne quittait jamais sa manche de gilet en laine. Elle connaissait l'histoire atroce grâce aux journaux. Lily et son mari, James, avaient été tués par un malade mental qui les avait pris en otage durant plusieurs heures. Leur fils, Harry, avait été drogué aux somnifères puis caché dans un placard pour qu'il puisse échapper au massacre. C'était un ami de James qui avait trouvé les corps le lendemain et avait prévenu la police. L'enfant avait repris conscience et s'était mis à hurler. Lorsqu'il avait été découvert, il avait une entaille sur le front, sans doute faite par le meurtrier avant d'être sauvé par Lily.
- Je suis navrée de venir vous déranger à un tel moment...
- Vous parliez tout à l'heure de nous laisser notre neveu, Harry.
- En effet. Nous préférons confier la garde des enfants orphelins à une famille proche. Vous êtes la seule famille qui lui reste et...
- Je veux le voir, ordonna Pétunia en posant Dudley par terre.
L'enfant, calme jusque là, se remit à gronder, exigeant qu'on le reprenne dans les bras, mais sa mère ne s'en préoccupa pas. Elle tendit les bras vers l'assistante sociale qui lui donna la couverture. D'une main douce, la blonde au visage chevalin découvrit le visage du bébé qui dormait encore, imperturbable. Sur son front, à peine cachée par des mèches de jais en bataille, une plaie en voie de cicatrisation trônait.
Son neveu.
Elle avait vu le portrait de son père, James. Il lui ressemblait comme deux gouttes d'eau avec ses cheveux qui partaient dans tous les sens, mais Pétunia put voir qu'il avait le nez et la forme des yeux de sa mère. Elle retrouvait dans le petit garçon quelques traits de sa défunte sœur.
- Quel âge a-t-il ?
Emmitouflé dans sa couverture, il paraissait minuscule et tout fin. Mais son jugement était faussé par son propre fils qui était grand et fort pour son âge.
- Seize mois.
Ainsi il avait un mois de moins que Dudley.
- Son parrain Sirius Black, quand il a su qu'Harry serait confié à vos soins, nous a laissé des vêtements et des peluches pour lui.
- Sirius Black ? releva Pétunia. N'est-ce pas celui qui a retrouvé... les... ma sœur et son mari ?
En réalité, elle n'avait pas besoin de réponse, elle le savait. Dotée d'une excellente mémoire acquise grâce aux potins, Pétunia retenait un visage et un nom pendant des années, l'associant aisément avec un fait.
- Si, en effet.
- Pourquoi avoir refusé son parrain comme tuteur ?
Pas qu'elle ne voulait pas prendre l'enfant, ils avaient les moyens d'élever deux garçons qui avaient le même âge, mais elle préférait avoir toutes les cartes en mains, même si sa décision était déjà prise.
Harry vivrait ici et pas ailleurs. Son arrivée impromptue les obligerait à s'organiser. Il fallait acheter des meubles, réaménager la chambre de Dudley, se procurer des vêtements à la taille du petit garçon, des jeux... Mentalement, Pétunia dressait la liste. Pendant qu'elle s'occuperait de ses deux hommes, son mari irait faire des courses. Et tant pis s'il n'était pas content.
- Il est célibataire, n'a pas d'enfant et a un comportement encore immature. Lui confier la garde d'Harry aurait été préjudiciable au développement de votre neveu.
- Je vois, fit la mère de famille en sortant Harry de sa couverture.
Il était revêtu d'un pyjama rouge avec une tête de nounours sur son ventre et un petit texte disant : « le dodo, c'est bon pour moi ». Quand sa tante le bougea, l'enfant papillonna des paupières puis ouvrit les yeux, révélant deux émeraudes identiques à Lily.
Il y eut un instant de battement entre le moment où Pétunia et Harry se regardèrent et celui où le petit brun se mit à pleurer doucement. Immédiatement, comme elle l'aurait fait pour son propre fils, la blonde serra son neveu contre sa poitrine et le berça en faisant de grands cercles dans son dos.
Le changement devait l'effrayer.
- Il pleure beaucoup, la prévint Madame Ampton.
- Rien d'étonnant, cracha son interlocutrice. Cet enfant a perdu ses parents sous ses yeux ou presque, on l'arrache à ses repères et on le laisse à des inconnus. C'est normal qu'il pleure, hein mon grand. Maman te manque.
Elle colla sa joue contre le sommet du crâne d'Harry et continua de le bercer. À ses pieds, Dudley était mécontent et le faisait savoir. Non seulement sa mère ne s'occupait pas de lui, mais en plus elle osait prêter plus d'attention à quelque chose d'autre ? C'était inacceptable !
Assis par terre, le blondinet cria de toute la force de ses poumons, se fichant de réveiller son père, mais ça ne changea rien à sa situation.
Pétunia, elle, avait les yeux fermés. Son fils exigeait un peu d'attention. Il méritait aussi des explications, mais pour l'instant, c'était son neveu le plus important. Elle avait besoin de le rassurer.
Il n'y avait plus qu'à espérer que les hurlements du bébé réveilleraient son père qui descendrait et s'occuperait de lui. Mais Vernon avait un sommeil de plomb.
Dans tous les cas, lorsqu'il verrait Harry, il aurait du mal à s'en remettre. La jeune femme n'était pas inquiète, son mari accepterait son neveu une fois la surprise passée. De toute manière, elle ne lui donnait pas le choix. Le bébé vivrait ici, un point c'est tout !
Ce dernier finit par se calmer mais n'était pas rassuré. Cela se voyait à ses mains agrippées au gilet de sa tante et au fait qu'il enfouissait son nez dans le cou offert et rassurant.
Mais ce n'était pas l'odeur de sa maman, ni ses cheveux. Ils n'avaient pas la bonne couleur. Eux étaient jaunes, comme sa peluche préférée, pas rouges comme le gilet de maman qui sentait si bon et qui était si doux. La femme n'était pas sa mère, mais elle était aussi douce. Elle avait les mêmes gestes quand il pleurait. C'était apaisant.
Il hoqueta encore un instant, sans bouger.
Pourquoi sa maman n'était pas là ? Il ne l'avait pas vue depuis longtemps. Comme son papa. Et ils lui manquaient beaucoup. Il voulait les voir. Mais dès qu'il pleurait, ce n'était pas ses parents qui venaient, c'étaient des inconnus. Même son parrain n'était pas là. Ni Mus.
Il était fatigué.
- Vous avez l'air d'avoir pris une décision, constata Ampton.
- La question ne se pose pas, Madame. Cet enfant est le fils de ma sœur, bien entendu que ma décision est prise ! Viens mon grand, tu dois avoir faim. Ses affaires sont où ?
- Dans la voiture, répondit l'agente des Services Sociaux.
- Allez donc les chercher, vous serez bien aimable.
Elle se leva, son neveu dans ses bras et fila vers la cuisine, récupérant son fils au passage pendant qu'Ampton quittait la maison pour récupérer, dans le coffre de son véhicule de fonction, le sac contenant les affaires du bambin.
Les deux garçons étaient attablés, Dudley dans sa chaise haute – Pétunia avait dû batailler pour l'y installer – et Harry sur la table en attendant mieux, quand la trentenaire noire revint.
- Dans la cuisine, Madame Ampton.
- Je ne vais pas tarder, prévint l'invitée en apparaissant dans l'encadrement. Des agents passeront une fois par mois pendant la première année, sans prévenir. Puis une fois par an jusqu'à ce que nous soyons certains qu'il est entre de bonnes mains. Ce n'est pas contre vous, mais pour sa sécurité et pour s'assurer de son bon développement.
- Je comprends. Harry, attention ! gronda la blonde en l'attrapant par le bras en le voyant se promener vers le bord de la table. Continue et tu vas tomber !
- Oh... je doute qu'il vous comprenne. Je sais, j'aurais dû vous en parler tout de suite, mais... j'en suis navrée. Le bonhomme est sourd.
- Pardon ? ! glapit Pétunia en serrant sa prise sur le bras d'Harry qui couina de douleur. Comment ça, sourd ?
Et cette andouille lui sortait cela comme si c'était normal. Oh, si Pétunia appelait les Services Sociaux, Madame Ampton allait avoir de gros soucis.
- Eh bien, lorsqu'il a été admis aux Urgences à cause de sa plaie au front, un bilan complet a été fait. C'est la procédure standard. Les médecins sont formels, le jeune Harry est sourd. Faites le test si vous ne me croyez pas.
- Quel genre de test ? demanda-t-elle, les yeux plissés.
- Permettez ? Je vous conseille de retourner Harry face à la véranda.
Pétunia s'exécuta, tournant l'enfant dos à la porte. L'instant d'après, Ampton faisait claquer bruyamment l'huis. Dudley bondit et regarda l'agente, Harry, en revanche, ne broncha pas.
Le couperet venait de tomber et cela compliquait la chose.
- Je suis vraiment désolée de vous avertir maintenant. Mais j'espère que cela ne change rien pour votre décision.
- Nullement.
Certes, Pétunia ne s'était pas attendue à cela, mais elle avait dit vrai. Harry devait vivre ici, avec eux.
- Bien, alors si votre décision est prise, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Madame Dursley, je vous souhaite une bonne journée.
Elle ébouriffa les cheveux déjà en bataille du petit Harry en espérant vraiment une bonne vie maintenant pour ce bonhomme. Il avait déjà trop vécu pour son jeune âge et les Dursley paraissaient être une famille aimante, bien que particulière.
- Ce n'est pas la peine de me raccompagner.
Bientôt, Pétunia fut seule avec les deux enfants. Harry se mit à pleurnicher. Il était neuf heures à peine. L'enfant était debout depuis au moins deux heures, avait-il mangé ?
- Tu dois avoir faim. Dudley ? Navrée chéri, mais là, tu vas dans ton parc.
L'enfant se mit à hurler en reconnaissant le mot « parc » mais sa mère l'y déposa après avoir mis Harry dans la chaise haute, lui évitant ainsi de tomber de la table.
La gestion de deux enfants du même âge ne serait pas du luxe, Vernon allait être mis à contribution.
D'ailleurs, le patriarche descendait l'escalier lourdement. Il était tôt, mais il avait dû être réveillé par la porte ou les cris de son héritier.
- Pet' ? Pourquoi...
Il s'arrêta net en voyant le spectacle de sa respectable épouse en train de donner un biberon à un enfant qui n'était pas le sien.
- Tu peux m'expliquer pourquoi notre fils braille dans son parc et pourquoi un gamin inconnu est ici ? Qui est-ce ?
- Ah, Vernon, tu peux t'occuper de Dudley ?
Vernon cligna des yeux. Il était mal réveillé et avait des difficultés à se montrer patient si tôt le matin.
- Pétunia !
- Avant de te mettre à crier, mon chéri, je te présente Harry, mon neveu et le tien aussi.
L'homme aussi large que haut se laissa tomber sur la première chaise à sa portée. Le siège couina légèrement sous son poids.
- Peux-tu m'expliquer cela ?
- Prends donc un café et va chercher Dudley. Bois mon chéri, fit-elle à Harry qui semblait se délecter de son biberon au chocolat, les yeux grands ouverts et une serviette autour du cou.
Le père de famille leva sa carcasse de sa chaise, récupéra son fils dans son parc et se servit une tasse de café en espérant qu'il soit bien fort. Sur ses genoux, Dudley tenta de récupérer la boisson.
- Alors ?
- Tu te souviens de l'information principale du journal de télévision du 31 octobre ?
- Oui, l'assassinat des Pota, Potier, enfin bref. Un couple a été tué. Tu as été surprise, parce que la femme avait le même prénom que ta sœur.
- C'était ma sœur, Vernon.
- Oh.
L'homme savait que sa femme et sa belle-sœur n'étaient pas en bons termes, mais elle n'avait jamais voulu la voir morte. Il n'avait rencontré Lily qu'une fois, le jour de leur mariage avec Pétunia.
- Lily s'est mariée avec James Potter. J'ignore quand. Deux ans, peut-être trois. Ils ont eu un fils, Harry qui est là. L'assistante sociale est passée pour le déposer. Je n'ai pas pu dire non, et je crois que je ne veux pas. C'est le fils de ma sœur, Vernon. Le seul lien avec Lily. Si nous ne le prenions pas, il allait finir dans un orphelinat. Il y a juste un souci.
- Un souci ? De quel ordre ?
- Il est sourd.
La moustache fournie de l'homme sembla gonfler. Un handicapé ? Sous son toit ? Il pensa immédiatement aux qu'en-dira-t-on des voisins, mais surtout à sa sœur. Marjorie Dursley n'était pas une femme facile. Célibataire depuis toujours, la quarantaine bien tassée, elle adorait les chiens et en faisait tout un élevage. Elle avait un avis bien arrêté sur beaucoup de choses et certaines lui étaient insupportables, notamment les handicapés. Pour elle, ils méritaient la mort.
- Je sais à quoi tu penses, Vernon, mais Harry a un parrain. Si ta sœur vient, nous n'aurons qu'à l'envoyer chez son parrain.
- Alors je n'y vois aucun inconvénient. De toute manière, mon choix ne compte pas vraiment puisque tu as déjà pris ta décision, n'est-ce pas ?
Beaucoup disaient que Vernon était celui qui dirigeait tout chez lui, mais Pétunia prenait beaucoup de décisions et son mari devait accepter sans broncher. Harry était l'un d'eux.
- Je ferai des courses et du bricolage, il cracha ce mot parce qu'il haïssait bricoler. Où comptais-tu le mettre ?
- Avec Dudley.
- Pétunia, il y a une autre chambre à l'étage. Pourquoi ne pas le mettre là ?
- Chéri, il vient de perdre ses parents. Le laisser seul dans une chambre aussi tôt serait...
- Soit, capitula Vernon. Mais je te préviens qu'il est hors de question qu'il dorme avec nous.
Il avait parlé trop vite. Le soir-même, Harry hurlait de toute la force de ses poumons, réveillant et entraînant Dudley. L'enfant, assis dans son nouveau lit à barreaux installé dans la chambre de son cousin, avait les yeux grands ouverts et paraissait en sueur. Pétunia était entrée dans la pièce pour les calmer.
Si son fils s'était rendormi paisiblement, Harry, lui, agrippé à la chemise de nuit de sa tante, avait refusé qu'on le recouche. Pétunia avait tenté, mais le brun s'était remis à pleurer. Elle avait fini par le porter jusque dans la chambre conjugale pour le coucher dans le lit.
Les premières semaines furent assez rudes pour la famille Dursley. Harry avait du mal à s'adapter à son nouvel environnement, il dormait peu, se réveillant systématiquement s'il était tout seul dans son lit, mangeait mais souffrait de maux de ventres. Les visites chez le médecin furent fréquentes, mais selon le pédiatre, c'était dû au stress.
Son cousin avait tout autant de difficultés que lui, il refusait de lui prêter ce qui lui appartenait et savait parfaitement reconnaître ce qui était à lui, que ce soit biberons, jeux ou encore sa mère. Pour Dudley, Harry était sur son territoire et ne devait pas rester. C'était une menace.
0o0
Harry esquissa un sourire et fit un signe de la main à l'assistante sociale lorsque cette dernière passa la porte. Il la regarda, du haut des bras de sa tante, remonter dans sa voiture et repartir.
Tante Pétunia lui tapota doucement la joue pour capter son attention et lui fit un geste. Le sourire enfantin s'élargit et ils rentrèrent à l'intérieur. Il faisait frais en cette fin février et il n'était pas question que l'enfant attrape froid.
Le brun n'avait plus aucun souvenir des premiers mois de son existence chez les Potter. Sa maison, c'était le 4 Privet Drive, Little Whinghing, Surrey.
- Maman ! appela de la cuisine Dudley, déjà assis à table en attendant l'heure du goûter. Cookies !
- Oui mon cœur, Maman arrive.
Elle déposa Harry par terre et le suivit, ses hauts talons claquant contre le carrelage étincelant.
Âgé de deux ans et demi, l'enfant avait bien changé. Il avait meilleure mine depuis le jour où il était arrivé, mais portait maintenant des lunettes – selon son parrain, il avait hérité de la vue épouvantable de son père – et était bien plus dynamique. Avec son cousin, ils faisaient toutes les bêtises imaginables pour deux enfants de cet âge. Harry était la tête et Dudley, qui semblait comprendre son langage, les bras.
Les garçons avaient mis plusieurs semaines avant de s'entendre. Il avait fallu qu'Harry frappe son aîné et grogne pour que Dudley cesse de tenter de récupérer ses biens, même ceux que Pétunia et Vernon avaient achetés pour leur neveu, notamment des audioprothèses qui lui serviraient à entendre légèrement quelques sons.
Mais finalement, ils avaient fini par être collés l'un à l'autre en permanence.
Harry avait réintégré son lit au bout de quelques semaines, mais la transition ne s'était pas faite sans mal.
- Cookies, exigea Dudley en voyant sa mère entrer.
Elle aida Harry à se hisser sur sa chaise et plaça des assiettes devant les enfants ainsi qu'un grand verre de lait avant de déposer un plat noyé sous les cookies faits maisons
- COOKIES ! brailla le blondinet en tapant des mains, ravi.
Harry, lui, ne disait rien, mais salivait. Cependant, le plus dur restait à venir. Pétunia et Vernon s'étaient mis d'accord, leur neveu irait à l'école, une institut spécialisée à Londres, à la rentrée de septembre. Mais ils ne voulaient pas que l'enfant sache uniquement signer (1), il devrait aussi être capable de lire sur les lèvres.
Ainsi, tous les jours, Harry devrait aller chez un orthophoniste qui lui apprendrait la lecture labiale. La première séance avait eu lieu le matin-même, mais aucun effort n'avait été à noter de la part de l'enfant. Rien d'alarmant pour le spécialiste qui estimait qu'Harry était jeune et que ce n'était que le début.
Déterminée à rendre son neveu aussi autonome que possible, Pétunia s'était mise en tête de le faire travailler aussi à la maison, et toutes les occasions étaient bonnes.
- Oui, des cookies, mon cœur.
Aussitôt, Dudley tendit une main pour en avoir un, mais sa mère secoua la tête. Elle voulait qu'il montre l'exemple et demande à haute voix.
- Maman, cookies, exigea l'enfant avant d'être récompensé.
Harry l'imita mais sans dire un mot, il ne l'avait pas regardée non plus. Seulement, Pétunia ne lui donna rien. Le petit garçon parut déçu. La blonde n'aimait pas le voir dans cet état, mais elle savait que c'était pour son bien, alors elle ne céda pas.
- Il en veut un aussi, déclara Dudley en comprenant le geste sibyllin de son cousin.
- Je sais chéri. Je sais. Mais Harry doit demander.
Elle insistait bien sur son articulation en fixant son neveu pour qu'il puisse saisir ce qu'elle disait. Mais les sourcils froncés démontraient bien que la moitié de la phrase s'était perdue.
- Harry, cookies. Coo. Kies.
Mais Harry regardait l'assiette et non sa tante qui avait son attention deux secondes, guère davantage. Il n'avait pas encore vraiment compris qu'il fallait fixer le visage des gens.
Quand Dudley, pour aider son cousin, tenta d'en prendre un dans l'assiette, il se récolta une petite tape sur la main.
- Non Dudley. Si Harry en veut un, il demande. Harry, cookies.
Le blondinet se tourna vers l'orphelin et lui tapa doucement sur l'épaule pour attirer son attention. Il lui fit quelques signes parfaitement incompréhensibles pour le commun des mortels, dans une langue non répertoriée.
- Dudley, gronda Pétunia, je travaille.
Mais l'enfant fit la sourde oreille, il continua ses gestes et Harry de hocher la tête vigoureusement.
- Maman, le cou, gronda Dudley.
- Pardon mon chéri ?
- Le cou. Le monsieur fait ave' le cou.
La maîtresse de maison fronça les sourcils. Dudley avait deux ans et demi et ne parlait pas bien. Cela dit, il se faisait parfaitement bien comprendre et il avait encore un peu de temps, selon ses parents.
Pour que sa mère saisisse ce qu'il essayait de dire, il prit la main d'Harry et la guida vers sa gorge. Lui avait compris ce que l'adulte n'avait pas vraiment vu chez l'orthophoniste. Il était protecteur envers son cousin, allant jusqu'à se battre si les autres enfants osaient s'en prendre à lui. Alors, il regardait tout, bien plus attentif au brun qu'à lui-même.
- Montre à Ryry, com' monsieur.
La main de son neveu contre sa gorge, Pétunia réitéra l'expérience plusieurs fois en insistant bien et cette fois-ci, elle eut l'attention totale d'Harry.
- 'Ouki, répéta laborieusement le petit garçon.
Le grand sourire de sa tante valut tous les biscuits du monde, mais en guise de récompense, il en eut un qu'il dévora consciencieusement.
Les progrès par la suite ne furent pas spectaculaires. Harry oubliait fréquemment de regarder la bouche de son interlocuteur et avait tendance à tendre la main pour obtenir quelque chose. Pour avoir son attention, il fallait porter ses doigts contre la gorge de celui qui parlait. Mais l'orthophoniste était présent pour l'aider.
0o0
Le jour de ses quatre ans, Harry eut la surprise de voir son parrain débarquer. Ce n'était pas vraiment une surprise, vu que le jeune homme était souvent à la maison.
Sirius Black, éternel adolescent de vingt-quatre ans, encore étudiant à la faculté de Londres en dernière année de droit, adorait son filleul mais trouvait qu'il ne passait pas assez de temps avec.
C'était un jeune homme qui attirait toutes les filles, un dragueur invétéré qui flirtait mais ne sortait que rarement avec ses proies. C'était son jeu. Si sa victime acceptait tout de suite, il passait à une autre. Il ne supportait pas qu'on lui tombe dans les bras tout de suite. En revanche, si la malheureuse mettait du temps, alors il s'acharnait jusqu'à ce qu'elle craque et là, il acceptait.
En tout et pour tout, Sirius n'avait eu que deux petites-amies. Des relations longues, six mois pour la première et un an pour la seconde. Et cela datait de trois ans. Depuis la mort de son meilleur ami, James, Sirius ne s'attachait plus. Il ne lui restait qu'un ami, Remus Lupin, et son filleul. Ces deux personnes représentaient tout pour lui.
Même sa famille n'était pas aussi importante. Son père était décédé quelques années auparavant. Sa mère, une vieille pie acariâtre, vivait encore dans une maison de style victorien à Londres. Le seul proche avec qui il avait encore des contacts était son petit frère, Regulus. Mais le benjamin était dans l'armée à plus de trois milles kilomètres de l'Angleterre.
Les Black étaient l'une des plus anciennes familles du Royaume-Uni. D'un milieu aristocratique, ils affirmaient avoir des liens avec la reine d'Angleterre, mais il n'y avait aucune preuve.
Dans tous les cas, les Black étaient considérés comme fous et ce n'était pas peu dire. Ils étaient connus des Services Sociaux pour maltraitance. Leurs deux garçons, Sirius et Regulus, avaient fait plusieurs séjours à l'hôpital. Membres cassés, hématomes... Malheureusement, aucune plainte n'avait été déposée. Mais les deux frères avaient quitté la maison familiale dès qu'ils avaient pu. Sirius avait demandé l'émancipation à seize ans, Regulus était parti trois ans plus tard, à dix-huit ans. Aucun n'avait plus donné de nouvelles à leur mère, se moquant éperdument de savoir si elle allait bien ou non.
Sirius avait rencontré James Potter et Lily à l'école. Une école privée pour les surdoués dirigée par un directeur farfelu quelque part en Écosse.
Poudlard.
Pour y entrer, la sélection était élitiste. C'était là qu'il avait aussi fait la connaissance de Remus.
Lily et Remus étaient boursiers mais personne n'y avait rien eu à redire, parce que pour être intégré, l'argent n'était pas primordial, il fallait du talent et beaucoup de capacités intellectuelles. Les élèves venant d'un milieu moins aisé pouvaient y entrer et étaient assez nombreux.
Durant six ans, James et Lily n'avaient cessé de se disputer, le brun avait décidé dès son entrée dans l'école que la rousse serait sa femme. Sirius et Remus, ses meilleurs amis, avaient laissé couler.
La dernière année, les deux avaient vu avec amusement les ennemis devenir amis puis un peu plus. Ensuite, deux ans plus tard, Lily et James s'étaient mariés. Ils étaient jeunes, à peine dix-neuf ans, et n'étaient qu'étudiants. Mais James était l'héritier d'une fortune assez importante. Il pouvait vivre trois vies en se tournant les pouces, alors ils avaient sauté le pas.
Un an après, Harry venait au monde. Ils auraient dû être heureux, mais il avait fallu qu'un malade mentale évadé d'un asile psychiatrique les prenne en otages. Tom Elvis Jedusort avait été interné dix ans auparavant pour schizophrénie avec délire paranoïde entraînant des hallucinations. Il se prenait pour un certain Lord Voldemort et se donnait le droit de tuer quiconque oserait se dresser contre lui.
James avait tenté se rebeller pour sauver sa femme et son bébé. Mais il était mort, la gorge tranchée. Lily s'était vue poignardée à plusieurs reprises. Douze coups de couteau dans l'estomac.
Du jour au lendemain, Sirius avait été privé d'un frère et d'une belle-sœur. Aujourd'hui, il faisait tout pour se rapprocher autant que possible d'Harry. Il ne voulait pas le perdre aussi. Alors dès qu'il le pouvait, il venait au 4, Privet Drive pour s'occuper exclusivement de son filleul. Il avait réussi à se faire adopter par Pétunia et Vernon. Mais Dudley avait encore des soupçons, si un enfant de cet âge pouvait en avoir, et l'amadouer n'était pas chose aisée. Le bambin semblait mordre dès que Sirius osait s'approcher un peu trop près d'Harry.
Cela dit, le fils de James l'avait accepté totalement et ne pouvait manquer de sourire dès que son parrain entrait dans son champ de vision.
Sirius était parfaitement au courant du handicap de l'enfant. Il le savait depuis sa naissance. Sa surdité avait été dépistée assez rapidement. Ça avait été un coup dur pour le couple mais ils avaient réussi à surmonter l'obstacle.
- Sirius ! s'exclama Vernon en voyant le jeune homme débarquer dans la cuisine sans avoir au préalable sonné. Dois-je te rappeler, mon garçon, que la porte d'entrée sert à annoncer sa venue ?
- Elle était ouverte. Salut bonhomme, fit-il en s'approchant de la table du petit-déjeuner, les bras tendus vers Harry.
L'enfant sourit largement devant son parrain qui s'empressa de le sortir de sa chaise surélevée pour le serrer dans ses bras et le couvrir de bisous, le faisant éclater de rire.
- Tu veux prendre le petit-déjeuner avec nous ? soupira Pétunia, connaissant parfaitement les mauvaises habitudes du brun quand il arrivait.
Sirius débarquait étrangement à l'heure des repas et s'incrustait à table.
- Avec plaisir, Tunie, fit-il en se posant sur une chaise, Harry sur ses genoux.
La maîtresse de maison déposa un bol de café devant le jeune Black ainsi que des toasts et des œufs.
- Parfait. Merci Tatie.
- Appelle-moi encore une fois Tatie, et crois-moi, tu risques fort de le regretter.
Sirius frissonna d'effroi. Parfois, en entendant Pétunia, il avait l'impression de retrouver certaines inflexions de Lily et devait se rappeler qu'elles étaient sœurs et tout aussi redoutables l'une que l'autre.
- Désolé, marmonna-t-il avant de dévorer le contenu de son petit-déjeuner en prenant bien soin de ne pas brûler Harry.
Une fois son estomac comblé pour la deuxième fois de la matinée, Sirius se leva et emporta avec lui son filleul encore en pyjama jusque dans la chambre en désordre des deux enfants.
Tous les jouets traînaient par terre, comme si les deux terreurs s'amusaient à vider les placards sitôt ceux-ci rangés. Des vêtements gisaient ça et là au beau milieu de la pièce avec des chaussures.
C'était à se demander comment des enfants aussi jeunes pouvaient mettre autant de foutoir. Mais c'était sans oublier que l'un des deux était le fils de James, le pire bordélique que Sirius connaissait. Leur dortoir à Poudlard était sans cesse en désordre. Remus et lui avaient beau ranger, dix minutes plus tard, il fallait de nouveau marcher sur la pointe des pieds. Autant dire que lorsque Lily avait hérité du phénomène, elle n'avait pas été des plus heureuses en découvrant ce défaut assez important. Mais elle avait appris à son petit-ami puis mari à faire un effort. James avait rapidement compris et s'était révélé être devenu assez maniaque. Personne n'avait voulu savoir comme elle avait réussi ce tour de force.
Mais là, dans cette pièce, c'était comme si les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse avaient débarqué avec perte et fracas.
- Seigneur, Harry ! On dirait qu'une bombe a explosé.
Étonnement, l'enfant leva les yeux vers lui, un grand sourire aux lèvres.
- Et le pire c'est qu'il est fier de lui. James, tu aurais pu mettre ces gènes de côté. Ton gamin a hérité de beaucoup de tes pires défauts, mais je ne pensais pas qu'il aurait aussi celui-là, fit Sirius en levant les yeux au ciel. Quant à toi, morveux, anniversaire ou pas, tu ranges !
Un peu plus habitué à lire sur les lèvres, Harry comprenait certaines choses. Là, il avait tout saisi, son parrain ayant fait exprès d'articuler en attirant l'attention du petit garçon sur sa bouche. Autant dire que la perspective de ranger n'était pas acceptée à l'unanimité.
- Sinon, je ne reste pas toute la journée avec toi.
Aussitôt l'enfant de quatre ans se rua vers les premiers jouets, les prit pour les ranger tant bien que mal dans le placard, terrifié que la menace soit mise à exécution.
Sirius contemplait la scène, amusé mais aussi désespéré. Pétunia et Vernon étaient adorables d'avoir récupéré Harry. Son filleul grandissait bien et s'épanouissait, mais les parents de son cousin étaient très, voire trop laxistes avec Dudley et lui. Pas la moindre punition n'était mise en place, les garçons faisaient presque la loi. Le plus âgé, dans tous les cas. Harry n'avait pas ce droit, le jeune Black était intransigeant là-dessus.
Si le fils de son meilleur ami venait à faire la moitié de ce que Dudley faisait à ses parents, Sirius se donnait le droit de lui mettre une fessée. Certes, il n'était pas le tuteur d'Harry, mais l'éducation était primordiale pour lui et s'il devait rappeler certaines règles, alors il le ferait sans le moindre scrupule.
Il passait chez les Dursley une fois par semaine, le week-end surtout et s'occupait d'Harry. Certains soirs dans la semaine, il lui arrivait de garder les garçons et ceux-ci savaient parfaitement qu'il valait mieux filer doux avec lui.
Quand on tira sur le bas de sa veste, Sirius sortit de ses pensées pour baisser les yeux vers son filleul.
- F-i-ni, décréta Harry en insistant sur le « f » qu'il avait encore du mal à formuler, et sur la dernière syllabe – le « n » avait lui aussi du mal à passer.
La chambre n'était pas nette, il restait des jeux par terre, mais c'était toujours mieux que rien.
- C'est bien mon grand. On s'habille ? Tante Pétunia veut te mettre quoi ? Tu le sais ?
Harry fronça les sourcils, sans comprendre.
Habitué, Sirius ne se démonta pas. Il récupéra dans l'armoire des vêtements appartenant au bambin – la différence était nettement visible entre Harry et Dudley, le deuxième avait un fort embonpoint et une capacité à engloutir tout ce qui passait à sa portée, pour peu que ce soit sucré, salé et ou gras – et aida le petit brun à s'habiller.
Il faisait chaud mais il n'était pas question qu'Harry sorte dehors tout nu, malgré son envie. Il avait dû mettre une salopette légère à rayures rouge, blanche, bleue et verte, et un tee-shirt blanc.
Une fois les dents lavées, les cheveux coiffés, même si cela ne se voyait pas, équipé de ses lunettes et de ses audioprothèses, Harry descendit dans le salon et rejoignit son cousin devant la télévision.
Le garçonnet, hypnotisé par l'écran, ne comprenait rien à l'histoire mais ça ne le gênait pas pour rire. Il devait inventer par lui-même.
Depuis qu'il venait, Sirius était toujours fasciné de voir Dudley et Harry interagir l'un avec l'autre. Les deux enfants étaient élevés ensemble mais le plus jeune des deux était nettement moins colérique et plus obéissant que le premier.
Peut-être était-ce dû à Sirius qui s'occupait également de lui, ou alors à Pétunia qui ne le lâchait pas quand il s'agissait d'apprendre à parler. La blonde était sans doute plus stricte avec son neveu qu'avec son propre fils.
Un mois plus tard, le premier septembre, Harry fut conduit à Londres pour sa rentrée dans sa nouvelle école. L'institut pour sourds et muets Queenie Quigley (2), proche de la gare de Paddington. Mais cette fois, Harry était seul. Dudley allait à la Primary School de Little Whinging. Autant dire que lorsque les garçons avaient compris qu'ils seraient séparés, il avait été difficile d'arrêter leurs larmes. Vernon avait dû emmener de force son neveu dans la voiture – vu le poids plume du petit, le prendre dans ses bras n'avait pas été difficile – et était parti. Il devait lui aussi travailler. Étant le directeur de son entreprise, il s'était octroyé le droit de venir un peu plus tard.
Ils allaient devoir trouver quelque chose pour conduire Harry dans son école sans que Vernon soit sans cesse obligé de commencer plus tard. Peut-être allaient-ils faire appel au bus de l'institut qui pouvait prendre les élèves près de chez eux. C'était la meilleure des solutions. Au déjeuner, le petit garçon mangerait avec les autres à la cantine et rentrerait dans le courant de l'après-midi, dans le même bus.
Une fois devant le bâtiment, Harry, qui n'avait pas séché ses larmes, se serra contre la jambe de son oncle. Il ne voulait pas quitter la maison, surtout pour aller dans un endroit aussi grand et inconnu. Oncle Vernon voulait l'abandonner ?
- On y va, fit l'homme en attrapant la main de l'enfant.
Il traîna le petit garçon jusqu'à l'entrée et fut accueilli, avec d'autres parents accompagnés d'enfants de l'âge d'Harry. Ils devaient être une petite trentaine en tout. Ils furent tous guidés vers une salle de classe où chacun put s'installer sur des tables et des chaises à hauteur d'enfants.
Un petit bout de femme qui accusait la soixantaine, chignon serré et petites lunettes rectangulaires, habillée d'un tailleur en tweed, les attendait. Elle était paraissant assez stricte.
- Mesdames et Messieurs, bienvenus à l'Institut des Sourds et Muets Queenie Quigley. Je suis Madame Aversham, la directrice de cet établissement. Je vous remercie de confier vos enfants à mes soins ainsi qu'aux enseignants. Les classes étant peu nombreuses, nos élèves ont un suivi presque individuel. Les maîtres et maîtresses sont formés et tout est mis en œuvre pour que chacun de nos élèves devienne indépendant, au même titre que les autres. Un enfant sourd ou muet n'est pas quelqu'un de stupide. C'est un enfant comme un autre, avec une petite différence et un autre moyen d'expression. Ici, vos enfants apprendront bien entendu à signer, mais aussi à s'exprimer pour ceux qui le peuvent. La plupart d'entre eux vivent dans un monde sans le moindre bruit. D'autres font ce que j'appelle du babillage. D'autre encore parlent, mais pas autant qu'un enfant de cinq ans se doit de faire. Et les derniers entendent mais ne parviennent pas à prononcer le moindre son.
Elle se tut pour laisser aux parents et tuteurs le temps de digérer un peu. Pour beaucoup, ce discours était inutile, Vernon était dans ce cas-là, il savait parfaitement que son neveu était comme les autres enfants ! Cela tombait sous le sens.
Mais ce n'était pas le cas de tout le monde au vu de certains regards.
- Ils apprendront à leur rythme, mais sachez que le travail en classe ne sert à rien s'il n'est pas suivi à la maison. Vous devez apprendre vous aussi pour pouvoir communiquer. Avez-vous des questions ?
Une main se leva.
- Peuvent-ils apprendre à lire sur les lèvres ? interrogea une maman.
Son garçon, blond comme les blés, était assis par terre et avait le regard rivé sur Harry. Il était mignon comme tout, avec son petit nez mutin et ses grands yeux chocolat rieurs.
- Pas dans cette école. Certains enfants sont justes muets, nous donnons des chances à chacun. Mais nous ne somme pas contre cette méthode. D'autres questions ?
Moins de trente minutes plus tard, après avoir essuyé les larmes d'Harry et vu avec Madame Aversham pour le bus scolaire, Vernon put enfin quitter l'école. Il espérait que Pétunia avait eu moins de problèmes avec Dudley, mais il n'y croyait pas trop.
Il était presque onze heures quand il arriva à son bureau. Il prévint rapidement sa femme par téléphone qu'elle devait se tenir prête pour quinze heures trente parce que le bus de l'école Queenie Quigley arrivait à cette heure devant la maison.
De son côté, Harry fut assez rapidement intégré parmi la dizaine d'autres enfants présents. C'était le petit garçon blond qui n'avait cessé de le fixer qui avait brisé la glace le premier. Il s'était approché de lui et lui avait fait un signe de la main. Le brun lui avait répondu et esquissé un sourire. L'autre n'avait pas cherché plus loin et l'avait emmené vers les jeux au fond de la salle de classe. Les autres déjà présents avaient accepté.
Toute la matinée, Harry s'amusa et apprit aussi à signer son prénom à l'aide de ce que la maîtresse, Mademoiselle Greyson – Olivia – appelait un signe-nom. C'était l'association de la première lettre du prénom et d'un signe qui rappelait la personne – trait de caractère ou détail physique – sans que cela soit péjoratif. L'enfant était donc devenu Harry « Pic » à cause de ses cheveux dans tous les sens. Le petit garçon qui l'avait entraîné s'appelait Colin Crivey et était surnommé « Lutin » à cause de ses petites oreilles pointues et de son air mutin qui rappelaient ces créatures amusantes.
Il était gentil Colin et il faisait penser à Dudley avec sa façon de se mettre devant Harry quand deux autres enfants plus grands et plus forts avaient voulu récupérer le jouet du petit brun.
Colin avait trois grands frères plus âgés, Louis, Maxwell et James, respectivement quinze, douze et sept ans, et un petit frère qui n'avait que trois ans, Dennis. Il savait se défendre et les grandes brutes de cinq ans ne l'effrayaient pas.
Mademoiselle Greyson était à l'affût de la moindre bagarre. Des enfants de cet âge qui ne se comprenaient pas avaient tendance à en venir aux mains assez facilement mais sans faire le moindre bruit sauf s'il y avait un blessé. Elle devait intervenir avant.
Travailler dans une classe de sourds muets était épuisant. Ici, parmi ses élèves, un seul entendait. C'était une petite fille absolument adorable avec son visage de poupée et ses beaux cheveux bruns bouclés. Amanda Donterby avait attiré toute la gente masculine qui se battait pour elle.
Olivia Greyson ne regrettait pas son choix de s'être spécialisée. Mais elle ne comprenait pas les autres maîtresses pour entendants, qui se plaignaient de leur classe. Ses collègues disaient qu'il y avait trop de bruit. Ici, pas un seul mis à part quelques cris satisfaits ou indignés, mais il fallait capter l'attention des élèves par le toucher, les vibrations ou tout autre système perçu. Un enfant sourd devenait plus sensible à ce qu'il voyait et ce qu'il sentait. Il fallait aussi être attentif aux autres et prévenir tout débordement. C'était probablement le plus difficile.
Là, elle en vit un, juste sous ses yeux.
Deux gamins, Steve Young et Maddox Steelman, tentaient d'arracher à Harry Potter une petite voiture que l'enfant tenait fermement tout en mordant férocement l'une des mains. Un autre, le jeune Colin frappait le second en dépit de sa petite taille.
Olivia soupçonnait fort que Steve et Maddox faisaient ça pour les jolis yeux d'Amanda qui observait la scène avec un sourire.
Une petite peste celle-là.
La dispute fut vite arrêtée, juste avant que la maîtresse ne puisse intervenir. Maddox était en larmes et avait une belle marque de dents sur la main droite. Steve avait rapidement battu en retraite devant le petit démon qu'était Colin. Ce dernier était retourné jouer avec Harry à la voiture. Amanda, elle, n'était pas contente du tout. Elle n'avait pas eu son jouet.
Olivia soupira. Elle aurait dû mettre les enfants au coin, mais c'était le premier jour. Ils ne comprendraient pas pourquoi ils étaient isolés, sans explications et pour l'heure, ils ne pourraient pas en avoir puisqu'aucun d'entre eux ne comprenait le langage des signes.
Il n'y avait plus qu'à espérer qu'ils se tiendraient bien. Dans le cas contraire, elle devrait sévir.
Finalement, elle n'eut pas à le faire, Harry et Colin jouèrent ensemble, tandis que Steve et Maddox restèrent prudemment en retrait.
Après le repas, Olivia les installa en cercle et commença à chanter une comptine tout en bougeant les mains.
Le but était de leur faire intégrer le principe des gestes, qu'ils comprennent ou non les paroles. Elle en repéra certains, comme Amanda et Harry qui tentaient de reproduire les sons, le deuxième avec un peu plus de succès que la fillette. À se demander s'il n'entendait pas. L'institutrice savait parfaitement pour l'avoir testé, qu'Harry n'entendait strictement rien. Mais, elle s'était rendue compte qu'il fixait sa bouche et paraissait comprendre certains mots quand elle articulait.
Harry Potter avait eu des rendez-vous avec un orthophoniste, c'était indéniable. Ses parents devaient vouloir qu'il soit le meilleur et pensaient certainement qu'il serait plus autonome par ce biais. Sans doute.
Les sourds avaient un handicap et parfois, le monde n'était pas fait pour eux. Ceux qui entendaient estimaient que les malentendants devaient faire comme eux. Ils n'avaient pas idée de la somme de travail que cela représentait pour quelqu'un dont l'ouïe était défaillante.
Olivia se mit ensuite à refaire les gestes, mais en montrant ce à quoi ils correspondaient. Elle travaillait à l'envers, mais c'était fait exprès. Elle voulait qu'ils découvrent et ensuite qu'ils sachent à quoi cela faisait référence. Ils avaient vu ce signe et maintenant, pouvaient l'associer à un mot.
La langue des signes était complexe à maîtriser. Mais un sourd ou un muet apprenait toujours plus rapidement que les autres. Parce que c'était son seul moyen de communication.
En revenant le soir à la maison, Harry dormait presque dans son siège. Les autres enfants piaillaient mais ils agitaient surtout beaucoup les mains. Le petit garçon ne se rendait compte de rien, il était épuisé et sa tête lui faisait mal à force de se concentrer.
Il n'avait cessé de tenter de lire sur les lèvres de Mademoiselle Greyson pour comprendre ce qu'elle voulait, jusqu'à ce qu'elle cesse de parler pour n'agiter que les mains, le perdant tout à fait.
Quand le bus s'arrêta, l'accompagnatrice, Mily Morgensen qui s'occupait aussi de la cantine, quitta sa place pour prévenir Harry qu'il était arrivé. L'enfant remonta l'allée et descendit les marches pour se retrouver face à sa tante qui l'attendait. Elle le souleva dans ses bras et le laissa faire un signe au chauffeur avant de remonter l'allée de cailloux jusqu'à la maison.
Son neveu semblait dormir, la tête posée sur son épaule. Jamais à cette heure, il ne s'était assoupi. Qu'avait-il fait dans son école pour être épuisé à ce point ?
Arrivée dans la cuisine, Pétunia se rendit compte qu'Harry ne dormait pas, il semblait juste las. Ce soir, il n'allait pas rechigner pour aller dormir.
Elle l'installa à table et lui prépara son goûter. Dudley n'allait pas tarder. Une voisine, Irma White, habitait Wisteria Walk et son fils Malcom était dans la même classe que Dudley. Elle s'était proposée de ramener les deux garçons le soir. Pétunia savait parfaitement qu'elle allait devoir retourner la faveur, mais avec Harry qu'elle devait attendre à l'arrêt de bus, ça allait compliquer les choses.
Elle allait devoir se débrouiller avec Sirius et lui demander ses horaires. Habitant sur Londres, s'il était disponible, il pourrait récupérer Harry.
C'était un point de détails qu'elle devrait éclaircir pendant le week-end qui arrivait. Là, elle préférait se concentrer sur son neveu qui racontait sa journée. Apparemment, elle lui avait fait beaucoup de bien, car dès qu'il eut bu son lait et mangé un ou deux gâteaux, il babilla sans plus s'arrêter tout en faisant des signes avec ses doigts.
La sonnerie retentit, faisant bondir Pétunia qui se précipita de ses petits pas rapides, gênée par ses talons aiguilles, vers la porte.
C'était Irma avec Dudley et le petit Malcom. La maîtresse de maison s'empressa de serrer son chéri contre elle.
- Plus y aller ! décréta son fils en la poussant pour aller dans la cuisine. RYRY ! hurla-t-il en voyant son cousin.
- Irma ! s'exclama Pétunia en cognant sa joue contre celle de son amie en guise de salutation. Entrez donc, je vais faire un peu de thé et Malcom pourra goûter avec les garçons. Il y a Harry qui vient de rentrer de l'école.
- Non ! gronda l'enfant que la blonde avait toujours trouvé affreusement laid avec ses cheveux roux terne et filasse, et ses yeux délavés. Pas le débile !
- Malcom ! s'écria Irma, outrée.
Pétunia, elle, cligna stupidement des paupières, abasourdie. Elle n'était pas idiote, elle savait parfaitement que ce gamin parlait de son neveu et ça, elle ne le supportait pas. Harry n'était pas débile et si les enfants pensaient cela, c'était à cause de leurs parents !
Les gens du quartier connaissaient Harry et son handicap. Ce n'était un secret pour personne. Certains voisins aimaient bien l'enfant. D'autres avaient plus de mal, ne sachant comment agir avec lui, d'autant plus qu'il paraissait frêle par rapport à son cousin qui devait avoir deux fois sa taille.
- Qui t'a dit une chose pareille ? !
- Les grands du bac à sable, marmotta Malcom, ses petits bras croisés sur sa poitrine. Ils disent qu'il est stupide parce qu'il parle pas comme nous !
- Sottises, siffla Pétunia qui refusait d'entendre du mal du fils de sa sœur.
- Je t'ai déjà expliqué qu'Harry n'entendait pas, Malcom, le réprimanda Irma. Il n'est pas stupide.
Il était probablement plus intelligent que cet enfant, mais ça, Pétunia le garda pour elle.
- Il parle pas ! Dudley dit que si, mais moi, je le crois pas.
- Pourtant, il parle, répliqua la tante d'Harry d'une voix sèche. Avec ses mains et sa voix.
Sous le regard noir de sa mère, Malcom prit le parti de se taire. La mère de Dudley pensait avoir raison, mais lui il savait qu'Harry était bête. Sinon il irait dans son école à lui, avec son cousin, et pas ailleurs, dans un endroit pour les gens débiles.
- Navrée Pétunia, minauda Irma, gênée par le comportement inexplicable de son fils. Je pense que nous allons rentrer. Malcom, dis au revoir.
Quelques minutes plus tard, Pétunia retournait dans la cuisine, inquiète pour la pièce. Ensemble, Harry et Dudley étaient capables de la transformer en champ de bataille.
Mais, étonnement, quand elle entra, les garçons étaient encore attablés et discutaient avec les mains. La femme reconnut les gestes qu'ils avaient inventés et d'autres signes, plus complexes qu'Harry avait dû apprendre à l'école.
- Maman, je sais dire Harry, s'extasia Dudley en reproduisant le geste qui correspondait au prénom de son cousin.
- C'est bien mon chéri.
- Dis Harry, ordonna le chéri en question. Fais comme ça !
Sa maman tenta à son tour, mais le résultat n'était pas probant. Harry recommença plus lentement, fier de pouvoir montrer ses progrès. Pour la première fois, c'était à lui de pouvoir montrer ce qu'il savait.
(1) signer signifie utiliser le langage des signes. « La langue des signes désigne l'une ou l'autre des langues gestuelles (produites par les mouvements des mains, du visage et du corps dans son ensemble) que les personnes atteintes de surdité ont développées pour communiquer. Elle assure toutes les fonctions remplies par les langues orales ». (wikipédia)
(2) Queenie Quigley est une école qui n'existe pas. Queenie, c'est le nom anglais de Daphné Greengrass et Quigley c'est le nom du batteur de l'équipe d'Irlande, j'ai mixé les deux et paf, ça a fait des chocapic
À suivre
Voilà. J'espère vraiment que je n'ai pas dit trop de bêtises. Si tel était le cas, n'hésitez pas à me le faire savoir par MP. Je me suis renseignée sur plusieurs sites et j'ai regardé une série TV "Sue Thomas, l'œil du FBI" pour avoir certaines infos sur la surdité.
