Du Fond du Chœur
Hello !
Vous l'aurez deviné, un nouveau recueil, de songfics cette fois, toutes sorties du répertoire des Choristes. Si vous n'avez jamais vu ce film, je vous encourage à le faire, car c'est une merveille de poésie et une jolie leçon d'humanité. Et surtout, un ravissement pour les oreilles. Ce n'est pas que j'écoute ce genre de chansons tout le temps (à la base j'écoute même plutôt du rock ou de la guitare des années 70…) mais j'ai toutes les chansons des Choristes dans mon MP4. Parce qu'elles sont sublimes, et magnifiquement interprétées. Et en plus, le compositeur, Bruno Coulais, est un de mes favoris.
Bref, j'ai essayé de retranscrire en mots la poésie que m'inspirent ces chansons (de vraies merveilles) et j'espère avoir réussi. Mais ça ce sera à vous de me le dire !
Je mets toujours le titre des chansons pour que vous alliez y jeter une oreille si l'envie vous en prend. J'ai environ 5 chansons à « décrire », j'essaierai d'en poster une par week-end :D
Lueur d'été
Lueur d´été
Rêve animé
Mon cœur s´enflamme
Et soudain s´envole
si loin du sol
Et les larmes s´effacent
Loin des murs
Je m´abandonne
Et tout rayonne
Depuis combien de temps Fudo Akio n'avait pas souri avec sincérité ? Alors même que cette question se posait dans l'esprit du brun, un sourire éclatant étira ses lèvres. Il avait gagné. Ils avaient gagné. Il ne put s'empêcher de se joindre à l'équipe, à l'extase qui l'envahissait à cet instant. Toute cette joie, il lui semblait qu'elle soufflait en lui comme le vent emplit une crevasse au bord de la mer. Il croisa le regard de son rival. Aucun des deux ne se rendit compte qu'ils étaient tous les deux en train de se sourire avec passion. Et puis, qu'en avaient-ils à faire ? Les joueurs sautaient de joie, enlaçaient le capitaine qui enlaçait la coupe du monde. Le soleil brillait dans le ciel, il brillait dans le trophée et dans tous les yeux, il faisait briller des larmes de bonheur. Le monde. Tous les espoirs, les rêves de millions de gamins à travers le monde sont là, entre leurs mains tremblantes, et eux restent incapables de croire à cette folie. Les confettis volaient, tourbillonnaient dans les airs avec légèreté, semblaient frissonner de plaisir à chaque exclamation de joie. Le ciel s'était envolé, comme si cette explosion de bonheur avait repoussé ses frontières aux confins de la galaxie. Ou peut-être que c'était ses propres limites que le huit avait balayé.
Fudo sentait l'excitation de la réussite enflammer ses entrailles, il sentait toute la folie joyeuse du monde l'envahir avec une douceur d'été. Il vit encore Kido du coin de l'œil. Le stratège en titre avait autant de mal que lui à rester en place. Son sourire irréductible traduisait un émoi sans doute jamais encore atteint. La victoire. Le brun s'approcha de lui, fébrile, contrôlant son corps qui semblait capable de sauter et d'atteindre ainsi les étoiles.
Voiles au vent
Rivages au loin
C´est le temps de l´été
Et souvent de liberté
Les nuages effacés
«Bien joué Kido.» lança-t-il, sans doute un sourire de bonheur arrogant aux lèvres.
Et il tendit sa main. Kido lui rendit ce même sourire plein de fierté et serra sa main. Cette expression de rage positive, ce sourire arrogant sans être mauvais, leurs sentiments se reflétaient tout en se complétant. Dans ces yeux rubis, Fudo trouva ce qui lui manquait, en plus de cette extase explosive: le calme.
Tout en déchargeant toute l'excitation du châtain, ses yeux semblaient intensément calmes, comme si parmi ce désordre émotionnel, il y avait une petite barque aux minces voiles que la tempête n'atteignait pas. Au milieu de cette toute cette violence, survivait une sérénité implacable. Ces yeux étaient si vastes, tout en étant qu'une infime partie de Kido que Fudo en fut bouleversé. Etait-ce l'euphorie du pouvoir, la victoire qui illuminait son cœur qui le faisait penser de telles choses ? Trouver tant de poésie dans un être qui devait être son parfait opposé, Fudo n'aurait pas pensé ça possible. Il sentit ses joues rougir et lâcha la main de son équipier.
Premiers émois
Frissons de joie
Tout s´anime
Tout devient si léger
Vivre apaisé
J´oublie la honte et les pleurs
Loin des tourments
«Fudo ?»
La rentrée au lycée, un renouveau, un vent frais qui souffle et fait tomber les murs qui empêchaient jusqu'alors de voir. Fudo voyait devant lui tant de futurs différents, et en plus, il pouvait en choisir un. Mais avant même de pouvoir s'extasier, il se tourna vers celui qui l'avait interpelé
«Ça alors... Kido.»
Il était donc dans le même lycée que Kido ? Il ne put réprimer un sourire, et s'étonna de constater qu'il était sincère. L'ancien stratège en titre fut au moins aussi surpris que lui mais répondit par un sourire tout aussi lumineux. Et le brun crut même détecter de très légères et éphémères rougeurs. Avait-il rêvé ? Peut-être était-ce lui qui imaginait des bêtises.
Il se souvint de la sensation qui l'avait envahi l'année précédente, cette sorte d'orage d'été qui avait éclaté en lui rien qu'en fixant ses rubis d'yeux. Pourquoi est-ce que cette violente averse estivale montait en lui maintenant ? Il n'avait plus vraiment d'excuses, Fudo devait admettre que c'était Kido qui le mettait dans cet état.
«Ça te dérange si on mange ensemble ?»
«Non pas du tout.»
Fudo se maudit. Pourvu que son vis-à-vis ne se rende pas compte qu'il avait répondu comme un loup bondit sur un agneau. Il ne savait même pas pourquoi il avait régit si vite, pourquoi il avait eu la fugace impression que s'il ne répondait immédiatement, Kido lui glisserait des doigts comme cette petite brise qui lui parvenait de la fenêtre. Le châtain se contenta de sourire sereinement et de s'asseoir, si bien que l'ex huit ne sut pas si il l'avait vraiment remarqué. Il crut qu'il allait rougir encore et secoua la tête. Marre de ce corps qui faisait n'importe quoi ! Ce qu'il ressentait était neuf comme un bourgeon au printemps, mais avait la violence des tempêtes de neige et la langueur des feuilles qui tombent. Pourtant c'est avec la douceur du soleil que ce sentiment brûlait en lui.
Il le reconnaissait. Ça ressemblait à de l'amour. Fudo avait déjà été amoureux, mais c'était il y a si longtemps qu'il eut l'impression de le ressentir dix fois plus intensément. A moins que ce ne soit parce qu'il avait grandi ? La profondeur de ses sentiments avaient dû grandir aussi. Il sentit la honte lui monter aux joues. Tomber amoureux d'un garçon comme Kido, en voilà une bonne idée. Le châtain était si brillant, si gentil et surtout, beau comme un dieu... Il avait tellement de filles à ses pieds, et possiblement bien d'autres garçons.
Pourquoi s'intéresserait-il à lui ?
Terreurs d´enfants
Les tristes murmures
Si loin des murs
Fudo se réfugia sous son lit, en pleurs. Il serra son ours contre lui, sanglotant silencieusement en entendant les cris de douleur de sa mère. Elle lui avait dit de se cacher en entendant son mari insérer la clé dans la serrure de l'entrée. Et elle avait insisté pour qu'il n'en sorte pas, qu'il attende que son père soit parti se coucher. Un autre coup de bâton fendit l'air et le garçon se crispa en entendant à nouveau le cri déchirant de sa mère.
«Ne t'inquiète pas Kaly.» murmura le petit en larmes à sa peluche. «Maman nous a dit de nous cacher, il ne nous trouvera pas.»
Sa voix se brisa en fin de phrase et il releva ses yeux embués de larmes vers le seuil de sa porte de chambre, qu'il apercevait. Il renifla et serra son ours encore un peu plus. Son ami avait besoin de réconfort, il tremblait de peur à l'idée que l'homme les trouve. Fudo déglutit le plus silencieusement possible et essaya d'essuyer ses paupières figées dans les larmes en ne faisant aucun bruit. Il s'arrêta en plein mouvement lorsqu'il vit l'ombre de son père sous le seuil de sa porte. Celui-ci ouvrit la porte sans précaution et tituba dans la chambre d'enfant en appelant le petit garçon. Fudo entendit les sanglots étouffés de sa mère dans la chambre voisine et s'appliqua à disparaître. Son père empestait. Il sentait comme s'il s'était vomi dessus, et qu'il avait traîné dans ces rues sales pleines de crottes de chiens et de poubelles. En plus de tout ça, il y avait cette étrange odeur que Fudo sentait souvent sur son père, mais qu'il ne parvenait pas à nommer. Est-ce que c'était ça, l'odeur de l'alcool qui rendait son père violent et sa mère malheureuse ?
L'homme dut se résigner puisqu'il finit par tourner les talons et retourner dans le salon pour se vautrer comme un phoque sur le canapé. Fudo attendit d'être sûr que le danger soit écarté pour sortir de sous le lit. Il s'extirpa silencieusement et resta quelques minutes au sol, à écouter les pleurs de sa maman, les yeux dans le vague. Il tourna la tête pour regarder autour de lui sa chambre, son monde à lui comme le lui répétait sans cesse la femme qui gémissait dans la pièce à côté. Son regard se posa sur son miroir accroché à l'armoire en face du lit. Son reflet lui fit peur. Il avait les yeux et les joues rouges, le visage bouffi. Ses cheveux étaient collés à son visage poisseux, marqué sur le côté par le plancher sur lequel il avait posé sa joue. Il lâcha son ours et s'approcha de la glace. Ces cheveux bruns décoiffés, ces yeux rougis et hagards lui rappelait son père. Il grimaça. Il ne voulait pas ressembler à ce monstre. D'une main tremblante, il prit la lame de rasoir dont sa mère l'avait armé avant de le cacher et la porta à son visage. Il ne voulait plus de ces cheveux. Il s'essuya rageusement les yeux et passa la lame contre son crâne. Encore, et encore, il passa finalement sa main sur sa tête et fit tomber tous ses cheveux: il avait le crâne rasé. Il avisa la dernière mèche de cheveux qu'il avait sur le sommet de sa tête et la laissa. Il se regarda en entier dans le miroir. Cette coupe changeait complètement la donne. Il avait l'impression d'être capable de se dresser contre son père à présent. Il sourit en coin et recula d'un pas, surpris. Avec ces cheveux, et ce sourire arrogant, il semblait bien plus fort que son père. Etre tellement plus que lui... Il sourit à nouveau. Tant de puissance dans un sourire et une coupe de cheveux...
Plus question d'avoir peur.
Lueur d´été
Rêve animé
Mon cœur s´enflamme
Et soudain s´envole
Si loin du sol
Et les larmes s´effacent
Loin des murs
Je m´abandonne
Et tout rayonne
Fudo rouvrit les yeux, ébahi. Kido venait de l'embrasser. Il fixa le châtain, perdu, cherchant une réponse crédible sur le visage embarrassé de son ami.
«Fudo... Tu n'as pas deviné ?»
Voyant que le brun ne comprenait pas ce qui lui arrivait, l'ancien quatorze soupira et avoua:
«Je t'aime.»
Fudo, si jusque-là avait été perdu, crut à cet instant être dans un univers parallèle. Non, impossible que le Kido qu'il connaissait lui ait dit ces mots. Le regard interrogateur de son vis à vis le fit frémir. Il ne pouvait pas y croire. Pourtant, les lèvres de l'autre garçon sur les siennes, et ses mains qui caressent ses poignet, c'était bien réel ça.
«... Fudo ? Dis quelque chose.» fit l'ancien quatorze, gêné.
Mais aucun son ne parvint à franchir la frontière des lèvres du garçon. Tout ça n'était qu'un rêve, à moins qu'il ne soit mort et que cette scène soit une sorte de paradis. Cette hypothèse, bien que n'étant pas la plus réaliste lui sembla mille fois plus plausible que celle qui lui soufflait que tout ça était RÉEL.
«...»
«Allez Fudo, c'est cruel...» se plaignit Kido.
La plainte eut raison de lui. Fudo sauta au cou de son ami et le serra si fort contre lui qu'ils auraient pu fusionner si ça avait été permet par les lois de la physique. Kido, d'abord surpris, finit par répondre à l'étreinte, puis d'une voix mi amusée, mi- mal assurée, il demanda:
«Alors... Ça veut dire que toi aussi ?»
Pour toute réponse, Fudo serra plus encore, enfouissant son visage dans le cou de celui qu'il aimait. Il s'autorisa à répondre que oui, il l'aimait, mais étouffa sa réponse dans la chemise de Kido. Il avait peur de crier.
Le châtain quant à lui se permit enfin de rire et posa ses lèvres sur le haut du front de Fudo.
Non, vraiment, ça ne pouvait qu'être un rêve pour que Kido l'enlace de cette façon, pour que ses espoirs les plus fous se réalisent enfin...
Voiles au vent
Rivages au loin
C´est le temps de l´été
Et souvent de liberté
Les nuages effacés
Fudo sentit la douceur des rayons du soleil sur son visage et il ouvrit péniblement les yeux. La lumière s'était invitée dans la chambre à travers la maigre ouverture des rideaux et envahissait la pièce. La poussière virevoltait dans le faisceau de soleil, rappelant un instant à Fudo ces confettis lors de la coupe du monde. Et dehors, c'était encore ce même soleil éclatant. Il se redressa et passa sa main dans ses cheveux, qui avaient repoussés, et qui commençaient peut-être à être trop long. Il n'avait plus besoin de se raser le crâne, son père était mort. Il se souvenait encore de la tête de sa mère lorsqu'il lui avait dit qu'il n'irait pas à l'enterrement. Ce monstre avait fait des choses de salaud et même si il avait fini par s'en apercevoir et par se faire soigner, le brun n'avait jamais pu lui pardonner ce qu'il lui avait fait à lui et sa maman. Et sa mort n'expiait pas ses fautes. Il soupira amèrement et tourna la tête pour faire craquer sa nuque. Il entendit les aboiements de son chien, qui avait senti que son maître se réveillait. C'était un petit chiot blanc qui ne pensait qu'aux caresses et aux jeux. Ce petit garnement passait son temps à réclamer l'attention.
«Il faut promener Kaly...» fit une voix ensommeillée à côté de lui.
Fudo baissa les yeux vers Kido, qui essayait vainement de se protéger de la lumière avec un bras sur les yeux. Il finit par s'avouer vaincu par le jour et regarda l'heure au réveil, les paupières mi-closes, avant de se tourner vers son chéri.
«Tu veux que je le fasse ?» demanda-t-il en passant sa main sur ses yeux pour se réveiller.
Celui-ci tourna la tête vers lui, perdu dans ses pensées. Il plongea dans les orbes encore moitié endormies de son compagnon et voulut ne plus en sortir. Mais Kido cligna des yeux et il sourit, amusé par la situation.
«Qu'est-ce qu'il y a ?» demanda le châtain sans comprendre.
«Et si on y allait tous les deux ?» proposa Fudo.
Kido resta un instant à contempler le jeune homme qui lui souriait et finit par se redresser sur le lit. Il se pencha sur l'épaule de son compagnon et posa un baiser amoureux dans son cou.
«En quel honneur ?» questionna l'ancien huit.
«Je t'aime.» murmura Kido contre sa peau laiteuse.
Fudo sourit malgré lui, encore à cause de l'orage d'été, et tourna la tête pour enfouir son nez dans les cheveux châtain de son chéri. Il respira à plein poumon son parfum et d'une toute petite voix, il dit:
«Je t'aime aussi.»
Kido allait sans doute ajouter quelque chose mais il fut interrompu par un aboiement impatient de Kaly. Les deux jeunes hommes lâchèrent un soupir amusé et Kido fut le premier à se lever.
Fudo resta encore un peu à observer ce corps nu et sculpté, ces cheveux sauvages, cette peau onctueuse et ces muscles cachés roulant dessous avec délice. Ce lion humain, ce dieu grec qui s'habillait, c'était un spectacle dont il ne se lassait pas. Pourtant il ne se souvenait pas avoir fait quoi que ce soit pour mériter quelqu'un comme son petit ami. Son superbe, son splendide Kido...
Huit ans depuis leur premier baiser et il était toujours là. Peut-être que ça n'était pas un rêve, en fin de compte.
Et Fudo se leva aussi.
Lueur d´été
Rêve animé
Mon cœur s´enflamme
Et soudain s´envole
Si loin du sol
Et les larmes s´effacent
Loin des murs
Je m´abandonne
Et tout rayonne
