Auteur : OrangeMetallique
Date de création : 12/03/2013
Résumé : Hal est, malgré tout, toujours en train de se battre contre lui-même. (Attention, post-saison 5 - spoilers)
Note : Alerte spoilers pour la fin de la série (saison 5). J'ai remarqué qu'il n'y avait pas trop de fics encore sur les nouveaux personnages introduits dans la saison 4 (en français, du moins)...Donc me voilà. Le dernier épisode de ma saison 5 m'a vraiment perturbé (dans le bon sens du terme), et je n'ai pas arrêté de penser à ce que la vie de notre trio pourrait bien ressembler, mais en terme de doute sur leur condition. Particulièrement Hal. Il ne pouvait pas passer plusieurs centaines d'années dans cet état et redevenir un humain comme vous et moi. Je l'ai imaginé avec ses peurs, ses doutes, ses fantasmes et ses souvenirs, qui viennent encore le hanter. Bon, et enfin le meilleur pour la fin, ship Alex/Hal vers la fin de l'histoire.
C'est ma première histoire dans ce fandom (et probablement la seule). Honnêtement, je n'ai pas encore décidé de comment sera la fin et je ne sais pas si cette histoire durera 5 ou 15 chapitres.
Genre : Drama
Rating : T
Crédits : Being Human est la propriété de la BBC et de son créateur Toby Whithouse.
Ils avaient dû rester au moins trois jours entiers enfermés à l'intérieur de la maison. Tous les trois. À regarder la télé, lire tout ce qui leur passait sous la main, arroser les plantes, ranger enfin tout le bazar qui traînait à l'étage, tenter de trouver un matelas ou n'importe quoi d'autre pour Alex, finir par se décider à rafraîchir l'une des vieilles chambres, entendre Alex se plaindre de la poussière, prêter sa propre chambre à Alex et finir par dormir sur le canapé à tour de rôle.
Tom, plus habitué à cette situation, avait fini par avoir en tête d'aller chercher un nouveau travail. Bien évidemment, sa tâche la plus dure était de trouver un employeur qui soit encore en vie. Il était allé prospecter dans une station service, un café-restaurant et un magasin d'électronique, mais le silence vibrant au bout du téléphone et les lieux apparemment déserts depuis une semaine ne lui ont pas fait douter de l'état de santé du propriétaire.
Alex était sortie faire quelques courses au bout de cinq jours, mais elle avait apparemment oubliée que les autres personnes pouvaient désormais la voir et continua dans un premier temps à agir comme si personnes ne la voyait, traitant au passage un type de "connard" et une femme de "sale cruche" à voix haute.
Hal finit par pousser doucement la porte d'entrée, les doigts tremblants, au bout de deux semaines.
L'air glacé qui descendait dans ses poumons, le froid qui lui mordait le cou, ses doigts gelés, l'odeur du sel et du bitume, les battements de son cœur, sa respiration, la sensation de crispation due au froid, ce mal de tête qui empirait à chaque nouvelle bourrasque de vent, la chaleur de son corps tentant désespérément de se réfugier au creux de son ventre pour ne pas s'évaporer, la sensation du sol sous ses pieds, celle du bois froid du banc où il était assis. La sensation d'être vivant tout au fond.
Hal rouvrit les yeux. La mer délivrait des vagues blanches sur la plage sinistre. L'écume déposée sur le sable s'évaporait aussi facilement qu'une vie humaine. Il se laissa doucement bercer par l'infini cycle des vagues et sa musique. Il commença à compter. Espèce d'idiot, se dit-il à lui-même au bout d'un moment. Il n'avait plus celle boule dans la gorge, ce creux jusque-là toujours présent au fond de son ventre, les joues qui démangent, la langue qui passe sur ses dents. Il n'avait pas à compter pour oublier tout ça. Il n'en avait plus besoin, il n'en aurait plus jamais besoin, il n'aurait plus jamais besoin de ces innombrables trucs trouvés par Leo. Il avait juste besoin de sentir ce foutu temps glacial, ce maudit temps du pays de Galles, l'air gelé qu'il inspirait. La première chose qu'il eut ressenti en sortant de cette maison était un froid comme il n'en avait jamais connu, et qu''importe, ce froid qui le transperçait était une bénédiction, la bénédiction de l'humain. Il inspira encore une de ces bouffées gelées, sentit encore une fois l'air descendre dans ses poumons et son cœur accélérer. Il sentait son sang chaud entre son cœur et son corps, comme il ne l'avait jamais senti pour lui-même. Il ne put s'empêcher de frôler son cou avec ses doigts. Outre la douleur cuisante de sa main complètement glacée, il sentit les vaisseaux sanguins sous sa peau, suivit le rythme de son cœur qui faisait jaillir à chaque battement le sang dans ses veines.
Il était juste humain. Il écoutait son propre cœur battre, comme il avait écouté ceux de ses victimes. Et il aurait pu sentir quelque chose, quelque chose qui ressemble à de la culpabilité et du dégoût, mais Dieu merci, son cerveau était bien trop occupé à essayer de gérer la chaleur restante de son corps. Il n'avait plus cette boule au fond de la gorge, plus ce creux dans le ventre. Il n'avait plus cette envie d'aller arracher ce battement de cœur Non, plus jamais.
Il avait besoin de ce froid, pour sentir qu'il était vivant et humain. Les piques de glace qui le transperçait le rendait vulnérable et faible. Peu importe, il n'avait jamais oublié ses sensations humaines. Et cette faiblesse participait à l'illusion générale : il était humain. Non, se dit-il en secouait la tête, ce n'était pas un rêve, ni un cauchemar, il était assis là, dehors, et grelottait. Il prenait ça comme une épreuve. Pour tester s'il était effectivement en train de rêver ou pas. L'homme qu'il avait vu ce jour-là, en face, dans le miroir, était presque méconnaissable. Comme lorsque l'on voit un étranger dans un rêve. Au réveil, l'image est floue et s'effrite peu à peu. Pour Hal, son image reste encore gravée dans sa mémoire. Mais chaque matin, il se disait que la journée précédente n'était pas arrivée, ou alors seulement dans sa tête. Et chaque matin, il constatait l'absence de cette envie. Juste envolée. Alors il se disait que c'était seulement un jour de répit, mais il se souvenait que le répit n'avait alors jamais existé jusque-là.
Non. Hal était humain, ce n'était pas un rêve et il faisait aussi froid dehors que l'Enfer peut être brûlant.
Reviews bienvenues pour améliorer la suite de l'histoire.
