Flamme d'amour, meurent les beaux jours

Craquaaaaage !

Je poste ! Oui, je poste ! Je poste cette fic complètement craquééééée ! Huuuuum ! -slurp- !

J'ai teeellement de trucs à dire avant de vous lâcher là-dedans ! owo Pour votre santé mentale, surtout (même si va bien y en avoir un ou deux qui vont sauter mon intro parce qu'ils auront compris que je dis que de la merde /pan/).

Alors je vais commencer sur des bases élevées (parce que je suis quelqu'un comme ça, moi) :

/!\Cette fiction est malsaine/!\

/!\Cette fiction est malsaine/!\

/!\Cette fiction est malsaine/!\

/!\Cette fiction est malsaine/!\

/!\Cette fiction est malsaine/!\

(Ça va ? C'est rentré ? Une petite dernière ?)

/!\Cette fiction est… /pan pan pan/

Voilà qui devrait servir de mise en bouche intéressante.

Quand je disais que je ne ferais jamais de tragédie, j'entendais ne jamais finir sur une note triste. Par contre, je me permets d'être une garce au sein même de l'histoire (tu respectes, humain !)

Ainsi donc, cette fiction parlera de mort, d'alcool (un peu et dans un cadre précis, mais voilà), de viol (je vois vos poils s'hérisser, surtout ceux qui ont lu une certaine fic avec un certain Allemand à moitié fou – bisou, mon Ludwig adoré, je te nêm), de suicide (ah que coucou, toi !) et ce genre de choses !

Bon, ça a l'air pété, mais en me relisant… je trouve que j'ai pas non plus trop abusé (parce que voilà, ce sont des problèmes qui existent donc je m'en voudrais de retirer leur dimension réelle en y foutant n'importe quoi). Je m'efforce donc de restituer ce que j'ai entendu de ces horreurs sans le magnifier (chose que j'ai déjà lu dans certaines fics et que bon, voilà quoi…) mais sans faire du tragique à outrance non plus (en tout cas, j'ai essayé, donc ce sera à vous de me dire si le résultat n'est pas trop hasardeux).

Mais ce qui m'intéresse le plus dans cette fic, c'est d'entretenir un mystère et de faire évoluer mes personnages autour (et c'est PUTAIN de chaud !)

D'ailleurs, oui, au passage, je vous le dis : cette fiction est une enquête policière. Amusez-vous à chercher la vérité !

Il y aura 15 chapitres et un peu de mystique (même si ça va pas trop empiéter sur l'enquête).

Donc voilà ! Je sais pas si vous allez croire à un happy end possible avec ce premier chapitre, mais en tout cas, moi, j'y crois ! Enfin… J'essaye X)

Et oui, je sais ! Je ne devrais pas poster alors que j'ai une autre fic en cours, mais puisque j'ai déjà écris 8 chapitres de Flamme d'amour, je continuerais à n'avoir que L'homme et la bite (ouais, t'as bien lu) à écrire ! Et pendant les prochaines vacances, j'essayerais de finir ! XD

Bon, je vous dis ça, mais j'en sais rien du tout. Faut que je prenne mes repères avant de vous affirmer quoique ce soit. A vrai dire, je suis un peu perdue dans mes planning donc je m'excuse d'avance si par malheur, j'ai une période de blanc.

Bref ! Souriez ! (Pourquoi ? Kesjensé moé ? Tu souris et tu te la fermes, crévindiou !) Je vous envoie la sauce ! (… samouraï ?) J'ai jamais goûté cette sauce, d'ailleurs… faudrait que j'aille me faire un kebab un de ces quatre.

On s'en branle !

Bonne lecture !


Chapitre I :

Le poids de la vie était résumé dans ce sac que Francis traînait inlassablement. Lourd. Fastidieux. A se demander si cela en valait la peine. Non, ça n'en valait certainement pas la peine. L'homme n'est pas fait pour vivre comme un chien. Soit on lui donne le bonheur, soit il meurt. Vivre dans une misère, qu'elle soit affective, économique ou familiale, ça ne rapporte jamais rien de bon à personne.

Le jeune homme, du haut de ses vingt-sept ans, traînait sa vie dans ce vieux sac en toile brune qui léchait le sol et s'y râpait parfois. Trop lourd pour être porté sur l'épaule, pas assez pour être simplement râpé au sol. Un sac terne, sans saveur, rempli d'horreurs, mais en toile pour faire croire qu'il était beau et intéressant – sa vie en somme.

Seul le soleil était radieux, ce jour-là. Une beauté à couper le souffle. Une boule de feu dans un ciel parfaitement bleu, une flamme d'or qui réchauffait les cœurs et une mer céleste pour s'y noyer. Et lui, jeune mortel, vissé au sol, n'avait que l'or de ses cheveux devenus rêches des assauts de la vie et le bleu de ses iris privés d'âme. On lui avait volé sa joie de vivre, sa jeunesse et son avenir, le laissant trainer son fardeau à bout de bras.

« M'sieur… Une petite pièce, s'il-vous-plait ? »

Un malheureux sans-le-sou présentait une paume tendue vers la voûte céleste écrasante, le teint bronzé d'être resté assis là autant de temps, un demi-sourire inquiet mais un regard brillant. Francis n'eut aucun regret à lui donner son portefeuille. Sans métaphore. Il lui avait tendu sa sacoche, avec porte-monnaie, liquide et chèque-restaurant en prime. Même sa carte d'identité, il la lui avait donnée. Une identité ? Pour quoi faire puisqu'il n'était rien de plus qu'un point sur le tableau de l'humanité. Un point laid, en trop, qui surchargeait l'œuvre d'une couleur médiocre. Une tâche à retirer.

Son fardeau, il le traina jusqu'à chez lui dans cette même attitude, abruti par le soleil qui lui martelait le crâne, le visage résolument baissé vers le sol pour ne pas se brûler les yeux. Il voyait les jointures blanches de ses mains qui serraient les bretelles du sac, et sur l'un des doigts, une bague luisante qui formait la dernière lueur visible de son regard. L'alliance dorée lui mit les larmes aux yeux.

« Mon amour… »

Arthur était au volant de sa voiture, patientant tranquillement à un feu rouge en se frottant les yeux. Son travail d'inspecteur de police avait tendance à lui amputer quelques heures de sommeil pourtant méritées. Mais peu importait. Ils étaient nombreux dans ce monde à bosser courageusement, à se lever tôt et à parfois louper quelques nuits. Ça ne l'éreintait pas pour autant, il restait frais et récupérait vite pendant ses week-ends. Et l'ambiance au travail était bonne… avec les collègues, entendons bien. Les suspects, c'était une autre histoire.

On lui avait offert son après-midi ce jour-là. Il en avait profité pour faire les courses, n'appréciant pas de rentrer à la maison les mains vides.

Le feu repassa au vert, il put démarrer.

Dans les belles rues lisses de Saint-Malo, où la fraîcheur désirable faisait voleter les cheveux et les écharpes, Arthur apprécia de laisser courir son regard sur l'architecture post-guerre qui faisait le caractère de la ville. Une ville ayant été réduite en cendres sous les bombardements américains mais ressuscitée presque à l'identique et maintenant modernisée. Cette presqu'île était pour Arthur un symbole d'éternité, la preuve que toute chose peut renaître de ses cendres. Entourée par la violente Atlantique qui martelait ses murs depuis bientôt 1500 ans, ce n'était plus le feu qui menaçait sa quiétude. Le feu était un élément inconnu pour ce port cerclé d'un océan gigantesque. Le caractère de ses vagues, la tendresse de son vent, la richesse de son patrimoine… une beauté froide de l'extérieure mais dont le cœur brûlait d'une joie de vivre immense. Sublime ville portuaire…

Prenant garde à n'écraser aucun passant, Arthur roula sur une chaussée assez étroite, cherchant à regagner la grande route depuis les ruelles à peine goudronnées où il s'était retrouvé. Il récupéra l'avenue principale avec satisfaction, allumant la radio pour chantonner avec elle.

Pianotant de ses doigts fins contre le volant en cuir, il se perdit un instant dans la contemplation de son alliance dorée, un sourire idiot naissant sur son visage rayonnant. Il ne s'y ferait jamais à cette splendide bague. Encore arrêté à un feu rouge, il eut la folie de la baiser du bout des lèvres.

« Mon amour… »

Francis atteint la cave en titubant contre le mur, les bras endoloris par le poids qu'il s'obligeait à porter. Le tout fut déposé dans un coin de la pièce, faiblement éclairée, avec une telle lassitude qu'il eut l'impression d'être déjà mort. Sur son visage chargé de remords, on ne vit que de la tristesse et un profond dégoût pour lui-même, pour cette identité qu'il avait pris soin de se fabriquer mais qui s'effondrait comme un château de cartes.

Le dos en lambeaux, il se pencha à nouveau pour sortir un paquet de sable de son sac à lanières, qu'il porta à bout de bras avec souffrance, jusqu'à l'ouvrir au centre de la pièce. Il déversa le contenu sur le sol, dans un cercle très relatif d'un diamètre n'excédant pas les deux mètres. Il n'hésita pas à forcer la dose, créant un vrai rempart sableux autour de lui. Cela fait, il laissa retomber le sac à ses pieds pour se masser l'épaule, sortant du rond en enjambant précautionneusement le monticule homogène.

Il fixa un instant les rondins de bois parfaitement empilés dans un coin éloigné de la cave. Ces bûches étaient normalement pour la cheminée, mais il en avait absolument besoin pour un autre usage, aujourd'hui.

Fatigué à l'extrême, il puisa dans ses dernières forces pour porter plusieurs rondins de bois au centre de son cercle, qu'il combla également par de nombreuses pages de journaux arrachées à tout va, ainsi que quelques brindilles préalablement récupérées. Le résultat le fit faiblement sourire, parce qu'il y trouva quelque chose d'harmonieux, de tendre, de festif, de beau. Pourtant, il n'était nullement question de splendeur dans cet ouvrage. Juste de rancœur face au monde.

Arthur s'arrêta un instant à la boulangerie pour acheter des pâtisseries. Il avait une violente envie de sucre et jeta son dévolu sur un Paris-Brest et un Mille-feuilles aux pralinés. Rien qu'à contempler l'esthétisme exquis des gâteaux, il en avait l'eau à la bouche. Ils lui rappelaient les pâtisseries de son mari… Douces et gourmandes, comme lui. Il en profita aussi pour se rapprovisionner en pain et, dans sa bonne humeur, il entreprit de discuter avec le boulanger, un bon ami à lui qui savait vous respecter tout en se montrant amical. En tant qu'inspecteur de police, Arthur avait tout intérêt à garder de bonnes relations avec la population locale. Ça lui tenait à cœur de se faire bien voir et de réconforter les gens inquiets. C'était son métier et il en était fier.

Dans sa discussion, il apprit qu'une tempête approchait du port de Saint-Malo et qu'il serait prudent de rester chez soi, volets et portes clos, pour toute la semaine à venir. Les pluies de Bretagne, en cette saison, sont aussi majestueuses que brutales. Même ces tempêtes, Arthur les aimait. Il aimait tout ici. Cette ville était son bonheur car c'était là qu'il avait fait sa vie. Et sa vie, il l'aimait à un point inimaginable. Tout ici était splendide à ses yeux.

Son bonheur allait de soi.

Francis décapsula le baril qu'il avait traîné dans toute la rue avec un regard vide et perdu. L'odeur âpre de l'essence attaqua brutalement ses narines, lui offrant un haut-le-cœur fort désagréable. Prenant soin à ne pas sortir du cercle, il aspergea les bûches, les journaux et le sol d'un même geste, vidant de moitié le baril sur ce bûcher réalisé avec les moyens du bord. Le sable formait un superbe rempart face au liquide dissident qui s'échappait de toute part.

La cave était en pierre et la porte qui remontait à la pièce à vivre tapissée d'un pare-feu. Le jeune homme avait même pensé à retirer l'alarme incendie pour n'ameuter personne.

Ses jambes avancèrent toutes seules, le plaçant au centre du bûcher, les pieds noyés dans l'essence et ce bois humide qui lui montait à mi- mollet. De ses mains tremblantes, il leva le baril d'hydrocarbure en l'air et s'aspergea de tout ce qui restait dedans. L'odeur infâme de l'essence noya son parfum naturel dans une brouillasse écœurante. Il se brûlait les yeux mais peu importait. C'était enfin le moment de mettre un terme à tout ça.

De sa poche, il sortit un petit briquet vert forêt, à l'allure tendre et délicate, la dernière chose qu'il tiendrait entre ses mains. Le vert de ses yeux.

Un sourire amer et dégoûté naquit sur ses lèvres.

Et la flamme apparut.

Arthur avait repris le volant en soufflant. Il approchait enfin de son domicile. Derrière sa voiture, un camion de pompier le surprit de sa sirène alarmante pour obtenir un droit de passage. Respectueux du travail de ces hommes, Arthur ne perdit pas une seconde pour se ranger sur le bas-côté et les laisser passer. Il espérait que rien de grave ne soit arrivé pour entacher cette belle journée. Quoique le soleil commençait à se cacher. Comme le boulanger l'avait dit, la tempête se préparait à gronder.

En roulant, Arthur aperçut une petite ligne de fumée percer le ciel de haut en bas. C'était donc bien un incendie… Pourvu qu'il n'y ait pas de victimes, ces choses-là sont souvent mortelles. Une alarme interne essayait de prévenir Arthur que quelque chose n'allait pas. C'était son sixième sens d'inspecteur qui le mettait en garde. En se faisant un itinéraire mental, il eut l'impression que la fumée était près de chez lui… Très près. Même s'il n'y avait aucune chance que ce soit le cas.

Dans le doute, il accéléra, ne pouvant contenir son stress. Les sourcils froncés, il s'autorisa à griller un feu venant à peine de passer au rouge, pressé de comprendre ce qu'il se passait. Et à mesure qu'il se rapprochait, son souffle se fit de plus en plus court.

Impossible, n'est-ce pas ? Mon imagination me joue des tours… C'est juste la paranoïa…

Fatalité fut constatée lorsqu'il prit à gauche au détour d'une rue. La voiture cala devant la troupe d'individus regroupés, qui observait le spectacle avec inquiétude ou curiosité.

Les pompiers étaient là, dansant avec une fumée noire atroce qui déchirait le ciel. Elle partait d'une fenêtre basse de la maison d'Arthur, la fenêtre de la cave plus précisément, qui était au ras du sol. La porte d'entrée était enfoncée et on voyait un tuyau se frayer un chemin, porté par quelques courageux combattants du feu. Une autre équipe menait l'offensive par la fenêtre pour venir en aide à leurs camarades, prenant d'assaut le foyer par deux côtés.

Affligé et choqué, l'inspecteur quitta sa voiture pour s'élancer maladroitement vers la maison, mais fut retenu de justesse par un policier présent pour sécuriser la zone.

« Monsieur, vous ne pouvez pas passer, c'est dangereux.

_ C'est chez moi !

_ Je suis désolé, comprenez-moi. Vous risquez de vous mettre en danger ».

Arthur n'eut pas le temps de faire son petit chantage, en présentant son badge d'inspecteur, qu'un pompier arriva vers le policier avec un air fatigué.

« On peine à en venir à bout ! Le sol est jonché d'essence !

_ Vous voulez dire que l'incendie est volontaire ? »

Le policier avait sorti son calepin pour noter le témoignage.

« Vous avez dit vivre ici ? demanda-t-il à Arthur. Je peux vous demander si vous stockez de l'essence dans votre cave ?

_ N-non… On fait le plein directement dans la voiture… e-et… et c'est moi qui l'avait aujourd'hui… »

Le corps tremblants, Arthur attrapa son téléphone portable pour pianoter grossièrement sur les touches.

« Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Francis Bonnefoy. Je suis au regret de vous annoncer que je suis indisponible pour le moment mais n'hésitez pas à me laisser un message pour que je puisse vous rappeler dans les plus brefs délais. Merci et bonne journée ! »

Arthur jura, glacé d'effroi.

« Merde… Mais t'es où, espèce d'idiot… ?

_ Vous vivez avec quelqu'un ?

_ Oui, mon mari… »

Heureusement, le policier ne fit aucun commentaire ni aucune allusion au fait qu'il avait devant lui un homosexuel – preuve que, malgré tout, les mentalités se débrident au fil des générations – et se contenta de prendre des notes.

« Monsieur l'agent ! s'époumona un des pompiers. Il y a un corps calciné parmi les flammes ! »

Quelque chose se brisa.

Pas un mur, pas une vitre, pas un vase, mais le cœur d'Arthur. Tournant doucement son visage défiguré d'humanité vers la maison enflammée à sa base, il contempla avec horreur la fumée funeste s'élever vers le ciel, incapable d'imaginer la vérité alors qu'il côtoyait si souvent la mort dans son travail. Il refusait que ce soit ça. Il était impossible que ce soit Francis. C'était une erreur.

Il rappela son époux, sans succès.

Alors, en désespoir de cause, il essaya Antonio et Gilbert, les meilleurs amis de Francis, qui lui répondirent chacun qu'ils ne l'avaient pas vus. Puis il essaya son frère aîné, grand ami du disparu. Mais il ne savait rien, lui non plus. Sans se rendre compte de ce qu'il disait, Arthur renseigna son frère sur la situation alors que ses yeux basculaient dans tous les sens en espérant capter ce qu'il se passait. Il n'arrivait pas à réaliser. Une camionnette du SAMU était arrivée entre temps pour pouvoir, une fois le feu maîtrisé, transporter le corps prisonnier des flammes.

Ce n'était pas Francis.

Jamais Arthur n'avait eu aussi peur de sa vie. Son havre de paix était noirci de fumée et de cendres opaques, brouillant la vue et les espoirs. Il fallut plus d'une heure aux pompiers pour éteindre le feu. Les quantités d'essence utilisées avaient fait leur travail pour empêcher quiconque de passer le mur de flammes. Mais finalement, les pompiers purent enfin sécuriser l'endroit et ouvrir la voie aux médecins qui, avouons-le, n'avaient aucun espoir de retrouver quelqu'un de vivant après tout ça.

Arthur étouffa sur place. Il avait appelé Francis une vingtaine de fois, sans résultat. Mais il devait y avoir une bonne raison à ce silence. Le Français n'avait pas le doigt fusionné à son téléphone, non plus. Et quand il dormait, il dormait ! Oui, il avait dû s'endormir quelque part, dans un parc peut-être… ou au boulot. Même s'il ne travaillait pas aujourd'hui. Oui, voilà ! C'était ça ! Francis dormait quelque part !

Au moment où le corps fut sorti de la cave, Arthur se sentit enlacé par derrière.

« Francis ! »

Soulagé, il se retourna d'un bond, le visage noyé de larmes d'angoisse. La seconde d'après, il fondit en sanglots en reconnaissant, non pas son mari mais son grand frère, celui qu'il avait appelé il y a peu.

Toujours aucune trace de Francis…

« Arthur, calme-toi ! Je suis là ! »

Ça ne le calmait pas une seule seconde. Au contraire, le stress grimpait en flèche et Arthur prit le tic de faire tournoyer son alliance autour de son annulaire en se mordant violemment la lèvre inférieure – et son seul effort fut de contenir ses larmes pour mieux étudier les lieux. Les deux frères manquèrent de tourner de l'œil lorsqu'un cadavre fumant fut recouvert habilement d'un drap de protection. La chair calcinée… noire… mortifère… Cette image de la mort… Elle fut gravée profondément dans sa mémoire. A tout jamais.

Au bord de la crise de nerf, Arthur se mit à trépigner sur place et à gigoter nerveusement dans tous les sens, brisé de l'intérieur tant il était rongé par l'inquiétude. Mais il restait formel, ce ne pouvait pas être Francis. Il y avait un système caché, une subtilité, quelque chose ! Ce n'était pas son corps ! Un substitue sans doute !

« C'est pas vrai, Al… Tout ça est un cauchemar, n'est-ce pas… ? Je ne suis jamais sorti de chez moi ce matin… Je ne l'ai jamais quitté… Et Francis est là, quelque part, dans ce monde…

_ Arthur… Viens avec moi, il faut qu'on quitte cet endroit…

_ Non ! Je dois attendre qu'il rentre à la maison… »

Allistor se recoiffa avec un tremblement incontrôlable des mains, puis tira le bras de son frère vers la rue.

« Viens chez moi… Tu ne peux pas rester ici.

_ Non, attends… Si je pars maintenant et que Francis revient entre temps, il va me chercher et s'inquiéter… Et en plus, j'ai acheté des gâteaux pour ce soir… Je dois l'attendre… Je dois l'attendre…

_ Arthur, il faut qu'on aille à l'hôpital… Tu ne vas pas bien.

_ Je vais bien, merde ! Je dois juste l'attendre ! »

Pas convaincu, Allistor quémanda l'aide d'un médecin pour maîtriser la crise de nerf de son cadet. Se débattant comme un beau Diable, Arthur hurla qu'on devait le laisser attendre, que Francis avait besoin de lui, et le tout en se dégageant de la poigne de son frère. Il ne fut cependant pas le poids lorsqu'on lui injecta une bonne dose de calmants en voyant que sa crise s'aggravait.

Et la dernière chose qu'Arthur vit avant de perdre conscience fut sa chère maison dont l'âme venait d'être souillée de l'intérieur par le sang de la personne qui lui était le plus cher.

0*O*o*O*0

« Monsieur Kirkland… En attendant le résultat du test dentaire, nous voudrions vous demander si vous reconnaissez les objets que la victime portait sur elle… »

Les yeux rouges, cernés, rongés par l'angoisse, Arthur tanguait sur sa chaise, plus pale que la mort elle-même, soutenu de justesse par son aîné qui lui tenait fraternellement les épaules pour le soutenir. Deux jours qu'Arthur attendait le retour de Francis. Deux jours qu'il se leurrait pour retarder la souffrance.

« Reconnaissez-vous ceci… ? »

Le policier avança un sac en plastique hermétique sous les yeux de l'inspecteur.

« On l'a retrouvé au doigt de la victime ».

A la seconde même, Arthur cria en se dégageant, faisant tomber la chaise au sol dans un fracas horrible. Aussitôt, Allistor était sur lui pour le serrer dans ses bras, murmurant des « calme-toi », « on arrête si tu veux » ou des « je suis là » pour le calmer.

L'alliance.

Les mèches folles de son cadet lui chatouillaient la nuque, mais le grand roux fit tout ce qu'il put pour rester professionnel malgré sa propre détresse. Il contempla l'alliance en cachant son frère contre lui pour qu'il n'ait pas à contempler l'objet noirci de cendre.

« C-c'est… c'est bien la sienne… La même que celle d'Arthur…

_ Monsieur Kirkland ? Je peux… voir votre alliance ? »

Tremblant contre le corps de son frère, Arthur tendit sa main gauche sans regarder, espérant disparaître le plus loin possible de ce lieu qu'il connaissait pourtant par cœur. Jamais il n'aurait pu imaginer se retrouver à la place des témoins qu'il interrogeait à longueur de journée.

« En effet… C'est la même… Je suis désolé, inspecteur ».

Le policier prit des notes et se leva respectueusement dans un silence compatissant, saluant le duo d'un signe de tête discret. Ça faisait beaucoup en une fois, Arthur avait besoin d'être ménagé dans ce passage difficile de sa vie. Son cœur était en train de brûler de l'intérieur, comme le feu qui avait pris la vie de son mari.

Veuf à vingt-cinq ans… Comment le destin avait-il pu lui faire ça… ? Comment était-ce arrivé ?

Arthur n'eut la réponse que bien plus tard.

A nouveau convoqué par les forces de l'ordre – ses propres collègues de travail –, on l'avait assis sur une chaise – pour qu'il ne s'évanouisse pas en restant debout – et un agent s'était installé en face de lui avec un dossier en main. On ne pouvait pas le prendre pour un idiot, Arthur savait tout ce que cela signifiait.

« Le dossier dentaire est arrivé, inspecteur… Je suis désolé, la victime est bel et bien votre époux ».

Le silence fut pesant. De ses iris verts, Arthur détaillait la pièce mais avec l'impression étrange d'être… vidé. C'était comme si on lui avait arraché le cœur pour l'écraser dans la boue. S'il avait eu quoique ce soit dans le ventre, il l'aurait vomi à en mourir, à en cracher ses poumons et tous ses organes avec. Mais là, rien. Juste le vide de la destruction intérieure. Une annihilation complète de sa personne, de ses pensées, de sa vie, de ses perspectives d'avenir, de son bonheur. Il n'y avait plus rien que de l'incompréhension et de la douleur.

« Comment… comment est-ce arrivé… ? Qu'est-ce qu'il s'est passé… ?

_ Eh bien… D'après notre enquête, monsieur Bonnefoy aurait lui-même mis fin à ses jours en fabriquant un bûcher dans votre cave… Il est sorti acheter un… bidon d'essence et un sac de sable, dans un magasin de bricolage… Puis il est rentré mettre son plan à exécution. Tout porte à croire que le projet était prémédité…

_ C'est impossible… Pas lui… Il est la joie de vivre incarnée ! Vous vous trompez, je vous assure ! »

Arthur s'était levé pour exprimer son incompréhension, les larmes aux yeux.

« Jamais il n'aurait pu faire ça ! Demandez à ses amis et à sa famille ! Il n'y avait rien qui aurait pu le mettre dans cet état !

_ Vous pensez à un meurtre, inspecteur ? »

Bien sûr, sa position faisait que son discours ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd. Nul doute qu'une enquête plus approfondie serait menée pour comprendre ce qui était arrivé à ce couple modèle.

C'était là le problème principal de cette histoire.

Francis avait littéralement une vie parfaite et nageait dans un bonheur constant depuis plusieurs années. D'ailleurs, il n'était pas le genre d'homme à chercher les problèmes ou à se faire des ennemis, au contraire. Il avait le caractère facilitant, l'œil frais, le sourire facile, la parole doucement intelligente. Sommes toutes, avec un mari aimant, une belle maison en Bretagne, un travail épanouissant et des amis fidèles, sa vie n'aurait pas dû dégénérée. Il n'y avait absolument aucune tâche noire sur son tableau. Et pour preuve, il était directeur d'une association humanitaire ! Francis passait ses journées à organiser des partenariats avec des comédiens, des musiciens, des cercles scolaires, pour mettre en place des spectacles dont l'argent serait reversé à toute association caritative. Pour payer les salaires des employés et venir, en même temps, en aide aux défavorisés, il faisait fabriquer pleins d'accessoires pour promouvoir leur groupe, récoltait des dons partout dans le monde et montait des événements culturels ouverts au grand public.

Il ne pouvait pas s'être suicidé.

« Dans ce cas… Pouvons-nous avoir des précisions sur le caractère de votre mari ? reprit doucement le policier en l'invitant à se rassoir.

_ Il… Il… Il est très gentil, tout le monde vous le dira… Francis travaille dur pour venir en aide à autrui, c'est un philanthrope convaincu… Je ne lui connais aucun ennemi et ne l'ai jamais vu se disputer avec qui que ce soit. De toute façon, j'aurais enquêté, si cela avait été le cas. Je vous assure que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire… »

L'agent de police se frotta l'arête du nez. Son témoin continuait de parler du défunt au présent, ce qui n'était pas bon signe pour son acceptation.

« Où étiez-vous lorsque votre mari a perdu la vie ? »

Il espérait qu'utiliser ce genre de tournure aiderait le veuf à réaliser pleinement qu'il n'y avait plus aucun espoir.

« J-j'ai travaillé toute la matinée… et je suis allé faire des courses en début d'après-midi… C'est sur le chemin du retour que j'ai vu la… la… j'ai vu…

_ … la fumée ?

_ … oui…

_ Très bien ».

Arthur ne s'alarma pas qu'on lui pose cette question. Il connaissait bien la procédure et il était nécessaire que la police ait toutes les informations en main pour pouvoir avancer dans cette affaire. Mais même malgré ça, se souvenir d'où il était pendant que pareille tragédie avait lieu, ça le rendait fou. Il se disait « Francis souffrait et moi j'achetais des gâteaux… » comme s'il était en tort. Sa tête s'embrouillait de « et si… » qui, non seulement auraient pu mettre Paris en bouteille, mais auraient surtout sauvés la vie de son mari. A peu de temps près… S'il n'avait pas fait les courses…

Mais non ! Que pensait-il ? Francis n'était pas mort ! Le cadavre en était un autre et l'examen se trompait !

« Nous avons fouillé votre maison mais aucune trace de son portefeuille. Auriez-vous une idée de son emplacement ? »

Les yeux exorbités de fatigue et de tristesse, Arthur fit tous les efforts du monde pour regarder son interlocuteur en face.

« Non… Vous pensez à un vol qui aurait mal tourné ?

_ Je ne sais pas… Il aurait saisi le reste de vos objets de valeur, si ça avait été le cas. Surtout que tout porte à croire que votre mari a fait lui-même le geste fatal. Et il n'y avait aucune trace d'effraction ».

L'interrogatoire toucha à son terme et Arthur en ressorti encore plus brisé qu'avant.

Son monde s'était écroulé. Francis était mort, lui disait-on. Mort. Ce mot l'obsédait. Il essayait d'en soulever toutes les significations, de chercher une alternative pour nier encore une fois la disparition de Francis. L'examen dentaire mentait à coup sûr, la science gardait une part d'inexactitude. Ce n'était juste pas possible pour lui d'imaginer Francis mort. Un homme comme lui qui respirait autant la joie de vivre ne pouvait pas disparaître dans les cendres.

Et puis, le feu, d'ailleurs… parlons-en.

C'était peut-être l'âme de détective d'Arthur qui parlait mais ce feu lui semblait trop étrange. Comme par hasard, c'était l'une des morts les plus pratiques pour rendre difficile l'identification d'un cadavre. Francis n'était pas mort.

En sortant du commissariat, le jeune homme vit au loin son grand frère l'attendre, accouder à la voiture avec les bras croisés sur sa poitrine. En tant qu'aîné, il jouait les braves, mais sa consommation de cigares avait augmentée depuis la prétendue tragédie. Fumer, ça le détendait. Appuyé par son sixième sens, Arthur n'eut pas trop de mal à analyser ce comportement excessif de son frère.

La tempête continuait de se faire désirer. En l'attendant, les nuages noirâtres s'attroupaient au-dessus de la ville portuaire pour l'intimider, aidés par un vent de plus en plus inquiétant. Une allure de fin du monde gagnait les rues, incarnée dans les ombres mouvantes des maisons qui léchaient le sol pour les noircir. Chaque objet projetait une image sombre sur la terre, la moindre voiture, le moindre vélo, la moindre pancarte publicitaire. Tout était effrayant et mort. Au loin, la mer s'agaçait contre les remparts de la ville, les bateaux étaient amarrés au port et durement ficelés pour ne pas s'enfouir dans le gouffre gourmand de l'océan.

La pluie arrivait et pourtant un feu avait volé une vie.

Allistor appuya l'épaule de son frère pour le guider dans la voiture, le ramenant après de la famille le temps qu'on lui rendre sa maison perquisitionnée. Non content de lui voler son amour, on lui volait sa maison. Arthur n'y fit aucune allusion, trop choqué par le désespoir et l'injustice de la vie. De toute façon, il ne parlait plus qu'aux policiers et très vaguement à sa fratrie. Son silence était mortifère. Tout comme son teint.

En mourant, Francis avait emporté sa joie de vivre.

« Que t'a dit la police… ? essaya le rouquin en ravalant sa salive.

_ Des conneries.

_ Du genre ?

_ … suicide… »

Un son étouffé échappa à l'aîné, le faisant dévier légèrement de la route. Il reprit contenance et camoufla au mieux ses émotions, l'âme en peine mais forte.

« C-c'est… dur à croire…

_ C'est surtout impossible ».

Le ton d'Arthur était plus cassant que d'habitude. Forcément, il était en plein déni, la première phase du deuil. On pourrait lui présenter autant de preuve que faire se peut, autant d'argument scientifiques irréfutables que possible qu'il n'y croirait toujours pas. Son cerveau devait concevoir de lui-même l'atroce réalité. Ce serait long et fastidieux, mais Arthur allait devoir apprendre à vivre sans l'amour de sa vie. Toutes ses habitudes allaient être bouleversées. Plus jamais il ne penserait ni ne vivrait de la même manière, car on venait de le marquer au fer rouge, en plein cœur. Il venait de passer du tout au rien, de l'excellence de la vie heureuse à l'abandon féroce du bonheur. Amputer une personne qu'on aime de notre vie, c'est amputer sa propre chair.

Arthur se plia en deux sur le siège, la main sur le cœur pour endiguer la douleur qui venait de le percer de toute part.

Francis n'était pas mort !

S'il eut été dépressif, ce geste aurait eu du sens, mais là, ce n'était pas le cas. Et comme rien n'aurait pu motiver cet homme à se tuer, il ne pouvait pas l'avoir fait. Syllogisme parfait et irréprochable. Puisque Francis était heureux, il ne pouvait pas être mort. La police se trompait donc bien.

Francis n'était pas mort.

Alors, où était-il ?

Dormait-il depuis plusieurs jours, inconscient de tout ce qu'il se passait ?

S'était-il fait enlevé par un fou furieux sociopathe et misanthrope ?

Etait-il parti en voyage d'affaire en oubliant de prévenir ses contacts ?

Tout était tellement plus crédible que sa mort. Sans mauvaise foi, Arthur pouvait au moins affirmer ce fait : il était inconcevable que Francis ait mis fin à ses jours.

« Arthur ? »

Allistor s'angoissait de voir son cadet se replier autant sur lui-même pour masquer la douleur qui devait transparaitre sur ses traits.

« Je veux descendre.

_ On est presque arrivé, promis. Regarde par la fenêtre si tu ne me crois pas ».

A contrecœur, Arthur endura encore cinq minutes de route dans une ambiance lourde et étouffée. Et là, ce n'était que cinq minutes de souffrance. Comment allait-il pouvoir vivre plus de 50 ans comme ça ? Lorsqu'il eut compris que la voiture ralentissait pour arriver à bon port, il détacha sa ceinture hâtivement et bondit dehors en courant le plus vite possible à la maison, appelé par un grand frère inquiet.

La famille d'Arthur – réunie pour le soutenir – sursauta lorsqu'il enfonça la porte, mais n'eut pas le temps de le retenir que déjà, il filait vers la chambre qu'on lui avait assigné.

« Arthur, mon chéri ! implora la mère en le suivant dans les escaliers.

_ Fous-moi la paix ! hurla-t-il en réponse avant de claquer la porte de sa chambre ».

Il ne sut et ne chercha guère à savoir ce qu'Allistor leur eut dit en rentrant à sa suite, il s'en fichait éperdument. Du moment qu'on le laissait tranquille, le temps qu'il puisse regagner sa maison – sa vraie maison – il survivrait à cette populace grouillante qui vivait de l'autre côté de sa porte. Et dire qu'il allait devoir s'enfermer ici au lieu d'attendre son mari chez eux. Comment Francis ferait-il en rentrant ? En ne voyant pas Arthur, il s'inquiéterait et le chercherait partout. Ça lui faisait mal d'avance d'imaginer le doux regard océan de son époux se remplir de peur et d'angoisse. Francis avait de si magnifiques yeux… de vrais joyaux luisants et profonds comme les fonds marins. Et un sourire… un sourire si tendre, si sincère, si heureux…

Francis n'était pas mort.

De tous, c'était le dernier qui aurait pu faire ça.

Francis n'était pas mort.

« Arthur... ne t'enferme pas, mon chéri… ne souffre pas seul…

_ Mais bordel ! Quel mot de « fous-moi la paix » n'as-tu pas compris ?! Le « fous », le « moi » ou le trait d'union ?!

_ Chéri…

_ Ne m'appelle pas « chéri » ! Y a rien à chérir, ici ! Laisse-moi ! »

La silhouette derrière sa porte étouffa un soupir avant d'accéder à sa requête, disparaissant dans l'escalier à pas feutrés. Il l'avait blessé dans son âme de mère mais sa peine était trop grande pour qu'il puisse s'en faire reproche. Ça le gavait d'être couvé comme un poussin alors qu'il ne guettait qu'une paix intérieure totale, dépourvue de toute forme vivante pour l'emmerder. Implorant le silence et l'apaisement, il s'assit dans un coin de mur, la tête dans les bras, et attendit. Il attendit Francis.

Parce que Francis n'était pas mort.

0*O*o*O*0

« Comment va-t-il ?

_ Mal. Très mal.

_ Ca fait déjà deux mois...

_ Vingt ans passeraient qu'il continuerait de hurler.

_ Hurler ?

_ Il a fini sa phase de déni. Maintenant, c'est la colère. Il crie à l'injustice. Il est devenu violent.

_ Je suppose que, dans cet état, il n'est pas question qu'il reprenne le travail.

_ Tu l'as dit.

_ Vous lui avez collé un psy au cul ?

_ Il se fout éperdument de sa gueule, le psy lui-même en devient fou.

_ Peut-être qu'il a besoin de sortir prendre l'air.

_ On a essayé de l'arracher à sa fichu baraque, peine perdue.

_ Il est retourné chez lui depuis ?

_ Oui, la police a inspecté la zone de fond en comble sans rien trouver de plus. Francis s'est suicidé, on a les preuves, les témoignages, le lieu et l'heure. On a tout. Sauf le mobile.

_ Je peux… te demander comment il a fait ? »

Profond soupir de douleur.

« Il avait prévu son coup à la perfection. Pendant toute la matinée, alors qu'Arthur travaillait, il a isolé la cave pour que le feu ne la quitte pas, parce qu'il voulait faire le moins de dégâts possibles. Je pense qu'il ne voulait pas embarrasser Arthur plus que de raison. Puis, vers midi, il est sorti au magasin de bricolage le plus proche pour récupérer un sac de sable et un baril d'essence qu'il a rempli à la pompe d'à côté. On a retrouvé son portefeuille en la possession d'un mendiant qui ne savait pas quoi en faire. Vraisemblablement, Francis s'est débarrassé de tout ce qui ne lui était pas utile. Quand il est rentré chez lui, il a cerclé de sable une zone restreinte pour bloquer le feu et le concentrer en un point unique. Il… Il y a ajouté bois et journaux avant d'y verser l'essence... puis sur lui-même… et il a sorti son briquet… La suite, tu la connais.

_ Deux mois…

_ J'ai l'impression que c'était hier… Et je te raconte pas l'impact que ça a sur Arthur. Je ne sais pas comment le faire aller mieux. On dit qu'il y a cinq étapes dans le deuil, mais lui semble bloqué entre la deuxième et la troisième.

_Colère et dépression.

_ Exactement. Et le pire, c'est qu'il ne témoigne d'aucune volonté d'aller mieux. Il refuse d'aller mieux et de vivre à nouveau.

_ Parce que, pour lui, ce serait trahir Francis. Il ne s'imagine pas vivre heureux sans lui alors qu'ils avaient fondés un bonheur commun rempli de promesses. Même s'ils n'étaient mariés que depuis cinq ans, c'était comme s'ils avaient déjà passé une vie ensemble…

_ Ouais…

_ Mais qu'est-ce qui lui a pris… ?

_ Je sais pas… Personne ne comprend ce qu'il s'est passé. On aurait pu enterrer l'affaire si cette foutue question ne continuait pas de tous nous hanter. Pourquoi ? Personne ne veut lâcher le morceau. Les collègues, les amis, la famille… On est tous sur le cul, à rien comprendre… On voudrait tous dire à Arthur de l'oublier et de se reconstruire, mais on n'est pas capable de tourner la page, nous non plus ».

Allistor et Antonio avalèrent une gorgée de thé en silence, méditant sur ces paroles véridiques.

« Parfois, comme aujourd'hui, on arrive à le ramener ici pour qu'il ne s'enferme pas chez lui à broyer du noir… mais ça ne le rend pas heureux d'être loin de ses attaches. Du coup, je pense que je vais aller m'installer avec lui le temps qu'il retrouve goût à la vie. Il y a des chambres d'amis à l'étage, je me ferais tout petit mais je serais présent. C'est une maigre consolation mais c'est tout ce dont je suis capable à mon niveau.

_ C'est déjà beaucoup. Avoir ses proches avec soi est primordial dans ce genre de mauvaise passe. J'espère qu'il finira par s'en rendre compte.

_ Vu le temps qu'il lui a fallu pour réaliser la mort de Francis, je ne me fais pas d'illusion, ça prendra énormément de temps.

_ Il est où en ce moment ?

_ Dans sa chambre, à l'étage. On a réussi à le faire dormir mais je suppose qu'il ne va plus tarder à… »

Comme si le hasard avait attendu qu'il en vienne à ça, un hurlement bestial fouetta l'air et retentit dans toute la maison. Lisa, qui était en train de rafistoler une veste pour sa mère, sursauta en poussant un cri d'effroi, une chair de poule lui parcourant la peau. Le cri venait d'outre-tombe, glacial, démoniaque, comme celui d'un fou possédé par la Haine éternelle. Une douleur sourde se trahissait derrière la colère de cette épouvante, une douleur telle qu'elle leur imprégna tous la peau.

Allistor bondit de sa chaise pour grimper jusqu'à l'étage dédié aux chambre. Ses parents, qui se reposaient dans celle d'à côté, étaient déjà présents pour enfoncer la porte close. La fratrie s'était réunie dans l'escalier, n'osant le gravir complètement, et Antonio à leur suite, en bas, qui soutenait Lisa.

En proie à un violent cauchemar, Arthur s'était recroquevillé sur ses draps, les doigts crispés dans ses cheveux et le regard dilaté – aveugle même – tandis que sa voix ne cessait de s'échapper en trombe par sa bouche béante. L'animalité de sa silhouette le rendait dangereux, inquiétant, et il fallut beaucoup de courage à ses parents pour trouver un chemin vers lui. Les enfants avaient gravis les marches pour encercler la porte, se refusant toutefois à la passer. La chambre d'Arthur était une zone de non-droit coupée du monde, sacrée, dont on ne devait pas abuser le passage. Là, il y avait urgence, les parents pouvaient y passer. Mais autrement, c'était hors de question d'entrer aussi profondément dans son intimité et de la souiller de leur présence.

La mère à sa gauche, le père à sa droite, Arthur ne calmait pas ses cris mais sentait bien qu'on l'enlaçait chaleureusement de toute part. On tentait de lui partager de l'amour, chose dont il ne voulait pas entendre autre que pour parler de Francis. Francis qui était mort. Francis qui n'existait plus sur une planète dépassant les 500.000.000 km², une planète ayant largement la place de le tenir mais qui s'y refusait. Il n'y avait plus de Francis Bonnefoy sur cette Terre mourante et déchaînée. Et – horreur ! – il y avait toujours un Arthur Kirkland dessus.

« Calme-toi, mon chéri ».

Et on lui demandait de se calmer ! A lui ! Se calmer ! Entre 7 milliards de connards, c'était lui qu'on avait désigné pour se calmer ?! C'était infâme de lui dire ça ! Infâme ! On lui volait son homme, son bonheur et maintenant son droit d'extérioriser ?!

Il se leva brusquement, le cœur en miettes, trahis dans sa confiance.

« Arthur ? Qu'est-ce que tu fais ?

_ LAISSEZ-MOI ! »

Il bouscula sa famille et sortit à toute vitesse de chez lui, en direction de sa maison, son vrai foyer, ce petit havre de paix qu'il avait acheté avec Francis, ce coup de cœur qu'ils avaient eu ensembles comme le signe que, oui, c'était là qu'ils seraient heureux. Qu'on essaye de l'en séparer était odieux et impardonnable. Et dieu sait à quel point Arthur était rancunier et irritable. Maintenant au moins, il serait clair : pas question qu'on le force à sortir de chez lui, même pour faire « plaisir » à sa petite famille aimante et pitoyablement ridicule. Il avait déjà assez donné dans le grotesque pour ne pas y vivre complètement. Merci, au revoir.

N'étant plus maître de son véhicule depuis que sa mère l'eut confisqué, il fut obligé de grimper dans un bus et de se mêler à l'immonde population heureuse qui grouillait de bonheur et d'amour. Une petite fille eut peur de lui en le voyant monter et elle avait bien raison de le craindre puisqu'il la fixa dangereusement dans l'espoir de la faire pleurer. Sa mère ne vit rien et lui demanda ce qu'il lui arrivait, interloquée que sa progéniture s'effondre de la sorte dans ses bras.

Blême comme un cadavre déterré, le regard morne et l'habit noir, Arthur était la figure emblématique du veuf écarté du monde. Typique de l'homme en trop sur cette Terre. Il faisait tâche dans le décor, personne au monde ne serait fondamentalement content d'avoir cette désespérante figure dans son paysage, et c'était pour cela que les voyageurs détournaient le regard en le voyant.

Ils étaient gênés de son allure et lui méprisait la leur.

Il ne se souvenait déjà plus de la manière dont Francis aimait le monde… Sa rage était telle qu'il en oubliait les bases de la civilité. Et surtout, il refusait d'admettre que sa colère contre eux était injustifiée. Parce qu'elle était justifié ! C'était injuste qu'eux aillent bien alors que lui… Et pourquoi était-ce à Francis de mourir, d'abord ? Pourquoi le plus heureux des hommes devait-il partir avant les autres ? Ce n'était pas logique ! Ce n'était pas acceptable !

Il intériorisa sa colère pour rentrer chez lui. Déjà, dans ce lieu, ça allait mieux. La devanture chaleureuse était parsemée de fenêtres béantes, attirant à l'intérieur la lumière extérieure et le salon auquel il fit face en rentrant n'avait pas changé. Au-delà des canapés crème aux coussins moelleux, la pièce était marquée du sceau de la douceur. Les murs et les meubles étaient dans les tons chauds ou clairs, le mobilier était souvent de bois verni et une jolie petite cheminée attendait l'hiver pour être allumée. Des photographies respirant le bonheur jonchaient les étagères pour décorer l'endroit.

De ses iris verts fatigués, Arthur suivit du regard le souvenir de sa joie passée, contemplant un Francis fantomatique courir après son propre fantôme à travers la pièce, sous un rire commun et espiègle. Arthur avait dû lui prendre un objet pour le simple plaisir d'être coursé par son homme – ce qui devait stimuler son sentiment d'importance à ses yeux. Ils se tournaient autour en contournant lentement la table à manger, à moitié couchés dessus comme pour se donner de l'élan, le sourire joueur et licencieux.

Le souvenir devint flou quand des larmes se mirent à inonder ses yeux. Blessé de sa propre faiblesse, il s'effondra au sol pour décharger encore une fois son cœur de ce poids invivable, et ce alors qu'il savait que jamais plus… jamais plus… il ne pourrait vivre comme avant.

Son cauchemar ne s'arrêta cependant pas là.

Envahissant au possible, l'amour de son frère aîné l'avait poussé à envahir sa maison pour garder un œil sur lui. Il s'était littéralement incrusté comme la mauvaise herbe d'un jardin, vivant silencieusement mais gardant toujours un œil ou une oreille sur lui. En temps normal, Arthur aurait noté cet attachement fort qui les reliait, mais sa rancœur était telle qu'il ne voulait pas entendre parler d'amour – même fraternel.

Des souvenirs comme celui qu'il avait eu l'autre jour, il en vit d'autres. Des images s'imposaient à lui, toujours douloureuses. Il avait des flashs morbides où il s'imaginait brûler à la place de Francis, ce qui – lorsque cela lui arrivait en rêve – le faisait se réveiller en hurlant. Juste après, son frère venait dans sa chambre pour le consoler et, toujours, par fatigue ou lassitude, Arthur le laissait l'enlacer avant de retomber dans un sommeil rempli de cauchemars.

Allistor vivait mal de voir son frère dégénérer jour à jour. Ce qui avait fait la beauté de son regard, c'était la clarté de ses yeux, désormais sombres de désespoir. Ce désespoir était ce qui faisait le plus peur à l'aîné. Il n'avait jamais vu aussi peu d'envie de vivre dans la figure de quelqu'un. Et aucun signe ne montrait d'amélioration de son état. L'enquête piétinait, on ne trouvait toujours pas de raison valable à ce suicide et Arthur en devenait fou. Allistor le savait, il n'était pas idiot : son frère ne ferait jamais son deuil si on lui expliquait pas clairement ce qu'il s'était passé. Autrement, le doute resterait à jamais dans son cœur.

Entre deux pics violents de dépression, Arthur se noyait dans une sorte de marchandage avec lui-même, pour revivre cette journée mortifère en boucle. Il troquait le vrai scénario contre des affabulations, se payait des illusions à prix bradés pour mieux souffrir ensuite de n'avoir rien entre les mains. A coup de « et si je… », il faisait revivre Francis pour tenter d'effacer le moment de sa mort, mais l'issu était inaltérable. Parfois, il lui venait l'envie de rejoindre son frère aîné dans sa chambre et de lui demander, les yeux baignés de larmes : « tu crois qu'il ne m'aimait plus ? » ou bien « si je lui avais laissé plus d'air, tu penses qu'il serait encore vivant ? », et Allistor se déchirait le cœur à le serrer contre lui et à lui répondre « non, il t'aimait comme un fou ». Mais étant tout autant dans le flou que lui, il se demandait s'il n'était pas en train de lui mentir. Arthur dut sentir ce trouble car il perdit peu à peu l'habitude de venir le voir pour ce genre de crise, tout en s'enfonçant davantage dans la dépression.

C'est ainsi qu'Allistor rentra des courses, environ un mois plus tard, pour tout déposer dans la cuisine. Il ne se risquait plus à appeler Arthur car celui-ci avait commencé à vouer une incompréhensible aversion pour son prénom lorsqu'il était prononcé à voix haute. A l'écrit, encore, ça passait – tant que ça restait muet. Le silence régnait en maître dans cette maison depuis la mort de Francis. Arthur faisait le moins de bruit possible, même en marchant, et ne supportait pas qu'on le dérangeât dans cette quiétude salvatrice – ou mortifère, selon l'avis du grand roux. De ce fait, Allistor resta le plus silencieux mais, comme d'habitude, il ne perdit pas une seconde pour chercher son frère (il voulait toujours savoir précisément où il était).

La salle de bain étant allumé, Allistor en déduisit qu'il s'y trouvait – d'autant plus qu'il entendait du mouvement derrière. A parier, il devait être en train de s'asperger la figure d'eau après un dur cauchemar, comme il le faisait habituellement.

La porte s'ouvrit.

Arthur contempla, choqué, cette intrusion dans son espace intime, le visage couvert de honte alors qu'il était pris sur le fait. Allistor, quant à lui, fit vite le lien entre l'expression coupable de son frère et la pile de médicaments qu'il tenait dans sa main. Ce serait au plus rapide.

D'un geste franc, Arthur amena les pilules à sa bouche pour toutes les avaler en même temps.

« NON ! »

Allistor le tira si violemment vers lui qu'il manqua de lui arracher ses vêtements. Fourrant sans honte deux doigts au fond de sa gorge, il lui agrippa les cheveux avec brusquerie en le tournant vers la cuvette des toilettes. Puis, appuyant à deux mains sur son ventre, il le força à vomir le peu de nourriture qu'il avait ingurgité, ainsi que le poison qu'il venait de s'infliger. Toujours en le maintenant appuyé vers le bas, au-dessus des toilettes, il chercha son téléphone pour appeler une ambulance puis, enragé, continua de faire vomir son frère jusqu'à ce qu'il n'ait même plus de bile à régurgiter.

Vidé dans tous les sens du terme, Arthur s'effondra comme une loque sur le sol, la bouche pâteuse et le teint blafard. Ses cernes étaient affreuses et son corps tellement faible qu'il paraissait sur le point de se briser.

« Il faut que tu boives ! clama le grand frère au bord de la crise de nerf ».

Mais sa jambe fut retenue par la silhouette cadavérique qui rampait au sol comme un chien en fin de vie. Arthur n'en avait plus rien à faire d'avoir l'air au fond du trou et que sa misère se voit sur son visage. Il était à bout. Il ne voulait pas faire semblant. Certaines personnes montraient leur courage en faisant bonne figure et se nourrissaient de « tu es si courageux, bravo » mais pas lui. Arthur n'était pas assez fort pour se relever et il n'en avait aucune envie. Certains apprenaient de la vie après ce genre de tragédie, et ils en ressortaient grandis, anoblis, sublimés, mais lui non. Lui, il était le désespoir et la mort. Et la mort n'est pas belle. Il ne comprenait pas comment on pouvait relever la tête en était si laid, en ayant son corps souillé de désolation. Ce qui est déchiré l'est à tout jamais. Arthur ne pouvait pas idéaliser la mort pour faire ressortir sa grandeur d'âme, il ne pouvait pas ressembler à tous ces héros de film qui parvenaient à trouver un but dans la vie pour combattre leur affliction. Lui n'avait plus rien.

« Al, je t'en supplie… Par tous les dieux… Laisse-moi mourir…

_ Non… Tais-toi…

_ Je veux mourir… Je veux juste disparaître… Pitié… Me force pas à vivre…

_ Arrête, Arthur. Tu ne sais pas ce que tu dis !

_ J'en peux plus… ! J'ai mal ! Tout ce que je veux, c'est y mettre un terme !

_ Je t'ai dit d'arrêter ça ! »

A la place d'aller chercher de l'eau, le rouquin enlaça l'ombre sanglotante qui craquait à ses pieds et dont le visage de décomposait de détresse. Il ressentait une immense frustration à ne rien pouvoir d'autre que de le retenir dans ce monde horrible par pur égoïsme. Si Arthur partait de la même manière que Francis, il le vivrait comme un échec… il ne pouvait pas laisser faire ça.

« Tu vas vivre, Arthur. Ça fera mal au début, mais tu vas vivre, je te le garanti… Aussi longtemps que je respirerais, tu vivras… Regarde-moi dans les yeux ! Tu. Ne. Mourras. Pas. Je serais toujours derrière toi pour t'en empêcher ! Et si je ne suis pas là, quelqu'un d'autre me remplacera ! Tu ne mourras pas !

_ Non !

_ Si ! Tu vas vivre !

_ Non, pitié ! »

Arthur hurla des sanglots dénués de larmes. Il n'avait plus assez d'eau à pleurer, tout l'avait déjà quitté depuis ces longs mois d'abandon.

Et cet aveu de son frère était une sentence mortifère pour lui. Elle le condamnait à une vie de souffrance et de mémoire bafouée. Il passerait le restant de ses jours à genoux face au bonheur des autres, à gratter ses souvenirs pour y ôter l'indéniable poussière du temps qui s'y logerait, pleurant la nuit pour errer le jour dans un monde hostile à son existence.

La fatalité de sa condition lui arracha un dernier gémissement blessé. Brutalement, ses paupières menacèrent de se fermer pour quitter l'infâme réalité et ce que son frère lui imposait. Allistor se retrouva à soutenir le corps évanouit et dénué d'âme de son cadet, dont la tête pendait dans le vide comme s'il était mort. Mort. Encore ce terme inconnu… Non… Il avait déjà perdu un ami, Allistor ne perdrait pas son frère !

Peu importe l'adversité, il fallait qu'Arthur vive !

Et il vivrait.


Ouais ! Je sais ce que tu penses derrière ton écran : « lol, un Fruk sans Francis ! Elle a fumé, l'auteure ! »

Et à toi, je réponds : bien sûr, Gorges ! Cela va de soi ! /PAN/

Non mais oui, je conçois que ça commence mal, mais c'est la suite qu'est intéressante (enfin… qui se veut un peu intéressante). Perdez pas espoir ! Q.Q Pas au chapitre 1 !

Après, je sais que certains aiment quand les persos souffrent, donc j'ose espérer que ça va aller avec cette /censuré/ de fic ! V'nez pas m' casser les couilles, peuchèèère ! Et pardon pour ceux qui préfèrent le cute à outrance. Je suis corrompue par le drama et par mes lectures (je te retiens, Beyond, je te retiens à jamais).

Alors au plaisir de vous revoir et désolée par avance pour les douleurs au cul que je vais vous offrir avec cette merde !

Biz' !