Et oui, me voilà de retour avec une nouvelle fic ! Je sais, je sais, c'est mal. Celle-ci aura des chapitres plus courts, il y en aura une douzaine maximum, ceci est donc une histoire un peu plus courte, qui ne devrait pas (trop) influer sur le rythme de publication des autres. Car je n'oublie pas Correspondance Anonyme, non, non ! J'espère qu'elle vous plaira.
Titre : Le Masque de la Vengeance
Résumé : Sept ans après la guerre, les Aurors sont toujours affreusement débordés. Aussi, le Ministère ne bronche pas quand un sorcier anonyme, s'inspirant des super-héros moldus, se met à son tour à traquer et punir les anciens Mangemorts et sympathisants. Mais quand Draco Malfoy est attaqué et devient aveugle, Harry décide de prendre personnellement l'affaire en main... mais à quel prix ?
Pairing : HPDM, RWHG
Rating : M
Avertissements : blind!Draco, angst, violence, sexe, langage grossier, manipulation et trahison, mention de meurtres et de tortures.
Disclaimer : Les personnages, lieux, et l'univers en général ne sont pas à moi. Je ne fais que faire mumuse avec, sans me faire d'argent avec. Tout le crédit pour avoir créé le merveilleux univers d'Harry Potter en revient à J.K. Rowling. Gloire à Elle.
Longueur : 10 à 12 chapitres, 3000 à 4000 mots chacun.
LE VENGEUR MASQUÉ A ENCORE FRAPPÉ !
Le titre s'étalait en énorme sur toute la largeur de la page de Une de la Gazette du Sorcier et Harry en rigola doucement. Quand il n'était pas lui-même la cible de l'hargneuse journaliste, il devait reconnaître que Rita Skeeter ne se départait pas d'un sens efficace de la dramatisation. À gauche de l'article, l'unique photographie un tant soit peu potable de ce fameux « Vengeur Masqué », déjà publiée, republiée, et surpubliée des dizaines et des dizaines de fois. Une vue d'un toit, éclairée par la pleine lune qu'on voyait en fond, sur laquelle se découpait la silhouette du Vengeur, un homme à la cagoule en forme de tête de phénix, et portant une cape d'un rouge particulièrement vif. Sans compter le reste du costume. Il faisait un peu penser à ces super-héros qu'Harry voyait parfois dans les comics qu'il réussissait à piquer à Dudley, quand celui-ci ne s'y intéressait plus, c'est à dire dans les dix minutes environ suivant leur achat.
Cela faisait un moment que ce fameux Vengeur défrayait la chronique, et Rita Skeeter l'adorait littéralement, ne tarissant jamais d'éloges (souvent doublées d'insultes envers le Ministère) sur ce mystérieux sorcier encagoulé, qui avait fait sa mission de chasser les anciens Mangemorts et les derniers sympathisants encore en liberté, empiétant par là-même sur les plates-bandes des Aurors.
Cependant, le Ministère le laissait faire. Même si la guerre était terminée depuis près de sept ans, maintenant, le nombre d'anciens Mangemorts qui regrettaient Voldemort et passaient leur temps à tuer et à torturer des Moldus, en « hommage » à leur maître décédé, semblait ne jamais décroître. Et en sus, il y avait tous ces fous, des mages noirs qui se prenaient pour l'héritier légitime du Seigneur des Ténèbres et prenaient sur eux de continuer son grand-oeuvre de « nettoyage » de la société magique. Bref, les Aurors étaient absolument débordés, et n'avaient pas le temps de s'occuper d'un justicier autoproclamé.
D'autant que celui-ci, même si ses méthodes étaient discutables, qu'il travaillait seul et sans l'aval du Ministère, faisait finalement le même travail qu'eux, et ce n'était pas rare qu'en remontant la piste d'une information anonyme, les Aurors trouvent une paire de Mangemorts stupéfixés et ficelés comme du saucisson, avec un petit mot épinglé sur le front de l'un d'eux, disant, non sans facétie : « Cadeau ! Prenez-en bien soin et ne les laissez pas filer. Le Vengeur Masqué ». Le plus impressionnant avait été la capture des frères Carrow, qui avaient réussi à échapper aux Aurors pendant six années entières, tout en poursuivant leur œuvre de destruction. Les journaux en avaient fait leurs choux-gras pendant deux semaines entières et les équipes qui étaient sur leur piste, au lieu d'en retirer de l'amertume d'avoir été doublées par un seul sorcier solitaire, devinrent de fervents supporters du Vengeur, au diapason de l'opinion publique.
Quant à Harry, devenu un Auror respecté et efficace, en même temps que son ami Ron Weasley, il n'avait pas trop d'avis sur la question, n'ayant jamais eu personnellement affaire au justicier en costume de Phénix. Au contraire, il éprouvait envers lui une sorte de vague gratitude puisque grâce à lui, les journalistes le laissaient relativement en paix. Bien sûr, il ne se passait pas une semaine sans que ne lui parvienne une demande d'interview, ou la proposition d'écrire sa biographie officielle, et de temps en temps était publiée une photo volée de lui avec un court article ressassant les mêmes lieux communs, mais ça n'avait rien à voir avec la frénésie qui l'avait poursuivie pendant deux ans immédiatement après la guerre. L'échec de son mariage avec Ginny avait été aussi largement couvert, mais Harry se disait que ça pouvait être bien pire, et qu'il était finalement content qu'un bonhomme costumé jouant aux justiciers détourne de lui l'attention du public.
L'article commençait par ces mots :
C'est hier soir, aux alentours de vingt-et-une heure, que nous est parvenue la nouvelle d'une nouvelle victoire pour le Vengeur Masqué, fêtant ainsi avec brio le troisième anniversaire de son apparition. Toujours fidèle à sa mission, votre dévouée s'est empressée de se rendre sur place pour en apprendre plus et vous narrer les événements de cette nuit. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une foule de badauds amassée autour de pas moins de six Aurors tentant de décrocher – sans succès, je dois le préciser – d'un arbre, un nommé Thorfinn Rowle, celui-ci décoré autour de la tête d'un coquet petit ruban vert, orné d'un joli nœud, comme un paquet cadeau. Il semble que le sens de la théâtralité chez notre bien aimé Vengeur monte d'un cran à chaque fois !
Rappelons que Mr Rowle avait réussi depuis la guerre à échapper au Ministère, et, apprenant l'intellect limité de cet ancien Mangemort et criminel notoire, on se demande jusqu'à quel point peut aller l'incompétence des Aurors, qui finirent tout de même au bout d'une heure d'efforts de décrocher Mr Rowle de son arbre et l'amener jusqu'au Ministère. Aucun officiel sur place n'a souhaité faire de commentaire, et...
(suite en page 3)
— T'as lu la nouvelle ?
Harry venait d'arriver dans le bureau qu'il partageait avec Ron au Ministère et posa sur le dossier sur lequel il était penché la Gazette de ce matin. Son ami leva la tête vers lui, puis vers le journal, auquel il n'accorda qu'un regard distant.
— J'ai lu ça, oui, je reçois la Gazette aussi, tu sais. Gavert est littéralement extatique, c'était lui qui était sur la piste de Rowle. Bonjour, au fait.
— Ah pardon, bonjour.
Harry s'assit sur sa chaise en lançant un regard d'excuse à Ron qui secoua la tête avec un grand sourire. Après un moment, il dit :
— Tu as lu la suite de l'article ? Skeeter te soupçonne d'être le Vengeur. On se demande où elle va chercher tout ça.
— Moi ?
Harry ouvrit le journal à la page incriminée. En effet, la journaliste, faisant référence à son absence sur les lieux des dernières captures du Vengeur, mentionnait au passage que le Sauveur pouvait aussi très bien être le justicier masqué, et qu'il ne souhaitait pas révéler son identité car il était déjà suffisamment célèbre comme ça.
— Cette Skeeter est complètement folle. Avant, c'était toi qu'elle soupçonnait. Et encore avant, Neville, de toutes les personnes sur Terre.
— Hm, se contenta de grommeler Ron d'un air absent. J'étais avec Georges, hier soir, il te passe le bonjour.
— Oh ? Comment va-t-il ?
Le visage de Ron se tordit en une grimace de douleur.
— Ben... toujours pareil. Il parle toujours comme si Fred était avec lui dans la pièce, il ne veut toujours pas sortir, ni voir personne à part moi et Maman, des fois. Je m'inquiète vraiment pour lui. Hermione dit que je devrais appeler Ste Mangouste, mais c'est mon frère ! Je ne peux pas lui faire ça ! Ils vont lui retourner le cerveau, là-bas, ou le « soigner » avec un Obliviate pour ce que j'en sais.
Il haussa les épaules. Le sujet de Georges était délicat. Depuis la mort de Fred, il avait perdu toute envie de vivre, et n'arrivait toujours pas à faire son deuil, alors même que Mrs Weasley parvenait à sourire de temps en temps, Georges n'était plus qu'à la limite de la catatonie, ne sortait plus de chez lui, et vivotait de la pension que lui versait le Ministère.
— Bon. On a une affaire sur les bras, et d'ailleurs, tu es en retard.
— De cinq minutes seulement ! protesta Harry.
— Ah mais, l'heure, c'est l'heure, gouailla Ron. Pff... mais je me demande si ce n'est pas toi qui a raison, on patine complètement dans la semoule, rien de nouveau depuis la dernière attaque...
Ils se mirent à parler travail. Lui et Harry étaient depuis plusieurs mois sur la piste d'un certain Herbert Forlorne, un fou qui se prenait pour la réincarnation vivante de Voldemort, avait réussi à réunir autour de lui une poignée de cas sociaux, et attaquait de manière apparemment aléatoire des familles moldues, qu'il torturait et tuait. En aucune façon, il approchait le niveau de dangerosité du Seigneur des Ténèbres, mais il était très fort pour échapper à la vigilance des Aurors et à couvrir ses traces. Et comme il ne prenait pour cible que des moldus, il était très difficile à coincer, et Ron et Harry arrivaient toujours trop tard sur les lieux de ses crimes, le temps que l'information passe depuis la police moldue jusqu'aux Aurors.
— Je pense toujours qu'on devrait envoyer un agent sous couverture à Scotland Yard pour avoir les infos plus vite. C'est tellement frustrant !
— Tu crois vraiment qu'on a des hommes en réserve pour ça ? répliqua Harry. Kingsley ne voudra jamais. Et notre affaire n'est pas prioritaire.
— Pas prioritaire ? Ça fait quand même quatorze victimes, maintenant !
Harry haussa les épaules, fataliste. Ce n'était pas le genre de choses qu'il imaginait quand il avait rejoint avec Ron les rangs des Aurors, mais avec la guerre qui avait décimé leurs effectifs au point qu'ils soient encore sérieusement en manque de personnel sept ans après, ils devaient travailler avec des moyens réduits à leur portion congrue. Il n'y avait plus qu'un unique agent qui faisait le lien entre la police moldue et les Aurors, et travailler dans ces conditions était frustrant, mais malheureusement inéluctable. Au bout de quatre ans, Harry commençait à l'accepter, mais Ron avait encore du mal.
— J'aimerais quand même retourner à Westminster, voir s'ils ont du nouveau, proposa ce dernier.
— Oui, allons-y.
Draco reposa le journal avec un léger sourire. Cette histoire de Vengeur Masqué l'amusait beaucoup, en tout cas bien plus qu'il ne l'aurait avoué à quiconque, et il suivait l'affaire avec intérêt. De temps en temps, assez régulièrement, même, le justicier faisait la Une, comme ce matin, en cas de coup particulièrement réussi. Le reste du temps, c'était un entrefilet à la page des faits-divers, lorsque sa victime n'était pas un criminel recherché, mais juste un quidam lambda qui s'avérait avoir été du mauvais côté lors de la Guerre. D'anciens Mangemorts officiellement pardonnés, ou ayant fait leur temps à Azkaban, ou de simples sympathisants à la cause du Seigneur des Ténèbres. Là encore, le pigiste qui écrivait ces lignes (Rita Skeeter ne se chargeait que de la Une ou des articles de première importance), adoptait un ton indiscutablement en faveur du Vengeur. En tout cas, toutes les semaines, il y a avait quelque chose de nouveau, et Draco accueillait avec plaisir la distraction qui le sortait de son quotidien morne et routinier. Et puis, ce nom ridicule... le « Vengeur Masqué ». Ça sonnait vulgaire, ça sonnait... moldu. Rien que pour ça, il était une cause d'hilarité.
Il croisa les couverts sur l'assiette de son petit déjeuner, signifiant aux elfes de maison qu'il avait fini de manger. L'un d'eux apparut dans la seconde, prit l'assiette d'un geste vif, et disparut. Le jeune homme reprit le journal et continua sa lecture. Il laissa échapper un grognement surpris quand il apprit que c'était au tour d'Harry Potter, lui-même, d'être soupçonné par la journaliste d'être le vengeur.
Harry Potter... Cela faisait plusieurs mois que Draco n'avait pas accordé une seule pensée au Balafré. Il savait vaguement qu'il était Auror, mais en dehors de ça, rien. Et il n'en était pas mécontent. Moins il pensait à ces yeux d'un vert insolent, cette affreuse cicatrice, cette ignoble crinière noire et cet air arrogant, et plus il était heureux. Harry Potter, le Vengeur ? Ça n'avait aucun sens. Même la théorie qui donnait Neville Londubat comme le justicier était plus plausible. Harry Potter ne supporterait pas de porter un masque. S'il faisait une action d'éclat, il voudrait que son visage apparaisse au grand jour, qu'il soit reconnu et adulé encore plus.
Draco jugeait cette attitude méprisable, mais il s'empressa de sortir le brun de son esprit. Il se leva de sa chaise avec des gestes lents, quitta la salle à manger, traversa le hall et monta les escaliers en direction de ses appartements. Il considéra un moment les nombreuses et imposantes malles de voyage qui s'entassaient dans le couloir. Peu lui en chalait qu'il était exactement le genre de personnes auxquelles le Vengeur était susceptible de s'attaquer. Dans trois semaines au plus tard, il aurait quitté le pays.
La décision n'avait pas été facile à prendre. Il avait énormément d'accroches en Angleterre, de souvenirs. Mais il n'y avait plus rien pour lui, ici. Vivre au Manoir était devenu presque insupportable, avec le fantôme de Voldemort qui hantait encore les couloirs – métaphoriquement parlant, bien sûr. Son père était en prison pour le reste de sa vie et sa mère...
Le cœur de Draco se serra à la pensée de Narcissa. Cette femme autrefois si belle, si forte, devenue complètement dévastée par le chagrin d'avoir vu son mari enfermé, et l'honneur des Malfoy et des Black bafoué. Elle avait commis l'irréparable voilà maintenant trois ans, et depuis, Draco était seul. Seul dans cet immense Manoir qu'il ne quittait quasiment plus jamais, loin de ses amis, loin de la vie, loin de tout. S'il restait ici plus longtemps, sans personne, il était sûr de devenir fou.
Aussi, il avait contacté un notaire, pour vendre le Manoir, tout le domaine autour, et même les elfes de maison, sauf un. Il était à peu près certain d'en tirer un bon prix, même en bradant la propriété, à condition qu'il trouvât un acheteur. Avec l'argent ainsi gagné, il pourrait refaire sa vie – plus modestement, mais il était prêt à faire ce sacrifice – où il voudrait. Peut-être fonder une famille, si sa réputation ne le précédait pas. Son mariage avec Astoria Greengrass avait été un littéral fiasco, et ils avaient divorcé au bout de huit mois seulement. Heureusement, c'était au moment de la capture des Carrow par le Vengeur, et la nouvelle était passée inaperçue aux yeux du grand public.
De toute manière, songea Draco avec amertume, qui s'intéresse encore au sort des Malfoy ? Justicier sang-de-bourbe autoproclamé ou non, c'est tout comme si ma famille n'existait pas.
Car quoi d'autre le Vengeur Masqué pouvait-il être qu'un minable sang-de-bourbe ? Il n'y avaient guère qu'eux pour s'abaisser à attaquer de braves gens innocents qui avaient pour la plupart déjà payé leur dette envers la société, les vrais sorciers comprenant bien qu'en cas de coup dur – et c'était un euphémisme que de qualifier la guerre de « coup dur » – une communauté devait rester soudée pour survivre. Les moldus, avec leur sale manie de faire des enfants partout, n'avaient pas ce problème de sous-population. Draco avait même entendu dire que ce serait plutôt le contraire.
Il repoussa ses pensées de côtés pour se concentrer sur le contenu de son dressing. S'il se mettait à broyer du noir alors qu'il n'était même pas huit heures du matin, il était parti pour toute la journée, et il n'avait pas ce loisir. Il avait plein de choses à faire, aujourd'hui – une fois n'était pas coutume – et le notaire à qui il devait aller rendre visite en fin d'après-midi, le temps lui manquait.
Le Vengeur et sa possible identité secrète sortirent définitivement de sa tête quand il se demanda s'il devait emporter aussi une robe formelle noire en cas d'enterrement. Et il passa le reste de la journée à préparer ses affaires, emballer ce qu'il comptait emporter avec lui, et inventorier le reste. Il allait aussi falloir qu'il fasse un détour par Barjow et Beurk afin de se débarrasser de quelques livres et artefacts... sensibles.
— Il y a bien eu un meurtre similaire dans la région de Sheffield, mais... vous pensez que c'est lié ?
Le commissaire de police moldu regardait Harry et Ron avec de grands yeux étonnés, en leur passant le dossier lié à cette dernière affaire. Les deux Aurors avaient obtenu une entrevue avec lui à grand renforts de Sortilèges de Confusion, et lui avaient présenté rapidement les faits, se faisant passer pour deux agents des services spéciaux. Ce fut Ron qui se chargea de consulter le dossier, avant de le passer à Harry, lui montrant les photos de la scène du crime.
Bien sûr que les moldus n'avaient aucune idée de la réalité derrière les quatorze – quinze, maintenant, si leurs soupçons étaient fondés – meurtres qui s'étaient produits au cours des dix derniers mois. Et Harry et Ron voulaient à tout prix éviter une panique chez eux en faisant courir le bruit qu'un tueur en série était en liberté.
— Non, bien sûr. Pas directement, répliqua Harry. Si vous pouviez juste nous donner le nom de la personne sur place en charge de l'affaire, nous nous y rendons immédiatement
— Immédiatement ? Mais c'est à près de trois heures de route, et les bureaux ferment dans un quart d'heure.
— Nous allons nous mettre en route immédiatement, corrigea Harry, sans prendre la peine de se dire que ça n'avait pas plus de sens.
Il oubliait toujours que les moldus ne pouvaient pas transplaner. Il avait vécu onze ans de sa vie, et quelques étés, parmi eux, mais déjà, il ne savait plus raisonner comme si la magie n'existait pas, alors que l'inverse avait été tellement difficile à assimiler pour lui lors de la venue dans ce monde. Il échangea un regard entendu avec Ron, pointant du doigt un élément particulier du dossier. Le photographe judiciaire s'en était donné à cœur joie, et avait pris une vue de la porte d'entrée de la maison de la victime, sur laquelle on avait gravé maladroitement un serpent sortant de la bouche d'un crâne.
— Parfait, merci, conclut-il. Obliviate !
Le dossier sous le bras, il quitta le bureau du commissaire suivi de Ron. Cette fois, il n'y avait vraiment plus de doute, c'était bien un coup de Forlorne. Il soupira avec lassitude. Ils avaient passé la journée à revenir sur les traces des précédents meurtres, visitant commissariat après commissariat, scène de crime sous scellés après scène de crime sous scellés – chemin qu'ils avaient déjà fait des dizaines de fois – et c'était juste à une heure de finir leur service qu'un nouvel élément se déclarait. Et ce coup-ci, le meurtre semblait frais de la journée, c'était une occasion qu'ils ne pouvaient pas ne pas laisser passer.
— J'aimerais quand même qu'on se dépêche de finir, fit Ron. Hermione va me faire la tête si je passe encore une soirée en service sans la prévenir.
— On verra bien. Forlorne doit être déjà loin, mais on ne peut pas ne pas jeter un coup d'œil. On appellera les Obliviators pour finir le travail sur les voisins et les policiers, répondit Harry. Moi aussi, j'aimerais bien rentrer tôt, pour une fois.
— Mais tu n'as personne qui t'attend, toi !
— Merci de me rappeler que je suis célibataire ! protesta Harry avec un demi sourire.
— Et à qui la faute ? Tu t'entendais bien avec Ginny. Tu aurais pu vraiment faire partie de la famille.
Harry roula des yeux. Visiblement, Ron n'avait toujours pas avalé la pilule. Dehors, le Soleil terminait de se coucher sur cette journée d'automne.
— Ron, je suis gay. Ça n'aurait pas marché, entre Ginny et moi, tu le sais... C'était un beau rêve, c'est tout.
— Moui, enfin, chouigna Ron. Tu es gay, tu es gay... Ça reste une théorie.
— Parce que je ne suis jamais sorti avec un garçon ? Il n'empêche que je préfère les hommes. Je m'en suis... rendu compte sans doute un peu tard à cause de la guerre et tout ça, mais je ne peux changer ça d'un coup de baguette magique.
— Et pourquoi pas ? Je suis sûr qu'il y a un sortilège quelque part, qui permet de rendre quelqu'un hétéro.
— Hum. Je ne suis pas sûr que ça soit aussi simple.
La policière de l'accueil leur lança un regard étrange. Tout à leur conversation, les deux amis n'avaient pas songé à surveiller leur langage et avaient parlé à haute voix de sortilèges et de baguettes magiques. Ou alors c'était la mention de la sexualité d'Harry qui avait attiré son attention. Celui-ci lui fit un sourire aimable, comme si tout ça n'était qu'une plaisanterie, ce n'était pas la peine de lui lancer un Obliviate à elle aussi, et elle détourna son attention vers les formulaires qu'elle était en train de remplir avec un visible agacement. Moldues ou sorcières, les tracasseries administratives demeuraient un impondérable universel.
— Bon, rappelle-moi l'adresse, dit Ron. On fait un saut rapide, on constate, et par pitié on fera notre rapport demain matin. En échange, je t'invite à boire un coup au Chaudron vendredi après le boulot.
— Tope-là, acquiesça Harry. J'avais justement bien envie d'essayer ce nouveau cocktail hors de prix...
Merci d'avoir lu ! Review ?
À la prochaine !
J.O.
