Salut à tous !

Quand on a commencé cette fanfic en Octobre 2014, on était deux à vous la proposer, maintenant voici la suite (et fin), écrite (presque) toute seule, seuls les chapitres 2 et 4 sont encore ceux de la deuxième Bougresse.

Je sais que ca a été long, laborieux et franchement j'ai désespéré de parvenir à finir ce truc toute seule, parfois... Mais les « unfinished business » c'est pas mon genre, donc voilà, deux ans plus tard...

Ca devient beaucoup BEAUCOUP plus sombre et comme je vous le disais au début de la saison 1, si c'est une happy end que vous cherchez, faites demi-tour, mon but est de briser votre moral (petit rire diabolique).

A l'occasion de cette publication j'aimerais vous partager une petite playlist qui m'a beaucoup aidée à écrire en me plongeant dans l'ambiance recherchée, alors si comme moi vous appréciez une petite bande son pendant votre lecture, faites vous plaisir, tous les titres peuvent-être trouvés facilement sur youtube !

Saturn, de Sleeping at Last

In the house, with a heartbeat, de John Murphy

Civilian, de Wye Oak

We carry on, de The Phantoms ft Amy Stroup

Arsonist's Lullaby, de Hozier

Time, de Hans Zimmer (BO Inception)

Serpents, de Sharon Van Etten

Dream is collapsing,de Hans Zimmer (BO Inception)

Take me to church, de Hozier

Running to the rain, de Peter Gabriel

Rick's despair, BO The Walking Dead

Ash, de Secession Studios

Isolated System, de Muse (BO World War Z)

Opening Titles, BO Marvel's Daredevil (la série)

Battle for Alexandria, BO The Walking Dead

Hurt, De Johnny Cash

Blackbird's song, De Lee Dewyze

The las pale light In the west, de Ben Nichols

Angie, The Rolling Stones

Black, de Kari Kimmel

Bad Blood, d'Alisson Mosshart et Eric Arjes

Sam's gone, de James Newton Howard (BO I Am Legend)

Et je vous en garde une petite dernière pour le chapitre final. Oui je sais c'est une longue liste mais je vous assure que ca donne une bonne ambiance. Pour les connaisseurs, beaucoup sont déjà tirées de TWD.

Avant de me faire lyncher par des lecteurs impatients face à cette longue intro... Je tiens absolument à dire un ENOOOOORME merci à Juste D qui m'a corrigé toute cette saison en un temps record, et au delà des fautes de frappe et d'ortographe, elle a mis le doigt sur des tournures de phrases qu'elle a changée, posant une finition dans le détail de cette fic qui lui donne beaucoup plus de profondeur. Franchement, mille mercis ma belle, car sans toi, Riders on the Storm ne serait pas pareil !

Maintenant je vais vous laisser lire tranquille, juste après une petite piqure de rappel sur la saison 1. Merci à tous ceux qui l'ont lu et qui on attendu la 2 avec impatience, j'espère que l'attente en vaudra la peine !

A la fin de la saison 1, nous avons laissé d'un coté un groupe composé d'Anna, Daryl, Michonne, Maggie, Tyresse, Sasha, Carl et Judith dans une maison abandonnée. Et de l'autre, Rick, Angie, Carol et Glenn, partis en raid trouver des antiobiotiques pour Daryl, blessé à épaule. Ce dernier, après avoir franchi un cap avec Anna, a découvert la morsure qu'elle a sur la jambe. Tara a disparue, et surpris par une horde, le groupe est contraint de fuir de nuit. Rick et Glenn, eux aussi encerclés dans les bois, ont perdu de vue Carol, ainsi qu'Angie qui erre seule dans la forêt...


Chap 1

La jeune fille reprit doucement conscience, des images confuses et angoissantes surgissant dans son esprit embrumé.

La première chose dont elle fut consciente, fut la douleur qui parcourait le moindre de ses muscles, ses bras, son dos, et sa nuque la faisait particulièrement souffrir, sans oublier ce lancinement à l'arrière de son crâne.

Elle se sentait très mal et très inconfortable mais ses sens lui revenaient peu à peu.

Ses lèvres étaient sèches, elle avait quelque chose qui lui empêchait de fermer la bouche et elle avait du mal à déglutir.

L'odeur autour d'elle était à peine supportable et il y avait un bruit constant en arrière fond que son état ne lui permettait pas encore de reconnaître mais qui lui paraissait familier et terrifiant.

Elle remua doucement, percevant un léger tintement au dessus d'elle et elle ouvrit doucement les yeux, revenant peu à peu à elle, mais lorsque sa vue devint enfin assez nette pour discerner ce qui l'entourait, la panique la saisit et elle s'agita un peu plus, faisant tinter les chaînes.

Elle était enfermée dans une cage d'une dizaine de mètres carrés, suspendue par les mains, menottées au dessus de sa tête, un bâillon dans la bouche et ses pieds liés qui frôlaient à peine le sol.

Devant elle, dans une autre cage, se pressaient une trentaine de rôdeurs affamés, lesquels, passant leurs bras décharnés à travers les barreaux, tentaient désespérément de l'atteindre, leur mâchoire décomposée claquant dans le vide.

La jeune fille leva les yeux, examinant à la hâte ses liens et tira de tout son poids, espérant naïvement que ses petites mains passeraient au travers des épaisses menottes de métal qui la retenaient prisonnière ou que les chaînes qui les reliaient au plafond finiraient par céder.

Mais la douleur dans ses poignets abîmés la fit vite renoncer.

Elle ne pouvait même pas s'appuyer un peu sur ses jambes pour soulager ses bras et chaque seconde devenait plus douloureuse et insupportable que la précédente.

Elle sentit soudain une grande gerbe d'eau glacée lui fouetter tout le côté gauche du corps, lui arrachant un hurlement étouffé.

Sous le choc, elle arrêta un instant de respirer.

Elle secoua sa tête trempée et son cœur se figea, le souffle haletant, lorsqu'elle entendit des pas avancer vers elle.

Un homme sortit de l'ombre, sous les yeux terrorisés de la jeune fille, un seau vide à la main, le visage à moitié dissimulé sous un masque de chirurgien.

- Bonjour Tara. Tu es réveillée... On va pouvoir commencer !


La maison était en pleine effervescence.

Au rez-de-chaussée, Maggie, Michonne et Carl emballaient à la hâte de quoi vivre une journée de plus, sous les pleurs paniqués de Judith qui sentait la tension ambiante, et ils laissèrent le reste.

Ils n'avaient pas le choix, sans véhicule, ils devaient voyager léger.

Anna fixa Tyreese, incrédule.

- Partir ? articula-t-elle. Enfin on ne peut pas partir, c'est impossible !

- On n'a pas le choix !

Mais Daryl ne peut pas voyager et il faut attendre le retour de ma sœur et des autres ! Je ne partirai pas sans ma sœur !

Tyreese posa une main sur son épaule et la fixa droit dans les yeux comme pour mieux lui faire comprendre.

- Anna, ils sont des milliers et dans deux minutes ils entendront Judith pleurer. La maison ne résistera pas longtemps. Nous DEVONS partir. Maintenant.

Il lui tourna le dos et s'engouffra dans la chambre que Sasha occupait.

Anna referma la porte et son regard tomba sur Daryl, caché derrière, qui la fixait d'un air sombre sans rien dire.

Elle baissa les yeux.

- Daryl...

Il ne lui laissa pas le temps de finir et traversa la chambre, jeta un coup d'œil par la fenêtre et s'habilla en toute hâte, son épaule le faisait encore atrocement souffrir mais il n'en montrait rien.

Il retraversa la pièce et alla pour sortir lorsqu'Anna le retint par le bras.

- Daryl, attends ! Je ne peux pas partir sans ma sœur...

- Moi, j'pars. Et quand on r'trouvera Rick, qu'tu sois là ou pas, j'lui parlerai d'tout ça.

Il se dégagea de son emprise et disparut en claquant la porte derrière lui.

Anna sentit son monde s'écrouler sous ses pieds, encore une fois.

A peine quelques minutes auparavant, elle était pleine de certitudes et d'espoir, blottie contre le corps tout chaud de Daryl, imaginant ce que l'avenir allait pouvoir lui offrir, et persuadée qu'elle reverrait Angie d'ici quelques heures.

Elle donna un violent coup de poing dans la porte puis sortit rejoindre les autres au rez-de-chaussée.

- Ils arrivent, indiqua Tyreese en les rejoignant à son tour, avec Sasha sur les talons.

Il prit Judith des bras de Carl, le garçon était meilleur tireur et ses deux mains libres leur seraient utiles à tous.

La petite fille hurlait tout ce qu'elle pouvait et ça ne leur faciliterait pas la fuite.

- On bouge, ordonna Michonne en tirant son sabre.

Elle ouvrit la porte et décapita un premier rôdeur.

Devant, sortant des bois, des centaines de zombies avançaient vers eux.

Ils longèrent les murs extérieurs de la maison pour atteindre la route mais le jardin était déjà envahi et ils n'avaient plus d'autre choix que de se frayer un passage.

Carl et Michonne ouvraient la marche, immédiatement suivis par Maggie, Tyreese, Sasha et Daryl. Anna assurait leurs arrières.

Sans relâche, ils tuaient à tour de bras, repoussant sans cesse de nouvelles vagues toujours plus denses et leur progression était lente.

Autour d'eux, les corps s'effondraient par dizaines et Carl dut recharger son arme trois fois avant qu'ils n'atteignent enfin la route qui semblait un peu plus dégagée. Ils devaient continuer dans la direction par laquelle les autres étaient partis, car si le groupe de Rick revenait, il fallait qu'ils tombent sur eux avant de tomber sur la horde.

Ils y étaient presque, hors de portée, hors de la vue des rôdeurs. Tous sains et saufs et cela tenait du miracle.

Maggie donna un coup de pied dans le buste d'un zombie qui alla s'écrouler au sol et Michonne l'acheva en lui tranchant le visage en deux d'un coup net et sec.

Dans leur empressement, aucun d'eux n'avaient remarqué qu'en quelques secondes à peine, Daryl, épuisé, avait prit quelques mètres de retard et qu'il était suivi de près par plusieurs rôdeurs qui marchaient beaucoup plus vite que lui et commençaient à le rattraper.

Incapable de tirer à l'arbalète, il s'empara d'une flèche et de sa main valide, il perfora le crâne le plus proche.

Alertée par les bruits de lutte, Anna se tourna vers lui et cria son nom.

Un autre rôdeur avait rattrapé Daryl et se jetait de tout son poids sur le chasseur qui s'effondra à plat ventre sur le sol, ses jambes ne supportant plus une telle charge.

Anna se précipita vers lui, repoussant définitivement les trois zombies qui lui bloquaient la route. Lorsqu'elle reporta son attention sur Daryl, le rôdeur sur lui ouvrait sa grande bouche sanglante et plongeait déjà sur la nuque du chasseur. Trop près de lui pour que la jeune fille ne puisse lui exploser le crâne, elle ne réfléchit pas, lâcha sa machette et saisit la créature qui tentait de le dévorer, lui plaquant une main sur la bouche pour l'empêcher de mordre et elle tenta de le soulever.

Elle sentit les dents du rôdeur s'enfoncer dans sa paume et elle hurla de douleur.

Si elle ne voulait pas perdre l'usage de sa main, elle devait faire vite.

La sensation brûlante de la morsure et le sang chaud qui coulait dans sa paume lui donnèrent une dernière poussée d'adrénaline et elle souleva le corps en décomposition avant de le jeter sur le côté et de lui défoncer le crâne à coups de bottes.

Derrière eux, la horde les avait presque rattrapés.

Daryl roula sur le côté et Tyreese et Sasha entreprirent de le remettre sur pieds, lui attrapant chacun un bras pour le tenir debout.

Michonne fixait la morsure de la française, choquée, puis reprenant ses esprits, elle serra les doigts autour de son sabre et s'avança vers la jeune fille. Autour d'eux, les rôdeurs se rapprochaient en masse et seuls Maggie, Glenn et Carl étaient encore en mesure de les repousser.

- Il faut couper, vite, dit-elle en attrapant son bras, son katana déjà en l'air.

Anna eut un violent mouvement de recul à l'idée qu'on lui ampute un membre et se défit de son emprise.

- Non !

- Mais tu vas mourir !

Comment leur expliquer ? Ils la croirait folle, et quand bien même, c'était trop long à justifier et les morts les encerclaient presque déjà.

- Ca ira, expliqua très brièvement Anna sous le regard perdu de Michonne. Si tu fais ça je tomberai dans les pommes et il faudra me porter, en plus de Daryl, vous ne pouvez pas vous le permettre !

- Mais...

- Tu préfères perdre qui ? Moi ? Ou bien Carl et Judith ?

Anna avait marqué un point et alors que Glenn les pressaient pour mettre les voiles, Michonne abdiqua, non sans une certaine culpabilité dans le regard, mais la française n'avait pas tord.

Carl les couvrant, ils se remirent en route, et prirent la fuite.


Le jour se lèverait dans quelques heures et Angie n'avait pas arrêté une seule seconde de courir à travers les bois sans vraiment savoir dans quelle direction elle allait.

Son pied heurta une racine et elle s'étala de tout son long dans la terre boueuse de la forêt.

Toutes les douleurs de son corps qu'elle avait tâché d'ignorer jusque là se réveillèrent et elle gémit en essayant de se soulever à la force de ses bras, mais elle fut incapable de bouger et abandonna.

La jeune fille, épuisée par sa folle course et deux nuits blanches consécutives, finit par fondre en larmes, son visage couvert de sang, enfoui dans la boue.

Elle frappa le sol de son poing plusieurs fois, hurlant de rage et de désespoir.

Elle les avait perdus il y avait déjà plusieurs heures.

Quand Carol avait disparu au milieu des centaines de rôdeurs qui les cernaient, Glenn et Rick avaient continué à courir, la main du leader fermement agrippée à celle d'Angie.

Elle avait essayé de le ralentir, Carol avait les médicaments pour Daryl et ils ne pouvaient pas se permettre de la perdre, mais Rick avait continué à courir. S'arrêter voulait dire mourir et ils ne pouvaient tous qu'espérer que Carol s'en soit tirée de son côté.

C'est à ce moment là qu'un rôdeur trop proche s'était jeté sur eux et que la main d'Angie avait lâché celle de Rick.

Allongée dans la mousse fraîche, la jeune fille pouvait encore sentir la sensation de la chaleur de la main de Rick quitter la sienne. C'était comme si les ténèbres l'avaient engloutie toute entière et ses larmes redoublèrent.

Elle les avait cherchés du regard mais avait été obligée de fuir au bout de quelques secondes à peine.

Elle était seule. Encore.

Perdue. Encore.

Sans sa sœur, sans les siens et sans Rick.

Il avait promis de la protéger, et n'avait pas réussi à tenir sa promesse, mais elle ne lui en voulait pas.

Il ne lui devait rien.

Elle se mit à rire nerveusement à l'idée qu'elle aurait pu être heureuse et de la naïveté dont elle avait fait preuve.

La réalité n'avait pas tardé à la rattraper et à lui rappeler que dans ce monde, les petits bonheurs existaient uniquement pour mieux vous être violemment arrachés.

Ils étaient probablement tous morts de toute façon.

Et à cette pensée, Angie se remit à pleurer.


Rick et Glenn avaient couru pendant une heure après avoir perdu Carol et Angie et la nuit était tombée quand ils purent enfin s'arrêter pour reprendre leur souffle.

- Qu'est-ce qu'on fait? demanda Glenn hors d'haleine, les mains appuyées sur ses genoux.

Rick secoua la tête, c'était cette même question qui ne l'avait pas quittée depuis qu'ils avaient été séparés de leurs amies.

Il avait fait une promesse à Angie, mais il ne savait pas où elle était, ni part où elle avait pu s'enfuir, si jamais elle avait réussi à s'en sortir vivante.

Et ses enfants étaient à la maison.

Rick se sentait coupable, mais Carl et Judith passeraient toujours en premier, quoiqu'il arrive et il ne devait pas laisser ses sentiments pour Angie prendre le dessus et se lancer dans une mission impossible.

- Il y a des médicaments pour Daryl dans ton sac.

Glenn hocha la tête.

- Un peu, oui... Pourquoi ?

- Bien... Rentrons.

- On les abandonne ? demanda le jeune coréen un peu choqué.

- On n'a pas le choix, Glenn. Maggie est là-bas. Carl.. Judith... Et Daryl ne peut pas attendre.

- Et Carol ? Elle nous a sauvé la vie au Terminus !

- Carol est forte, elle nous a retrouvés une fois, elle nous retrouvera cette fois encore.

- Et Angie ?... Rick, qu'est-ce que tu vas dire à sa sœur ?

Le barbu ne lui répondit pas, le fixa un instant puis baissa les yeux.

Cette situation avait un goût de déjà-vu, quand il avait dû annoncer, presque deux ans, plus tôt à Daryl, qu'il avait abandonné son frère, Merle Dixon, menotté en haut d'un immeuble à Atlanta.

Mais cette fois c'était différent, ça n'était pas un vieux raciste consanguin au vocabulaire imagé qu'il avait abandonné derrière lui, mais quelqu'un qu'il aimait.

- On continue, répondit-il simplement, préférant ignorer le sujet.

Quand ils arrivèrent enfin en vue de la maison, le spectacle qu'ils découvrirent les stoppa sur place.

La horde de rôdeurs était bien plus étendue qu'ils n'avaient pu l'imaginer et la maison était cernée. Jamais ils ne pourraient s'en approcher, alors ils se cachèrent derrière une vieille grange.

- Ils sont sûrement partis, murmura Glenn. Jamais ils ne seraient restés.

- Ouais... Ils sont sortis de la maison. Il y a des corps de rôdeurs morts tout le long jusqu'à la route. On va les suivre.

- Ils sont partout... On est coincés, dans toutes les directions et on est que deux, Rick. D'habitude, je ne te contredis pas mais là, c'est du suicide. Écoute, ils sont sûrement ralentis par Daryl, on les rattrapera quand les geeks seront passés.

Le plus âgé rongeait son frein, prêt à foncer tête baissée à travers la horde mais Glenn avait raison, et il se maudit intérieurement de devoir le reconnaître.

- Ok... dit-il. On va attendre dans la grange.

Ils se glissèrent dans l'ombre, le long des murs, et se faufilèrent in-extremis dans le bâtiment avant que plusieurs rôdeurs ne se jettent après eux contre la porte.

Les deux hommes restèrent piégés en silence, Glenn escalada les bottes de paille qu'ils avaient entassées devant la porte pour atteindre une fenêtre située au dessus de celle-ci et jeta un coup d'œil à l'extérieur.

Rick le regardait, mais le jeune coréen se tourna vers lui, l'air désolé.

- Mec, c'est Woodstock dehors…

Le jeune homme redescendit avec précaution et s'installa dans un coin pour patienter, et contrairement à Rick, il sombra rapidement dans le sommeil.

Le leader lui, resta éveillé, écoutant attentivement les grognements des rôdeurs qui commencèrent doucement à s'évanouir au fil des heures, se demandant combien d'autres gens il devrait encore laisser derrière lui pour protéger ses enfants.

Un peu avant sept heures du matin, la queue de la horde se dispersa et les deux hommes purent reprendre la route.


Les larmes d'Angie avaient laissé place au sommeil et elle s'était endormie telle quelle, blottie contre un arbre, sans trouver la force de continuer.

A son réveil, le soleil était levé et la forêt était redevenue calme et silencieuse.

Elle resta là un instant, dans la même position, les yeux grands ouverts, complètement perdue.

Tout espoir l'avait abandonné, jamais elle ne retrouverait sa nouvelle famille.

Des images lui revenaient en tête. Sa sœur dans ses bras, le regard bleu acier de Rick, sa main qui lâchait la sienne.

Elle envisagea son avenir sans eux, seule sur la route, sans aucun autre but qu'errer vivante le plus longtemps possible.

Ou bien tenter de trouver d'autres humains, lesquels avaient de grandes chances d'être des psychopathes en puissance.

Ou elle pouvait aussi tout arrêter maintenant, avec cette certitude qu'elle ne reverrait jamais sa sœur, le cœur serré en espérant que celle-ci serait sauve avec les autres.

Angie envisagea l'arme à sa ceinture pendant de longues minutes mais elle était figée et ne pouvait s'y résoudre.

La plus dure des décisions à prendre, c'était de vivre.

Mourir c'était facile et rapide. Mais la voie la plus facile n'est jamais la meilleure et tout ce qu'elle avait vécu jusqu'ici le lui rappelait.

Elle attrapa son sac à dos et entreprit de trouver quelque chose à manger. Son cœur se serra à la vue du beurre de cacahuètes et elle le fourra au fond du sac avant d'engloutir une boîte froide de haricots blancs en sauce un peu rassis. Elle n'avait pas faim et chaque bouchée froide et gluante lui donnait un peu plus la nausée mais elle n'avait rien avalé depuis 48h et avait brûlé toutes ses forces.

Elle décida ensuite de se remettre en route vers nulle part, et vérifia le contenu de ses deux autres sacs. Elle avait encore tout le lait en poudre et les couches pour Judith.

Pendant une seconde, elle songea à les laisser là, après tout, elle n'en avait pas besoin et ça l'encombrerait plus qu'autre chose, mais au moment de repartir, elle se tourna vers le sac qu'elle avait laissé près de l'arbre et le balança par dessus son épaule.

Pas question d'abandonner. Ce monde ne lui prendrait pas le peu qui lui restait.

Angie marcha deux bonnes heures. La horde était partie, laissant derrière elle un triste paysage complètement retourné par les milliers de pieds qui l'avaient foulée toute la nuit.

Vers sept heures du matin, elle sortit enfin de la forêt et tomba sur une route bitumée qui lui rappelait vaguement quelque chose.

Elle regarda autour d'elle et reconnut aussitôt la route qui passait devant la maison où se trouvait sa sœur, qui devait se trouver à deux ou trois cents mètres.

Prise d'un espoir fou, la jeune fille s'élança en courant sur la route, se voyant déjà serrer Anna et Rick dans ses bras. Avec un peu de chance, lui et Glenn s'en seraient sortis, ainsi que Carol

Mais en arrivant devant la maison, Angie s'arrêta et laissa tomber ses sacs sur la route.

Elle tomba à genoux, au milieu de plusieurs rôdeurs bien morts, étendus un peu partout, et tendit la main vers la machette d'Anna couverte de sang qu'elle venait de trouver parmi les corps.

Elle l'attrapa et l'examina sans vouloir y croire, secouant nerveusement la tête de droite à gauche et étouffant ses larmes.

Aucun des cadavres autour d'elle ne lui était familier, c'était déjà un soulagement.

Elle se releva et courut vers la maison, la machette dans la main, laissant ses affaires au milieu de la route.

- ANNA ?!

Angie traversa le jardin comme une flèche, remarquant à peine les quelques rôdeurs disséminés ça et là qui la regardèrent passer, incrédules.

Elle entra en trombe dans la maison, et d'un grand revers du bras, trancha la tête d'un zombie qui n'avait rien vu venir, égaré dans le salon.

- Anna !

Pas de réponse, son cœur s'affola.

Sa sœur était partie, avec tous les autres et apparemment en toute hâte car beaucoup des vivres qu'ils avaient trouvés dans la maison avaient été laissés sur place. Ils avaient sûrement été surpris par la horde et avaient fui, se dit-elle intérieurement pour se rassurer.

Elle fouilla le reste de la maison mais rien ne l'aida à en apprendre davantage sur où Anna et les autres avaient pu aller.

Elle ne s'attarda pas, confortée dans l'idée que sa sœur était bien vivante quelque part, et ressortit de la maison, en fendant quelques crânes presque nonchalamment sur son passage.

La jeune fille entendit soudain des voix plus loin devant et elle redressa la tête, espérant déjà retrouver ses compagnons, mais son visage se durcit quand elle surprit deux inconnus fouillant les sacs qu'elle avait laissés sur la route, l'un d'eux avait déjà récupéré sa hache. Elle fit un pas de côté et se cacha derrière un arbre, la machette d'Anna serrée contre elle, et tira doucement son pistolet de son étui.


Un peu avant minuit, le petit groupe qui avait fui la maison fit une pause dans un hangar abandonné au bord de la route.

Michonne et Sasha étaient épuisées d'avoir porté un Daryl, à moitié conscient, pendant plusieurs heures à un rythme soutenu et elles s'effondrèrent sur leurs jambes dès qu'elles eurent installé le chasseur dans un coin de la pièce.

Carl se posta à l'endroit où autrefois il avait dû y avoir une porte, pour monter la garde.

Cet endroit n'était pas sûr du tout, mais ils avaient réussi à semer la horde qui s'était engouffrée dans la forêt tandis qu'ils prenaient la route et depuis, il n'y avait aucun rôdeur en vue.

Maggie s'avança vers Anna et prit sa main blessée en soulevant doucement le torchon imbibé de sang. La jeune fille grimaça de douleur et sentit sa tête se mettre à tourner en sentant les bouts de chair se détacher de sa main.

- Ca va faire mal, avertit Maggie. Tiens.

La jeune femme défit sa ceinture et la lui tendit, un peu honteuse de n'avoir que ça à lui proposer.

- Mords là-dedans.

Anna hésita un moment, pas vraiment certaine que ça changerait quoi que ce soit à la douleur, mais elle accepta et leva les yeux vers elle.

- Merci.

Maggie lui adressa un triste petit sourire puis se concentra sur la morsure. Et la ceinture ne fut pas de trop finalement. Lorsque la douleur jaillit, elle remonta tout le long de son bras. Anna sentit une vague de chaleur s'emparer d'elle et le cuir dans sa bouche grinça sous la pression de ses dents. Elle lâcha un cri étouffé et ferma les yeux.

- Je suis désolée, on peut toujours essayer de... Couper... Si tu veux. Mais j'ai peur qu'il soit trop tard maintenant, murmura Maggie.

Derrière elle, Daryl s'était redressé sur ses coudes pour observer la scène. Anna le regardait par dessus l'épaule de Maggie, serrant un peu plus les dents sur la ceinture pour mieux encaisser la douleur.

Elle ne supportait plus cette situation et ne savait pas comment la gérer en l'absence de sa sœur. Que feraient ses amis si elle leur disait, là, maintenant ? La réaction de Daryl était-elle juste un prélude à la leur ? Elle avait beau les aimer et les connaître, qu'est-ce qui lui assurait qu'ils allaient comprendre et ne pas la jeter dehors pour leur avoir caché une telle vérité ?

- Je m'en sortirai, dit-elle simplement.

Maggie la regarda, perplexe, se demandant ce que la jeune française avait bien pu vouloir dire par là, personne ne se tirait d'une morsure de rôdeur. La phase du déni peut-être.

- On est là, sourit-elle, tout ira bien.

- Je ne plaisante pas, réitéra Anna sous les yeux incrédules de Maggie. Demande à Daryl.

La jeune américaine se tourna vers son ami qui détourna aussitôt les yeux.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.

Mais le chasseur préférait visiblement regarder ailleurs.

- Je ne vais pas me transformer, répondit Anna.

- Écoute, lui dit Maggie en se tournant à nouveau vers elle, je sais que c'est dur mais...

- Elle est immunisée, la coupa Daryl.

Un silence s'installa dans le hangar et tous les regardèrent.

- C'est impossible, dit Michonne.

- Comment ça, immunisée ? demanda Carl.

Anna souleva la jambe de son pantalon et découvrit sa cicatrice.

- J'ai été mordue, l'hiver dernier. La fièvre est arrivée, j'ai comaté pendant quelques jours et je m'en suis juste... remise. Je suis vraiment désolée de ne vous avoir rien dit, vous devez me croire... Daryl... S'il te plaît...

- Pourquoi tu nous as caché un truc pareil ? demanda Tyreese. On aurait pu te trancher la main pour rien !

- J'avais peur, et je savais que dès que je vous le dirais, vous me verriez différemment... Je veux pas être immunisée, je veux juste être... Anna.

- Pourquoi toi ? s'écria Carl.

Anna secoua la tête.

- Mais j'en sais rien, j'ai pas demandé à être comme ça, ok ! hurla-t-elle soudain. Si vous voulez prendre ma place et porter ce poids sur vos épaules et bien allez-y, je me contenterai de vous juger dans mon coin comme vous le faites si bien !

Elle ne lâchait pas Daryl des yeux. Il devait comprendre, ils devaient tous pouvoir la comprendre.

Mais pour l'instant, ils étaient trop choqués pour pouvoir digérer l'information.

A cet instant, plusieurs coups de feu retentirent à l'extérieur et Carl passa la tête par l'encadrement de la porte inexistante.

- C'est Carol !


Angie enleva doucement le cran de sûreté de son arme.

Elle ne pouvait pas laisser ses derniers vivres aux mains d'inconnus, elle en avait besoin pour retrouver les siens et elle était beaucoup trop attachée à sa hache, comme un souvenir perpétuel de sa victoire sur ce monde cruel. Encore plus à présent que Rick avait risqué sa vie pour l'aider à la récupérer.

Elle sortit de derrière son arbre, son pistolet braqué sur les deux hommes elle avança doucement vers eux.

- Reposez ça. Tout de suite, ordonna-t-elle.

Il s'agissait de deux garçons en fait, à y voir de plus près, ils ne devaient pas avoir plus de quinze ans.

Ils se ressemblaient un peu, comme des frères, et devaient avoir un ou deux ans de différence tout au plus, tous les deux bruns, assez petits. Le plus vieux semblait avoir plus d'assurance mais le cadet avait l'air frêle et inoffensif, apeuré même, par l'intrusion de la jeune rousse.

Au premier abord ils ne semblaient pas dangereux mais Angie avait appris à se méfier et alors qu'ils lâchaient leur butin, surpris, elle leur déconseilla d'un geste l'idée de prendre leurs armes, accrochées à leurs ceintures.

- Ce sont mes affaires, dit-elle calmement. Posez la hache et partez.

- Vos affaires ? s'écria le plus vieux. Elles étaient au milieu de la route, elles sont à tout le monde !

- Posez cette foutue hache et barrez-vous ! cria-t-elle. Vous n'êtes pas en position de négocier.

Elle continua à avancer vers eux jusqu'à remonter jusqu'à la route, à quelques mètres des deux garçons.

Et si la situation dégénérait ? Pourrait-elle tuer de sang froid deux ados à peine plus âgés que Carl ?

Angie avait oublié que le destin aimait jouer avec ses nerfs, et alors qu'elle allait réitérer son ordre, deux rôdeurs sortirent de la forêt, attirés par les cris, à une vingtaine de mètres de là, et se dirigeant droit vers eux.

- Hein ! s'exclama à nouveau le plus vieux des deux frères avec un petit sourire satisfait aux lèvres. On dirait que la chance tourne, ils seront sur vous avant d'être sur nous... Ca les occupera pendant qu'on fuit avec vos affaires !

Angie ne bougea pas, les vivants étaient plus dangereux et plus imprévisibles que les morts et elle avait encore quelques secondes pour trouver une solution à cette position inconfortable.

- Je vous aurai tués avant, dit-elle, la mâchoire serrée.

Les rôdeurs se rapprochaient, quinze mètres, dix mètres, cinq mètres et ils furent sur elle.

Angie esquiva le premier et le poussa violemment sur le plus vieux des deux frères, lequel avait déjà posé la main sur son arme, mais elle fut plus rapide, et le rôdeur heurta le jeune homme de plein fouet, le plaquant au sol et commença à lui déchiqueter la gorge à pleines dents sous les yeux terrorisés de son jeune frère.

Ce dernier tira son pistolet d'une main tremblante et incertaine, la peur dans les yeux, il brandit son arme vers Angie.

Mais encore une fois, elle fut plus rapide et lui tira une balle dans la tête.

Le corps de l'adolescent s'effondra au sol alors qu'à côté de lui, son frère avait arrêté de hurler.

Angie ouvrit la bouche et avala une grande bouffée d'air, comme si elle venait de passer cinq minutes la tête sous l'eau. Sa respiration était restée bloquée.

La jeune fille s'approcha du rôdeur, trop occupé à se nourrir pour faire attention à elle, et lui tira une balle à l'arrière du crâne, pulvérisant en même temps celui de son repas.

Elle resta là un moment, à contempler le carnage qu'elle avait causé puis une vague d'émotions la submergea, ses jambes la lâchèrent, et elle tomba assise sur le bitume. C'était le troisième humain qu'elle tuait cette semaine et elle venait d'assassiner deux jeunes garçons pour du lait en poudre et une hache.

Mais le pire n'était pas la culpabilité.

Angie ne ressentait rien, pas la moindre once de remord et c'était ce fait en particulier qui la glaçait d'effroi. Quand était-elle devenue une tueuse inhumaine qui descendait des enfants ? Et depuis quand ressentait-elle ce soulagement presque apaisant après avoir tué ?

Derrière elle sur la route, Angie entendit des bruits de pas.

Elle ferma les yeux, tâchant de reprendre ses esprits et se releva, la machette d'Anna à la main, prête à tuer un énième rôdeur avant de reprendre la route et de passer tout cet enfer sous silence.

Elle se tourna en levant son arme, mais la machette tomba au sol dans un bruit métallique quand Angie aperçut ceux qui l'avaient rejointe.

- Rick !