Voila un petit Drarry. Mon tout premier. Normalement un POV de Harry est prévu reste a voir si ça intéressera quelqu'un. Bonne lecture.

...

Figé. Je suis figé incapable de réagir, de me mouvoir simplement, je suis paralysé par l'horreur. L'horreur de ce que je vois, de ce que j'entends, de ce que je suis. Je regarde le carnage qui s'étend devant moi, Poudlard, forteresse pourtant imprenable désormais dévastée, éventrée, les corps, les morts…

Les convictions s'effondrent, les certitudes s'écroulent, un nouveau monde va naître balayant les bases de celui que je connais si bien, de celui où je suis le roi, le maître, un monde où mon sang me protège.

Le Survivant a vaincu, le Seigneur des Ténèbres est mort emportant avec lui des préceptes d'un autre âge. Tous se pressent autour de Potter cherchant son contact, pour toucher du doigt celui qui est désormais le Sauveur de tout un peuple. Il sourit. Un sourire un peu éteint, fané comme si toute sa fougue avait disparu emporté avec son ennemi de toujours.

Je l'observe du coin de l'œil, personne ne me remarque, ne me voit mais personne ne le voit vraiment lui non plus. Il ne voit qu'un héros, un sauveur, un bienfaiteur. Finalement, ce monde n'est pas nouveau personne ne voit plus loin que les apparences.

Il y a des choses qui ne changent jamais.

Je le regarde encore, il ressemble a un vieux parchemin, usé et défraîchi, nous sommes si jeunes et pourtant si vieux. Emportés dans une guerre dont nous ne nous voulions pas vraiment, nous avons vieilli sans le vouloir.

Nous n'avons jamais eu le choix, on ne nous en a laissé qu'un : celui de croire que nous étions libre.

Que va-t-il advenir de moi, de ma famille ? Nous sommes des traîtres, d'ignobles et épouvantables lâches. Bien plus traître que les Weasley que nous avons pourtant toujours dénigrés.

Nous avons trahi la cause du Survivant que tout le monde idolâtre, le méprisant, cherchant encore et toujours un moyen pour le précipiter vers une défaite certaine. Puis preuve de notre couardise immonde, nous avons trahi celui à qui pourtant nous avions juré fidélité, celui dont mon père porte la marque sur le bras.

Cette marque, bien plus efficace que des liens de métal, réduisant à l'esclavage, condamnant à une vie de peur, de souffrance, dissimulé sous un masque de froideur et d'orgueil.

Jusqu'au bout nous avons été pleutres, pour sauver nos vies, tournant le dos à une guerre que nous avions pourtant ardemment désirée.

Le nom des Malfoy été synonyme de crainte, de respect, parfois de dégoût, mais jamais nous n'avons inspiré la pitié.

Pourtant désormais nous sommes pitoyables, nous n'avons plus notre place. Nous ne pouvons pas nous mêler à l'euphorie provoquée par la mort de celui qui fut, durant des années, notre raison de respirer. Mais nous ne pouvons rejoindre ses partisans en prison. On nous épargnera ce châtiment parce qu'au dernier moment nous avons rejoint la cause d'Harry Potter.

La vérité, bien plus cruelle et froide, est que nous n'avons agi que par égoïsme et opportunisme. Et maintenant nous sommes là, dans l'ombre, serrés les uns contre les autres recherchant une chaleur que nous ne pouvons pas nous offrir car ça fait bien longtemps que nous avons oublié le sens même de ce mot.

Nous ne sommes pas dignes de participer à cette victoire et incapable de nous joindre à la défaite.

Aucun camp ne veut de nous, nous les avons tous trahis.

J'étouffe enlacé dans les bras froids de ma mère, les murs se rapprochent, l'univers se distend jusqu'à ce que je ne puisse plus en distinguer les contours. Je tente d'ignorer la nausée qui enfle dans mon ventre, le vertige qui m'assaille, la sueur froide qui dégouline le long de mon dos.

Je contemple toujours Potter avec insistance à tel point qu'il finit par me remarquer. Ses yeux se plantent dans les miens, ma vision est obscurcie par ce malaise persistant qui ne me quitte pas.

Pourtant à travers les brumes de mon mal-être, je le vois bien plus distinctement que je n'ai jamais pu ou voulu le faire. Nos regards s'accrochent, se scellent, se sondent, se découvrent.

A-t-il toujours eu les yeux si verts ?

Hypnotisé par son regard, je me noie dans ses yeux jusqu'à ce que je le vois ébaucher un franc sourire.

C'en est trop pour moi, je m'arrache à l'étreinte de ma mère et part en courant. Je fuis, je ne sais pas où je vais, je m'enfonce dans les entrailles de ce château, symbole de la magie et, bien que personne ne veuille l'admettre, de sa suprématie.

Je coure à en perdre haleine laissant derrière moi cette angoisse, cette peur, ces chaînes qui m'entravent depuis si longtemps. Une brise fraîche fouette mon visage alors que j'accélère encore l'allure. J'ai comme l'étrange impression que la sueur qui dégouline de mon corps me lave, emportant avec elle mes erreurs, ma terreur et toute la noirceur qui m'habitent depuis si longtemps.

Peut-être que si je cours jusqu'à ce que mon corps, mon cœur explose sous l'effort je serais définitivement en paix.

Pourtant mes poumons en feu me force à stopper ma fuite en avant. Adosser contre un mur, haletant je me laisse glisser lentement, fermant les yeux profitant du calme, du silence de ma solitude.

Puis-je dire que je regrette chacun de mes choix ? Ce serait malhonnête, ce serait un mensonge. Je ne regrette pas ces années où je me suis senti puissant investi d'une noblesse que ne pourrait jamais posséder les sangs de bourbes. Je ne regrette pas d'avoir été envoyé dans la maison du Serpent car il ne pouvait en être autrement.

J'ai choisi de mon plein gré et même si c'était un leurre, je n'ai aucun remord parce qu'ils m'ont rendu heureux.

Je ne renierai pas mes convictions mais je regrette de m'être mis au service du Lord Noir. Pas parce qu'il a aujourd'hui perdu et que désormais l'opprobre sera jeté sur mon nom, mais simplement parce qu'il était faible et ne méritait pas que je lui jure fidélité.

Il n'était pas digne de la terreur qu'il m'a pourtant inspiré, de ces nuits passées à vomir d'angoisse et de peur à l'idée de subir son courroux, de cette admiration sans borne que lui vouait mon père.

Je n'ai pas de remords d'avoir rejoint sa cause puisque j'y croyais farouchement, non je suis simplement honteux d'avoir admiré et craint un sorcier qui n'était finalement pas plus puissant que moi…

Je suis honteux d'avoir obéi à un homme comme un misérable esclave, d'avoir versé des larmes de peur à la simple évocation de son nom, je suis mortifié de m'être ainsi rabaissé.

La prise de conscience est dure, froide et le sourire de Potter ne la rend que plus cruelle, il est la preuve vivante la personne pitoyable que je suis devenu. Un être avili par la servitude qu'il a lui même choisi de s'imposer dans un aveuglement stupide.

Pendant des années, j'ai souhaité que les moldus soient réduits à l'état de vermine tout juste bon à servir les sorciers.

Pourtant, durant tout ce temps, c'était moi l'esclave.

Je n'ai jamais été un meurtrier, je suis peut-être une personne abjecte mais je ne suis pas un assassin. Pourtant poussé par la peur, par l'orgueil et une farouche envie de réussir, j'ai tenté de le devenir, de renier le peu d'humanité subsistant en moi.

Pourrais-je un jour me libérer de ces chaînes que j'ai moi même forgées, de cette prison dans laquelle je me suis volontairement enfermé ? Ou serais-je marqué à vie par mes actes ?

Mon passé deviendra-t-il mon avenir ?

Je ne peux pas supporter d'être misérable, je ne peux pas tolérer que les gens ressentent de la peine pour moi. Je veux être fort et libre, offrir a mes enfants la fierté de porter mon nom.

Au bout du compte, je suis mon propre bourreau. Ce sont mes pensées, mes remords et mes regrets qui pèseront sur moi et me suivront jusqu'à la mort. C'est cette haine qui me ronge que je transmettrai à chacun de mes enfants et c'est ce mal-être qui fait de moi un coupable. Je suis lâche je refuse de voir en face la vérité qui pourtant m'explose en plein visage.

Je n'étais qu'un pion, un misérable sous-fifre et mon père, que j'admirais tant, ne fut rien d'autre que le bouffon du roi balayé dès que celui ci s'en est lassé. Notre vie, notre bien-être dépendait des humeurs et du bon vouloir du Lord Noir. Nous n'étions rien d'autre que des elfes de maison pour lui et, aveuglés par la stupidité, nous avons accepté ce sort, le considérant comme un honneur.

Je ne m'amenderai pas pour autant, je ne renierai pas mes principes. Je serai toujours un Malfoy, je considérerai toujours les moldus comme des êtres inférieurs parce que c'est la stricte vérité, mais plus jamais je ne serai le pantin d'un tyran.

Adossé à un mur dont la fraîcheur me soulage, je serre les poings avec force au point de meurtrir la chair de mes ongles. Pour la première fois de ma vie, j'ai honte. Pas de ce que je suis mais de ce que j'ai fait, j'ai définitivement perdu de ma superbe, je sens déjà que je vais avoir bien du mal à m'en remettre.

Un toussotement discret me tire de ma torpeur, je lève les yeux brusquement et me retrouve immédiatement happé par deux billes à la couleur de jade si intense qu'elle semble presque irréelle.

Ca ne pouvait pas être pire.

Il est déjà dur d'assumer sa propre déchéance, mais si Potter se joint à la fête, ça devient insupportable.

Sa victoire face à ma défaite.

Alors comme toujours j'adopte ma stratégie de défense favorite, la seule arme qui me reste : le sarcasme.

« Tiens donc Potter, permets-moi de te présenter mes plus sincères condoléances. La perte de celui qui a fait ta gloire est un coup dur. »

Je vois la commissure de ses lèvres frémir et se relever. Il rit. Je n'arrive pas à le croire ! Ce foutu Survivant s'octroie le privilège de rire. Mon déshonneur est désormais complet même Potter ne prend plus la peine me répondre. Il se contente de rire de moi !

Je suis partagé entre l'effarement et la haine alors qu'il s'esclaffe outrageusement.

Il me regarde alors que des larmes coulent sur ses joues se calmant lentement alors que je tente de conserver les lambeaux de ma dignité, une expression hautaine et froide sur le visage.

« Crois-tu que nous sommes obligés de continuer Malefoy ? »

Allons bon, de quoi parle-t-il ? Si la question est : Dois-je continuer à me ficher de toi et te poser des questions énigmatiques un air de profonde sagesse gravé sur le visage, la réponse est non, définitivement non.

« Mais de quoi tu parles Potter ? »

Il me scrute avec commisération, j'ai la soudaine envie de lui arracher les yeux, de lui faire perdre définitivement cette bienveillance tranquille qu'il affiche depuis tout à l'heure comme pour mieux me rappeler à quel point je suis misérable.

« Je te demande s'il est vraiment nécessaire que nous soyons encore ennemis ? »

Il est devenu fou. Il a frôlé la mort une fois de trop, l'affrontement final a eu raison de lui.

Ne plus être des ennemis ? Comment serait-ce possible ? Nous n'avons jamais été que cela. Notre rivalité, notre haine, c'est ce qui nous a toujours réunis. L'aversion que nous ressentions l'un envers l'autre nous a souvent poussés à nous dépasser. Cette situation est confortable, je la connais par cœur.

Je le déteste, il me hait. Nous sommes les meilleurs ennemis du monde.

Un duo parfaitement rodé, une association vieille comme le monde qui a fait ses preuves. Un des éléments stables de ma vie, un pilier, on ne peut pas changer ça, que serait ma vie si je ne détestais plus Potter et tout ce qu'il représente ?

A quoi bon tous ces efforts, toutes ces tentatives pour l'occire ?

Incrédule, je le regarde s'asseoir lentement à mes côtés. Je l'observe, je fonds dans son regard. Ce que j'y vois me perturbe. Un mélange de joie bien sûr, n'oublions pas qu'il vient de vaincre le tyran du monde sorcier, mais aussi une profonde tristesse et de la résignation.

Et soudain je comprends. Je comprends ce qu'il veut. Lui aussi est enchaîné, entravé par ce destin trop lourd qu'il subit depuis longtemps.

Il ne veut pas se réconcilier avec moi, c'est avec lui qu'il veut être en paix.

Renoncer à la rivalité qui nous oppose depuis toujours sans que nous ne sachions réellement pourquoi, c'est une façon de laisser le passé derrière nous, de commencer à vivre dans ce nouveau monde, une façon de l'accepter, de le vouloir, de redevenir des êtres neufs et propres, de sortir de ce cycle infernal qui nous empoisonne depuis tellement longtemps.

Sa logique est imparable, il cesse de me haïr pour mieux m'oublier.

Quant à moi je suis las. Je suis fatigué de tout ça je n'ai qu'une envie c'est de partir et refaire ma vie ailleurs. Loin de tout, loin de lui.

Dans ce cas, pourquoi ne pas lui offrir ce qu'il me demande ? A lui, qui sera obligé de rester, de supporter et de vivre dans ce monde que nous avons façonné. Il ne sera jamais libre, il sera l'Elu pour toujours.

Je soupire fortement, dans le but de souligner l'ennui que m'inspire cette conversation et lâche d'un ton dédaigneux.

« Soit, Potter, faisons la paix, je ne te déteste plus. »

Je suis magnanime, je lui offre la liberté pour mieux m'enfuir ensuite. Un marché équitable où chacun trouve son compte.

Voilà qu'il sourit encore. Décidément, je suis de plus en plus convaincu que la bataille finale a eu des conséquences irréversibles sur sa santé mentale.

« Ce n'est pas ce que je veux… » Souffle-t-il alors qu'il se rapproche de moi.

Mais pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ? Pourquoi ne va-t-il pas chercher sa rédemption auprès de la belette et de la sang de bourbe ou encore près de sa rouquine qui l'idolâtre. Je ne suis pas un héros moi, ni un sauveur, je n'en ai pas la vocation et encore moins l'envie.

Je sursaute quand sa main caresse doucement ma joue, il est impossible qu'il soit en train de faire ce que je pense ?

« Potter mais qu'est-ce que… »

« Chut… Laisse-moi faire… Laisse-moi-nous libérer… »

Il chuchote ces quelques mots à mon oreille. Son souffle chaud me fait tressaillir et tout mon corps se tend. Ses lèvres s'avancent lentement vers les mienne. Je suis paralysé. Mon esprit me hurle de m'enfuir au plus vite non sans lui avoir balancé mon poing dans la figure. Mais mon corps faible et traître tremble d'anticipation et en réclame déjà plus.

Les protestations courroucées de mon cerveau cessent dès que sa bouche se plaque sur la mienne. La stupéfaction, l'indignation, l'horreur, tous ces sentiments sont instantanément balayés par le désir dévastateur qui se répand dans mes veines.

Sa langue caresse doucement le contour de mes lèvres et sans réfléchir, j'entrouvre la bouche pour qu'il puisse s'y glisser. Nos langues se mêlent, se séduisent, se combattent. Il a un goût sucré, presque réconfortant, qui me rappelle les pâtisseries de mon enfance. La saveur de bouche est familière, exaltante, c'est stupéfiant !

Merlin j'embrasse un homme ! J'embrasse Harry Potter. C'est peut-être à moi que la bataille finale a été fatale.

Sa main, toujours sur ma joue, descend lentement sur mon torse avant d'ouvrir délicatement les boutons de ma chemise. C'est un rituel qui nous impose une manière sensuelle de contrôler ce qui se passe entre nous. Mon vêtement est en lambeau, il ne serait pas dur pour lui de toucher ma peau sans avoir à en défaire les boutons.

Il procède lentement, pour nous laisser le temps de nous calmer, de nous ressaisir. Parce que le désir qui nous assaille est bien trop fort et brûlant et qu'il menace de nous submerger emportant avec lui les derniers vestiges de notre raison.

Enfin sa main s'égare sur moi. Le contact de sa peau fraîche contre la mienne brûlante est incroyable et des volutes de plaisir se répandent dans mon corps.

Je suis abasourdi par ce que nous sommes en train de faire, je ne comprends toujours pas comment nous avons pu en arriver là. Je ne veux pas comprendre, je ne veux pas entendre, la seule chose que je veux à cet instant, c'est qu'il me touche encore.

Brusquement, il empoigne mes épaules, me relève avec force avant de me plaquer violemment contre le mur. Mon corps qui semble désormais avoir une vie propre se colle au sien avec empressement. Son sexe dur et gonflé d'envie se frotte avec avidité contre le mien.

Abandonnés à notre passion, contre ce mur, nos corps se frôlent, nos lèvres se scellent. Tout en nous recherche la fusion, l'osmose que nous sommes sur le point de nous offrir.

Nous unir pour mieux nous séparer. Nous découvrir pour mieux nous ignorer.

Il parsème mon front, ma mâchoire, mon cou de baisers fiévreux, avant de s'égarer lentement sur mon torse. Je le laisse voyager le long de mon corps, alors que je garde les yeux résolument fermés. Je ne peux pas les ouvrir, je ne peux le regarder alors que je gémis lorsque sa langue enrobe mon téton dressé de plaisir.

Je ne veux pas croiser son regard alors qu'il m'inflige cette voluptueuse torture. Parce que si je le fais je serais obligé de prendre conscience de ce que je suis entrain de faire et avec qui je le fais. Je n'ai pas le courage de me confronter à la réalité je préfère fuir.

Une évasion sensuelle qu'il est disposé à m'offrir.

Sa main masse langoureusement la proéminence plus qu'évidente qui se dessine à travers le tissu qui me recouvre encore, des frissons de plaisir me parcourent l'échine

Je me mords les lèvres pour ne pas laisser échapper un seul son. Je veux garder ce contrôle, ne pas trahir mon désir face à lui. Je ne lui offrirai pas une énième victoire.

Il descend de plus en plus, ses cheveux effleurent mon torse en une douce caresse alors que sa langue friponne lèche chaque parcelle de ma peau avec ardeur. Il me découvre, me démasque, me met à nu, investit mon corps, soumet mes sens.

L'extase déferle en moi avec rage lorsque je sens sa bouche se poser sur ma verge tendue, frémissante et je ne peux retenir plus longtemps les cris de pure joie qui s'échappent de moi.

Il m'a conquis, je suis à terre, j'abdique et je l'accepte comme mon maître, parce qu'à cet instant, je sais que je serais prêt à donner tout ce que je possède pour qu'il me garde pour toujours dans cette grotte chaude, ce paradis. Mon enfer.

Les vagues de plaisir qui m'assaillent sont de plus en plus puissantes. Sa bouche sur mon sexe, ses mains sur moi, son odeur qui m'entoure, tant de sensations que je ne connais pas, qui me dépasse et font voler en éclat toute cette froideur que je garde en moi.

Je sens ma jouissance proche, bien trop proche. Je ne veux pas, je ne peux pas m'abandonner dans sa bouche malgré l'envie dévorante que j'ai de me perdre en lui. Alors brutalement, je l'empoigne par les cheveux pour remonter son visage rougi vers le mien.

Pour la première fois depuis cette folie, nos regards s'accrochent, en silence, seul le bruit de nos respirations saccadées trouble le calme qui nous entoure. Le temps s'est suspendu, distendu, plus rien n'existe, ne vit autour de nous.

C'est le point de non retour, l'instant de vérité.

Il passe sa langue sur ses lèvres et cette vision érotique qu'il m'offre sans le vouloir me fait reprendre mes esprits.

J'enrobe son visage encore enfantin de mes mains. Ce geste n'a rien de tendre, mes doigts s'enfoncent dans ses joues presque au sang, j'use de toute ma force pour qu'il ne puisse pas fuir cette étreinte violente.

Le souffle court je le contemple, l'esprit terrifié à l'idée de ce que je suis sur le point de faire mais le corps impatient à l'idée de plonger dans cette luxure, dans ce plaisir que je ne connais pas mais que j'imagine déjà.

« Potter je te hais. »

« Moi aussi, Malfoy, moi aussi… »

Cette fois-ci c'est moi qui l'embrasse, avec force je mords ces lèvres, je griffe son dos j'appose ma marque sur son corps, j'ai envie avec hargne…

Je te déteste Potter !.

Je te déteste parce que je te désire. Une fois encore je ne suis qu'un pantin, le jouet de mes pulsions. Je résisterai, je serai fort ! Je ne suis pas délivré du joug d'un Tyran pour me soumettre à un Héros.

Mais il ne me laisse pas le choix, il balade ses mains sur mon corps, gémit sous le traitement pourtant haineux que je lui inflige.

Dans un détour de couloir, dans cette école qui nous a vus grandir, qui nous a portés en son sein, nous luttons une dernière fois. Un combat charnel qui se mêle à la mort qui règne autour de nous. Et alors qu'il me retourne, que la froideur du mur fait hérisser mes poils, que son érection se frotte au bas de mes reins, je prends conscience que peut-être en voulant briser ces chaînes qui nous entravent, nous allons créer des liens plus forts, de ceux qui se gravent dans la chair bien plus sûrement qu'un tatouage.

Une autre marque, un secret de plus.

Mais il est trop tard, il n'est plus temps de penser à tout cela parce que déjà, je le sens qui pénètre en moi, se frayant un chemin dans ce que j'ai de plus secret. La douleur, le plaisir, la honte, le désir d'en avoir plus. Toutes ces émotions qui se heurtent et s'entrechoquent menacent de me rendre plus fou que je ne le suis déjà, alors que mon corps ignorant de ma détresse se cambre pour obtenir encore plus de lui.

Ces mouvements en moi sont erratiques, puissants, malhabiles, douloureux. Mais la douleur me fait du bien, elle réveille mon être mort depuis si longtemps. Malgré moi le plaisir m'assiége, brutal, conquérant, annihilant ma raison, endormant ma conscience.

Sa respiration dans mon cou s'accélère, elle est brûlante, anarchique, les règles n'existent plus, les convictions s'effondrent. Le Survivant me possède et j'y prends un plaisir presque malsain, poussant des cris désarticulés alors que je m'accroche au mur jusqu'à en faire saigner mes doigts.

Je le sens se tendre derrière moi, l'extase nous submerge, la douleur a disparu, seul l'instinct qui vit en nous résiste et nous pousse à toujours aller plus loin, à vouloir plus encore et encore.

Se perdre dans la jouissance, faire flamber la dernière étincelle de peur, de raison qui subsiste encore.

L'orgasme me laisse haletant et tremblant alors que ses bras encerclent ma taille et que je sens sa semence chaude se répandre, gravant en moi la trace de notre étreinte interdite.

Perdu dans les méandres de ma jouissance, je navigue aux confins de la folie alors que je tente vainement de reprendre mes esprits.

Nous avons commis l'inconcevable, l'irréparable, faisant voler en éclat les barreaux des cages dorées dans lesquelles nous étions confinés. Pour en créer une autre que nous cacherons et enfouirons à l'intérieur de nous.

Je lis dans son regard, je suis imprégné dans ses yeux, je ne vois que mon image. Il sait lui aussi que, loin de nous libérer, nous nous sommes enchaînés l'un à l'autre plus sûrement que si nous avions simplement continué à nous haïr.

Je comprends alors que je tiens ma vengeance, celle que j'attends depuis si longtemps. Je vais simplement éteindre la flamme d'espoir que je vois briller en lui. Je vais lui offrir l'humiliation qui fut la mienne, pour que dans des années quand nous nous reverrons sur le quai du Poudlard Express accompagnant nos enfants, je puisse planter mes yeux dans les siens et lui faire baisser le regard.

Sans un mot, je me rhabille et je lui tourne le dos, m'éloignant lentement, rejoignant ma famille désormais honnie.

Je l'entends derrière moi qui m'appelle dans un murmure.

« Draco… »

Un appel, une supplique mais j'avance résolument, le corps courbaturé, le cœur endolori. Je fais mes choix et aujourd'hui j'ai choisi.

Ma victoire face à sa défaite.