It's something in the way you move

Cassandra July. Il y a quelque chose dans sa façon de bouger. Quelque chose qui m'hypnotise et me transcende. Quand elle danse, il n'y a qu'elle et moi. Elle qui donne à voir la musique et moi qui la regarde faire. Le spectacle est toujours grandiose, toujours unique. Personne ne se mouve comme elle. Je pourrais être là pendant des heures, juste à l'observer, immobile, en silence.

Il y a aussi quelque chose dans l'expression de son visage. Elle est fière et assurée. Rien ne peut l'arrêter, c'est une tornade blonde qui détruit tout sur son passage, qui rend l'atmosphère électrique et participe au réchauffement climatique. Elle est passionnée. Peut-être dans tous les sens du terme d'ailleurs. Quand elle ne danse pas, son regard se teinte de mélancolie. Du moins, ais-je cru apercevoir cette nuance. Rien n'est sûr avec elle, c'en est frustrant. J'aime lire dans le regard des gens, c'est la seule façon pour moi de savoir la vérité. Mais avec elle, je ne peux pas. Je détourne toujours la tête quand elle me fixe, personne ne peut la défier. Elle me transperce. J'en ai presque mal. Mon corps brûle quand elle s'arrête sur moi. Je ne suis pas parfaite, pas aussi dynamique qu'elle, pas aussi à l'aise avec nos tenues courtes. Elle le sait et ne fait rien pour arranger les choses, elle étudie chacun de mes pas, chacune de mes postures. Elle ne me lâche jamais, et s'amuse de mon trouble.

C'est pourquoi je ne devrais pas. Mon cœur ne devrait pas s'emballer à la vue de ses cheveux blonds, mes joues ne devraient pas s'enflammer dès qu'elle me parle, mon odorat ne devrait pas reconnaître avec autant de précision son parfum. C'est mal, c'est interdit, c'est stupide aussi. Qui voudrait d'elle après tout ? Nous la respectons mais ne l'apprécions pas, comment aimer une femme qui vous persécute ?

Brody est là. Concentré. Il est beau garçon -c'est indéniable- sûr de lui, mais tendre à la fois. Il me charme, ou tout au moins tente de le faire. Son manège est flatteur, et je le laisse poursuivre. Peut-être devrais-je céder. Il me sourit et je ne peux empêcher mes lèvres de s'étirer. Oui, je crois qu'avec un peu d'effort, je pourrais tomber amoureuse de lui, cela serait nettement plus simple, plus doux. Je ne suis pas faite pour les fauves qu'elles soient lionnes ou tigresses.

Soudain deux mains se posent sur ma taille. Je sursaute, perdue dans mes pensées. Je me retourne et rencontre des orbes sombres et peu chaleureuses. Elle ne dit rien, mais elle est agacée. Je n'ai pas écouté les consignes, mes mains tremblent, elles deviennent moites. Je cherche de l'aide, mais tous les visages sont fermés, et Brody est derrière moi. Alors j'attrape son regard et ne le lâche pas. J'ai peur mais qu'importe il faut faire quelque chose. Elle ne bouge pas, resserre son emprise sur mes côtés et d'un mouvement de tête dirige l'un de mes camarades. Une grande rousse élancée se précipite alors vers le poste. Un tango s'élève tandis qu'elle se plaque contre moi.

Nous dansons quelques minutes durant lesquelles sa mâchoire se crispe. Je fais de mon mieux mais ma maladresse reprend toujours le dessus. Je regrette le Glee Club où mon niveau était amplement suffisant. Ici, pour elle, je suis mauvaise et elle déteste les mauvais élèves.

Sa voix tonne. « L'amour Berry, quand tu danses le tango, tu dois faire l'amour à ton partenaire. Tu es encore vierge ou quoi ? ». Sans que je le veuille ma tête tourne de droite à gauche. Non. Non, je ne le suis plus, mais cela peut-il vraiment m'aider pour un tango ? Elle s'immobilise. Et toujours ce regard m'impressionne. « C'était catastrophique ? ». Non, cette fois, ma voix me trahit, en brisant les remparts de mes lèvres. « Alors, danse comme cette nuit-là ». J'étais prête à lui répondre que cela ne s'était pas passé la nuit, mais un éclair de conscience m'a permis de me raviser.

Danser comme cet après-midi-là. Dois-je vraiment le faire ? Apparemment oui, elle m'attend l'air grave et sévère. Les autres aussi s'impatientent. Comme cet après-midi-là. J'inspire fortement et demande d'une voix mal assurée qu'on remette la musique. Brody s'en charge et en profite pour m'adresser un sourire réconfortant. Le rythme emplit la salle tandis que je me jette presque sur elle.

Mon tango n'est pas conventionnel, mais elle me suit. Nous jouons abruptement, passionnément. Je ferme les yeux, et revois l'autre blonde. J'attrape alors ma professeur et la colle contre moi. Un son rauque s'échappe de ma gorge, une plainte, une frustration. Ma façon de bouger n'a rien de sensuel, je remplis un besoin, un manque. Je domine la situation et ne lui laisse que peu de répit. Comme cette après midi-là, comme quand ma lionne était étendue sous moi dans le lit, comme quand elle répondait à chacune de mes caresses par un gémissement, comme quand elle m'a suppliée de descendre, comme quand ses hanches sont venues se cogner aux miennes alors qu'elle criait mon nom.

La musique s'arrête, et j'ouvre les yeux. Une nouvelle lueur est apparue, elle semble amusée quand les autres sont étonnés. Est-ce la danse ou autre chose ?

Elle reste collée à moi et intime silencieusement aux autres de partir. Elle avance, m'obligeant à reculer à l'aveugle. Au bout de quelques mètres, le mur fait obstacle et je ne peux m'échapper. Je suis sa proie, et elle veut jouer avec moi. Ses mains glissent de mes hanches jusqu'à la courbe de mes seins. Ma respiration se fait difficile. Elle plonge son visage quand mon cou et agrippe mes fesses qu'elle malaxe durement. Ses lèvres embrassent ma peau, mais je ne sais plus ce que je veux. Elle me fascine et m'attire mais sans cesse le visage de Quinn me revient. Si seulement Kurt n'était pas entré dans ma chambre comme s'il était chez lui ! Alors elle ne se serait pas enfui, nous aurions vécu cachées certes mais j'aurais pu avoir plus qu'une fois. Une main qui se glisse entre mes cuisses me rappelle où je suis. Ses lèvres sont toujours dans mon cou, elles me marquent. Je deviendrais sa propriété. Quinn est toujours là, mais je décide de me laisser aller. Elle a fui, après tout, comme toujours.

Alors j'agrippe ses cheveux, la forçant à relever la tête. Je l'embrasse et entoure sa nuque de mes mains. Elle passe les siennes sous ma tenue et caresse la peau de mes fesses. Je grogne, il m'en faut plus. Je descends et prends sa poitrine en main, appréciant sa fermeté. Je délaisse sa bouche pour jouer avec son lobe tandis qu'elle pousse un râle de plaisir. D'un coup d'œil, je repère une table et entreprends de l'y conduire. Elle finit par s'abandonner à moi, à mes baisers et mes caresses pressés. Elle est totalement nue, et je ne peux m'empêcher de la détailler. Son corps en sueur est magnifique, ses abdominaux se lèvent au rythme de sa respiration saccadée, sa poitrine luit et ses mamelons appellent à être pris en bouche encore et encore. Plus bas, une fine toison recouvre son sexe, le cache pour mieux le montrer. Elle ferme les yeux et apparaît pour la première fois depuis trois mois apaisée.

Soudain, une vision me glace le sang. Le miroir devant moi reflète ce qui aurait dû être mon plus grand bonheur. Quinn est là, figée, dans l'embrasure de la porte.