Nothing good ever happens after midnight.

Le vendredi soir était le moment où la plupart des gens sortent s'amuser, faire la fête, peut-être avoir un verre ou deux. Pour Stiles Stilinski, c'était apparemment l'occasion parfaite pour se promener au cœur de la forêt et avoir enfin le mot final sur cette histoire de meurtre sur laquelle il travaillait depuis une semaine.

Quand il avait accidentellement entendu son père au téléphone évoquer un assassinat près du domaine des Hale, la curiosité maladive de Stiles avait été piquée. De là, il n'y avait aucun retour en arrière : il avait mené sa petite enquête, rassemblant tous les éléments, établissant des théories, glanant des informations à gauche et à droite. Scott lui avait dit qu'il ne sentait aucune nouvelle odeur en ville. Pas de nouveau loup-garou. La victime n'était pas une créature surnaturelle mais Allison la connaissait. C'était une chasseuse à la retraite. Retrouvé sauvagement assassinée, tous près de la maison des Hale.

La conclusion n'avait pas plu à Stiles.

Alors il avait pris une décision : il allait confronter Derek Hale.

Il aurait bien aimé venir le jour, c'aurait incontestablement été plus intelligent. Mais son père était au taquet avec lui depuis les évènements du Kanima. Il gardait un œil sévère sur lui et vérifiait tous les jours qu'il était bien allé au lycée. Il lui avait même interdit d'approcher Hale ou sa meute ou quiconque dans la liste noire du shérif. Stiles savait qu'il avait une bonne intention et qu'il s'inquiétait – d'ailleurs, il ressentait un peu de culpabilité, il détestait inquiéter son père – mais c'était devenu étouffant, à la longue. Donc, le voilà, au cœur de la forêt à minuit passée.

Sauf que les bois, la nuit, c'était jamais une bonne idée. Stiles le savait. Il approuvait pleinement ce principe que son père n'avait cessé de lui rabâcher depuis ses débuts dans la puberté : « Rien de bien ne se passe après minuit. ». Il était sur le qui-vive, le cœur affolé - une vague réminiscence de la nuit où Scott avait été mordu.

Alors, lorsqu'il croisa deux yeux rouge vif dans l'obscurité, il fit aussitôt un énorme bond en arrière, sans remarquer le fossé à quelques pas derrière lui.

« Stil- »

Trop tard. Stiles dégringolait déjà la pente et atterrit douloureusement quatre mètres plus bas, face contre terre. Il leva la tête, gémit, seulement pour rencontrer une paire de baskets plantée sur le sol, à quelques centimètres de son nez.

« Idiot. »

Stiles pensa qu'il était plus susceptible de mourir de honte d'être tombé dans un fossé devant Derek Hale que par les nombreux bleus et écorchures qu'il avait récolté pendant sa chute.

Il glapit quand une main agrippa son capuchon et le souleva, le remettant solidement sur ses pieds. Derek ne lâcha pas pour autant le capuchon, conscient que c'était la seule chose qui soutenait Stiles. L'odeur légère du sang lui titillait le nez.

« Salut. » fit timidement Stiles, à défaut de trouver autre chose à dire.

Derek le regarda de haut en bas, analysant les dégâts, et l'adolescent se contenta de se mordre les lèvres, silencieux. Apparemment Derek n'aimait pas ce qu'il voyait car il releva la tête et lui adressa un regard exaspéré.

« Comment as-tu survécu aussi longtemps ? »

Stiles eut un petit sourire piteux.

« Je te le ferai savoir quand je le découvrirai. »

Derek ne répondit pas. A la place, il posa les mains sur les hanches de Stiles et le souleva du sol, le balançant sur son épaule tout en faisant attention à ses blessures. Puis, comme si le brun ne pesait rien, il commença à marcher.

« Um, Derek, » prononça Stiles, incroyablement gêné.

« Tais-toi. Tu saignes de la jambe. »

Stiles remarqua qu'en effet, sa cuisse lui faisait un mal de chien. Il pinça les lèvres, ne dit rien pour approximativement quinze secondes, avant d'ouvrir la bouche, le silence ayant raison de lui.

« Alors, hum, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? »

Il n'y eut aucune réponse et Stiles eut une pensée pour la chasseuse assassinée. Il essaya de bouger ses jambes mais Derek les tenait fermement pour qu'il ne tombe pas en avant.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » s'éleva finalement la voix claire de Derek.

Stiles se mordit la lèvre inférieure, en plein dilemme. Quand il s'était faufilé hors de la maison, il avait été déterminé de confronter directement Derek à propos du meurtre. Mais maintenant qu'il était devant Derek – sur Derek – il hésitait. Et si l'autre le prenait mal ? S'il exécutait sa menace de lui arracher la gorge avec ses dents, pour de vrai cette fois ? S'il était vraiment un meurtrier et qu'il décidait de le tuer et de cacher son corps parce qu'il avait découvert la vérité ?

Stiles fut brutalement sorti de ses réflexions quand il sentit Derek farfouiller dans la poche arrière de son jean.

« H-Hé ! » protesta-t-il. « Qu'est-ce que tu fous ? »

Derek ne répondit pas, mais le tintement familier d'un trousseau de clés le fit à sa place. Stiles haussa les sourcils quand il entendit sa Jeep se déverrouiller. Derek ouvrit la portière avec son bras libre. L'instant d'après, il fut déposé sur le siège du conducteur et Derek s'accroupit devant lui.

Stiles baissa les yeux vers lui, un peu étonné.

« Ne bouge pas, » lui ordonna Derek.

Avant que Stiles ne puisse protester, Derek déboucla sa ceinture et ouvrit le premier bouton de son jean.

Stiles refusa de réfléchir à la situation et se contenta de se lever légèrement, s'appuyant sur les épaules de Derek. Ce dernier fit glisser le jean jusqu'à ce qu'il tombe sur ses chevilles et examina la longue coupure sur la cuisse du brun.

« Tu n'as pas un bandage, ou quelque chose du genre ? » demanda le plus âgé en levant les yeux pour croiser le regard de l'adolescent.

Stiles se demanda si Derek était au courant de comment toute cette situation avait l'air. Il se demanda aussi s'il ressortirait vivant s'il se penchait en avant, parce qu'il suffisait de ça seulement pour embrasser Derek. Il resta un long moment figé, ses yeux plantés dans ceux de l'Alpha.

« Et bien ? » s'impatienta Derek.

Stiles cilla.

« Je dois avoir un truc, attends, » répondit-il en se penchant en arrière, s'allongeant à moitié sur son dos pour atteindre la boite-à-gants.

Sous le regard incrédule de Derek, il en sortit, respectivement, un petit tupperware contenant une vieille salade de tomates, une bouteille d'eau Evian d'un litre, trois tablettes de chocolat noir, cinq emballages d'Adderall, une récente photo de Michael Jackson dédicacé par ce dernier – n'était-il pas censé être mort ? – et une batte de baseball qui, Derek était certain, ne devait normalement pas passer dans cette boite-à-gants.

« Est-ce que tu as tout là-dedans ? » demanda-t-il, légèrement horrifié.

Stiles émit un « hun hun », suivi d'un « aha » victorieux quand il mit enfin la main sur un rouleau de bandage. Il se redressa, un peu trop vite vu la douleur qui traversa son torse et qui lui arracha un gémissement. Derek se contenta de lui faucher le rouleau des mains, le dérouler et en couper un morceau avec ses dents.

Stiles l'observa, embarrassé, alors que l'Alpha saisissait sans délicatesse sa jambe et la relevait légèrement pour faire passer le bandage sous sa cuisse.

Il se demanda brièvement si c'était la chute qui le faisait halluciner, mais tout ça avait l'air bien réel – du moins, d'après la douleur.

« Tu ne peux pas faire le truc, avec les veines noires et tout ? » demanda Stiles avec une moue. « Ça fait vachement mal. »

Derek releva la tête et lui lança son fameux regard de ''tu ne vaux pas une seconde de mon temps.'' Mais comme il y avait un monde entre ce qu'exprimait Derek et ce qu'il faisait, l'Alpha posa sa main sur la cuisse et Stiles se sentit aussitôt à moitié soulagé de sa douleur. Avec un soupir de bien-être, il se détendit, rabattit sa tête en arrière et posa ses mains à plat sur le siège, une partie de la tension quittant ses épaules.

« Alors ? »

Les yeux de Stiles dérivèrent du plafond de la Jeep jusqu'à l'homme en face de lui qui venait de parler.

« Alors ? » répéta l'adolescent, confus.

« Qu'est-ce que tu faisais dans la forêt à cette heure ? »

Stiles fut pris au dépourvu. Il balbutia une suite de mots inintelligibles, seuls les mots « promenade » et « air frais » se distinguant du lot.

Derek le jaugea du regard un long moment, rendant Stiles mal à l'aise. Il savait -il savait – que son cœur l'avait trahi. Il battait beaucoup trop fort. Il considéra un moment de pousser Derek, fermer la portière et rouler aussi vite que possible, et ce fut au moment où il allait mettre son plan en pratique que Derek ouvrit la bouche.

« Tu penses que j'ai tué la chasseuse. »

Ce n'était pas une question – ce n'était même pas un reproche. Juste une affirmation, neutre, sans émotion.

« Quoi ? » s'exclama Stiles. « Non, non ! Je n'ai pas- je n'oserai jamais- oh laisse tomber. » soupira-t-il devant le regard sceptique de Derek. « Tu l'as fait ? »

« Tu m'en crois capable ? » renvoya Derek et il y eut quelque chose comme de la blessure dans ses yeux mais qui passa tellement vite que Stiles crut halluciner.

« Honnêtement, je ne sais pas. » répondit franchement Stiles.

Derek se contenta de faire un nœud avec le bandage avant de couper ce qui pendait avec l'ongle de son index.

« Le corps a été retrouvé sur la propriété Hale, » continua Stiles, parce que maintenant qu'il était lancé, il ne pouvait plus reculer. « Elle était mutilée, comme si un animal sauvage l'avait attaqué. Et elle a été traînée là-bas après qu'on l'ait tué, elle n'avait aucune raison de s'y aventurer, ok ? J'ai vérifié. » Il marqua une pause. « Est-ce que tu l'as fait ? Tu l'as.. tuée ? »

Il n'y eut aucune réponse.

« Derek- »

« Ce n'était pas moi. » le coupa l'ébène, tranchant.

Stiles mourrait d'envie de le croire, mais il ne pouvait pas. Pas avec ce sentiment de doute qui stagnait dans sa poitrine.

« Je ne suis pas un imbécile, Derek ! » s'énerva-t-il. « Scott a dit qu'il n'y a aucun nouveau loup en ville. Peter est mort. Ce serait qui, alors ? Un puma ? » L'ironie dégoulinait de ces mots. « Si tu disais la vérité je pourrais- »

« Ce n'était pas moi, Stiles, » répéta Derek, agacé. « Fais-moi confiance. »

« Pourquoi le ferai-je ? »

La question resta en suspens. Derek leva la tête et son regard, incroyablement expressif, vrilla contre celui du plus jeune. Bleu contre brun.

Stiles cligna des yeux.

« Tu me fais confiance ? » demanda-t-il, incrédule.

Il eut un simple haussement d'épaules détaché en guise de réponse. Derek était soudainement fasciné par un buisson à sa droite. Les sourcils froncés, Stiles posa ses mains sur les joues de l'ébène et l'obligea à le regarder. Il réitéra sa question.

« Pourquoi je ne le ferai pas ? » formula Derek avec un sourire ironique qui disparut aussitôt. « Tu as fait tes preuves, après tout. » ajouta-t-il doucement.

Stiles en resta bouche-bée. C'était la première fois depuis qu'ils s'étaient débarrassé du Kanima que Derek faisait référence à la scène dans la piscine. Jusque-là, l'Alpha avait royalement ignoré cet évènement - il ne l'avait même pas remercié, l'ingrat – comme si ça ne s'était jamais passé. Soudainement, Stiles ne comprit pas sa surprise à la déclaration de Derek. Y avait intérêt que l'autre lui fasse confiance ! Il avait quand même sauvé la vie du mec.

« Oh, » lâcha-t-il, quand même un peu ébahi. « Ok. »

Que pouvait-il dire d'autres ? Il se sentait incroyablement bien – Derek Hale lui faisait confiance ! – mais il n'était pas sûr de comment justifier cette soudaine chaleur au creux de son ventre. Qu'est-ce que ça lui faisait que Derek Hale lui fasse confiance ou non ? Ça changeait rien à sa vie.

Ses lèvres s'étirèrent en une moue. Il se voilait la face ! Bien sûr que ça lui faisait plaisir – un peu. Il était presque sûr que Derek ne faisait confiance à personne. Il se sentait.. privilégié ? C'était agréable.

Il ne remarqua que tardivement qu'il n'y avait plus aucune pression sur sa cuisse. Il leva la tête, alarmé. Derek s'était relevé et commençait déjà à s'éloigner vers les bois.

« Attends ! » s'écria Stiles en se levant de son siège pour le retenir.

Sauf qu'il avait oublié son jean toujours autour de ses chevilles et il se ramassa le sol pour la deuxième fois en une heure.

« Idiot. » se moqua Derek sans esquisser un geste pour l'aider, se contentant de le regarder, les mains dans les poches.

Stiles leva la tête et lui envoya un regard noir, pas du tout crédible avec son nez rouge de douleur.

« Pourrais-tu au moins m'aider à me relever ? Mince, je savais qu'un Derek gentil ça pouvait pas durer ! »

Derek afficha une expression amusée et tira la main que Stiles lui tendait, le remettant sur ses pieds. Le brun reprit prudemment sa place sur le siège de sa Jeep.

« Ménage-toi, » lui conseilla Derek en se penchant vers lui pour vérifier que la blessure n'avait pas recommencé à saigner.

Son odeur parvint à Stiles qui se surprit à inspirer discrètement. Il avait son nez pratiquement contre l'épaule de Derek. Il lui suffisait de tourner la tête pour l'embrasser..

Stiles ne fut pleinement conscience de cette impulsion qu'après y avoir cédé. Les lèvres de Derek étaient chaudes, agréables, étonnamment douces. Et ce dernier ne réagissait pas donc Stiles enserra sa nuque et approfondit le baiser, les yeux fermés. Il fallut plus de quinze secondes pour que Derek le repousse enfin, les mains fermement serrés sur ses épaules. Stiles était surpris qu'il l'ait laissé faire aussi longtemps.

« Tu ne peux pas me tabasser je suis déjà blessé. » fut la première phrase qui sortit de sa bouche dès que ses lèvres se détachèrent de ceux de l'Alpha.

Derek lâcha simplement un soupir fatigué et lui tapota la cuisse avant de se relever.

« Rentre chez toi, Stiles. »

L'adolescent le regarda s'éloigner, agréablement surpris. Quand Derek fut sur le point de disparaître dans les bois, il l'appela.

« Hey, Derek ? »

L'Alpha le regarda par-dessus son épaule et Stiles lui fit un sourire désarmant.

« Merci. »

L'ébène lui envoya un petit sourire à peine distinguable dans le noir, mais bien présent, avant de reprendre son chemin.

Stiles ne bougea pas, même après que Derek eut disparu dans la forêt. Il resta là, sur le siège de sa Jeep, réchauffé à l'intérieur par une douce chaleur alors que l'air frais s'infiltrer sous son gilet.

Peut-être que son père avait tort, finalement.

.

.

N/A : Heya, c'est moi. Oui, voilà une autre fic Sterek. Ce couple est juste tellement bien. Attention, je dis bien une fic, pas un one-shot. Ce sera une série de chapitres qui se dérouleront pour la plupart la nuit. Parce que c'est le meilleur moment de la journée. En fait, dans ma tête, il y a les chapitres principaux qui mettront en scène Stiles & Derek la nuit, et à côté des interludes, qui se déroulent le jour et avec – probablement – toute la clique. Enfin, vous verrez bien. J'espère que vous avez aimé ce premier aperçu !

PS : La série ne m'appartient pas, elle est à Jeff Davis, parce que si elle m'appartenait Stiles aurait perdu sa virginité avec Derek et je m'en bas les COUETTES de la différence d'âge namého.