- Etes-vous vraiment certain de ce que vous faites ?
- Voyons, il y a l'art et la manière professeur… Il est vrai que la tarte à la meringue est un dessert hautement calorique, mais vous pourriez trouver une façon moins cruelle de me réprimander. Ai-je pris tellement de kilos ? demanda t-il faussement scandalisé.
L'air du professeur en question en disait long sur sa pensée, et elle balaya d'un geste agacé la réplique de son interlocuteur.
- Un peu de sérieux M. le directeur… Je ne suis pas là pour juger de l'état de votre embonpoint. Si celui-ci vous inquiète, il est encore temps de consulter. Ce ne sont pas les Mangemédics qui manquent ! De plus, répondre à une question par une autre question n'est pas forcément la détournée.
Pas gêné pour un sous par ses accusations, le Directeur prit son temps pour répondre.
- Voyer-vous très chère, je ne suis pas le seul à me soucier des chiffres. Prenons par exemple les moldus, ils sont obsédés par leur image. À tels points qu'ils calculent au gramme près la nourriture qu'ils ingurgitent ! Tout simplement fascinants … Mais je m'égare.
Il regarda avec gourmandise les sucreries étalées sur son bureau. Celles-ci avaient été préparées par les valeureux petits elfes de maisons, qui une fois de plus déployaient leurs talents culinaires pour contenter le directeur. Celui-ci était en proie à un état de grande confusion, caché derrière un saladier rempli de BertieCrochu, un petit emballage bleu foncé attira son attention. Ses yeux regardèrent alternativement le séduisant petit paquet et l'appétissant morceau de tarte à la meringue qu'il tenait toujours en main. Il hésitait … D'un côté il avait la douceur, et de l'autre le croquant. Décision difficile mais pas impossible.
- Soit ! Vous avez raison Minerva. Il reposa négligemment son morceau de tarte dans une assiette avoisinante et se jeta instantanément sur sa papillote bleue. Un Chocoulant me semble plus approprié.
- Albus ! s'exclama t-elle outrée.
- Inutile de vous offusquer, je plaisantais. Répondit-il la mine amusée.
Malgré tout, dès que sa collègue eut le dos tourné, il ouvrit l'emballage et fourra prestement la friandise dans sa bouche. Hélas, Minerva Mcgonagall n'était pas dupe et on l'entendit pousser un soupir exaspéré.
- Excusez, la gourmandise a eu raison de moi. Mon pécher mignon. Déclara t-il les yeux pétillants.
Après quelques minutes de silence uniquement brisé par des bruits de mastication, le professeur reprit :
- Son arrivée va elle interférer dans nos plans.
- De quels plans parlez-vous ?
- Je vous en pris répliqua t-elle amusée Votre air innocent ne trompe personne, ou du moins plus maintenant. Votre hum … Aptitude pour la manipulation n'est plus a prouvé, alors prétendre et chantonné au hasard n'est qu'un euphémisme.
- En parlant de chantonner, ma nièce vient de m'apprendre un nouvel air. dit-il ravi.
- Votre nièce ? Celle qui rentre cette année à Poudlard ?
- Elle-même chère amie. Et je suis extrêmement heureux de l'avoir enfin près a mes côtés. Vous n'imaginer pas a quel point j'ai du batailler pour qu'elle accepte. J'ai hâte. Déclara t-il les yeux pétillant d'impatience, comme lorsqu'on lui offre une énorme part de gâteau.
'Complètement gâteux' pensa l'employer.
- Est-il vrai qu'elle vous ressemble ?
- Plus que vous l'imaginez. Répondit-il amusé. Mais revenant z'on à ma chanson. Voulez-vous que je la chante ?
Minerva eu un soupir résigné. Elle le savait, inutile de le réprimander il n'en faisait qu'a sa tête. C'était d'ailleurs une des raisons qui rendait le personnage atypique ! Cela, et son exceptionnelle maîtrise magique qui lui avait permis de vivre près d'un siècle et demi. Après de longues d'années d'existence, le temps avait fini par s'écouler lentement et il avait emmagasiné tellement de connaissances que pour lui, le mot divertissement avait fini par rimer avec insolite. L'originalité était donc devenu le maître mot de l'individu. C'est pourquoi Albus Dumbledore ne pouvait considérer sa question pour le moins capitale autrement que comme une distraction. Le professeur était l'objet de cette distraction, et elle devrait patienter ! 'Pourvut que mes nerfs ne lâchent pas avant' pensa t-elle.
D'une façon quasi théâtrale, le directeur prit une profonde inspiration et attendit. Il sentit que le moment où McGonagall perdrait patience approchait. Les traits du professeur se figèrent peu à peu dans une expression de sévérité, essayant temps bien que mal de se contenir. L'original tenta de dissimuler son sourire dans sa longue barbe argenté, mais le regard noir de son bras droit ne réussit qu'à le faire pouffer de plus belle. Au visage pincé de Minerva vient s'ajouter froncement de sourcils et tremblement. Il prit alors la décision d'achever rapidement sa torture, avant que la colère de sa collègue n'explose. Battant frénétiquement des mains pour imprimer un rythme, il commença sa chanson d'une voie enjouée.
- Ding dong the whitch is dead, Which old Witch? The Wicked Witch! ding dong the wicked whitch is dead ! clap ! clap ! Di …
Stoppant devant l'air ahuri de sa collègue, le directeur se lança dans une longue explication qui n'avait, que, pour seul but : d'encombrer un peu plus l'esprit de son employée.
- Je vous assure que c'est une magnifique chanson, qui vient d'un film tout aussi magnifique : le magicien d'Oz. Vous connaissez ? Si j'en crois ce que ma merveilleuse nièce ma raconté, celui-ci a fait polémique. Un sorcier, à apparemment eu l'idée, un peu saugrenue je dois l'admettre, d'adapter une de nos pages d'histoire au cinéma, dévoilant ainsi notre identité. Le Ministère a comme d'habitude immédiatement paniqué ! C'est fou ce qu'ils sont impressionnables … Heureusement pour eux, nos amis les moldus ne s'en sont pas formalisés … Comme pour halloween. C'est fou le nombre de preuves qu'ils se sont mit a ignoré, la réalité est-elle donc tellement effrayante ? interrogea t-il tout sourire.
- Qu'avais-je dit. Reprit McGonagall moitié amusée, moitié agacée Albus Dumbledore ou comment éviter les sujets qui fâchent. Écrivez un livre, il ferait sensation. assura t-elle.
Derrière ses lunettes à demi-lune, une lueur malicieuse traversa le regard du directeur.
- Vous me flattez, mais mes connaissances sont tout de même limitées. Les réactions de l'être humain dépendent de tellement de facteurs qu'elles en deviennent complexes.
- Là où vous entendez complexe, je ne vois que charabia. Êtes-vous seulement encore surpris !
- Quand vous aurez mon âge, vous comprendrez. Déclara t-il sur le ton de la confidence. Quant à la surprise. Il plissa les yeux et posa son index sur son menton, posture de réflexion. J'avoue que cela devient plus difficile en politique … les hommes politiques sont tous avides d'argents et de pouvoir, par conséquent facile à cerné. Heureusement, il y a la jeunesse avec qui je ne peux pas tout prévoir ! D'ailleurs, ma nièce s'évertue a me distraire.
Il fit un clin d'œil a son professeur préféré, et reprit :
- Les élèves son généralement guidés par leurs l'impulsions, ils sont moins prévisibles et plus sincères. Minerva, ne vous êtes vous jamais demander pourquoi en ma qualité de super-sorcier de notre époque, ai-je atterri sur le chemin de l'enseignement.
- Le mythe s'effondre.
- Expliquez vous. Demanda t-il avec un sourire bienveillant.
- Vous vous autoproclamez super-sorcier, qu'en penserait notre jeune Monsieur Black a votre avis ?
- S'il savait, sans doute m'élèverait-il au rang de dieu. Répondit il comme légèrement désolé.
Il exécuta alors un geste rapide de sa main droite, mouvement qui suggérait, avec ironie, l'étendu de la modestie de ses propos.
McGonagall renifla avec dédain devant ses paroles, et elle grommela rapidement quelques phases ou seul les mots 'fichu directeur' et 'immature' furent prononcés distinctement.
Le Dicteur jubilait, il était toujours aussi amusant de taquiner sa collègue. Minerva était une des seule, donc pour ainsi dire précieuses personnes qui parvenant encore à converser avec lui sans se démonter. Peut être devrait-il un jour lui faire fabriquer une médaille ? L'idée était plutôt plaisante, connaissant le caractère de sa collège. Oui, il allait y réfléchir.
- Dites moi Minerva, depuis la rentrée, comment se portent vos petits perturbateurs ? demanda le directeur les yeux pétillants.
- Ne m'en parler pas, ses quatre là sont impossibles ! Dire qu'ils appartiennent a ma maison … S'ils continuent ainsi je risque de finir ma vie avant eux, les crises cardiaques sont tellement courantes de nos jours!
- Vous n'êtes pourtant pas si vieille.
- Les frayeurs non pas d'âge ! s'exclama t-elle catégorique. Notre nouvelle étudiante, ma, elle aussi, causé une belle frousse. Son apparition était pour le moins surprenante.
- Voir divertissante ! Jamais plus je ne me regarderais dans un miroir de si près! décréta joyeusement le directeur.
- Et vos kilos ? interrogea sarcastiquement le professeur. Qu'adviendra t-il de vos kilos, si vous n'êtes pas en mesure de vous rassurer ?
Dumbledore lui sourit.
- Je ferais comme tout le monde, je les ignorerais. Rigola t-il.
Mc Gonagall eut un imperceptible sourire en coin. Avec sa mine franchement amusée, on ne pouvait se douter du poids qu'exerçait Albus Dumbledore dans la société actuelle.
- Combien de temps restera t-elle ? Demanda t-elle revenant aux points importants.
- Cela dépendra de l'avancé de ses recherches. D'après ce que j'ai comprit celle-ci sont déterminantes, et elle ne peut se permettre de rentrer les mains vides.
Une fois de plus le silence. Silence pesant, écrasant : un silence lourd de conséquence.
'ting'
Un son se fit entendre.
'ting'
Une note claire et mystérieuse.
Des bruits de pas.
'C'est de l'autre côté' entendirent-ils à travers la lourde porte en bois.
Toc Toc
- Nos nouvelles élèves sont arrivés. Déclara t-il tout bas puis il s'adressa à sa collègue. Professeur, pourriez vous me sortir le chapeau.
- Bien entendu Monsieur.
- Il lui reste un peu de travail. Reprit-il malicieusement.
