AINSI VIVENT ET MEURENT LES VERACRASSES

Disclaimer : L'univers et certains des personnages appartiennent à J.K. Rowling. Le personnage principal et l'intrigue sortent tout droit de mon cerveau tordu.

CHAPITRE I : Une erreur a Perfectland

Je n'aurais pas du faire ça. Vraiment, je crois que je n'aurais pas du. Ca m'éviterait d'avoir à me cacher dans ce grenier poussiéreux avec pour seule compagnie un gâteau au chocolat. D'un autre coté, n'est-ce pas un petit désagrément comparé aux longues heures que j'ai passées à rire ? Oui, en fait, ca valait le coup. Même si je vais devoir rester enfermée dans ce grenier pendant encore plusieurs heures, le temps que ma sœur commence à se calmer.

Puisque je n'ai rien à faire, je peux toujours me présenter : Stéphanie Midway, sixième année a l'école de sorcellerie Poudlard dans la maison de Poufsouffle. Et irrémédiablement médiocre selon ma mère. Depuis des générations, ma famille passe par Serdaigle ou Gryffondor. De temps en temps, un original va à Serpentard. Mais si un de mes aïeuls est allé rejoindre les médiocres Poufsouffles, les autres ont pris soin de faire disparaitre toutes traces de lui. Comme ma mère aime à le répéter, ma famille n'a peut-être pas un sang pur, mais elle est réputée pour ses sorciers puissants et c'est ca qui compte. Et lorsqu'un vieux chapeau rapiécé a décrété que ma place était parmi les Blaireaux, ca lui est resté en travers de la gorge. Sa propre fille, à Poufsouffle ? Quelle honte pour la famille ! Comment peut-on être aussi médiocre ? Voila en gros ce qu'elle m'a dit dans la beuglante que j'ai reçu quelques jours après ma répartition. Elle n'a pas cessé de me comparer à mon frère et à ma sœur durant toute l'engueulade pour me dire ô combien j'étais lamentable et qu'ils étaient brillants. William, l'aîné, était à Gryffondor. Préfet-en-chef, il a sauvé la vie d'une élève de Poudlard attaquée par une bande de Guillimorts, des bestioles qui tuent leur victime en la chatouillant. Ils attendent leur premier enfant. Jane, elle, est allée faire un tour à Serdaigle. Elle a reçu les félicitations de Dumbledore lui-même pour ses résultats aux ASPICS. Elle correspond assez au modèle de la fille parfaite : en plus d'être intelligente, elle a hérite de la beauté gréco-latine de ma mère. Elle a un profil grec, avec de grands yeux noirs bordés de longs cils épais et de belles boucles noires. Elle est grande, la taille bien tournée. Elle ressemble aux peintures moldues de la Renaissance... Elle a un poste bien placé à la banque Gringotts et est fiancée au beau John Howl. Tout le monde dit qu'ils forment le couple parfait, mais moi ils me donnent envie de vomir. Leur idylle ferait envie à l'héroïne du plus niais des romans à l'eau-de-rose dont raffole Jean. Cette fille n'est vraiment pas originale : elle lisait des romans d'amour dégoulinant de mièvrerie, et maintenant elle en vit un...

Bon bref, tout ca pour dire que mise à cote d'eux, c'est sur que j'ai l'air dérisoire. Le seul acte de bravoure que j'ai fait a été de mettre ma main dans la figure de mon prof de divination, et j'ai fait ca parce qu'il avait laissé la sienne se balader sur ma cuisse. Mes résultats scolaires sont mitigés ; je suis la meilleure de mon année en sortilèges et enchantements, par contre, je suis une catastrophe ambulante en Défense Contre les Forces du Mal : l'année dernière, j'ai envoyé le prof a l'infirmerie pendant une semaine alors que j'essayais de me défendre contre un epouvantard. Mon chaudron explose régulièrement en cours de potions, mais lorsque mes potions ne sont pas au plafond, elles sont réussies. J'ai aussi un don pour le théâtre dont je suis très fière, mais ça ne satisfait pas ma mère ; un jour je lui ai dit que si je ne réussissais pas dans la vie, comme elle le prévoyait, je pourrais toujours faire actrice. Elle m'a répondu qu'elle me séquestrerait avant que j'en ai l'occasion. Physiquement, je suis toute petite et frêle. Si j'ai exactement les mêmes traits que ma sœur, ceux-ci ont perdu leur beauté en rétrécissant. La seule chose belle est mes cheveux ; raides et fournis, ils cascadent souplement jusqu'en bas de mon dos, leur masse noire éclairée par des bandeaux ou des perles multicolores.

De mon abri, j'entends Jane hurler mon nom, suivi de plusieurs mots insaisissables. Quelque chose me dit que ce ne sont pas des louanges... plutôt des menaces de mort ou un truc s'en approchant. Elle s'égosille comme ça depuis ce matin, dix heures, heure du courrier. D'habitude, j'intercepte toujours le hibou de John, un Grand Duc brun, mais, allez savoir pourquoi, les choses ne se sont pas déroulées comme prévues et l'oiseau a pu remettre la lettre à sa destinataire originale.

- Enfin ! s'est écriée Jane en se précipitant sur le hibou. Une semaine que je n'ai pas reçu de lettre de John, je commençais vraiment à m'inquiéter. Je me demande ce qui a pu le retenir... a-t-elle continué en ouvrant l'enveloppe avec de petits gestes fébriles.

- Uuummmh, ai-je grogné.

Personnellement, je savais très bien pourquoi les lettres de John s'étaient faites désirées. Et mieux valait pour moi que je sois loin lorsqu'elle l'apprendrait. J'ai donc attrapé le plat le plus proche de moi - un gâteau au chocolat - et me suis éclipsée au grenier. J'avais à peine fermé la porte qu'un hurlement s'élevait ; Jane avait commence à lire la fameuse lettre.

Rien qu'à imaginer sa tête à cet instant, je sanglote de rire dans mon grenier. Mais je m'arrête lorsque la porte du grenier explose soudainement.

Il semblerait que ma sœur m'ait trouvée, finalement...

- TOI, hurle-t-elle.

Je regarde derrière moi, histoire de vérifier si c'est bien de moi qu'elle parle. Malheureusement, loin de la faire rire, ça l'énerve encore plus. Ca faisait longtemps que je ne l'avais pas vu aussi en colère...

- J'AURAIS DU ME DOUTER QUE TU AVAIS QUELQUE CHOSE A VOIR LA-DEDANS !!

Je ne l'écoute que d'une oreille. Des questions plus importantes occupent mon esprit, comme par exemple : a-t-elle trouvé les lettres de John dans ma chambre ou est-ce que ce qu'elle connait de l'affaire se limite à ce qu'elle a lu dans le bout de parchemin froisse qu'elle serre dans son poing ? J'aimerais d'ailleurs bien savoir ce qu'il contient, mais je doute en avoir jamais l'occasion...

- ... OSER DIRE A JOHN QUE J'ANNULAIS LE MARIAGE...

Et dire que si j'avais réussi à garder mon coup secret, j'aurais surement pu faire rompre John et ma sœur.

- ... FAIRE PASSER MA CARRIERE AVANT LUI ...

Je ne vois pas pourquoi Jane prend la peine de me donner tous les détails de l'affaire. Je sais très bien ce que j'ai écrit, puisque c'est moi qui l'ai écrit. Je suis même - avec John - la mieux placée pour expliquer ce qui se passe. Il y a une semaine, alors que je m'ennuyais ferme dans ma chambre, j'ai eu une idée de génie pour mettre un terme a ce couple écœurant : j'ai envoyé une lettre au beau John disant que ma sœur annulait leur mariage et ne voulait plus jamais le revoir. Soi-disant que leur relation nuisait a sa carrière, qu'elle faisait passer avant tout. Elle comptait par ailleurs sortir avec le neveu du vice-président de Gringotts pour mettre tous les atouts de son côté. Bien entendu, j'ai signé le tout du nom de Jane. John, pas très heureux, a envoyé un hibou en retour. Je l'ai intercepté, ai évité la lecture laborieuse du parchemin à Jane et ai répondu. De fil en hibou, l'échange a dégénéré. On en était à se traiter de tous les noms lorsque Jean est entrée en joute.

Je me remets à écouter les braillements de ce qui me sert de sœur. Elle en ait à parler de contacter papa et maman :

- Dire qu'ils sont en vacances... et qu'il va falloir que je les dérange avec ca. Et Maman qui est déjà malade à cause de toi... Tu te rends compte du choc que tu vas lui causer ?

- Pas vraiment... Enfin, si tu lui envois un hibou, c'est toi qui seras responsable de la crise cardiaque, pas moi, vu que c'est toi qui l'aura mise en courant. Pas de hibou, pas de choc, et tout va bien dans le meilleur des mondes.

Jane se tait abruptement et un sourire triomphant apparait sur mes lèvres. Prise à son propre jeu, la Jane. Je suis intouchable ! Ma sœur reste silencieuse quelques secondes, puis approche son visage tout près du mien. Etrangement, elle a l'air très satisfaite d'elle-même.

- Très bien, souffle-t-elle dans un murmure rageur. Mais tu te débrouilles toute seule demain.

Elle se redresse et quitte la pièce en claquant des talons. Mon sourire a disparu. Demain. Jour de la rentrée des classes. Si elle ne m'accompagne pas, comment vais-je aller à King's Cross ?

Je ne suis peut-être pas si intouchable que ça, finalement...