Encore une sorte de Drabble, moins bien celui-là (je pense, mais c'est vous qui jugez !)

Merci à ceux (j'aurais plutôt dis "celles", mais bon... la grammaire fait que.) qui ont commenté mon autre Drabble, ça m'a étonné qu'il ait plu !

(Ciel vient de conclure son pacte avec Sebastian, il a donc dix ans...)

Bonne lecture...


Pour une fois, je m'éclipse. Je disparais et m'enfuis, m'éloignant de ce lit meurtrier le temps d'un souffle.

Ce soir encore, tout est sombre, mais pas silencieux. La nuit est noire comme l'encre de Chine qu'utilise Lau pour m'écrire, emplie de bruits étranges me rappelant la récente mort de Madame Red, découpée par les ombres horribles que lui infligent tous les animaux de la forêt… comme Eux.

Je me souviens encore de leur silhouette grise sur les murs de pierre morte. Même si je suis désormais libre, Ils me terrifient toujours autant. Le souvenir de mes douleurs physiques et morales ravive des blessures à peine refermées… J'ai mal en pensant à cela : je cours plus vite.

Il fait froid. Très froid. Comme dans mon cœur… Les flocons blancs tombent du ciel sans répits, j'en attrape quelques uns avec mes paumes devenues brûlantes. Et je me souviens de ces moments passés avec ma mère, chaudement couverts dans nos manteaux, jouant dehors, faisant des igloos… Comme avant, je laisse se déposer des étoiles givrées sur ma langue : ça n'a aucun goût, mais c'est bon.

Simplement vêtu de ma chemise de nuit et de ma robe de chambre bleue, je m'étends dans la neige, les bras collés au corps. Pendant un instant, je suis pris par l'envie de dessiner un ange avec mon corps… Mais je sais qu'Il n'appréciera pas.

Alors, je lève mes bras vers le ciel, essayant d'écarter ces nuages étouffants. Je me demande si la lune est bien là ou si elle a abandonné ma demeure pour une nuit… Je laisse tomber mes membres antérieurs sur les côtés de ma cage thoracique et me crée des ailes… des ailes d'ange… brisées.

Je sais qu'Il ne tardera pas. Il a trop peur que je ne fasse de l'hypothermie, que je ne me mette à tousser et que mon asthme ne m'assaille de nouveau. Alors, Il viendra. Et lorsqu'Il verra mon chef d'œuvre, Il sera fier de moi. J'aurai peut-être même le droit à un lait chaud…

Non, je ne me lèverai pas. Porte-moi. Ainsi, je pourrai dire que toi, un démon, vient de sauver un ange blessé, perdu, souillé, déchu.

Une seconde fois…