Mon étrange ange gardien

Notes : Cette histoire se déroule pendant le tome 7. Elle sera racontée du point de vue des deux protagonistes. LL indique le point de vue de Luna. SS : celui de Severus. Elle comportera 12 chapitres. Je posterai 2 chapitres par jour. Cette histoire est un peu différente de ce que j'écris d'habitude, j'espère qu'elle vous plaira tout de même.

GRANDE PREMIERE : Pour chaque chapitre, j'ai réalisé une illustration. Je les publierai simultanément aux chapitres correspondants.
Vous les trouverez à cette adresse (copiez l'adresse et enlevez les parenthèses) : www(.)pastelsab(.)com/ange(.)htm

Disclaimer : Tous ces personnages appartiennent à J-K Rowling

Chapitre 1 : Faire semblant

SS

Je prétends toute la journée.

Deux mois que je fais semblant d'être ami avec mes ennemis et que j'évite de croiser les regards hostiles de mes collègues qui ne m'adressent plus la parole autrement que pour me mettre des bâtons dans les roues.

Alecto et Amycus Carrow sont les seuls à me parler. Je dois leur répondre comme s'ils n'étaient deux répugnantes créatures et acquiescer quand ils utilisent le terme 'sang de bourbe' et lorsqu'ils me racontent les nouvelles tortures qu'ils ont fait subir à mes élèves.

Mes élèves, parlons-en. Ils ont formé une sorte de groupe de résistance. Une idée noble qui ne me facilite en rien la tâche. J'ignore leurs frasques de plus en plus grossières en regardant de l'autre côté. Je ne peux pas protéger tout le monde, pourtant j'essaie.

C'est épuisant ! Hier, Longbottom, Weasley et Lovegood ont trouvé intelligent de risquer leur vie en s'introduisant dans mon bureau pour dérober une vulgaire copie de l'épée de Godric Gryffondor. Pour éviter d'autres tentatives suicidaires, je me suis débarrassé de cette attraction inutile. Ils trouveront autre chose à dérober, ils sont imaginatifs…

J'ai du faire appel à mon autorité pour ne pas qu'Amycus les décapite. J'ai préféré les envoyer chez Hagrid en prétendant que celui-ci était un fou furieux et que les trois élèves ne sortiraient pas vivants de la forêt. Evidemment, ils en sont sortis, plus motivés que jamais.

Depuis, Amycus me regarde de travers.

Je pourrais m'isoler dans mon bureau si je ne devais pas le partager avec le portrait de Dumbledore. Je ne sais pas s'il se rend compte à quel point il m'épuise. J'exécute ses ordres sans savoir de quoi il retourne. Lui non plus ne me fait pas confiance. Je suis soupçonné de toute part.

L'impression d'être au bord d'une falaise ne me quitte pas. Sauter dans le vide me semble, chaque jour, plus attirant. Mais je ne peux pas franchir le pas, il faut que je finisse mon travail.

Ma seule consolation est que cela va se terminer bientôt. Quelques mois à tenir encore et ensuite, je serai mort.

Je passe mes journées sur pilotage automatique, tel un robot. Je dis et fait ce qui est attendu de moi, prends mes repas dans la Grande Salle en mangeant ce qu'il faut pour tenir debout et dors de moins en moins. Les seuls instants où je n'ai plus besoin de prétendre, c'est tard le soir, lorsque j'arpente les couloirs du château.

XXX

LL

Je sors mon paquet de cartes et les dispose une à une sur mon lit.

Sur chacune d'elles est dessinée et décrit un animal magique méconnu du grand public. Mon père les as faites imprimer et me les as offerte pour mon anniversaire lorsque j'étais encore une petite fille. Chaque fois que je me sens confuse, je leur pose une question et ils me répondent à leur manière. Pendant des années, ces cartes ont été mes seules amies.

Puis, j'ai rencontré Neville et Ginny. Ils sont sympathiques et j'ai l'impression qu'ils m'aiment bien malgré le fait que tout le monde me croit folle.

Je chantonne pour amadouer les animaux magiques. Il vaut mieux les attendrir avant de leur poser une question, sinon ils racontent n'importe quoi.

Ce qui me préoccupe, aujourd'hui, c'est la punition donnée par le Directeur. Elle ne me semble pas judicieuse. Je me suis amusée dans la forêt avec Hagrid. Hors, une punition, c'est fait pour être désagréable.

Je ferme les yeux et tire deux cartes au hasard.

La première que je découvre représente un 'saferoute', c'est un animal qui protège des serpents, mygales et scorpions.

La deuxième est un 'métamorpholéon' qui a le pouvoir de changer de formes à volonté pour s'adapter en milieux hostiles.

Etrange !

XXX

SS

Mais ce soir, mon besoin de solitude ne sera pas assouvi.

Au détour d'un couloir, je croise l'un de mes trois cauchemars. Mlle Luna Lovegood, qui fait l'effet d'une apparition fantomatique. Regard vacant, cheveux blonds descendant jusqu'à la taille et flottant de manière éthérée de chaque côté de son visage lunaire et, pour compléter l'illusion spectrale, portant une chemise de nuit blanche s'arrêtant à ses chevilles. J'aperçois la touche finale de son costume lorsque je baisse les yeux. Celle-ci se balade pieds nus, en plein mois de novembre.

Soupir.

« Oh bonsoir, Monsieur le Directeur. Je ne m'attendais pas à vous trouver là, il est si tard. Vous êtes insomniaque ? » me lance-t-elle de son air absent habituel.

Cette réplique, si elle avait été articulée par un autre élève, aurait été considérée pour ma part comme de l'impudence et serait sanctionné sur le champ. Mais le fait qu'elle vienne de Lovegood change la donne. Voilà six ans que je côtoie sa désarmante sincérité. Si je n'y suis pas encore immunisé, j'ai le mérite de ne plus m'en formaliser.

« 10 points en moins pour Serdaigle, Mlle Lovegood, pour non respect du couvre-feu et tenue... extrêmement inappropriée. »

« Pas du tout, c'est très confortable pour dormir. Tenez, vous sentez ? C'est du satin. » dit-elle en saisissant ma main pour la faire aller et venir sur le tissu.

Je la regarde d'un air médusé, retire prestement ma main, puis, tente de la raisonner :

« Certes… Néanmoins, je crois utile de vous informer que vous n'êtes pas en train de dormir dans votre lit. Et que vous vous baladez dans les couloirs du château »

« Ah oui, tiens… »

Elle regarde les environs comme si elle les remarquait pour la première fois.

Je secoue la tête.

« Etes-vous somnambule Lovegood ? »

« Pas du tout, je cherchais mes pantoufles. Je soupçonne un 'chourasquette' de les avoir volées. Voilà plusieurs nuits qu'il s'introduit dans mon dortoir pour me piquer mes chaussures. Ce soir, j'ai décidé de le poursuivre. Ça ne peut plus continuer comme ça vous comprenez... »

« Accio pantoufles de Luna Lovegood. »

Deux chaussons roses en forme de lapin volent dans ma direction.

« Voilà. » dis-je, en déposant l'objet du délit devant ses pieds. « Désormais je vous conseille plutôt d'utiliser cette méthode. »

« Oh j'y avais pensé mais il paraît qu'un surplus de sortilège d'attraction endommage gravement le cerveau. »

« Si j'étais vous, je prendrais tout de même le risque. » dis-je avant de m'éloigner.

« Merci Monsieur le Directeur… Bonne nuit… Continuez de faire semblant… »

Lorsque j'entends ses derniers mots, je me fige comme si j'avais reçu un jet d'eau froide en pleine face.

« Qu'est-ce que vous dites, Lovegood ? »

« Continuez de faire semblant. Vous faites du bon travail. Personne n'est au courant. Je ne l'ai découvert que récemment grâce au 'métamorpholéon', sinon je ne m'en serais pas doutée. »

??!!

« Ce que vous racontez n'a pas le moindre sens. » comme d'habitude « Cessez de délirer et retournez dans votre dortoir. »

« Ne vous inquiétez pas, je ne le dirais à personne. Ce sera notre petit secret » dit-elle avant de s'éloigner en sautillant.

!!!

XXX

Je ne ferme pas l'œil de la nuit, repassant dans ma tête, cette conversation aberrante.

Continuez de faire semblant ? Connaissant Lovegood, ça pourrait dire tout et n'importe quoi. SURTOUT n'importe quoi. Cela ne veut pas dire qu'elle m'a percé à jour. Non. Et même si c'était le cas, personne ne la croirait… Tout le monde pense qu'elle est folle et toi le premier.

Il n'y a absolument rien à craindre… N'est-ce pas ?

XXX

LL

Je suis heureuse d'avoir pu discuter avec le Directeur. Il n'a pas l'air bien ces temps-ci. Sa pâleur devient inquiétante. Ses vêtements flottent de jour en jour davantage. J'ai l'impression qu'il est en train de disparaître.

Il y aurait un moyen de l'aider. Il faudrait que je l'emmène là-bas… Je n'y ai jamais amené personne. Mais lui, je sens que je pourrais.

Lui, il me semble familier. Il me fait penser à moi, avant…