Prologue : Doctoresse.

L'odeur de fumée fut la première chose qu'il sentit alors que la douleur s'effaçait. La fumée était noire et s'épaississait encore alors que le Docteur ouvrait pour la première fois ses yeux. Il dût cligner pour ne pas laisser les cendres de bois entrer dans ses globes oculaires. Il toussa, il avait déjà dû avaler des cendres avant de se régénérer. L'incendie était peut-être même la cause de sa mort… Ou alors il l'avait provoqué, en se régénérant. Après tout, c'était déjà arrivé. Et d'une façon ou d'une autre, il reconnaissait encore la console devant lui qui était en feu et cassée. Il devait donc ses crasher. Encore… Ça commençait à être familier comme situation… Où donc allaient-ils atterir, cette fois ? Encore dans un jardin ? C'était toujours mieux que la gueule d'un tyrannosaure.

Il était seul, il ne se souvenait pas avoir revu Clara depuis Noël. Il ne se souvenait de presque rien d'après noël, d'ailleurs. Et encore moins de ce qui l'avait tué. Amnésique… Ça aussi, c'était déjà arrivé. De toute façon, ses souvenirs lui reviendraient bien à un moment ou un autre, pour l'instant, il fallait réparer le TARDIS.

Titubant vers le rotor de la console, le Docteur se rendit compte qu'il était trop tard : le TARDIS s'était matérialisé. Et il « glissait » à présent, comme emporté par un flot, puis s'immobilisa.

Le Docteur se dirigea vers la porte du TARDIS, par chance, celle-ci n'avait pas encore été consumée par les flammes. Le Seigneur du Temps l'ouvrit et ferma de nouveaux les yeux : le sable dorée renvoyait la lumière d'un soleil directement dans ses jeunes yeux. Il s'extirpa quand même hors de son TARDIS mais ne put pas faire plus de deux pas hors de la cabine de police. Le soleil l'aveuglait et le faisait tituber, plus encore que la fumée dans le TARDIS. Le Gallifréen finit par trébucher dans le sable chaud et s'écroula sur le matelas de sable. Il avait mal, il se sentait différent. Mais il devait se relever, ce n'était pas le moment d'avoir une crise post-régénérationnelle, pas alors qu'il était seul dans un désert qu'il supposa terrien par le goût des cristaux de quartz qu'il avait avalé et la pesanteur qu'il sentait dans l'air autour de lui. Oui, c'était définitivement la Terre, ou alors une planète jumelle à la planète bleue. Mais en mille deux cent ans de voyages spatio-temporels, il n'en avait jamais vu.

En tout cas, il était seul. Au milieu des dunes qui, il lui sembla, se dessinaient à l'infini. Il était piégé avec son TARDIS en feu comme Saint-Exupéry avec son avion et son moteur défectueux. Il n'allait pas attendre de rencontrer un petit extraterrestre pour l'aider, il n'avait jamais rencontré d'humain vivant seul sur un astroïde comme ce « petit prince »…

Le Seigneur du Temps se releva donc, malgré la douleur. Il s'épousseta le sable qui recouvrait sa chemise blanche noircie par les cendres et la fumée. Elle n'était pas déchirée, elle n'avait toujours aucun indice sur les causes de sa mort. Mais elle en avait sur sa nouvelle apparence. Il lui fallut un petit instant pour reconnaitre – ou plutôt ne pas reconnaitre- les drôles de plis qui s'offraient à son toucher alors qu'il essuyer sa chemise du sable qui s'y était collé. Elle se toucha rapidement le cou, comme elle l'avait déjà fait dans des moments comme ceux-là, alors qu'il était en plein effroi, et n'y trouva pour la première fois de sa longue vie aucune présence de cette glande gallifréenne semblable en tout point à la pomme d'Adam humaine. Elle cria, et entendre sa voix aigüe comme celle d'une femme, la fit hurler de plus belle, brisant le silence habituel de ce coin reculé du Sahara…