Hello ! C'est Lily ^^ Je sais : je n'ai pas encore fini ma première fic (pour laquelle j'ai d'ailleurs du retard), et pourtant j'en commence encore une autre. Mais j'ai eu une idée qui me plaisait bien alors j'ai eu envie de l'explorer un peu.:3 Quant à « Une question de fierté », il y aura bien un 6ème chapitre, pour boucler cette histoire guimauvesque au possible.
Sois dit en passant, j'aime bien la guimauve, mais au bout d'un moment les douceurs, ça donne mal au cœur, et le chocolat, mal au foie. (J'adoooooore le chocolat, mais c'est pas le problème). Donc, je vais essayer de passer dans cette fic à quelque chose d'un poil plus trash. Cette fois on retourne en Terre du Milieu et on se concentre sur Fili et Kili, et non plus sur Dean et Aidan. Je signale quand même que l'attaque de Smaug n'a jamais eu lieu dans cette fic. Les personnages ne m'appartiennent malheureusement pas ! Mais bon, avoir une armée de Nains à la maison risquerait d'être un peu encombrant !
Donc, cette fic ne sera pas forcément très marrante, parce qu'il s'agit tout de même d'inceste (même si on s'en fiche un peu parce que nos deux Nains préférés, c'est pas pareil. Comme dirait une pote « c'est un détail »!) et risque donc d'être assez hard par moments. Par précaution, encore une fois, je mets le rating maximum, au cas où. Des fois que mon imagination déborde !:3
Vu qu'il est tard, il y a sûrement des fautes ou des mots qui manquent, désolée d'avance !
Sur ce ! Bonne lecture 3
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« -Dis ! Attends ! Tu ne peux pas partir comme ça !
-Je suis désolée Thorin ! Je ne peux rester ici plus longtemps. Tout ici me le rappelle ! Tout ! Tu entends ?
Drapée dans sa robe noire rebrodée de blanc, Dis jeta un regard désespéré à son frère, les yeux débordants de larmes. Ses longs cheveux sombres étaient sévèrement tressés à l'aide de lacets noirs, et seules quelques mèches rebelles s'en échappaient, lui donnant un air à la fois noble et complètement perdu. Elle était très pâle, comme si la lumière du soleil ne l'avait plus atteinte depuis des années, et les seules touches de couleur sur son visage étaient les rougeurs qui auréolait ses yeux brillants. Toute sa figure trahissait son chagrin, sa fatigue, la tension extrême qui ne l'avait plus quittée pendant trop longtemps, et la lassitude qui la suivait inévitablement. Les sillons invisibles de larmes brûlantes et cruelles avaient marqué son âme au fer rouge, pour toujours.
Thorin, l'air navré et ne sachant que dire pour la réconforter, regarda sa sœur se cacher le visage dans ses mains. Cela faisait quatre mois jour pour jour que son époux, Valdir, avait perdu la vie dans une embuscade tendue par des orcs, lors d'une patrouille dans les montagnes. Ils étaient cinq Nains contre une trentaine de ces répugnantes créatures, et n'avaient aucune chance d'en réchapper indemnes. C'est alors que Valdir, en guerrier valeureux, s'était élancé dans la bataille pour faire gagner du temps à ses compagnons. Blessé de nombreuses fois, il avait résisté à l'épuisement du à la perte de sang et aux poisons des lames des orcs pour en occire le plus possible, et ainsi donner une chance aux autres Nains de s'en sortir. Les renforts étaient arrivés, quelques minutes plus tard, à temps pour ses compagnons. Mais pas pour lui.
Lorsque l'on avait ramené son corps à Erebor, un silence terrible était tombé sur la montagne, un silence respectueux, froid comme la mort, et qui résonnait cruellement aux oreilles de ceux qui l'avait aimé. Dis avait manqué s'écrouler, mais soutenue par son frère Thorin, elle n'avait pas émis un son. Seuls les pleurs de leurs deux enfants, fruits chéris de leur union, avaient finalement troublé cette austérité pesante. Le jeune Fili, les joues ruisselantes de larmes, s'était férocement débattu dans les bras de Dwalin pour aller réveiller le corps froid de son père, son père qu'il aimait tant, qui lui avait promis qu'il veillerait toujours sur lui et serait toujours là à ses côtés, pour sa famille. Ce père à la stature majestueuse, cette figure protectrice aux épaules si solides qu'elles auraient pu déplacer des montagnes. Fili qui, du haut de ses sept ans, ressemblait déjà tant à son père, avec son épaisse chevelure, blonde comme du miel, et ses yeux bleus à l'expression farouche. Fili qui avait refusé ce jour-là d'admettre la mort de son père. Fili qui avait hurlé ses larmes plutôt que de les laisser simplement couler comme sa mère. Fili, un enfant qui rencontrait la mort pour la première fois.
Quant au tout petit Kili, un bébé d'à peine deux ans, il avait serré ses minuscules poings blancs comme de la précieuse porcelaine et avait poussé de longs geignements, en écho aux sanglots de son frère. L'enfant, serré contre la poitrine de sa mère, avait gémit ainsi, sans lâcher des yeux le corps de Valdir, tendant ses petits bras vers lui sans parvenir à l'atteindre. Fili s'était finalement réfugié auprès de sa mère, s'agrippant désespérément à sa robe, et peu à peu, le peuple d'Erebor s'était rassemblé autour de la veuve et de ses enfants, partageant leur douleur.
Thorin se rapprocha doucement de Dis afin qu'elle sente sa présence près de lui, comme un appui, une épaule sur laquelle pleurer. Mais Dis n'était pas Naine à se lamenter interminablement, fusse auprès de son propre frère, et elle se ressaisit vite. Elle le regarda droit dans les yeux.
« -Je pars pour les Montagnes Bleues demain matin, déclara-t-elle.
-Si tôt ? Demanda Thorin.
-Oui. Père recherche quelqu'un pour y diriger l'exploitation des mines, et je pense être parfaitement qualifiée pour ce rôle. Cela m'occupera. « Et m'empêchera de penser ».
-Je ne doute absolument pas de tes qualités en matière de logistique, mais penses-tu qu'il sera d'accord ?
-Il l'est. Je lui ai demandé ce matin et ai préparé mes valises dès qu'il m'a accordé son approbation.
-Et les enfants ? Demanda Thorin.
Il venait de toucher une corde sensible. Dis amorça un mouvement pour se détourner, mais se retint. Et inspira difficilement avant de répondre à son frère.
« -J'y ai beaucoup réfléchis. Je prendrais Kili avec moi.
-Seulement Kili ?
-Oui, souffla Dis
-Tu vas te séparer de ton enfant ? Demanda Thorin d'un ton complètement perplexe. Tu vas séparer Fili et Kili ?
-Ecoute, commença tristement Dis, Fili est destiné à monter sur le trône un jour ou l'autre. Quand il atteindra sa majorité, il sera ton héritier. Laisse-moi finir Thorin ! Toi et moi savons bien que Thrain n'a pas le cœur à gouverner. Cette tache ne lui plaît pas, tôt ou tard il abdiquera, ce n'est un secret pour personne, même si notre père est sûrement l'un des plus grands rois qu'Erebor ait jamais connu. Notre grand-père aurait pu régner encore longtemps si la folie ne l'avait pas pris à ce point si fatidique. Mais le fait est que, dans quelques années, c'est toi qui montera sur le trône, et tu auras besoin de quelqu'un pour te seconder. Fili doit rester ici pour recevoir l'éducation qui sied à un prince hériter. De toute façon, je connais mon fils, il ne me laissera jamais l'emmener loin d'Erebor où son père est enterré.
-Et cela t'épargnera de voir grandir et s'étoffer un parfait sosie de ton défunt époux.
-...Thorin...c'est déjà assez dur comme ça...
-Je sais Dis. Mais c'est injuste.
-Tu crois que je fais ça par plaisir ? Quelle mère voudrait laisser ainsi son propre enfant ? C'est une véritable mutilation. Mais je crois que Fili sera mieux ici, sans voir sa mère pleurer tous les soirs et chaque fois qu'elle le regardera.
-Comme tu voudras, petite sœur. Je prendrais soin de lui.
-Je sais Thorin, chuchota Dis, je sais.
-Quand reviendras-tu ?
Elle se mordit les lèvres pour retenir ses larmes, secouant la tête pour s'empêcher de se laisser aller. Thorin la prit dans ses bras et la serra avec tout l'amour d'un grand frère, lui assurant que tout allait bien se passer. Lorsqu'ils se séparèrent, ils se sourirent tendrement et tristement. Puis Dis dit au revoir à son frère et se retira. Le Nain resta longtemps là, le regard fixé sur les portes closes, appréhendant le chagrin du petit Fili séparé de sa mère après avoir perdu son père.
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Les années passèrent. Un an, deux ans, trois ans, dix ans. Au début, Fili demandait inlassablement quand reviendrait sa mère. Mais la réponse était toujours la même et ne promettait jamais un retour imminent, alors le jeune Nain finit par ne plus poser la question. Il recevait parfois des nouvelles des Montagnes Bleues, mais cela n'enlevait rien au fait que sa mère et son frère lui manquait terriblement. Courageux, il renferma sa douleur sous le regard attentif de Thorin, qui s'évertua à l'élever le mieux possible, et de façon à ce qu'il ne manque de rien. Balin fut son précepteur.
Ainsi que l'avait prévu sa fille, au bout de vingt années, Thrain abdiqua. Thorin fut alors couronné roi sous la montagne, et sous son règne Erebor prospéra mieux encore qu'auparavant, en lien étroit avec les Montagnes Bleues, dont l'exploitation minière était de plus en plus florissante. Fili grandissait, étudiait avec ferveur, et fut bientôt initié au combat, pour la pratique duquel il montra tout de suite des dispositions particulières. Ambidextre, il devint bientôt un excellent guerrier, qui fit la fierté de Thorin. Mais jamais, durant toutes ces années, il ne revit ni sa mère ni son frère.
Trente ans, quarante ans, soixante ans, quatre-vingt ans passèrent.
Au mois de janvier de la quatre-vingtième année, Thorin reçut une lettre de sa sœur, qui le ravi. Il appela aussitôt son neveu, qui se présenta bientôt devant lui.
« -Ta mère rentre à Erebor, lui annonça-t-il avec un grand sourire, avec Kili...
-Pour sa majorité, qui est en février, devina Fili.
-Exact. Tu t'en es souvenu, remarqua Thorin d'un air complice.
Le blond ne répondit pas.
-Fili, ta mère revient après...
-Quatre-vingt ans d'absence. Tant mieux pour elle.
-Fili...
-Cela fait quatre-vingt ans, mon oncle ! Quatre-vingt ans que je ne l'ai plus vue !
-Je sais Fili...
-Quatre-vingt ans qu'elle est partie en emmenant mon petit frère et en me laissant ici !
-Essaye de comprendre...
-Mais j'ai essayé ! Répliqua le jeune Nain, j'ai essayé ! Mais comment comprendre la solitude, les murs froids et l'absence d'une mère quand on est un enfant ?
-Ta mère ne l'a pas fait de gaieté de cœur, crois-moi...
-Et Kili ? A-t-il jamais cherché à me revoir ? Se souvient-il seulement de mon visage ? Il avait deux ans ! Mère lui a-t-elle seulement parlé de moi ? Sauf votre respect, mon oncle, mais je ne vais pas faire de grands sourires lorsqu'ils passeront la porte d'Erebor, et je ne rechercherais pas leur compagnie !
Sur ces mots, il s'inclina et tourna les talons. Thorin soupira.
En un sens, la colère de son neveu était parfaitement compréhensible, car la décision de Dis avait été très injuste. Fili avait été abandonné, en partie à cause de sa ressemblance avec son père, alors que son petit frère avait grandi aux côtés de sa mère, sans soucis, sûrement choyé et aimé comme n'importe quel enfant Nain. On pouvait donc comprendre que Fili éprouve du ressentiment envers sa mère et son frère.
Thorin relut encore une fois la lettre de sa sœur.
Cher frère,
J'attends ce moment depuis longtemps. Enfin je peux t'écrire : nous rentrons. Car oui, Kili et moi nous mettrons en route pour Erebor dans quelques jours, pour enfin vous retrouver, Fili et toi. Comme tu le sais, Kili fêtera ses quatre-vingt ans en février, ce sera l'occasion de faire se retrouver mes fils. Si tu savais comme vous m'avez manqué. J'ai hâte de voir quel valeureux Nain est devenu mon Fili, et j'espère qu'il ne me tiendra pas trop rigueur de ces années passées loin de lui.
Nous serons à Erebor dans quelques semaines.
Je vous embrasse tous les deux de tout mon cœur.
Dis
Les retrouvailles allaient être musclées.
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Durant les jours et les semaines qui suivirent, Thorin observa Fili devenir plus tendu qu'un lion en cage. Le jeune prince se défoulait comme un fauve aux entraînements, et en faisait baver à son oncle et à Dwalin, son maître d'arme , ainsi qu'à ses camarades de la garde royale.
Il parvenait, en se concentrant un moment, à invoquer en lui le souvenir du visage de sa mère, non pas telle qu'elle était représentée sur les portraits d'Erebor, mais telle qu'il l'avait vue la dernière fois. Il se rappelait d'une femme triste, au visage blanc comme la neige et toute habillée de noir. Quant à son frère, un bébé comme les autres, qui n'avait plus de visage.
Cette future rencontre le mettait dans un état d'énervement permanent, tel qu'il parvenait à peine à dormir, et passait ses nuits à ruminer de sombres pensées, allongé sur le dos, fixant le plafond de sa chambre.
Au bout de deux semaines, alors que Dis et Kili ne devaient plus être loin d'Erebor, Fili ne tenait plus en place. Il ne prenait même plus la peine de se mettre au lit le soir, et finissait par s'endormir quelques petites heures par nuit, dans un fauteuil ou affalé sur un livre d'histoire ou de commerce. Thorin le retrouvait ainsi à l'aube dans la bibliothèque, tous les matins. Irrité, il essayait à chaque fois de l'envoyer se reposer, mais Fili refusait obstinément, et repartait s'entraîner comme une furie.
Finalement, un soir où la compagnie de ses livres ne l'enchantait guère, Fili décida d'aller se dépenser d'une autre manière. Certains des jeunes soldats qui s'entraînaient avec lui, trois jeunes Nains nommés Inor, Treïn et Frey avaient prévu d'aller passer la soirée -ou la nuit- dans une taverne fréquentée, au cœur de la ville, afin de boire pintes sur pintes et de faire d'y rencontres...intéressantes. Il ouvrit son armoire, d'où il sortit une tunique bleue brodée de fil d'argent, ainsi que des braies noires, qu'il enfila lestement. Les vêtements lui allaient près du corps, mettant en valeur ses muscles et sa carrure qui faisaient de lui un Nain particulièrement bien bâti. Fili n'était pas du genre à se vanter ou à apprécier la flatterie, mais il se trouvait un air particulièrement avenant, avec ces vêtements qui mettaient en valeur son regard perçant. Ses cheveux et sa barbe de miel doré étincelaient, artistiquement tressés et parsemés de perles d'argent. Il sourit en repensant aux temps où son père était encore vivant, se disant qu'effectivement, il retrouvait certains de ses traits en lui. Mais se rappeler son père amena inévitablement d'autres souvenirs beaucoup moins agréables, et Fili les chassa froidement de son esprit. Il préféra se concentrer sur la soirée qu'il allait passer. Peut-être pourrait-il enfin trouver le sommeil après cela. Il se saisit de son manteau, car l'air était frisquet même à l'intérieur de la montagne, et rejoignit ses camarades, sans prendre la peine de prévenir son oncle. Si Thorin avait appris où allait Fili, il serait entré dans une colère noire.
Lorsqu'ils arrivèrent à proximité de la taverne du Sanglier d'Or, ils purent se rendre compte qu'ils arrivaient à point nommé. L'ambiance était à son comble, la grande salle pleine de rires et de musique. Les quatre Nains se frayèrent un chemin parmi les soûlards, remarquant au passage qu'il n'y avait que très peu de Naines, trop raisonnables pour venir se faire des concours de boissons ou pour dénicher des amants d'un soir. Les Nains quant à eux ne se gênaient ni pour l'un ni pour l'autre, et les nombreuses chambres que comptaient la taverne étaient presque toutes occupées. Et c'étaient plus ou moins ce genre de choses que recherchaient ces jeunes Nains, qui découvraient à peine les plaisirs de la vie, comme disait Monsieur Dwalin en habitué, mais qui, Durin merci, n'était pas là ce soir. Fili espérait sincèrement se dégoter un ou deux Nains à se mettre sous la dent, se prendre une bonne cuite et peut-être enfin réussir à dormir.
Ils s'assirent tous les quatre à une table où se trouvaient quelques Nains déjà ronds comme des barriques, et les invitèrent à boire avec eux. Très vite, Inor « échangea » avec une Naine très entreprenante et Treïn se fit carrément harponner par un Nain particulièrement fougueux. Fili et Frey, quant à eux, jouaient à celui qui boirait le plus de bières et riaient comme des poissonniers en tapant sur la table, complètement faits l'un comme l'autre. Bientôt ils furent rejoins par plusieurs Nains très intéressés qui entreprirent de discuter avec eux de manière approfondie. Deux Nains s'approchèrent et invitèrent Fili à danser, qui accepta tout naturellement, mais ne parvint pas à faire trois pas avant de se casser joliment la gueule. En riant, les deux Nains le relevèrent. L'un avait une forte carrure et un rire gras, l'autre des cheveux châtains et un sourire aguicheur.
« -Bah alors ma mignonne, on perd l'équilibre ?
-Viens sur mes genoux, mon gaillard, va pas te casser la gueule encore une fois !
-C'est qu'elle te va bien cette chemise. T'es sacrément bien foutu !
-Tiens ! Reprend une bière !
Fili se retrouva alors, complètement soûl, entre deux bonhommes très émoustillés, assis sur les genoux de l'un tandis que l'autre l'embrassait à pleine bouche. Les deux Nains avaient des mains rapides et baladeuses, et la température montait rapidement en eux alors qu'ils réalisaient qu'elle perle rare ils venaient de dégoter là.
« -Eh ma beauté c'est quoi ton nom ?
-Tu voudrais pas monter à l'étage dis ?
-Tu sais quoi ? Je crois qu'on va bien s'amuser tous les trois...monté comme tu es...
-Allez viens mon beau, tu vas prendre cher...
Les deux Nains tentaient peu à peu de l'attirer dans l'escalier, tellement impatients et excités qu'ils commençaient déjà à tirer sur les lacets de sa tunique et de ses braies. Leur vulgarité finit par réveiller une petite sonnette d'alarme dans la tête de Fili, qui devint de plus en plus forte, alors que les deux gaillards devenaient de plus en plus pressants, dans les deux sens du terme. Un éclair de lucidité frappa tout à coup son esprit, alors qu'il réalisait ce qu'il se passait, et ce qu'il allait se passer s'il ne faisait rien. Mais surtout, il ne voulait pas que cela arrive, il ne voulait plus. Ses premières intentions avaient été de s'amuser, mais cette situation lui semblait devenir terriblement malsaine. « Mais qu'est-ce que je fabrique ? Qu'est-ce que c'est qu'ces deux pots de colle ? ». Il tenta de résister, de ne pas se laisser entraîner, mais les deux nains commençaient à sérieusement s'impatienter, et décidèrent de ne pas attendre d'atteindre une chambre. Au lieu de cela, ils tirèrent le blond à l'ombre de l'escalier, ne se rendant même pas compte que le jeune Nain essayait de se défaire d'eux. Fili commençait sérieusement à paniquer alors que le Nain aux rire gras se plaquait contre son dos pour saisir le tissu bleu à pleines mains et le remonter sur sa poitrine, tandis que l'autre lui écartait les jambes afin de s'y glisser, frottant son érection bien réveillée contre l'entrejambe du blond. Horrifié, l'esprit de Fili dessoûla d'un coup, et rua furieusement, mais son corps était tellement engourdi qu'il réagit à peine lorsque des mains rudes se posèrent sur ses hanches pour faire descendre ses braies. Seuls ses yeux témoignaient de sa peur et de son dégoût. Il tenta d'articuler des protestations, mais sans grand succès.
« -Non...stop...
-Bah alors mon beau, on se défile ?
-Tu vas voir, tu vas adorer ça !
-Arrêtez...non ! Stop ! Stop !
Voyant que les deux Nains n'avaient pas du tout l'intention de s'arrêter, Fili tenta d'appeler à l'aide, mais tous les Nains présents dans la salle étaient bien trop occupés par leurs propres affaires pour lui porter secours. Il avait terriblement honte. Lui, Fili, Prince Héritier d'Erebor, allait se faire violer comme une vulgaire catin, dans l'ombre d'un escalier, par deux Nains ronds comme des barriques et ignorant même qui il était. Que dirait Thorin s'il le voyait dans cet état lamentable ? Le prince sentit des larmes de rage lui monter aux yeux. Quand soudain...
« -Hey les gars, lança une voix devant lui, vous êtes sourds ? Il vous a dit non !
Immédiatement, Fili sentit le poids entre ses cuisses disparaître, en même temps que retentissait un cri indigné.
« -Mais qu'est-ce que... !
Blang ! Crac ! Un bruit de chute et de bois qui se brise. Ce salopard avait du atterrir dans un mur. Bien fait pour sa gueule. Quand au deuxième, il s'enfuit piteusement, ou tenta de s'enfuir, car l'inconnu lui envoya un grand coup de pied dans le derrière qui le fit s'étaler ridiculement sur une table au milieu des poivrots. Arrivant à peine à y croire, Fili se redressa péniblement en réajustant ses habits, tanguant légèrement sur le parquet rugueux.
« -Tout va bien ? Lui demanda son sauveur, ces deux-là étaient sacrément chauds dis-donc ! Tu devrais faire attention ! Les vêtements aguicheurs et l'alcool ne font pas bon ménage quand on est en compagnie de soûlards comme ceux-là !
La voix était à la fois grave et claire, enjouée, et sonnait agréablement aux oreilles de Fili. Le Nain l'aida à revenir dans la grande salle et à s'asseoir sur un banc, et le blond put alors découvrir à quoi il ressemblait. Il était plus jeune que lui apparemment, car il avait très peu de barbe. Ses cheveux noirs bouclaient sur ses épaules et étaient partiellement retenus en arrière par une simple pince d'argent. Quelques mèches d'une ancienne frange d'enfant parsemaient son front. Il était vêtu d'une simple tunique bleu marine et de braies marron. Fili eut un choc en croisant son regard. Chaleur, amitié, curiosité, vivacité et insouciance se mêlaient dans ce regard couleur chocolat, et lui communiquaient la véritable joie de vivre qui habitait ce jeune Nain. Il lui plût tout de suite, avec ses grands yeux, ses sourcils fournis et son immense sourire. Irrémédiablement attiré par lui, il n'arrivait pas à articuler les mots de remerciements qui lui brûlaient la gorge. Ce fut le jeune Nain qui parla, toujours avec ce grand sourire.
« -Bah alors ? T'as perdu ta langue ?
-...
-T'es complètement bourré en fait, rit le jeune Nain, allez viens ! J'ai repéré une fontaine dehors, ça va te dessoûler !
Fili secoua la tête en repoussant le Nain qui se levait pour l'aider. Il ne voulait surtout pas que quelqu'un le reconnaisse et le voit dans cet état. Il avait déjà assez honte comme ça !
« -Je préférerais...monter..., articula le blond.
-Tu plaisantes ? Demanda le jeune Nain, sincèrement perplexe, tu sais ce qu'il font là-haut ?
-Pas pour...mais...fatigué...bourré...c'est pas une bonne idée d'aller dehors...
-Je vois...hésita le brun, bon je vais demander une clé au tavernier, surtout ne bouge pas d'ici !
Fili hocha la tête alors que le Nain sautait sur ses jambes, leste comme un cabris. Le blond remarqua qu'il était plutôt grand pour un Nain, et ne le quitta pas des yeux alors qu'il slalomait entre les tables, esquivant adroitement les Nains trop collants et les pintes de bières. Il avait une drôle de manière de se déplacer, à la fois pataude et assurée. Fili sourit. Ce Nain lui plaisait décidément beaucoup. Et encore plus lorsqu'il revint, une clef dans la main et une énorme pinte remplie d'eau froide dans l'autre, qu'il tendit au blond. Avec un regard de remerciement, Fili vida la pinte en quelques gorgées, ce qui lui fit un bien fou.
« -Déjà ? S'étonna le brun, t'as une sacrée descente !
Puis il aida Fili à se relever et à se hisser dans l'escalier. Le prince se sentait déjà moins engourdi, et put grimper tout seul, suivit par le plus jeune, qui ouvrit une porte dans le couloir. Ils pénétrèrent tous deux dans une chambre petite mais confortable, au centre de laquelle trônait un grand lit. Immédiatement, le jeune Nain s'élança pour tester le moelleux, riant aux éclats sous le regard amusé
du blond, qui se sentait soudain l'envie de le rejoindre.
Son vis-à-vis pris soudain conscience que son comportement n'était peut-être pas très exemplaire, et il se releva très vite, amorçant un mouvement pour sortir
« -Désolé, dit-il, je ne réfléchis pas trop avant d'agir. Je vais te laisser, tu dois sûrement vouloir te reposer.
-Non, tu peux rester, si tu veux.
-Je ne voudrais pas te déranger...
-Tu plaisantes ? Tu viens de sauver mon honneur et tu crains de me déranger ? Reste je t'en prie.
-Bon comme tu veux, sourit le plus jeune.
Fili lui sourit en retour, ne trouvant que dire d'autre. Le silence revenu leur révélait à tous deux les cri et gémissements enthousiastes de leurs voisins, un peu étouffés par les cloisons de pierre. Le brun commençait à s'agiter, un peu mal-à-l'aise sous le regard pénétrant du Nain, et finit par aller ouvrir la fenêtre, prétextant qu'on étouffait dans cette chambre.
« -Tu es un Nain étrange, dit soudain Fili.
-Ah ?
-Oui.
-Pourquoi dis-tu cela ?
-Tu viens de me sauver la mise. Tu pourrais donc exiger de moi ce que tu voudrais, et pourtant tu ne le fais pas.
-Tous les Nains ne sont pas avide de chair fraîches, plaisanta le jeune Nain pour cacher son rougissement.
-Quel âge as-tu ?
-Soixante-dix-neuf ans., bientôt majeur ! Affirma fièrement le brun.
-Et tu n'as jamais été amoureux de quelqu'un ?
-Excuse-moi, mais...euh...je dois y aller, dit précipitamment son vis-à-vis en se dirigeant vers la porte, ravi de t'avoir ren...Hé !
Fili, le prenant de vitesse, s'était mis devant la porte, lui barrant le passage.
« -Pardon pour toutes ces questions, je t'ai mis mal-à-l'aise.
-...laisse-moi passer.
-S'il-te-plaît, reste encore un peu...
-Ma mère va gueuler si je ne suis pas rentrée avant l'aube. Elle croit que je dors sagement dans mon lit.
-Tu es presque majeur, c'est toi qui l'as dit. Assume, sourit Fili, que faisais-tu dans une taverne comme celle-ci ?
-Je voulais découvrir un peu la ville.
-Tu n'es pas d'ici ?
-Non.
-C'est sûrement ce qui fait ton charme, remarqua légèrement Fili.
-Quoi ?
-Tu es très attirant tu sais.
-Je crois que tu n'es pas encore assez sobre.
-Pardon, pardon...dit le blond en secouant la tête, je ne sais pas y faire avec les mots. Quand il s'agit de régler des affaires diplomatiques, là j'ai tout ce qu'il faut. Mais quand c'est moi qui parle et plus le prince, c'est le bordel...
-Tu es prince ? S'étonna le brun.
-...Non je..
« Mais quel idiot ! ».
-On me la fait pas à moi, sourit le plus jeune. Maintenant que tu le dis, c'est vrai que tu es différent de tous ces soûlards.
-Quoi, tu me prenais pour un banal soûlard ?
-Bah t'étais un Nain bourré de plus au milieu d'une armée de Nains bourrés, quoi.
-D'accord, dit le blond en se mordant les lèvres. Sache que la première image que tu as eu de moi n'est pas la bonne. Je suis un poil plus digne habituellement.
-Mais bien foutu quoi qu'il arrive, rit le plus jeune.
-...je te plais ?
Le jeune Nain, réalisant ce qu'il venait de dire, devint tout à coup très pâle alors que le regard de Fili s'assombrissait dangereusement.
« -Euh non ! Je n'ai pas dit ça !
-Pardonne-moi, c'est ce que j'ai compris..., murmura le blond en se détachant de la porte et en avançant vers le Nain.
Ce dernier, ne sachant plus ou se mettre, recula alors que le fauve devant lui avançait, ne parvenant pas à le lâcher des yeux. Tout à coup, il sentit une résistance derrière son pied. Il voulut forcer et amena son autre pied, perdit l'équilibre et tomba en arrière...sur le lit. « Oups ». Immédiatement, Fili le plaqua contre le matelas, se glissant ses jambes avec douceur, pour ne pas trop effrayer sa proie « Faut pas pousser quand même ». Raté, car le jeune Nain était absolument mort de peur, rougissant et bafouillant à n'en plus finir, se débattant comme un diable pour s'échapper de l'étreinte du blond. Ce dernier lui parla doucement pour le rassurer, désolé et furieux contre lui-même de montrer si peu de délicatesse.
« -Lâche-moi !
-Attends, je ne connais même pas ton nom...
-Si tu crois que je vais te le dire, tu te fourre le doigt dans l'œil !
-Calme-toi, écoute-moi...
-Ta gueule ! Cria le brun. Tu vaux pas mieux que les autres ! Même si t'es prince, t'es juste un soûlard de plus ! Alors maintenant lâche-moi !
-Non !
-Pardon ? Grogna le brun.
-Je sais que la manière dont je te traite à cet instant n'est pas une façon de te remercier, mais il faut que tu m'écoute ! Tu..es vraiment un Nain incroyable. Je sais ce que tu te demandes : comment puis-je dire ça alors que je ne te connais pas...mais le fait est que tu m'as littéralement tapé dans l'œil depuis tout à l'heure...et j'aimerais sincèrement apprendre à mieux de connaître.
-T'as une drôle de façon de montrer aux gens qu'ils te plaisent, gronda le brun en haussant un sourcil.
-Je te l'ai dit...je ne sais pas exprimer mes sentiments.
-Disons que tu le sais, mais que c'est explosif, plaisanta le Nain en dessous de lui.
Fili haussa les sourcils, surpris de la capacité qu'avait le jeune Nain à passer de la rage à la bonne humeur, ce qui le séduisit encore plus. Bientôt, rien que la manière de respirer du brun lui semblerait séduisante...si ce n'était déjà le cas.
« -Et donc...demanda le Nain...tu continues où tu te relèves ?
-A ta guise...
-Si ça ne te gêne pas...je préférerais faire mieux connaissance, comme tu dis...avant de passer au sport de chambre...si sport de chambre il doit y avoir ! Ajouta-t-il précipitamment et en rougissant fortement.
En riant, Fili se releva et aida le brun à faire de même.
« -Je vais vraiment devoir y aller. L'aube n'est pas loin.
Le jeune Nain s'avança vers la porte.
« -Attends !
-Quoi ?
-Comment être sûr que je te reverrais ? Demanda Fili.
-Tu veux un gage de bonne foi ?
Le blond ne répondit pas, ses yeux parlant pour lui. Alors le jeune Nain, rouge comme une pivoine, s'approcha de lui et, fermant adorablement les yeux, déposa un minuscule baiser sur sa joue, avant de s'enfuir dans l'escalier comme un voleur.
Fili ne connaissait toujours pas son nom.
