Ce recueil a été écrit pour Picotti, joyeux Noël Picou !


A COMME… AMOURS

Remus se regarda dans la glace. Il palpa son visage, à gauche, à droite, puis grimaça. Il avait encore une bosse là. Et un bleu n'allait pas tarder à apparaître ici. Il allait finir jaune, puis violacé, ça allait être magnifique encore, tiens.

On ne pouvait pas dire qu'il avait tellement de chance. Il s'amochait souvent. Il se détailla encore un peu. Il évitait habituellement de le faire, cela lui mettait le moral à zéro, mais là, il se sentait attiré par son reflet. Il avait besoin de le voir, pour une fois. Un visage bien amoché donc, des cheveux châtain clair qui tombait sur sa mâchoire et grisonnait un peu. Des yeux quelconques et une bouche assez fine. Il descendit.

C'était là que ça faisait mal. Autant il avait une assez belle gueule d'après ce qu'on lui disait, autant le reste était assez misérable. Ses épaules étaient carrées, mais il avait si peu de graisse qu'il ne devait pas avoir beaucoup plus de muscles. Il était mince, trop, maigre même. Des cicatrices barraient son torse légèrement velu. On ne pouvait pas dire que c'était d'un charme ravageur. Ses jambes étaient à peu près dans le même état.

Bon, d'accord. Il n'était pas trop mal doté niveau biscuit. Enfin comment voulez-vous attirer une fille avec un corps aussi couturé que celui de Maugrey Fol Œil ? Non pas qu'il n'aime pas le personnage hein, il lui était assez sympathique quand il faisait beaucoup d'efforts, mais ça n'était pas vraiment un canon de la beauté.

D'ailleurs, c'était bien simple, il n'était pas sorti avec beaucoup de femmes. A Poudlard déjà, elles n'avaient pas été bien nombreuses, celles qui avaient osé l'approcher. Il n'avait pas la classe mystérieuse de Sirius, pas le bagout de James, c'était certain. Il était plutôt taciturne, plutôt réservé, plutôt effacé. Et puis il était devenu préfet, une raison de plus de ne pas vouloir de lui. Trop dangereux.

Il y en avait bien eu une ou deux. Elles étaient gentilles, elles étaient chez Serdaigle ou Poufsouffle, s'il se souvenait bien. Une blonde et une brune. Toutes deux l'avaient aimé, du moins, c'était ce qu'il croyait. La première l'avait vraiment aimé en tout cas, il en était sûr, elle était éperdument amoureuse même. Il en avait été tellement gêné, de ne pas pouvoir lui rendre tout ce qu'elle lui donnait, qu'il avait fini par la quitter.

La seconde… eh bien la seconde ne cherchait qu'à atteindre Sirius à travers lui. Comme si ça allait fonctionner. Ne savait-elle donc pas qu'ils étaient trop amis pour se faire ça ? Quand Remus l'avait compris, il avait pourtant dit au brun qu'il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait, qu'il s'en fichait. Son ami l'avait traité d'idiot et superbement ignoré la fille. Et pourtant, elle était diablement jolie, tout à fait à son goût.

Elles avaient été les seules à risquer de se montrer à ses côtés, les seules à tenter leur chance. Les autres n'avaient pas dû le trouver assez à leur goût, assez attirant, pour vouloir de lui. Elles avaient sans doute raison. Il n'était pas vraiment un bon parti, elles étaient bien mieux avec les autres jeunes hommes de son âge, ça n'était pas ce qui manquait.

Sans compter tous les secrets qu'il traînait avec lui. Tout ce qu'il refusait de dire. Tout ce qu'il cachait. Comment leur dire, aux quelques-unes qui se risquaient à le séduire, qu'il était bardé de cicatrices ? Comment leur expliquer qu'elles séduisaient un monstre ? Comment leur expliquer qu'il risquait de leur arracher la tête d'un coup sans y faire attention si la bête prenait le dessus ? Comment leur dire qu'il ne les méritait pas ? Comment leur dire qu'elles étaient trop bien pour lui ? Comment rester auprès d'elle quand il devait fuir ?

Alors oui, c'était vrai, il avait fui. Souvent. Alors qu'il traînait dans un bar, et qu'une fille l'approchait, il discutait avec quelques minutes, avant de se rendre compte de son manège, et de fuir. Il était lamentable. Et elles devaient le trouver lamentables, toutes. Certains se seraient noyés dans les conquêtes pour oublier leur monstruosité, lui n'y arrivait même pas.

Il n'arrivait même pas à coucher avec toutes ces filles qui l'attiraient. Il se l'interdisait. Sa conscience le lui interdisait. Il n'avait pas le droit de les toucher, pas le droit de les souiller, pas le droit de les abuser. Il n'avait pas le droit de leur mentir, et ne pouvait leur dire la vérité.

Il n'avait pas le droit d'exister, alors qu'en était-il du droit d'aimer ?