Bonjour à tous ! Voilà près d'un an et demi que je n'ai pas publié sur ce site, du moins rien de nouveau, et je suis de retour avec cette nouvelle fic.

Pour ceux qui me suivent depuis le Pacte de Lune – déjà merci d'être toujours là ! – j'avais parlé de cette idée dans mon avant dernier chapitre. Mes études ont fait que je n'ai pas osé publier avant sur cette histoire de peur de ne pas pouvoir tout assumer en même temps, seulement sans la pression d'une deadline je n'écris plus comme je le voudrais. Je prends donc le risque de publier cette histoire avant d'avoir fini de l'écrire, comme le Pacte de Lune, pour me donner des objectifs à tenir. Il s'agit d'une fiction policière toujours dans l'univers d'Harry Potter. Rassurez-vous, l'ensemble de l'intrigue est déjà pensé, il ne reste plus qu'à l'écrire :p

J'attends avec impatience vos premiers retours même si le premier chapitre vous laissera certainement un peu sur votre faim en attendant le prochain. J'espère pouvoir publier toutes les deux semaines et me tenir à ce rythme, il est toutefois possible, en fonction de mes résultats, que cela change.

J'espère que ce premier chapitre vous plaira !

Bonne lecture !

Mark Boyless retira sa tasse juste avant qu'elle ne déborde. Il se maudit une nouvelle fois de ne pas avoir pensé à emmener une autre tasse au bureau. Une tasse assez grande pour ne pas qu'il risque une brûlure au troisième degré à chaque fois qu'il avait besoin d'un café.

Il nettoya rapidement la machine à café avant de rejoindre son bureau.

Il déposa rapidement la tasse sur ce dernier avant de se retourner pour fermer la porte. Il avait toujours eu besoin de se sentir isolé des autres lorsqu'il finalisait un rapport.

Le reste du temps, au contraire, Mark aimait sentir l'ambiance du commissariat de police où il travaillait. Les petits bruits des allées et venues, celui de la photocopieuse, des agrafeuses, ou encore des discussions étouffés par les cloisons le réconfortaient grandement.

Néanmoins, il avait besoin de se concentrer au maximum pour mettre un point final à ce rapport et il ferma la porte en donnant un petit coup d'épaule pour s'assurer qu'elle ne se rouvrirait pas d'elle-même. L'affaire avait été rapidement résolue et le suspect mis en garde à vue dans l'attente de sa comparution devant le juge mais il fallait passer par le remplissage de toute la paperasserie avant qu'elle ne soit définitivement terminée.

Lorsqu'il eut terminé le rapport et après l'avoir relu rapidement, il cliqua sur la petite imprimante sur son écran et se leva pour aller réceptionner les pages qui sortaient quelques pas plus loin. Il prit le petit paquet de feuille, les tassa contre le bord de son bureau pour s'assurer qu'elles étaient bien assemblées, puis il les agrafa et les rangea dans un intercalaire de couleur rouge qu'il déposa dans l'angle de son bureau, bien aligné avec les contours de ce dernier.

C'est l'instant que choisit le commissaire Steve Bauman pour pénétrer dans son bureau après avoir toqué à la porte. Le commissaire n'attendait jamais que l'on réponde par l'affirmative.

Le chef du commissariat était un ancien commando des forces spéciales britanniques qui avait réussi sa reconversion dans la police après sa première carrière. Désormais plus âgé, il était à la tête du commissariat depuis une demi-douzaine d'années. Ses cheveux gris étaient coupés courts, à la militaire comme il le disait régulièrement, et ils contrastaient parfaitement avec le noir de sa peau.

-Boyless ! On en est où de l'affaire Lee-Shin ?

-Je viens de sortir le rapport.

-Ok, du coup je t'envoie sur le terrain… On a un mort sur Robert Street près de Regent's Park. On a une patrouille sur place, prends des gars en partant.

-Reçu !

Bauman avait déjà disparu, certainement dans une autre pièce en train de donner des ordres, le temps que Mark récupère son arme de service dans le premier tiroir de son bureau.

Mark se saisit de sa veste sur le porte-manteau situé à l'entrée de son bureau et traversa à grandes enjambées le commissariat.

Le commissariat où travaillait Mark se situait entre la Tamise et la gare de King's Cross. Il comprenait outre le commissaire qui en était le chef, une demi-douzaine d'inspecteurs en chef, une bonne vingtaine d'inspecteurs et une centaine de de sous-officiers.

Les policiers étaient toutefois tous spécialisés dans des domaines particuliers et Mark appartenait au Département d'Investigation Criminelle. Il s'agissait de la section de la police spécialisée dans les enquêtes criminelles dont Mark était un des trois inspecteurs en chef de son commissariat.

Il fit un signe à un des inspecteurs sous ses ordres de le rejoindre. Thomas Peak le rejoignit et Mark le briefa rapidement sur leur destination.

Le commissariat possédait un étage où ils se trouvaient. Tous les bureaux des inspecteurs en chef étaient des espaces clos et faisaient le tour du premier étage laissant une place assez importante au centre où se trouvaient la machine à café, des bureaux où les autres inspecteurs pouvaient travailler, passer des appels ou faire le point sur une enquête et les différents tableaux retraçant les enquêtes en cours. Il y avait également une pièce fermée un peu plus grande que les bureaux des inspecteurs en chef à côté du bureau du commissaire Bauman qui servait aux réunions.

Mark passa devant différents tableaux avec les affaires en cours et y jeta un coup d'œil par habitude.

Il atteint le rez-de-chaussée où il vit de nombreux agents autour d'un verre de café. Il n'était pas neuf heures et la matinée avait visiblement été assez calme.

-Gingson et Shawn avec moi.

Deux des agents se dépêchèrent de terminer leur verre et saluèrent rapidement leurs collègues avant de le rattraper alors qu'il se dirigeait vers une voiture de service dont il venait de demander les clés.

Les deux hommes étaient de bons professionnels dont Mark appréciait le sérieux. Ils étaient plus âgés que lui et avaient accepté sans trop de problème son autorité dès son arrivée au commissariat. Mark avait en effet suivit des études qui lui avait permis d'entrer dans la police immédiatement au grade d'inspecteur où il avait effectué deux ans au service de la police de voisinage avant de passer sur dossier au Département d'Investigation Criminelle.

Il avait été immédiatement reçu, son dossier plaidant pour lui, et c'est comme cela qu'il avait travaillé par la suite sous les ordres d'un détective en chef qui était depuis parti à la retraite. Cela faisait désormais un an qu'il était devenu enquêteur en chef. Sa promotion avait été rapide et nombreux avaient été ceux qui regardaient d'un mauvais œil la progression fulgurante du jeune homme.

Les agents n'avaient pas tous été ravis de se retrouver sous les ordres d'un gamin dont ils pouvaient être les pères. Mark n'avait que 30 ans et il était le plus jeune détective en chef que le commissariat n'ait jamais vu.

Peak alluma le moteur de la voiture banalisée, suivit par les deux agents dans une voiture de police.

Les gyrophares allumés les deux voitures traversèrent la ville rapidement pour se retrouver sur le lieu prévu quelques minutes plus tard.

Mark se dirigea vers les gyrophares qui clignotaient un peu plus loin. Un cordon de sécurité avait été dressé et des agents maintenaient à l'écart les curieux.

Il se rapprocha avec sa petite équipe de la petite ruelle sombre qui était perpendiculaire à une rue plus passante. C'est là qu'il vit le corps de leur victime appuyé contre le mur, le médecin légiste en train d'effectuer les premières vérifications.

-Salut Richard, qu'est-ce qu'on a ?

Le légiste se redressa.

-Excellente question, voilà tout ce que je peux dire, c'est un homme d'une quarantaine d'année et d'après la température et la rigidité corporelle notre victime est morte entre 1 et 3 heures du matin.

-Un peu frais pour se balader nu… Remarqua Thomas Peak en observant le corps dénudé de l'homme.

-Oui et aucune marque permettant de déterminer la cause de la mort… Pas de coups, pas de blessures visibles.

-Possible qu'on lui ait enlevé ses vêtements après le décès ?

-Aucune idée, je ne vois rien qui permette d'affirmer s'il s'agit d'un homicide ou d'une mort naturelle…

-Ok je te laisse continuer ton boulot… J'attends ton rapport, conclut Mark en jetant un dernier regard au macchabé.

Il se retourna vers son équipe et leur fit signe de le suivre jusqu'au cordon de sécurité. Il se rapprocha d'un des agents surveillant l'accès à la ruelle et le salua.

-Détective en chef Boyless, on sait qui a donné l'alerte ?

L'agent le salua précipitamment.

-Agent Monroe, inspecteur ! C'est le monsieur là-bas, qui nous a prévenu, Sean Rickard, il tient la supérette.

-Il a dit quelque chose ?

-Non, seulement qu'il devait ranger sa livraison…

-Ok…Gingson et Shawn vous me faites le tour de tous les curieux et des maisons aux alentours. Quelqu'un a peut être vu ou entendu quelque chose cette nuit… Peak tu me refais un tour dans la ruelle, histoire de bien vérifier que les docs ne sont pas passés à côté de quelque chose… Je m'occupe d'interroger monsieur Rickard.

Une fois ses ordres donnés, Mark se dirigea vers la supérette et y pénétra. Le gérant le salua un peu plus loin dans la boutique, occupé à ranger des boîtes de céréales.

-Monsieur Rickard…

-C'est bien moi, fit le commerçant en se redressant.

-Inspecteur en chef Boyless, je suis en charge de cette affaire, fit Mark en sortant son écusson.

-Bonjour…

-Vous avez prévenu la police de la présence de la victime… Quand l'avez-vous découverte ?

-Hum, il devait être 8 heures passé… J'étais en train de maudire mon fournisseur de son retard. Comment voulez-vous que je rentre l'ensemble de la livraison à cette heure-là alors que j'ai déjà des clients ?!

-Votre fournisseur était en retard ? L'encouragea Mark.

Il avait découvert au fur et à mesure des années que les déclencheurs d'alerte donnaient toutes les informations qu'ils avaient sans qu'il y ait besoin de trop les brusquer si on les laissait parler de ce dont ils avaient envie.

-Oui… Normalement il est là vers 6h30-7h. J'ai le temps de tout ranger à l'arrière et même de remplir les rayons si jamais il me manque de quelque chose… Mais visiblement il y avait un bouchon monstrueux à l'entrée de Londres…

-A quelle heure est-il arrivé ?

-A huit heures à peu près… Et il ne m'a pas aidé à rentrer la marchandise… Il a tout déposé devant la porte et il s'est barré ! Un coup à ce que je me fasse voler ça…

-Comment avez-vous découvert la victime dans ce cas ?

-J'ai profité de ne plus avoir de client dans la boutique pour aller vite rentrer la marchandise avant que quelqu'un n'ait l'idée de se barrer avec… Quand j'ai ouvert la porte mon chat est parti en vadrouille mais je n'avais pas le temps de lui courir après… Je me suis dit qu'il ne craignait pas grand-chose à se balader dans le quartier pour quelques minutes… Quand j'ai eu fini de tout rentrer, j'allais me mettre à ranger et c'est là que je l'ai entendu crier.

-La victime ? S'étonna Mark.

-Non, mon chat… Canaillou.

Le policier l'interrogea du regard.

-Il était en train de se faire attaquer par des chats de gouttières. Du coup je me suis précipité avec mon balai pour les faire déguerpir. Ils étaient dans la ruelle derrière… Et c'est là que je l'ai vu. Nu assis contre le mur… Il n'avait pas l'air de dormir et je n'ai pas voulu y toucher. Trop d'emmerdes… J'ai vu des films… Si j'avais pris son pouls, on aurait retrouvé mes traces sur le corps et on m'aurait accusé. J'ai préféré appeler vos copains…

Mark s'empêcha de sourire devant la réaction du commerçant et continua son enquête.

-Peut-on aller voir votre arrière-boutique ?

-Oui bien sûr, c'est par là, lui indiqua le gérant de la supérette en l'y conduisant.

Une fois arrivé, Mark ouvrit la porte arrière du magasin. On apercevait le début de la ruelle où avait été retrouvé le corps depuis l'endroit où il se trouvait. Seules les poubelles qui étaient au début de la ruelle étaient vraiment visibles et elles protégeaient les médecins et le corps de sa vue.

-A qui appartiennent les poubelles ?

-Aucune idée… Certainement aux personnes habitant dans l'immeuble. Les miennes sont ici, fit le commerçant en montrant du doigt les deux conteneurs dans un coin de l'arrière-boutique.

-Très bien… Un système de vidéosurveillance peut-être ?

-Hum oui mais seulement pour l'intérieur… Il n'y a aucune caméra qui ne filme de l'autre côté de la porte à ma connaissance.

-Merci beaucoup, monsieur Rickard. Je vous recontacterai en cas de besoin.

Il prit congé du commerçant et rejoignit ses hommes en train de travailler.

-De la nouveauté ? Demanda-t-il.

-Rien, les curieux n'ont rien vu et ne sont arrivés ici que parce qu'ils prennent tous ce chemin pour aller au boulot. C'est la présence de la police qui les a poussé à s'agglutiner.

-Ok, occupez-vous des immeubles environnant… Dès que le corps est enlevé, vous me faites un dernier tour pour vérifier qu'on a rien oublié et on se rejoint au commissariat. Je vous attends là-bas, je vais faire un rapport à Bauman.

OoOoOo

-Je ne peux pas vous dire grand-chose de plus monsieur…

-Très bien. Je veux un autre rapport au moindre nouvel élément, le procureur vient d'ouvrir une enquête pour mort suspecte, il faut simplement lui indiquer tout changement pour nous permettre d'enquêter tranquillement…

Mark opina, il avait depuis longtemps appris que le cadre d'enquête permettait de mettre en œuvre des mesures plus ou moins importantes.

-On attend le rapport de l'autopsie.

-Vous risquez d'attendre un petit peu, Kate est en congé et il n'y a que Richard aujourd'hui. Je lui ai demandé de travailler sur un autre dossier pour le moment. Commencez par essayer de trouver qui est notre victime.

-Sans problème, on a ses empreintes.

Mark sortit du bureau du commissaire et rejoignit Peak qui travaillait sur un des bureaux centraux. Il s'installa sur la chaise à côté de lui et jeta un regard sur l'écran de l'ordinateur.

-Alors ?

-Rien.

-Comment ça rien ?

-Il n'est dans aucun de nos fichiers. On n'a aucune disparition inquiétante signalée correspondant à son profil. Pas de papiers, ni vêtements dans les poubelles aux alentours, personne ne l'a reconnu dans le voisinage. On n'a pas le début d'un commencement de piste…

-On n'a pas interrogé tout le monde non plus dans le quartier, tempéra Mark.

-Franchement on a vu pas mal de monde, et personne ne l'a jamais aperçu dans le coin.

-Il sort forcément de quelque part…

-Oui mais d'où ?

Mark s'installa dans un fauteuil à côté de celui de Peak.

-Il y a deux possibilités… Soit il a disparu cette nuit et donc son entourage ne s'est pas encore inquiété et on aura probablement un avis de recherche dans les prochains jours… Soit c'est un solitaire dont personne ne se soucie et à ce moment-là, on risque de devoir attendre surtout s'il n'a pas un employeur diligent.

-Richard pourra certainement nous en dire plus après l'autopsie… Commenta Peak.

-Oui mais on risque de ne pas l'avoir aujourd'hui. Va falloir qu'on continue l'enquête de terrain pour espérer en apprendre plus…

-On n'a aucun témoin. Aucun voisin n'a entendu le moindre bruit ou n'a remarqué la moindre chose suspecte… On n'a rien.

-Notre victime était nue derrière des poubelles. A l'œil nu il n'y avait aucune trace de blessure. Si on part du principe qu'il est mort de façon naturelle... Commença Mark.

-Il aurait été dépouillé une fois mort… Renchérit Thomas Peak.

-Et qui est le plus susceptible de dépouiller un homme mort dans une ruelle en pleine nuit ?

-Un sans-abri ?

-Peut-être même que ça en était un lui-même…

-Ce qui expliquerait l'absence de signalement ?

-Oui… Après les faits sont récents, on ne peut pas partir que là-dessus. Surtout, que le problème avec cette hypothèse, c'est que notre victime n'avait aucun stigmate pouvant laisser croire qu'il vivait dans la rue… Il était propre, rasé de près, et semblait bien nourri…

-Peut être sortait-il d'un centre ? On s'occupe des sans-abris, ils ont droit à un accès à des douches et on leur prête des rasoirs… S'il y était il y a pas trop longtemps, on aura peut-être moyen de remonter la piste…

Mark réfléchit. Il n'était pas convaincu mais il ne devait écarter aucune piste.

-Très bien, fais le tour des associations d'aide aux sans-abris du coin… Ils restent toujours dans un même secteur pour ne pas avoir à se battre avec d'autres SDF. Chacun garde son bout de quartier avec férocité. Si il a été retrouvé là et que c'est bien un SDF, il devait mendier dans cette zone.

OoOoOoO

Mark était de retour dans la petite ruelle où le corps avait été retrouvé.

La zone avait été rouverte au public après avoir été photographiée sous tous les angles et qu'aucun indice n'ait pu être découvert.

Il laissa sa voiture et décida de parcourir le quartier à pied pour voir ce qui s'y trouvait et qui pourrait éclaircir son affaire. Il décida de traverser la petite ruelle où avait été retrouvé le corps.

Il prit la direction du Nord et aperçut au bout de quelques instants une autre ruelle menant sur la droite. Il y avait néanmoins une grille qui empêchait le passage quelques mètres après et un amoncellement de caisse en bois qui ne permettaient pas d'avoir une vue dégagée sur ce qui se trouvait de l'autre côté. Il tâta rapidement le grillage pour s'apercevoir que ce dernier était solide et qu'il condamnait parfaitement le passage.

Il se détourna donc du renfoncement pour reprendre sa route dans la ruelle. Après quelques minutes de marches il fut obligé de suivre le virage que faisait la ruelle sur la gauche. Il vit alors au loin de l'agitation et il comprit qu'il revenait sur une rue principale.

La ruelle n'avait rien d'extraordinaire, elle servait surtout d'accès au garage des maisons qui donnaient sur la rue principale. Il n'y avait aucun commerce, aucun restaurant, aucune porte autre que celle des habitations.

La plupart des maisons étaient d'immenses bâtisses de ville, que ses agents avaient parcourues à la recherche d'information sur leur victime. Aucun des habitants dans un rayon de 500 mètres ne connaissaient de près ou de loin l'homme retrouvé.

Il déboucha sur la rue plus importante qui était perpendiculaire à Robert street et la redescendit tranquillement tout en examinant rapidement la façade des maisons. Mark fit le tour du pâté de maison pour retrouver son point de départ. Il aperçut alors de l'autre côté de la rue, un SDF assis à l'entrée de la supérette dont le gérant avait donné l'alerte.

Il s'approcha de l'homme.

-Bonjour monsieur, police… Commença Mark en sortant son badge alors que le mendiant lui tendait sa coupelle.

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le sans-abris s'était redressé d'un bond et prenait la fuite.

-Arrêtez-vous ! Police !

L'homme ne stoppant pas sa course, Mark n'hésita pas et se lança à sa poursuite. L'homme l'avait pris par surprise mais il était entraîné à faire face à ce genre de situation, et il ne doutait pas de rattraper l'homme. Ce dernier avait au moins 15 ans de plus que lui.

Le SDF eut bien la malice de prendre des rues bondées, mais il ne parvint pas à prendre plus de quelques mètres d'avance. Il tenta alors sa chance dans une ruelle plus déserte et c'est ce qui marqua la fin de la poursuite.

Libéré de la gêne occasionnée par la foule, Mark accéléra et plaqua l'homme au sol. Après une brève lutte, il lui maintint le bras dans le dos et réussit à le menotter malgré les protestations de l'homme.

-J'ai quelques questions à vous poser… Et visiblement vous préférez le faire au commissariat…

OoOoOoO

-Kevin Taylor… Vous êtes un habitué…

-J'sais absolument rien.

Mark ferma la porte de la salle d'interrogatoire derrière lui en continuant de regarder le dossier du sans-abri.

-Destruction de bien public, refus d'obtempérer, délit de fuite, possession de stupéfiant… Ce n'est pas la première fois qu'on est obligé de vous courir après…

-J'sais rien.

-C'est étonnant… mais sachez que si vous n'aviez pas fuis comme cela… Je n'aurai jamais trouvé ceci sur vous.

Mark déposa sur la table les séparant un petit sachet contenant des petits cristaux noirs.

- Seulement ce n'est pas pour ça que vous êtes là. Je dois même vous avouer que vous n'auriez jamais dû être là.

-Hein ?

-Exactement, je n'avais que quelques photos à vous montrer et une ou deux questions à vous poser.

-J'ai perdu mes cailloux parce que je m'suis barré ?!

-Etonnant n'est-ce pas ? Je dois dire que je ne m'attendais pas à une telle réaction. Maintenant que vous êtes bien confortablement assis, je vais vous demander de regarder cette photo et de me dire si vous reconnaissez l'homme qui figure dessus…

Il glissa une photo prise de la victime sur le bureau. Taylor la saisit et l'observa.

-Jamais vu.

-Ce n'était pas un SDF du coin ? Un nouveau ?

-Non… Je connais bien mon quartier et j'peux vous dire que je n'ai jamais vu ce gars…

-On l'a retrouvé juste en face de votre emplacement… Vous connaissez cette rue ?

Mark fit défiler plusieurs photos du lieu où avait été découvert le corps.

-Ouais bien sûr… C'est en face de la supérette… J'y vais pas souvent…

-Où étiez-vous cette nuit ?

-Quoi ? Vous croyez que c'est moi qui ai tué ce gars ?

-Comment savez-vous qu'il est mort ?

-J'suis pas débile… J'ai vu les flics ce matin qui trainait dans la ruelle… J'suis pas né de la dernière pluie… Du coup je suis allé me poser un peu plus loin et je suis revenu que cet après midi.

-Nous ne savons pas encore dans quelle circonstance notre victime est décédée mais nous savons qu'elle est morte vers 1 heure du matin. Où étiez-vous à ce moment-là ?

-Comme d'hab… J'étais un peu plus loin… J'dors dans un garage abandonné juste au bout de la rue en face de celle-là… Fit le SDF en montrant les photos.

-Très bien… Et avez-vous entendu du bruit cette nuit ?

-Oh oui…

Mark se pencha intéressé.

-Comme toutes les nuits… Le bruit des voitures, des chats qui se battent, des télévisions des gens bien pénards chez eux… Le moindre grincement des portes du voisinage, le vent qui souffle dans les conduits d'aération. Le bruit de la ville quoi.

-Rien de particulier ? Pas de cris ? Pas de coups de feu ?

-Non.

-Vous connaissez cette ruelle ? Vous savez si d'autres SDF y dorment ?

-Non… C'est pas vraiment un bon spot… Il y a toujours des types louches qui sortent de nulle part…

-Comment ça ?

-J'sais pas comment mieux vous dire… Y a du passage dans cette ruelle mais c'est souvent des types étranges…

-Qu'est-ce que vous voulez dire ?

-Ils se baladent tous en robe… Et parfois on dirait même que leurs habits changent… Ils sortent d'endroit où il n'y a pas de passage… J'aime pas trop ça alors je n'y vais pas…

-Quand vous dites en robe ? Comme celle d'avocat ? Des membres de l'Eglise ?

-Ouais, on peut dire ça même si parfois elles sont vachement colorées…

-Très bien monsieur Taylor… Une dernière question. Vous n'avez pas trouvé des vêtements lors de vos dernières fouilles ?

-Non.

-Parfait ! Eh bien monsieur Taylor, je pense que vous pouvez rentrer… que vous pouvez partir.

-Hein ? Tout ça pour ça ?

-C'est tout ce qu'on gagne à ne pas avoir la conscience tranquille monsieur Taylor…

-Et j'peux récupérer mes affaires, fit le sans-abri en jetant un regard au petit sachet toujours sur la table.

-Et bien, vos affaires vous seront restituées bien entendu à l'exception de ça, fit Mark en sortant de la salle avec le sachet contenant la drogue.

Il fit un signe de tête à l'agent qui attendait devant la porte et qui avait pour mission de raccompagner le sans-abri à la porte.

OoOoOoO

-Alors ?

-Rien... Il a rien vu.

-Il t'aura fait faire ton sport au moins, se moqua Peak.

-Je m'en serai bien passé… Si au moins cet idiot avait été d'une quelconque aide…

-J'ai fait le tour des centres d'hébergement et des soupes populaires du coin… Rien sur notre bonhomme.

-Le mieux serait de faire circuler un avis de recherche... Il y a bien quelqu'un dans cette ville qui connait notre homme.

-Je m'en occupe… Fit Peak en se levant.

Mark rejoignit son bureau et ouvrit un nouveau un dossier sur lequel il ne nota aucun nom.

Il n'y mit qu'une photo qu'il regarda attentivement.

Il n'y avait rien d'assez distinctif chez l'homme pour permettre d'en tirer des conclusions. Tout avait disparu, ses vêtements, et tout ce qui pouvait être dedans.

Il y avait différentes raisons pour faire disparaître les vêtements d'un cadavre, songea Mark. La plupart du temps, les raisons tenaient au fait que le tueur cherchait à cacher l'identité de la personne pour empêcher la police de progresser dans son enquête. Or aucune blessure n'avait pu être décelée sur le corps de leur victime. Il y avait pour le moment tout à parier que l'homme était décédé seul dans cette ruelle. Il n'y avait donc pas forcément de tueur à rechercher.

Dès lors la piste d'une personne volant les vêtements était la plus plausible pour expliquer la nudité de l'homme, mais une telle personne ne se serait pas embarrasser avec les papiers de l'homme et les aurait certainement jetés dans une poubelle à proximité.

Il était déjà assez morbide qu'une personne n'ait aucun problème à dépouiller un homme mort dans la rue, il aurait vraiment fallu avoir à faire à un dérangé pour que ce dernier n'ait pas de soucis à conserver les papiers de la victime.

Seulement la présence du corps dans la ruelle était étrange. Hormis un SDF ou un habitant du pâté de maison, il n'y avait aucune raison pour qu'une personne se retrouve à cet endroit.

Le corps avait peut-être été déplacé pour être dépouillé plus facilement.

Mark se releva et rejoignit Peak qui était au téléphone.

-Des caméras de surveillance sur Robert street et Albany street ?

-Oui un peu partout, il y a pas mal de banques et d'immeubles surveillés dans le coin. Pourquoi ?

-Parce que notre victime n'a pas été blessée à première vue… Et pourtant il est nu… Alors soit il s'agissait d'un fou échappé d'on ne sait où… Soit il a été dépouillé. Or la rue n'est pas franchement très passante, je ne vois pas ce qu'il aurait fabriqué là-bas.

-Donc il a sûrement été transporté là-bas ?

-Oui et on ne se promène pas avec un corps en plein Londres sur des kilomètres et des kilomètres…

-Sauf si on a une voiture, Objecta Peak.

-Ce qui serait étrange puisqu'il n'y a pas de blessure. Pourquoi quelqu'un aurait transporté un cadavre jusque-là ?

-Ouais, enfin du coup rien n'empêche d'aller jeter un coup d'œil aux bandes…

OoOoOoO

-Rien…

-Ca commence à devenir lassant… Souffla Mark. Il ne sort pas de nulle part.

-En tout cas, rien sur toutes les caméras des environs pendant la période où notre gars est décédé, confirma le policier qui avait été chargé de s'occuper du visionnage.

-Ca commence vraiment à devenir dingue… Il va bien falloir qu'on ait des informations à un moment donné… Fit Mark en s'éloignant de l'agent qui continuait de regarder les rushs avec l'inspecteur Peak.

-Bah j'imagine que de toute façon, ça ne sera pas pour ce soir, Fit Peak en regardant sa montre. On va attendre que la diffusion des photos permette son identification.

-Oui, ça attendra bien demain. De toute façon sans le rapport sur la mort, on ne sait même pas ce qu'on cherche. Une mort naturelle ou un meurtre ?

-A demain, chef ! Fit Peak sans répondre.

-A demain.

Mark prit sa voiture pour rentrer chez lui. Il grimpa dans sa vieille Audi et prit le chemin de chez lui.

Sur la route, il remarqua qu'il passait à proximité du lieu où avait été retrouvé leur homme. Il hésita un instant mais personne ne l'attendait chez lui et il décida de faire un petit détour.

Il prit Albany Street et roula jusqu'à l'embranchement avec Robert street. Il profita des bouchons habituels de Londres pour pouvoir observer tranquillement la zone.

Le sans-abri qu'il avait attrapé en début d'après-midi avait récupéré son emplacement. Il fut un bon moment arrêté devant la ruelle qu'il observa en laissant ses pensées dérivées.

Son homme était peut-être simplement un pauvre homme vivant seul, n'ayant aucune famille en vie et dont la mort ne ferait de peine à personne. Si le lendemain le rapport d'autopsie révélait une mort naturelle et que personne ne se présentait au commissariat, il risquait d'être inhumé sans nom et sans cérémonie.

Il espérait pouvoir rendre l'homme à sa famille.

Il fut sorti de ses pensées par le passage d'un homme qui semblait porter un long manteau noir. Mark fut un peu surpris. On avait beau être fin Septembre, le temps ne se prêtait pas encore au port de tels vêtements. Surtout que la fin d'après-midi était très agréable, Mark avait la fenêtre ouverte depuis son départ du commissariat.

Il l'observa plus attentivement pénétrer dans la ruelle et avancer dans celle-ci quand il remarqua que le manteau était véritablement très long et qu'il pouvait facilement s'apparenter à une toge, ou à une robe.

Il se demandait où le gars pouvait bien aller quand il fut klaxonné par une voiture derrière lui qui lui reprochait de ne pas avancer assez vite. Mark fit les deux mètres vers l'avant pour rejoindre la voiture à qui il avait osé laisser autant d'avance.

Il se retourna alors pour observer de nouveau l'homme au manteau mais pesta quand il s'aperçut que sa légère avancée l'empêchait de pouvoir voir la ruelle. Il ne voyait plus que les poubelles.

Il hésita un instant à poursuivre l'homme. Après quelques secondes d'incertitude, il s'empêcha d'agir. Il n'avait aucune raison de courir après un homme pour le simple fait qu'il venait de repenser à ce que lui avait dit le SDF plus tôt dans l'après-midi et surtout il ne pouvait décemment pas abandonner sa voiture au bon milieu du trafic londonien à l'heure de pointe.

Il se demanda ce qu'il devait penser de cette partie de l'entretien. Le sans-abri lui avait indiqué la présence de personnes en robe régulièrement dans la ruelle. S'agissait-il simplement d'un délire de ce dernier ou de la présence d'un cabinet d'avocat dans le quartier ?

Il se rappela néanmoins que certaines sectes portaient des tenues particulières dont la couleur variait en fonction de l'importance du poste de la personne.

Il suffisait qu'une des maisons du quartier accueille des réunions de ce genre de personne pour expliquer ces passages. Tous les habitants présents ce matin-là avaient été interrogés et personne ne connaissait son homme, il n'y avait aucune raison pour que ces personnages habillés un peu bizarrement ne soient liés à son affaire. Ils étaient à Londres, ce n'était pas la première fois et de loin, que quelques excentriques s'habillaient étrangement.

Après tout, il n'était même pas certain des causes de la mort. Il n'y avait vraisemblablement pas eu d'homicide donc pas de suspect. Ce n'était certainement qu'une déformation professionnelle de sa part de ne voir que des morts suspectes.

OoOoOoO

A très vite pour la suite !