Charlie. Dés le premier jour que je l'ai vu, je l'ai tout de suite appréciée. Une fille cool sur qui on peut compter dans n'importe quelle circonstance. Au début, j'avou avoir songé à, peut-être, pourquoi pas, un jour, coucher avec elle, et plus si affinité mais elle m'a vite détourné de ce chemin en m'apprenant son homosexualité. Mais je n'ai rien dit. Et je préfère cela à vrai dire.

Depuis Jo, je n'avais jamais vraiment eu d'amie à qui parler, ni de petite sœur à protéger. Cela m'a manqué, je m'en suis rendu compte quand Charlie est entrée dans ma vie. Je pense qu'elle m'a changé, en quelque sorte. Après les affaires que nous avons traitées ensemble, au nombre de trois pour le moment, je ressens une véritable complicité entre elle et moi. Un peu comme celle que j'avais avec Jo mais, ce n'est pas comparable. J'aimais Jo. J'aurais aimé vivre avec elle. Elle était plus qu'une petite sœur. Ce que n'est pas Charlie.

J'étais dans l'Impala, Sam était absent. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais seul, au contraire. A côté de moi se tenait la jolie jeune fille que je me dois de protéger. Elle chante Fly by night de Rush, et elle me fait rire. Je conduisais droit devant, nous emmenant là où on avait prévu d'aller la dernière fois que l'on s'est vu. A un immense festival de jeu de rôle dans l'Indiana.

-Je peux te poser une question ? Demanda-t-elle lorsque la chanson changea pour Highway to hell de ACDC.

-Bien sûr, répondis-je.

Elle demeura cependant silencieuse. Je tournai alors le regard vers elle, inquiet de son soudain silence.

-C'est une question un peu délicate.

-Pire que de demander en quelle tenue je dors ?

Elle sourit mais baissa vite après les yeux.

-Tu as déjà perdu des membres de ta famille ?

Je déglutis. Je ne sais pas pourquoi mais je savais qu'un jour, j'aurais cette conversation avec elle. Elle était tellement curieuse, et tout l'intéressait, en particulier quand il s'agissait de la vie de Sam et Dean Winchester.

-Mon père, ma mère. Des amis. Pourquoi ?

-Je me pose la question depuis que ma mère est partie, répondit-elle. Avant elle, personne n'était mort dans ma famille. Alors, je me demandais ce que ça faisait quand les années passent. Est-ce que le manque reste ou finit par disparaître ?

-Tu connais la réponse, répondis-je, repensant aux magnifiques yeux bruns de Jo Bien sûr que le manque reste. Il ne partira pas. Même quand on y pense pas, il est là, il nous habite et veux nous faire sombrer. Mais avec le temps, on apprend à vivre avec et même parfois …

Je tournai la tête vers elle et nos regards se croisèrent.

-... à le combler.

Elle hocha la tête et je regardai la route à nouveau. Le silence revint, plus pesant, plus tendu. Comme si on venait de se disputer. Ou bien, comme si nous étions en deuil. J'avais envie de lui dire tellement de choses que je ne savais pas par quoi commencer. Et puis, je me rendis compte que tous ces mots étaient inutiles, qu'ils ne ferraient que la blesser. Alors, je me tu, et changea de chanson. Ce fut Metallica avec Nothing else matters. Elle me regarda et je hochai les épaules, ignorant que ça allait être cette chanson qui passerait. Et puis, l'atmosphère se détendit.

-Never opened myself this way. Life is ours, we live it our way. All these words don't juste say and nothing else matters, fredonna-t-elle doucement.

Alors, je la regardai, et je vis une larme couler sur sa joue. En étant attentif à la route, je l'effaçai de son visage et lui souris. Je n'avais pas besoin de mots pour lui dire combien elle comptait pour moi. Elle le comprit aussitôt. Et le manque causée par la mort de Jo, que jamais je n'oublierais, se comblait peu à peu grâce à cette petite sœur, cette Charlie Bradbury – ou n'importe quel nom elle porte – pour qui j'étais capable de tout.