Disclaimer :

Il est évident que l'univers de la saga Harry Potter, ainsi que ses personnages n'appartiennent qu'à J.K ROWLING, notre déesse à tous.


Commentaires :

Bonjour à vous, lectrices et lecteurs !

Je pourrais commencer cette petite "introduction" en vous donnant des raisons plus ou moins justifiées de vous plonger dans cette fanfic' plutôt qu'une autre, mais je m'en passerai. Si vous lisez ce texte, cela signifie, en toute logique, que vous avez déjà fait le choix de vous y intéresser, ne serait-ce que pour découvrir quelques lignes par simple curiosité. De plus, cette fanfic' ne pourra avoir que la valeur que vous pourrez et/ou voudrez bien lui accorder. Certains la trouveront peut-être fade, d'autres pourraient tout à fait être très touchés par son contenu et d'autres encore la catégoriseront dans les "fics insignifiantes et dénuées d'intérêt" après en avoir lu quatre lignes. Malgré cela, j'ai évidemment fait mon possible pour rendre le texte agréable à lire et j'ai préféré conserver une certaine "fidélité" à l'histoire de base.

Hm... Ce paragraphe est un peu trop sérieux à mon goût... On va rajouter quelques smileys si ça ne vous dérange pas, sinon, je pense qu'on va finir par en perdre la moitié :d

Bon, si je ne vous ai pas déjà assommés, passons à une petite mise en contexte :

Le point de départ de cette fic' est la mort de Severus Snape/Rogue (c'est à dire, pour les plus pointilleux, la fin du chapitre 32 de Harry Potter et les Reliques de la Mort, intitulé "La baguette de Sureau"). Je ne considère pas que les événements se passant après ce passage doivent être oubliés pour les besoins de cette fanfic', simplement que certains seront sujets à modification (et bien évidemment, beaucoup d'entre eux ne figureront pas dans la fic', pour la simple est bonne raison que l'histoire est centrée sur Lily Evans et Severus Snape).

L'histoire devrait disposer d'un minimum de contenu, mais à mon avis, elle n'excédera pas la dizaine de chapitres :p Pour moi, son intérêt est très simple : "offrir" à Severus et à Lily la vie qu'ils n'ont jamais pu obtenir. A l'heure actuelle, je m'attaque à la rédaction du cinquième chapitre, les suivants ne tarderont donc pas.

N'hésitez pas à laisser une review si vous en avez le temps et l'envie, ça fait toujours plaisir ! :-)

Trêve de bavardages, je vous souhaite une bonne lecture et j'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ces lignes que j'en ai pris à les rédiger.

Meadow


Chapitre 1 : Non, l'amour n'est pas mort

Un blanc éclatant.

Voilà tout ce que Severus Snape pouvait distinguer dans son champ de vision, à perte de vue. Il lui semblait qu'il s'était écoulé une éternité entre le moment où il avait plongé son regard dans les yeux verts d'Harry et celui-ci. Et entre cela… Rien. Le néant le plus total.

Machinalement, il porta la main à sa nuque et constata que sa blessure avait disparu. Et était-ce l'effet de la lumière aveuglante qui régnait dans cet endroit ou sa peau était-elle encore plus blanche qu'à l'ordinaire, voire presque transparente ?

- Comment vous sentez-vous Severus ?

En relevant la tête, l'espion découvrit la silhouette élancée de Dumbledore.

- Je suis mort, que diable voulez-vous que je ressente Albus ?

L'ex directeur de Poudlard ne cilla pas et continua de fixer avec attention celui qui avait été l'un de ses professeurs, le pétillement habituel de ses yeux visible derrière ses lunettes en demi-lune. Voyant qu'il attendait encore quelque chose de lui et qu'il n'était de toute évidence pas près de le laisser tranquille, le maître des potions daigna se montrer plus coopératif.

- Tout ne s'est pas exactement passé comme je l'avais prévu, mais le garçon est au courant de tout. Même en sachant ce qui l'attend, il n'hésitera pas une seconde, il est courageux. Courageux et affreusement borné. Il y arrivera et je pense même qu'il pourrait trouver le moyen de s'en sortir d'une manière ou d'une autre. Tout ce que j'ai pu faire ne suffira jamais à réparer les erreurs que j'ai commises, ni à m'en faire pardonner, mais j'ai respecté mes engagements jusqu'à la fin.

- Severus… Allez-vous persister, même dans la mort, à croire que votre vie n'était dédiée qu'à un seul but que vous jugez n'avoir, en plus, pas réussi à atteindre ? Rien ne vous obligeait à faire tout cela. Evidemment, la guerre demande un certain nombre de sacrifices, mais il aurait pu en être autrement.

Le maître des potions ricana.

- Autrement ? Je ne vous demande pas de vous apitoyer sur mon sort Albus. Mes choix ne regardent que moi.

Le vieil homme soupira, se sachant probablement vaincu d'avance sur ce terrain.

- Alors vous croyez en ce point en Harry ? Reprit-il prudemment.

- Par Merlin, pensez-vous réellement que j'aurais agi de cette manière si je savais que tout cela était voué à l'échec ? Evidemment que je crois en lui. Dire qu'il est venu vers moi de lui-même et qu'il a même essayé de m'aider. Après tout ce que je lui ai fait subir… Cet enfant est bien trop bon pour son bien.

- Je vous l'ai dit Severus, Harry est doté d'une très grande capacité à aimer et à pardonner et, croyez-moi, lorsqu'il plongera dans vos souvenirs, il ne vous verra non seulement plus jamais de la même manière, mais en plus, il vous considérera probablement comme un héros, peu importent les différends que vous avez pu avoir tous les deux.

Le sorcier accueillit la remarque d'un grognement désapprobateur. Etre considéré comme un héros par le fils Potter, quelle gloi…

Merlin, même mort, il ne pouvait s'empêcher de se montrer aussi cynique et tordu que de son vivant. C'en était désespérant.

- Que faites-vous ici d'ailleurs ?

- Je venais simplement m'assurer de votre état. Et j'ai également quelque chose à vous dire.

De son état ? Le vieil homme était encore en train de manigancer quelque chose...

Ne pourrait-il donc jamais avoir la paix, même dans l'autre monde ?

- Avoir l'éternité devant vous ne justifie pas le fait de me faire attendre à ce point, Albus.

- Je me doute, se contenta-t-il d'abord de répondre, un éclair de malice dans les yeux. Il y a quelqu'un qui désirerait vous voir, Severus, et même si je préfère vous en informer, je doute que vous soyez réticent à sa venue.

- Voyez-vous cela… Et pourrais-je connaître l'identité de ce « quelqu'un » que vous vous obstinez à me cacher ? A moins qu'il préfère lui aussi jouer avec mes nerfs en cultivant le mystère ?

Le vieillard resta muet, le même pétillement insupportable dans son regard qui, soudainement, sembla se fixer sur un point au-dessus de l'épaule de Snape. Sans un mot, Dumbledore se retourna, puis s'éloigna, un incompréhensible sourire bienveillant aux lèvres. Après quelques mètres, il sembla se fondre dans la blancheur du décor et disparu, laissant le Serpentard seul avec ses suppositions.

- Sev' ?

La voix était douce, reconnaissable entre mille malgré les années. Et ce surnom, il n'y avait qu'une seule personne qui l'employait. Comme au ralenti, l'homme se retourna et découvrit une femme mince aux longs cheveux roux et bouclés. Son visage fin était parsemé de charmantes taches de rousseur et éclairé par un léger sourire sincère. Un début de larmes perlait au coin de ses yeux verts.

Severus était sans voix et immobile. S'il avait été en état de réfléchir, il se serait probablement traité d'idiot et excusé pour son comportement, mais ce n'était pas le cas. Après tout ce temps, après tout ce qu'il avait traversé, elle se tenait là, face à lui, inchangée depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. Figée dans une beauté éternelle. Il voulait lui dire tellement de chose, il voulait la prendre dans ses bras et ne plus jamais desserrer son étreinte, il voulait pouvoir sentir à nouveau le contact de sa peau et humer son parfum… Mais il restait là, comme pétrifié sur place.

Lily s'approcha, lentement, pas à pas, ne voulant probablement pas précipiter les choses et préférant profiter de chaque seconde de cet instant, tout comme lui. Enfin, elle arriva à la hauteur de Severus et s'arrêta, les larmes roulant désormais sur ses joues. Elle leva doucement sa main et vint la poser contre le visage du sorcier. Ce simple geste lui arracha un très léger frisson. Instinctivement, il ferma les yeux et se concentra sur les senteurs qui l'envahissaient. Celles qu'il retrouvait à chaque fois qu'il s'approchait des vapeurs d'une potion d'Amortencia et que, suivant son humeur, il humait avec délectation ou préférait ignorer en arrêtant sa respiration. Rien que ces deux sensations retrouvées lui donnèrent l'impression que son cœur allait exploser. Après quelques secondes, la jeune femme retira sa main et le Serpentard rouvrit les yeux, son regard noir croisant le sien.

Avec tendresse, elle plaça ses deux mains dans son dos, puis vint se blottir contre lui et cala sa tête dans le creux de son épaule, comme elle l'avait si souvent fait des années auparavant, lorsqu'elle était triste, joyeuse, ou encore inquiète. Qu'elle avait besoin de réconfort, de protection ou d'un exutoire à sa colère... De là où elle était, elle ne pouvait que ressentir les bonds que faisait le cœur de Severus dans sa poitrine, malgré l'apaisement qu'il ressentait à ce moment. Lorsqu'il parvint finalement à bouger, il leva son bras droit en tremblotant, puis vint le poser dans le bas du dos de la Gryffondor. Dans un même mouvement, son coude gauche vint se caler contre son propre bras, et sa main se posa doucement contre l'arrière de la tête de Lily, ses doigts d'ores et déjà prisonniers de ses longues mèches rousses. Avant même qu'il vienne caler sa tête contre la sienne, il sentit un liquide chaud couler le long de ses joues. Il y avait tant d'émotions contenues dans ces larmes qu'il ne les sentit même pas venir et pour une fois, il ne chercha pas à les retenir.

Une fois de plus, le temps sembla se figer et aucun d'eux n'aurait pu dire combien de minutes ils restèrent comme cela. D'un mouvement réciproque effectué à contrecœur, ils se détachèrent l'un de l'autre, tandis que leurs doigts s'entrelaçaient. De l'autre main, le sorcier s'attela à sécher le plus délicatement possible les restes de larmes sur le visage de la jeune femme, après avoir rapidement fait disparaître les siennes d'un geste de l'épaule.

- Tu m'as manqué, dit-elle tout bas.

Une fois de plus, l'homme se sentit incapable de répondre quoi que ce soit et se contenta de la dévisager comme si, en quelques minutes, il pouvait rattraper toutes les années passées sans voir ses traits ailleurs que dans ses souvenirs.

- Je crois que je ne pourrais jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fait pour Harry. Et pour moi, par la même occasion.

Etait-ce lui, ou y avait-il réellement de la culpabilité dans ses yeux verts ?

- Lily… tenta-t-il d'une voix anormalement rauque. Je suis dé…

Il se fit très vite stopper par un doigt posé contre ses lèvres. Elle secoua la tête

- Tu n'as rien à te reprocher et il est inutile que tu continues à rechercher mon pardon, je te l'ai donné il y a déjà bien longtemps. C'est plutôt moi qui devrais m'excuser auprès de toi. Tout ce que tu as dû traverser Sev'… Je…

Cette fois, ce fut lui qui l'interrompit.

- Rien de tout cela n'est de ta faute. Ne t'excuse pas.

- J'oubliais, ce sont tes choix, n'est-ce pas ? glissa-t-elle avec un triste sourire. Moi qui pensais qu'en grandissant, tu serais un peu moins tête de mule… J'ai accepté tes excuses, s'il te plaît, écoute moi et accepte les miennes.

Après un petit moment sans réaction, le Serpentard hocha faiblement la tête.

- Je suis aussi désolé pour ce que j'ai pu faire à Harry, ne put-il s'empêcher d'ajouter.

- C'est vrai que tu n'y es pas toujours allé de main morte avec lui. C'était parce qu'il te faisait penser à James, n'est-ce pas ?

A nouveau, il acquiesça après quelques secondes.

- Mais il a tes yeux...

- Je peux comprendre, continua-t-elle avec un tendre sourire aux lèvres. Plusieurs fois, James et moi, nous nous sommes dit qu'il avait tout à fait son caractère et pas seulement les côtés positifs…

A cette remarque, le sorcier ressentit un très net pincement au cœur et Lily ne tarda pas à mesurer l'étendue de ses paroles, la peine clairement visible sur son visage.

- Oh Sev', pardonne-moi… Je ne voulais pas…

L'homme émit un très faible ricanement avant de reprendre.

- Ne t'en fais pas, cela faisait longtemps que je ne m'étais plus rendu compte à quel point j'avais gâcher ma vie.

- Tout ça est fini Sev', n'y pense plus, dit-elle doucement en posant à nouveau sa main contre sa joue.

- Fini ? Alors quoi ? James Potter ne fait-il plus partie de ton existence ? Votre fils n'est-il pas en train d'accomplir son destin chez les vivants ? Ne nous sommes-nous donc pas éloignés l'un de l'autre au point que tu ne daignais même plus me regarder ou me répondre il y a vingt ans de ça ?

- Si, bien sûr que si mais…

- Alors rien n'a changé, lança-t-il en détournant la tête.

La main de Lily vint automatiquement se reposer contre son visage.

- Tu n'as plus besoin de t'accrocher à la vie, aussi dure qu'elle a pu être envers toi pour honorer tes valeurs, de faire tout ce que tu pouvais pour protéger Harry, de mener une double vie en risquant à tout moment la mort pour permettre au monde magique de retrouver enfin la paix. Tu ne souffres plus Sev'.

A ces paroles, l'homme ne put s'empêcher de voir rouge et fit un pas en arrière.

- Crois-tu réellement que tout ça avait de l'importance pour moi ? J'aurais pu le supporter bien plus longtemps et ce n'est pas ce qui m'a fait ou plutôt me fait souffrir. Ce qui m'a littéralement rongé de l'intérieur, c'est le fait de t'avoir perdue. Deux fois, qui plus est : lorsque vous vous êtes mis ensemble avec Potter et lorsque le Seigneur des Ténèbres s'en est pris à toi. Tu ne peux pas imaginer les remords que j'ai ressentis…

Même à cet instant, même mort, il se rappelait parfaitement toutes les sensations qui l'avaient traversé et le traversaient encore. Voulant aller au bout de ses pensées, il poursuivit, ayant de plus en plus de difficultés à parler de manière cohérente et à garder un timbre de voix égal, trop bouleversé.

- A l'époque, j'étais persuadé que si j'arrivais à devenir quelqu'un, si je pouvais me démarquer et te prouver que j'étais capable de grandes choses, tu reviendrais vers moi. Plus le temps passait et plus tu t'éloignais ; tu ne répondais même plus à mes lettres, mais je restais persuadé que, tôt au tard, tout finirait par s'arranger. A ce moment, j'ai probablement fait les deux plus grosses erreurs de ma vie : prendre la marque et rapporter la conversation entre Albus et Sybille. Si j'avais su… Si seulement j'avais su… Tout est de ma faute. T'imaginer avec Potter… Le simple fait de penser à votre fils… Mais malgré ça, jamais je n'ai voulu que la suite se déroule de cette manière. Après tout, cette vie te rendait heureuse. J'ai prévenu Albus, je lui ai offert mes services, mais il était déjà trop tard. Quand je t'ai découverte cette nuit-là. Quand je t'ai prise dans mes bras…

Le sorcier s'arrêta et dû rassembler tout le courage dont il n'avait jamais su faire preuve pour continuer.

- Je t'... balbutia-t-il avant d'expirer profondément. Je t'aimais Lily ; je t'aime.

Par fierté, il retenait ses larmes, mais ces dernières ne demandaient qu'à recouvrir à nouveau ses joues. Quand avait-il ouvert son cœur de cette manière pour la dernière fois ? A priori, jamais et surtout pas depuis la mort de Lily. A ce moment, il n'était plus le maître des potions calculateur à l'ego surdimensionné, l'homme que l'on imaginait dénué de sentiments et aussi bien méprisant que méprisable ;il était redevenu un adolescent. Un adolescent peu sûr de lui avec des rêves, des espoirs et qui, surtout, était follement amoureux.

Quel beau pas en arrière.

- Je le sais Sev', moi aussi.

Cette fois, ce n'était plus des bonds, mais du saut à l'élastique que son cœur semblait faire dans sa poitrine. Lorsqu'il releva la tête, il constata que les yeux de la Gryffondor s'humidifiaient à nouveau.

- Quoi ?

- Je t'ai aimé et je t'aime encore. Moi aussi, j'ai énormément souffert lorsque notre amitié a commencé à se détériorer. Je savais que plus le temps passait et plus tu t'éloignais de moi et te rapprochais de Voldemort. J'avais peur, trop peur de te perdre, mais je n'arrivais pas à te faire changer d'avis, peu importent les moyens que j'employais. J'ai même fini par me demander si, au final, la magie noire ne t'intéressait pas plus que moi... Mais j'ai fini par chasser cette idée de mon esprit. Pendant cette période, je me sentais affreusement seule, dépassée et presque désespérée... seulement, il n'y avait que toi qui pouvais me rassurer et me faire retrouver le sourire dans ce genre de situations. Mais tu n'étais plus là. Plus rien n'était comme avant. C'est à ce moment que James est entré dans ma vie ; enfin, il en faisait déjà partie intégrante vu qu'il passait son temps à tenter de nous pourrir l'existence à tous les deux, mais il avait l'air d'avoir mûri. Il me consolait, m'épaulait et, petit à petit, j'ai fini par tomber amoureuse. Je ne pouvais pas t'oublier, mais je savais que je ne supporterais jamais l'idée de te perdre et, en prenant la marque, j'étais persuadée que ça arriverait tôt ou tard. Avec tout ça, je me suis rendu compte à quel point je t'avais fait du mal et, lorsque je suis tombée enceinte, à quel point nous étions devenus un rêve inaccessible l'un pour l'autre. Alors je me suis dit que le mieux à faire était simplement de nous oublier réciproquement. C'est pour ça que j'ai fini par ne plus répondre à tes lettres, j'étais sûre que, d'une certaine manière, en n'entendant plus parler de James et de moi, tu souffrirais moins. Mais c'était une erreur, et moi-même, je n'ai jamais réussi à tourner la page.

Sous le choc, le sorcier se contenta de la fixer, bouche bée. Ainsi donc, elle l'avait aimé. Tout ce qu'il aurait eu à faire, c'était de revenir simplement vers elle. Lui dire qu'il ne la laisserait jamais seule, qu'il ne craignait rien, voire qu'il laisserait tomber ses convictions pour la rassurer (et il en aurait probablement été capable, malgré sa soif de pouvoir et de reconnaissance) et la Gryffondor serait devenue sienne. Pourquoi fallait-il que, même à cet instant, il ne puisse que se contenter d'imaginer la vie qu'il aurait pu avoir s'il ne l'avait pas entièrement gâchée ?

Sans prévenir, Lily s'approcha doucement de lui et se mit sur la pointe des pieds, en appui sur sa taille. Une fois leurs visages à la même hauteur, elle vint caler son front contre celui du Serpentard et, après quelques secondes, il sentit le contact de ses lèvres contre les siennes, où elle déposa un baiser aussi fugace que libérateur. Par la suite, la jeune femme se décolla lentement de lui et, lorsqu'elle jugea qu'il s'était remis de ses émotions, leva son bras et approcha son index du visage de Severus. Dans un mouvement parfaitement familier et instinctif, il recula sa tête, mais se retrouva tout de même avec un doigt sur le nez. Elle le poussa gentiment et il ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils.

La Gryffondor releva alors les yeux vers son front et se mit à l'observer avec un intérêt naïf. Elle retira ensuite son doigt et traça lentement une ligne sur la peau du sorcier.

- Tu as une ride Sev', intima-t-elle avec un infime sourire. Je t'avais dit qu'à force de faire la tête, tu finirais par en avoir bien plus tôt que tu ne le devrais. Et je parie que ce n'est pas la seule.

- Je n'ai plus vingt ans, contrairement à toi.

Avec un amusement presque enfantin, elle se mit à scruter chaque parcelle de son visage à la recherche des marques que la vie ou ses expressions faciales répétées avaient pu laisser. Elle laissa ses doigts glisser vers sa tempe gauche et écarta les mèches de cheveux noirs qui la cachaient.

- Tu n'as plus ta cicatrice ?

L'homme porta sa main à sa tempe et effleura sa peau, à la recherche d'une irrégularité dont il avait hérité de son alcoolique de père à ses 8 ans. A sa grande surprise, il ne la sentit pas. Intrigué, il remonta consciencieusement sa manche droite et chercha, du regard cette fois, une autre de ses cicatrices censée être présente au niveau de son poignet. Elle lui avait été faite le pire jour de son existence ou, en tout cas, ce qu'il avait longtemps considéré comme tel. Celui ou James Potter avait osé lui sauver la vie alors qu'il venait de découvrir le secret bien gardé des quatre maraudeurs. La vue de cette trace l'avait toujours profondément dégoûté, presque autant que celle de la marque des Ténèbres. Ce n'était pas pour rien que le maître des potions portait exclusivement des tenues dont les manches allaient jusqu'à la base de ses doigts. Quoi qu'il en soit, elle n'était plus visible.

Machinalement, dans un mouvement d'une extrême lenteur, il entreprit de relever son autre manche et découvrit son avant-bras gauche. Sa peau était de la même blancheur que sur le reste de son corps, et vierge de toute trace. La marque des Ténèbres avait disparu : ce signe d'appartenance qui l'avait si longtemps réduit au rang d'esclave ; ce tatouage, qui ne manquait pas de le brûler jusqu'à la torture lorsque le Seigneur des Ténèbres n'était pas satisfait de ses services ou voulait le voir de toute urgence alors que ses potions n'étaient évidemment pas encore prêtes ; ce symbole de tout ce qu'il avait souhaité devenir et qui avait fait de lui un homme brisé et éternellement solitaire, isolé par la souffrance qu'avaient engendrée ses erreurs. Cette marque qui ne lui accordait aucun répit et lui interdisait de montrer le moindre signe de faiblesse, même lorsque le sorcier ne se sentait plus capable de supporter la vie elle-même.

Elle n'était plus là.

Cela faisait déjà quelques minutes qu'il se contentait de fixer son avant-bras sans faire le moindre mouvement, perdu dans ses pensées mais, lorsqu'il releva les yeux vers Lily, il constata qu'elle non plus n'avait pas bougé. Doucement, la jeune femme vint passer ses bras autour de sa nuque et vint à nouveau se caler contre le Serpentard, la tête plongée dans son cou. Deux bras vinrent l'enlacer en retour et, pendant un long moment, le silence régna.

Severus ne put cependant retenir la question qui lui brûlait les lèvres.

- Et maintenant ? Que va-t-il se passer ?

La Gryffondor redressa la tête et s'écarta légèrement afin que leurs regards se croisent.

- Sev', plus jeune, tu as toujours préféré te projeter dans l'avenir et, au fur et à mesure, à cause des événements, tu as fini par rester en partie bloqué dans le passé au lieu de vivre normalement. Maintenant que tout ça est fini, pourquoi n'essaierais-tu pas de profiter du moment présent ?

Après tout, Lily avait raison, là où ils étaient, plus rien n'importait vraiment. Plus rien, ou peut-être simplement une chose : elle était dans ses bras. Si cela ne devait encore durer ne serait-ce que quelques secondes et bien qu'il en soit ainsi, l'homme ne voulait rien gâcher de ce moment, qui était définitivement le plus heureux qu'il ait jamais vécu. Il l'avait retrouvée, elle lui avait pardonné et, plus encore que tout cela, elle l'aimait et rien au monde ne pouvait le combler d'avantage

Il resserra fermement son étreinte et observa un léger sourire illuminer le visage de la jeune femme. Severus l'imita, dans une expression sincère et apaisée qu'il n'avait pas eue depuis de trop nombreuses années. Elle reposa sa tête là où elle s'était trouvée quelques secondes auparavant et le sorcier vint tout naturellement caler sa propre tête contre la sienne.

Sans plus attendre, il ferma les yeux et ce fut pour lui une véritable délivrance que de laisser libre cours à ses pensées et à ses émotions.