Salut à tous ! Finalement une nouvelle histoire, un crossover HP/Arrow/The Flash qui m'a trotté dans la tête un bon bout de temps.
La rédaction et la correction sont terminées, elle sera donc postée jusqu'au bout même si je me connais, ça peut prendre un peu de temps. Bonne lecture à vous !
Poc. Poc. Poc.
L'homme ne bougea pas malgré l'agaçant bruit. L'eau gouttait du robinet, très lentement, mais il restait parfaitement immobile. Ses yeux étaient fixés sur le papier qu'il tenait, un épais parchemin jauni. Un cure-dent était coincé entre ses dents et il le mâchonnait parfois sans intérêt.
Poc. Poc. Poc.
Cet homme était Severus Rogue. Il avait vingt-six ans, et pourtant il avait l'impression d'en avoir vécu cinquante. Albus Dumbledore lui demandait de conserver son poste de professeur à Poudlard malgré la chute de Voldemort. Il lui assurait également qu'il avait pris soin de la sécurité du jeune Harry Potter. Cette lettre, il la renouvelait tous les ans depuis les événements. Et tous les ans, Severus acceptait.
Severus n'était pas un idiot cependant. Il était certes lié à Dumbledore par un serment inviolable – il n'avait guère eu le choix – mais son serment comportait trois clauses. Et la première, donc la plus importante, ne le concernait pas directement. Certes, il ne pouvait pas s'opposer aux deux autres clauses directement sans en mourir, mais il pouvait prioriser. Et beaucoup de gens ignoraient l'intérêt de ceci et croyaient que les trois phrases du serment étaient simplement du formalisme.
Il ne prendrait pas pour autant Dumbledore pour un idiot. Le vieil homme ne lui avait dit que Harry Potter était sauf que pour qu'il ne s'en approche pas. Cependant, tant qu'il n'agissait pas contre le directeur, rien ne l'empêchait de le vérifier par lui-même. Jouer avec les serments était quelque chose de dangereux, mais il avait fait une promesse à Lily. Et cette promesse importait plus qu'un serment inviolable pris sous la contrainte.
Le cure-dent craqua sous un coup de mâchoire un peu plus fort et il en recracha les morceaux avant de se lever. L'Impasse du Tisseur n'était pas un endroit très salubre où vivre. Il avait comme une idée de où Albus Dumbledore avait bien pu cacher le fils de Lily pour que personne, pas même les enquêteurs sorciers les plus chevronnés, ne le retrouve. Après tout, qui se souvenait que Lily avait une sœur ?
Un annuaire moldu lui suffit à trouver l'adresse actuelle de Pétunia Dursley mais il n'y transplana pas. Il y avait sûrement des sorts de protection pour détecter la magie alentours. A la place, il loua une voiture et conduisit tranquillement jusque dans le Surrey, habillé comme un parfait moldu. En dehors de quelques fioles de secours dans les poches protégées de sa veste et de sa baguette, personne n'aurait jamais pu dire qu'il était sorcier.
Et d'ailleurs, il laissa sa baguette magique dans la voiture à plus d'un kilomètre de sa destination. Il existait plusieurs moyens de repérer celles-ci, ou du moins leur présence dans une zone. Les potions par contre, une fois brassées, étaient indétectables. Elles n'avaient aucune signature magique, même lorsqu'elles comportaient des ingrédients qui l'étaient à la base. De même, ses vêtements ne comportaient aucun enchantement.
On n'était pas espion pendant plusieurs années sans apprendre à se fondre dans n'importe quel décor, après tout.
Il resta cinq jours sur place à observer silencieusement. Voir que Potter était affamé et maltraité n'était pas difficile – visiblement, il n'allait même pas à l'école avec son cousin. Pourtant c'étaient d'autres choses qu'il notait. Sa magie instinctive, puissante pour son âge. La colère qui coulait en lui. Pas de résignation quant à sa condition. Pas de pensée comme quoi sa situation était normale. Une colère sourde.
Et, plutôt que de se rebeller, Potter attendait et observait. Le bon moment, froidement. La colère dans un regard si jeune était impressionnante à voir. Severus y resongea un long moment une fois installé derrière son volant, pensif. Lui aussi avait été furieux depuis son enfance, et cela ne l'avait pas bien mené. Si Potter voulait survivre, il devait contrôler sa colère. Mettant le contact, Severus Rogue quitta rapidement le Surrey.
Lorsqu'il avait eu seize ans, il en avait eu vent mais avait refusé de s'y rendre, persuadé que Voldemort était la voie à suivre. Il avait manqué sa chance, la chance de sa vie.
Mais peut-être que finalement, ce serait celle de Potter.
Rentré chez lui, il expédia un hibou à Albus, lui indiquant qu'il souhaitait suivre une conférence de maîtres de potions à Calcutta et profiter de sa présence en Inde pour récupérer quelques ingrédients rares avant de retourner à Poudlard. Ce ne serait pas la première fois qu'il ferait cela pendant les deux mois d'été et il n'avait même pas besoin de se dissimuler pour se rendre en Inde. Heureux hasard, là était sa réelle destination également, même si bien loin de Calcutta.
Son trajet vers l'Himalaya fut long, mais peu intéressant. De même qu'il mit du temps à trouver l'endroit précis qu'il cherchait, mais il finit par entrer dans le monastère si semblable aux dizaines d'autres… et recelant pourtant l'un des plus grands secrets de ce monde. Les moines n'en étaient pas, et le bruit des épées s'entrechoquant se faisait entendre. Pourtant ce fut d'un pas tranquille qu'il passa entre les double portes de bois. Une jeune femme, de seize ans peut-être, se battait contre cinq autres hommes qu'elle vainquit un par un, avant de se tourner vers lui, son épée courbe tendue dans sa direction.
"Je suis Nyssa, héritière du Démon" fit-elle d'entrée de jeu, sa voix terriblement froide pour quelqu'un de son âge. "Qu'est-ce qui m'empêche de te tuer ?"
"J'apporte des informations" répondit-il en s'inclinant profondément.
"En quel intérêt ?"
"Celui d'un serment inviolable."
"Hm…"
Elle avait l'air songeuse maintenant et son épée désigna l'une des silhouettes masquées contre qui elle s'était entraînée.
"Va chercher mon père" ordonna-t-elle, et il s'inclina avant de s'éloigner.
Severus ne se releva pas, attendant patiemment. Cela ne prit à vrai dire pas longtemps : le ninja était à peine sorti qu'une voix soyeuse prit derrière lui.
"Severus Rogue. Dans mon domaine, à l'endroit où je voulais te voir il y a plusieurs années."
Une silhouette puissante, indéniablement masculine, passa devant lui. L'homme semblait être dans la quarantaine. Son pas était félin. Il ne portait pas d'arme visible et pourtant une aura de danger diffuse émanait de lui – et Severus mit un genou à terre, respectant la coutume des lieux. Il s'agissait de Ra's al Ghul, le seigneur de la Ligue des Assassins – la Ligue qu'il aurait dû rejoindre à peine sorti de Poudlard s'il n'avait pas été un idiot croyant tout savoir mieux que tout le monde.
Attirer l'attention de la Ligue aussi jeune était un honneur. Ils avaient reconnu son potentiel, d'autant plus lorsqu'il avait été capable de repérer les gens qui le surveillaient. L'invitation n'avait pas été explicite mais elle ne l'était jamais. Il savait qu'il aurait pu la rejoindre, qu'il aurait été accepté dans leur entraînement si terrible et pourtant si gratifiant. Après tout, leurs visions du monde étaient semblables, sinon ils n'auraient pas pris la peine de l'approcher : ils l'auraient éliminé s'il y avait eu le moindre risque qu'il les menace d'une quelconque façon dans le futur.
"Il est trop tard pour que tu ne rejoignes la Ligue" commenta l'assassin, lui tournant le dos alors qu'il avançait dans la pièce. "Tu en as perdu toute possibilité le jour où tu t'es fait marquer comme du bétail – et le fait que tu œuvres pour sa chute n'y changera rien."
"Je sais" répondit le professeur, la gorge serrée.
Il savait ce qu'il avait perdu, mais l'entendre dire n'était qu'une souffrance de plus.
"Je ne suis pas là pour moi-même, mais pour des informations qui pourraient vous intéresser."
"Et tu es venu d'Angleterre pour me les amener, malgré la surveillance constante autour de toi" remarqua Ra's en s'asseyant sur le siège de pierre, semblable à un trône, au fond du dojo d'entraînement. "Quel est cette chose si importante que tu veuilles me la dire en personne ?"
"Je pense…"
Il se tut un instant.
"Je pense avoir trouvé une recrue pour la Ligue."
"La Ligue sait elle-même trouver ses recrues."
"Elle est cachée de tous. Et je suis certain que personne n'a compris son potentiel – elle est à l'isolement total."
"Qu'est-ce qui te fait penser qu'elle pourrait nous rejoindre ?"
"Il est fort" répondit immédiatement Severus. "Sa magie est très puissante, énormément pour son âge. Sa colère est immense et pourtant il n'a pas cherché à se défaire de sa situation actuelle – il sait qu'il n'est pas assez fort pour cela. Alors il attend et il observe en attendant de l'être assez. Sa volonté de vivre est incroyable aussi."
Un sourire ironique naquit sur ses lèvres.
"Après tout, n'a-t-il pas survécu au sortilège de la Mort à un an à peine ? Et ne me parlez pas de l'amour de sa mère – si l'amour d'une mère pouvait sauver un enfant, il y aurait eu bien moins de décès juvéniles dans ces guerres."
"Harry Potter" fit Ra's al Ghul, pensif. "Idée intéressante. J'y ai pensé, à vrai dire – mais il est visiblement assez caché pour que même mes espions en Angleterre ne le trouvent pas. Et pourtant tu l'as découvert, toi."
"Il m'a fallu cinq ans alors que j'ai été très présent dans cette guerre."
Le regard indéchiffrable se posa sur lui. Severus pourtant ne regardait pas son interlocuteur – il était toujours un genou à terre, les yeux baissés. La Ligue aurait pu le tuer alors qu'il venait – il était Marqué par Voldemort et donc impur à leurs yeux.
"Parle-moi de ce Serment Inviolable."
"Le premier point en était de protéger le fils de Lily" répondit Severus sans hésiter. "Le second d'œuvrer à la chute du Seigneur des Ténèbres, le troisième de ne pas m'opposer à Albus Dumbledore."
"Etrange manière de le protéger que de le remettre entre les mains de la Ligue des Assassins" observa Ra's.
"C'est au contraire la meilleure manière qui soit. Le Seigneur des Ténèbres le veut mort et Dumbledore le veut faible. En le remettant entre les mains de quelqu'un qui lui apprendra à survivre, je lui donne la meilleure protection que je puisse assurer. Cela travaille bien entendu contre Voldemort, car leur affrontement dans le futur semble inévitable, mais cela n'ira pas à l'encontre de Dumbledore tant qu'il ne s'attaquera pas à Harry."
Le seigneur des assassins sourit avec amusement. Le raisonnement était imparable et la magie devait l'approuver – puisque Rogue n'était pas à se tordre de douleur à ses pieds, en train d'agoniser. L'enfant avait six ans. C'était un bon âge pour commencer son entraînement. Son esprit était encore malléable mais, si Rogue avait raison et qu'il était empli de colère contre sa situation, il n'y aurait pas grand-chose à manipuler.
"Trois conditions" annonça-t-il.
Rogue ne bougea pas. Il savait connaître sa place – peu étonnant, s'il avait espionné. C'était un maître en Legilimencie. Ra's aurait pu pénétrer son esprit s'il l'avait vraiment voulu mais c'était chose inutile. Il était déjà tenu par son Serment Inviolable et, en lui révélant les termes exacts, il lui avait offert un pouvoir de vie ou de mort sur lui. Ra's pourrait aisément le pousser à enfreindre l'un des termes du contrat magique, le tuant sans peine.
"Premièrement, nous savons que les enfants s'entraînent plus vite s'ils souhaitent plaire à un adulte. Tu prendras de l'importance auprès de lui et suivras ses progrès. Secondement, et pour t'aider au premièrement, tu seras celui qui se rendra dans les protections l'entourant. Si et seulement si tu le convaincs de sortir et de nous rejoindre, il fera partie de la Ligue. Troisièmement…"
Ses yeux se plissèrent légèrement.
"Tu espionneras pour la Ligue. Je veux des yeux en Angleterre plus proches des sources de pouvoir que ceux que j'ai actuellement. Voldemort est une offense à la Ligue et nous travaillons activement à sa disparition définitive."
"J'accepte vos conditions."
Un lent sourire étira les lèvres de l'assassin. Bien sûr qu'il acceptait, il n'avait guère le choix. Mais Ra's al Ghul était satisfait que quelqu'un du potentiel de Harry Potter ne rejoigne la Ligue. Il s'assurerait qu'il ne souhaite jamais la quitter.
"Nyssa te retrouvera en Angleterre" annonça-t-il "et vous conviendrez ensemble du nécessaire à faire pour le garçon."
Comprenant le congé, Rogue se releva, avant d'incliner une dernière fois le buste, les mains jointes, puis de quitter les lieux.
