-Salut, c'est moi, c'est Drago. Je suis assis à ton chevet. C'est la quatrième fois que je viens cette semaine. Je suis désolé de ne pas pouvoir venir à tous les jours, sinon je le ferais. Toi, Hermione Granger, la femme de mes rêves... Les médecins disent que tu ne te souviendras en partie de rien, à ton réveil. De rien ou presque. Tu oublieras les personnes qui te tiennent à coeur... Donc tu m'oublieras.
Je profite de ces moments passés avec toi, à tes côtés, même si tu es inconsciente, parce que je sais que, à ta sortie du coma, tu ne te souviendras plus de moi. Jamais ça ne sera comme avant. Tu devras refaire ta vie, et je ne serai qu'un simple étranger à tes yeux. Et toutes ces nuits que nous avons passées ensemble, toutes ces soirées où je t'écoutait pleurer sur ton sort, toutes les fois où je te réconfortait, te disant que la vie n'était pas toujours belle mais qu'il fallait tout de même la supporter... Envolés, nos beaux souvenirs.
Tu sais pourquoi c'était si bon? Parce que nous n'avions pas le droit, tout simplement. C'était un fruit interdit que nous avons tout de même décidé de goûter... et Merlin que c'était bon! Toi, petite Gryffondor fragile, et moi, Serpentard, mesquin, menteur et hautin... Je me demande parfois comment tu as fait pour m'endurer pendant deux années entières...
Je me souviens encore du premier jour comme si c'était hier. Ça me semble si loin maintenant, même si ce n'est qu'à deux ans d'ici... C'était à la tour d'astronomie, alors que nous allions encore à Poudlard, vers le début de l'année. J'y allait souvent comme ça, relaxer, tout simplement. Bien évidemment, tu ne le savais pas. Donc un soir, tu es montée, en larmes, encore une fois. Je t'avais déjà vue dans cette état, mais je n'y avait guère porté attention. Pourquoi m'en aurais-je occuppé? Après tout, tu n'étais rien pour moi.
Donc tu es entrée, et tu ne m'as pas vu. Tu as trébuché sur mon pied, et cette fois je n'ai pas ri. Je t'ai tout simplement regardée, étendue de tout ton long à mes pieds, ne te relevant même pas et ne te souciant guère de qui était avec toi. J'esquissai un petit sourire. Tu te souviens de ce que je t'avais dit? «Tu ferais une bonne serpillère, Granger.». Non, ce n'était pas pour t'énerver. Simplement pour... te taquiner.
Tu t'es retournée sur le dos et m'as lancé un regard noir qui était visible à travers les larmes. «T'es pas capable de te la fermer 5 minutes hein Malefoy? Il faut toujours que tu m'en lances une bonne, juste pour faire chier!» M'as tu lancé presqu'en hurlant. J'était surpris de ce ton de voix venant de ta part, mais encore une fois, étrangement, je n'ai rien dit. Quelque chose m'en empêchait. Je ne savait pas ce qui me prenait. C'était comme si ce soir-là, je ne trouvait plus l'utilité de me battre. Comme si ce soir-là, j'avait compris que c'était sans but.
Donc je me suis mis à marcher autour de toi, qui était toujours étendue par-terre. «Tu n'as pas envie de te relever?» Ai-je demandé. Tu t'es redressé en moins de deux, me regardant toujours avec un soupçon de méfiance dans les yeux, ayant l'air de te demander ce que je pouvait bien te vouloir. «Et maintenant tu pourrais pas me dire pourquoi tu es complètement anéantie... et que tu es restée 5 minutes au moins étendue à mes pieds sur un plancher de pierres glacé??»
Tu t'es mise à tourner, à te demander pourquoi je souriait ainsi. Moi aussi je me le demandait. «Pas tes affaires.» As-tu dit. «Peut-être, ai-je répondu. Mais je veut quand même savoir. Après tout, c'est toujours meilleur quand on n'y a pas droit.» Exactement ce que je pense aujourd'hui...
Ce petit jeu a continué encore quelques minutes, puis tu as recommencé à pleurer. Là, tu m'as tout expliqué. Des Mangemorts avaient tué tes parents durant la nuit et tu l'avais apris le matin même. Tu maudissait cette guerre qui, tu en était sûre, allait te faire perdre tous les gens que tu aimais. Tu haïssait toute cette violence dont Voldemort était l'origine. Et tu m'as avoué que je te répugnais parce que mon père était Mangemort et que c'était peut-être lui le responsible du meurtre de tes parents. Tu as même dit que j'allait certainement suivre ses pas un jour.
C'est là que je me suis fâché. J'ai hurlé et hurlé encore que jamais je n'allait suivre les traces de mon père, que jamais je ne deviendrai un de ces êtres répugnants qui tuaient des gens sans pitié, et que jamais au grand jamais je ne m'approcherai de ce monstre sanguinaire nommé Voldemort. Et là, j'ai pleuré. De colère et de soulagement, parce que j'avait lâché tout ce que j'avait sur le coeur depuis trop longtemps.
Tu t'es excusée, gênée. J'ai détourné le regard, mais tu as continué à parler. Tu essayais de me réconforter... C'était la première fois que quelqu'un faisait ça pour moi. Et jamais je n'aurais cru que ma pire ennemie s'en chargerait. «Non, désolée, je ne voulait pas. Chhhut, je sais maintenant, je sais... Tout va bien aller, je sais que tu ne veut faire aucun mal...». Ces quelques simples mots m'ont touché au plus profond de moi-même.
Je t'ai regardée et je t'ai simplement demandé: «Pourquoi?» et tu m'as répondu: «Parce que personne ne mérite de souffrir comme tu as souffert. Parce que tu viens de me prouver que tu avais un coeur.». Tu m'as souri, puis j'ai essayé de te sourire à mon tour. À partir de ce moment, on se voyaient aussitôt qu'on en avait la chance, c'est à dire tous les soirs, dans le dortoir des préfets-en-chef. Ce n'était qu'une simple amitié, mais ça m'avait fait réaliser que la vie était belle, quand on avait quelqu'un à nos côtés.
Un soir, tu es rentrée avec un grand sourire, me sautant presque dans les bras. «Et qu'est-ce qui te mets dans un tel état?» demandais-je, amusé. «Mais rien voyons! m'as tu dit. Tu ne trouves pas, toi que la vie est belle?» «Euuuh... Ok, dis-moi que tu n'as pas reniflé les chaussettes de Rogue! Parce que vraiment... Pouaaaah! C'est l'enfer!». Nous avons rit, puis tu as reprit. «Mais non, triple idiot! C'est qu'aujourd'hui, j'ai réalisé que la vie était un merveilleux cadeau, même si... enfin, il y a quelques obstacles difficiles à surmonter.»
Je te trouvais fantastique à ce moment précis. Parce que c'était moi qui t'avais apris cela. Parce que tu l'avais retenu, et j'était content que quelqu'un m'écoute vraiment. Oui, cela peut te sembler bien anodin, mais pour moi, c'était la plus belle des choses. Puis tu as fait quelque chose dont je ne m'attendait absolument pas. Tu m'as embrassé fougueusement. Brèvement, mais fougueusement. Quelques secondes plus tard, tu as cessé et tu m'as regardé. Encore médusé, je n'ai rien dit sur le coup.
«Je... pourquoi?» «Il faut que je te fasse un dessin ou quoi?». Tu m'as regardé en souriant, me lançant un regard qui voulait tout dire. Tu m'aimais, tu venais de me le faire comprendre d'un simple regard. C'était la plus merveilleuse déclaration que jamais quelqu'un m'avait faite auparavant. Parce que je t'aimais depuis quelques temps aussi, après toutes les soirées que nous avions passées ensemble, à mieux se connaître.
«Mais... et... Et Weasley?? ai-je balbutié.» «Au diable Ron! C'est toi que je veut...». Et encore une fois, nous nous sommes embrassé. Nous n'avons rien fait cette nuit-là. Notre première fois fût la veille de notre départ de Poudlard, quelques mois après cette scène. Ce fût une nuit fabuleuse, que jamais je n'oublierai...
Mais toi, toi qui m'avait promis de ne jamais oublier, tu y seras malgré tout contrainte... Je reste fort. Tout simplement parce que tu me l'avait demandé, si quelque chose t'arrivait, juste avant la guerre. Tu ne voulais pas que ça gâche ma vie... Tu ne voulais pas que je pleure. Je te l'ai promis, mais je n'ai pas su tenir ma promesse.
Comment veux-tu que je ne pleure pas, sachant que la seule femme que j'ai aimée ne se souviendras plus de tout l'amour que je lui ai donné? Comment veux-tu que je ne pleure pas quand tu ne te souviendras même pas de moi, de toutes nos nuits passées ensemble, de toutes les merveilleuses choses que nous nous disions, de tous les projets que nous faisions? C'est dur, Hermione. C'est dur de réussir à oublier. Mais malgré tout j'essaie, pour toi. Je reste fort mais je ne t'oublie pas, je ne t'oublierai jamais.
Il faut que je quitte maintenant. Je travaille dans 15 minutes. J'ai été heureux de passer te voir, même si ça n'a été qu'un bref instant. On dit qu'il est important de parler aux gens qui sont inconscients parce qu'ils nous entendent. Tu crois que c'est vrai, mon ange? Je l'espère... Je reviendrai te voir, bientôt. C'est promis. En attendant, je garde espoir que d'ici mon retour, tu ouvriras les yeux, et j'espère de tout mon coeur qu'il resteras une petite place pour moi dans ton coeur. Je t'aime, ne l'oublie jamais...
