Broken
Résumé : Bran et moi, c'est comme...le feu et la glace, l'allumette et le tonneau d'essence, l'antilope et le lion, l'amour et la haine. Nous sommes complémentaires, certes. Mais en constante confrontation. Je suis une louve très vieille. Comme lui.
Je suis très dominante. Comme lui. Associé à ma grande gueule, ça ne donne pas forcément un jolie résultat...
Pourquoi ? Pourquoi suis-je revenue, vingt ans après ma disparition à Aspen Creek ? That is the question !
Merci à ma bêta Baella, en passant !
Disclaimer : Tout appartient à l'auteur de ces magnifiques livres, Patricia Briggs – que je salue ;-) -. Hormis mes OC's et quelques intrigues en plus, qui sont évidemment mon exclusive propriété !
Attention, je vous ais à l'oeil ! L'alpha en moi risque de sortir à tout moment, bouhou !
Divagation mis de côté, bonne lecture. Et n'hésitez pas à me faire part de vos impression !
Conseil : A lire en écoutant "All I Want" de Kodaline et repris par Heather Hibbard et Josh Schott. Une merveille.
0.
Eksa'a onontsi*
1811, Plymouth, Massachusetts
" Le Nord de l'Amérique est confortable pour les colons Anglais qu'ils sont.
De plus, leur longue existence leur permet de posséder un joli petit pactole qui leur assure une centaine d'années, facile, à l'aise.
Sage savourait ces instants de quiétude comme jamais. D'un naturel cynique, elle savait parfaitement que cette atmosphère sereine et sans ennui ne durerait pas. En tout cas, pas pour elle.
Elle était une créature instable, malgré tout ce que les autres pourraient lui dire, un véritable aimant à danger, comme aimait à le répéter Bran lorsqu'elle lui cassait beaucoup trop les pieds. Ce qui arrivait très fréquemment, soulignons-le !
Alors, à un moment donné, il était certain qu'elle partirait.
Elle resterait les vingt prochaines années. De un, la mort de Geai Bleu avait rendu le contrôle de Bran encore plus instable qui ne l'était déjà. Son loup se manifestait à tout-va et le moindre désagrément le mettait dans une rage folle. La perte était récente, Geai Bleu avait été l'une de ses plus proches amies, étonnant quand on pensait à la force de son antipathie envers son propre sexe !, elle pouvait donc comprendre, cependant pour des dominants tels qu'eux, se laissait dominer par la colère, la rage ou la tristesse n'était pas bon. Loin de là.
De deux, il y avait Charles. Ce tout petit-être. Charles Cornick. Fils de Bran et sa compagne, Geai Bleu. L'une des plus merveilleuse créatures qu'est donné cette terre.
Les louves ne pouvaient concevoir. Le fœtus mourrait à la transformation, obligatoire à la pleine lune. Elle avait déjà essayé. Et quand, elle avait tenté de garder l'enfant sous sa forme lupine, elle avait crût devenir folle. Elle avait résister six mois avec la voix obsédante et constante de sa louve qui l'enjoignait de se nourrir. D'une nourriture beaucoup plus consistante que le pauvre lapin des forêts...D'humains.
Elle s'en était sortit de justesse. Grâce à Bran. Mais elle avait perdu le bébé. À cause du loup.
Alors, lorsqu'elle avait rencontré pour la première fois Charles, il y a une année de cela, elle avait eu le coup de foudre. C'était obligatoire. Comment résister ?
Face à l'absence de présence féminine, elle avait décidé de prendre le rôle de la tante, tout du moins de la mère, pour le nourrisson.
Ces deux points, Bran et Charles, lui donnait une bonne raison de rester dans les parages, le temps que l'un reprenne ses esprits et que l'autre atteigne sereinement l'âge adulte.
Oh, les humains pouvaient bien gigoter tel des mouches sous opium, elle s'en fichait. Elle allait être égoïste. Pour une fois.
Car oui elle se réjouissait : aujourd'hui, Charles avait fait ses premiers pas !
Que cinq cent esclaves se révoltent dans la plantation du général Andry, près de la Nouvelle-Orléans l'intéressait tout autant que les geignements du mioche des voisins.
Sage s'agenouilla dans l'herbe grasse de la dépendance, salissant au passage sa robe mauve avec allégresse.
- Mais toi, tu es plus intelligent, n'est-ce pas Eksa'a onontsi* ?, gazouilla-t-elle en fourrant son nez dans le creux de la nuque du garçonnet.
Celui-ci ne pût s'empêcher d'éclater de rire au contact de la peau de la rousse sur sa peau brûlante.
- Tu le gâte trop, tu sais ?, fit remarquer ironiquement une voix dans son dos.
Une voix bien connue de toute la plantation, pour ce qu'elle était. Le docteur Cornick.
Samuel.
Dans cette vie humaine, il était le frère de Bran. Et non, son fils. Ç'aurait été trop louche. Par contre, elle, elle est la sœur bâtarde du garou. Très bon moyen pour finir vieille fille. Charles gardait, quant à lui son rôle. Bon, au moins, il n'y avait aucune rumeur suspect sur ses vertus. Bien. Très bien, même. Elle ne voudrait pas être accusé d'un acte qu'elle n'aurait pas commis.
Après avoir posé le bambin qu'elle faisait sauter dans ses bras précédemment elle se retourna, prête à lui envoyer une de ses remarques acides légendaires...lorsqu'elle remarqua que quelque chose n'allait pas.
Ses yeux vert-gris balayèrent le corps du nouveau intervenant alors qu'elle l'observait d'une attention accrue, les lèvres pincées. Elle ne s'en rendait pas compte, mais à l'instant, elle rappelait vaguement à Samuel sa mère. Cette manière de se tenir, de le jauger. Exactement là même lorsqu'il rentrait chez lui crotté et honteux. La boule dans sa gorge grossit.
- Comment se porte Elizabeth ?, demanda-t-elle inquisitrice.
Le coups porta, même si ce n'avait été délibéré. Ainsi, Sage remarqua la pâleur encore plus grande de Samuel sous le soleil de plombs de ce fin de printemps, le tressaillement sporadique de ses épaules et ses yeux bruns trop brillant. Elle remarqua enfin son sourire...oh, il tentait de faire bonne figure, à n'en pas douter, mais il oubliait à qui il avait à faire. Son sourire ne lui remontait pas aux yeux dont l'expression hantée lui serra la gorge.
- Samuel...
Elle l'avait murmuré mais il avait semblé l'entendre. Ses épaules se voûtèrent davantage comme s'il tentait de se noyer dans son costume blanc. Inutile de mettre de mots sur ce qu'il s'était passé pour le rendre ainsi.
Sa femme est morte.
- Tout va bien, affirma-t-il.
Seulement les trémolos dans sa voix éraillée, le trahirent davantage que tous les sanglots déchirant du monde.
Sage resta là, les bras ballants, ne sachant que faire. Elle n'avait jamais été très douée pour réconforter. Énerver, encore, c'était dans ses cordes, mais elle ne pensait pas que c'était ce qu'il lui fallait...
Rrrrhhhhaaa ! Mais que faisait Bran lorsque l'on avait besoin de lui !
Elle remarqua vaguement que Charles avait prit une branche posé non loin de là qu'il examinait sous toutes ses coutures.
Au moins l'un d'entre eux s'amusait, se dit-elle avant d'étouffer soudainement.
Elle aurait aimé faire quelque chose pour calmer la détresse de son ami, son frère...alors lorsqu'il la serra dans ses bras à s'en étouffer, elle le laissa faire.
Et elle le serra à son tour dans ses bras. Fort, très fort.
Comme un peu avant, elle fourra son nez dans sa nuque, entourant sa poitrine de ses deux bras.
Les sanglots le secouèrent, tel un tsunami silencieux, avant d'exploser. Sans force, il glissa à genoux, entraînant dans sa chute la rousse.
Une main passé dans ses cheveux pleins de gel – la mode de l'époque voulant une mise impeccable- sa tête reposant sur la poitrine corsetée de la jeune femme, c'était à son tour de serrer sa silhouette de toutes ses forces.
Elle savait ce qu'il ressentait. Elle aussi avait voulue construire un foyer. Une maison avec un mari aimant et une petite famille. Des enfants. Elle avait essayé quatre fois. Pas une de plus. Ni une de moins.
Et elle ne reproduirait pas l'expérience. Pour rien au monde. Les loups de cette époque étaient beaucoup trop brutale, surtout pour une louve de son acabit. Par ailleurs, les humains sont beaucoup trop fragile. Pour des personnes vivant aussi longtemps qu'eux, leur espérance de vie était à la limite du risible.
Et puis, ce n'était pas comme si elle pouvait enfanter, hein...
Il n'y avait aucun mots de réconfort à cette impression que tout se déchirait autour de soi. Rien.
Alors, elle se mit à lui fredonner la comptine que sa nourrice lui chantait plus jeune.
Une mélodie douce dans le grabar** de sa naissance, perdu depuis longtemps pour la civilisation moderne. Elle n'était pas insensible à la douleur de son ami, loin s'en faut.
Elizabeth Boyle était une jeune aristocrate dont le père s'est fait fort d'une très bonne réputation dans les environs de Plymouth, s'est marié à l'un des célibataires les plus en vue de la société Plymouthienne.
Samuel Cornick.
Quel émoi, quel bonheur que ce fût. Et leurs noces ! Somptueuses !
Voilà ce qu'il se murmurait sur les jeunes mariés. Tout allait pour le mieux et encore plus lorsqu'il y a sept mois, le docteur annonça à la famille la grossesse de la jeune marié.
Ô joie empoisonnée !
Car oui, fou de joie Samuel n'écouta pas ses mises en gardes.
Une jeune humaine ne serait capable d'accoucher d'une progéniture lycanthropique. Elle était tellement triste d'avoir raison pour cette fois. Qu'aurait-elle donnée pour avoir tort ?
- Elle...morte...garçon...c'était un garçon, balbutia-t-il, les secousses et les pleurs se calmant peu à peu.
Cela ne le rendait pas plus cohérent pour autant. Elle continua de le bercer jusqu'à ce qu'il se taise. Qu'il respire plus librement. Et que sa prise sur ses hanches ne se desserre, à son plus grand soulagement.
- Désolé, souffla-t-il en se relevant.
Elle inspira profondément. Sa louve lui hurlait de se lever instamment. De ne pas laisser le loup en face d'elles prendre le contrôle. Elles étaient les plus fortes.
Et Bran ?
Bran pas la même. Bran dominant. Nous sommes LA dominante. Personne d'autres.
Personne !
Lève-toi, rugit-elle.
Elle soupira en inspirant profondément. C'était Samuel qu'elle avait devant elle. Le gentil Samuel.
Pas Sam.
- Llewellyn...je suis plus vieille que ton père, et je n'ai pas eu sa chance...je pense pouvoir te dire avec certitude que je te comprends. Elle posa sa main sur son genou, yeux dans les yeux.
Ils étaient beaucoup plus argentée qu'à l'accoutumée.
Sa louve grogna face à autant d'insoumission...elle la bâillonna.
- Tu sais où me trouver si tu veux parler, sourit-elle avant de se relever du mieux qu'elle pût.
De un, ces satanées robes de mode londonienne n'était pas faite pour s'écrouler dans l'herbe, en tout cas pas sans support et de deux, sa louve commençait à devenir vraiment intenable.
Je doute que cela soit pour tout de suite. Elle fronça les sourcils, perplexe. Il pointa un doigt derrière elle.
- Charles s'est transformé, l'informa-t-il galamment.
Sa perplexité demeura un instant...tout du moins jusqu'à ce qu'une petite boule de poils ne lui passe entre les jambes, la déséquilibrant.
La mine catastrophée qu'elle arbora fit glousser le docteur.
Elle ouvrit la bouche. La ferma. Pour la rouvrir. Sans qu'un mot ne soit prononcé.
Finalement...
- Oh non ! Par les couilles de Satan ! Petit impertinent, reviens par ici!( Se tournant vers un Samuel effondré de rire, ses jupes dans une main :) Et toi, au lieu de bêtement te moquer, viens m'aider ! (Puis reprenant à l'adresse de l'enfant:) Jeune garçon ! Je compte jusqu'à cinq. Attention ! Cinq...
Et, tout en le flairant, elle continuait son décompte.
En fond sonore, le rire moqueur de Samuel la suivit.
Lorsque je me retourne pour regarder la trame de ma vie, j'ai l'impression que tout se résume à cela. À cet instant de bonheur. À Bran, Samuel et Charles.
Surtout Charles, en fait.
Et alors que le soleil de mes jours se transforme en néant des plus dévastateurs, je repense à ce bonheur, à jamais loin de moi.
Insaisissable.
*petit chef en irokois
**soit krapar, arménien classique datant approximativement 405 jusqu'au XIe siècle après J-C.
Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Dois-je continuer sur ma lancée ou bien me noyer dans une piscine de Nutella ( le rêve !*en salive d'avance*) ?
