Dis-moi, Abigail

Dis-moi, est ce que toi aussi tu te réveilles avec le gout des larmes dans la bouche, avec le nom des morts dans la tête, avec une chape de plomb sur les épaules ? Est-ce que toi aussi tu sens le découragement t'envahir parfois, non, tout le temps ? Est-ce que toi aussi tu exècres ces adultes, qui, trop enfoncés dans leur déni, nous ont plongé dans une guerre que nous n'avons aucune chance de gagner ? Est-ce que toi aussi tu te raccroche aux cours, tu passes toutes tes heures libres à travailler pour ne plus voir les yeux rouges et abattus des autres ? Est-ce que toi aussi tu te demandes toutes les heures, toutes les minutes, toutes les secondes pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce que toi aussi tu passes des heures à consoler les plus jeunes, à leur promettre que tout ira bien malgré tout, alors que tu n'arrives même pas à relever la tête ? Est-ce que toi aussi tu méprise tous ces prétendus héros qui attendent la bataille avec impatience, alors que toi tu es terrifié ? Est-ce que toi aussi tu ne peux t'empêcher d'envier ceux qui ont fait un choix ? Est-ce que toi aussi tu passes tes nuits à t'empêcher de fermer les yeux, de peur de revoir ceux des disparus ? Est-ce que toi aussi tu te haïs de ne pas te rallier du côté des résistants alors que Tu-sais-qui a tué tous ceux à qui tu tiens ? Est-ce que toi aussi tu ne supportes pas les regards compatissants qui t'accompagnes toujours ? Est-ce que toi aussi tu ne sais pas quoi faire, emmêlée dans des sentiments contradictoires que tu ne sais plus différencier ? Est-ce que toi aussi tu as l'impression de devenir folle, enfermée dans une maison de glace d'où tu ne peux sortir, et d'où tu ne peux rien faire à part t'interroger continuellement ?

Dis-moi, Abigail, dis-moi,

Est-ce que toi aussi tu écrit des lettres aux morts pour te donner l'illusion qu'ils sont encore vivants ?


Hum.

Ouais, les textes déprimants, c'est vraiment mon truc.

Bon...

Donc, un nouveau recueil, cette fois-ci de lettres ! Je pense que je vais alterner entre celui-ci et "Ceux-qui-n'avaient-pas-survécus", un jour sur deux, quoi. Ou peut-être pas, je verrai.

Bon dites moi si ça vous a plu ou si je dois arrêter immédiatement d'écrire des textes aussi tristes (et je sais que vous lisez, j'ai les statistiques pour me le prouver, donc bon !).

A demain ou à tout de suite, ça dépend !

Amazaria.