Confession

Patient : Sean Cassidy
Première séance.

Bonjour... Bon, je vous préviens tout de suite, si je suis venu ici ce n'est pas parce que je suis fou, ou que je rêve de meurtre bizarroïde et que sais-je encore. Bien que ces derniers temps ce sont surtout des cauchemars qui me hantent. Je crois que le mieux serait de vous expliquer depuis le début. Je m'appelle Sean Cassidy et je vis pour le moment chez ce que l'on peut appeler je pense, un tuteur. Illégal, soit, mais un tuteur tout de même. Il s'appelle Charles Xavier. Heu, vous pouvez barrer le « illégal » s'il vous plaît ? J'ai pas vraiment envie d'avoir encore plus de problèmes maintenant. Enfin bon, je vis avec lui ainsi que cinq autres personnes. Toutes vachement sympathique hein, pas de quoi fouetter un chat si ce n'est qu'ils sont tous un peu timbrés à leur manière. Non non non ! Ne marquez pas ça non plus, je plaisantais. Donc, là où je voulais en venir, c'est que j'ai une profonde affection pour Charles. Un peu comme si il était mon père, vous voyez ? Il est gentil avec tout le monde, prévenant, attentionné, compatissant... Il m'a même raconté une histoire une fois, quand je n'arrivais pas à trouver le sommeil durant un orage. Vous voyez un peu le genre. Et puis, il faut dire qu'il a beaucoup de charisme. On ne peut que s'attacher à lui. N'importe qui pourrait l'aimer. Même le plus grand psychopathe et sociopathe du monde. Je me comprend. Vous me pigez maintenant je pense. Je suppose que vous avez un très grand respect envers votre père. Et si ce n'est pas le cas je préfère ne pas le savoir. En gros, c'est une personnalité pure et innocente dont les tâches d'ombres sont préférables d'ignorer.

Quand je dis tâches d'ombres, n'allez pas vous imaginer des trucs trop horribles hein. Il ne me frappe pas, ne me viole pas, ne m'insulte pas, ou quoi que se soit d'autre. D'ailleurs, je pense qu'il n'a même jamais eu ce genre d'idée. C'est un genre de pacifiste révolutionnaire. Les fois où il hausse la voix, ce n'est jamais vers nous. Même quand je casse les vitres ou que je réveille tout l'Institut en ronflant. Où je veux en venir ? Ah oui voilà... La source du problème est... Une vidéo. Mais cette vidéo ne s'est pas faite toute seule. Je n'ai pas envie de vous en parler ni d'y penser d'ailleurs. J'ai encore peur rien que d'y... Brrr... Pour en revenir à Charles, sachez que je le respecte plus que tout ses choix, ses idées, même ses bêtises souvent faites de manière inconsciente. Mais je dois avouer que je suis un peu circonspect vis-à-vis d'Erik.

Erik Lensherr. Il ne faut jamais se mettre dos à lui, ni passer devant sa chambre après 23h00 ou le regarder trop longtemps dans les yeux. Sinon, c'est le massacre assuré. Si Charles est terriblement gentil et calme, Erik est tout le contraire. Mais c'est peut-être pour ça qu'ils sont ensemble. Je ne sais pas trop comment leur relation a débuté mais je dois dire que c'était gênant dès le début de notre cohabitation. Ils passaient la plupart du temps à jouer aux échecs dans n'importe quelle pièce de l'Institut et parfois on se demandait ce qu'il foutait réellement. Pendant les dîners, c'était carrément glauque. Ils se dévoraient du regard, se touchaient la main en gloussant,... Ils étaient pire que des adolescents à l'aube de leur premier rendez-vous. Ça s'est plus ou moins officialisé lorsqu'on les a trouvé dans la cuisine, Erik cherchant quelque chose dans la gorge de Charles avec sa langue. D'après moi, il n'a toujours rien trouvé car ils ont recommencé les jours suivants. Faut pas se méprendre. Je ne suis pas homophobe, au contraire. Mais quand j'ai réalisé qu'ils étaient ensemble, ça a été un véritable choc. Charles et Erik quoi ! C'est le genre de couple improbable. On dit que les contraires se complètent mais là c'est clairement deux mondes différents. Bon, il y a eu un super point positif : Erik s'est « adouci ». Ouai ok, il est toujours le même. Irascible, colérique et paranoïaque. Au moins, il n'est plus frustré sentimentalement. Sauf que là, c'est invivable. Depuis qu'ils sont « officiellement » en couple, ils ne se cachent plus du tout.

Même qu'un matin, on était tous tranquillement en train de manger notre petit-déjeuner. Sans Erik. En général, il va faire un footing avant de nous rejoindre à la cuisine. Finalement, il arrive et... Se jette sur Charles sans forme de procès. J'ai cru que j'allais mourir. Ils étaient tellement enlacés qu'on avait l'impression que l'un ou l'autre allait s'évanouir étouffé. Erik s'était emparé des hanches de Charles et l'avait plaqué contre le mur. Je pense qu'ils auraient pu aller plus loin si Raven (la sœur de Charles) ne s'était pas interposée. Je me souviens très bien de ce qu'elle a dit.

« Vous vous croyez où là ? Au bordel ? Il y a des chambres pour ce genre de truc. »

Puis elle s'est levée et est partie, plus furieuse que jamais. Charles était gêné, j'en suis sûr. Il semblait vouloir se cacher six pieds sous terre et a balbutié des excuses. L'expérience ne s'est jamais réitérée, bien qu'il faut toujours faire attention et toquer à la porte avant d'entrer où que se soit.

Vous vous doutez que cette scène m'a assez... Perturbé. Mais ce n'est rien comparé à la vidéo. Tout le monde sait ce qu'il y a sur LA vidéo. C'est comme si tout nos repères s'envolent lorsqu'on la regarde. Si je suis venu ici c'est, je pense, pour me détacher de l'ambiance claustrophobique de l'Institut. Personne ne veut en parler parce que c'est vraiment trop gênant. Vous pouvez pas imaginer l'effort que je fais pour vous en parler. Il faudrait sûrement que je mette certains points au clair avant que cela n'explose. Sauf que c'est au dessus de mes moyens. Je peux plus regarder Charles ou Erik sans vouloir me cacher très loin d'ici. Alors de là à discuter avec eux...

Voilà, le principal est dit. Je pourrais vous raconter mon enfance esseulée, mes études chaotiques ou encore mes amourettes quasi inexistantes mais... ça c'est vraiment pire. Tout ça, c'est la faute de cette vidéo. Si on ne l'avait pas trouvée, rien de tout ceci ne serait arrivé. Vous voulez savoir ce qu'il y a dessus ? Je ne veux pas le décrire. Je ne PEUX pas le décrire. C'est rentrer dans une âme. Voilà. C'est tout. Il faut la voir pour la comprendre.

C'est beau, c'est choquant, c'est honteux, c'est fascinant, c'est sale et pur. Mais vous décrire ce qu'il s'y passe... Non non...

Impossible.