Voilà de quoi vous prouvez que je n'ai pas été inactive lorsque j'étais chez mes parents. Enfin… ce que je viens de dire est un peu un mensonge puisque j'ai écrit cela après être rentrée mais l'idée m'est venue lorsque je me trouvais chez mes parents pendant un déjeuner avec tantes, oncles, cousines et parents pendant lequel je m'em…bêtais fortement. Evidemment, c'est du SayaxHagi (Franchement… quelqu'un en doutait ?).

Raconter ma vie, c'est fait… Passons maintenant au truc que tout le monde sait mais que je dois dire quand même…

Vous avez vu une scène de ce genre pendant l'épisode 16… Non… Alors, ça veut tout dire.

J'ai raconté ma vie… J'ai dit que c'était pas à moi… Qu'est-ce qui reste maintenant ? Localisation temporelle ? Ah non ! C'est fait aussi. Ah si ! Il reste une chose !

J'hésitais un peu à mettre ce petit écrit (Pourquoi ? Cherchez pas !) alors j'ai pris conseil auprès de la personne qui doit supporter mes élucubrations vampiriques et sorceliennes (Je sais ce mot n'existe pas mais ça fait rien) depuis bientôt trois ans (Ouh la… tout ce petit monde a déjà trois ans… Va falloir qu'on fête ça ma chérie)… A savoir ma meilleure amie et complice de toujours. Elle a trouvé ça mimi tout plein et m'a conseillée de vous le faire partager (tout en me demandant pourquoi je ne voulais pas le mettre… Je vous l'ai dit, faut pas chercher). Elle en a aussi profité pour corriger mes fautes. Je lui dis donc un grand merci pour tout ce qu'elle fait pour moi ( Merci d'être toujours là lorsque j'ai besoin de toi).

Bon, je vais arrêter de vous embêter avec tout ça et je vous souhaite une bonne lecture.


Premier Temps

Oubli

Saya se réveilla en sursaut avec la désagréable sensation d'avoir fait un cauchemar une nouvelle fois. La jeune fille jeta rapidement un coup d'œil vers la fenêtre. Le soleil était sur le point de se lever. Elle regarda ensuite sur le côté. Riku dormait toujours.

Elle se rallongea dans son lit et referma les yeux. Elle aurait aimé se rendormir pendant encore quelques instants mais le sommeil la fuyait. Elle avait trop chaud. Saya rejeta soudain ses couvertures au bat du « lit ». Elle avait toujours aussi chaud. Elle enleva sa veste de pyjama.

Elle se rallongea une nouvelle fois et referma les yeux. Les minutes passèrent. Elle ne dormait toujours pas. Elle se sentait fatiguée pourtant mais une partie d'elle refusait le sommeil, une partie d'elle qui avait peur des rêves qu'elle faisait.

Saya se leva. Si le sommeil la fuyait, cela ne servait à rien de rester allongée ici à se tourner et à se retourner sur l'étroite banquette inconfortable.

Elle quitta son compartiment sur la pointe des pieds pour éviter de réveiller son petit frère.

Une fois dans le couloir, la jeune fille se demanda ce qu'elle allait pouvoir faire. La partie d'elle qui avait peur de ses cauchemars pensa à Kaï. Peut-être devait-elle aller lui parler ? Elle était sûre qu'il réussirait à la rassurer.

As-tu vraiment envie que ce soit lui qui te rassure ?

Elle s'immobilisa instantanément à cette pensée. L'image d'un regard bleu-gris s'imposa alors à elle. Saya secoua alors la tête de droite à gauche. C'est Kaï que je vais voir. Personne d'autre.

La porte du compartiment qu'occupait son frère n'était pas totalement fermée. Saya jeta donc un rapide coup d'œil à l'intérieur avant de frapper. Elle rougit aussitôt mais elle ne bougea pas. Figée devant la mince raie de lumière, elle regardait ce qui se passait à l'intérieur du compartiment.

Son frère n'était pas là mais le compartiment n'étais pas vide pour autant. Son autre occupant s'y trouvait toujours. Forte heureusement, il tournait le dos à la porte et ne pouvait donc pas la voir. Mais même si cela n'avait pas été le cas, il ne l'aurait peut-être pas vue puisqu'une serviette lui recouvrait pour le moment la tête. Il était en train de sécher vigoureusement ses cheveux.

Saya savait qu'elle aurait dû regagner son compartiment à la minute même où elle l'avait vu ou tout du moins, s'éloigner de cette porte. Elle ne devrait rester ici à l'observer comme elle le faisait… Sans parler de la tenue dans laquelle il se trouvait ! Qu'est-ce que son père aurait dit s'il l'avait vu en train de regarder un homme à moitié nu en cachette ? Mais elle ne bougea pas et elle continua de le détailler attentivement.

Du dessin des muscles aux articulations, tout son corps était taillé en longueur et en finesse… Un corps fait pour la souplesse et la rapidité. Souple… Rapide… Il l'était… Sans oublier sa force. Il avait réussi à mettre son frère à terre en moins de temps qu'il ne faille pour le dire mais aussi… Elle se rappelait la manière dont il l'avait serrée contre lui lorsqu'il l'avait embrassée pour lui donner son sang. Le souvenir de leurs corps pressés l'un contre l'autre la fit rougir de nouveau. Elle chassa très rapidement ce souvenir de son esprit. Enfin… Elle aurait réussi à le chasser si elle ne s'était pas actuellement trouvée en train d'observer l'homme qui l'avait serrée contre lui cette nuit-là.

Le regard de Saya tomba soudain sur la main droite de l'homme qu'elle regardait. Comment ne pas penser à un chiroptère en la voyant ? Pour l'instant, elle n'avait eu que peu d'occasion de voir cette main. Son étrange serviteur ne la découvrait que pour l'assister dans ses combats. Le reste du temps, une longue bande blanche la recouvrait entièrement mais pour le moment, la bande en question n'y était pas.

Il n'y avait que sa main et la première partie de son avant bras qui était comme ça. Le reste de son bras était normal… Humain. La peau de cette main était marron, tirant presque sur le rouge et les doigts étaient devenus de longues griffes tranchantes d'un marron plus foncé. Saya avait eu si peur la première fois qu'elle avait vu sa main mais maintenant… Maintenant, à chaque fois qu'elle posait le regard dessus, que sa main soit bandée ou non, elle se sentait coupable. Se pourrait-il que sa main soit dans cet état à cause de moi ?

Il avait fini par poser la serviette sur la banquette, juste à côté de l'étui qui ne quittait jamais son épaule. Ce dernier était ouvert et laissait voir le violoncelle qu'il contenait. Le regard bleu-gris se posa un instant sur l'instrument puis celui qui lui obéissait posa sa main sur le bois avant de la faire remonter le long du corps du violoncelle en un geste à la fois doux et sensuel.

Saya ferma les yeux un instant, à la recherche d'un souvenir qui, elle le savait pertinemment pourtant, ne ressurgirait pas. Un gouffre… Juste un gouffre obscur et sans fond… Voilà ce qu'était sa mémoire mais parfois il s'éclairait pendant un très court instant. C'est ce qui venait de se passer mais elle n'en avait retiré qu'une sensation… Celle d'une main sur sa peau… Sa main.

La jeune fille rouvrit brusquement les yeux en secouant vivement la tête de droite à gauche. Qu'est-ce qui lui prenait de penser à lui de cette manière ? Si seulement… Si seulement, elle n'éprouvait pas tant de chose en le regardant, tant de choses si contradictoires ! Il l'effrayait. Il l'effrayait parce qu'elle savait qu'il venait de ce passé dont elle ne savait pratiquement rien, parce qu'il savait qui elle était avant mais en même temps, sa présence à ses côtés avait quelque chose d'extrêmement rassurant. Il lui arrivait d'avoir peur de lui mais elle lui donnait naturellement sa confiance, une confiance qui lui semblait même parfois bien supérieure à celle qu'elle accordait à sa famille et à ses amis. Comment cela pouvait-il être possible alors qu'il n'était qu'un inconnu… Un inconnu qui lui semblait si familier, trop familier dans sa manière d'agir et sa façon d'être. Sans parler de son nom ! A chaque fois qu'elle le prononçait, elle avait l'impression qu'une porte s'ouvrait en elle pour se refermer aussitôt. Hagi…

Il se retourna immédiatement… Comme si elle avait prononcé son nom à voix haute et avant même que Saya ne puisse faire le moindre mouvement, il fut à la porte et il l'ouvrit.

Saya aurait voulu s'enfuir à toute jambe en le voyant ouvrir la porte mais ces dernières refusèrent de bouger. Ses yeux rencontrèrent alors le regard couleur d'acier. Il était aussi impassible que d'habitude. Toute envie de fuir disparut en elle. A la place, il n'y avait plus que le profond désir de savoir ce qui pouvait bien se cacher derrière ces prunelles claires, le vœu de connaître le passé.

« Que désires-tu ? » demanda-t-il d'un ton neutre.

Le son de sa voix la fit sursauter. L'envie de partir réapparut mais à son grand étonnement, Saya s'entendit répondre.

« J'ai fait un cauchemar. »

Il s'effaça pour la laisser passer. Apparemment, ce n'était pas la première fois qu'une telle chose se produisait et qu'elle venait le voir.

Saya semblait avoir recouvert sa capacité à se mouvoir mais au lieu de retourner dans son compartiment comme le lui ordonnait désespérément une petite voix de son esprit, elle entra à l'intérieur de celui-ci puis alla s'asseoir sur la banquette que devait occuper son frère pendant la nuit tandis qu'Hagi refermait la porte.

La jeune fille pensait qu'il allait s'asseoir en face d'elle afin qu'ils puissent discuter mais il n'en fit rien. Il resta debout devant la porte, tel une sentinelle silencieuse. Il attendait qu'elle parle.

Saya regarda le paysage tout en préparant ce qu'elle allait dire. Elle se tourna enfin vers lui mais détourna presque aussitôt la tête en se souvenant de la tenue dans laquelle il se trouvait.

« Hagi… » commença-t-elle à dire mal à l'aise.

Le reste de la phrase n'avait pas l'air de vouloir franchir le seuil de ses lèvres.

Il comprit ce qu'elle voulait. Saya le sentit se déplacer, plus qu'elle ne l'entendit. Même dans ses gestes, il était silencieux.

Le bruit d'un objet tombant sur le sol lui fit dresser l'oreille. Elle se baisa machinalement pour le ramasser. Une main fine couvrit la sienne mais se retira aussitôt.

Saya se rassit et contempla l'objet qu'elle tenait à la main. C'était un peigne. Elle leva les yeux pour regarder Hagi. Il s'était enfin assis et il avait enfilé une chemise blanche mais il ne l'avait pas boutonné. Le regard de la jeune fille se porta donc aussitôt sur son visage et il s'arrêta sur les cheveux mouillés. Elle se leva.

Pour une fois, Saya eut la satisfaction de voir clairement la lueur étonnée qui s'alluma dans le regard d'Hagi lorsqu'elle s'assit à côté de lui, même si cela n'avait duré que quelques dixièmes de secondes.

« Tourne-toi. » dit-elle à voix basse.

Il obéit. Elle se mit à genoux sur l'étroite banquette puis commença à passer le peigne dans les boucles brunes.

De longues minutes s'écoulèrent dans un profond silence. Aucun mot n'avait été échangé depuis le moment où Saya lui avait ordonné de se retourner. La jeune fille avait fini par se dresser sur ses genoux tout en continuant de le peigner. Il y avait quelque chose d'étrangement familier dans cette scène et elle ne réussissait pas à dire si cela la dérangeait ou non.

Saya cessa soudain tout mouvement. Mais qu'est-ce que… se demanda-t-elle en contemplant ce qu'elle avait fait. Perdue dans ses pensées, elle avait agi par automatisme. Elle avait posé le peigne à côté d'elle puis elle avait commencé à tresser les cheveux d'Hagi. Se pourrait-il que…

La jeune fille secoua vivement la tête tout en défaisant vigoureusement la tresse qu'elle avait commencée. Hagi voulut se retourner mais elle plaça les mains de chaque côté de sa tête.

« Reste tranquille, ordonna-t-elle en le forçant fermement à tourner la tête de nouveau.

-Si c'est ce que tu souhaites. » répondit-il.

Mais elle n'entendit qu'à moitié cette phrase si habituelle. L'ordre qu'elle venait de lui donner produisait comme un écho en elle. J'ai déjà dit… Je LUI ai déjà dit ça !

Pourquoi fallait-il qu'elle trouve tout cela si familier ? Pourquoi cette impression de déjà-vu ne la quittait-elle pas ? De leur position jusqu'aux sensations qu'elle éprouvait en passant les mains dans les cheveux bruns, en jouant avec les boucles couleur d'encre, en les réunissant dans sa main ou en les écartant pour découvrir la nuque et dévoiler la peau blanche de son cou, une peau si pâle qu'elle réussissait à voir ses veines… Tout était beaucoup trop familier.

L'une de ses mains abandonna les cheveux bruns pour se poser sur la peau couleur de marbre. Son doigt suivit la veine qu'elle venait d'apercevoir. Elle perçut le léger frisson d'Hagi mais l'ignora. Elle ne pouvait pas quitter du regard cette veine qui se profilait sous la peau pâle et qui l'appelait. Elle avait faim… Mais pas de nourriture humaine… Elle avait envie de sang… De SON sang…

La jeune fille pencha la tête vers lui. Ses lèvres suivirent la veine comme l'avait fait ses doigts tandis que sa main faisait glisser la chemise blanche de son épaule. Son autre main avait abandonné les cheveux d'encre et son bras s'était noué autour de la taille d'Hagi.

La légère crispation de ce corps serré contre le sien… L'attente… Le désir commun… Elle connaissait tout cela. Son corps s'en souvenait mieux que son esprit.

Elle posa les lèvres à l'endroit où elle allait le mordre… Un baiser si innocent par rapport à ce qui allait suivre… Un baiser qui était à la fois demande et excuse pour ce qu'elle allait lui faire.

Sa main chercha la sienne.

Elle ouvrit la bouche.

Elle mordit.

Une main serra la sienne et le corps qu'elle tenait étroitement contre elle se crispa un peu plus.

Il se détendit au moment où le sang commença à couler dans sa gorge.

Pas humain ! Ce n'est pas humain !

Saya s'éloigna précipitamment d'Hagi. Son dos rencontra presque immédiatement le mur. Elle ne pouvait plus fuir.

Hagi se retourna. Pour ne pas croiser son regard, elle baissa les yeux mais ils se posèrent sur son cou, sur la morsure… Elle ne voulait plus fuir maintenant.

Le sang s'écoulait librement de la plaie qui commençait très lentement à se refermer. Qu'est-ce que TU es… Qu'est-ce que JE suis… Qu'est-ce que NOUS sommes ?

Saya ne réussissait pas à détacher son regard de la blessure qui finissait de guérir. Elle était fascinée par le sang qui était en train de couler, souillant la peau pâle… Le sang d'Hagi, si rouge sur le torse blanc… Ce sang qui l'appelait avec tellement de force tandis que le sien lui répondait, criait avec une force similaire son envie de se mêler à lui.

Hagi n'avait pas prononcé le moindre mot lorsqu'il l'avait senti s'éloigner de lui et il garda le silence en la voyant s'approcher de nouveau, ses yeux redevenus d'un rouge flamboyant. Il ne bougea pas lorsqu'elle écarta les pans de sa chemise puis lorsqu'elle se pencha vers lui. Mais quand sa langue se posa sur sa peau pour ensuite commencer à remonter le long de la ligne qu'avait tracé son sang, il ne réussit pas à réprimer le gémissement qui venait de naître dans sa gorge.

Il rejeta la tête en arrière et ferma les yeux tout en se mordant la lèvre inférieure. La langue de Saya continuait de faire disparaître le sang en lui arrachant d'agréables frissons de plaisir. La tête de la jeune fille arriva avec une lenteur exaspérante jusqu'à son cou. Il crut qu'elle allait le mordre de nouveau mais elle n'en fit rien.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, Hagi trouva le visage de Saya en face du sien. Le regard de la jeune fille était en train de fixer un point bien précis de son visage. Sa langue passa rapidement sur la canine qu'il pouvait entrevoir. Le visage de Saya se rapprocha du sien. Il l'arrêta en posant la main sur sa joue.

La jeune fille leva les yeux pour lui lancer un regard étonné. Pourquoi… Pourquoi l'arrêtait-il alors qu'il y avait encore du sang sur sa peau ? Mais elle oublia le sang qui avait coulé sur son menton en sentant la main qui s'était posée sur sa joue se déplacer.

Du bout des doigts, il suivit la ligne de sa mâchoire avant d'aller sur son cou. Ses doigts longèrent ensuite la courbe de son épaule puis descendirent le long de son bras faisant glisser au passage la bretelle de son débardeur.

La main d'Hagi étreignit la sienne pendant un court instant avant de reprendre le chemin inverse.

Saya ferma les yeux au moment où il reposa la main sur le côté de son cou. Au fond d'elle-même, elle savait parfaitement ce qui allait suivre.

Le visage d'Hagi s'approcha de son cou. Son souffle effleura doucement sa peau puis ses lèvres se posèrent franchement sur elle. Il l'embrassait comme elle l'avait fait quelques minutes plus tôt puis…

Une piqûre… Une simple piqûre légère et douce… Juste de quoi faire couler un peu de son sang pour le recueillit du bout de la langue.

« Hagi. » murmura-t-elle en levant la main pour la passer dans ses cheveux.

Il releva la tête. Elle rouvrit les yeux. La main d'Hagi retrouva sa joue et son pouce essuya délicatement le sang qui se trouvait toujours au coin des lèvres de la jeune fille.

Elle prit sa main et l'approcha de ses lèvres pour lécher le sang qu'il y avait sur ses doigts puis son visage s'approcha de nouveau du sien. Il avait encore du sang sur ses lèvres et son menton. Il l'arrêta de la même manière, en plaçant sa main sur sa joue.

« Non Saya. » lui dit-il à voix basse.

Il colla son front contre le sien et ferma les yeux.

« Pas alors que tu ne te souviens pas. »

A ces mots, les yeux de la jeune fille reprirent leur teinte normale.


Saya-neechan est déjà réveillée. Elle doit se trouver dans le wagon-restaurant, pensa Riku en voyant le lit de sa sœur vide. Il sourit. La connaissant, elle avait dû s'habiller en quatrième vitesse pour s'y rendre et prendre le petit déjeuner le plus copieux possible sous l'œil amusé et étonné des autres voyageurs. Il se leva à son tour puis s'habilla pour pouvoir aller faire de même. Il avait faim lui aussi.

En passant devant la porte du compartiment de son frère, il se demanda s'il était réveillé lui aussi.

Oui, il devait être réveillé puisqu'il avait dit ne pas réussir à pouvoir dormir de la nuit sans pour autant préciser pour quelle raison.

Riku dépassa la porte du compartiment de son frère et se dirigea vers le wagon-restaurant. C'est à ce moment là qu'il l'entendit.

Il s'immobilisa. Pour une fois, il n'avait pas à porter ses mains à ses oreilles pour étouffer les voix car pour une fois ce qu'il entendait n'avait rien à voir avec ces cris déchirants et bestiaux qui résonnaient dans sa tête à chaque fois que l'un des monstres que combattait sa sœur apparaissait. C'était un chant… Un duo, et les deux voix qui le formaient, il avait l'impression de les connaître. L'une d'elle, il avait commencé à l'entendre de temps en temps après l'arrivée de Saya chez son père. L'arrivée de l'autre était plus récente. Une chose était sûre cependant. Les voix provenaient du compartiment de son frère.

Il retourna sur ses pas pour réussir à comprendre ce qui se passait. La porte du compartiment n'était pas totalement fermée, il pouvait donc jeter un coup d'œil à l'intérieur en toute discrétion.

Il rougit jusqu'à la racine des cheveux.

Riku s'éloigna précipitamment du compartiment de son frère mais la voix de sa sœur lui parvint tout de même.

« Hagi… »

Le ton languissant de sa sœur le fit rougir de nouveau jusqu'aux oreilles. Il pressa le pas tout en essayant de chasser l'image de ce qu'il venait d'apercevoir mais la scène était toujours présente à son esprit.

Sa sœur, en débardeur et pantalon de pyjama, et Hagi, sa chemise en grande partie retirée, pressés l'un contre l'autre…

Sa sœur, l'une de ses jambes entourant la taille d'Hagi, les yeux mi-clos et les lèvres entrouvertes tandis que le visage du jeune homme était caché au creux de son cou…

Il fallait vraiment qu'il efface cette image de son esprit ! Comment allait-il pouvoir agir normalement en face d'eux s'il ne le faisait pas ?

La collision qui suivit freina le train de ses pensées.

« Regarde où tu vas bon sang ! »

Riku connaissait cette voix. Il releva la tête.

« Kaï-niichan…

-Qui voulais-tu que ce soit ? »

Son frère aîné le dépassa.

« Où vas-tu ? demanda le cadet.

-A mon compartiment. Je crois que j'ai mal fermé la porte en sortant tout à l'heure. » répondit Kaï sans même se retourner.

Oh non ! Riku se précipita vers lui pour lui agripper le bras et tenter de le tirer en arrière. Il ne fallait pas que son frère surprenne leur sœur et Hagi dans la position dans laquelle il venait de les voir. Si jamais c'était le cas, Kaï piquerait l'une de ses crises de grand frère protecteur et cela allait mal finir. Mais quelque chose disait à Riku que ce ne serait pas pour Hagi…

« Qu'est-ce que t'as ? lui demanda son frère en se retournant.

-Tu m'accompagnes au wagon-restaurant. »

Kaï scruta attentivement son frère. Quelque chose n'allait pas. Il remarqua alors le teint légèrement rouge de Riku.

« T'es pas malade j'espère…

-Non. Pourquoi ?

-T'es tout rouge. »

La raison de cette rougeur revint subitement à l'esprit de Riku et… Ses joues prirent une teinte encore plus écarlate.

Kaï fronça les sourcils en voyant ça. Quelque chose clochait. Un mauvais pressentiment l'envahit… Un mauvais pressentiment concernant Saya et l'espèce d'enfoiré qui la suivait partout. Il se mit à courir jusqu'au wagon dans lequel se trouvaient leurs compartiments.

« Kaï-niichan ! »

Mais il ne se préoccupa pas du cri de son petit frère et il fonça jusqu'à son compartiment. Devant la porte de celui-ci, il y avait Saya.

« Saya. » appela-t-il.

La jeune fille se tourna vers lui.

« Kaï… »

Il s'approcha. Elle avait l'air d'aller bien. Il poussa un soupir de soulagement mais le plus urgent était tout de même de l'éloigner de là. Il la prit par la main et il commença à la tirer en direction du wagon-restaurant.

« Tu dois mourir de faim. Allons prendre le petit déjeuner !

-Mais je ne peux pas y aller comme ça ! protesta soudain Saya. Je suis encore en pyjama ! »

Kaï se figea puis se retourna. Il inspecta rapidement sa sœur du regard. En effet, elle était encore en pyjama.

« Tu as cinq minutes. » lui dit-il en la lâchant.


Riku ne mangeait pas. Il observait sa sœur qui n'avait pas du tout touché à son petit déjeuner non plus. La tête tournée sur le côté, elle regardait le paysage qui défilait avec un air pensif, mélancolique même. Est-ce qu'elle est en train de penser à lui ? Après ce qu'il avait vu, Riku se posait des questions sur la relation qu'entretenait Saya avec cet homme qui avait subitement fait irruption dans leur vie. Se pourrait-il que…

Riku ne se trompait pas. Saya pensait à Hagi et à ce qui s'était passé tout à l'heure. Elle était perdue, partagée en deux. Elle était effrayée par ce qui s'était passé tout à l'heure. Elle l'avait mordue. Elle avait fait un geste dénoué de toute humanité et… Et lui aussi. Qu'est-ce que nous sommes ? Elle avait peur mais en même temps… La situation avait quelque chose d'habituel… Presque rituelle. Mais s'il n'y avait eu que ça. Elle ne devait pas se leurrer. Elle avait aimé. Elle avait apprécié la manière dont leurs corps s'étaient pressés l'un contre l'autre. Etre dans ses bras, c'était un peu comme retourner à la maison. Elle s'était sentie en sécurité. Rien n'aurait pu lui arriver. Elle s'était sentie hors du monde… Hors du temps… Mais par-dessus tout, et c'était cela le plus effrayant, elle avait aimé le sang, le prendre comme le donner et ça… ça n'était pas bien. Ce n'était pas humain. Pourquoi ne veulent-ils pas m'expliquer ce que je suis ? Pourquoi ai-je besoin de sang comme… Comme eux ?

« Saya ? »

La voix du docteur Silverstein interrompit le fil de ses réflexions. Saya se tourna vers elle. La scientifique semblait inquiète.

« Tu n'as pas faim Saya-neechan ? »

Riku venait de prendre le relais. Saya le regarda. Pendant un instant, elle crut le voir rougir.

« Pas vraiment. » finit-elle par répondre.

Julia prit à nouveau la parole.

« Tu te sens fatiguée ?

-Un peu.

-Il serait peut-être temps de recevoir ta transfusion.

-Non ! »

Son exclamation les fit tous sursauter.

« Non. » reprit plus calmement Saya.

Pas de sang ! Plus du sang ! Elle n'en voulait plus de la journée… Plus jamais mais elle savait que ce n'était pas possible.

« Je suis juste un peu fatiguée. » ajouta-t-elle.

Elle se leva.

« Je ferais peut-être mieux d'aller me reposer un peu. Il vaut mieux que je sois en forme. On ne sait jamais.

-Je viens avec toi. » lui dit Kaï en se levant à son tour.

Sa sœur se tourna vers lui. Pourquoi ne voulait-il pas comprendre qu'elle avait simplement envie de se retrouver seule ?

« Non. Reste ici s'il te plait. »

A regret, il se rassit mais il la suivit du regard lorsqu'elle s'éloigna d'eux avant de finalement retourner à la tasse de thé qu'il avait devant lui. Qu'est-ce qu'elle a ?

Saya se dirigea vers la porte qui menait au wagon suivant tout en espérant que son pas ne paraissait pas trop rapide. Elle devait être honnête avec elle-même. Elle était en train de fuir… Ou plutôt, je veux aller le retrouver, se dit-elle en se tenant devant la porte, prête à l'ouvrir. Mais quelqu'un s'en chargea à sa place.

Saya leva la tête et ses yeux rencontrèrent immédiatement un regard qu'elle commençait à bien connaître. Elle baissa la tête en souhaitant ne pas s'être mise à rougir dès que leurs regards s'étaient croisés. Heureusement qu'elle tournait le dos aux autres.

Elle sentit qu'il l'examinait des pieds à la tête puis elle le sentit se ranger sur le côté pour la laisser passer. Saya s'avança avant même qu'il ne se soit complètement éloigné. Leurs mains se frôlèrent. La jeune fille s'immobilisa. Seule sa main resta en mouvement, à la recherche de celle qu'elle avait effleurée quelques secondes plus tôt, une main qui cherchait la sienne également, la frôlant, la caressant sans jamais la tenir vraiment.

Elle colla bientôt son front contre lui. Comme d'habitude son odeur réveilla des souvenirs en elle mais des souvenirs qui s'éteignaient beaucoup trop vite pour qu'elle puisse les voir.

Elle était si fatiguée. Elle avait tellement envie d'échapper à tout cela. Une main cessa tout mouvement. Elle sentit bientôt des doigts s'entrelacer aux siens. Saya leva les yeux vers Hagi. Le regard qu'il posait sur elle n'avait à ce moment-là rien d'impassible. J'aimerais tant me souvenir de toi. Elle commença à lever la main vers son visage pour la poser sur sa joue.


Lewis fut le premier à s'apercevoir de ce qui se passait un peu plus loin. Il se mit à sourire tout en pensant aux prochaines taquineries qu'il allait pouvoir faire à Hagi. Enfin… Si Hagi n'avait pas été… Hagi, c'était ce qu'il aurait fait. Par défaut, il allait devoir se rabattre sur Kaï, surtout que le grand frère ne manquerait certainement pas de piquer une crise dès qu'il lèverait la tête de son petit déjeuner…

L'ancien agent de la CIA tapota rapidement le genou de l'homme blond qui se trouvait à côté de lui. David le regarda avec un air ennuyé. Pourquoi le dérangeait-il ? Lewis lui montra rapidement de la tête Saya et Hagi. David haussa les épaules. Ce que faisait Saya et son Chevalier lui importait peu tant que cela ne les empêchait pas de se battre contre les chiroptères.

Le geste de Lewis n'avait pas échappé aux deux femmes qui se trouvaient en face de lui. Elles se retournèrent légèrement. On ne pouvait avoir qu'un regard attendri en contemplant la scène qui se déroulait à quelques mètres d'eux mais bientôt la mélancolie et la tristesse qui se dégageait de ce tableau envahirent les deux observatrices. Il y avait tellement de douleur et de regret dans les deux regards qui se faisaient face en ce moment.

Elisabeth fut la première à se retourner.

« Reine et Chevalier. » murmura-t-elle.

Julia se retourna à son tour.

« En effet. » dit-elle avec un air pensif.

Lewis intervint.

« Tu vas devoir faire un rapport sur ce qui est en train de se passer, n'est-ce pas ? »

La scientifique leva la tête vers lui et fit à voix basse :

« Je ne peux pas faire autrement. N'oublie pas ce qu'ils sont. C'est une Reine. Il est son Chevalier. Ce qu'ils peuvent partager fait également l'objet de… »

Un bruit de vaisselle brisée accompagné d'un cri coupa Julia.

« Kaï-niichan ! »

Ce fut une pensée commune de la part des quatre membres du Bouclier Rouge. Il a levé la tête. La voix de Saya s'éleva bientôt.

« Tu vas bien ? »

Elle s'était précipitée vers son frère en entendant le cri de Riku.

« Comment as-tu pu te faire ça ? » s'écria-t-elle en voyant le sang qui couvrait sa main.

Kaï lui montra sa tasse brisée et lui dit :

« Ces machins-là sont pas très solides

-Si tu ne l'avais pas autant serrée aussi ! » intervint Riku.

Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas vu ce type en train de… De… J'ai bien fait de demander un changement dans l'organisation des cabines tiens ! Kaï leva la tête pour croiser le regard d'Hagi mais ce dernier n'était déjà plus là.


Hagi avait regagné son compartiment. Il avait besoin d'être seul pour le moment. En entrant, son regard se posa sur le violoncelle. L'idée d'en jouer l'effleura pendant un instant mais il la rejeta. Il n'avait pas envie d'oublier ce qui venait de se passer en se plongeant dans la musique. Il se dirigea vers la fenêtre et posa la main contre le verre. Presque un siècle plus tard, il se retrouvait au même endroit… Avec elle. Mais ils n'étaient plus seuls et il n'arrivait pas encore à dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Presque cent ans… La construction de cette ligne de chemin de fer traversant la Russie avait été achevée quelques années plus tôt. Qu'aurait-elle dit s'il le lui avait raconté ?

Il avait tellement de souvenirs, presque tous liés à elle… Et elle… Elle ne se souvenait de rien.

Pourtant…

Il ferma les yeux et porta la main à son cou. Ses doigts se posèrent à l'endroit où elle l'avait mordu.

Il y a des choses qui ne s'oublient pas…


Inutile de me dire que je pense à de drôles de trucs pendant que je mange… Je le sais déjà.

En revanche votre opinion sur ce que j'ai écrit m'intéresse fortement que vous possédiez ou non un compte sur ffnet. Il vous suffit de cliquer sur GO pour m'en faire part.

Il serait possible également que je fasse une suite qui se situerait plus tard dans l'anime. Ca vous intéresse ?

Merci.