EFFET SCHOTTKY
Kuroko no Basuke World


Quart Temps - 00 : 05 : 23


« Kise… Rends. »

L'obscurité bouffait déjà tout l'espace au-delà de l'horizon ; le crétin n'a cure de cette vague temporalité. Au sein du gymnase, ils sont chez eux, comme des enfants récalcitrants à quitter leur terrain de jeux. Sous ce toit, la nuit n'a pas d'emprise. Elle file et le ballon claque toujours sur le plancher. Kasamatsu gronde une nouvelle fois entre ses dents. L'écho familier est tentateur, il résonne en promesse entre les doigts de la première année. La récréation peut continuer encore un peu, après tout il n'y plus qu'eux à cette heure, les autres ont déserté depuis longtemps.

Percevant son hésitation, son adversaire provoque dans un sourire maîtrisé :

« Viens chercher, Capitaine. »

Le défi nullement novateur agace le parti raisonnable. Ils savent tous les deux parfaitement, qui en ressort à chaque fois seul vainqueur. Est-ce sa condition d'homme et la fierté vendue avec ? Kasamatsu ne peut seulement se contenir, baisser les yeux sagement en se rassurant de son attitude éclairée. Le sang bat à ses tempes, il abandonne de ranger le reste. Repoussant distraitement une orpheline ronde du pied, hors du terrain, finalement il s'avance.

« Oh ? »

L'éclat dans le regard de l'idiot brille de satisfaction, il dribble avec plus de ferveur. Ses gestes puent le jeune conquérant : avec naturel, il glisse sur le sol et l'objet chatoyant colle à sa paume résolument. Il est doué ce connard. Et il en était le premier conscient. Aucunes ouvertures ne se présentent dans son attitude défensive, il attend plutôt. Une folle offensive de son aîné ? Sans empressement, il sait. Riant même de l'admiration qu'il suscite auprès de lui. Kasamatsu s'accorde un soupir résigné ; il s'approche dès lors vivement. Un mouvement en avant aussitôt tempéré, une feinte d'ouverture.

Kise s'est reculé, réagissant sur l'instant. Attentif, le capitaine de Kaijo demeure sur sa position, frissonnant à peine. Ses semelles accrochent le parquet quand il s'élance à nouveau, plus rudement cette fois. Jusque dans la bulle de son adversaire, ils se volent des aspirations vitales. L'ace contemple gentiment l'approche vindicative nullement inquiet du talent de son meneur. Il ne se décide à esquiver qu'au dernier moment, la main avide de Kasamatsu bat le vide. Celui-ci se reprend, d'une détente il a rejoint l'ennemi, avalant ce qui les sépare.

« Vous devriez vous résoudre un jour à me faire jouer en match, Senpaï ! Jubile le blond, contrant distraitement une tentative renouvelée de chapardage.

_Lorsque tu te décideras à apprendre l'humilité. » Rétorque Kasamatsu.

Il ne se trouble pas, ni de son impuissance, ni du ton insolent de son kôhai. Les caprices du gosse ne l'agacent plus, il s'est blindé depuis le premier jour passé en compagnie de l'être bruyant. Présumé génie ou non, il n'acceptait aucuns privilèges précipités au sein de son équipe. Et peu importait les craintes des administratifs de voir la nouvelle recrue filer dans un autre établissement davantage généreux. Ce qui se passait entre les murs du gymnase dépendait de son autorité, uniquement.

« Vous savez que vous ne gagnerez pas sans moi… »

L'affirmation entêtée lui tire un sourire. Bah tiens !

« Et comment faisions-nous ces dernières années ? » Relève-t-il.

Profitant de cette distraction, le capitaine s'essaye à une offensive abrupte. Se jetant sur l'ace, il bouscule en prudence, prenant soin de ne pas entraîner le chahut à terre. Son adversaire déséquilibré s'étonne trop ; Kasamatsu fauche le ballon du revers de la main. La gracieuse échappe à ses doigts, rebondissant. Il la poursuit aussitôt mais cet idiot ne semble pas prêt à concéder la défaite : Kise le rattrape dans sa course, brutalisant son épaule. Ils s'appuient ainsi l'un contre l'autre, tentant à chaque pas de prendre l'ascendant sur l'autre.

L'ace est vif mais lui s'avère largement plus solide, sa petite taille ayant l'avantage d'ancrer ses talons dans le sol. Il les plante furieusement, osant menacer les déplacements du blond. Ce dernier récupère le ballon ? Kasamatsu est déjà auprès de lui, retenu davantage dans la violence, ses bras chargent pourtant en tous sens. Sur-jouant même la maladresse quand son geste se révèle sûr et précis : il vole encore. Le contact souple dans sa main serre ses dents, il se concentre dans son retrait triomphant loin de l'ennemi. Serrant contre lui, la charmante.

Le visage outré de son kôhai apparait délicieux.

« Tu es désespérant, Kise… Lâche-t-il, sincère. Ne viens pas me faire la leçon alors que tu t'es permis de choisir notre école sur les résultats nationaux de nos aînés. »

L'autre se renfrogne de cette froide vérité. Mauvais perdant : Kasamatsu assiste impuissant à l'exfiltration du ballon, hors de son étreinte éperdue. L'ace conquiert son espace, il s'empare sereinement de l'objet de leur lutte. Sa rapidité est brillante, la justesse de son déplacement plus encore. Le brun pressentant la revanche, ne parvient pas à stopper cette dernière. Il n'a pas même eu le temps d'inspirer que son adversaire l'avait déjà dépossédé de son bien. Il a dribblé finalement, revenant à ses positions initiales non sans se départir de son sourire orgueilleux.

« Vous êtes mauvais, Capitaine. » Ronronne-t-il.

Prenant son parti, Kasamatsu hausse les épaules en réponse.

« Je suis surtout pantois devant une telle détermination. J'imagine que tu rangeras les autres en plus de ce ballon ? »

C'est petit, vain. Il le sait très bien, mais son honneur ratatiné hurle à la révolte infantile. Il détourne les yeux, ignorant volontairement le vainqueur ostentatoire. Se promettant en lui-même de redoubler d'efforts, convaincu de ne pas céder face au talent brut du blond. Un gosse pourri gâté ne pouvait pas comprendre la notion amère du juste travail, du don de soi appliqué dans la quête de progrès. Kise en était foncièrement incapable.

Ramassant au passage ses affaires délaissées sur le banc voisin en début de leçon, le capitaine de Kaijo prend la direction des vestiaires. Ses doigts trouvent les clefs du gymnase dans une de ses poches. Il s'en déleste à l'aveugle dans un geste machinal, les jetant dans son dos.

« Je te laisse balayer et fermer. Tu me les rendras demain matin. » Ordonne-t-il.

Il perçoit le hochement de tête laborieux du garçon, dépassé par l'invitation de telles compagnes métalliques au creux de sa paume ; Kasamatsu sait qu'elles y ont atterries parfaitement.

« Ah, et si tu t'emmerdes en jouant… Achève-t-il. C'est parce que tu ne regardes que tes pieds. Crétin. »

La porte des vestiaires ponctue son départ d'un claquement pesant.


Disclaimer : Tadatoshi Fujimaki.

Je reviens poster un peu sur ce fandom sur un simple caprice personnel. Ceci n'est ni une fanfiction à la narration continue, ni un one-shot. Voyez cela comme un aquarium à poissons. Je reviendrai très certainement en ajouter d'autres selon l'inspiration et le temps surtout.

Aussi parce que j'apprécie beaucoup ces deux-là et que j'ai envie d'étudier leur lien et son développement.

Cette publication est purement récréative.

Merci.