Auteur : Ayu Loans
Disclaimer : Pour l'instant, seul Riku ne m'appartient pas. Je dois dire et j'en froisserai certaines, gardez-le. Non, c'est pas que je l'aime pas, mais c'est comme une belle vitrine, on l'admire, mais on a pas envie de l'avoir chez soi. Et pis, comme Sora et tous ceux de KH ne m'appartiennent pas non plus...
Note : C'est une première, que j'ai commencé y a quand même un sacré bout de temps... J'ai longtemps hésité à poster, mais maintenant que c'est fait, j'ai plein d'idées ! ^^
...
Quoique...
Exemple de brouillon pour un quelconque résumé qui n'a au final pratiquement rien à voir avec le résultat final : "C'est une histoire où on apprend à ouvrir des portes : y a deux glandus qui sont devant une grosse porte blanche qui ne se salit jamais parce que la femme de ménage fait son boulot, pour une fois, et qui voient qu'elle est fermée. Dilemme. Ils ont une clé obtenue grâce à la fée des Douzes Portes de l'ennui et ils ne peuvent l'utiliser qu'une fois. Gros dilemme. Que faire si cette clé ouvre la porte et qu'il y en a une autre derrière. Mais la réflexion coupe court quant on se rend compte enfin que la porte n'a pas de serrure. Gros GROS dilemme. Alors les deux restent bloqués là, à jouer à la belote, tandis qu'on se bastonne à l'extérieur et qu'ils sont enfermés dans leur propre maison."
...Respirer est une drogue. Soignez-moi.
BONNE LECTURE !
\(°w°)/
Illusive Gate
Chapitre 1 : Hikari, ou « allume ta lampe de poche »
.../...
'Depuis peu, je fais des rêves étranges. Mais, je me demande s'ils sont réels.'
Tout ce que je savais, c'est que j'étais en train de courir. Courir encore. Une lune pâle se reflétait sur mes cheveux châtains. Son mince halo éclairait le ciel, tandis que sa faible lumière passait à travers les branches d'une forêt, dont les éclats bleus parsemaient le sol fluorescent.
/ Ils le sont, assurément. Puisque les rêves font partie des portes qui mènent à ce monde. /
J'étais aussi en train de respirer. Haleter. Aucun autre bruit ne parvenait à mes oreilles bourdonnantes. Ma respiration saccadée se répercutait contre les troncs qui touchaient le ciel, les chauffant de mon expiration brûlante. Mes poumons excédés me faisaient souffrir et ma tête me tournait. Pourtant, je continuais de penser. Éluder.
'Ce monde ?'
Essayer de comprendre cette situation absurde. Pourquoi me presser ? Y a t-il quelque chose ? Ce bois est bien calme. Pourquoi cette angoisse, pourquoi ce sentiment d'impuissance face à la fatalité ? Mes jambes me portaient de plus en plus loin dans la forêt, alors qu'elles étaient déjà à bout de forces.
/ Un endroit dont seul le porteur en a la clé... /
D'un seul coup, les arbres s'agitèrent. Figures affreuses et effrayantes, j'avais désormais autre chose à craindre. Leurs branches acérées m'agrippaient, me griffaient, m'attrapaient, afin de m'entraîner au plus profond de leur antre. Ils m'appelaient, comme des âmes damnées qui cherchent un repentance.
/ Un endroit où tu es déjà allée... /
Je m'arrachai à leur emprise, criant de peur. Me retournant, je fixai le chemin marqué par mes traces de pas, rendues brillantes par l'herbe bleutée. Il allait me retrouver grâce à ça. Mais je continuais, loin, encore plus loin.
'Moi ? '
Mes pieds glissèrent sur la mousse humide. Je ne me relevai pas. Inutile. Son ombre déjà sur moi, il se pencha et approcha son visage du mien. Je ne bougeais pas. Ses lèvres se rapprochèrent des miennes. Implacable et inévitable baiser. Je ne faisais toujours aucun geste, lorsque son arme transperça ma chair. Amour qui me figeait et qui me condamnait à la tétanie, par la lame d'un clair de lune. Une lune de coeur.
/ Kingdom Hearts... /
Un souffle chaud et une odeur pestilentielle me chatouillaient le visage, me sortant ainsi d'un sommeil sensé être réparateur. Ouvrant lentement mes paupières, je constatai qu'une truffe humide repose juste devant mon oeil, une gueule plein de bave reposant sur la moitié droite de mon visage.
« Michka... Ne viens pas foutre ton haleine putride devant mon nez dès le matin... T'es mignonne, mais qu'est ce que tu pues de la bouche ! »
Ma chienne me regarda avec ses grands yeux bruns et agita sa longue queue touffue, laissant des poils noirs sur ma couverture qui venait d'être changée. Je soupirai et me mis en position assise, fixant mon brave toutou qui avait glissé de sa position initiale pour se mettre sur mes genoux. Elle me lécha le visage avec envie et se leva ensuite de mes jambes pour me ramener sa gamelle pour que je la remplisse.
« Espèce de ventre sur pattes, tu m'as réveillée juste pour avoir ta boustifaille ?! T'es vraiment irrécupérable... »
Elle me la déposa au pied du lit, donc je la pris et sortis des draps pour lui donner à manger. A peine je posai les pieds par terre qu'une violente migraine vint me secouer vivement la tête et je retombai lourdement sur le matelas. J'entendis alors une voix me parler :
/ C'est l'heure. Il faut te réveiller. /
J'étais perplexe. Me tenant le front, j'attendis que la douleur passe, avant de relever la tête et de voir ma chienne m'attendre. Je lui souris, posai sa gamelle sur la couette puis lui caressai affectueusement la tête. Je me dirigeai ensuite droit vers mon armoire et m'habillai, optant pour une tenue légère. Ayant regardé la météo hier soir, je savais que la journée que j'allai passer allait être chaude. D'humeur soudainement joviale, je choisis un débardeur rayé bleu marine et gris, avec une jupe beige à volants.
Je ne pus m'empêcher de repenser à cette voix. C'était une voix de femme, mais qui ne semblait pas humaine. Trop neutre pour l'être. Je me dis alors que je m'étais sûrement levée un peu trop vite. Ou que j'avais un problème. Qu'importe, j'allai ensuite, en trainant des pieds et en baladant la gamelle de la boule de poil, vers le frigo. Puis, je réalisai que le pain ne se trouvait pas dedans, mais sur le plan de travail à côté. En râlant sur ma stupidité habituelle, je pris le morceau enroulé dans un tissu et me fit des tartines, de quoi ne pas avoir le ventre vide. Michka me faisant les yeux doux, je lui remplis ses gamelles de nourriture et d'eau, puis allai manger ma propre pitance, tandis que mon animal bâfrait ses croquettes industrielles.
M'installant à table, je regardai l'heure sur ma montre. 5H30. Je regardai de nouveau vers Michka, qui, entre deux bouffées, lapait un peu d'eau dans son autre plat avec son nom écrit au marqueur. Puis, je regardai le paquet de croquettes à la viande et aux légumes. J'avais déjà eu l'occasion de les goûter au cours d'un fête d'anniversaire où on avait un peu pété les plombs. Ne pas avoir vomi avait été un exploit.
« Un jour, faudra que tu me dises comment tu peux être contente avec ça, parce que c'est franchement dégueulasse, murmurai-je.
- J'en sais rien, mais je ne crois pas qu'elle va te répondre de sitôt. Ou en tout cas, pas avec des croquettes dans la bouche. C'est une chienne bien élevée ! »
Ah, Malika, ma soeur. Ma grande soeur pour être précise. Le genre de fille qui serait prête à se maquiller pendant une heure, juste pour réussir à plaire à un seul garçon. Façon désespérée de se faire aimer, et qui marche en plus. Bon, là elle était en pyjama, ses cheveux blonds était décoiffés et son visage avait tout de la personne qui avait pris une cuite la veille. Même si ce n'était pas du tout le cas et qu'elle n'était pas du genre à l'être. Si son copain l'avait vu comme ça, je me demandai comment il aurait pu réagir. Tartinant du N*tella (1) sur mon morceau de pain, je lui répondis avec un ton moqueur :
« Pas comme certaines en tout cas. T'es déjà debout ?
- Je pourrais te poser la même question, me répliqua-t-elle.
- En même temps, on a pas tous l'occasion de pouvoir faire la grasse-mat'...
- Oui, mais d'habitude, tu te réveilles toujours une heure plus tard. Je le sais, parce que tu fais toujours un boucan pas possible lorsque tu fermes la porte en partant. Des fois, je m'amuse même à mesurer les décibels que tu produis avec mon Iph*ne (1).
- Que... ?
- Tu as fait un mauvais rêve ou un truc du genre ? m'interrompit-elle. »
Elle rit. Je baissai la tête, essayant de me remémorer avec précision mes angoisses nocturnes. Mon coeur se serra à cette pensée et je sentis comme une boule se former dans ma gorge. Cependant, je lui dis simplement :
« Pas vraiment.
- Ha ! Ça veut tout dire ! Raconte tout à ta soeur chérie... »
Elle m'entoura les épaules de son bras, assumant enfin son rôle de protectrice. Bien qu'elle était gentille par nature, elle n'avait pas pour habitude d'être toujours à l'écoute des autres. C'était plutôt le contraire, comme d'autres. Agacée, je mordis dans mon pain et l'avala en entier, manquant de m'étouffer. Par la suite, voyant qu'elle attendait toujours, je lui lançai :
« Pour ton information, les rêves, c'est privé. »
Elle bouda, puisque je refusais de jouer mon rôle de petit protégée. Commençant ma deuxième tartine, je continuai :
« Tu travailles aujourd'hui ?
- Oui, mais pas avant 13h. Service de l'aprèm', tu vois ? me répondit-elle en jouant avec l'une des mèches. »
Diversion réussie, elle avait changé de conversation en un rien de temps. À croire que penser que l'on travaille dans le même bâtiment que son petit ami occupe tout l'esprit. Et penser à ce qu'on y fait avec lui aussi.
« Dur dur, le travail à mi-temps, surtout quand on est secrétaire.
- Standardiste. Et c'est un taff qui me permet d'économiser pour mon appartement avec Engo. Et toi, tu fais quoi aujourd'hui ? m'interrogea-t-elle.
- Une merveilleuse idée qu'on a nommé cours d'été. Anglais, maths, histoire, hum... cantine, français et après fin des cours (2). Et c'est la seule chose positive de la journée... soupirai-je, posant ma tête contre la table. »
Malika me caressa la tête par compassion, puis se leva pour aller chercher une bouteille d'eau. Elle me salua et se dirigea vers sa chambre, comptant profiter encore un petit peu de sa nuit. Moi, j'ingurgitai lentement mon dernier pain et finis de me préparer. Me posant devant la télévision, j'attendis qu'il soit 7h, avant de prendre mon sac et un pull, au cas où. Puis, je me dirigeai vers mon lycée, en faisant attention à ne pas claquer la porte.
« Coucou ! Tu sembles en forme ce matin ! »
Et voilà la première apparition de la journée, à à peine deux pas de la porte. Les yeux baissé, je ne sursauta même pas lorsqu'Irva s'approcha de moi en faisant de grands gestes. Puis elle me prit le bras pour m'empêcher de fuir. Ce qui était évidemment inutile, puisque ce rituel matinal m'habituait aux plus grandes fantaisies de mon amie. Avec ses bouclettes brunes, son teint de pêche et sa naturelle joie de vivre, elle était une des filles les plus populaires du lycée. Mais elle était plus connue pour être celle qui met l'ambiance aux fêtes et qui a eu un nombre incalculable de petits amis. C'est d'ailleurs pour ça que je l'aimais bien. Elle n'était ni prétentieuse, ni pimbêche ou un truc du genre, mais agréable et toujours pleine d'entrain. Peut-être même un peu trop, ce qui devenait agaçant à l'usure. S'accrochant à moi, elle commença son habituel discours du matin, alors que nous traversions le portail qui séparait ma maison du monde extérieur.
Tout en se dirigeant vers notre lycée, elle me raconta tout un lot de rumeurs, chose courante pour notre bavarde attitrée. C'était même marqué sur son dossier scolaire. Ne faisant attention qu'à la moitié, j'avançai avec quelques pas de retard sur l'allure précipitée d'Irva.
« Et donc c'est pour ça que je te demandais si tu savais pour ça. Parce que c'est tellement incongru que je me demande si c'est possible ! Tu y crois à ça toi ? Idrei, trébucher sur son propre sac et tomber sur une prof en déchirant sa chemise ? Ce gars est si maladroit !
- Je pense pas que ce soit de la maladresse à ce stade... Surtout quand il s'agit de la seule prof qui ait en dessous de 35 ans.
- Et d'ailleurs, toi, tu as revu l'homme de tes rêves ? rajouta-t-elle avec un sourire ironique.
- C'est pas drôle, Irva.
- Il t'a encore pourchassé, pas vrai ?
- Ouais. Drôle de prince charmant, soupirai-je.
- Ne fais pas d'esprit si je n'ai pas le droit d'en faire. »
Je ris, elle aussi. Ensuite, je profitai que l'on soit seul dans la rue pour tout lui dire. Irva était la seule à connaître mes histoires nocturnes, je ne savais même plus pourquoi. Et comme à chaque fois, elle resta silencieuse durant tout mon récit, puis me bombarda de questions, intéressée.
Et alors qu'on se croyait isolée, il arriva au coin d'un mur. De ses yeux bleus-verts, il jeta un coup d'oeil en notre direction, puis s'arrêta, le visage aussi inexpressif qu'une planche à pain. Ses cheveux argentés jurait avec ses vêtements sombres, d'où ressortait des muscles assez bien saillants. La couleur inhabituelle de ses mèches m'intrigua au plus haut point. Ils écarquilla ses paupières, témoignant de sa surprise. Gênée par son regard persistant, je détournai les yeux en rougissant et m'éloigna, n'ayant pas pour habitude d'être remarquée. Irva me suivit vers moi, puis lança un coup d'oeil vers lui, et sourit :
« ...Ça veut bien dire ce que je pense ?
- Tu peux éviter de déduire des choses qui n'ont pas lieu d'être, s'il te plaît ?
- Oui d'accord..., dit-elle en faisant la moue. En tout cas, je l'ai jamais vu par ici.
- Tu crois que c'est un touriste ? demandai-je.
- J'en sais rien. Mon père ne m'a pas dit qu'il y avait de nouveaux arrivants en ville, alors c'est probable. »
Ah, oui. Son père travaillait à la mairie. J'avais oublié. Pratique pour être au courant de tout. Le jeune homme finit par se lasser de moi et continua son chemin, dans une autre rue que la nôtre.
Soupirant de soulagement, je laissai Irva recommencer son flot de paroles interminables, fantasmant sur l'argenté tout juste aperçu et dérivant finalement sur le classement de beauté des professeurs. Ébahie par un tel intérêt, je pris une oreillette et marcha en direction de notre « sanctuaire du savoir ».
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Heureusement que le trajet n'était pas bien long, parce que même si ce genre de discussion était usuel, c'était bien usant. Mais comment on peut aborder des sujets aussi ennuyant en aussi peu de temps ? Poussant la porte de notre classe, je m'installai rapidement, Irva sur mes talons. Sortant ma trousse et mes cahiers, j'observai au tour de moi. La majorité des élèves était arrivée, mais la plupart ne s'était même pas assise. Une preuve flagrante d'enthousiasme. En fait, une seule personne avait mis ses affaires en place. Le garçon aux cheveux argentés. Situé devant moi, il cherchait le meilleur moyen de disposer son manteau sur sa chaise, afin que celle-ci ne tombe pas.
« Hé, c'est pas le gars de toute à l'heure ? »
Irva avait vu où mon attention s'était portée. D'un coup d'oeil, je lui fis comprendre mon étonnement et étrangement, elle se tut un instant. Elle regardait l'argenté, qui s'était retourné. Il avait échangé son regard surpris pour une attitude plus que suspicieuse. Mal à l'aise, je m'assis et retournai à mes livres, trouvant un intérêt soudain pour le lexique et la liste des verbes irréguliers.
C'est le moment que choisit le professeur pour entrer dans la salle. Irva me lança un clin d'oeil, me faisant signe que je devrai me soustraire encore à sa torture après les cours, sinon pendant. Gentille fille, va, je ne t'en veux pas de me pourrir mon temps libre. J'étais prête à tout subir, sauf les égards de ce nouvel individu. Notre instituteur prit alors une fiche et annonça :
« Bonjour tout le monde. Les cours d'été ont commencé il y a une semaine. Certains d'entre nous ont de bonnes raisons de venir ici, mais bizarrement, ce sont les mêmes qui n'ont pas progressé d'un pouce, alors que nous sacrifions notre temps de vacances pour vous, moi et vos petits camarades ! N'est-ce pas ? »
Coup d'oeil dans ma direction. Youpi, je vais passer pour une tête désormais. Tout ça parce que je suis la seule qui ait voulu participer à ces cours sans y être forcé par le conseil des élèves. Non, j'ai été obligée par une bavarde qui avait peur de se retrouver seule dans une classe de cancre, en oubliant qu'elle en faisait partie. Et l'argenté me matait encore plus, ce qui n'était pas pour m'accommoder. Après quelques regards dédaigneux, notre tuteur reprit :
« Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, une personne de plus a rejoint notre groupe, suite à une demande d'adaptation. Il sera là pour environ deux semaines, mais c'est indéterminé. Je vous prie d'accueillir Riku. »
Ce dernier se leva, puis se rassit immédiatement. Un nom étrange, des cheveux étranges, une attitude étrange et une durée de droit de séjour étrange. S'il voulait être discret, c'était raté. Mais les autres élèves n'ont pas semblé être dérangés par ces petits détails et reçurent cette nouvelle agréablement, relançant une bouffée d'exclamations. Calmant le jeu, le professeur nous fit un petit topo sur la situation de chacun et encore une remarque désespérée envers la génération que nous représentions, puis commença enfin son cours. Je ne regardai pas, mais je sentais bien que le nouveau m'observait encore.
« Hé, je crois que tu lui as tapé dans l'oeil... Pour une fois que c'est toi qui plaît au garçons ! pouffa Irva.
- Encore une remarque désobligeante et tu peux oublier mon devoir de maths, chuchotai-je derrière mon bouquin, mais, c'est sûr qu'il n'est pas né ici. Ou qu'il a redoublé. C'est quoi la lettre de l'année dernière ?
- D. Il n'est définitivement pas d'ici. »
C'est une coutume de cette ville, pas si grande que ça en fait. En vérité, puisqu'elle est assez éloigné du monde, les traditions se font plus persistantes que dans d'autres endroits. Et une en particulier. Tous les ans, une lettre symbolique est choisie et tous les enfants nés, durant cette période, doivent posséder un nom commençant par cette lettre. C'est ainsi que tous les élèves ont des noms comme Irva, Idrei, Istun, Irvin... Et que les étrangers sont plus facilement repérables. Et oui, on n'efface pas les traces de xénophobie aussi aisément.
« Mais c'est excitant, tu ne trouves pas ? En plus, il n'est pas du genre à laisser les dames indifférentes. T'as vu les biceps ?
- Je vois pas ce que tu lui trouves, personnellement. »
Voyant que le professeur nous avait remarqué, je me dissimulai encore plus et Irva choisit de porter son regard vers la fenêtre. Superbe diversion.
« Mlle Grisalm, quand les oiseaux arrêteront d'être le sujet de votre attention, il serait bien d'ouvrir vos cahiers. Et plus vite que ça ! ordonna le seul adulte présent ici, chargé de nous inculquer le programme si bien pensé de notre gouvernement. »
Mon amie s'exécuta donc et moi je débutai le coloriage de ma page de garde, laissée vide pour quand j'aurai le temps de la faire. Un petit papier tomba, entre deux lettres. Je le dépilai, sachant très bien qui en était l'auteur, et le lu.
On peut dire qu'il ne manque pas de bec, celui-là ! XP
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C'est ainsi qu'un longue et ennuyeuse journée passa. J'allai au troisième étage pour chercher des affaires avec Irva, qui ne manquait pas de me rapporter tout ce qu'elle avait découvert par l'intermédiaire des petits papiers. Entre temps, elle me fit remarquer pour la énième fois que j'aurais pu prendre un autre casier, car monter ces escaliers tous les jours était légèrement fatiguant, d'après elle. Je me retournai de temps en temps, histoire de vérifier si je n'étais pas suivie. Ce garçon m'avait tellement observé durant tous les cours que je me demandai s'il ne savait déjà pas tout de moi. Mais là, j'avais l'impression qu'il n'était plus après moi. Après avoir monté les escaliers, j'ouvris mon casier et pris mes cours, puis découvris quelque chose sous les feuilles. Un collier.
« Qu'est-ce que c'est que ce truc...? »
Interpellée par ma remarque, mon amie ramassa l'objet et s'exclama :
« C'est pas à toi ? En tout cas, c'est très joli comme bijou, et ça à la classe ! Tu crois que c'est du toc ? »
Je lui pris l'étrange objet et le fit jouer entre mes doigts. La chaine portait un pendentif en forme de couronne, et sa lueur argentée m'hypnotisait. Un sentiment de nostalgie et de douceur me serra l'estomac et j'eus une soudaine envie de pleurer. Retenant mes larmes, ma tête fut traversée par l'écho de la voix.
/ Dépêche-toi de revenir. /
J'en fus hébétée. La voix était tremblante, fragile, presque chuchotée. Au vu de ma soudaine immobilité, Irva me prit le bras, l'inquiétude naissant dans ses yeux. Je repris alors mes esprits et me mordis les lèvres, puis je relevai la tête vers ma consoeur.
« Je dois l'avoir emprunté sans faire exprès à ma soeur, lui dis-je en souriant faussement, afin de la rassurer. »
Après un silence, elle reprit sur un ton léger :
« Ou quelqu'un l'a déposé ici. Je t'avais dis de fermer ton casier à clé ! Y a toujours des gros malins qui vont y fouiller. Heureusement qu'ils laissent des indices... Mais, si tu ne le veux pas, tu peux me le donner !
- Et tu veux en faire quoi ?
- Hum, je sais pas... Le revendre pour aller m'acheter des produits pas très légaux, tu vois ? Le genre de ce qu'on récupère à la petite baraque où le propriétaire vends des machins bleus...
- Ah ah ah... J'étais sensée rire ? »
Elle s'avança en souriant, puis se dirigea vers l'escalier extérieur, histoire de prendre un chemin plus court vers la sortie. Je la suivis, le collier toujours dans ma main, pensive. Ça faisait depuis plusieurs mois que je faisais le même rêve presque chaque nuit, mais je n'entendais la voix que depuis quelques jours. Et ça, je n'en avais parlé à personne. Je me croyais déjà assez folle avec ces cauchemars, je n'allais pas en rajouter avec des voix dans ma tête. Mais sa précédente sonorité m'intrigua. Est-ce que cette hallucination auditive commençait à se dissiper ? Ou, si et je dis bien si,
il s'agissait d'une vraie personne qui me contactait par télépathie ou ce genre de truc, elle n'était pas dans les meilleures conditions.
Et alors que j'allais traverser la porte, quelqu'un m'agrippa au poignet, celui où pendait le bijou. C'était Riku. Il me fixait avec des yeux furieux et sa prise se faisait douloureuse.
« Heu, je peux t'aider ? lançai-je, pas tellement rassurée.
- Qui es-tu ? Pourquoi es-tu ici ? demanda-t-il, sur un ton sec.
- Pourquoi je... ? Mais, c'est quoi cette question ? Oh, attends, ne me dis pas que tu es militant pour une association qui recense les raisons qu'ont les jeunes pour poursuivre leurs études, parce que ça serait vraiment affligeant. Et puis, t'aurais une drôle de façon d'aborder les gens. »
Il fronça les sourcils, vraisemblablement agacé par ma remarque. Il me fit face et porta ma main entre nos deux torses, afin de mieux voir le pendentif.
« Où as-tu trouvé ça ?
- Dans mon casier. Pourquoi ? Il est à toi ?
- Un ami le cherche depuis pas mal de temps, dit-il, un soupçon de douceur dans la voix.
- Et bien, que ton ami vienne le trouver, pour que je lui remette en main propre. Je n'aime pas confier aux autres des choses qui ne m'appartiennent pas. Et puis, j'ai dans l'intention de lui apprendre à ne pas fouiller dans les affaires d'autrui.
- Il faudrait déjà que certaines apprennent à ne pas voler.
- Magnifique ! Un mec, qui n'est arrivé que depuis quelques heures et dont la couleur de cheveux laissent à confusion sur sa raison me fait la leçon ! Tu vas me dire quoi ensuite ? Que j'ai tué quelqu'un ? m'exclamai-je.
- Non. Mais que quelqu'un en veut à ta vie, c'est probable. »
Mes yeux s'ouvrirent en grand. Riku vit ma stupéfaction et sourit, fier de m'avoir désarçonnée. Je rétractai mon bras, l'argenté me laissa faire. Je baissai mon regard, pétrifié par le souvenir de mon poursuivant onirique.
« Ce n'est qu'un rêve. Rien d'autre, pus-je articuler, avant de m'éloigner à grands pas par la porte de sortie. »
Je descendais les marches, la main sur la rampe et Irva accroché à mon autre coude. Elle m'avait attendu au niveau du deuxième étage, pour me retrouver complètement angoissée. Pour une fois, elle ne m'avait pas posé de questions, mais elle m'avait quand même proposé de passer chez elle pour grignoter. J'avais accepté en hochant légèrement la tête.
D'en bas, nous vîmes Idrei et toute sa bande nous interpeller. Le reconnaissant, j'agitai gentiment la main vers lui, mon amie préférant de coller contre moi pour atteindre la rambarde et faire de grands gestes extravagants. Elle me bouscula et je heurtai assez violemment le bord de l'escalier.
Le pendentif vola. Sans réfléchir, je tendis la main pour le rattraper et y parvint, une main en l'air et l'autre sur le rebord de métal. Je poussai un soupir de soulagement et Irva applaudit ce vigoureux exploit avec insistance. Lui souriant, je m'apprêtai à me reculer pour éviter de tomber.
Mais soudain, je sentis une main dans mon dos. Elle s'appuya contre moi, me forçant à m'avancer de plus en plus vers le vide. Je résistai, mais ma deuxième main glissa et je passai par-dessus bord.
Je tombai.
J'entendis Irva crier mon nom, ses doigts attraper un morceau de mes vêtements, qui s'arracha sous l'action de la gravité et de la main. Sentant l'air me frôler, je fermai les yeux, attendant l'impact. Mais, les hurlements, le bruit du vent, les battements affolés de mon coeur, tout cela s'arrêta d'un seul coup. J'attendis la douleur, elle ne vint pas. J'attendis la lumière, elle ne vint pas.
A la place, lorsque je rouvris les paupières, le noir m'entourait, et je sombrais lentement dans l'obscurité sans fond.
' Je tombe... Je tombe... dans les ténèbres.'
Ne t'inquiète pas, la lumière se trouve au bout du chemin.
'Hein ? Qui me parle ?'
Moi ? Je suis Sora. Et toi ?
'Je m'appelle...'
Je m'appelle...
Tsuka.
(1) Copyright !
(2) Dans mon monde parfait, les cours finissent à 15 heures. Point.
