Coucou!

Voici ma nouvelle fic, qui est un AU... Mais pas tant que ça en fait... *okok j'arrête mes faux spoilers* ... *dès le premier chapitre ça craint en plus*

Bref, c'est un AU avec quelques accents de surnaturel et d'occulte (forcément, puisqu'on a notre cher Gokudera pour ça!), et à ce propos d'ailleurs, un petit avertissement: dès ce premier chapitre, on a une séance d'invocation d'esprits, avec la technique du oui-ja, mais je n'ai pas eu l'intention d'en faire un mode d'emploi ou de donner une vision réaliste de ce qu'il pourrait s'y passer. Ceci est une fiction, donc, bon, on est bien libres d'inventer ou d'interpréter les choses comme on veut, non?

Sur ce...

ENJOIE
'w'


Disclamer ~ (valable pour tous les chapitres de cette histoire)

KHR ne m'appartient pas, bien qu'il soit toujours aussi tentant de s'approprier ses petits personnages pour leur faire faire n'importe quoi 3
Comme dit précédemment, ceci est une fiction, j'ai donc pris la liberté d'interpréter la figure de l'esprit comme je le voulais, au risque de contredire les convictions de certains. Prenez donc cette fic comme un AU de KHR ET de la vie réelle.
Par contre, là tout de suite, j'ai un peu peur de me faire attaquer par un fantôme enragé pour ce que j'ai écrit, donc si quelqu'un connaît un bon exorciste...
Et sinon, veuillez me pardonner pour ma manie de spoiler à tord et à travers, ou pire! de donner de faux espoirs/faux spoilers (ma spécialité). Si ça se produit, vous aurez le droit de lancer sur moi vos fantômes enragés. Et je pourrai même vous expliquer comment à partir du chapitre 4. Comment ça, je commence déjà à spoiler? Zut.


Chapitre 1

Comme tous les matins, Tsuna se réveilla tout juste à l'heure pour ne pas être en retard en cours. Il ne put prendre qu'une douche sommaire, se promettant, comme tous les matins, de plonger dans un réel et bon bain à son retour. Petit dej' expédié, affaires jetées dans le sac, "itekimasu!" lancé en travers de la porte déjà ouverte et départ immédiat, la réponse de sa mère, encore en cuisine, résonnant vaguement dans son dos. Nouage de cravate fébrile sur le chemin, le dernier toast pendant entre les lèvres et, à peine le temps de l'avaler, il arrivait déjà au coin de la rue, où Gokudera et Yamamoto prenaient la peine de l'attendre tous les matins, quitte à subir avec lui les foudres de quelque professeur mécontent de l'heure de leur arrivée, ou pire, se faire attraper par un membre du comité de discipline, ou pire! par leur chef, une expérience aussi traumatisante que fréquente. Une expérience habituelle.

Se faire appeler Dame-Tsuna par quelques condisciples qui se plaisaient à le torturer quotidiennement, pour peu que ses amis, tous deux bien plus charismatiques et populaires que lui, ne soient pas dans les parages, devait probablement être un passage obligé de chacune de ses journées.

Ce jour-là, ils avaient profité du fait qu'il doive acheter à manger avant de pouvoir les rejoindre, son bento oublié pour une énième fois. Ils s'accordèrent le temps de quelques railleries et du racket de sa maigre pitance, un simple pain-melon, avant de le planter pour aller eux-mêmes profiter de leur pause de midi.
Ne voulant pas faire attendre ses amis, et n'ayant de toute façon pas de quoi se payer quoi que ce soit d'autre, Tsuna n'eut alors d'autre choix que de rallier le toit de l'école, où il était attendu.

Bah, encore un événement par trop surprenant de sa vie de collégien, dont il ne prenait même plus la peine de s'étonner, résigné.
En revanche, la réaction de ses compagnons était toujours à l'exact opposé de la sienne: indignation et colère:

- Ces enfoirés, s'enflamma Gokudera, après le récit des dernières aventures de Tsuna, ils vont me le payer!

Ce à quoi le principal concerné répondit par la tempérance; il était habitué, après tout, et puis peu importe combien de fois l'argenté allait les retrouver après coup pour leur rendre la monnaie de leur pièce, ça ne changeait jamais rien, ils reviendraient à la charge sitôt que ses protecteurs auraient le dos tourné, et il devrait subir le retour de flamme. Car c'était souvent même pire quand Gokudera allait le venger...

- Mais, enchaîna Yamamoto après que le colérique de la bande se fut calmé. Tsuna, tu sais quand même bien que quand tu oublie ton repas tu peux partager le nôtre.

Oh, oui, il le savait très bien. D'ailleurs, il était présentement en train de profiter de leur gentillesse.

- Oui mais... dit-il cependant, je ne peux pas vous squatter à chaque fois! Surtout toi, Yamamoto, tu as besoin de forces pour tes entraînements de baseball.
- Oh, je m'en sors très bien, tu sais. Mon père insiste toujours pour faire mes bentos, mais il en met des tonnes. Je pourrais bien en donner à toute la classe qu'il m'en resterait encore après ~
- Moui... enfin, j'ai juste pas eu de chance qu'ils me tombent dessus à ce moment-là, mais comme je ne peux pas prévoir quand viendra leur prochain coup, je ne vais pas m'arrêter de vivre et dépendre trop de vous juste à cause d'eux. Enfin, n'en parlons plus, c'est fait, de toute façon.

Ne pas s'arrêter de vivre à cause d'eux... Tsuna serait bien heureux s'il arrivait à faire ça. Seulement, peu importe combien il était habitué aux brimades, il tremblait à chaque fois qu'il devait parcourir l'école seul. en ces lieux, il vivait dans l'ombre de Gokudera et Yamamoto, et il savait très bien que s'il se risquait à faire un pas en dehors de leur zone d'influence, il finirait mal, à un moment ou à un autre, d'une manière ou d'une autre. Cela dit, toujours en accord avec sa volonté de ne pas trop s'appuyer sur les autres - pour qui il s'estimait déjà être un boulet - il devait parfois prendre le risque.

Bien que ses interlocuteurs soient parfaitement conscients de ces faits, ils exaucèrent néanmoins son voeu, abandonnant cette conversation pour des sujets plus légers:

- Oh! Juudaime! fit alors Gokudera, toute trace d'animosité envolée. Il faut qu'on essaie d'invoquer des esprits!
- Hein? ne put que répondre le petit brun, pris de court.
- Haha~ Ca a l'air marrant~ Faisons-le!
- Je te parlais pas à toi, crétin de baseballer! Tes ondes d'abruti cosmique vont sûrement faire fuir les esprits, comme d'habitude.

Pendant que débutait une énième dispute à sens unique entre les deux autres, Tsuna prit le temps de comprendre de quoi parlait Gokudera. Ce qui n'était pas très difficile: à chaque fois que son visage s'éclairait ainsi, c'est que ça touchait au mystère et à l'occulte - en parlant de ça, d'ailleurs, il y avait toujours ce surnom étrange, 'Juudaime', par lequel l'argenté le désignait, seul mystère qu'il n'avait pas encore daigné éclaircir malgré toutes les interrogations du petit brun. Ce dernier du reste se désolait plutôt de la passion de son ami, puisqu'il se retrouvait souvent pris dans des galères pas possibles à cause de ça. Comme le mois dernier, lorsqu'il les avait traînés dans le parc abandonné de Kokuyo-Land, pour une épreuve de courage destinée à débusquer quelques fantômes. Et, bien qu'ils n'en aient pas vraiment croisé - d'après Gokudera, par la faute de Yamamoto - le souvenir de cette aventure le faisait encore frissonner de terreur.

- Hum, pourquoi pas... Mais pourquoi maintenant en particulier, s'enquit-il cependant. Evidemment, son "pourquoi pas" était purement rhétorique. Il ne voulait pas vraiment le faire, c'était même plutôt le contraire, mais il savait qu'il était dur d'aller contre les élans de son ami. Et puis, il ne voulait pas le décevoir, donc s'il voulait vraiment le faire avec lui, il ne se sentirait probablement pas la force de dire non. Comme d'habitude.

Cela dit, sa question était réelle. Il avait beaucoup entendu parler d'essayer cette expérience un jour, mais jamais encore Gokudera ne le leur avait réellement proposé. Il était curieux de savoir quel avait été le déclencheur de cette nouvelle lubie.

- Eh bien - le regard de l'interrogé s'enflamma de nouveau - j'ai enfin convaincu ma soeur de nous montrer comment faire! Je sais qu'elle est douée pour ça, mais elle n'avait jamais voulu le faire avec moi...

Ah, Bianchi... Si elle ne semblait pas partager les goûts de son frère en matière d'énigmes et de surnaturel, il était vrai qu'elle devait avoir quelques connaissances en la matière. Parfois, sans qu'il n'ait rien demandé, elle insistait pour leur tirer les cartes et prédisait à Tsuna toutes sortes de malheurs... Prédictions qui n'avaient aucun mal à se réaliser du reste, considérant sa vie actuelle.

Tandis que Gokudera poursuivait son discours sur la chance inespérée qu'ils avaient là, la porte du toit s'ouvrit et une petite silhouette se glissa timidement à l'extérieur. C'était Chrome, le quatrième membre de leur petite bande. Bien qu'elle soit plutôt discrète et solitaire, elle les rejoignait parfois, s'étant liée d'amitié avec Tsuna. Elle aussi était l'une des cibles préférées des persécuteurs de l'école, ce qui les avait rapprochés. Lorsqu'elle avait rejoint leur groupe, peu après son transfert depuis l'école de la ville voisine, elle avait directement été adopté par Yamamoto et, chose surprenante, Gokudera - qui, sans doute à cause de ses fangirls acharnées, supportait difficilement les filles. Il faut dire que son étrange coiffure en forme d'ananas - dont il s'était juré de percer le mystère un jour - le cache-oeil au motif de crâne qui lui masquait l'oeil droit et son petit appartement à l'ambiance suffisamment glauque pour mériter le titre de maison hantée avaient du beaucoup jouer en sa faveur auprès de l'argenté.

Repérant leur petit cercle adossé au grillage, elle les rejoignit en quelques pas et s'assit auprès d'eux.

- Désolée, le prof voulait me parler à la fin du cours... dit-elle pour expliquer son retard.

Yamamoto lui assura que ce n'était pas grave, et elle s'enquit alors du sujet de leur conversation, qu'elle venait d'interrompre. Gokudera se fit donc une joie de la mettre au courant, avant de l'inviter elle aussi, prétendant que sa présence annulerait la mauvaise influence du "yakyuu-baka" ici présent.

Elle hésita un court instant, et acquiesça d'un petit "d'accord" qui n'étonna pas grand monde. Si elle se montrait souvent aussi craintive que Tsuna, lorsqu'il s'agissait d'occulte - ou, en fait, de toute chose qui ferait trembler n'importe quel humain normalement constitué - elle faisait preuve d'un calme et d'une assurance insoupçonnées.

Tsuna soupira en voyant que la chose semblait décidée, et qu'il était probablement le seul à remettre l'idée en question. Ils étaient donc repartis pour un tour...

Enfin, il supposait que ça aussi, ça faisait partie de son quotidien.


Le week-end suivant fut donc consacré à ce qu'ils avaient convenu. Néanmoins, lorsque, à la nuit tombée, Tsuna se retrouva dans son salon avec tout le monde, il tiqua un peu.

A quel moment avait-il accepté que ça se passe chez lui?!

... Et puis, il se souvint. Il avait déjà posé la question, quand les autres avaient débarqué.

- Baaah, avait répliqué Yamamoto, gêné. Si ça avait été chez moi, mon père aurait râlé que je ne l'aide pas au restau...
- Je ne veux pas de mauvais esprits chez moi, avait alors prévenu Bianchi.

Quant à Chrome... Non, il ne valait mieux pas que ça soit chez elle. C'aurait été encore plus effrayant!

- Mah, ne t'inquiètes pas, Juudaime, tenta de le rassurer Gokudera, voyant qu'il n'avait toujours pas l'air convaincu. Il ne pourra rien arriver de mauvais ici, j'en suis sûr! Ce lieu à une bonne aura.

Le trouvant aussi plein d'assurance, Tsuna ne put s'empêcher d'être sceptique. Une bonne aura? D'où sortait-il ça? N'était-ce pas juste du bluff pour calmer ses réticences?

- Et puis, ta mère n'est pas là, fit remarquer Yamamoto, venant en renfort de l'argenté. On sera tranquilles, comme ça.

Prenant conscience de ce fait en même temps que les autres, le brun se figea soudain. Tiens, c'est vrai ça, où était-elle donc passée? Elle n'avait pourtant pas l'habitude de sortir le soir. Sans dire un mot, en plus...

Un raclement de gorge nerveux le sortit cependant de sa réflexion. Il leva les yeux sur son auteur, Gokudera. se sentant brusquement observé, ce dernier eut d'un coup l'air très embarrassé.

- A-ah... A ce propos...
- Hayato m'a dit que la mama de Tsuna venait toujours servir le thé quand il y avait des gens à la maison, intervint Bianchi. Comme ça nous aurait dérangés, j'ai décidé de l'éloigner.

L'habitant des lieux eut soudainement très peur. Qu'est-ce qui était arrivé à sa mère? Il faut dire que le ton absolument calme et logique de la jeune femme n'avait rien de rassurant. Comme si elle trouvait ça normal de chasser quelqu'un de chez soi pour mieux s'y inviter.

- Donc, poursuivait-elle, inconsciente du trouble de son hôte, quand je l'ai croisé en ville cette après-midi, j'ai glissé un bon pour un massage nocturne dans son sac. Elle a eu l'air d'apprécier, je suppose donc que ça l'occupera un moment.

Un bon pour...? Tsuna ne savait pas trop s'il devait être rassuré que ça ne soit "que" ça, ou s'inquiéter des méthodes de son interlocutrice. Venait-elle de sous-entendre qu'elle avait suivi sa mère? Sûr qu'elle ne l'avait pas croisée par hasard en tout cas, puisqu'elle avait visiblement tout prévu à l'avance.

Enfin, il trancherait cette question plus tard. Pendant qu'ils parlaient, les préparatifs pour la soirée étaient finis. Et il faut dire qu'une fois la lumière éteinte, les bougies allumées, il sentait sa peur revenir à la charge. Qu'est-ce qu'ils allaient faire, si ça se passait mal? Non, même si tout allait comme il fallait, il en resterait probablement traumatisé toute sa vie. Il ne savait pas trop s'il croyait ou non à toutes ces choses, mais bon, dans le doute, mieux valait se méfier...

- Bon, commençons, dit finalement Bianchi, ce qui acheva d'affoler le petit brun.

Tandis qu'ils prenaient place à la table basse du salon, autour du cercle de lettres et de symboles qu'ils avaient formé, Tsuna guetta les réactions de ses amis. Gokudera était évidemment tout excité, Yamamoto souriait, Chrome semblait un peu crispée mais déterminée. Quant à Bianchi, toujours aussi flegmatique.
Cette dernière pose un petit verre au centre de la table, débutant alors son explication:

- On va commencer par une invocation anonyme, ça sera plus simple d'obtenir un résultat. Posez vos doigts sur le verre, sans forcer, il suffit juste d'être en contact. Ne pensez à rien, et surtout à personne en particulier, concentrez-vous simplement sur ce contact. Quand vous vous sentirez prêts, appelez l'esprit, l'un après l'autre. Chrome, tu commenceras. Tu as l'air plus calme que les autres.
- Ok, acquiesça la jeune fille, qui une fois n'est pas coutume n'avait pas bégayé. Ses joues s'empourprèrent légèrement, mais juste parce que l'honneur de commencer lui était revenu, pas par peur de ce qu'ils allaient faire.

- Mais, Aneki, tu ne le fais pas toi? demanda alors Gokudera en constatant qu'elle n'avait pas bougé, alors qu'ils étaient tous en place.
- Je vous rejoindrai quand je sentirai quelque chose venir. A vous quatre, ça devrait suffire pour un début, répliqua-t-elle, implacable. Sur le coup, personne ne chercha à remettre en cause sa décision, et ils commencèrent donc à se concentrer.

Tsuna ferma les yeux, par réflexe. Tâchant de profiter de l'occasion pour vider son esprit de tous ses doutes, il se focalisa sur ce qu'il devait faire, appliquant scrupuleusement les consignes de leur guide, espérant ainsi empêcher ses pensées de dériver.

Mais, il avait beau se forcer, il n'arrivait pas tout à fait à se calmer. Chrome, à côté de lui, prit une inspiration qui brisa leur silence, s'apprêtant à appeler... l'inconnu. Sa voix parfaitement mesurée lorsqu'elle parla annonçait qu'elle s'était totalement abandonnée à sa tâche, contrairement à lui, qui peinait à suivre. Un bref instant passa, puis Gokudera prit la parole et enfin, Yamamoto. Tous les deux étaient aussi très sérieux, même s'ils riaient et trépignaient encore il y a quelques minutes.

A présent, c'était son tour, mais il ne pouvait rien faire, tétanisé, la gorge nouée. Là, il se surprit à espérer que quelque chose vienne, un esprit, n'importe quoi, pourvu qu'il n'ait pas à ouvrir la bouche et ainsi exploser sous la pression.

Son salut arriva la seconde d'après, mais pas de la façon dont il aurait pu l'attendre. Et il hésitait à se demander si c'était mieux ou pire:

- Stop, déclara Bianchi, toujours calme et posée, mais dont l'intervention alarma tout le monde.

- Qu-que se passe-t-il, aneki? demanda Gokudera en leur nom.

L'aînée leur indiqua d'un signe de tête qu'ils pouvaient lâcher le verre. Chrome soupira de soulagement, détectant sans doute là-dedans un signe que tout allait bien, mais cela ne rassura pas Tsuna pour autant. Au contraire, l'interruption survenue juste avant son tour de parole l'avait fait atteindre le point de non retour en matière de peur. Quoi? Pourquoi les avait-elle fait arrêter en plein milieu? Il ne s'était pourtant encore rien passé!

Mais c'était justement ce qui semblait déranger la jeune femme: - Rien, expliqua-t-elle tranquillement, nullement affectée par leur affolement. Juste, ça ne marchait pas. Parti comme c'était, je pense que ça n'aurait de toute façon pas marché.

Là encore, personne ne remit en cause sa déclaration, personne ne s'interrogea sur le fait qu'elle avait déduit ça en quelques minutes d'observation, minutes au cours desquelles il ne s'était absolument rien passé, où tout était identique au moment où ils avaient commencé. Ils attendaient juste qu'elle détaille le fond de sa pensée, qu'elle dise ce qui, selon elle, n'avait pas fonctionné. Mais elle ne le fit pas. Au lieu de ça, elle posa un doigt sur le verre et un sourire... comment dire, amusé? s'esquissa sur ses lèvres.

- Je vais réessayer avec vous, fit-elle simplement. On va bien voir...

Elle avait manifestement une idée derrière la tête, mais ne la dirait pas avant qu'ils aient suivi ses indications. Ils durent donc se résigner à reprendre leurs positions.


Ils avaient du répéter la même manoeuvre... au bas mot, une dizaine de fois, chaque tentative se soldant par un échec. A la fin, il commençait à se faire bien tard, et Bianchi décida de mettre un terme à la séance. Gokudera se désolait de ce fiasco, ne comprenant pas comment ça avait pu tourner comme ça avait pu tourner comme ça: il était persuadé que, si sa soeur était dans le coup, ça ne pouvait que marcher - c'était la raison pour laquelle il avait attendu son accord avant de passer à l'acte! Il déversa donc toute sa colère et sa déception sur Yamamoto en le nommant coupable, accusation que le baseballer encaissait en riant, comme toujours.

Bien que l'atmosphère de la pièce et les discussions des gens soient redevenues plus ordinaires et apaisantes, Tsuna ne se défaisait pas de ses éternelles craintes.
En fait, il ne partageait pas vraiment les impressions de ses compagnons sur les événements.
Il n'avait pas dit un mot de la soirée, recroquevillé dans son coin, lointain spectateur de la scène en cours, plongé dans ses pensées et ses doutes.

C'est que, lui, il était persuadé qu'il y avait bel et bien eu quelque chose.
Sans doute était-il trop stressé au début pour avoir pu remarquer son sentiment étrange, mais au fil du temps, alors qu'il baissait sa garde comme rien ne se passait, il avait peu à peu commencé à renier les constats répétés et dépités des autres, tout au fond de lui. Instinctivement, il se disait "non" à chaque fois que le verre s'obstinait dans son immobilité, "ce n'est pas bon", à chaque nouvelle interruption, "ce n'est pas ça", à chaque fois que quelqu'un se demandait s'il y avait vraiment ici un esprit suceptible de leur parler, et qu'on concluait que non.

Et puis, au final, il avait eu comme la confirmation de sa négation. Lors de l'ultime appel avorté, quand ils s'étaient tous retirés, il l'avait senti. Un léger, très léger frémissement du verre alors qu'il s'apprêtait à couper le contact. Et il était sûr que ce n'était pas un mouvement extérieur, puisqu'il était le seul à le toucher encore à ce moment-là.

Néanmoins, cette fois-ci, comme les précédentes, il garda cela pour lui, hésitant encore sur la véracité de son idée. C'est vrai, après tout, il était tout seul à songer à cette possibilité, quand les quatre autres ne soupçonnaient rien de son malaise. Il pouvait très bien être tombé dans un piège de son imagination stimulée par la peur...
Tâchant de se convaincre que cette hypothèse était la bonne, il se reconcentra sur la réalité présente, comprit vaguement que Bianchi allait leur cuisiner un "repas de consolation", que Gokudera bien plus effrayé par cette action que par n'importe quel esprit lui emboîta le pas, et que Yamamoto s'éclipsait aux toilettes. Ce qui le laissait seul avec Chrome.

Face à cette situation, il se demanda s'il n'était pas mieux de partager ses doutes avec quelqu'un, avant de les enterrer définitivement. Et, entre tous, la jeune fille était à coup sûr la plus susceptible de la prendre au sérieux. Et puis, elle s'y connaissait un peu plus que lui en matière d'occulte. Il tenta donc le coup: - Hum... Chrome?

Elle tourna son oeil mauve unique vers lui, ce qui lui valut une dernière courte hésitation; mais il se lança quand même:

- Tu... enfin, je sais bien que ça n'a pas marché mais... Tu n'as rien senti pendant la... l'invocation?

Chrome fronça les sourcils, étonnée par la question, mais devinant que Tsuna devait avoir une bonne raison de la poser. Néanmoins, elle n'avait pas de réponse très pertinente à lui proposer:

- Non, dit-elle, pas très assurée, mais sincère. Pourquoi?
- Euh... pour rien, ne sut que répondre son vis-à-vis, du tac au tac. Finalement, c'était peut-être bien son imagination.
- Je crois... continua son amie, avenante. E-enfin, si tu te poses des questions, tu devrais sans doute en parler à Bianchi-san.

En parler à Bianchi...? Non, Tsuna ne le ferait probablement pas. Si même Chrome lui avouait qu'elle n'avait rien vu venir, il n'y avait pas de raison pour que les autres lui répondent différemment. Et il ne voulait pas passer pour parano.

- J-je... Non. Je pense que ça venait de moi, en fin de compte. Je devais être trop stressé hahahahaha...

Son rire nerveux ne rassura pas son interlocutrice, mais elle ne dit rien, respectant sa décision. Quant à lui, bah... il se débrouillerait avec ses pensées.


Néanmoins, quelques jours plus tard, ses pensées étaient toujours là. Pire, elles gagnaient en force et en ampleur au fil du temps; il était obsédé par ce qu'il avait ressenti ce soir-là. Il n'en dormait plus, ou alors très mal, captant une sorte de rire bizarre dans l'obscurité de sa chambre. Il jetait fréquemment des coups d'oeil derrière son épaule, persuadé d'être suivi, observé. Mais il n'y avait jamais rien, que ce soit chez lui, ou derrière lui. Pourtant, il continuait de se sentir mal à l'aise au quotidien, fréquemment pris de frissons et constamment faible ou malade, sans raison apparente.

Et puis un jour, il eut un nouveau signe que tout ça ne pouvait pas seulement venir de lui. Ses souffres-douleur - qui comme par hasard se faisaient plus insistants en ce moment, et qu'il avait d'ailleurs désignés comme ses stalkers lorsqu'il cherchait des explications rationnelles aux phénomènes qu'il subissait - l'avaient coincé dans un coin de la cour, a priori décidés à en finir avec lui. L'un d'entre eux avait une batte de baseball à la main, dont il battait hargneusement le sol. Leurs faces ornées de sourires carnassiers ne laissaient aucun doutes sur leurs intentions, et face à eux le frêle adolescent tremblait comme jamais, redécouvrant la peur viscérale qu'il ressentait auparavant à leur approche. C'est qu'ils le raillaient et le molestaient si souvent qu'à s'y était tant bien que mal habitué, qu'il ne faisait plus trop attention bien qu'il craigne toujours leur approche. Mais là... Le temps des petits rackets et des gentillettes bousculades semblait révolu. Ils passaient à la vitesse supérieure.

- Alors, Dame-Tsuna, dit l'un, on est ailleurs, ces derniers temps? Tu nous as oubliés ou quoi?

Hein? Ah, c'est vrai, il était plutôt distrait, en ce moment. Du coup, il devait endurer encore plus passivement les séances d'intimidation quotidiennes. Il ne se souvenait même plus quels coups ils avaient bien pu lui faire, depuis l'autre fois, accaparé qu'il était par des menaces bien plus effrayantes que les leurs. C'était donc pour ça qu'ils se montraient plus agressifs, cette fois... N'ayant plus l'effet attendu par leurs habituelles brimades, ils essayaient de nouvelles méthodes.

- Attention, s'exclama un deuxième, si tu es trop dans les nuages, tu pourrais trébucher! - Joignant le geste à la parole, il donna un grand coup de pied derrière les genoux de sa victime, qui tomba face contre terre.

Le voir dans un situation aussi misérable parut leur plaire, puisqu'elle déclencha l'hilarité du groupe, mais ils n'en furent pas encore totalement satisfaits, puisqu'après encore quelques répliques acerbes suivies de coups, celui qui tenait la batte s'avança. Le cercle de malfrats se referma sur Tsuna, le recouvrant de leurs ombres, et si son oeil capta une seconde les rayons du soleil au-dessus d'eux, ce n'était que parce qu'il guettait, terrorisé, l'ascension de l'arme qui s'abattrait bientôt sur lui. Les autres aussi, lâchant leurs encouragements et leurs cris exaltés sur son bourreau, suivait le mouvement, ce lent mouvement, d'une lenteur calculée pour l'achever, aussi bien physiquement que mentalement.

Le coup partit finalement, rapide comme une flèche. Dans l'infime intervalle qui le séparait de la douleur, le petit brun pria pour s'évanouir sur le coup, ou même mourir, tout, du moment qu'il n'aurait pas à en supporter plus.

Cependant, la batte ne l'effleura même pas. Il sentit son souffle meurtrier au-dessus de son dos, et ce fut fini. Autour de lui, nulle clameur, seulement le silence. Un mutisme sans doute tout aussi stupéfait et terrifié que le sien.
Il osa donc ouvrir les yeux, les lever un peu... les écarquiller sous le coup de la surprise.

Un morceau de la batte gisait à terre, à quelques pas de son visage. Pour une raison inconnue, l'objet s'était brisé avant même d'appliquer sa sentence sur le jeune homme. Bien qu'il devrait se sentir un peu rassuré, sa situation restait des plus alarmantes... Mais pour d'autres raisons.

Tandis qu'il restait là, plaqué au sol, pétrifié par la chose invisible qui venait de le sauver, ignorant tous les signaux mentaux qui lui hurlaient de détaler, il remarqua à peine que ses agresseurs avaient d'un coup perdu leurs sourires et leur assurance. Bafouillant quelque chose à propos du fait qu'il devait être un monstre, ils ne s'attardèrent pas auprès de leur "maudite" victime et reculèrent vivement de quelques pas, avant de suivre leur instinct de survie et de s'enfuir sans demander leur reste. Mais Tsuna ne releva pas ce détail, les yeux toujours rivés sur les morceaux de la batte, et tremblant tellement qu'il l'aurait dit pris de spasmes. En fait, il ne sortit de sa torpeur qu'en captant le visage inquiet de Gokudera penché sur lui:

- Juudaime! C-ça va?!

Il l'aida à se relever, mais rien à faire, il ne tenait pas debout. Avec l'aide de Yamamoto, ils lui servirent donc de soutien, attendant qu'il soit suffisamment remis pour s'exprimer.

- Mais, qu'est-ce qu'il s'est passé ici, s'étonna tout de même le baseballer, comme l'explication tardait. Il avisa l'objet brisé sur le sol et fronça les sourcils: - Tsuna?
- Les gars de troisième année... Brisée toute seule... parvint seulement à articuler l'interrogé. Si la présence de ses amis lui permettait peu à peu de retrouver ses moyens, il se sentait si faible qu'il était sur le point de s'évanouir. Et ses maux physiques n'y étaient pas pour grand chose là-dedans, il en était persuadé.

- ... Ces imbéciles s'en sont encore pris à toi? vociféra Gokudera, s'énervant sur la seule partie du discours qu'il avait pu comprendre. En fait, en entendant ça, il n'avait même pas cherché à écouter la suite de sa phrase.

Yamamoto, en revanche, semblait mieux reconstituer l'action d'après les dires de son ami, mais n'y croyait pas:

- Tu dis que la batte s'est cassée toute seule? Pas possible, même en frappant de toutes mes forces, je n'ai jamais réussi à faire ça - Et le jeune homme était connu pour sa grande puissance, quand il s'agissait de baseball - Et puis... s'ils t'avaient battu aussi fort...

Les mots suivants restèrent coincés dans sa gorge. S'ils avaient frappé aussi fort, Tsuna se serait brisé bien avant leur arme de fortune, c'était sûr.

- Non, rectifia alors celui-ci. Ils... n'ont pas frappé. Ca s'est brisé avant.

Avant même que ses compagnons ne comprennent le sous-entendu - la batte s'était brisée comme par magie - il se dégagea de leur support, fit quelques pas maladroits, leur tournant le dos: - Désolé, dit-il d'une voix morne. Je ne me sens pas très bien, je vais rentrer.

Et il s'éloigna, chancelant, abandonnant sur place ses amis ahuris.


Et voilààà~

La suite est prévu pour dans deux semaines (et elle sera là, je peux l'assurer, pour une fois!)
En attendant, des impressions? des critiques? des intuitions sur la suite des événements? Je suis toute ouïe, je vous attends, je vous réponds~

SEE YA~
'w'