Disclamer : les personnages et l'univers appartiennent à Masami Kurumada.
Petite info : Cette histoire a également été écrite en 2008.
Béta lectrice : Scorpio-no-Caro. Un grand merci à elle !


Chapitre 1

Shiryu posa son sac devant la petite cabane et chercha la clé pour l'ouvrir. Une fois entré, il examina rapidement les lieux. Rien n'avait changé ici, c'était rassurant. Rapidement il ouvrit volets et fenêtres de la pièce à vivre avant de se diriger vers la petite chambre qu'il avait toujours occupée et de faire de même. Il évita soigneusement la chambre de son maître, puis il fit l'inventaire des placards et constata qu'il restait quelques boites, ce qui lui laissait le temps d'aller au village le lendemain.

Il ressortit de la cabane et se dirigea vers la cascade de Rozan qui l'avait vue grandir et devenir chevalier. Il s'installa à cette même place qu'avait occupée son maître pendant tant d'années et essaya de faire le point sur les raisons de sa venue ici.

Plus de cinq années s'étaient écoulées depuis leur victoire sur Hadès…Quand Athéna les avait ramenés sur terre tous les cinq, Seiya était entre la vie et la mort, plongé dans un profond coma.
Le Sanctuaire semblait horriblement désert, les armures d'or avaient disparu en même temps que leurs chevaliers devant le Mur des Lamentations et celles qui avaient réussies à les atteindre à Elysion n'étaient pas réapparues non plus.

Saori avait beau leur dire de rester confiant en l'avenir, les quatre chevaliers divins n'arrivaient pas vraiment à se remettre de toutes ces morts…et l'état si incertain de Seiya leur laissait un goût amer.

Et puis soudain, après trois mois d'une longue attente, alors que rien ne le laissait présager, l'état de leur compagnon s'était brusquement amélioré et il s'était réveillé. Il lui avait encore fallu un bon mois pour récupérer mais il sortit bientôt de l'hôpital en pleine forme.

Sa sortie donna lieu à une petite fête où ils burent plus que de raison, trop heureux d'être tous réunis et sûrement aussi à cause de cet incessant sentiment de culpabilité qui les rongeait vis-à-vis des chevaliers d'or qui avaient sacrifiés leurs vies et leurs armures pour leurs permettre à tous les cinq d'accomplir leur devoir et de remporter cette victoire.

Si les conséquences de cette soirée avaient été un bon mal de crâne pour ses quatre compagnons, pour Shiryu cela en avait été tout autrement...

Il se rappelait très bien que le matin suivant il s'était retrouvé dans le même lit que son amie de toujours : Shunrei.

Tous deux avaient été aussi étonnés l'un que l'autre, cela leur avait permis de comprendre une chose essentielle à leur relation : ils s'aimaient sincèrement mais pas d'amour. Leur relation était basée sur leur enfance commune et leur soutien mutuel et c'est une très grande amitié et une complicité qui les unissait mais sûrement pas ce qu'ils avaient cru tous les deux.

Dans les jours qui suivirent, ils en avaient beaucoup parlé et c'est d'un commun accord que Shunrei était repartie au Japon où Saori lui confia la tâche de s'occuper du manoir Kido aidée en cela par la sœur de Seiya qui souhaitait également rentrer dans son pays d'origine maintenant que son frère allait bien mieux.

Les cinq chevaliers divins et Saori restèrent au Sanctuaire : il y avait du travail sans les chevaliers d'or et il fallait que de nouveaux chevaliers soient formés, au moins pour réattribuer les armures d'argent, qui elles, n'avaient pas été détruites.

Ils s'étaient alors organisés pour continuer à protéger le Sanctuaire, tout en formant des apprentis, aidés en cela par les chevaliers encore en vie.

Au bout de deux mois, Shunrei revint au Sanctuaire avec une nouvelle qui ne serait pas sans conséquence sur l'avenir de Shiryu. De leur unique nuit ensemble naîtrait un enfant, elle en avait eut la confirmation quelques jours plus tôt.

Ils décidèrent ensemble de garder et d'élever cet enfant de l'espoir ayant la certitude que leur complicité de toujours arriverait à surmonter les obstacles de leur séparation et c'est dans la joie que le Sanctuaire avait accueilli sept mois plus tard une magnifique petite fille qui reçue le prénom de Rozana, en souvenir de la cascade auprès de laquelle ses parents avaient grandi.

Saori était persuadée que les armures d'or leurs seraient rendues en temps voulu, aussi occupèrent-ils chacun un temple pour ne pas laisser le Sanctuaire sans protection. Ceux qui avaient été détruits ou très endommagés étaient en cours de reconstruction, mais les fonds manquaient et il fallait du temps.

Ils avaient travaillé dans cette optique, portés comme toujours par Saori qui faisait la navette entre le Japon et la Grèce, toujours accompagnée de l'un des chevaliers divins et de Rozana quand celle-ci rendait visite à sa mère.

Trois années s'étaient écoulées à ce rythme tranquille et aujourd'hui la petite Rozana connaissait tous les recoins du temple de la Balance où son père et elle habitaient.

Shiryu sourit en repensant aux courses qu'il avait dues faire pour retrouver sa fille derrière une des nombreuses colonnes du temple où elle adorait se cacher pour le faire enrager lui ou l'un de ses oncles comme elle appelait ses compagnons.

Sa fille lui apportait un bonheur sans borne ainsi qu'à tous au Sanctuaire : voir cette enfant grandir et s'ouvrir à la vie atténuait un peu leur victoire amère. Ils voyaient tous en elle ce qu'ils avaient sauvé sur Terre.

Et puis il y avait eu ce matin. Il y a un peu plus de six mois maintenant… Comme souvent Rozana jouait dans le temple et il préparait son petit-déjeuner dans la partie habitable, quand il l'avait entendu crier et sentit un puissant cosmos envahir le temple.

Il s'était précité en faisant jaillir sa propre énergie mais s'était arrêté net en arrivant dans le temple et en reconnaissant l'autre présence. C'était impossible et pourtant ses yeux ne pouvaient le tromper. Devant lui se trouvait Dohko, le chevalier d'or de la Balance, revêtu de son armure… Son maître bien aimé, tel qu'il l'avait vu lors de la dernière bataille, rajeuni et dans toute sa puissance.

Ses larmes s'étaient mises à couler sans qu'il ne puisse les retenir et il avait assisté sans pouvoir bouger à la rencontre des deux êtres qu'il chérissait le plus.

Dohko avait ôté son armure qui était sagement retournée dans son urne, reprenant sa place de toujours dans le temple et s'était accroupi devant sa fille :

- Bonjour, mon enfant.
- Bonjour, qui t'es ?
- Je suis Dohko et je suis le gardien de ce temple et toi ?
- Pas vrai, c'est papa ! dit la petite fille d'un ton convaincu en montrant son père du doigt

Dohko suivit son geste et se tourna vers Shiryu :

- Bonjour Shiryu.
Le Dragon bougea enfin et se précipita dans les bras de son maître en larmes :
- Maître, c'est si bon de vous revoir !

Il avait alors entendu les cris de joie qui s'élevaient de tous les temples, les chevaliers d'or au complet ainsi que leurs armures étaient enfin de retour au Sanctuaire.

L'émotion était palpable dans tout le domaine sacré et le cosmos d'Athéna les enveloppa soudain, sa voix résonnant dans la tête de tous les chevaliers :

"Bienvenu dans vos temples, chevaliers d'or. Nous sommes tous ravis de vous retrouver enfin après plus de quatre longues années. Prenez le temps de tous vous saluer et de vous revoir. Je vous attendrais ce soir au palais avec le grand Pope qui nous a également été rendu pour vous confier ma joie de vous savoir tous ici

- Nous sommes tous revenus, commenta Dohko en regardant Shiryu, mais dis-moi qui est cette enfant ? Elle a bien dit papa non ? Serait-ce ta fille ?
Celui-ci sourit et attrapa la petite qui, ne sentant plus de danger, était retournée à son jeu :
- Je vous présente Rozana, maître, c'est notre fille à Shunrei et moi, un vrai petit démon qui vient d'avoir trois ans, dit-il, Rozana je te présente mon maître, Dohko.
- Tu es chevalier, toi aussi ? demanda l'enfant à la Balance.
- Oui, répondit celui-ci en souriant.
- Alors tu es tonton Dohko, décréta encore l'enfant, tu joues avec moi ?
- Je le ferai avec joie, mais plus tard, pour l'instant il faut que je parle à ton père, tu veux bien Rozana ?
- Oui, mais tu promets de jouer avec moi après tonton Dohko ?
- C'est promis, je jouerai avec toi plus tard, lui répondit la Balance.
- Je suis désolé, Maître, elle appelle comme ça tous les autres chevaliers, dit Shiryu, puis il se tourna vers sa fille :
- De toute façon c'est l'heure de prendre ton petit déjeuner, files à la cuisine.
- Shunrei est également ici ? interrogea Dohko en suivant la petite fille.
- Non, nous ne vivons pas ensemble, lui répondit Shiryu, c'est un peu compliqué ajouta-t-il en baissant la tête

Dohko passa un bras rassurant autour des épaules de son disciple :

- Tu vas avoir tout le temps de m'expliquer cela, mais pour l'instant moi aussi je déjeunerais bien.

A ce moment, il aurait dû comprendre, mais il avait mis son frisson sur le compte de l'émotion… Comme il avait tort…

Il revint à la réalité, le soleil se couchait sur la cascade. Il retourna vers la cabane et se prépara un léger repas, la fatigue le submergeait et c'est avec plaisir qu'il se coucha, pouvant échapper par le sommeil pour quelques heures à ce sentiment qui le rongeait.

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Le lendemain, il alla au village, plus reposé qu'il ne l'avait été depuis longtemps, être ici lui faisait un bien fou, il avait besoin de comprendre…

Il profita de son passage au village pour téléphoner à Shunrei à qui il avait déposé Rozana avant de venir et lui affirmer que tout allait bien, qu'il avait juste besoin d'un peu de temps et de solitude pour y voir clair en lui.

L'après-midi, il reprit la même place que la veille et se remit à revivre les derniers six mois, il savait qu'il devait revoir tous ces événements pour comprendre enfin ce qui lui arrivait. Il s'était presque enfui du Sanctuaire, ne prévenant que Hyoga de son départ précipité qui n'avait rien fait pour le retenir et pour cause…

La suite de cette journée mémorable avait été si vive en émotion qu'il avait un peu de mal à s'en souvenir correctement, cela avait était un long ballet de retrouvailles, de pardons, d'embrassades diverses où tous les chevaliers avaient beaucoup versé de larmes de joie et bonheur. Tous les temples semblaient soudains vivants et retrouvaient leurs gardiens.

Les cinq chevaliers divins voulurent réintégrer le palais mais ils reçurent la demande des chevaliers d'or de rester un peu dans les temples qu'ils avaient gardés pendant leur absence.

D'ailleurs certains de ces temples étaient encore en rénovation et c'est dans la joie que ceux qui avaient la chance de d'avoir les leurs encore en état accueillirent les autres.

Rozana avait ce jour-là fait la connaissance de quatorze nouveaux oncles qui allaient faire désormais parti de sa vie. A la plus grande joie de Shiryu, elle conquit le cœur de chacun d'entre eux avec le naturel et la joie de vivre qui la caractérisait, même des plus bougons comme DM qui demanda à la petite de l'appeler par son prénom Angelo.

Le soir, l'émotion était intense quand Saori de retour du Japon, avait fait son entrée dans la salle où tous s'étaient réunis pour célébrer cette journée : Marine avait en catastrophe fait des miracles en organisant un buffet, et fait décorer la salle pour cette soirée mémorable au sein du Sanctuaire.

Il y aurait sûrement eu encore beaucoup de larmes si, alors que tous se regardaient sans oser parler après le traditionnel discours protocolaire, la petite Rozana, que Shiryu avait au préalable confiée à une servante le temps de la cérémonie, ne s'était précipitée dans la salle, ayant réussie à échapper à sa gardienne, en se jetant dans les bras de sa tata favorite en la personne de Saori.

Son intervention, malgré le regard catastrophé de son père et de la servante qui en avait la garde, eut le bon goût de détendre l'atmosphère chargée d'émotions violentes et chacun se laissa aller à rire de bon cœur et la soirée put commencer.

Shiryu voulut aller réprimander sa fille mais Shion en personne l'en empêcha, autorisant la petite à rester en ce lieu :

- Non, Shiryu, ta fille est le symbole vivant de ce pourquoi nous nous sommes tous battus et avons donné nos vies. La voir ici ce soir est notre espoir à tous d'une nouvelle vie que nous offre les Dieux, elle a sa place parmi nous.

Saori approuva et la petite fille, heureuse de ne pas se faire réprimander, fit le tour de la salle en essayant de mémoriser tous les noms de ses nouveaux tontons et compagnons de jeux pour elle. Quand elle était arrivée prés de son maître, elle lui avait sauté dans les bras et celui-ci l'avait accueilli : Shiryu avait violement frissonné de les voir ainsi et son cœur s'était empli d'une immense joie, sans qu'il comprenne vraiment pourquoi à ce moment, mais déjà à cet instant ce sentiment était bien plus fort que de la simple joie… Aujourd'hui il en était totalement conscient.

Ce sentiment était né lorsque qu'il avait revu son maître et avait grandi dans son cœur au fur et à mesure des jours qui s'écoulèrent ensuite. Mais il n'en prenait réellement la mesure que maintenant, confronté à lui-même devant cette cascade…

Une nouvelle journée se terminait et il retourna vers la cabane. Même s'il ne comprenait pas encore tout, il se sentait serein, prêt à poursuivre jusqu'au bout cette introspection de lui-même. Un peu plus tard c'est avec un sourire aux lèvres qu'il regarda le soleil se coucher sur la cascade de Rozan, avec une pensée pour sa fille qui lui manquait, mais il avait besoin d'être seul dans ce combat.

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Cela faisait maintenant quatre jours qu'il se trouvait ici, quatre jours pendant lesquels, il avait revécu un à un tous les souvenirs de ces derniers mois…

La vie était enfin revenue au Sanctuaire, les chevaliers d'or avaient repris leurs habitudes sous la conduite du grand Pope et de Saori qui veillaient à leur bien-être tout en restant vigilants aux traditions ancestrales du Sanctuaire. Entraînements quotidiens et transmissions du savoir aux apprentis, aide également à toutes les actions humanitaires que la fondation Kido entreprenait et qui permettait de faire vivre le Sanctuaire.

Les chevaliers avaient réappris à vivre les uns avec les autres, débarrassés de leurs oppositions et enfin frères d'armes, tous unis dans le même but. Certaines amitiés et même certaines attirances étaient revenues plus fortes parfois que dans leurs passés communs.

Plusieurs couples s'étaient ainsi formés, si pour certains ce n'était qu'une attirance et une aventure, pour d'autres c'était l'assouvissement d'une passion trop longtemps retenue. Ainsi Kanon et Milo s'étaient enfin trouvés et pouvaient enfin s'aimer librement. D'autres étaient nés de ces batailles, comme Shaka et Ikki qui s'étaient avoués leurs sentiments il y a peu de temps, ou encore Aïoros et Saga qui s'étaient également retrouvés après tant d'années.

Et d'autres étaient encore à naître, Shiryu en était sur : il avait remarqué un net rapprochement entre Shun et Aphrodite par exemple, il sourit en pensant au chevalier d'Andromède qui rougissait à chaque fois que quelqu'un le taquinait dans ce sens.

Lui, il avait continué à vivre avec Rozana chez son maître, au cours de ces mois, Hyoga et lui s'étaient rapprochés de part leur situation commune : retrouvant et vivant chacun chez celui qui leur avaient tout appris et qu'il croyait perdu à jamais. Il comprenait aujourd'hui certaines allusions que Hyoga lui avait faites récemment et qui prenaient tout leurs sens à ses yeux : ils étaient tous les deux tombés dans le même piège…

L'horrible vérité lui avait surgie à l'esprit le jour même où il avait quitté précipitamment le Sanctuaire, profitant d'une absence de son maître pour emballer quelques affaires avant de prévenir Hyoga par télépathie et de prendre le premier avion pour le Japon avec Rozana.

Et Hyoga avait compris, il lui avait même souhaitait bon courage avant de couper leur communication.

Il se rappelait très bien les circonstances qu'il l'avait amené à partir :

Leurs vies à tous les trois au temple de la Balance se déroulaient le mieux du monde : son maître s'était beaucoup attaché à sa fille au plus grand bonheur de son disciple qui les regardait souvent quand ils jouaient ensemble, retrouvant toute la sagesse et la douceur qu'il avait déjà connues par le passé… avec peut-être un petit quelque chose en plus qu'il n'arrivait toujours pas à définir. Il existait entre Rozana et son maître une complicité qui le surprenait souvent.

Ce jour-là était un jour ordinaire, Rozana prenait son bain et Dohko s'occupait d'elle pendant que Shiryu préparait leur repas. Il avait entendu un cri et s'était précipité dans la salle de bain, mais il n'était pas préparé à ce qu'il avait vu : son maître avait décidé de prendre son bain en même temps que la fillette et il était justement sortit de la baignoire, vêtu d'une serviette autour des reins et consolait la petite qui avait glissée en en sortant à son tour. Shiryu était resté complètement subjugué par cette vision du corps presque nu de son maître et une violente vague de désir l'avait envahit et seule sa voix inquiète l'avait fait revenir à la réalité :

- Shiryu, ça va ?
- Oui, avait-il répondu précipitamment avant de fuir la salle de bain, réalisant que ce sentiment qu'il nourrissait à l'égard de celui qu'il considérait comme son père s'était transformé en tout autre chose. Il avait brutalement compris qu'il était attiré par son maître.

Et que Hyoga était dans la même situation que lui…

Un nouveau soir tombait sur les Cinq Pics et il avait enfin abouti… Il ne pouvait refouler ce sentiment. Il se dirigea vers la cabane, il lui fallait maintenant trouver un moyen de faire face à ce problème et surtout de l'accepter et de vivre avec. Comment avait fait Hyoga ? Il se sentait sale et coupable d'avoir une telle pensée. Mais c'était beaucoup plus qu'une attirance passagère. Il était amoureux de son maître, tout comme Hyoga était amoureux de Camus.

Il passa sa soirée et sa nuit à repenser à tous ces moments magiques, revivant intensément chaque image et chaque sensation que son maître avait fait naître en son cœur.

Chacune de ses attitudes, sa façon de jouer avec Rozana… Shiryu réalisa qu'il avait accepté cette enfant comme sa propre fille, lui inculquant les mêmes principes que Shunrei et lui avait reçus ici. S'il était redevenu un jeune homme en pleine force de l'âge, sa sagesse, elle, était toujours là, intacte comme dans ses souvenirs. Comment un tel homme aurait-il pu ne serait-ce que penser à Shiryu autrement qu'à un enfant ? Non c'était les pensées de son élève qui étaient impures et non pas le contraire. Comment aurait-il pu se douter que Shiryu ne le regardait plus comme le père qu'il avait toujours été mais comme un homme en aimant un autre ?

Mais le Dragon devait accepter cette situation et vivre avec. Il se demanda comment il allait pouvoir rester sans réaction quand le seul fait d'imaginer son maître torse nu, comme c'était souvent le cas lors de leurs entraînements communs, le mettait dans cet état de véritable transe. Il sentit son sexe se durcir à cette seule pensée, seul et loin de tout il se résigna à soulager son désir et se caressa tout en se maudissant.

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La nuit fut longue pour le chevalier du Dragon qui accueillit l'aube avec soulagement et s'obligea à une dépense physique intense à son entraînement quotidien aussi bien pour essayer de calmer ses hormones en furie que pour oublier un peu l'ironie de sa situation. Lui qui avait toujours été un hétéro avait aujourd'hui furieusement envie d'un autre homme.

Il allait devoir trouver un moyen de calmer ses ardeurs physiques, mais pour cela il ne s'inquiétait pas trop : il avait déjà quelques relations féminines en ville lorsqu'il en avait besoin, car il était un homme tout à fait normal et depuis Shunrei il avait bien dû faire face à ce problème naturel.

Il finit son entraînement par un bon bain dans la rivière et en sortait quand il sentit un cosmos familier s'approcher, il se précipita vers son ami qui lui faisait des grands signes :

- Hyoga !
- Shiryu !

Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, heureux de se retrouver. Le Dragon entraîna son ami vers la cabane et lui proposa de se rafraîchir pendant qu'il préparait le déjeuner et s'installèrent ensuite pour manger :

- J'espère au moins que ce n'est pas le Grand Pope qui t'envoie.
- Non, c'est moi qui lui ais demandé l'autorisation de venir ici, je m'inquiétais un peu, tu avais l'air si paniqué en partant…
- Tu as compris quand Hyoga ?
- Pas très longtemps avant toi, à la dernière soirée chez Shura…
- Le mois dernier ?
- Oui, c'est là que j'ai réalisé, il m'a fallu ensuite quelques jours pour vraiment en prendre conscience, tout comme toi.
- Mais tu es resté au Sanctuaire, toi !
- Parce que je n'avais aucun endroit où me réfugier. La cabane de Sibérie est mon seul refuge mais pour moi, elle est tous mes souvenirs avec mon maître.
- C'est vrai, pour moi ici c'est différent, les souvenirs que j'ai sont avec le vieux maître… pas avec celui qu'il est aujourd'hui.
- C'est pourquoi j'ai su que tu viendrais ici, j'ai décidé de tenter ma chance…
- C'est très gentil à toi, c'est vrai que ça fait du bien d'en parler à quelqu'un, raconte-moi ce qui s'est passé qui t'a fait réaliser…
- Tu te rappelles à cette soirée : Camus et Shura ont fait les imbéciles en se moquant gentiment de Saga et Aïoros qui venait de se mettre ensemble…
- Oui, ils nous ont fait une belle parodie d'ailleurs…dit le Dragon en se souvenant très bien de ce moment qui avait fait rire tout les monde, les concernés en premiers.
- A un moment, Shura qui jouait Aïoros a sauté sur Camus qui jouait Saga pour l'embrasser et c'est là que j'ai sentit une vague de jalousie m'envahir. Jamais cela ne m'était arrivé avant. Si je l'avais pu à ce moment, j'aurais provoqué le Capricorne en duel pour oser avoir posé ses lèvres sur celles de mon maître. Tu te doutes bien qu'il m'a fallu une bonne dose de contrôle pour ne pas quitter la soirée… A ton tour maintenant

Et Shiryu raconta, ils parlèrent ainsi toute l'après-midi se racontant chaque anecdote qui les avait menés à cette situation, ils s'installèrent prés de la cascade et continuèrent à parler. Ils en avaient énormément besoin tous les deux et se trouver dans une même situation les rapprochait et leur permettait de mettre leurs cœurs à nus sans tabou.

Hyoga pensait que son amour pour Camus remontait à plus loin que sa résurrection : c'était un sentiment qu'il avait développé au cours de sa formation avec lui en Sibérie, qui avait pris tout son sens lors de leur affrontement au Sanctuaire. Mais qu'il n'avait compris que récemment. D'où son impossibilité à se réfugier là-bas contrairement à Shiryu qui, au moins, avait cette cabane pour refuge :

- Tu sais Hyoga, je suis prêt à partager ce refuge avec toi quand tu le désires, la clé reste ici et à part moi, plus personne ne vient, alors si tu en as envie…
- Dohko ne dira rien ?
- Il ne vient pour ainsi dire plus jamais ici, et s'il y venait quand tu y es, je te préviendrai…
- C'est vraiment gentil à toi, c'est vrai qu'être au calme fait du bien… mais savoir que l'on pourra toujours en parler tous les deux me soulage aussi.

Ils poursuivirent leur soirée de la même façon, parlant cette fois de la façon de faire face à ce problème et ce n'est que très tard dans la nuit qu'ils allèrent prendre un repos bien mérité sans savoir qu'au Sanctuaire le grand Pope avait pris en main leur situation le jour même où Hyoga lui avait demandé l'autorisation de rendre visite à Shiryu…

A suivre…