Me laisse pas
-Chapitre I-
Source : Gundam Wing AC
Auteur(e) : Yuy
Bêta de lumière : Lysanea
Genre : yaoi, romance.
Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf Jack Russel et Hitomi Itô.
Pairing : 1x2
Personnages : Heero Yuy, Duo Maxwell, Trowa Barton, Wufeï Chang, Hitomi Itô, allusion à Jack Russel (responsable d'équipe) et à Quatre Raberba Winner.
Résumé : Heero et Duo sont de retour au Japon, leur pays d'affectation. Duo doit se livrer et Quatre céder...
Note : J'ouvre enfin cette suite. Autant vous prévenir d'entrée, je ne vous épargne aucun cliché, je le crains. Mais dès l'instant où j'ai envoyé le premier chapitre à Lysanea, je me suis promis d'aller jusqu'au bout, et ce, malgré mes obstacles émotionnels.
Merci à toi Ly-chan. Et je n'ai pas peur de me répéter. Merci, pour le temps et le soin particulier que tu as consacré à mes chapitres.
J'étais et le suis encore, aussi « terrifiée » qu'honorée de t'avoir soumis mon travail.
Le fait que cela soit passé par toi m'a permis de capter certaines ondes. Ton aide est donc multiple.
Je n'escomptais pas faire de suite, mais vos mails et reviews m'ont permis de prendre confiance et d'imaginer une séquelle qui tiendra normalement sur quatre ou cinq chapitres.
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Je les ai rédigés avant « Timber » et « TimberLand » ; le style est très différent…
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Pour les reviews aux quelles je n'ai pu répondre sur « Réchauffement climatique », je vous remercie du fond du cœur.
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Lime
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A Ly-chan et à tous les lecteurs.
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Bon moment à toutes et à tous !
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Heero et Duo ne sont restés à la base Preventer russe que le temps minimum nécessaire afin que ce dernier reçoive un soin complet et ce, même si les premiers gestes d'Heero ont évité de sérieuses complications.
Le temps ensuite de se restaurer, les voici quelques heures plus tard sur la terre ferme du Japon.
Jugeant Duo bien trop affaibli par leur « paisible excursion », Heero le raccompagne d'abord chez lui avant de se rendre à leur base afin d'y faire son rapport ; celui de Duo, sensiblement le même, pouvant attendre.
Pendant le trajet de l'aéroport militaire à chez lui, Duo n'a protesté que pour la forme ; il est autant fatigué physiquement que moralement. Il finit donc de convaincre Heero de sa parfaite capacité à tenir le coup en s'endormant sur son épaule.
Attendri, Heero sourit discrètement.
Ils sont quatre à occuper l'habitacle du véhicule banalisé, ce qui ne l'empêche pas de veiller à ce qu'il ne tombe pas, suite à un éventuel freinage trop brutal, et qu'il reste bien en place contre lui jusqu'à leur résidence.
Heero et Duo, comme beaucoup d'autres, excepté Trowa, ont emménagé dans l'appartement de fonction qui leur a été attribué.
C'est d'une part plus pratique pour eux ; ils sont à dix minutes à pieds de leur base et à quinze de l'aéroport militaire.
D'autre part, enfin pour Duo surtout, ils se retrouvent voisins : à trois tapis « Welcome » près et au même étage.
Une chance en soi quand on sait que les places ici sont chères, tant le site est idyllique pour de simples militaires et fonctionnaires de l'armée, et que Duo est entré chez les Preventers six mois après Heero.
En même temps, tout comme son affectation immédiate à travailler en binôme avec Heero, c'est Wufeï qui s'est chargé de le loger.
Les immeubles, tous réservés aux employés, sont neufs et pas très haut, quatre étages, ni collés les uns aux autres.
Le quartier est calme et a été construit autour d'un parc d'une taille respectable.
La grande fontaine en son centre et l'abondante verdure apportent la quiétude dont les soldats ont besoin entre deux missions.
C'est là qu'ils se ressourcent le plus souvent ; rien ici ne rappelle ce qu'ils sont ni ce qu'ils font de leur vie professionnelle, voire même personnelle.
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Arrivée à sa première destination, Heero grimpe au deuxième étage de leur immeuble commun, Duo dans ses bras, jusque dans ses appartements et ce, sans effort.
Tant qu'Heero se tient près de lui, tout va bien, mais dès qu'il s'éloigne de son lit, où il vient de l'installer confortablement après lui avoir ôté ses jean et tee-shirt, Duo sort de sa somnolence.
- Où tu vas ? chuchote-il d'une voix ensommeillée.
Heero se rapproche et s'assoit sur le rebord du lit.
- Je dois faire mon rapport, répond-il en lui replaçant une petite mèche derrière son oreille, lui caressant la joue au passage.
Duo, qui a fermé les yeux sous la caresse, les rouvre et remonte sa main jusqu'à celle d'Heero, toujours tendrement posée sur son visage.
- Où tu vas, après ? précise-t-il.
Heero se retient de soupirer - décidément ce sentiment d'abandon lui déplaît - et rapproche doucement son visage du sien pour lui déposer un doux baiser sur le nez, avant de lui souffler :
- Après, je viens voir si tu fais concurrence aux ours polaires lorsqu'ils hibernent.
Duo sourit faiblement, fatigué, mais sourit tout de même, sincèrement amusé par sa réponse et évidemment rassuré.
- Alors là, tu t'es trompé de gars ! Je donne pas dans la banquise, moi. Quoique les icebergs sont beaux, grands, forts, impressionnants... le taquine-t-il.
Heero sourit en coin, puis se redresse pour partir.
- Attends ! le rappelle Duo.
- Hn ?
- Tu peux me laisser ton tee-shirt, s'il te plaît ? demande-t-il, souriant.
Un sourire qu'Heero lui rend, encore une fois et c'est loin d'être la dernière, puis ôte son précieux vêtement avant de le lui donner.
Immédiatement après l'avoir remercié, Duo respire son tout nouveau doudou, le premier de sa vie, le seul et unique, en enfouissant son visage dans la petite boule blanche.
- J'ose espérer que tu me préfères à ce...
Duo rit doucement à le voir chercher un qualificatif à sa nouvelle taie d'oreiller.
- C'est toi, mon doudou préféré. Doux, moelleux... se moque-t-il gentiment.
- Moelleux ?
Duo sourit, il a fait mouche, alors qu'Heero se penche de nouveau vers lui, kidnappe son remplaçant provisoire et l'embrasse un long moment.
Ils se détachent ensuite, le souffle court, le tee-shirt passablement abandonné par son nouveau maître.
Heero se relève enfin, « danger » oblige, après lui avoir donné un rapide et chaste baiser sur les lèvres.
Duo ne cherche pas à le retenir et reprend son doudou à toute vitesse, ce qui fait largement sourire son amant.
Le voir ainsi, respirant son odeur comme si l'oxygène était impur et impropre à la consommation s'il n'était pas chargé de son odeur, donne envie à Heero de s'enivrer de sa fragrance à lui jusqu'à n'en plus finir. Alors il se détourne de cette tentation, se promettant d'y céder plus tard.
D'une, il est attendu et de deux, Duo doit absolument dormir.
Sur un dernier regard, l'un redevenu brumeux et l'autre amoureux, Heero quitte son appartement pour rejoindre le sien afin d'y prendre une bonne douche froide.
Fin prêt et correctement habillé, il se rend à la base ; à pieds.
Il a envie et besoin de marcher.
•
Une heure plus tard...
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Heero ressort du bureau, un peu fatigué, lui aussi, mais surtout soulagé.
Lors de ses débriefings, Heero n'omet jamais aucun détail. Cette fois encore, son responsable de missions, Jack Russel, apprend qu'il a exécuté l'un de leurs ennemis de façon irrégulière ; il en prend note sans trop s'en soucier outre mesure.
Pour lui, comme pour les soldats de la base, Heero est l'un de leurs meilleurs éléments, avec Duo et Trowa. Alors de là à lui reprocher d'avoir blessé un renégat d'une balle dans le genou, qui plus est, celui qui a agressé Duo, un de ses meilleurs agents, et ensuite, de l'avoir achevé d'une balle dans la tête... Non, il ne va pas en faire une montagne et encore moins monter un dossier.
C'est donc libre qu'Heero marche d'un pas tranquille dans les couloirs du bâtiment, en direction de la sortie.
Alors qu'il s'engage dans l'escalier, une jeune femme officier l'interpelle :
- Bonjour, Heero ! Tu reviens de mission ?
Souriante, affable, comme à son habitude, elle a toujours eu un faible pour lui ; un gros faible.
Malgré son éducation et sa discrétion, la teinte rose que prend son visage lorsqu'elle lui adresse la parole, qui vire au rouge lorsqu'il pose son regard sur elle et lui répond, n'a échappé à personne, Heero et Duo compris.
Heero s'arrête et lui fait face, les mains dans les poches.
- Bonjour, Hitomi.
Il n'en dira pas plus, déjà qu'il a fait l'effort de s'arrêter et de la considérer en dehors du travail.
De plus, cela lui paraît si logique qu'il rentre de mission ou qu'il est sur le point d'en remplir une autre, qu'il ne voit pas l'intérêt d'ouvrir la bouche pour affirmer une telle évidence !
Seulement, elle ne sait pas quoi lui dire d'autre, mais c'est plus fort qu'elle, il faut qu'elle l'aborde.
Heero n'est pas mauvais avec elle, il la trouve gentille, mais il reste assez froid et distant ; c'est son « éducation » à lui.
Et puis, il ne veut pas lui donner de faux espoirs.
Les joues rouges, puisqu'il la regarde toujours et qu'il l'a salué, Hitomi lui sourit à outrance et fait un pas supplémentaire dans sa direction.
Elle ne manque pas de courage.
- Duo n'est pas avec toi ?
- Non.
- Ah ! Euh... Il n'est pas blessé, au moins ?
C'est quasiment toujours en parlant de Duo qu'Hitomi arrive à discuter avec lui ; il a l'habitude.
- Si.
Elle s'estime déjà heureuse d'échapper à ses « hn » légendaires, alors elle prend son vocabulaire restreint comme un signe évident qu'avec elle, il fait des efforts et que donc, forcément, il l'aime un peu.
- Ce n'est pas grave, au moins ?
- Ça aurait pu.
- Très bien, très bien, sourit-elle.
Heero se détourne pour repartir, mais elle le retient.
- Heero !
- Hn.
Il en fallait au moins un.
- Je me disais que peut-être... ça fait un an que tu es avec nous, enfin parmi nous et... ça te dirait un p'tit dîner avec moi ? finit-elle précipitamment.
Heero, qui s'est retourné lorsqu'elle l'a interpellé, n'a aucune réaction et lui décoche un « non » semblant venir tout droit de l'antarctique.
Hitomi hoche la tête, sourit nerveusement et recule de plusieurs pas.
- Ok ! D'accord, pas de soucis ! C'était juste comme ça, hein !
Heero l'a regarde s'éloigner, mais ne fait rien pour la retenir ou amoindrir la brutalité de son refus. Cela ne ferait que l'encourager à revenir vers lui et ça, il ne le veut pas.
- Bon bah salut ! A plus, Heero !
Elle lui fait un signe timide de la main, puis s'enfuit.
Il ne répond rien puisque de toute façon, elle a disparu aussi vite qu'elle n'est apparue derrière lui.
Il ne faut pas longtemps à Heero avant de passer à autre chose. Cela fait plusieurs fois qu'elle l'accoste pour des broutilles, il fallait bien qu'elle se lance un jour…
… c'est chose faite.
Heero reprend sa marche et tombe sur Wufeï.
*C'est journée porte ouverte aujourd'hui ?* ne peut-il s'empêcher de penser.
- Yuy.
- Wufeï.
- Comment va-t-il ?
C'est l'équipe de Wufeï qui a reçu le message provenant de la base russe indiquant un transfert d'urgence avec un blessé. Il a rapidement pris connaissance de leur mission et de son déroulement.
- Je l'ai déposé chez lui. Sa blessure ne pose plus aucun problème.
- Bien.
Vu qu'il ne bouge pas, Heero se doute qu'il n'en a pas fini avec lui.
Wufeï et Heero entretiennent d'excellents rapports. Même s'il leur arrive encore de rester chacun sur leurs positions, ils parviennent toujours à s'entendre sur les points cruciaux.
Heero, Trowa et Duo n'ont pas vraiment de grades ; ils sont considérés comme des indépendants rattachés à l'organisation Preventer.
Au contraire, Wufeï est totalement intégré : il dirige plusieurs équipes et a libre-accès au QG.
Seulement, cela n'a rien d'officiel ; pas encore.
Et si la promotion tarde un peu, c'est uniquement en raison de son âge. D'ici moins d'un an, il sera officiellement nommé « Responsable d'équipes et Conseiller en stratégie militaire » ; pour finir, Général, à n'en point douter.
- Ecoute Yuy, reprend Wufeï. Nous avons prouvé que nous n'étions pas des machines. Il est temps pour vous de prendre des vacances, et de revenir ensuite complètement opérationnels.
Il est sceptique. Heero n'aime pas les vacances et Duo n'aime pas être loin d'Heero. Ça, Wufeï le sait ; et depuis un moment.
- Je viens de prendre trois semaines.
- Yuy... chène ma ? !(1)
Heero sourit en coin, certain de son coup d'éclat.
- Eh bien, moi qui avais préparé toute une plaidoirie, s'amuse Wufeï. Maxwell est passé par là, lui sourit-il en coin à son tour.
Et les sourires de Wufeï, même légers, sont assez rares pour être gravés dans les mémoires. Ils expriment tout ce qu'il ne prononcera jamais ; par fierté, certes, mais par pudeur aussi.
Heero n'est pas le seul à s'être lié d'amitié avec les autres ex-pilotes de Gundams ; Wufeï à sa part d'amour fraternel et d'échanges véritables. Même s'ils sont occasionnels et modérés, tout en retenus.
Si, à leur première rencontre, Duo, Trowa et Quatre ont pu les comparer ou les associer, ils se sont rapidement aperçus combien leurs univers étaient différents : Heero a toujours été posé, réfléchi, voire distant envers sa propre existence, sans parler des autres. Il a rarement fait preuve d'impulsivité et n'a jamais été à l'écoute que de sa conscience, fuyant les complications dues au sentimentalisme.
Wufeï a toujours été émotionnellement impliqué ; il a mis du temps à quitter sa colère et sa rancœur liées à son histoire passée.
Mais il est un être foncièrement bon, bienveillant et attentif.
Il n'a jamais été et ne sera sans doute jamais démonstratif, ou alors très peu. Il sera toujours avare de mots réconfortants, inutiles selon lui, mais chacun peut compter sur sa présence ou son soutien en cas de besoin.
Aujourd'hui, tout s'est presque apaisé en lui : son enfance, son « adolescence »… aussi étrange fut-elle, voire tout aussi inexistante que pour ses compagnons de route.
Sa vie affective reste un mystère, si ce n'est que Sally est amoureuse de lui depuis leur première rencontre.
Duo a bien tenté de le faire parler, mais Wufeï n'a même pas eu la décence de lui adresser un « hn. » réglementaire.
Depuis leur dernière altercation à l'époque de la menace « Mariemeia », Heero et lui ne sont plus jamais affrontés ; sérieusement, du moins.
Ils jouent parfois à se provoquer, même s'il n'y a qu'eux pour le savoir, mais ne se disputent finalement jamais.
Une certaine harmonie de vie s'est installée entre eux et à la base.
Aussi, Wufeï s'incline devant Heero : il vient de remporter la première manche ; la suivante étant de taille : Duo.
Mais Wufeï n'est qu'à moitié rassuré, alors il va creuser un peu plus profondément, jusqu'à ce que son sens de l'amitié soit satisfait.
- Il est vraiment fatigué. Il faut qu'il fasse une pause, lui répond Heero.
- Lui, oui. Mais que toi, tu t'arrêtes alors que tu n'en as physiologiquement pas le besoin, c'est cela qui m'étonne.
- J'ai accumulé pas mal de missions, moi aussi. N'oublie pas qu'on fait équipe deux fois sur trois.
- Je n'oublie rien.
Ils échangent un drôle de regard, puis Wufeï reprend son interrogatoire, auquel Heero veut bien se prêter ; pour l'instant :
- Russel a accepté le congé de deux de ses meilleurs éléments, comme ça, sans rien dire ?
- Hn.
- Tu peux jouer avec moi, Yuy. Mais Maxwell risque de mal le prendre, si tu lui mens.
Heero le jauge un instant, mais ne répond rien.
- Fais comme tu veux, mais ne lui cache pas les termes du contrat de vacances, insiste Wufeï.
- Il n'y a pas eu d'alerte de ce type depuis plus de deux mois.
- Jouer sur les mots avec lui, c'est jouer avec le feu.
- Depuis quand tu t'immisces dans la vie privée des autres en dehors des missions ?
Wufeï ne relève pas le terme « privée » utilisé par Heero, parce que cela serait le prendre pour un parfait imbécile.
Parfait, il l'est.
Imbécile, il ne l'est pas.
Or, Heero ne fait aucun faux pas.
La raison pour laquelle il a utilisé ce terme est claire. Il sait que Wufei à compris ce qui se passe entre Duo et lui ; de ce fait, il vaut mieux jouer cartes sur table.
- Depuis que j'ai vu Maxwell dans un état lamentable dans mon bureau, il y a deux mois, lui rétorque calmement Wufeï, soutenant son regard sans ciller.
Heero ne dit mot, mais assume le reproche.
- J'espère qu'il t'en a parlé, ou si ce n'est pas encore fait, qu'il le fera bientôt.
Heero ravale sa colère ; Duo est bien trop important pour risquer de passer à côté d'une information essentielle à cause d'une fierté mal placée.
- Explique-toi.
- Ce n'est pas à moi de le faire. Je tiens simplement à t'avertir.
- M'avertir de quoi, Chang ? s'énerve doucement Heero.
- Je ne veux pas trahir ma promesse. Je peux juste te dire que ça été vraiment dur pour lui, il a eu un passage à vide. Je ne pensais pas le voir dans cet état un jour.
- Je suppose que j'étais l'objet de son malaise ?
- Oui.
- Il voulait partir, changer de coéquipier ?
Heero n'est pas en colère contre Duo mais contre lui-même. Wufeï l'entend bien de cette façon et se décide à l'aider, un peu.
- Non. Il te veut toi, uniquement toi.
Heero fronce les sourcils et réfléchit un instant ; un temps que Wufeï lui accorde.
Puis Heero reprend, plus calme.
- Je ne vois pas pourquoi tu me mets en garde. Les choses ont changé. Je ne vois pas en quoi ce qui s'est passé, il y a deux mois, nous menace à ce point aujourd'hui ?
- Il a développé une sorte de phobie ou de blocage. Je ne peux t'en dire plus, j'en ai certainement trop dit et j'en assumerai les conséquences en temps voulu. Mais si tu fais le lien avec une de tes missions d'il y a deux mois...
- J'étais seul et je me suis absenté plus de deux semaines, le coupe Heero. La mission était classée niveau cinq « alerte maximum ».
- Hn. Il est venu me voir quelques jours avant ton retour. Personne ne savait quand tu reviendrais ou si tu reviendrais, d'ailleurs ; même si personne ne doute de tes capacités.
- Sauf Duo, apparemment.
- Ne le juge pas trop vite, Yuy. Il ne doute pas de tes capacités, bien au contraire, c'est pour ça qu'il a prit peur.
- Tu m'en dis trop ou pas assez. Je ne t'ai jamais vu tourner autour du pot. Ça me fatigue !
Wufeï soupire, il sait qu'il trahit en partie sa promesse. Mais son instinct lui dit d'aller au-delà, sans tout révéler non plus.
Il tient à mettre Heero sur la bonne voie.
- Il te connaît, Yuy, tout comme Winner, Barton et moi-même. Nous n'avions aucune nouvelle depuis plus de deux semaines et même si ce silence radio était prévu, Maxwell était persuadé que tu t'étais « autodétruit » en même temps qu'un bâtiment ou que sais-je.
- Il m'a cru mort ? ! s'étonne réellement Heero.
- Oui, mais tu te doutes que l'histoire ne s'arrête pas là.
Heero soupire discrètement et se passe une main dans les cheveux. Il sait que Wufeï ne peut décemment aller au-delà des confidences qu'il lui a déjà faites.
- Tu m'as déjà bien avancé. C'est à moi de faire le reste.
Wufeï incline la tête en guise d'accord, tandis qu'Heero le remercie.
- C'est autant pour lui que pour toi, mais surtout pour lui.
- Hn.
Ils se saluent et chacun repart de son côté : Heero descendant, Wufeï montant les marches de l'escalier.
Heero, qui se sentait plus léger en sortant du bureau de son chef de missions, a présentement l'impression d'être aussi lourd et pesant qu'un char d'assaut.
•
Quelques minutes plus tard, au parc...
•
Heero ne met pas bien longtemps à rejoindre le parc de son quartier.
Il avise sa montre et constate qu'il est bien trop tôt pour aller voir Duo, sans risquer de le réveiller.
Il s'assoit donc sur un banc, prend son téléphone et appelle son meilleur ami et conseiller, qui ne tarde pas à lui répondre.
- Barton.
- C'est moi.
- Salut. Duo va bien ?
Trowa partage son temps entre le Cirque et les Preventers. Il remplit certes moins de missions que les autres, mais il n'en reste pas moins très bien informé.
- Hn. Il dort, sourit-il.
- Et toi ?
- Je n'ai pas sommeil.
- Oui, je m'en doute, Heero. Je te demande ce qui ne va pas ?
- Ma voix et le ton sur lequel je te parle sont les mêmes que d'habitude. Comment tu peux déceler si ça ne va pas ou non au téléphone ? Nous ne sommes pas en visio, ni face à face.
- Parce que le « Il dort » dit de cette façon-là ne m'a pas échappé et qu'il ne ressemble en rien à tes habituels : « il a un bon métabolisme ».
- Hn, hn, grogne un peu Heero, pas très heureux pour le coup d'être aussi transparent ; enfin pour Trowa, ça passe.
Trowa attend patiemment qu'il reprenne la parole. Il sait, il sent que c'est assez important pour qu'Heero ne s'attarde pas sur ce qu'il vient de lui dire.
- J'ai vu Chang, mon rapport terminé. Il m'a révélé quelque chose d'inattendu sur Duo.
- De quel ordre ?
- Privé, apparemment, mais c'est en lien avec moi et l'une de mes missions d'il y a deux mois.
- Pourquoi maintenant, alors ?
- Parce qu'il a vite compris que Duo et moi étions ensemble, désormais, et depuis peu.
- Bonne nouvelle. Je suis content pour vous deux.
Trowa vient aussi de l'apprendre, même si le « Il dort » d'Heero avait tout d'une caresse et que cela lui a mis la puce à l'oreille ; sans parler de son adorable grognement pseudo contestataire.
Mais il n'insiste pas ou ne fait pas de réflexions lourdes et inutiles, ce dont Heero lui est reconnaissant.
- Merci.
- Ça te mine vraiment. Tu veux m'en parler plus en détails ?
Heero n'hésite pas une seconde.
- Tu te souviens de la mission niveau cinq que j'ai mené seul, il y a deux mois ? J'ai dû faire silence radio durant deux semaines et trois jours.
- Oui, parfaitement.
- C'est au terme de ces deux semaines que Duo s'est confié à Wufeï. Pourquoi lui et pas Quatre ?
- Quatre m'en aurait parlé et il connaît notre lien à tous les deux. Surtout, si c'est grave, il sait que Quatre ne resterait pas là, les bras croisés, à ne rien dire ou ne rien faire. Wufeï a dû lui promettre de ne rien dire à personne, surtout pas à toi.
Seulement, Duo s'est trompé. Wufeï agit selon son sens de l'honneur. Pour le bien de tous, Heero devait connaître l'existence de ce malaise et y remédier. Voilà ce qui lui semble juste et honorable, présentement.
- C'est stupide !
- Heero...
- Wufeï m'a dit que Duo m'avait cru mort et qu'il avait développé une sorte de phobie, de blocage, le coupe-t-il. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ce n'était pas la première fois que je m'engageais dans une voie dangereuse, je ne vois pas où était le problème !
- Ecoute. Duo nous évite, Quatre et moi, depuis un bon moment ; nous n'en savons pas plus que toi. Vous étiez souvent en mission, pour ne pas dire tout le temps, mais Quatre était inquiet et il l'est toujours. Ça serait bien que Duo le rappelle bientôt.
- Hn. Je lui en parle dès que possible.
- Merci pour Quatre. Mais vas-y doucement. Prends le temps de le rassurer, parce que pour qu'il fuit Quatre, l'un des être les plus doux et patients que je connaisse, c'est qu'il se sent vraiment mal, aussi paradoxal que cela puisse paraître.
- Hn... Ça va, vous deux ? change-t-il de sujet.
- Oui.
Trowa le respecte et suit donc le court de la conversation.
- Mais ?
- J'ai moi aussi des choses à lui dire et le plus tôt sera le mieux.
- Je vois.
Heero comprend de quoi il retourne. Trowa en a tout simplement marre de ne voir Quatre qu'à son bureau, entre deux rendez-vous. Il a atteint un haut degré de saturation et son petit ange va devoir grimper sur un autre nuage et pas plus tard que dans les jours qui viennent.
- Au fait, Hitomi te cherchait l'autre jour. Attends-toi à la voir bientôt.
- Je l'ai vue tout à l'heure, juste avant Wufeï. Et elle ne me verra plus pendant les trois semaines à venir.
- Une mission de trois semaines et je ne suis pas au courant ? !
Heero sourit.
- Duo et moi sommes en vacances.
- En vacances ! Et tu comptais me le dire quand ? Trois jours avant la fin ?
- Non, je te le dis maintenant.
Trowa sourit de son côté.
- Tu as donc tout le temps de t'occuper de ton petit...
- Stop ! le coupe-t-il. Duo, tu l'appelles Duo.
- Oui, c'est ce que j'allais dire, de ton petit Duo.
- Hn.
- Bon allez, je te laisse. Je suppose que tu es impatient de retrouver ton petit...
- Trowa.
- Salut, Heero, rit-il.
- Salut, Trowa et merci.
- Pas de quoi, vieux !
- Hn.
Ils raccrochent en même temps, un léger sourire aux lèvres chacun de leur côté.
Heero se sent mieux. Le simple fait d'en avoir parlé avec Trowa lui permet de mettre de l'ordre dans ses idées ; de gérer la situation.
Premièrement, il connaît le blocage de Duo, qui effectivement se rapproche presque d'une phobie, tant l'angoisse est profonde et violente. Il en a eu un aperçu, lors de leur dernière mission. Duo craint l'abandon ; son abandon.
Heero se rassure déjà d'avoir su le voir et ce, avant l'intervention de Wufeï.
Seulement, ce dernier prétend qu'il ne lui a pas tout dit et que Duo lui a confié autre chose, de plus grave encore.
En lien avec l'idée qu'il puisse disparaître de sa vie, mourir.
Heero fronce les sourcils et se lève soudainement, la gorge nouée et l'estomac comme retourné.
- Non. Il n'a pas pu penser à une chose pareille, ne peut-il s'empêcher de murmurer.
Seulement, la théorie du suicide expliquerait pourquoi Duo s'éloignait tant des autres et surtout de Quatre. Sans oublier son changement de comportement : moins rieur, voir carrément sombre, certains jours. Duo communiquait de moins en moins.
Contrarié, un tant soit peu angoissé, Heero remonte à l'appartement de Duo.
Il respire un bon coup avant d'entrer sans faire de bruit.
Il ferme la porte à clef, se déchausse et se rend ensuite jusqu'à la chambre à pas feutrés.
Il entrouvre la porte : Duo dort toujours, son tee-shirt façon doudou sous le nez.
Seulement là, Heero n'a plus envie de sourire.
Il s'arrache à sa vision de rêve après l'avoir observé plusieurs minutes et va préparer le déjeuner.
•
Quatre heures plus tard...
•
Trois heures plus tôt, Heero a mangé seul devant les informations télévisées et en a également profité pour faire quelques petites recherches sur Internet.
Il n'est pas surpris de voir Duo émerger quatre heures après son retour ici. En comptant le temps passé à la base, Duo aura dormi cinq heures et quarante cinq minutes.
Alors qu'il papillonne doucement des yeux, Heero, allongé près de lui, le contemple avec amour et tendresse.
Il a eu le temps de faire le point et de décider d'une tactique d'approche.
Il reste confiant, même s'il sait que de toute façon, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, cela ne sera pas une partie de plaisir.
Duo s'étire comme le roi des félins, mais grimace toujours un peu.
- Outch !
Heero se rapproche d'avantage et le prend dans ses bras, frôlant son bandage de ses doigts.
- Tu n'apprendras donc jamais ? lui souffle-t-il à l'oreille.
Duo ouvre bien grand les yeux et sourit dans son cou, avant de lui rendre son étreinte, plus qu'heureux de se réveiller dans ses bras.
- Non. J'ai besoin d'un coach à domicile.
Heero sourit lui aussi, loin d'être surpris par sa réponse et sa demande implicite.
- Je m'en charge.
Il se recule légèrement afin de voir son visage et son regard, avant de l'embrasser et de faire disparaître son doux sourire sous ses lèvres, l'échangeant volontiers contre de doux soupirs et gémissements.
Si au début leurs baisers sont langoureux, ils ne tardent pas à devenir plus fougueux, mais tout aussi tendres.
Aussi, ni l'un ni l'autre ne s'étonnent de sentir leurs corps se faire de plus en plus impatients, pressants et exigeants.
•
Un très long moment plus tard et après être passés par la salle de bain pour la deuxième fois, Duo, tout sourire et Heero, au sourire plus discret, mais non moins épanoui, sortent de la chambre afin d'aller grignoter quelque chose.
C'est tout naturellement que Duo se dirige vers la cuisine, lorsque deux bras, forts et puissants, l'enserrent tendrement, stoppant sa progression.
- Installe-toi au salon, mon ange.
- D'accord.
Duo se retourne dans ses bras et l'embrasse, avant de partir pour ledit salon.
Heero le suit de son doux regard, puis gagne la cuisine afin d'y confectionner un repas complet et léger.
Il se sent beaucoup mieux, parce qu'il sait qu'à partir du moment où Duo est avec lui, tout va bien. Il n'a plus qu'à réveiller les vieux démons pas si vieux que ça et hop, le tour est joué.
Heero grimace à cette idée et termine de composer leur salade, jusqu'à ce qu'une voix lui parvienne du salon.
- Tu a besoin d'aide, my love ?
- Non.
- Ok !
Heero n'a pas menti et le rejoint rapidement, une seule et grande assiette à la main.
Duo a faim, mais là, il se dit qu'Heero a vu grand pour une personne.
- Euh... 'ro, c'est beaucoup, quand même.
Heero sourit, amusé et lui dépose malgré tout l'assiette devant lui, avant de le faire se lever et de lui prendre sa place.
Duo se laisse faire, intrigué, puis comprend enfin où il veut en venir.
Il est aux anges… enfin à Heero.
- Viens-là, mon cœur.
Duo ne se fait pas prier et prend place sur ses genoux ; sa place.
Heero a prévu deux fourchettes, mais très vite, Duo trouve que les crevettes roses sont meilleures croquées contre ses lèvres.
A partir de ce moment-là, Heero se jure de ne jamais ni couper ses crevettes avant des les manger, ni de les engloutir en un seul morceau. Il met un point d'honneur à laisser dépasser le moindre aliment pouvant se prêter à ce petit jeu.
Après tout, Duo est en convalescence. Il doit veiller à ce qu'il mange équilibré et à sa faim.
La pause-dîner terminée, Heero entraîne Duo sur le canapé.
Ils profitent ensemble des derniers rayons de soleil qui inondent le séjour de couleurs chaudes et chatoyantes, lui donnant des allures de bungalow.
Ils restent ainsi un long moment, en silence, jusqu'à ce que le soleil soit couché.
Heero est confortablement installé, Duo dans ses bras, blotti contre lui, torse contre torse et jambes entremêlées.
Il repense alors à tout ce que Wufeï et Trowa lui ont dit : ne pas le brusquer et lui faire cracher le morceau. Facile à dire !
Soudain, il réalise qu'il ne l'a pas informé de leur tout nouveau statut de vacanciers. Il l'aurait fait bien plus tôt, s'il n'avait pas été aussi perturbé par sa discussion avec Wufeï.
En y repensant, cela lui permet d'entrer doucement dans le vif du sujet.
- J'ai complètement oublié de te dire que nous étions au repos pour un bon moment.
Duo, qui profitait de ses caresses, relève le nez de son cou.
- Toi aussi ? Moi, je suis pas vraiment opérationnel, c'est pas étonnant !
- Ce n'était pas le bon terme. Toi et moi sommes en vacances pour trois semaines et je me disais... mhm ? !
Heero est interrompu par un baiser des plus fougueux et impulsif.
Haletants tous les deux, Heero peut constater à quel point cette nouvelle ravit Duo.
- C'est cool, minimise ce dernier, tout sourire.
- Comme tu dis, se moque gentiment Heero.
Ils prennent le temps d'échanger de tendres petits baisers et de se câliner, avant de continuer leur petite discussion.
Heero ne le brusque pas, comme prévu, et profite tout autant de leurs pauses caresses à répétition.
Il laisse donc Duo décider du moment où il souhaite reprendre le cours de leur conversation.
- Trois semaines. Le rêve ! On va pouvoir oublier nos soucis et ne se consacrer qu'à des choses agréables. C'est trop génial ! Ça fait tellement longtemps que... Non ! Réflexion faite, je n'ai jamais été aussi heureux de toute mon existence. Toi plus vacances égal paradis. Je n'aurais jamais imaginé vivre ça un jour. Si tu savais comme je suis heureux là, tout de suite. Et c'est à toi que je le dois. Merci, mon Heero.
Son regard est si doux et si sérieux à la fois, et son sourire si... si...
Heero craque intérieurement.
Sa gorge se serre, tandis que son corps entier se crispe.
Les battements de son cœur se sont accélérés dès que Duo a commencé à parler.
Il reprend cependant contenance, rapidement. Il ne doit pas faillir, alors que Duo a tant besoin qu'on s'occupe de lui ; qu'il s'occupe de lui.
Tout ceci n'a duré que quelques secondes, pas assez pour vraiment inquiéter Duo, mais suffisamment pour qu'il se pose des questions.
- Hey ! My love ? Tout va bien ?
Le regard bleu nuit d'Heero est si intense, si brillant ; il exprime tant d'amour, de tendresse et d'inquiétude mêlés que Duo en frissonne violemment et pour le coup, panique un peu.
- Que se passe-t-il ? Heero, parle-moi !
Heero sort de sa torpeur et lui caresse le visage afin de le rassurer.
- Gomen, tenshi. Il se passe tellement de choses en un temps si court. Tout ce que tu m'as dit et ce que tu viens de me dire... Je me sens à la fois heureux et coupable, terriblement coupable.
- Non ! Non ! Pourquoi tu dis ça ? Coupable de quoi ? Je ne comprends pas. Tu... tu vas me laisser, c'est ça ? Tu as prévu autre chose ?
Duo n'aime pas du tout la tournure que prend leur échange.
Il a peur.
Il ne l'a jamais vu ni senti triste ou importuné par un quelconque sentiment.
Heero s'en veut, décidément, il fait tout de travers. Il réagit immédiatement et le serre contre lui.
- Chut ! Bien sûr que non. Je t'aime, Duo. Souviens-toi de ma promesse, hum ?
Duo, qui s'est accroché à lui et a niché son visage dans son cou, hoche la tête comme il peut, mais ne le libère pas de son emprise pour autant.
Heero lui masse doucement le cuir chevelu afin de l'apaiser, ce qui ne tarde pas à se produire.
Duo calmé, Heero peut continuer.
Il ne le force pas à relever la tête, ce n'est pas nécessaire ; pour le moment.
- Je ne suis pas en reste, tu sais. Je te dois mon bonheur, Duo. Je te dois tant que faire une liste serait stupide et maladroit. Je t'aime et te voir aussi heureux et épanoui est le plus beau présent que le ciel m'ait jamais donné. C'est simple, avant toi, je n'ai plus de souvenirs ; c'est avec toi que ma vie a commencé, c'est avec toi que je suis pleinement moi.
Duo, au moment où Heero s'est arrêté de parler, a rapidement relevé son visage, véritablement touché et ému.
Heero lui prend son visage en coupe dans ses mains et finit par ces mots :
- Je n'aurais jamais su que j'étais prisonnier de mon existence, si tu n'étais pas apparu pour me libérer.
Dans un soubresaut, Duo se mord doucement la lèvre inférieure et ne peut retenir quelques larmes.
Heero le serre de nouveau dans ses bras et le berce jusqu'à ce qu'il puisse de nouveau prendre la parole.
De doux baisers dans le cou en mots doux murmurés au creux de l'oreille, Heero patiente et lui signifie sa présence et sa détermination à construire une véritable relation de couple.
Il n'est pas question d'essayer et de voir si ça tient.
Il est question d'éternité et de promesses tenues.
Duo cesse rapidement de pleurer et malgré son sourire béat, son trouble et son émotion sont intacts.
Heero se recule légèrement et reprend son visage entre ses mains.
Il n'a plus que quelques secondes pour se décider.
Il finit par se lancer, après avoir doucement essuyé ses joues.
- À la vie à la mort, Duo. Quoi qu'il puisse m'arriver, tu auras été et sera à tout jamais le seul et l'unique dans ma vie.
Duo se crispe et son regard se durcit presque, tant sa douleur et le choc provoqué par ses mots sont intenses.
Heero est à la limite de se demander s'il ne va pas le repousser.
Ça fait beaucoup en une seule fois, mais Heero n'est pas du genre à faire les choses à moitié.
Et puis, il a commencé par le plus agréable, non ?
Pour autant, Duo ne fuit pas son regard.
L'étrangeté, ici, c'est qu'il est comme figé ; il ne parle plus.
Ni avec sa voix.
Ni avec son corps : il ne bouge plus du tout.
Son regard est comme perdu dans la tristesse, le reproche, la peur, la colère et malgré tout cela, l'amour en toile de fond.
Heero effleure son visage, les sourcils froncés par l'anxiété et se décide à intervenir.
- Duo, il faut qu'on en parle.
Paupières plissées, Duo le jauge du regard, réticent.
Au moins, il ne le repousse pas physiquement.
- Tu es conscient de ton blocage, mon ange, ne ? insiste Heero.
Cette fois-ci, Duo détourne son regard, sans un mot ni hochement de tête.
- Très bien, reprend doucement Heero, pas découragé pour autant, bien au contraire. Je suis donc celui qui va parler en premier.
En premier. Ce qui signifie qu'il a bien l'intention de le faire parler en second.
Il lui dépose un long baiser appuyé sur le front, puis reprend la parole :
- Procédons par ordre. Tu es en vacances totales durant les trois semaines à venir. En ce qui me concerne, je dois me tenir prêt à la moindre alerte niveau cinq et plus.
Il s'arrête et l'observe attentivement.
Duo repose son regard sur lui, triste et résigné.
Après tout, c'est d'Heero dont il s'agit. Le travail, le travail, toujours le travail.
Heero ne se laisse pas ébranler et poursuit :
- Il n'y a eu aucune alerte de ce type depuis plus de deux mois.
Duo se ferme comme une huître et détourne carrément son visage.
Heero ne l'oblige à rien, c'est déjà bien qu'il soit encore là, assis sur lui, ses jambes de part et d'autre de son bassin.
- Je doute fort d'être appelé, continue-t-il. Cependant, je ne peux taire ce que Wufeï m'a appris tout à l'heure, à ton sujet.
Duo s'agite légèrement et se passe une main dans les cheveux, mal à l'aise. Ses doutes se confirment, Wufeï a parlé, il l'a trahi.
Heero place ses mains sur ses hanches et le ramène un peu plus contre lui.
Il est hors de question qu'il lui échappe maintenant ; qu'il lui échappe tout court.
- Il ne m'a pas tout dit, mais j'en sais suffisamment pour faire le lien avec ce que tu m'as dit dans cette petite chambre, en Russie et ma mission d'il y a environ deux mois.
A sa grande surprise, Duo réagit vivement, furieux.
- Traître ! Wufeï n'est qu'un traître !
Des larmes coulent à nouveau sur son visage, de tristesse, cette fois-ci, alors qu'il cherche à se lever pour quitter le salon et s'isoler.
- Non, mon ange. Je ne te laisserai pas dans cet état, le retient calmement mais fermement Heero.
- Lâche-moi ! ordonne-t-il.
- Non, amour.
Duo gémit presque de douleur à l'entendre l'appeler ainsi, avec tant de tendresse, dans cette situation-ci.
Dans un ultime recours, il l'empoigne violemment par son tee-shirt, dans le but évident de le malmener, mais n'arrive qu'à s'y raccrocher avec force et désespoir et finit par se blottir contre lui.
Il pensait en avoir fini avec son passé, sa vie sans Heero ; apparemment non.
Heero, qui jusque là avait réussi à garder le cap, sent son cœur se serrer douloureusement ; il a mal. Il n'a jamais eu aussi mal de toute sa vie.
Au bout d'une minute, pendant laquelle Duo n'a pas cessé de pleurer, d'exprimer, d'extérioriser sa souffrance intérieure, Heero se lève, Duo dans ses bras façon koala, et les conduits jusqu'à sa chambre, leur chambre, désormais.
Sans jamais le lâcher ou même desserrer son étreinte, Heero arrive à ouvrir et fermer la porte et à s'asseoir confortablement sur le lit, contre les oreillers.
De toute façon, Duo s'agrippe à lui avec tant de force, toute celle qui lui reste, qu'Heero aurait pu utiliser ses deux mains sans difficulté.
- Duo, regarde-moi. Allez, arrête de pleurer, mon cœur.
Le rassurant avec de tendres paroles et des caresses sur le dos, il doit encore attendre quelques minutes avant que Duo ne s'apaise.
- Je suis là, Duo, lui murmure-t-il encore.
Duo quitte son cou à regret, dans lequel il s'était réfugié et se recule légèrement, ses mains toujours accrochées à son tee-shirt.
Heero lui laisse le temps de dire quelque chose, ce qu'il ne tarde pas à faire, sans le regarder, toutefois.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? lui demande-t-il d'une petite voix, certes, mais étrangement ferme.
Heero est soulagé de cette prise de contact, même si il n'est toujours pas visuel.
- Tu es venu le trouver trois jours avant mon retour et tu t'es confié à lui. Il m'a paru vraiment très inquiet à ton sujet et m'a fait sentir l'urgence de la situation. Au-delà de cette sorte de phobie, à savoir que je te laisse seul ou que je te quitte d'une façon ou d'une autre, que j'avais déjà décelé en toi, cette nuit-là ; il m'a affirmé qu'il y avait quelque chose de plus grave. Mais il ne m'a pas dit quoi.
Duo prend le temps de la réflexion avant de poursuivre :
- Je suppose que tu en as une petite idée.
Il n'est pas bête. Il se doute bien, avec tout ce qu'Heero lui a dit, les mots qu'il a choisis, la façon dont il les a amenés, le fait qu'il s'était déjà fixé un but à atteindre.
- Je crois, oui, s'avance doucement Heero.
Duo ricane et le regarde enfin.
- Heero Yuy doute ? Heero Yuy n'est pas sûr de lui ?
Sauf que son regard n'exprime que souffrance et amertume.
Celui d'Heero se fait plus dur.
- Je ne doute pas, je ne doute plus, se reprend-il, des épreuves douloureuses qui ont jalonné ta route et des souffrances qu'elles t'ont occasionné par ma faute. Et je suis sûr d'une chose : jamais plus je ne te laisserai. Alors que tu le veuilles ou non, Duo, nous allons faire face, et tourner la page, ensemble.
Après un certain temps, le regard de Duo se radoucit enfin.
Celui d'Heero aussi, mais il ne perd rien de sa détermination naturelle, presque sauvage.
- Vas-tu nous aider ?
Duo le regarde intensément, puis hoche légèrement la tête de haut en bas : un petit oui.
Heero soupire de soulagement et l'embrasse tendrement sur les lèvres, le serrant dans ses bras.
Duo se laisse aller à son étreinte, fatigué, comme épuisé par cette étrange journée.
Ils ont connu l'extase d'être ensemble, l'un contre l'autre, l'un en l'autre, pendant des heures et il ne pourrait dire quand ni comment la situation et l'atmosphère ont basculé dans l'angoisse.
Seulement, maintenant qu'il y repense, blotti au possible dans les bras d'Heero qui le câline tendrement, il se sent un peu mieux ; bizarre, mais moins mal que d'habitude.
Mais ce qui prédomine, ce qui est plus fort à présent que sa fatigue, c'est son désir.
Son envie d'Heero surplombe le reste. Il en a besoin. Cette étreinte-là lui est aussi vitale que de respirer.
Heero le sent parfaitement et en a tout aussi envie et besoin que lui.
Avant même qu'il ne puisse faire le moindre geste en ce sens, Duo lui murmure à l'oreille, la voix rauque et terriblement sensuelle :
- Heero, s'il te plaît. Aime-moi, aime-moi fort.
Electrisé, Heero glisse sa joue sur la sienne en une tendre caresse, puis l'embrasse profondément, intensément.
Il lui ôte ensuite son tee-shirt et l'allonge sur le lit, avant de se placer au-dessus de lui.
Il ôte son propre haut, plus qu'humide, son regard assombri par le désir ancré à celui de Duo et termine de les mettre à nus.
Bientôt, ils ne sont plus que soupirs, cris et gémissements de plaisir ; mais pas seulement, de délivrance aussi.
C'est l'union du renouveau.
•
Trois jours plus tard...
•
Heero et Duo se baladent autour de la fontaine nichée au cœur du petit parc de leur quartier résidentiel.
Depuis ce fameux après-midi, ils n'ont jamais plus reparlé ni même fait allusion à cette discussion.
Heero estime qu'il devait juste enclencher le processus et veiller à ce que Duo ne régresse pas ni ne revienne sur sa promesse de faire le point avec lui.
Ce dernier sait pertinemment qu'Heero l'attend au tournant et qu'il ne doit pas, ne peut pas tarder.
Alors il décide qu'aujourd'hui est le jour idéal.
Ils partent à Hawaï dans deux jours ; Heero leur a dégoté un séjour tout compris sur internet.
Il préfère donc régler ses « problèmes » avant, ou tout du moins une partie, afin de profiter pleinement de leur escapade en amoureux.
Le ciel est bleu, les oiseaux chantent...
… et Duo sait qu'il risque de déchanter.
Décidé, il lui prend la main et l'entraîne vers un banc isolé, loin de toute oreille indiscrète, et ce, même s'il n'y a personne aux alentours.
- Viens, on sera bien, là, y a de l'ombre.
Heero le suit sans discuter.
Cela fait quelques minutes qu'il ressent la légère tension de Duo. Il se doute donc qu'il désire lui parler et comme Duo ne se crispe que pour ce sujet-là, ça ne peut être que ça.
Aussi, à peine assis, Heero prend la parole :
- Je t'écoute.
Duo ne s'étonne que très peu et pas longtemps. Pour cacher son trouble, il s'esclaffe avant de lui lancer :
- Si tu crois que tu m'as eu ! J'ai l'habitude tu sais ! Tu me sers à boire avant même que moi je sache que j'ai soif ! Et c'est pareil pour le reste aussi.
Heero sourit en coin, mais ne se laisse pas distraire par sa diversion.
- Je n'ai pas de « supers pouvoirs » comme tu dis. Je t'observe, simplement.
- Euh... oui, si tu le dis, lui rétorque Duo, sceptique. Je te crois, mais bon, on peut pas dire que tu expliques d'où te vient ton don de prémonition, non plus !
Heero éclate de rire, le visage offert au ciel. Duo n'en perd pas une miette.
L'amusé se calme rapidement et s'explique donc.
- Chaque fois que ton corps réclame sa ration d'eau, tu as tendance à te toucher la gorge, à chercher l'objet de ton besoin des yeux, sans en avoir conscience ; tu tournes la tête, simplement.
- Je sais que tu es observateur, entre autre chose, mais de là à capter un signal aussi insignifiant. Alors là, non ! Je n'imaginais pas qu'à chaque fois que tu me mettais un verre d'eau sous le nez, tu avais décrypté autant de messages.
Heero lui dépose un baiser sur le nez, puis dirige ses lèvres vers celles de Duo, toujours prêtes à les accueillir, mais s'arrête à un souffle d'elles.
- Je t'écoute, mon ange.
- Hum hum...
Heero l'embrasse rapidement, puis se recule.
Duo soupire, se rapproche de lui jusqu'à poser sa tête sur son épaule et sa main sur son torse.
Heero l'enserre tendrement et attend.
Duo a déjà réfléchi à la façon dont il allait lui raconter la chose, alors il se lance rapidement.
- C'était trois jours avant ton retour. Deux semaines s'étaient écoulées et tout le monde désespérait de te voir revenir vivant, ou revenir tout court, même en morceaux. Je n'étais déjà pas très bien du fait de notre situation, difficile à gérer pour moi, mais être là à ne rien faire en te sachant je ne sais où sur la planète, en train de risquer ta vie... alors que je m'étais enrôlé chez les Preventers pour ne plus souffrir d'une telle interrogation. Je t'imaginais mort - le mot lui reste en travers de la gorge - ou torturé ou piégé sous des décombres. Je sais, ça paraît ridicule.
Duo s'arrête là, tandis qu'Heero resserre ses bras autour de lui.
- Ça ne l'est pas. Continue.
- Je ne dormais plus depuis... et bien, ton départ, en fait ! Et entre les médocs pour dormir et ceux pour lutter contre les crises d'angoisse et l'anxiété et ceux pour me faire tenir debout. J'ai pété un câble et c'est tombé sur Wufeï. Tu me diras : pourquoi pas Quatre ? Et bien tout simplement parce qu'il aurait tout répété à Trowa et qu'il m'aurait fait surveiller. Il aurait fait en sorte que je ne puisse pas aller jusqu'au bout de mon choix, si jamais tu ne revenais pas. Wufeï m'a écouté et m'a juré sur son honneur de ne pas révéler mes confidences.
Heero se demande encore une fois comment Duo a fait pour tenir la route, non seulement pendant son absence, mais aussi avant et surtout après, pendant les deux mois de missions et de vie commune qui ont suivi.
- Et ton choix était ?
Heero le connaît, mais il veut l'entendre de sa bouche et Duo le sait.
- J'avais l'esprit embrouillé. Ça explique pourquoi j'en ai parlé à Wufeï, mais ça n'explique en rien ma décision. J'ai toujours été lucide sur ce point.
Le rythme cardiaque de Duo s'accélère encore un peu plus. S'en est presque douloureux.
- On est d'accord.
Duo prend une profonde respiration.
- Je donnais ma démission à Wufeï. J'étais décidé à te rejoindre, rapidement.
Heero attend clairement une suite et là encore, Duo le sait, il le sent.
- Et donc, je comptais... et bien... pouf ! Partir, voilà ! Hop ! on me voit, on me voit plus, rit-il soudain, nerveux.
Alors Heero le décolle de son torse, attrape sa jambe pour le faire basculer et l'asseoir sur ses genoux, face à lui.
Il lui relève le visage et durcit le ton, juste ce qu'il faut pour que Duo aille jusqu'au bout.
- Je n'ai pas envie d'en rire, réplique-t-il sèchement.
Duo s'arrête immédiatement, refroidi par son regard et sa voix.
Il est coincé. Si Heero l'a laissé tranquille depuis l'acte un, Duo sait qu'il n'acceptera aucun repli, cette fois-ci.
- Dois-je te poser des questions ? reprend Heero. Peut-être que tu as besoin que je te demande : Quand avais-tu l'intention de me rejoindre ? Par quel moyen ? Un vol charter, peut-être ?
La gifle part toute seule.
- ARRETE ! ! ! hurle Duo, les larmes aux yeux et la mâchoire serrée.
Heero, dont la tête n'a que très peu bougé de son centre, ne donne pas l'impression d'avoir reçu une forte gifle, si ce n'est par une légère coloration de sa joue.
- Je ne m'excuserai que lorsque tu m'auras tout dit.
Duo est choqué, en colère et secoué par des sanglots qu'il tente coûte que coûte de retenir.
- J'attends, insiste sévèrement Heero.
Duo reprend difficilement une bouffé d'air.
- Le soir même, répond-il précipitamment, les dents encore serrées et les larmes abondantes. Mais Wufeï s'est installé chez moi pendant deux jours et deux nuits ; je l'ai maudit ! Le troisième, comme par magie, Trowa se pointait et envahissait mon espace vital. Sauf que j'ai tout de suite compris qu'il n'était pas au courant, alors j'ai joué mon rôle habituel. Ça a dû fonctionner, puisqu'il ne t'en a rien dit. J'étais très en colère. Ce n'était pas avec eux que je voulais être !
- Trowa ?
- Comme je te l'ai dit, il n'était pas au courant, mais Wufeï lui a demandé de plancher sur une mission avec moi. Il m'a juste trouvé un peu bizarre et m'a surtout parlé de Quatre. Il mettait mon humeur sur le compte de ton absence, comme à chaque fois.
Heero n'ignore rien de sa faculté à simuler n'importe quelle émotion. A côté de ça, Trowa était tellement sûr qu'Heero reviendrait, qu'il n'a pas fait attention. Sans parler de sa drôle de vie de couple avec Quatre et le refus de Duo de voir son meilleur ami.
- Hn. Comment ? reprend Heero, imperturbable, intraitable.
Duo bouge sur ses genoux et fuit son regard, bien trop intense pour lui, surtout en cet instant.
- Me demande pas ça, 'ro, s'il te plaît.
- Quand, comment ? Et est-ce que mon retour n'a fait que remettre ta décision à plus tard ? L'aurais-tu fait si j'avais eu une autre mission solo longue durée ? Le ferais-tu, aujourd'hui, si l'on me confiait une alerte de niveau cinq ?
Duo niche son visage dans son cou.
- J'ai mal à la gorge, Heero. J'arrive plus à parler.
Heero le serre dans ses bras un long moment, puis se dégage encore de son emprise avant de l'embrasser.
Duo a terriblement besoin de ce réconfort, mais Heero n'abandonne pas et reprend dès le baiser terminé.
- Nous resterons ici indéfiniment, Duo.
Duo, qui espérait être gracié, se mord doucement la lèvre, puis soupire.
- J'ai envie de toi, murmure-t-il.
Heero sourit, mais ne perd pas le nord.
- Moi aussi, répond-il comme s'il disait « merci » ou « gardez la monnaie ».
S'ensuit un combat visuel : le regard de l'un suppliant d'arrêter la torture, celui de l'autre exigeant la fin de toute cette souffrance par une délivrance verbale.
Duo cède.
A-t-il seulement le choix ? Ou la moindre petite chance de gagner ?
- J'avais la ferme intention de me tirer une balle dans la tête, une fois que Trowa serait sorti de mon appartement.
Heero a beau le lui avoir demandé, le choc de l'entendre de sa bouche est tout aussi fort et dérangeant.
- Dans ce cas...
- Trowa était encore chez moi, lorsque Wufeï nous a appelés pour nous dire que tu étais sur le chemin du retour, le coupe-t-il.
- Je vois.
Duo est sur sa lancée, il ne s'arrête donc pas en si bon chemin.
- Pour répondre à tes questions : non, je n'aurais pas supporté une autre mission de ce type. Je pense, dans l'état émotionnel dans lequel je me trouvais, que j'aurais sans doute mis fin à mes jours ; tôt ou tard. Mais plus aujourd'hui, Heero, plus depuis cette nuit-là. Je t'aime...
Heero n'a plus de réactions, tout du moins physiques.
- 'ro... s'il te plaît, dis quelque chose, s'inquiète Duo.
Heero prend son visage en coupe dans ses mains et lui demande encore, son regard rivé au sien.
- C'est bien ça le problème, Duo : tu m'aimes. Tu dis ne plus vouloir te suicider depuis que nous sommes ensemble, en couple. Mais que se passera-t-il si demain, je devais partir en mission niveau quatre ou cinq, seul ? Te retrouverai-je mort dans ton appartement parce que j'aurais mis un jour de trop à la remplir ?
Duo hoche la tête et se met à pleurer d'un coup.
- Non... non, je veux pas...
Heero l'enveloppe de ses bras, de sa chaleur et de son odeur, le berçant doucement.
Un long moment passe avant qu'il ne reprenne la parole.
- Tu ne veux pas quoi, mon ange ?
Duo ne pleure plus depuis un moment. Il a de nouveau niché son visage dans le cou d'Heero et après un adorable petit reniflement, il lui répond :
- Tout. Je ne veux pas que tu meurs, je ne veux pas que tu me retrouves mort, je ne veux pas vivre loin de toi et pour finir, je ne veux pas te rendre malheureux.
- Comment ça, me rendre malheureux ? À part disparaître de ma vie, je ne vois pas comment cela pourrait arriver ?
Il continue de lui caresser le dos et lui dépose un doux baiser appuyé sur sa tempe.
- Maintenant que tu sais, tu ne seras plus tranquille durant tes missions et je suis terrorisé à l'idée qu'à cause de moi, tu puisses être déconcentré et que tu te sentes obligé de ne plus accepter telle ou telle mission. De chercher l'approbation dans mon regard... ou...
- Chut ! le coupe Heero. Et bien, tu les as pas volées, ces vacances !
Duo sourit faiblement, plus pour faire plaisir que par réelle envie.
- Tu ne m'obliges à rien, compris ? reprend Heero.
Duo n'est pas convaincu.
Heero soupire et se lève, entraînant Duo avec lui.
- On rentre, on est mieux chez nous.
Duo sourit, joyeusement, ce coup-ci.
- Quoi ?
- Tu as dit « chez nous ».
Heero lui sourit et presse le pas, la main de Duo dans la sienne.
A peine la porte refermée à clef, Heero commence à déshabiller Duo, qui se retrouve nu en moins d'une minute. Il n'a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait qu'il se retrouve sous la douche, avec un Heero tout aussi nu contre lui.
- Ah !... Heerooo... halète Duo, toujours sous le coup de la surprise.
Il y a encore cinq minutes, ils étaient sagement installés dans le parc à l'ombre d'un arbre.
- Tu ne m'obliges à rien, pour la simple et bonne raison que nous sommes ensemble. Il me paraît donc évident que je recherche ton approbation, autrement dit, ton bonheur.
Duo n'oppose aucun argument, bien trop heureux de la façon dont Heero prend la chose ; et quand bien même, il n'en trouve aucun.
- Mhmmmm !... t'aimes biiien quand les choses... sont siiiimples... ! !
Heero l'embrasse encore et encore, joue avec ses limites jusqu'à ce qu'il se rappelle :
- Au fait...
- Aaaaah ouiiii... ?
- Je te demande pardon pour tout à l'heure.
Duo gémit et l'embrasse, désireux de le faire taire.
Dans deux jours, ils seront à Hawaï pour deux semaines et Heero veillera à ce que rien ni personne ne vienne troubler leur quiétude.
De son côté, Trowa s'apprête à mettre un terme à sa relation avec son ange à lui : son indécis.
À suivre...
(1) chène ma : employé seul « chène ma » signifie « quoi ? Comment ? » en chinois.
Note :
Je ne m'attendais pas à tant de difficultés psychologiques en corrigeant ce dossier ; sans Lysanea et son aura si particulière, je n'aurais jamais été jusqu'au bout.
Pour tout dire, j'ai hésité à le poster jusqu'à la dernière minute.
Merci de votre présence, en espérant que vous n'aurez pas ressenti trop de « lourdeurs » à me lire ^^'
Encore une fois, j'ai écrit ce dossier bien avant « Timber » et sa suite ; j'ai conscience qu'il est difficile à « digérer », mais c'est en faisant mes premiers pas avec « Réchauffement climatique » et l'écriture du dossier « Me laisse pas » que j'ai pu arriver à « Timber » et à trouver mon créneau !
À bientôt pour la suite ;)
Kisu !
