Hey ! Bienvenue ! J'ai écrit cette histoire pour le Teen Wolf Pack Fest. Un événement où on doit écrire une histoire complète avec 10K mots minimum en un temps donné. Ensuite les artistes se chargent de faire une illustration en lien avec notre histoire. L'image liée à cette histoire a été réalisée par Kitsune Aquatik que je remercie vivement !
L'histoire étant déjà finie, je publierais la suite rapidement. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques.
Bien entendu, rien ne m'appartient à part l'idée.
Les Big Bad Wolf, elle est pour vous :p Et particulièrement merci à Neliia qui a corrigé cette histoire :)
Stiles déambulait dans la résidence familiale en évitant soigneusement les vociférations qu'il entendait un peu plus loin. Il avait semé son précepteur, encore une fois. Comment pouvait-il apprendre la vie auprès d'une personne n'ayant jamais vécu auprès du petit peuple ? Il s'était toujours posé la question. Et lorsqu'il avait demandé à son précepteur, celui-ci avait presque failli s'étouffer d'indignation en roulant des yeux exorbités. Ce dernier était tout de suite allé voir son père pour s'insurger du comportement du jeune garçon. Combien de fois Stiles était parti au nez et à la barbe de ses domestiques pour rejoindre la ville et en parcourir toutes les ruelles et les bas-fonds ? Son père lui avait déjà dit que c'était dangereux et qu'il ne récolterait que tristesse et misère mais il avait continué. Continué à observer, à rencontrer, à discuter, à découvrir. Continué à espérer. Espérer que toute la misère et la tristesse qu'il voyait disparaîtrait un jour.
Néanmoins, en grandissant, Stiles avait compris que ce ne serait jamais le cas. Qu'il y aurait toujours une énorme différence entre les gens du peuple et lui. Lui qui était né avec une cuillère en argent dans la bouche et qui avait toujours eu tout ce dont il désirait. Lui dont le père était un aristocrate fort occupé qu'il ne voyait que très peu. Lui qui avait autant d'argent en banque que la moitié de la populace de la ville. Mais ce qui l'avait toujours intrigué, c'était les monstres. C'est comme ça que tout le monde les appelait, dans l'aristocratie. Chacun des membres de la noblesse en possédait un et aimait l'exposer dans les soirées mondaines et autres festivités. Toutefois, et malgré les nombreuses questions qu'il avait pu poser autour de lui, aucun adulte n'avait jamais voulu répondre à ses questions.
Stiles en avait vu plus d'une fois lorsqu'il était petit mais ne s'en était jamais approché, n'ayant pas le droit. Il se rappellerait toujours de sa première rencontre avec une créature surnaturelle. Il avait six ans et était présenté au monde pour la première fois. C'était sa première sortie officielle alors, pour l'occasion, son père lui avait fait un costume sur mesure spécialement pour lui avec l'emblème de la famille Stilinski : un triskèle à trois branches. Il avait eu le droit à de nouvelles chaussures et une femme de chambre était venu le peigner pour la soirée. C'était vraiment une soirée spéciale où il rencontrerait un grand nombre de personnes importantes. Son père lui avait donné tout un tas de consigne à respecter. Se taire et faire bonne impression en public n'avait jamais été sa tasse de thé. Pourtant, il allait devoir faire une exception cette fois. Lui et son père avaient sorti le carrosse d'apparat pour rejoindre le lieu de la soirée. Il n'était pas le seul fils ou fille de noble à être présenté à l'aristocratie. La réception aurait donc lieu à la cour du roi en présence de celui-ci. Rien de moins.
Stiles s'était déjà fait réprimander plusieurs fois par son père dans le carrosse. Il était trop nerveux, trop bavard, ne savait pas se tenir. Il était simplement lui-même. Mais ça ne convenait pas à la noblesse. Noah lui avait dit qu'il allait devoir faire semblant d'être quelqu'un d'autre ce soir. Chez eux, le jeune garçon pouvait se permettre d'être exubérant, de crier, de parler ou de couper la parole à tout bout de champs pour poser des questions sans queue ni tête. Mais pas ce soir. La première partie de soirée avait été très longue pour l'enfant qui trépignait en sautillant d'un pied sur l'autre. Il essayait de masquer son ennui en détaillant toutes les personnes présentes dans la pièce. Il avait essayé de discuter avec une jeune fille blonde mais celle-ci l'avait toisé de toute sa hauteur avant de balayer sa personne d'un revers de main comme s'il n'était rien. Il avait simplement haussé les épaules avant de remarquer un petit garçon qui se cachait derrière le buffet. Voulait-il jouer à cache-cache ? Stiles avait alors essayé de le surprendre.
Il avait fait le tour de la table aussi discrètement que possible et lui avait littéralement sauté dessus. Le petit garçon avait sauté de peur en criant, s'attirant les regards des plus âgés. Il s'était ensuite ratatiné sur lui-même en mettant les bras devant son visage. Stiles avait dû lui faire sacrément peur !
« - Je t'ai eu !
- Je suis désolé, je sais que j'aurais jamais du être ici. »
Le petit garçon avait dit ça d'une voix précipitée, en tremblant de peur. Ce n'était pas du tout l'effet que recherchait Stiles.
« - Alors pourquoi tu... »
Stiles s'était arrêté de parler en remarquant les oreilles du garçon qui lui faisait face. Celles-ci étaient pointues et couvertes de poils. Stiles leva la main pour les toucher mais se ravisa, il n'avait peut-être pas le droit. En face de lui, le garçon se dandinait d'un pied sur l'autre.
« - Qu'est-ce qu'elles ont tes oreilles ?! Elles sont toutes poilues ! Je peux toucher ? Est-ce que tu entends mieux avec ça ? Ça te chatouille pas lorsqu'il y a du vent ? Tu penses qu'elles vont rester comme ça pour toujours ? »
Le travers de Stiles était revenu au galop. Devant l'anormalité de son vis-à-vis, il n'avait pu s'en empêcher. Ce dernier lui avait accorder le droit de toucher d'un signe de tête. Stiles fourrageait ses longs doigts dans les poils doux et fins de ses oreilles. Celles-ci bougèrent de droite à gauche, ce qui le fit éclater de rire.
« - Tu n'as pas peur de moi ?
- Peur ? Pourquoi j'aurais peur ?
- Parce que je suis un loup-garou.
- Un loup-garou ? Qu'est-ce que c'est ? »
Le petit garçon ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche, stupéfait. Il lui apprit alors que les loups-garous étaient des êtres surnaturels, moitié loup, moitié humain. Ils étaient facilement reconnaissables grâce à leurs oreilles pointues et velues, identiques à celles des animaux. Le jeune garçon lui dit qu'il y avait beaucoup de créatures surnaturelles différentes. Stiles buvait ses paroles. Que lui apprenait son précepteur ? Il allait devoir lui poser la question dès qu'il reviendrait à la maison. Quand l'explication fut terminée, Stiles tendit sa main :
« - Je m'appelle Stiles Stilinski, fils de Noah Stilinski.
- Scott McCall. »
Et c'est ainsi que débuta ce qui allait devenir une longue et indéfectible amitié. Stiles se rappelait également que les deux garçons avaient passé la soirée ensemble, dans les jardins royaux peu fréquentés, à jouer à cache-cache, à faire des concours de nourriture et à se poursuivre dans les couloirs. Ils avaient beaucoup rigolé et parlait de tout et de rien, comme deux garçons de six ans savent le faire. Dans le milieu de soirée, Stiles tirait son ami par le bras pour le présenter à son père. Dans sa précipitation, celui-ci rentra dans un aristocrate plutôt âgé qui renversa son verre de vin, tâchant ainsi son costume. Furieux, celui-ci se tourna vers le fauteur de troubles. En voyant Scott, il commença à hausser le ton, attirant l'attention des convives.
« - Tu ne pouvais pas regarder devant toi, espèce de monstre ?! Je vais t'apprendre ce qu'est l'obéissance envers un noble ! »
Sur ces paroles, il avait levé la main avant de l'abattre en direction de Scott. Toutefois, ce ne fut pas sur lui que la gifle atterrit mais sur la joue de Stiles qui vira instantanément au rouge. Il s'était interposé sans même y réfléchir et fixait maintenant l'adulte devant lui d'un air mauvais :
« - Ne touche pas à Scott !
- Non mais... »
Le vieil aristocrate n'avait pu finir sa phrase, Noah s'interposant devant son fils :
« - Qu'est-ce qui se passe ici ?! »
Stiles, furieux, se redressa fièrement du haut de ses six ans et raconta à son père ce qu'il s'était passé pendant que Scott, terrifié, se recroquevillait derrière son ami. Une fois les deux personnes entendues, Noah obligea Stiles à s'excuser pour avoir bousculé Mr Whittemore, ce qu'il fit du bout des lèvres, avant d'invectiver l'aristocrate pour son comportement.
« - Vous devriez avoir honte de vous en prendre à un enfant, humain ou non. Vous êtes sensés être l'élite de la nation et, de ce fait, montrer l'exemple. Vous faites honte à votre nom, à votre rang et à la cour. »
Les deux hommes partirent dans une conversation animée que Stiles n'écouta plus lorsqu'un troisième adulte s'interposa :
« - Scott ?! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais bien que c'est interdit ! Messieurs, pardonnez le s'il vous a importuné, j'en assumerais les conséquences. »
La jeune femme avait attrapé Scott par le bras, le visage rouge. De honte, de gêne ou de colère, Stiles n'aurait su le dire. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Scott partit avec la jeune femme qui s'excusait encore et son père l'attirait à lui pour l'emmener jusqu'à leur carrosse.
C'est ainsi que Stiles fit la rencontre des êtres surnaturels. Il eut une grande conversation avec son père ce jour là. Noah avait préféré lui cacher leurs existences pour le moment car il savait que le jeune homme était sensible et n'accepterait pas leur sort. Stiles avait alors appris que les êtres surnaturels avaient un statut différent de celui des humains. Rares étaient les familles qui ne possédaient pas d'êtres surnaturels. Ces derniers servaient principalement pour les basses besognes : le ménage, les courses, la sécurité des nobles,... Ils étaient relayés au rang de domestique et un véritable marché noir s'était alors créé. Les aristocrates les plus riches se pavanaient avec leurs monstres à leurs côtés pour montrer l'étendue de leur pouvoir et de leur richesse. Plus le monstre était puissant, plus son prix était élevé, et bien sûr, plus les aristocrates se l'arrachaient.
Stiles avait demandé pourquoi son père ne possédait pas de créatures. Ce dernier avait répondu en souriant qu'il comprendrait lorsqu'il serait plus grand. Le jeune garçon avait alors tout de suite demandé qui était le propriétaire de Scott et combien il coûtait. Le jeune garçon était venu avec toutes ses économies et avait obligé son père à l'acheter. Noah avait voulu mettre le nom de son fils en tant que propriétaire mais ce dernier avait catégoriquement refusé. Il lui avait dit de mettre le nom de Scott et ainsi, il redeviendrait libre. Son père avait souri tendrement :
« - Je suis fier de toi fils. »
La jeune femme qui s'était excusée pour Scott lors de la réception s'appelait Mélissa et se révéla être la mère de celui-ci. Elle était humaine et demanda à rester près de son fils en travaillant pour la maison Stilinski, ce qu'elle fit.
La voix de son précepteur le ramena à la réalité et à l'instant présent. Il allait devoir faire vite s'il voulait lui échapper. Il regarda autour de lui : c'était soit la bibliothèque, soit le bureau de son père. Le choix était vite fait : il n'avait pas le droit d'aller dans le bureau et il devait être fermé à clé de toute façon. Ce que Stiles n'avait jamais compris. Son père désirait qu'il reprenne les affaires après lui, alors pourquoi ne voulait-il pas le laisser entrer ? Stiles avait beau poser les questions, il n'avait jamais les réponses. Il ouvrit la porte de la bibliothèque et s'y engouffra. Scott y était et leva un sourcil interrogateur vers lui. Stiles lui intima d'un geste l'ordre de se taire et chercha frénétiquement une cachette. Il plongea à même une étagère, éparpillant les livres lorsqu'il entendit un bruit de pas. Derrière lui, Scott ricana avant de placer quelques livres devant lui pour faire illusion. Il plaça précipitamment le dernier lorsque le précepteur entra dans la pièce :
« - Jeune Maître vous dev... oh c'est toi l'animal. Qu'est-ce que tu fais dans la bibliothèque ? Tu n'as pas de la vaisselle à récurer ou du ménage à faire ? Tu préfères faire semblant de lire ? Regarde toi, tu es pathétique et... »
Des livres furent projetés dans la pièce alors qu'une jambe tendue s'échappait d'une étagère. Stiles sortit de la bibliothèque, le visage rouge, furieux.
« - Dégage. Tout de suite.
- Jeu.. Jeune Maître. Je.. Je vous cherchais et j'ai rencontré...
- N'essaie même pas de te justifier. Va-t'en tout de suite avant que je ne...
- Mais.. Maître je.. »
Le précepteur n'eut pas le temps de finir sa phrase que Stiles le gifla de toutes ses forces, le faisant vaciller. Il n'eut pas le temps de tomber à terre que le jeune homme l'attrapa par le col de sa tunique.
« - La prochaine fois que tu t'en prends à l'un des miens, je te promets que je te plante un couteau dans le cœur, est-ce que c'est clair ?
- Ou... oui.. Jeune Maître. »
Le précepteur partit sans demander son reste. Scott eut le bon goût de rire :
« - J'en connais un qui va se faire réprimander...
- M'en parle pas... C'était le combientième déjà ? »
Stiles s'assit à côté de son ami en soupirant. Cela faisait maintenant presque treize ans que les précepteurs s'enchaînaient les uns derrière les autres. Son père lui répétait sans cesse qu'il n'y avait plus grand monde qui acceptait de venir lui faire les leçons et qu'il devait débourser de gros montants pour les faire venir. De toute façon, il ne retenait pratiquement aucun des cours qui lui étaient enseignés, les trouvant surfaits et, pour la plupart, pas du tout réalistes. Il préférait, et de loin, partir à la conquête de la ville et apprendre de ses habitants.
« - On va à la foire aux monstres Scotty ? »
L'interpellé grimaça avant d'acquiescer. Il ne savait pas pourquoi mais Stiles avait une véritable fascination pour les créatures surnaturelles. La foire aux monstres était donc un parfait endroit pour le jeune homme. C'était un événement annuel où les aristocrates pouvaient, s'ils le souhaitaient, acheter, vendre ou échanger leurs créatures.
« - Alors tu vas m'échanger contre quelle créature surnaturelle cette année ?
- Hahaha Scotty je suis mort de rire. Ceci dit, j'aurais rien contre une fée ou une sirène... »
Son ami lança son poing dans l'épaule du jeune homme. Ils pouvaient se permettre de se charrier l'un l'autre, depuis dix ans qu'ils se connaissaient, une complicité réelle s'était installée entre eux. Au début, cela n'avait pas été évident pour Scott de s'habituer à sa nouvelle maison. Il courbait sans cesse la tête devant Stiles et son père, et s'affairait jusqu'à l'épuisement dans les tâches ménagères de la maison. Le petit garçon qu'il était à l'époque avait peur de devoir changer une nouvelle fois de famille. Il se devait donc d'être utile et obéissant. Stiles avait alors passé de longs mois à le rassurer et à le faire se considérer comme l'égal d'un humain. Ça n'avait pas été facile mais il y était arrivé. Le jeune aristocrate avait alors promis à Scott qu'il achèterait toutes les créatures de la planète pour leur rendre leur liberté. Même si ça devait lui prendre la vie entière et toute sa richesse.
C'est ainsi que, durant la décennie qui venait de s'écouler, Stiles avait utilisé ses économies afin d'acheter deux sirènes, une fée et un puma-garou. Stiles leur avait laissé le choix : celui de rester ou de partir. Ils avaient tous décidé de rentrer dans leurs contrées, profitant de leur toute nouvelle liberté. Ils avaient gardé contact avec Stiles et envoyaient parfois des lettres. Ils avaient également repris le combat du jeune aristocrate en achetant d'autres créatures surnaturelles et en leur rendant leur liberté. Normalement, les créatures surnaturelles n'avaient pas le droit d'acheter des êtres humains, leurs droits n'étant pas les mêmes que celui des humains. Mais, avec l'accord de Stiles, ils utilisaient son nom et sa notoriété afin d'acheter des créatures en son nom. Évidemment, n'ayant que peu d'argent, ils devaient tous travailler dur pour se permettre d'acheter ne serait-ce qu'une créature surnaturelle commune. Mais c'était toujours un début et Stiles était fier du travail accompli.
Scott et lui-même arrivèrent à la foire aux monstres après une longue marche en ville. Stiles avait pris assez d'argent pour acheter une créature surnaturelle commune voire moyenne. Quant à lui, Scott avait également pris ses économies, sans avoir de but précis. Ils déambulaient dans les allées sans intention particulière. Stiles vit des créatures surnaturelles qu'ils ne connaissaient pas et qu'il n'arrivaient pas à identifier. Il devenait urgent de se procurer un bestiaire. Il y avait des spécimens vraiment divers : des loups et ours-garous à la musculature impressionnante, des fées aux couleurs chatoyantes, des kanimas aux écailles lumineuses ou des vampires, bien à l'abri du soleil. Les deux jeunes gens finissaient de faire le tour de la foire lorsque Scott s'arrêta brusquement, surprenant Stiles.
« - Scotty ? Qu'est-ce qu'il y a ?... Hé mais attends moi ! »
Le loup-garou était parti comme une flèche. Stiles eut toutes les peines du monde à le suivre. Il le retrouva enfin au détour d'une allée, les yeux fixés sur la cage qui lui faisait face. A l'intérieur, se terrait un loup-garou plutôt chétif. Une masse de boucles blondes garnissait sa tête que deux oreilles pointues -leur signe distinctif- surmontaient. Ses yeux dorés regardaient tout autour de lui et il se recroquevilla un peu plus sous le regard de Scott qui le transperçait. Stiles posa sa main sur l'épaule de son ami tandis qu'il essayait péniblement de reprendre sa respiration :
« - Hé ! Qu'est-ce qui t'as pris ? »
Le loup-garou ne prit pas la peine de répondre et se tourna vers le marchand de créatures : un homme corpulent, passablement éméché qui les lorgnait d'un regard torve.
« - Combien ?
- Cent couronnes. »
Lorsque Scott entendit le prix, il eut un léger rictus en tâtant sa bourse. Stiles le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'avait pas les moyens. Et de toute façon, le loup-garou encagé n'en valait pas le prix. En réalité, il en valait à peine la moitié. Scott compta ses pièces avant de se tourner vers son ami, désespéré. Stiles n'eut pas besoin qu'il lui demande avant de s'adresser au marchand :
« - Votre bête n'en vaut même pas la moitié. C'est à peine si je lui en donnerais vingt couronnes. Regardez-le, il est famélique, il ne tiendrait même pas deux heures dans les champs et ne résistera pas sous les coups de fouets. C'est à peine s'il pourra tenir la journée à faire le ménage. Je vous en donne trente. C'est déjà bien plus que vous ne pourrez en tirer. »
Le marchand lui jeta un regard noir avant d'empocher l'argent que Stiles lui tendait. Ensuite, il tira une matraque de sa ceinture et frappa les barreaux de la cage, ce qui fit tressaillir le loup-garou qui y était installé. Ce dernier se courba, puisque la cage était trop petite pour qu'il s'y tienne debout et enfin, il en sortit. Le marchand prit une chaîne reliée au cou du loup-garou et le tendit à Stiles. Il avait horreur de ces pratiques barbares. Malheureusement, pour faire figure, il était obligé de s'y plier. Au moins le temps du trajet jusqu'à son domicile. Scott était habitué et, lors de ses sorties, jouait le loup-garou soumis à son Maître. Ainsi, ils évitaient nombre de désagréments. N'ayant plus que très peu d'argent en poche, Stiles jeta son dévolu sur une fée miniature, principalement utilisée pour éclairer les endroits sombres.
Tous les quatre, ils remontèrent l'allée principale de la foire lorsque Stiles sentit un regard le transpercer de part en part. Il chercha autour de lui mais, au premier abord, rien d'anormal. Personne ne le fixait. Toutefois, lorsqu'il y regarda de plus près, il remarqua qu'une créature surnaturelle le fixait méchamment. Un frisson de peur courut le long de son dos. C'était purement instinctif. Il sentait que cette créature était plus près de son état sauvage que de son côté humain. Il voulut aller voir de plus près de quoi il retournait mais le gémissement apeuré du nouveau loup-garou l'en dissuada. De toute façon, il n'avait plus d'argent en poche pour l'acheter. Il retînt néanmoins l'emplacement du marchand et le visage de la créature : un loup-garou aux yeux bleus perçants. Un nouveau frisson le parcourut et il rejoignit rapidement ses compagnons.
Le trajet jusqu'à la résidence se fit dans le silence le plus complet. Le pauvre loup-garou que Stiles venait d'acquérir avait la tête basse et tremblait littéralement de peur. Le jeune homme ne savait pas ce qu'il avait vécu, mais c'est clair que son enfance n'avait pas été de tout repos. Il jeta un coup d'œil à la fée dans sa cage qu'il avait accroché à sa ceinture. Celle-ci s'amusait à il ne savait pas quel jeu, en passant de droite à gauche de sa cache en enchaînant des postures compliquées. Lorsqu'ils arrivèrent enfin, il emmena les deux créatures dans ses appartements avant de défaire leurs chaînes :
« - Je m'appelle Stiles Stilinski, je suis le fils du propriétaire, Noah Stilinski. Si je vous ai fait venir aujourd'hui, c'est pour vous offrir une seconde vie. Je ne veux pas d'esclaves et ne considère pas les créatures surnaturelles inférieures à moi, quelles qu'elles soient. Tenez, je vous rends vos actes de propriété. Vous pourrez y inscrire votre nom ou celui de la personne que vous souhaitez. Scott est le premier loup-garou dont j'ai rendu la liberté. Vous pouvez, comme lui, choisir de rester ici ou repartir. Libre à vous. Je vais faire préparer un repas, vous devez sans doute avoir faim. Je vous attends en bas. Si vous avez des questions, vous pouvez me les poser à moi ou à Scott. »
Les créatures surnaturelles le regardèrent avec des yeux écarquillés. Stiles avait l'habitude : c'est toujours comme ça que les personnes réagissaient à son discours. La plupart du temps, les créatures préféraient discuter avec Scott, ce qu'il comprenait. Il leur laissait donc la possibilité d'un entretien particulier avec le loup-garou. Il se dirigea vers la cuisine et prépara un dîner consistant. Le loup-garou n'avait pas l'air de manger à sa faim. C'est vrai qu'il était assez chétif. En parlant de ça, Stiles allait devoir s'excuser pour son discours qu'il avait tenu au marchand. Il avait fait tout cela dans l'unique but d'économiser quelques couronnes. Il devait faire le plus d'économies possibles afin de sauver le plus de créatures possibles. Au bout d'une bonne heure, il entendit des pas dans le couloir et reconnut la démarche de Scott. Il tourna la tête vers l'entrée de la cuisine, souriant. Il espérait sincèrement qu'il serait accompagné des deux créatures nouvellement acquises. Lorsqu'il vit une tête blonde se faufiler derrière son ami, il sourit :
« - Entrez, entrez ! J'ai préparé plein de bonnes choses ! Asseyez-vous. Je ne savais pas trop ce que mangeait une fée, je suis désolé j'ai fait ce qui me semblait bon. »
La fée s'auréola d'une lumière rougeâtre. Était-ce de la colère ? Une petite voix s'éleva alors :
« - C'est gentil, ça ira. Hihihi.
- Comment t'appelles-tu ?
- Je m'appelle Evergreen.
- C'est très joli. Et toi dis-moi, quel est ton nom ?
- … Isaac.
- Très bien Isaac. Permets moi de te présenter mes excuses. »
Le loup-garou regarda le jeune homme les yeux écarquillés. C'était bien la première fois qu'un humain lui présentait ses excuses et non l'inverse. Il bégaya sa réponse :
« - Pou-pou-pour-qu-pourq-pourquoi ?!
- Pour tout à l'heure devant le marchand. J'ai été insultant et ai critiqué ton physique. J'ai même parlé de coups de fouet et d'esclavagisme dans les champs. Je tenais à préciser que c'était uniquement pour faire baisser ton prix. Comme je le disais tout à l'heure, je ne tiens pas à avoir d'esclave et ne considère pas les créatures surnaturelles comme inférieures aux humains. Mais, comme a dû vous le préciser Scott, je cherche à acheter le plus de créatures surnaturelles possibles pour leur redonner ensuite leur liberté. Libre à vous de partir ou rester. Est-ce que vous avez décidé ? »
La fée luminescente hocha la tête vigoureusement. Elle précisa d'une voix assez basse qui fit tendre l'oreille à Stiles, qu'elle préférait retourner chez elle mais qu'il pouvait compter sur son aide. Le jeune homme hocha la tête, compréhensif. La fée n'était pas la première à retourner parmi les siens, et sans doute pas la dernière. Stiles se tourna donc vers le loup-garou blond.
« - Hé bien... je... je ne sais pas.
- Tu as tout le temps de te décider, il n'y a pas de soucis. Tu es le bienvenu chez moi. »
Le loup rougit à ses paroles. A vrai dire, il n'avait aucun endroit où retourner. Pas de famille ou d'amis. Depuis tout petit, il avait vécu encagé, vendu de saisons en saisons pour faire les basses besognes. Il n'était pas assez fort pour garantir la sécurité de ses propriétaires et n'avait jamais été plus de deux ans dans une même famille. Alors retrouver sa liberté pleine et entière ? Il n'avait jamais osé ne serait-ce que rêver de la chose.
Lors de la réponse du loup, Stiles avait remarqué que Scott avait retenu sa respiration et se tortillait impatiemment sur sa chaise. Le jeune homme devait avoir une sérieuse conversation avec son ami ! Une fois le repas terminé, la fée partit en remerciant chaleureusement Stiles. Celui-ci rejoignit ses appartements pour laisser les deux loups-garous en tête à tête. Il avait remarqué qu'Isaac était plus à l'aise auprès de Scott. Sans doute était-ce une histoire d'espèce. Stiles s'endormit rapidement et se réveilla tout aussi rapidement au beau milieu de la nuit. Il avait fait un cauchemar qui l'avait laissé en sueur au milieu des draps. Il ne se rappelait plus avec exactitude les images de son rêve. Il était question de yeux bleus luminescents, de crocs et de sang puis plus rien. Les images diffuses s'évaporèrent de l'esprit de Stiles avec l'aube. Impossible de retrouver le sommeil après ça. Il se leva alors et se dirigea vers le bureau de son père. Il frappa mais personne ne lui répondit. Il n'était sans doute pas rentré de la soirée ni de la nuit. Très bien. Comme ça Stiles n'allait pas subir les remontrances de Noah tout de suite. Il se dirigea vers la cuisine afin de se préparer un petit-déjeuner.
Qu'allait-il pouvoir faire de sa journée ? Pas de leçons aujourd'hui, ça c'était évident. Après la dispute de la veille, sûr que son précepteur n'allait pas revenir. Soit. Il allait sans doute passer la journée en ville alors. Peut-être retournerait-il à la foire. Cette dernière durait une semaine et il restait encore quatre jours avant la fermeture. Il laissa un mot à l'attention de Scott et d'Isaac et partit en ville. Il y avait moins d'agitation de bon matin et Stiles appréciait voir la ville endormie se réveiller doucement. Il déambula dans les allées, bavardant de ci de là avec quelques marchands avec qui il avait l'habitude de traiter. Il n'avait pas emmené d'argent aujourd'hui et ne ferait sans doute pas d'affaires avant la fin de la foire. C'était souvent là que les marchands bradaient les monstres qu'ils n'avaient pu vendre et que Stiles faisait le plus d'affaires.
Voici la première partie de mon histoire, j'espère qu'elle vous a plu :)
