voici une version épurée des fautes d'orthographes et quelques autres petits problèmes...
Je remercie infiniment emmaD pour avoir accepté d'être ma bêta-lectrice.
Adoption sauvage
― Abelforth, murmura MacGonagall sceptique, que fait-on là ?
― Il traîne souvent dans le coin, répondit le vieil homme parfaitement à l'aise dans ses vêtements moldus.
― Ce n'est pas un endroit pour quelqu'un qui doit faire ce qu'il doit faire, affirma-t-elle en jetant un coup d'œil pincé autour d'elle.
― Severus est avant tout un homme de parole.
― Pourquoi tout cela ? Ils sont bien chez Charlie...
― Parce que c'était la volonté de Potter, laissa-t-il tomber brutalement.
Il fit, du regard, le tour du bar moldu. Un endroit minable, dans un quartier minable. Minerva était atterrée. Il eut un petit sourire narquois. Même après toutes ces années, quelle pimbêche !
Au fond du bar, un homme portant un vieux manteau sale fixait, le regard vide, son verre tout aussi vide. Une bouteille de scotch plus qu'à moitié entamée complétait le tableau. Le barman essuyait des verres tandis qu'un poste radio déglingué crachotait un tube à la mode entre les pauses publicitaires.
― Il n'est même pas huit heures du matin, marmona la vieille dame tandis qu'ils s'approchaient de la table.
― Je doute que les concepts de matin et de soir soient pour lui d'une importance capitale, répondit son compère sur le même ton.
ooOoOoo
Rogue les vit arriver mais n'eut pas la force de se lever. Que voulaient-ils donc ?
― Salut, Severus ! dit le vieux barman de la Tête de Sanglier en s'affalant tranquillement sur une des chaises.
― Bonjour Severus, fit en écho la vieille chouette en posant une fesse sur l'autre siège.
Rogue leva vaguement la main.
― Nous sommes là, la directrice et moi, pour vous voir honorer une promesse.
― Je n'honore rien du tout, je ne suis rien, répondit-il aussi calmement que possible.
― Je me fous de vos états d'âme, siffla Abelforth. Ce que je veux, c'est que vous vous leviez de cette banquette et que vous sortiez avec nous. Ça fait trois ans que je me coltine des avocats merdiques, des juges abrutis et des jurés décérébrés. La moitié de ces trois ans ont été pour vous sortir d'Azkaban. Maintenant, je vous demande de vous lever pour faire ce pour quoi je me suis battu le reste du temps.
― Voyons, un peu de tenue ! dit MacGonagall outrée.
L'ancien Mangemort fixa un long moment le vieux bonhomme déterminé. Trop déterminé. Il ne le lâcherait pas.
― Vous vous êtes battu pour quoi ? finit-il par demander.
― Levez-vous et vous verrez, répond-il joignant le geste à la parole.
Rogue joua un moment avec l'idée de refuser. Mais l'air obtus du frère d'Albus Dumbledore l'en dissuada et puis, il lui devait sa sortie d'Azkaban quelques mois auparavant. Il ne pouvait rien lui refuser. Pour autant, il n'avait aucune envie de lui faciliter la tâche.
― Il va falloir m'aider à me lever, je ne tiendrais pas sans aide sur mes jambes, grinça-t-il vaguement satisfait.
Minerva lâcha un « Severus ! » indigné, mais il n'en tint aucun compte.
― J'ai l'habitude des poivrots, j'ai tenu un bar durant plus cinquante ans, soupira l'ancêtre.
Après une difficile négociation de la mise en position verticale de l'homme aux cheveux noirs et gras, les quelques clients du bar, un peu choqués, intrigués ou parfaitement indifférents qui prenaient un café avant d'aller au travail, virent l'épave, soutenue par un très vieux monsieur et une vieille dame distinguée au chapeau un peu de travers, se diriger lentement vers la sortie. Une fois dehors, ils firent quelques pas pour prendre une ruelle sale et déserte. Là, les attendait une femme à laquelle on aurait donné une trentaine d'années accompagnée de deux gamins de six ou sept ans et d'un marmot qu'elle tenait dans ses bras.
Rogue se dégagea de ses deux chaperons, fit deux pas de côté pour s'appuyer des deux mains contre le mur de droite et vomit durant quelques minutes. Il se redressa lentement et adressa un petit sourire narquois à son ex-collègue qui lui jetait des regards méprisants.
― Alors, que voulez vous me montrer ? demanda-t-il en tentant de rendre sa voix plus ferme qu'il ne le pouvait réellement.
― C'est fort simple, dit Abelforth en prenant l'enfant des mains de la femme pour le poser au sol. Voici les enfants de Harry Potter. Son testament est très clair, il vous a nommé le tuteur légal. Et je sais qu'il vous a fait jurer sur le champ de bataille de prendre soin de ses enfants. Bon, Auror Sheldon, vous avez constaté que nous avons remis les enfants au dénommé Severus Rogue.
Il sortit un parchemin et fit apparaître une plume. La femme le signa avec réticence, puis, après un regard désolé vers les enfants, elle transplana dans un « pop » sonore.
― Hey ! tenta Rogue.
― Écoutez, lui dit Dumbledore d'une voix hargneuse, vous avez fait une promesse, tenez-la. Maintenant, moi, je dois sortir deux Weasley des cachots du Ministère pour avoir tenté d'enlever les enfants en plein tribunal. Minerva, suivez-moi.
― Mais on ne peut pas les lui laisser alors qu'il est dans cet état ! s'exclama le vieux professeur.
― On veut pas aller avec lui, continua la fillette.
― Votre père a voulu que ce soit lui, respectez ça.
― On veut aller avec Oncle Charlie ! hurla-t-elle.
― Je ne peux pas les laisser ainsi, cria une MacGonagall quasi hystérique.
Le vieil homme se redressa d'un coup, et parla d'une voix ferme. L'aura qui baignait son frère quand il laissait percevoir sa puissance semblait être tout aussi forte chez lui. Tous firent un pas de recul.
― Minerva, si vous ne venez pas immédiatement je vous intente un procès. Je vous en fait le serment. Et Poudlard ne s'en remettrait probablement pas.
Il fit un pas en avant, agrippa le bras de la vieille dame et transplana à son tour avec elle.
Rogue aurait bien aimé hurler mais sa gorge était si serrée qu'il ne put qu'émettre un son inarticulé. Il se retourna vers le mur pour dégurgiter le reste de bile qui restait dans son estomac. Après de longs soubresauts particulièrement douloureux, il parvint à se calmer. Sa tête lui faisait atrocement mal mais il entendit très bien la voix enfantine dire : « Venez, on va retrouver l'oncle Charlie ». Il tourna la tête et vit le petit garçon prendre les mains de ses sœurs et partir tranquillement vers le bout de la ruelle.
― Non, dit Rogue aussi fort qu'il le put, attendez. Vous ne savez pas où vous êtes, vous ne savez pas où aller, vous serez perdus dans le monde moldu. C'est très grand.
Une voiture, passant à fond de train sur la route en face de la venelle où ils étaient planqués, les effraya à bon escient. Ils se retournèrent vers lui. Tous les trois s'étaient arrêtés et il fit un pas vers eux.
Il les observa un instant.
Les deux plus grands étaient jumeaux, il le savait bien, Potter lui avait souvent parlé de sa progéniture. Mais c'était la première fois qu'il les voyait. Le garçon semblait plus petit que sa sœur, pourtant les deux gamines se cachaient derrière lui. Ils avaient tous deux les cheveux noirs de jais et les yeux verts de leur père. La petite dernière, par contre, tenait plutôt de leur mère, cette furie de Weasley. Elle avait encore les joues rondes de la petite enfance et arborait des yeux bleus et des cheveux roux.
Aucun ne braillait : c'était déjà ça...
Il ferma les yeux et maudit Potter en silence. Ce fumier lui pourrirait la vie pour le restant de ses jours. Mais le vieux croûton avait raison, il avait fait une promesse. Rogue ne la trahirait pas. Cependant, la perspective de ce qui l'attendait pour les quinze prochaines années le faisait frémir malgré l'abrutissement dans lequel le plongeait l'alcool. C'était sa damnation. Il eut un haut-le-cœur qu'il parvint avec peine à maîtriser.
― Suivez-moi, dit-il en passant à côté d'eux et en prenant bien soin de ne pas les toucher.
Il marcha d'un pas lourd qui se voulait ferme. Il espérait dessoûler un peu durant le trajet. Peut-être trouverait-il une solution... Peut-être que la situation n'était pas aussi désespérée qu'il le croyait... Peut-être pourrait-il les rendre aux Weasley puisqu'il semblait qu'ils s'en soient occupés jusqu'à présent... Et peut-être aussi que les dragons allaient tous se mettre à manger de la laitue !
Il avait fait une putain de promesse.
Et ce connard de Potter l'avait déposée sur un parchemin.
Allait-il falloir qu'il se tape ces trucs... ces gamins jusqu'à leur majorité ? C'était pas humain.
Ils suivaient toujours, probablement effrayés par les rues moldus. Mais qu'est ce qu'il pouvait bien faire de ces sales mioches jusqu'à leur majorité, par Merlin ?
Quelle heure pouvait-il bien être ?.. D'abord, trouver un endroit où se poser, et dormir un peu pour décuver. Ensuite, analyser la situation. Enfin... Bon, le stade de l'analyse était déjà pas si mal.
Où se poser ? Le Chaudron Baveur ? Il remua les quelques piécettes moldues qui lui restaient et qui tintèrent misérablement. De l'autre côté, sa poche ne contenait que deux Mornilles et trois ou quatre Noises. Pas de quoi prendre une chambre. Ni d'un côté, ni de l'autre.
Perdu dans ses pensées, il bouscula un homme qui lui lança des imprécations.
Instinctivement, les gamins se cachèrent derrière lui. Croyaient-ils donc que, dans son état, il allait les protéger ? Crétins ignares, à cet âge, c'étaient toujours des crétins ignares.
Il eut des sueurs froides en se demandant si la petite dernière faisait ses besoins toute seule. En tout cas, lui, il ne changerait pas de couches, hors de question !
Il eut un rictus de haine pure... Harry Potter, ce salaud était pire que son père. Lui faire ça alors qu'il l'avait protégé durant tant d'années.
Réfléchir... Il lui fallait réfléchir. Une idée commença à s'imposer à lui. Une idée si désagréable qu'il jeta un coup d'œil autour de lui pour repérer le Détraqueur qui devait s'en prendre à lui... Non. Rien. Il la remua un moment dans sa cervelle engourdie.
Juste après sa dernière année d'études à Poudlard, il avait hérité de sa génitrice, Eileen Prince, un manoir et un vaste domaine. Un manoir... plutôt une vieille bicoque en ruine. La famille Prince l'avait, par de subtiles manœuvres à la mort de sa mère, dépossédé de tous les biens de valeur. Sur le papier, les mots « Manoir Familial tenu par six elfes de maison » lui avaient paru, dans sa grande naïveté, assez extraordinaires. Il avait chaudement remercié son oncle lors de la signature du partage. Il n'avait compris qu'un peu plus tard qu'il s'était fait joliment escroquer.
Quelques mois après avoir reçu la Marque des Ténèbres, il était allé visiter ses domaines. Il y avait bel et bien une vieille baraque appuyée sur un éperon rocheux au milieu d'une vaste lande écossaise inculte et six elfes de maison plus ou moins décrépits. La maison devait comporter cinq ou six pièces sur lesquelles il avait à peine jeté un coup d'œil, fou de rage.
Il avait donné l'ultime punition aux elfes qu'il méprisait pour leur servilité, sans se rendre compte, à l'époque, à quel point le tatouage de son poignet gauche le rendait semblable à eux. Il leur avait donné des vêtements, les libérant, et avait détruit la maison à coup de sortilèges avant de quitter ce lieu pour toujours. La honte de s'être fait berner était toujours présente dans un coin de son esprit.
Pour s'y rendre, la seule fois où il y était allé, il avait payé fort cher un raccordement au réseau de cheminée. Peut-être était-il toujours en fonction, peut-être restait-il une pièce encore debout... Il lui semblait se souvenir qu'il y avait un cellier taillé dans la roche, il ne serait certainement pas détruit.
Rogue s'arrêta brutalement. Il entendit, derrière lui, les enfants stopper avec soulagement. Quand il se retourna, il vit le garçon tenir maladroitement sa petite sœur dans ses bras. Il la posa avec un soupir.
― Savez-vous vous servir de la poudre de Cheminette ? demanda-t-il.
Les deux grands acquiescèrent.
Il regarda l'argent qu'il avait dans la poche : deux Mornilles et... cinq Noises. Il n'irait pas bien loin mais il y avait de quoi faire quelques trajets. Peut-être le barman du Chaudron lui permettrait-il d'utiliser sa cheminée ?
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Il avait fallut négocier âprement avec le marchand mais il avait réussi à en avoir pour son argent : deux grosse miches de pain. Les gamins se contenteraient de ça. Ce salaud de vendeur de poudre, par contre, n'avait rien voulu savoir. Quand il serait passé, lui et les mômes, il lui resterait à peine de quoi faire deux voyages relativement courts.
Les gamins étaient épuisés et son mal de crâne lui battait atrocement dans les tempes. Ils attendirent un moment qu'un passant ouvre le passage puis pénétrèrent dans le Chaudron Baveur.
La plus petite endormie dans ses bras, il se dirigea immédiatement vers le barman.
― Monsieur Crabbe ?
Son ancien élève, semblable à troll abruti, le regarda avec des yeux ronds.
― P... Professeur ?
Il n'était plus professeur depuis longtemps mais il n'allait pas le faire remarquer à l'autre débile. Surtout si ça pouvait lui donner un ascendant sur lui.
― J'aurais besoin d'une cheminée discrète connectée au réseau, pourriez-vous me laissez en utiliser une ?
Il cligna plusieurs fois des yeux avant d'affirmer, un peu hésitant :
― Heu... oui, Professeur, suivez moi.
Il le fit passer dans la pièce du fond et resta un moment à le regarder, l'air un peu hagard.
― Merci Vincent, lui dit Rogue d'un ton un peu plus sec qu'il ne l'aurait voulu.
Il n'avait nullement envie que quiconque connaisse leur destination. Son ancien élève eut un petit acquiescement et sortit.
Ils s'approchèrent tous les trois du foyer.
― Où on va ? demanda le garçon.
― Tu verras bien, passe en premier.
― Non, je laisse pas mes sœurs toutes seules ! dit-il d'un ton déterminé.
― Évidemment, tu préfères que ta sœur passe la première et prenne tous les risques, répondit-il d'un ton sec.
Ses sourcils se froncèrent, il semblait réfléchir intensément. Au bout de quelques secondes, toutefois, il capitula dans un soupir fatigué.
― Bon, d'accord...
Il s'avança vers le petit sachet que lui tendait Rogue et prit une poignée de poudre. Ce dernier grimaça mais l'encouragea.
― Un peu plus, c'est loin.
― C'est où ?
― Manoir Prince, Highland.
Le gamin jeta un coup d'œil à sa sœur qui le regardait avec angoisse et lui fit un sourire rassurant. Puis il s'avança avec assurance vers le foyer et jeta la poudre dans les flammes. Quand elles furent d'un beau vert émeraude il sauta dans le feu et dit distinctement l'adresse.
Rogue fut rassuré, la cheminée fonctionnait et était opérationnelle. S'il y avait eut le moindre risque, l'enfant serait resté là.
Il fallait quand même reconnaître que le môme avait du cran...
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― Vous voyez, Minerva, il va s'occuper d'eux.
Elle fit une petite moue.
― Il n'a que du pain pour les nourrir, Abelforth. Et puis, vous auriez pu me prévenir que vous le surveilliez...
Ils regardaient tout deux une potion fort complexe au fond d'un plat circulaire. On pouvait y voir des images de l'ancien professeur, la plus jeune des Potter sur le bras, partir du Chaudron Baveur.
― Je reconnais que les conditions sont un peu spartiates, mais je suis sûr qu'il va travailler à les améliorer rapidement.
Il regardèrent encore le plat. De longues minutes passèrent.
― Dites-moi, Abelforth, quand donc avez-vous lancé ce sort de repérage ?
― Dans le bar, quand nous le soutenions, juste après avoir pris les cheveux qui m'ont permis de terminer la potion.
― Ne va-t-il pas s'en rendre compte ?
― C'est un sortilège qui ressemble à la Marque Noire.
La directrice de Poudlard le regarda d'un air horrifié.
― Ne faites pas cette tête, c'est moi qui l'avait appris à Jedusor. C'est bien plus léger que ce qu'il faisait lui-même et ça ne durera que deux mois... Et non, il ne se rendra compte de rien, cet homme a eu la plus grande partie de sa vie cet immonde tatouage sur le bras gauche et mon petit charme passera totalement inaperçu.
Ils se replongèrent dans le spectacle de l'homme aux cheveux gras, suivi des trois enfants, leurs yeux rivés au fond du plat.
― C'est comme un fond de verre de Bièraubeurre à un gros buveur, murmura-t-il encore, il ne le sentira pas passer...
