Bloody Valentine one shot contest
Cas: Mon requiem
Avocat de la défense: Effexor
Suspects: Edward/Bella
Responsabilité : Les personnages, et ce monde de vampires, appartiennent à Stephenie Meyer. Seuls le contexte et l'histoire me sont propres…
Pour participer ou lire les autres OS du concours rendez-vous sur http:// www . fanfiction . net/ community/ Bloody _Valentine_contest/ 76893/
« Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d'office. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n'importe quel moment d'exercer ces droits, de ne répondre à aucune question, ou de ne faire aucune déposition. » traduction de l'avertissement Miranda
Bonjour à tous !
Je vous offre aujourd'hui un OS un peu particulier ; OS dark Edward. C'est un cadeau pour ma deuxième paire de mains, Mushroom-paradiz, à l'occasion de son anniversaire (allez-y, applaudissez-là, ça lui fera plaisir ;-) ). Alors je n'ajouterai rien de plus ; Mushroom, déguste bien. Ah, et si : passez une très bonne fin d'année. 2009 ne va pas tarder à céder la place à 2010...
Edward POV
Je ne savais pas quoi faire de lui. De cet homme que je venais d'attraper en train d'essayer de pénétrer mon château…
Forks, Février 79. La pluie tombait, comme d'habitude. J'avais intégré ce petit village il y avait quelques temps, et vivais reclus, dans ma demeure perdue au milieu du bois.
Mais cela n'avait visiblement pas empêché cet homme -le shérif de notre charmante bourgade- de venir fouiner dans mes pattes.
Il avait découvert mon secret. Comment ? J'avais tout fait pour que les disparitions humaines dont j'étais responsable se fassent dans d'autres villes. Rien n'aurait dû les relier à Forks.
Mais cet homme n'était pas comme les autres. Il me semblait avoir une vision en avance sur son temps de la criminalité. Quoique dans mon cas, pouvait-on parler de crime ? Je ne faisais qu'assouvir mon besoin naturel de sang…
Moi, Edward Masen, vampire de 137 ans, errais depuis tout ce temps de ville en ville, en changeant régulièrement, sans jamais m'être fait repérer. Les victimes que je choisissais, disparaissaient sans laisser de trace. Toujours à des dizaines de kilomètres de mon habitat.
Mais peut-être que ma stratégie avait un point faible.
Le shérif Charlie Swan avait noté -pourquoi travaillait-il sur cette affaire ? Était-ce l'ennui que lui procurait son petit village de province ?- que les récentes disparitions inquiétantes dont faisait état la presse écrite se situaient toutes dans un rayon de 20 kilomètres autour de sa bourgade.
J'étais l'étranger de la région. Le solitaire, qui ne se mêlait à personne. L'asocial. Le suspect idéal.
Je l'avais surpris à venir rôder autour de ma maison ; il ne pouvait pas en être conscient, mais le moindre de ses bruits de pas à un kilomètre à la ronde éveillait mon ouïe surdéveloppée. J'aurais pu le laisser repartir, mais j'avais saisi ses pensées. Télépathie. Très utile, voire indispensable, il me fallait le reconnaître.
Il me croyait -me savait- coupable. Et moi, j'étais dans la merde. Je ne pouvais pas le laisser m'enfermer. Il me faudrait m'enfuir, et ce serait bien trop spectaculaire pour passer inaperçu. Il lui faudrait trouver une explication au fait que je pouvais parcourir tous ces kilomètres, tuer tous ces gens -apparemment sans lien entre eux-, les faire disparaître et ne jamais être inquiété. Peut-être me toucherait-il, remarquerait-il ma peau dure et froide telle le marbre, peut-être noterait-il à quel point mes pupilles viraient du rouge au noir à mesure que l'envie de son sang m'envahissait.
Dans tous les cas, ma nature allait être mise à jour. Et si je laissais faire ça… les Volturi me tueraient, pour avoir été responsable de la révélation de notre existence, à nous, vampires.
Non. Il fallait que je me débarrasse de cet homme, qui devenait encombrant. Et ce, tout de suite.
Ça me gênait, car au fond, je le respectais pour avoir si rapidement deviné que j'étais lié aux disparitions inexpliquées… Quoique jusque là, ses doutes restaient une série d'hypothèses informulées. Mais maintenant que je l'avais attrapé avec une vitesse et une force phénoménales pour venir l'attacher dans mon château, il se rendait bien compte que quelque chose clochait chez moi.
« J'espère que vous êtes conscient que je n'ai pas le choix ? » me contrains-je à dire.
Ses yeux s'écarquillèrent, ses pensées s'affolèrent. Tout y passa. Des questionnements, des réminiscences de ce qu'il avait découvert, des éclaircissements de ses doutes, et…
Une fille. Très rapidement. Je me concentrai ; mais cet homme arrivait, à moitié, à me cacher ses pensées. Ça m'énervait. Il y avait eu cette fille, j'aurais aimé la voir plus ; mais après tout, qu'importe ? Il allait mourir. Rapidement. J'allais le vider sans le faire souffrir, par respect pour lui.
Du moins l'aurais-je fait, si d'autres bruits n'avaient pas attiré mon attention.
Je me redressai, à l'affût, et intimai le silence au shérif. Il m'obéit ; enfin, je ne sais pas. Il était naturellement très silencieux, contrairement à la majorité de mes victimes. Il ne geignait pas, ne suppliait pas.
Pas étonnant. Il avait compris qu'il avait affaire à un prédateur d'une autre nature. Et si j'entendais sa peur aux battements désordonnés de son cœur, il la cachait bien par ailleurs.
Les bruits -bruits de pas, bruits d'un autre cœur, un cœur plus doux, plus jeune, bruits de respiration haletante- se rapprochaient de moi. Des pas trébuchants, malhabiles.
Et des coups, des coups sur ma lourde porte, en bas.
Je jetai un regard au shérif, qui avait les yeux écarquillés. Il se demandait qui était là.
Moi aussi.
Je ne pouvais pas prendre le risque de le tuer maintenant ; pour peu qu'il se débatte, il tâcherait ma chemise, et le temps que j'en change, mon visiteur serait parti. Or je ne pouvais décemment pas ne pas répondre.
« Profitez de vos dernières minutes, chef Swan », lâchai-je en refermant la lourde porte derrière moi pour descendre les marches menant à mon entrée.
Il pouvait toujours crier -et c'est ce qu'il faisait, là. Il hurlait tant que ses poumons le lui permettait- l'épaisseur de la porte et de mes murs empêchait toute oreille humaine de l'entendre. Je le savais… d'expérience.
J'ouvris la lourde porte, d'avance irrité par la personne qui osait interrompre le cours de mes pensées et mon travail à effectuer sur le shérif.
Et me figeai devant les pus beaux yeux marrons qu'il m'ait été donné de voir.
Devant le regard le plus déterminé qu'il m'ait été donné d'affronter.
Devant l'odeur de sang la plus incroyablement puissante, la plus incroyablement alléchante qu'il m'ait été donné de sentir.
La fille des pensées du chef. Sa fille, si j'en croyais le chocolat fondu de ses yeux, identique à celui de l'homme en haut.
Sa voix m'atteignit comme un coup de fouet.
« Monsieur Masen ? Je m'excuse de vous déranger. Je recherche mon père, et je sais qu'il devait passer chez vous. »
Je ne répondis pas, sonné. Ma soif grondait en moi ; mais un sentiment nouveau prenait le pas sur ma bestialité. Curiosité.
Son silence. Le silence de son esprit.
Je ne me l'expliquais pas, mais cette fille ne pensait pas.
Ou bien me rendait inaccessibles ses pensées…
Bella POV
« Monsieur Masen ? Je m'excuse de vous déranger. Je recherche mon père, et je sais qu'il devait passer chez vous. »
Le jeune homme d'une beauté irréelle, que je n'avais jamais vu auparavant -rares étaient ceux qui avaient eu cet honneur-, me fixait de ses yeux sombres, aux reflets rougeâtres, hypnotisants. Tels deux flammes. D'instinct, mal à l'aise, je reculai. Sans pouvoir le lâcher des yeux. Son regard brûlait d'une ardeur, d'une… force qui faisaient bouillir mes veines. Mon sang me criait de fuir, le plus loin possible. Quelque chose en moi me dit que c'était vain. L'homme avait fait un pas vers moi en même temps que j'avais reculé, comme s'il l'avait prévu. Si je m'avançais à nouveau, reculerait-il ? Ces pas pourraient-ils être comparés à une danse ?
Je secouai la tête. Il était incorrect de penser à une danse dans ces conditions. Mon père…
La pensée de mon père me rafraîchit les idées, et me fit relever le menton. L'homme ne m'avait toujours pas répondu. Il me fixait toujours.
« Monsieur Masen ? »
Il ouvrit la bouche ; mais ne dit rien. La referma, et son regard brûla plus intensément encore.
De désir. Je crois bien que c'était ça. Du désir. J'avais beau n'avoir jamais éveillé ce genre de sentiments chez aucun homme, je reconnus du désir dans le regard de l'homme aux cheveux cuivrés, ébouriffés -c'était de mauvais goût, comme coiffure. Mais lui allait comme un gant. Je déglutis.
« Et vous êtes ? » finit-il par me demander d'une voix rauque, grave ; une voix qui fit frémir mes entrailles et résonna dans mon ventre.
« Isabella Swan », murmurai-je. « Je recherche Charlie Swan ».
Il sembla m'entendre, pencha la tête, m'étudia.
Me respira, et mon cœur loupa plusieurs battements ; il réagit au même instant, mais ce n'était sans doute que coïncidence. Il ne pouvait l'entendre !
Pourquoi ne me répondait-il pas ? Pourquoi ne me disait-il pas si oui ou non il avait vu mon père ?
Ce matin, quand mon père était parti travailler, j'avais été fouiner dans son bureau. Chercher ce qui, ces derniers temps, semblait le préoccuper au point qu'il en oubliait de manger à des heures convenables, qu'il en oubliait même de rentrer parfois. Il ne se passait jamais rien à Forks, alors qu'est-ce qui pouvait bien lui prendre autant de temps ?
J'avais trouvé. Ses notes. Les vieilles cartes annotées. Des points rouges, dont j'avais vite compris ce qu'ils désignaient. Des photos noir et blanc de disparus -si tant est que ces disparus soient un jour passés devant un photographe. Des dates, des lieux.
Une ville. Forks. Centre du cercle reliant les points où des personnes avaient du jour au lendemain cessé d'apparaître.
Et un nom, Masen. Griffonné à la va-vite. Dans une note qui disait qu'il fallait passer au château. Dans l'après-midi. Voir s'il pouvait y avoir un rapport avec l'homme asocial qui y logeait…
C'était comme ça que dans la soirée, affolée de ne pas voir revenir mon père, j'avais parcouru -à pied- les quatre kilomètres qui me séparaient de la résidence Masen.
J'aurais peut-être dû prévenir les gars au village. Ils auraient pu m'accompagner. La nuit tombait, et le regard de mon vis-à-vis éveillait en moi une peur sourde, une panique palpable.
« À quoi pensez-vous ? » Demanda-t-il soudain dans un ténor envoûtant.
Sa question me surprit ; je tressaillis.
« Je pense… à mon père.
- Vous ne devriez pas le chercher. Il est tard, la nuit tombe.
- Savez-vous où il est ? »
Ma voix avait recouvré sa fermeté, et je dardai sur lui un regard déterminé. Il frémit, alors qu'une lueur incandescente faisait brûler ses yeux. J'eus presque l'impression de le voir se lécher les lèvres. Presque. Avais-je rêvé ?
« Ça se pourrait », gronda-t-il.
Mon cœur se mit à rebattre plus fort, plus puissamment. D'espoir ? Non.
D'horreur.
Cet homme savait où était mon père. Et son regard me persuadait qu'il n'y avait rien de bon à ça.
« Où est-il ? » grondai-je à mon tour.
Il haussa un sourcil… satisfait. S'approcha de moi. Je voulus me reculer ; mais mes jambes refusèrent de m'obéir. Il se pencha sur moi, près, bien trop près pour ne pas être menaçant. Son odeur m'atteignit, m'attira à lui. Je fermai les yeux un court instant, et il saisit mon menton.
J'étais prise au piège. Sa peau était froide, dure, et son geste impérieux.
Je ne sais pas ce qui était en train de se passer, mais je sentais que j'étais en train de jouer ma vie.
Si je ne l'avais pas d'ores et déjà perdue…
« Je sais où il est. Je te veux »
Je me figeai, écarquillai les yeux. Extrêmement raide.
« Pardon ? » demandai-je, le cœur battant à tout rompre.
L'homme -était-ce vraiment un homme ? Je n'en étais plus si sûre- me saisit le bras.
Et je ne compris rien à la suite.
Avait-il arrêté le temps ? Couru très vite ? Nous avait-il téléportés ?
Quand je rouvris les yeux, une demi seconde plus tard -pas plus, je l'aurais juré-, nous avions changé de lieu. Une pièce, sombre. Un cachot.
Mon père affolé.
« Papa ! » Hurlai-je en voulant me jeter sur lui.
Mais l'homme m'en empêcha. Je me retournai pour lui faire face, me plaçant entre lui et mon père, déterminée.
Que lui avait-il fait ? Qu'est-ce que ce salaud faisait de mon père enchaîné ?
« Il va bien, fit-il avec une lueur dérangeante dans le regard.
- Relâchez-le.
- Hors de question. »
Je ne répondis rien ; m'étourdis dans son regard.
Je le sentais, Edward Masen n'avait pas la moindre intention de nous laisser repartir vivants. Ni ce soir, ni jamais.
« Relâchez au moins ma fille ! Supplia Charlie. Elle ne sait rien, absolument rien !
- Voyez-vous, j'en doute, répondit le… le monstre, me fixant toujours de son sombre et impénétrable regard. Ses pas l'ont conduite jusqu'ici pour une raison que j'ignore. Elle savait. »
Je me raidis, serrai les poings. Il sourit.
« Et je la veux » acheva-t-il, jetant un froid.
Je pâlis ; le regardai, grave. Que voulait-il dire ? Comment me voulait-il ?
Mon père rugit.
« Je vous interdis de faire quoi que ce soit à ma fille, espèce de…
- Voyons, gardons notre calme et notre politesse en présence des demoiselles, le coupa l'homme. Je n'ai pas la moindre intention de faire du mal à votre fille.
- Que me voulez-vous ? Grondai-je.
- Je veux vous étudier. »
Je tressaillis. M'étudier ?
- Relâchez mon père, fis-je en essayant de garder mon sang froid.
- Jamais.
- Soit. Alors, je me tuerai. Au diable votre étude ! » crachai-je.
Je sortis un couteau de sous ma robe, et me le plaçai sur la gorge, prête à appuyer pour lui faire comprendre que je ne plaisantais pas. Mais le sang n'eut pas le temps de couler ; mon couteau vola à plusieurs mètres, et je me retrouvai sans comprendre comment dans les bras de cet homme aux yeux désormais bien plus noirs. Je frissonnai, saisie par la peur, le cœur criant ma détresse. Mon père hurla, fou de rage.
« Lâchez ma fille ! Bella ! Si vous lui faîtes le moindre mal, je vous jure que…
- Ne refaites jamais ça, gronda Edward Masen, ignorant mon géniteur. Jamais !
- Je n'ai aucun ordre à recevoir de vous.
- Vous ignorez ce que vous vous apprêtiez à provoquer.
- Relâchez mon père.
- Non !
- Je recommencerai.
- Vous n'aurez plus accès à aucun couteau » fit-il, rageur, hésitant visiblement à glisser ses mains glacées le long de mon corps pour en chercher d'autres.
Gentleman ? Cela pourrait peut-être me servir. Apparemment, il ne voulait pas me voir mourir, déjà. J'allais en jouer.
« La lame n'est pas le seul moyen par lequel je pourrais périr »
Il me relâcha, mâchoire contractée, et s'éloigna -rapidement, trop rapidement pour être humain.
« Je sais ça », grommela-t-il.
Le silence s'installa ; mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Il réfléchissait, je le voyais bien. Regardant mon père, qui nous regardait lui et moi à tour de rôle.
Je savais ce qui se passerait, si toutefois cet étrange personnage acceptait de relâcher mon père.
Charlie courrait au village, récupérer les hommes disponibles pour venir me récupérer. L'autre devait en être conscient.
« Je peux vous proposer un marché » conclut-il malgré tout.
Mon cœur loupa un battement, l'homme regardait mon père.
« Je vous relâche, et garde votre fille. Je sais tout. Si vous prévenez quelqu'un, je le saurai. De la même façon que j'ai su que vous étiez là. Et si j'apprends que quoi que ce soit sur moi a été révélé, je la tue. Est-ce clair ?
- Jamais ! Jamais je ne vous laisserai ma fille !
- Papa ! Hurlai-je. Va-t-en, ou c'est nous deux qu'il tuera ! Ne m'oblige pas à me suicider. Ne m'oblige pas à commettre ce péché ! »
Nous nous échangeâmes un regard chargé d'émotion, sous celui curieux du monstre qui nous retenait, et semblait… se délecter de la situation. Avec une certaine crispation malgré tout.
« Bella… » murmura mon père.
Mes yeux se remplirent de larmes, que je tentai de ravaler, refusant de faire ce plaisir à l'autre.
« Il le faut », murmurai-je.
Nos regards, j'en suis sûre, exprimaient la même détresse. Je ne voulais pas non plus rester. Bien sûr que je ne voulais pas ! Le diable seul pouvait avoir une idée de ce que l'homme aux cheveux fous pouvait avoir envie de me faire. Mais par-dessus tout, je voulais pouvoir être sûre que mon père vivrait.
Même si je savais qu'il ne pourrait vivre réellement avant de me revoir en bonne santé.
« Votre choix est fait ? » S'impatienta l'homme.
Mon père garda le silence. Je le suppliai du regard.
« Papa…
- D'accord. D'accord, je ne ferai rien. Ne dirai rien. Mais en échange, je veux pouvoir être certain que ma fille sera bien traitée.
- Je n'ai qu'une parole. Elle conservera la vie.
- Il me faudra la revoir.
- Ne soyez pas trop exigeant. Vous acceptez, ou je vous tue. »
Mon père se raidit ; me regarda encore.
« Il nous tuera tous les deux si tu refuses ».
Il sembla réfléchir encore ; puis acquiesça, le regard baissé. Détruit.
Je frémis, et fermai les yeux, en proie au vertige. Nous venions, dans ce… cachot, de sceller mon destin.
Et il ne me paraissait pas brillant…
Edward POV
Je l'avais laissé partir. Je maudissais ma faiblesse, d'une certaine manière. Mais je suppose que c'était la meilleure chose à faire. Si j'avais tué Charlie Swan sous les yeux de sa fille, celle-ci n'aurait eu de cesse d'attenter à ses jours. Je ne pouvais pas passer mon temps à la surveiller, et morte, elle ne m'intéressait plus.
De toutes façons, j'avais lu dans son esprit que, bien que tenté de revenir en mission commando libérer sa fille, il savait que c'était une très mauvaise idée.
Il ne le ferait pas. Chercherait autre chose. Et le temps qu'il trouve, j'aurais peut-être percé le secret de la fille ; je n'aurais plus besoin d'elle, et je pourrais la tuer -quel pied ça allait être- avant de le tuer, lui.
Le secret. Ou les secrets, plutôt. À moins que tout ne soit lié.
La façon dont son sang m'attirait. Dont ses yeux m'hypnotisaient. Dont son cœur me parlait. Dont sa peau m'attirait ; une façon différente de l'attraction que j'éprouvais pour son sang.
Sa capacité à me cacher ses pensées.
Je voulais étudier, comprendre. Comprendre tout ça. C'était la première fois que je ressentais toutes ces choses. Même prises une par une, aucun vampire ou être humain n'avait réussi à me les faire ressentir. Jamais.
Ainsi je la regardais pensivement, dans le cachot. Je fus soudain pris de l'envie de la respirer ; mais son odeur -oh mon Dieu, l'odeur de son sang !- me fit perdre pied, m'affama plus que je ne l'étais déjà.
D'un geste si rapide que la pauvre ne dut même pas comprendre ce qui lui arrivait, je l'attachai à la place qu'occupait son père ; elle cria, et je lui intimai du regard de se taire. De toutes façons, personne ne l'entendrait.
Puis je sortis, en coup de vent.
Il me fallait chasser. Maintenant. Et faire une trentaine de kilomètres m'agaça au plus haut point ; je voulais que ce soit rapide, que je puisse revenir le plus tôt possible, passer un maximum de temps avec ma captive.
Cette nuit-là, je tuai plus que d'ordinaire…
Bella POV
Il m'avait enfermée là, dans le noir. Et était parti. J'avais hurlé à n'en plus pouvoir ; mais personne ne semblait m'avoir entendu, et ma gorge en feu ne voulait plus laisser passer un son ; les larmes avaient finalement coulé sur mes joues.
J'étais mal, vraiment très mal. Que faisait-il, où était-il ? Qui était-il ? Je le supposais responsable de la disparition des personnes dont Charlie conservait les photos dans le dossier, mais on n'avait retrouvé aucun corps. Les tuait-il ? Comment ? Les gardait-il vivants, comme moi ? Y avait-il une chance que je ne sois pas seule avec lui dans ce château ? J'avais beau hurler, personne ne me répondait.
Je ne sais pas combien de temps s'écoula avant que je ne l'entende à nouveau. Qu'il ne pousse la porte. Qu'il ne réapparaisse, dardant sur moi un regard neuf.
Mon Dieu. Un regard rouge, rouge sang. J'eus un mouvement de recul, je me terrai contre le mur derrière moi. Mais il sourit, visiblement plus détendu.
Nous gardâmes le silence un long moment, nous fixant dans les yeux. Puis il s'approcha de moi, lentement. S'accroupit pour que nos visages se trouvent au même niveau.
« As-tu la moindre idée de ce que je suis… Bella ?
- Un monstre » crachai-je.
Il sourit ; avec malgré tout une pointe de nostalgie qui me fit froncer les sourcils.
« Ce n'est pas faux. En fait, c'est même très réaliste. »
Il se releva ; il avait dans son regard une telle tristesse qu'un instant, je me sentis désolée pour lui.
Désolée pour lui ? Mais je n'étais pas bien ! C'était lui le salaud, dans l'histoire, je n'allais pas le plaindre !
« On peut tous changer. Qui vous force à rester ce monstre ? »
Il eut un ricanement bref, dénué d'humour.
« Ma nature. Le monde dans lequel tu vis n'est pas celui que tu imagines. Je ne peux pas lutter contre ma nature.
- Toute personne dotée de conscience le peut. »
Il sembla réfléchir quelques instants, puis me regarda.
« Soit. Qui te dit que j'ai une conscience ?
- Vous en avez une, si vous vous rendez compte du monstre que vous êtes. »
Il ouvrit la bouche ; la referma, sourcils froncés. Il semblait touché ; venais-je réellement de marquer un point ?
L'espoir naquît en moi. Avais-je une chance de m'en tirer ? J'étais sur une bonne voie. Je le sentais.
Je le souhaitais ardemment.
« Tout n'est pas si simple » grogna-t-il finalement.
Puis, à une vitesse phénoménale, il vint se repositionner près de moi, trop près ; mais je ne pouvais plus reculer, j'étais plaquée contre le mur.
« Je suis un vampire, ma belle. J'ai besoin de votre sang, à vous, humains, pour vivre. Je tue, et c'est dans ma nature. »
Je suppose que je dus pâlir ; je ne pouvais y croire.
Mais je ne pouvais en douter non plus. Ses pupilles rouge sang ancrées dans les miennes m'interdisaient d'envisager l'éventualité qu'il me mente, ou qu'il soit simplement taré.
« Et ne pouvez-vous juste pas vous nourrir un peu, sans nous tuer ? Demandai-je d'une voix tremblotante.
- Si, en théorie, je le pourrais. Mais la frénésie, quand votre sang coule dans ma gorge… c'est bien dur de m'arrêter. Voire impossible. »
Me disant ça, il me regardait avec un tel désir -désir de se nourrir- que je me mis à trembler.
« Vous allez donc me tuer ? Fis-je en me mettant à trembler. Mon père… si mon père n'a pas de mes nouvelles, vous serez dans la merde ! Tentai-je.
- Je vais essayer de ne pas te tuer. D'ordinaire, je suis capable de faire preuve de beaucoup de retenue, surtout quand je suis… repu, mais toi… Toi, Isabella Swan, ton sang m'attire avec une force que je ne soupçonnais pas. Je me demande ce que serait d'y goûter… » ajouta-t-il dans un murmure, comme pour lui-même.
Je tressaillis violemment. Évidemment, il fallait que mon sang ait quelque chose de particulier. Ça allait de paire avec ma malchance innée.
« Alors pourquoi ne me tuez-vous pas directement ? » Demandai-je -pas que c'était mon souhait, bien au contraire ; mais cela m'étonnait. Ce n'était pas logique.
Il continua à me fixer pensivement ; chercha visiblement à se concentrer, plantant son insoutenable regard dans le mien.
« Il n'y a pas que ça, murmura-t-il. Tu es bien plus que ça… »
Puis il se releva, secoua la tête.
« Pour commencer, je vais te détacher. Je ne peux décemment pas te laisser croupir dans les cachots. Et il va bien me falloir te nourrir… mais je veux avoir ta promesse que tu ne tenteras rien. Absolument rien. »
Je le fixai quelques instants ; il voulait me faire vivre. Un certain moment, du moins. Je trouverais peut-être une solution pour m'échapper, plus tard. Il le fallait !
J'hochai donc la tête, silencieuse ; mais cela ne lui suffit pas.
« Je veux une promesse claire et intelligible, exigea-t-il.
- C'est ok, marmonnai-je.
- Pardon ?
- Je promets de ne rien tenter. »
Tu parles que je n'allais rien tenter ! Il était hors de question que je reste à crécher dans l'antre d'un tueur sanguinaire ! Il y croyait vraiment ? Je ne sais pas ; mais en tous cas, il acquiesça, et me libéra.
Puis saisit mon poignet ; le contact de sa peau froide et dure me fit paniquer ; mon cœur s'affola, et, criant, j'essayai de me dégager. Mais sa poigne était implacable, et, furieux, il m'attrapa pour me maintenir contre lui ; j'essayai de me débattre, en proie à la panique ; il ne bougea pas, attendit que je me calme. Ce que je finis par réussir à faire. Je me recroquevillai du plus que je pouvais, c'est-à-dire pas grand-chose ; fermai les yeux, et baissai la tête, attendant un blâme. Des larmes de frayeur coulaient sur mes joues.
Il ne parlait pas ; je compris qu'il attendait que je le regarde. Aussi, désireuse de faire cesser son étreinte le plus tôt possible, je relevai, lentement, un regard paniqué. Sa mâchoire était contractée.
« Je croyais qu'on était d'accord, gronda-t-il d'une voix basse.
- Lâchez-moi… » suppliai-je.
Il ne s'exécuta pas, continua de me fixer. Les joues, les yeux, la bouche, de nouveau les joues.
Il libéra une de ses mains, et maintint mes poignets de l'autre, tout en allant me plaquer entre un mur et son corps ; Seigneur, le mur me paraissait plus confortable que lui.
Il avança un de ses doigts lentement, comme hypnotisé, vers ma joue ; et récupéra une larme, qui brilla sur le sommet de son index froid. Il la considéra quelques instants ; puis darda son regard dans le mien, intense.
Il porta son index à sa bouche, et goûta ma larme salée.
Je frémis intensément ; partagée entre la peur et… un autre sentiment. Sentant la réaction de mon corps contre le sien, il se pencha sur moi ; et ses lèvres froides vinent se poser sur ma pommette, sa langue vint récupérer le liquide tiède.
De nombreux sentiments explosèrent en moi ; le dégoût, la peur. Je n'aurais jamais cru qu'ils puissent être aussi forts ; mais par-dessus tout, une autre sensation que je ne connaissais pas vint rugir en mon ventre, imposante, brûlante, et inquiétante -parce qu'elle semblait inhiber toute capacité à me débattre en moi.
Le vampire s'éloigna très légèrement, le regard bouillant ; puis il fixa mes lèvres, et vint poser les siennes dessus, comme mû par un désir irrépressible.
Mes yeux s'écarquillèrent, et je me raidis alors que sa langue plongeait dans ma bouche, entrant en contact avec la mienne, se réchauffant dans ma moiteur.
J'essayai de le repousser ; mais je doutais qu'il ait ne serait-ce que senti mes mains appuyer sur son abdomen.
Puis soudain, il me lâcha, et se retrouva à l'autre bout de la pièce, haletant, les yeux sombres.
Et disparut, claquant la porte et verrouillant derrière lui.
Je m'accroupis contre le mur, le cœur cognant avec une force qui me mettait dans un état de malaise ; à moins que le vertige paralysant mes entrailles n'ait été dû aux sensations dans mon ventre…
Je ne comprenais pas ce qui se passait. Dans sa tête, dans mon corps. Entre nous.
Au bout d'un moment, calmée, je me relevai ; et cherchai à ouvrir la porte. Mais c'était bien ce que je pensais, elle était verrouillée. Il n'y avait qu'une mince fenêtre ; ou plutôt une meurtrière. Elle laissait passer un rai de lumière grise -typique de Forks- qui ne suffisait même pas à éclairer le cachot ; il permettait juste de distinguer les contours, m'apprenant qu'il n'y avait aucune autre issue. Pas étonnant, c'était le principe de ce genre de pièce…
J'en fis tout de même le tour, cherchant à voir si certaines pierres se descellaient, s'il était imaginable de creuser le sol meuble.
Il semblait bien que non ; mais je n'eus pas le temps de faire tout le tour. Des bruits de pas -les siens, je commençais déjà à les reconnaître- se firent entendre. J'eus à peine le temps de me retourner que la porte s'ouvrait sur lui.
Il me fixa de ses yeux…
Je tressaillis.
Plus clairs, avec des nuances de rouge.
Mais un rouge plus orangé, avec des nuances… ambrées.
« Combien de nuances peuvent prendre vos yeux ? »
La question avait franchi mes lèvres, sans que je puisse les retenir ; j'aurais même douté les avoir prononcés, s'il n'avait pas tressailli.
Mais il me répondit.
« Tout dépend de ma soif, et du repas que je fais. J'ai été obligé de me contenter de sang animal, pour cette fois ; pour ne pas trop m'éloigner. »
Je penchai la tête sur le côté.
« Vous pouvez vous nourrir de sang animal ?
- Bien sûr. Mais ce sang est moins attirant, moins nourrissant. »
Disant cela, il s'était approché de moi ; il saisit mes poignets, regarda mes mains couvertes de poussière et de terre.
« Tu as essayé de t'échapper », constata-t-il.
Merde. Il allait me rattacher. Il fallait que je trouve quelque chose, et vite.
À la place, je redressai le menton, lui lançant un regard empreint de colère.
« Vous ne croyez quand même pas que je suis heureuse d'être ici ? »
Il sourit, amer.
« Bien sûr que non. Qui le serait, avec un monstre tel que moi ? »
Je me radoucis ; la sécheresse dont il avait fait preuve par ces quelques mots ne m'était pas destinée.
Involontairement, presque à contrecoeur, je me rapprochai de lui. Il tressaillit, planta son regard dans le mien.
« Vous ne seriez pas un monstre si vous vous contentiez de sang animal, murmurai-je.
- Ce serait contre nature. »
Il s'éloigna, se referma sur lui-même ; j'en éprouvai de la déception. Un instant, j'avais cru qu'il était sur le point de s'ouvrir. Que j'étais sur le point de le toucher.
« Suis moi. » ordonna-t-il d'une voix sèche.
Je ne songeai même pas à lui désobéir.
Il me précéda à l'extérieur du cachot ; nous descendîmes de longs escaliers, traversâmes de sombres pièces dont je ne pus saisir qu'une partie de la splendeur.
Puis il m'ouvrit la porte d'une chambre ; très vieille chambre, au grand lit figé, tendu de draps jaunis par le temps. Une vieille commode et une armoire austères reposaient lourdement sur le parquet grisé par les années. Une grande fenêtre -à la poignée cassée, notai-je avec déception- laissait entrer la lumière grise, révélant la poussière voletant dans cette pièce définitivement froide. La lumière qui perçait m'apprit une chose : la nuit était passée. Nous étions sans doute le lendemain de… la disparition de mon père, de ma décision de m'enfoncer dans la forêt pour aller le chercher.
Je détestais cette chambre.
« Tu dormiras ici » fit la voix du vampire.
Je me raidis.
Il ressortit, et je l'entendis verrouiller la porte.
Je n'étais pas sûre de ne pas préférer les cachots. Là-haut, au moins, l'obscurité me cachait l'horreur de ma situation, me laissait un espoir quant au fait que le piège qui s'était refermé sur moi n'était pas incontournable.
J'essayai vainement d'ouvrir la fenêtre ; et tirai les rideaux, désespérée. J'ouvris l'armoire, la commode. Vides. Vides, à l'instar du cœur de mon « hôte ». Je regardai le lit, y posai la main. Froid, dur. Toujours à l'instar du vampire. Je parcourus du regard la chambre désormais plongée dans l'obscurité ; et défis la couverture de laine du lit, pour m'envelopper les épaules dedans et aller me terrer dans un coin.
J'ignore combien de temps s'écoula ; j'eus l'impression de passer des heures ainsi. Je ne relevai la tête que quand j'entendis la clef dans le verrou.
Edward Masen apparut dans l'encadrement, son regard se dirigeant en premier vers le lit -il devait s'attendre à m'y trouver. Puis il fit rapidement le tour de la pièce, et me découvrit assise dans mon coin. Il me fixa quelques instants avec une sorte de curiosité froide.
« Tu as le droit de te coucher tu sais.
- Je ne veux pas » fis-je, les yeux brûlant de haine. Pour lui, pour ce qu'il m'imposait.
Il me fixa sans rien dire quelques instants, puis se retourna et saisit un plateau.
« Soit. C'est ton choix. Je t'ai apporté à manger. »
Manger. Non. Mon estomac criait famine, mais je refusais de me résoudre à lui faire ce plaisir.
« Je n'ai pas faim, fis-je.
- Tu mens très mal. Et rappelle-toi ta promesse. Je laissais partir ton père, tu ne cherchais pas à te tuer.
- Sauter quelques repas ne me tuera pas.
- Mange » répondit-il sèchement.
Je redressai le menton, et le fixait avec haine, n'ayant pas la moindre intention de lui céder.
Dans un grognement de rage, il entra, referma la porte, et se jeta sur moi pour me relever et me plaquer contre le mur, nos bouches à quelques centimètres.
« Chercher l'affrontement est un très mauvais calcul de ta part » rugit-il
Mue par une colère qui, à ma grande surprise, supplantait tout sentiment de peur, je lui rendis son regard meurtrier.
« Je ne vous ai jamais permis de me tutoyer ».
Son regard s'enflamma ; et sa bouche vint prendre la mienne, pour le deuxième fois.
Sauf que contrairement à la première, cette fois-ci l'homme qu'il semblait capable d'être domina le vampire en lui ; et il ne se dégagea pas.
Sa langue glissa en moi, comme quelques heures auparavant, et ses dents d'approchèrent de mes lèvres ; mais ne me mordirent pas.
Ses mains saisirent ma taille, alors qu'il me portait jusqu'au grand lit froid ; et je me mis à trembler pour de bon.
Je ne voulais pas de ça, mais mon esprit semblait avoir rompu avec mon corps. Car ce dernier ne m'incitait pas à repousser le monstre qui me maintenait sous lui ; mais m'incita à glisser mes doigts sur le corps de l'homme dont le désir n'avait désormais plus beaucoup de rapport avec un quelconque besoin nutritif, devinai-je…
Edward POV
Cette fille me rendait fou.
Déjà tout à l'heure, après notre premier baiser -je n'avais pas pu m'en empêcher ; des émotions que je n'avais jamais ressenties auparavant m'avaient dicté un comportement que je n'avais jamais eu avec quiconque.
Mais j'avais failli la tuer ; bon Dieu, j'avais réellement failli la tuer.
Elle avait réveillé ma soif, alors que je m'étais nourri plus que nécessaire quelques heures avant. Cette fille était un danger pour elle-même, pour moi aussi, tentatrice, destructrice.
J'avais dû aller chasser à nouveau, mais n'avais pu me résoudre à m'éloigner d'elle ; et il était encore hors de question que je tue un habitant de Forks. Aussi, m'étais-je rabattu sur les pumas qui eurent le malheur de croiser ma route.
La sensation était satisfaisante, quoiqu'insuffisante. Mais ça irait.
J'avais été la rejoindre, désireux de la sortir de son cachot ; puis je l'avais menée à ses appartements ; elle n'avait pas eu l'air ravie. Évidemment.
Je m'étais débrouillé pour trouver de la nourriture pour elle. Et des vêtements. Elle allait en avoir besoin, car je ne la laisserai pas repartir. Jamais.
Mais rien n'était simple. Elle ne se laissait pas faire.
Et la lueur de rage dans ses yeux avait réveillé en moi ce sentiment qu'elle semblait être la seule à pouvoir me faire éprouver ; ce frémissement dans mes entrailles, ces envies violentes de…
De sexe. Ces envies violentes de sexe. De la goûter, encore ; tout, ses larmes, sa peau, sa bouche, et même son intimité. Envies peut-être prédominantes sur le désir de la mordre que son sang provoquait en moi.
Je la plaquai sur le lit ; rivai mon regard au sien. Elle avait toujours cette lueur de défi dans les yeux, en avait-elle seulement conscience ? Elle devait avoir été faite uniquement pour me tenter. Je repris sa bouche, me plongeai dans sa chaleur ; nos ventres frémirent à l'unisson, et mes mains glissèrent sous sa robe, se réchauffant contre son corps brûlant.
Je la débarrassai de ses vêtements, dans un bruit de déchirement qui la fit sursauter ; c'était définitif, elle allait avoir besoin de nouveaux. Elle tressaillit, chercha à me repousser ; mais au même instant, ma bouche se posa dans son cou, la faisant se cambrer ; je me figeai, la langue contre cet endroit où le sang pulsait dans sa carotide. Un grognement me monta à la gorge, et j'attendis d'être sûr d'avoir calmé mon envie de la mordre avant de continuer à glisser mes lèvres sur chaque parcelle de peau qui s'offrait à ma vue, à mon odorat. Je voulais tout goûter en elle.
Mes lèvres emprisonnèrent un de ses mamelons, et quelque chose changea en elle ; elle saisit mes cheveux, y glissa ses doigts ; me tirant en arrière, puis me rapprochant d'elle. Insensible à ses mouvements, je léchai quelques secondes son sein gauche, écoutant les bruits de son cœur emballé ; j'aurais aimé que le mien puisse battre ainsi. Je remontai à sa bouche, et l'embrassai avidement, prenant garde à ne pas mordre sa lèvre, ou sa langue.
Mes doigts impatients glissèrent jusqu'à son sexe ; je me figeai puis frémis en le découvrant humide ; je plantai mon regard dans le sien, noirci par le désir. Et, lentement, je portai mes doigts à ma bouche ; et la goûtait.
La sensation -son goût, sa chaleur- signèrent mon destin ; et le sien.
Cette femme sera mienne. Je pris cette décision en la fixant au plus profond de ses yeux où se mêlaient plaisir, désir, haine et fierté mise à mal.
Incapable de contrôler mes pulsions, je fis glisser ma bouche jusqu'à son sexe ouvert ; et la léchai, léchai ses lèvres, son bouton gonflé, son vagin trempé. J'y glissai ma langue, et ses hanches se soulevèrent alors qu'elle gémissait ; je fermai les yeux, mon cœur mort près à exploser dans ma poitrine, son goût et sa chaleur s'infiltrant en moi, semblant réveiller des sensations que je croyais jusque là mortes.
Je me déshabillai à vitesse de l'éclair ; et vint me placer au dessus d'elle, accrochant à nouveau son regard au mien. Elle avait compris ce qui allait se passer, et l'attendait. Avec impatience, je pouvais le lire en elle.
Je la pris d'un coup maîtrisé de boutoir.
Je sentis la fragile membrane de son hymen se rompre ; son visage se tordit sous la douleur, et je l'embrassai pour étouffer son cri ; je commençai à remuer en elle, mû par un très vieil instinct que je ne savais même pas posséder ; cet instinct ancestral qu'a chaque animal dès qu'il s'agit de sexe -de prendre du plaisir.
D'en donner. Je voulais qu'elle en ait. Aussi vins-je frôler du pouce son clitoris ; elle se cambra contre moi, m'enfonçant plus profondément en elle -ce que je n'avais osé faire, de peur de la déchirer. Puis elle se mit à trembler ; et je la suivis de peu, éjaculant en elle.
Son cœur mit quelques minutes à retrouver un rythme normal ; mon cerveau en mis autant à reprendre contact avec la réalité.
Réalité qui se manifesta sous forme d'une odeur de sang qui noircit mon regard, et réveilla mes instincts de prédateur.
Je baissai mon regard vers son sexe ; du sang tâchait les draps. Le sang qui avait coulé lors de la rupture de sa virginité.
Incapable de résister à l'appel de ma nature, je fondis sur elle, et la mordis dans le cou.
Son sang envahit ma bouche, ma gorge ; attisa ma soif au lieu de la calmer, et je la bus, je la bus avec frénésie, affamé de son goût.
Son cœur ralentit ; et ce bruit me glaça.
Elle était en train de mourir.
Une force incroyable s'empara de moi ; et mes lèvres se détachèrent de sa peau pâle, révélant une trace de morsure écarlate.
Je la regardai, horrifié. Elle était devenue livide, s'était évanouie. N'était plus qu'un tas de chair inerte.
Son cœur arrêta ses battements, et je m'éloignai, torturé par un sentiment nouveau.
Aucun bruit. Aucun bruit ne venait troubler la froide atmosphère de la pièce. L'unique femme que j'eus jamais voulue ne respirait plus, son cœur ne battait plus.
Pour la première fois en 137 ans d'existence, je hurlai ; hurlai ma douleur, mon dégoût pour ce que je venais faire, et tombai à genoux.
Pour la première fois en 137 ans, j'eus envie de mourir. Ce qui n'allait pas tarder ; il suffisait que je rapporte le corps mort de sa fille à Charlie, et, à défaut de pouvoir me tuer, il apprendrait l'existence des vampires.
Les Volturi, nos rois, ne me le pardonneraient jamais. Me démembreraient, me brûleraient.
Et je priai ; je priai pour aller la rejoindre, sans trop y croire. La fille que je venais de tuer méritait sa place au paradis, et moi, je n'en méritais qu'une en enfer. Même après la mort, nous allions rester séparés.
Je hurlais encore quand un bruit sourd attira mon attention, et m'imposa le silence.
Silence qui régna quelques secondes. Jusqu'à ce qu'un deuxième bruit retentisse ; très bas, et pourtant très audible pour mon ouïe surdéveloppée. J'en guettai un troisième, rongé par l'espoir. Le troisième vint, trois secondes plus tard.
Suivi d'autres. De plus en plus fréquents, de plus en plus puissants. Les bruits d'un cœur qui bat ; les bruits d'un cœur en mutation. Cette fille exceptionnelle avait survécu ; du sang circulait encore dans ses veines, quoiqu'en trop faible quantité pour qu'elle reprenne conscience. Et mon venin était en train de la tuer ; non, de la transformer.
Car les sentiments qui me bouleversaient depuis qu'elle était apparue en bas de chez moi, avec sa détermination et son courage, déesse surgie des enfers pour me sauver -ou me détruire-, ces sentiments me criaient une vérité à laquelle je n'aurais pas cru vingt-quatre heures auparavant.
Je n'étais pas mort. Pas tout à fait.
Il existait une personne capable de me faire revivre. Et cette personne était en train de me rejoindre dans ma nature de meurtrier.
Elle était en train de devenir la compagne que je désirais garder pour l'éternité.
La date me frappa comme un coup de fouet ; cette date, symbole d'une journée particulière, journée que je ne fêtais pas -n'avais jamais fêté.
14 février. Jour des amoureux. Jour où moi, Edward Masen, était tombé amoureux ; à moins que ça n'ait eu lieu le 13, quand cette déesse était sortie de nulle part pour venir éclaircir mon horizon gris.
Je la veillai, trois jours durant. Et quand au bout de ces trois jours, le tout dernier battement de son cœur eut retenti, elle ouvrit les yeux pour poser sur moi un regard noir ; noir de soif, mais aussi de haine.
Il allait falloir me battre. Mais je la voulais en tant que compagne pour l'éternité.
Allait commencer une chasse dont l'objet serait le cœur de cette femme, dont les traits s'imprimèrent en moi alors que je la regardais avec détermination.
J'avais l'éternité pour la conquérir. Jamais je ne la lâcherai…
Alors maintenant, j'ai conscience que si j'ai bien fait mon boulot (et la part de moi réservée à ma fierté espère que c'est le cas), certains d'entre vous me demanderont une suite. Je n'ai pas particulièrement prévu d'en faire à l'heure où je rédige ceci ; mais les choses peuvent évoluer… Vous savez ce que c'est, l'inspiration, ça va, ça vient…
Merci en tous cas d'avoir lu jusque là. Que vous ayez aimé, ou non, s'il vous plaît, dîtes-le moi ; appuyez sur le petit bouton vert juste en dessous, par générosité ! ^^
Et encore une fois, passez de bonnes fêtes de fon d'année… Et bonne année à ceux qui liront cet OS après les douze coups de minuit nous menant au 01/01/10 !
Votre dévouée (en l'occurrence dévouée à Mush) Effexor…
