LA POMME DE LA DISCORDE.

Harry Potter X Draco Malfoy ll Univers alternatif ll Rating : M ll Genre : Romance ll Les personnages appartiennent à J.K. Rowling.

Une absence de sentiments, contre un trop plein d'émotions. Une vie dans le silence, l'autre dans l'excès. C'est en cela que s'opposent les anges et les démons. L'un ne pouvant haïr l'autre, et l'autre ne pouvant ignorer le premier, ces deux clans demeuraient dans un état de guerre qui ne finirait jamais. L'unique point commun qu'ils partageaient, sans cependant le savoir, était leur confiance aveugle en leur dirigeant. Seuls Dieu et Lucifer prenaient les décisions, et remettre en question leurs choix était simplement impossible, autant pour les anges que pour les démons. Seulement, durant l'éternité que durait leur vie, un ange et un démon jetèrent la pomme de la Discorde.

Chapitre 1 : Las.

Draco était assis sur un parterre de fleurs sauvages, isolé dans un coin paisible de cette vaste contrée que l'on nommait Paradis. Les yeux fermés, il ne pensait à rien. Le vent caressait son visage et les rayons du soleil éclairaient sa peau. Autour de lui, l'herbe s'étendait en un tapis infini, d'un vert menthe lumineux, parsemé de fleurs des champs. Le paysage était figé en un printemps éternel. Ce panorama aurait inspiré n'importe quel peintre tant il était parfait. Mais en sortant du contexte de l'image, on remarquait alors une terrible réalité : le Paradis est fade.

L'odeur des fleurs avait peu à peu disparu, leur parfum étant trop doux pour réellement s'imposer. Les premières secondes, on pouvait le deviner, puis il se dispersait. Le soleil trop lumineux semblait irréel, tout comme sa chaleur était fictive. Dans ce lieu sacré qu'était le Paradis, il ne faisait jamais ni trop chaud ni trop froid. C'était la température idéale, si bien que le corps ne la reconnaissait plus. Tous les défauts avaient finalement été enlevés. Le Paradis était un endroit parfait. Mais sans défaut, les qualités n'ont plus de valeur. La perfection n'a pour effet qu'une absence de réaction chez celui qui la contemple. Selon Draco, le Paradis n'était que du vide. Une jolie illusion qui n'est cependant jamais à portée de main. Comme une délicieuse odeur qui ne sera jamais le fruit que l'on porte à sa bouche.

Et plus son âge progressait, et plus Draco avait conscience de cette réalité. Et elle le lassait, car le vide est lassant. Mais Draco, comme tout ange digne de ce nom, ne disait rien. Car un ange est la définition même de la soumission. Un ange est asservi à Dieu, il obéit à tous ses ordres et ne remet jamais en question ses choix. Un ange est un pantin sans volonté. Un soldat. Draco commençait à comprendre pourquoi les anges avaient finalement besoin de mettre un terme à leur vie d'éternité.

Avant même de l'entendre arriver, Draco sentit l'aura d'un ange s'approcher. Il poussa un profond soupir.

« Que fais-tu ici ? demanda le nouveau venu.

- Je médite, répondit simplement Draco, dans l'espoir qu'il le laisserait alors tranquille.

- Toi ? Tu ne médites jamais. Je n'ai jamais connu un ange plus passif que toi.

Draco gardait ses paupières closes, ne prêtant que peu d'attention à son ami.

- Blaise. Tu me fatigues.

Les anges avaient pris pour habitude de mettre sur leurs infimes émotions des mots plus forts. Leurs sentiments étant négligeables, ils compensaient en les nommant, comme pour ne pas oublier qu'ils existaient tout de même. Ainsi, Draco n'était pas las de Blaise, tout comme Blaise n'était pas véritablement son ami mais un ange dont la présence ne lui était pas déplaisante.

- J'ai entendu dire que tu étais recruté pour partir au front.

- Oui, les Séraphins me l'ont annoncé.

- Vous êtes de plus en plus nombreux à partir…

- Les démons, encore et toujours, répondit le blond.

- Si Dieu prenait la décision de rompre son contrat avec les humains, alors nous n'aurions plus besoin de nous battre contre les malins.

- Ne crois pas cela. Cette guerre est aussi inéluctable qu'immuable.

- Tu es ennuyé de devoir partir ?

- Ici ou ailleurs.

- Moi, ça m'ennuierait. J'ai discuté avec des anges plus âgés, et ils m'ont parlé des humains. D'après eux, ils ont une vie si courte qu'ils pensent sans cesse à leur mort. Du coup, cela les angoisse, et du coup, ils enchaînent les erreurs. Leur seul but dans la vie, c'est d'avoir du plaisir. Et pour atteindre cet objectif, ils font n'importe quoi. Savais-tu qu'à l'origine, la Terre était aussi belle que le Paradis ? Mais les hommes ont tout saccagé.

- Je sais tout cela.

- En vérité, ils ne sont motivés que par leurs propres intérêts. Ils ne sont pas bien différents des démons, j'ai l'impression…

- Arrête un peu de parler, ordonna Draco, agacé. Tu n'es certainement pas le premier à me parler des humains. Je sais comment ils sont.

Blaise se tut alors. Il détailla le visage fermé de Draco, toujours autant fasciné par sa beauté froide. Des cheveux blonds comme le soleil, une peau blanche comme la lune. Des yeux gris comme une journée d'orage, une bouche rouge comme le fruit défendu. Un ange originel.

Quand un ange, fatigué de son éternité, se couche dans le tombeau blanc, un nouvel ange est créé et hérite de ses ailes. Seulement, Dieu décida un jour de créer un peu de diversité parmi les êtres célestes en changeant leur aspect. Pour cela, il leur proposa une morphologique alternative qu'était la féminité, ou leur donnait des caractéristiques plus distinctes les unes des autres telles que la couleur des cheveux, des yeux ou même de la peau. Blaise était un ange dérivé, avec sa peau noire et son corps viril. Draco était un ange originel, avec son aspect pur et androgyne.

- Tu es l'ange le plus asocial que je connaisse, déclara finalement le brun.

- Et toi le plus bavard, laisse-moi donc tranquille, rétorqua Draco avec un amusement si infime que Blaise ne le perçut pas.

- Je venais simplement te dire au revoir… se renfrogna le brun. Je ne sais même pas quand tu reviendras au Paradis…

- Probablement jamais, murmura l'aîné, mais ses paroles furent emportées dans une légère brise.

- Pardon ? Je ne t'ai pas entendu.

- Rien. »

Et l'ange blond se leva, laissant seul son ami.

En effet, il avait pris la décision de se coucher dès son retour de la guerre. Son éternité le lassait, il n'y voyait plus aucun intérêt. Mais même si Blaise était son meilleur ami, ou plutôt son seul et unique ami, il ne voulait pas lui en parler. En parler reviendrait à devoir se justifier, et il ne s'en sentait pas le courage.

Draco marcha longtemps. Il se balada dans les grandes prairies fleuries du Paradis, appréciant le calme et la douce caresse de l'herbe sur ses mollets. Il n'était en tout et pour tout vêtu d'un simple drap blanc plié en toge. Seule la broche dorée sur son épaule indiquait son rang de Puissance.

Au bout d'un moment, il dû traverser le village des anges, où bien évidemment il ne vit personne. En effet, très peu d'anges utilisaient leur maison : elle servait plus de décoration que de demeure. Ils préféraient souvent se rendre dans les temples ou dans les salons communs. « Un ange n'a pas besoin de s'occuper, sa seule activité doit être la méditation », dixit Dieu. Mais Draco avait déjà médité sur tout. Voilà pourquoi, tout simplement, il n'en voyait plus d'utilité aujourd'hui. Seulement Blaise n'était pas encore né à cette époque.

Draco avait médité sur les Dragons pendant un très long moment. Pourquoi avaient-ils quitté le Paradis ? Quelle était donc la nature de ce litige capable de provoquer la colère de ces êtres si sages et puissants ? Ce sujet était tabou, Dieu n'avait jamais rien dit à propos de cette affaire et refusait catégoriquement d'en entendre parler. Draco avait bien essayé d'en discuter avec d'autres anges, mais tous s'étaient déjà résigné à ne plus y penser, comme il était convenu de le faire. Draco, après une période de frustration et d'indignation, avait donc abandonné l'idée de méditer sur les Dragons. Et cela avait été dur pour le blond, car les Dragons étaient pour lui le symbole de son ange créateur et il les affectionnait donc beaucoup. Mais méditer sans connaître les faits était tout bonnement impossible, et Draco s'était donc résigné à son tour.

Puis Draco avait voulu méditer sur la guerre. Pourquoi se battaient-ils, exactement ? Pour avoir réponse à cette question, Draco s'était rendu dans un salon commun. « Parce que les démons sont mauvais. » Voilà la réponse qu'il avait eue d'un autre ange. Soit.

Draco avait donc dû interrompre cette méditation pour se pencher sur le cas des démons. Pourquoi les démons sont-ils mauvais ? « Parce qu'ils sont les exutoires de Lucifer. Ce malin est tellement plein de sentiments néfastes qu'il les transfère dans ses sujets pour se soulager. »

Très bien, Draco médita donc sur Lucifer. A l'origine, il était le bras droit de Dieu, son plus fidèle ami et conseillé. Seulement, un acte de Lucifer déçut profondément Dieu qui fut alors obligé de le renvoyer du Paradis. Lucifer, fou de rage, devint alors l'Ange du Mal. Mais il était totalement aveuglé par sa colère et elle le rongeait de l'intérieur. Pour ne pas devenir fou, Lucifer créa les démons auquel il donna des petites parties de son âme souillée de haine. Il se retrouva alors avec une armée de démons qui lui permettait de tenter de se venger de Dieu.

Voilà pourquoi les démons étaient mauvais. Voilà pourquoi il y avait la guerre. Mais l'origine du problème demeurait secrète : qu'avait donc fait Lucifer pour tant décevoir son plus proche ami ? Personne ne le savait, et il en serait probablement ainsi pour l'éternité.

Pourtant, Draco était persuadé que de connaître ceci permettrait de tout résoudre. Si on savait quel acte avait commis Lucifer, s'il l'avait commis volontairement ou non, pour quelles causes et dans quel but, alors peut-être pourraient-ils régler le différend entre Dieu et Lucifer. Ainsi, Lucifer ne serait plus si en colère, et donc ses démons non plus. Et naturellement, ils n'auraient plus aucune raison de se battre.

Tout cela semblait si simple. Dieu devait forcément en avoir conscience aussi, alors pourquoi ne révélait-il pas ce secret qui pourrait tout changer ? Une pensée interdite s'insinua alors dans l'esprit du blond : la seule raison plausible pour que Dieu n'en parle pas, fut qu'il n'assumait pas. Ainsi, peut-être que Lucifer n'était pas le seul coupable dans cette affaire…

Draco ne comprenait pas. Il avait bien tenté d'en parler quelques fois, mais les autres anges furent scandalisés qu'il sous-entende que le comportement de Dieu n'était pas irréprochable. Il fut donc obligé de se taire, gardant pour lui ses questions. Et cela l'agaça prodigieusement, si bien qu'il décida que cela ne fut plus la peine de méditer alors que tant de secrets planaient sur ce Paradis.

Voilà la raison pour laquelle Draco était l'ange si passif que Blaise connaissait.

Draco rentra finalement chez lui, dans une petite propriété en retrait du village des anges. Sa maison était toute petite, et comportait trois pièces : une salle d'eau, une chambre et un salon. Toutes les maisons étaient identiques. La cuisine, indispensable chez les humains, était ici superflue puisque les anges n'avaient pas besoin de se nourrir. Manger était un concept inconnu chez eux. La salle de bain était toute petite, comprenant seulement une douche. Les anges n'aimaient en général que très modérément l'eau. Le salon servait parfois à recevoir, mais ce n'était pas le lieu privilégié des anges pour se retrouver. La chambre servait à se reposer quelques minutes par jour, le sommeil n'étant physiologiquement pas indispensable. Mais Draco, lui, aimait beaucoup dormir. Pendant que certains méditaient, lui laissait son corps et son esprit glisser vers un état alangui dans lequel il n'était plus maître de lui. Draco s'allongea donc sur son lit et s'endormit, l'esprit vide.

Il resta ainsi un moment, mais le temps était trop peu défini au Paradis pour qu'il puisse en avoir une idée plus précise. Il fut réveillé plus tard par le son lointain d'une corne de brume. Il se leva alors, malgré son manque cruel d'enthousiasme. Il avait pour ordre de se rendre dans le grand théâtre pour qu'on lui fasse part de sa mission.

Draco quitta sa petite maison sans un regard en arrière. Il n'y reviendrait probablement plus. Et pourtant, aucune nostalgie ne s'emparait de lui. A quoi bon ? Il ne s'y était jamais rien passé, comme nulle part ailleurs en ce Paradis si silencieux.

Lorsqu'il arriva dans le grand théâtre, Draco se dirigea automatiquement vers les gradins du fond. Une fois installé, il passa le temps en détaillant les autres anges. Il n'avait pas l'habitude de se retrouver en la compagnie d'un si grand nombre, lui qui était terriblement solitaire. Il remarqua alors qu'il y avait un grand nombre d'anges dérivés. Il y avait plusieurs femmes, quelques anges noirs ou métis, deux anges excessivement virils et toute une panoplie d'anges aux cheveux colorés. Du marron chocolat au mauve, en passant par le bleu nuit, toutes les teintes y étaient. Ils étaient de plus en plus nombreux, observa-t-il. Un peu décontenancé, Draco chercha alors du regard un véritable ange originel, et fut sidéré de n'en découvrir aucun. Il était le seul de la salle.

Il ne comprenait vraiment pas cette nouvelle lubie de Dieu de diversifier les Cieux. Le traditionnel corps originel était bien plus supérieur à toutes ces stupides inventions. Comment Dieu pouvait-il autant aimer les humains, au point de faire ressembler ses anges à cette sous-espèce ?

En cherchant désespérément un de ses semblables, Draco remarqua un autre ange dérivé. Il ne l'avait pas vu immédiatement, mais maintenant il avait l'impression de ne voir plus que lui. Un ange roux. Des cheveux indiscipliné et enflammé. Roux. Mais n'était-ce pas la couleur réservée aux démons de Lucifer ? Comment Dieu pouvait créer un ange roux, alors qu'il était d'habitude si intransigeant avec tout ce qui pouvait rappeler les Enfers ? Et Draco savait de quoi il parlait. Autrefois, le Paradis était peuplé de nombreuses créatures, mais les plus vénérées – mis à part les anges évidemment – étaient les Dragons. Or, pour une raison qui demeurait obscure, les Dragons s'étaient finalement rebellés contre Dieu et étaient descendus aux Enfers. Le créateur originel de Draco s'appelait Dragon. Lorsqu'il s'était couché, il lui avait légué ses ailes et son nom, comme il est encore courant de le faire. Mais Dieu le lui refusa car d'après lui, ce nom n'était qu'une souillure dans son Paradis. Seulement Draco, en tout jeune ange qu'il était, avait déjà vu naître en lui un respect sans limite pour l'ange dont il descendait. Garder son nom était une façon de lui rendre hommage et de le laisser vivre dans les mémoires. Après bien des efforts, Draco avait réussi à persuader Dieu, qui lui autorisa le diminutif de Draco. Mais cette histoire avait duré plusieurs décennies et le Paradis s'en souvenait encore. Alors comment Dieu pouvait de lui-même créer un être avec une si forte connotation démoniaque ?

Draco fut tiré de ses réflexions pour le moins perturbantes par Michael, l'Archange de la Guerre. Celui-ci se plaça au centre du théâtre et prit la parole d'un air grave.

« Êtres célestes, je vous présente la mission qui vous est attribuée par notre Seigneur tout puissant. Les démons sont devenus incontrôlables et nos troupes actuelles ne suffisent plus. Les nuits de pleine lune, ils remontent à la surface pour accomplir leurs actes répugnants. Ils volent, tuent, violent. Les humains ne sont plus en sécurité. Et même si ces êtres sont d'une déconcertante inutilité, nous leur avons jadis promis protection. Nous devons empêcher les démons de perpétrer leurs actes malsains. D'après notre expédition spéciale, les démons enlèveraient de jeunes vierges pour les placer au centre de leurs rituels morbides. C'est une offense directe à nous, êtres purs, et œuvres de Dieu. Nous ne pouvons tolérer cet affront à notre Dieu tout puissant. Voici en quoi consiste votre mission : vous allez descendre sur Terre et tenter d'arrêter les démons. Vous savez qu'il est pratiquement impossible de les tuer, vous vous contenterez donc seulement de les empêcher de nuire. Une fois rendus inoffensifs, ils seront envoyés dans les geôles. La fierté de Dieu est entre vos mains. Battez-vous ! Mais surtout, méfiez-vous des démons qui sont capables des pires ruses pour vous piéger. Et une fois cela fait, vous n'aurez plus la moindre chance de leur échapper. »

Assis bien droit à écouter en silence, Draco se demanda pourquoi les anges continuaient de protéger les humains. Les Âmes Glorifiées, que les hommes ignorant avaient surnommés Anges Gardiens, s'occupaient déjà de les protéger de leur propre stupidité. Toute la Troisième Hiérarchie était déjà plus ou moins reliée aux humains et descendait souvent sur Terre. Les Archanges, comme Michael, s'assuraient de les protéger des démons et les Principautés réalisaient leurs vœux. Comment osaient-ils demander plus ? La Deuxième Hiérarchie, dont Draco faisait partie en tant que Puissance, n'avait rien à faire avec les humains.

Avant qu'il n'ait eu le temps de s'en rendre compte, Draco se retrouvait dans la Salle de Transit avec tous les anges du Théâtre. On leur donna des vêtements plus adaptés au combat : un pantalon de toile spéciale, souple et résistance, d'une couleur marron glacé, un haut beige avec des protections couleur cuivre aux coudes, aux épaules et sur les mains et poignets, ainsi que des sandales en cuir. On leur donna également une ceinture où étaient accrochés différents armes et gadgets. Ils se changèrent tous en silence et abandonnèrent leurs anciens vêtements dans un coin de la pièce.

Une fois changé, Draco jeta quelques coups d'œil à ses coéquipiers. En les voyant tous si sérieux dans leurs tenues de combat, Draco prit conscience de leur réelle condition : dans moins de quelques minutes, ils seraient envoyés sur Terre pour se battre contre des êtres qu'ils ne détestaient pas et défendre des humains dont ils ne se souciaient pas. Mais comme tout ange digne de ce nom, Draco ne dirait rien. Seulement cette mission lui semblait des plus absurdes.

« Draco ! s'écria une voix que l'ange reconnu immédiatement.

- Blaise, que fais-tu ici ? demanda le blond.

Blaise avançait prestement vers lui en jouant des coudes pour se frayer un chemin entre les anges.

- Je voulais te voir une dernière fois avant ton départ. Je sais que tu penses que c'est ridicule, et qu'en plus tu ne risques rien, mais j'ai une drôle de sensation, tout au fond de moi. Comme un mauvais pressentiment, avoua-t-il finalement une fois arrivé devant lui.

Ses yeux brillaient d'une sorte d'inquiétude.

- Ne sois pas stupide, Blaise.

- Écoute, je voulais simplement te dire que même si tu ne m'apprécies pas beaucoup, moi, je te respecte énormément Draco, et je suis satisfait de tous ces moments que nous avons passés ensemble.

Draco s'autorisa un soupir, mais plus amusé que las. Blaise s'en rendit compte cette fois-ci, et ce fut pour lui la seule preuve que Draco le considérait comme quelqu'un de spécial.

- Tu es vraiment trop sentimental !

- Et toi pas assez, dit-il dans un grand sourire. Sois prudent, d'accord ? »

Draco acquiesça, puis Blaise s'en alla, chassé par les anges supérieurs. Les anges dérivés étaient-ils tous si sensibles ? se demanda alors le blond, encore amusé par son ami. Car oui, Blaise était bien son ami. Et le fait de savoir qu'il serait probablement triste de l'avoir perdu était la seule ombre de son projet de se coucher définitivement.

Les anges patientèrent un long moment, serrés les uns contre les autres dans cette petite pièce blanche. Puis enfin, une porte s'ouvrit. Une porte qui donnait sur du vide. Les anges n'hésitèrent pas, et les uns après les autres, ils sautèrent. Rapide et efficaces, de vrais soldats, pensa Draco. Quand ce fut son tour, il fit de même et déploya ses ailes.

Sentir le vent et l'humidité des nuages entre ses plumes lui envoya un frisson de bien-être. Voler était probablement la meilleure chose qu'il ait connu de toute son existence. Il tournoya plusieurs fois dans les airs, étirant ses ailes engourdies d'être restées trop longtemps repliées. Il aurait pu y passer des heures…

Seulement il s'aperçut que les autres anges avaient déjà commencé à descendre, et il fut donc obligé de faire de même. Il se dirigea alors vers la Terre pour retrouver les hommes, dégoulinant de sentiments et de futilité.

À suivre...