13 août 1938
Un homme est venu me voir aujourd'hui. C'était la première fois que j'avais un visiteur à l'orphelinat. Il ressemblait à un docteur... Du moins, c'est ce que j'ai pensé parce qu'ils veulent m'envoyer dans une maison de fous. Mais je ne suis pas fou. L'homme, il m'a dit que je n'étais pas fou. Ce n'était pas un docteur. Il m'a dit qu'il est un professeur, un mage.
Il est comme moi. Différent. Et il y en a d'autres qui sont différents. Je croyais être spécial, unique. Je hais ce mage qui a banalisé ce que je peux faire.
Je le hais, mais en même temps je l'admire. Il a l'air si puissant. Il sait des choses que j'ignore. Mais il m'a dit que je pouvais devenir comme lui, que je pouvais apprendre et contrôler mes dons. Il m'a proposé de le suivre et d'aller étudier dans une école pour les gens comme moi, différents. Watford. C'est le nom de son école de magie.
Est-ce que c'est vraiment ça qui explique mes aptitudes? La magie? Si c'est ça, je ne sais pas si je devrais quitter l'orphelinat. Ici, je suis plus fort que tous ces enfants. Là-bas, je ne serai peut-être qu'un parmi tant d'autres.
Pourtant, je refuse de croire que je ne suis qu'un parmi tant d'autres. Après tout, on ne m'a rien appris, personne ne m'a guidé et je crois que pour un garçon de 11 ans, je peux déjà faire beaucoup de choses. Je peux déplacer des objets sans les toucher. Je peux contrôler des animaux sans les dresser. Je peux faire du mal à ceux qui sont méchants avec moi.
C'est vrai. Les gens ne me comprennent pas, ils ne m'acceptent pas. Ils sont méchants avec moi parce qu'ils ne reconnaissent pas ma juste valeur. Le mage, lui, a l'air de comprendre. Il a même eu l'air impressionné, ou effrayé je ne suis pas certain, lorsque je lui ai parlé des secrets que me révèlent les serpents. Au fond, je ne suis peut-être pas banal, même dans le monde de la magie. C'est peut-être à ce monde-là que j'appartiens.
Finalement, je pense que je vais essayer. Que je vais prendre le chemin que m'a ouvert le mage. Je n'ai rien à perdre et sûrement beaucoup à gagner.
