Il faisait un froid glacial en ce matin de décembre. La neige recouvrait de son long et immaculé manteau la lande anglaise. De légers et fins flocons tournoyaient violemment au gré des bourrasques hivernales. Un homme seul se tenait en haut d'une colline surplombant une rivière qui bordait les terres d'un petit cottage du XIX ème siècle. L'homme reprenait son souffle, luttant contre le vent et la morsure du froid qui s'insinuait dans sa gorge à chaque respiration. Il abaissa lentement la capuche de sa cape de laine noire et épaisse. Il avait les cheveux noir geai, en bataille, grisonnant sur les tempes. Ses yeux, tels deux émeraudes étaient cachés par de fines lunettes rondes. Il avait le visage marqué de fatigue, comme pour ceux qui en auraient trop vu, ceux qui auraient connu de graves tourments. Il avait les lèvres pincées et les épaules basses d'avoir porté un fardeau bien trop lourd.
Le vent le gifla violemment au visage dévoilant une fine cicatrice sur son front, elle avait la forme d'un éclair.
L'homme remit sa capuche et entreprit de descendre la colline par un petit chemin, à peine visible sous la neige. C'est au prix d'effort considérable qu'il parvint devant le cottage. Il porta la main à sa poche serrant sa baguette d'une main ferme, et d'un pas décidé, entra dans la demeure. Une fois le seuil franchi, il accueillit avec soulagement la douce chaleur ambiante, qui contrastait fortement avec le froid mordant extérieur. Son attention fut soudainement attirée par une mélodie, provenant de sa gauche, derrière une lourde porte en chêne. Maintenant sa baguette prête devant lui, il entra dans la pièce en silence, l'esprit aux aguets.
Devant lui se dressait une cheminée si grande, que le foyer aurait pu contenir la moitié d'un arbre. Devant elle, il vit deux grands fauteuils de velours brun, ainsi qu'une large table basse, le tout trônant sur un immense tapis en laine. Il découvrit sur la table un objet d'où provenait la fameuse mélodie. C'était une petite boite à musique en acajou. Elle était finement gravée, son couvercle relevé était orné d'un lion d'or, dont la poitrine arborait les armoiries de Poudlard. La mélodie était mélancolique, semblable à une ritournelle d'enfant. Les notes retentissaient comme de fines gouttes de pluies qui ricochaient sur un lac. Perdu dans la danse lancinante de ces tonalités, il s'éveilla soudain quand il aperçut une main se poser sur la boite et une autre la suivre pour remonter la clé.
Un homme était assit dans l'un des fauteuils. Il avait les yeux fermés, une large estafilade sur la joue droite et les cheveux blond cendrés. Bien qu'assit, on le devinait grand. Il portait un pantalon noir et une chemise blanche dont les manches étaient remontées, découvrant un tatouage sur le bras gauche. La marque des Ténèbres ! Bien que sachant qu'ils avaient le même age, le brun remarqua que l'homme semblait vieilli prématurément.
-Tu compte m'observer longtemps ou tu te décide à me tuer ? C'est bien le but de ta visite, Potter ?
Harry fut surpris par le ton de sa voix. Elle était cassée et résignée. Il s'approcha de l'homme assit, la baguette pointée sur lui.
-Où est-elle ? Dit-le moi, Malfoy ! Où est Hermione ?
Le dénommé Malfoy se leva lentement, en soupirant.
-Tu peux baisser ton arme, Potter ! Il y a longtemps que je n'ai plus de baguette, tout comme il y a une éternité que la magie n'est plus entrée en ces lieux !
-Je t'ai posé une question, Malfoy ! Dit- moi où se trouve Hermione ! dit Harry sans baisser sa baguette.
Drago soupira de nouveau, puis prenant un manteau sur le dossier de son siège, dit :
-Suis-moi !
L'ex Serpentard conduisit Harry à l'extérieur, contourna le cottage et atteint ce qui ressemblait à un jardin clos. Il poussa un petit portail grinçant, et s'effaça pour laisser l'ex Griffondor entrer. Méfiant, Potter lui fit signe de passer devant. Malfoy haussa les épaules et s'exécuta.
Au centre du jardin endormi par le manteau d'hiver, se tenait une petite stèle de marbre rose.
Harry baissa sa baguette et tourna un regard interrogatif vers Malfoy. Celui-ci se pencha vers la stèle et en dégagea la pellicule de neige, laissant apparaître deux simples mots :
HERMIONE MALFOY.
