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Coucou tout le monde.
Bon cette fois pas d'OS mais une mini-fiction. Je vous préviens tout de suite : elle est finie. Je publierai assez régulièrement (je préfère ne rien promettre). Elle est en sept parties et vous pourrez négocier un épilogue. Elle est loin d'être parfaite, je sais que le parring Remus/Hermione ne plaît pas à tous mais j'avais une idée qui me trottait dans la tête… Je ne vous en dis pas plus !
J'espère que vous prendrez du plaisir à lire.
Première partie
Le pas rapide, Hermione avançait dans les rues désertes. Il faisait froid en cette sombre soirée d'hiver et peu étaient ceux qui bravaient la tempête glaciale. La neige semblait venir de toute part et une fine fumée traversa la barrière des lèvres d'Hermione lorsqu'elle respira. Sa capuche noire lui fut retirée par la violence du vent. La main en sang d'Hermione, jusqu'alors cachée dans la poche de sa robe de sorcière, rabattit avec force sa protection de tissu. Il ne fallait pas qu'elle soit repérée, pas si près du but. Elle continua de maîtriser son allure et sa démarche, personne ne devait comprendre qu'elle était blessée. Se concentrant, la jeune femme ignora la douleur. Tout son corps était en feu. À l'horizon, la forêt se dessina. Courage, se dit-elle en accélérant légèrement le pas.
-Trouvez-moi cette salope, entendit-elle au loin.
Hésitant un quart de seconde, Hermione avala sa maigre salive et se mit à courir. Elle bénit un instant la neige qui virevoltait avec force : elle effaçait ses traces de pas. Retenant une grimace, Hermione ne put s'empêcher de plaquer l'une de ses mains contre ses côtes. Elle avait mal, terriblement mal. Les Mangemorts ne l'avaient pas loupé.
La forêt se rapprocha, toujours plus et Hermione se força à regarder l'horizon. Elle le savait, si elle se retournait elle perdrait du temps. Lorsqu'enfin elle s'enfonça dans la forêt, elle s'arrêta un instant, appuyée le long d'un arbre. Le souffle court, il lui fallut quelques longues et précieuses minutes avant de retrouver la force de continuer son périple. Des larmes de douleur coulaient sur ses joues rougies par le froid. Hermione vérifia un instant que personne ne la suivait et que ses pas étaient peu visibles puis elle reprit sa route. Le QG n'était plus très loin. C'était elle qui avait eu l'idée de la forêt. Qui pourrait se douter que les membres survivants de l'Ordre se cacheraient ainsi, à quelques pas du Manoir Malefoy, presque sous le nez des Mangemorts ? Pendant des semaines, Hermione s'était aventurée dans cette fameuse forêt. Elle avait appris à reconnaître les arbres, les lacs, les petites grottes. Puis elle avait choisi le plus grand chêne et avait construit magiquement un endroit, une petite maison de bois uniquement visible pour ceux étant dans le Secret dont elle était la Gardienne. Quelques jours plus tard, tous se réunirent dans la petite cabane isolée. Ils l'agrandirent et en firent un refuge, un lieu bien à eux où chacun avait sa chambre. Le besoin d'intimité se faisait souvent ressentir lorsqu'on vivait si nombreux. Hermione était fière de son idée. Fière également d'avoir instauré des tours de garde parmi les membres pour pouvoir agir en cas d'attaque. Cela faisait 7 ans que cet endroit était leur cachette. Ils l'avaient remodelé, agrandit, et jamais jusqu'alors ils n'avaient eu le moindre problème.
Hermione ne put retenir un soupir de soulagement en voyant apparaître le QG. Elle passa la barrière magique, se précipita presque sur la porte et frappa trois coups, comme convenu.
-Agent HL, 790919, annonça Hermione la voix hachée.
-Quelle est la dernière chose qu'Hermione m'ait dite ?, demanda la voix reconnaissable de Ginny.
-« À mon retour, il n'en restera plus qu'un. », répondit la jeune femme en retirant sa capuche.
La porte s'ouvrit et Ginny apparut, baguette malgré tout en main. Elle regarda un instant Hermione et eut une expression surprise.
-Que s'est-il passé ?, demanda la rouquine en faisant rentrer son amie.
C'était une question purement rhétorique : Ginny savait très bien ce qu'il s'était passé. Ou plutôt, que ça ne s'était justement pas passé comme prévu. La rouquine se força à ne pas y penser, à ne pas restituer chaque visage parti à la mort.
À peine Hermione fut-elle rentrée qu'elle s'écroula sur le parquet du couloir. Avec hâte, Ginny se pencha vers Hermione et l'aida à se relever.
-Ne préviens personne, grimaça Hermione. Ils n'ont pas besoin de ça.
Ginny ferma les yeux mais hocha la tête. Le moral était bas au QG ces derniers temps. Un instant, la rouquine se demanda combien de fois Hermione était rentrée dans cet état sans qu'elle le sache. Depuis la mort de Minerva, Hermione avait pris la tête de l'Ordre. Elle était celle qui prenait le plus de risques mais elle était toujours rentrée et Ginny priait pour que cela dure.
Ginny bloqua l'entrée du couloir d'un coup de baguette afin que personne ne les voie. Elle ignora ses mains rougies par le sang de son amie, elle avait l'habitude. Avec les années, Ginny était devenue une médicomage hors pair. La rouquine s'approcha d'Hermione et regarda ses blessures, les soignant peu à peu.
-Est-ce qu'il y a un changement ?, demanda Hermione comme à son habitude.
La gorge de Ginny se serra. La rouquine se força à continuer ses soins. Elle prit un instant pour prendre une potion et un bandage dans la malle de secours qui se trouvait près de la porte et commença à entourer l'avant-bras d'Hermione. Sans que Ginny eut à le demander, Hermione but la fiole.
-Non, répondit doucement Ginny.
Un instant, Hermione laissa la tristesse l'envahir. Durant quelques secondes, l'ancienne Gryffondor ferma les yeux et pinça ses lèvres. À chaque fois elle espérait un changement qui ne venait jamais. Il fallait se rendre à l'évidence : Harry Potter était dans le comas depuis un an et demi. Ses chances de s'en sortir étaient de plus en plus basses avec les jours qui passaient.
-Comment va Jaimie ?, demanda Hermione pour alléger l'atmosphère.
James, le fils d'Harry et Ginny venait de fêter ses six ans et n'avait connu que la guerre. Dix ans qu'elle perdurait. Jamais alors le petit garçon n'était sorti du périmètre magique lié à la cabane. Et encore, à chaque fois il était lourdement surveillé. Ce n'était pas une vie pour un petit garçon. Mais égoïstement, ses parents avaient eu besoin d'un espoir, d'une raison de plus de se battre. Et Hermione ne pouvait que les comprendre. Alors que ses yeux se fermèrent naturellement à cause de la fatigue, Hermione se força à suivre la conversation.
-Il est avec ta fille, répondit Ginny dans un sourire.
-Il ne peut pas s'en empêcher, taquina Hermione.
Le petit rire de Ginny mit du baume au coeur à son amie. Contrairement à Ginny, Hermione n'avait pas voulu d'enfant avant la fin de la guerre. Son mari était, de toute façon, complètement opposé à cette idée. Mais le corps de la jeune mariée en avait décidé autrement et elle était tombée enceinte. Elle avait été interdite quand, en revenant de mission, Poppy lui avait annoncé qu'elle attendait un enfant. Hermione l'avait regardé et avait dit « C'est une erreur, je ne peux pas être enceinte ! C'est un accident c'est... ». Mais Poppy lui avait sourit. « Il n'y a pas d'erreur mon chou. Au fond de vous, vous vouliez cet enfant. Les sorciers n'ont pas d'accident. ». Shadya était née huit mois plus tard, avec ses mèches miels, ses tâches de rousseur et ses yeux chocolat malicieux.
Le sort piquant de Ginny ramena Hermione au présent.
-Désolée, murmura son amie. C'était le dernier.
-Ce n'est rien. Il faut que j'y aille. Je dois faire mon rapport.
-Hermione, tu tombes de fatigue… essaya d'argumenter Ginny.
Mais Hermione se relevait déjà maladroitement. La rouquine vint à son secours et l'aida à se maintenir debout, passant son bras sous celui d'Hermione.
-Ça va Gin. Je vais mieux, dit-elle en se détachant de son amie.
-Ils ne seront pas dupes tu sais. Tes vêtements sont en lambeaux et pleins de sang, de ton sang. En plus, Remus le sentira.
-Il l'a déjà senti, répondit discrètement Hermione en souriant quelque peu.
Hermione s'accrocha au mur le plus proche, ses jambes avaient failli la lâcher maintenant que l'adrénaline avait disparut. Mais elle devait être forte, maintenir une illusion. La seule personne à qui Hermione ne pouvait rien cacher, c'était son mari.
-Tu vois !
-La règle est la même pour tous Gin, claqua Hermione.
Ginny ne put s'empêcher de sourire face à l'aura de chef qu'avait repris Hermione. La rouquine regarda Hermione disparaître du couloir en boitant. Lorsqu'Hermione arriva à la porte, Ginny retira son sort de blocage et regarda avec fascination Hermione ignorer la douleur et avancer comme si rien ne s'était passé.
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Hermione passa la porte et tomba sur le salon à deux étages, plein à craquer. Tous les membres arrêtèrent leurs activités au son de la porte et un vacarme inquiet l'accueillit. La silhouette de Remus se démarqua et traversa la foule. En quelques secondes à peine, son mari était auprès d'elle.
-Je suppose qu'il est inutile de te demander d'aller te reposer ? Si tu es là, c'est que même Ginny a échoué, soupira le loup-garou à voix basse.
Tendrement, Hermione approcha sa main de la joue de son mari. Leurs regards se croisèrent, se soudèrent et la jeune femme lui sourit.
-Quand cesseras-tu d'être inquiet ?, lui demanda-t-elle.
-Quand tu arrêteras de te mettre en danger.
N'y résistant plus, Remus attira délicatement Hermione à lui et prit possession de ses lèvres. Comme chaque jour, il se demandait comment cette histoire avait pu prendre tant d'ampleur, comment même avait-elle pu exister. Et pourtant, aujourd'hui ils étaient mariés et avaient une magnifique petite fille, au milieu de la Guerre.
Depuis qu'Hermione était à la tête de l'Ordre, rien ne pouvait la convaincre de moins se donner à la cause, même pas leur fille. Mais Remus l'aimait aussi comme ça. Sa femme était forte, courageuse, entière.
-Mamaaaaan !, interrompit une petite voix en se précipitant parmi la foule.
Des sourires amusés se dessinèrent et les membres de l'Ordre permirent à la fillette de passer.
Hermione se détacha de son mari et s'accroupit en tendant les bras vers le petit ange aux cheveux miels qui se précipitait vers elle. La petite fille se jeta dans les bras de sa maman qui la porta. Remus ne manqua pas de remarquer la légère grimace de douleur qu'avait affiché sa femme durant un quart de seconde. Ça ajouté à l'odeur de son sang finit par convaincre Remus.
-Je suis rentrée mon coeur, dit doucement Hermione en caressant les cheveux de sa fille.
-Pas de rapport ce soir, annonça Remus d'une voix forte en ignorant le regard d'Hermione.
Quelques soupirs de soulagement se firent entendre. Tout le monde était épuisé. Si Hermione dirigeait l'Ordre, Remus avait néanmoins une place importante et ses décisions n'étaient jamais discutées. Hermione était trop épuisée pour s'énerver et résister. Cet aspect trop protecteur de Remus avait tendance à l'agacer mais ce soir, elle n'avait pas la force de se battre.
-Nagini a été détruit.
L'annonce d'Hermione déclencha une slave d'applaudissement et de cris de joie. Même sa fille tapa dans ses mains, heureuse. Elle ne comprenait pas vraiment, mais elle savait que c'était quelque chose de positif et cela lui suffisait.
-Néanmoins, continua Hermione en ramenant le calme. La fin de la mission s'est mal déroulée. Est-ce qu'un autre membre de l'équipe est rentré ?
Le silence lui répondit et Hermione serra un peu plus Shadya contre elle. Au loin, elle vit Seamus jeter son poing dans un mur. Dean faisait parti de la mission.
-Espérons qu'ils rentreront, murmura Hermione avant de reprendre plus fort. Rapport demain à 10 heures.
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-Elle est vraiment ton portrait craché, murmura Hermione en caressant les cheveux de Shadya.
La petite fille dormait dans son lit, paisible. Remus dévora des yeux les deux femmes de sa vie un instant puis serra sa compagne contre lui, frottant son nez contre son cou.
-Mais elle a tes expressions, ton sourire surtout.
-Au moins elle n'a pas mes cheveux, plaisanta Hermione.
Souriant, Remus embrassa la tempe de sa femme, ses mains sur ses hanches. Hermione arrêta de s'occuper de sa fille et se tourna vers Remus, les yeux pleins de désirs.
-Je t'aime, lui rappela-t-elle.
-Pas autant que je t'aime.
Les yeux d'Hermione pétillèrent. Possessif, Remus la porta. Naturellement les jambes d'Hermione s'accrochèrent aux bassins de Remus, ils se regardèrent les yeux brûlant de désir. Les amants quittèrent la chambre de leur fille pour se diriger vers la leur. Remus devait lui prouver ses dires…
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Ginny passa les portes en silence. Être la femme d'Harry Potter lui avait apporté du respect, c'était évident. Mais lorsque le corps inconscient de son mari lui était revenu et qu'elle s'était montrée forte, combative, déterminée, tout le monde lui avait donné une place vraiment importante. La jeune Weasley avait de nombreuses fois prouvées qui elle était. Nombreux étaient les proches qu'elle avait perdus à cause de cette guerre. Pourtant, elle ne s'était pas laissée abattre et n'en avait été que plus combative, toujours plus combative. Seule sa grossesse l'avait empêché de se jeter corps et âme dans la Guerre. James, son fils. Le résultat parfait d'un amour réel. Cet amour entre Harry et Ginny était palpable, fort, indestructible. Certains avaient eu des doutes, au début. Après tout, il s'agissait d'Harry Potter. Un temps, tout le monde avait imaginé leur Héros avec son amie de toujours : Hermione. Mais ça ne s'était pas passé ainsi. Quoi qu'ils aient fait dans leur vie, tout avait rapproché Ginny et Harry. Il avait fallu un regard pour que Ginny tombe éperdument amoureuse d'Harry, alors même qu'elle ignorait son nom. Ils avaient vécu de nombreuses épreuves, ensemble et séparément. Mais toujours ils s'étaient retrouvés. Ils étaient liés.
Le soir où Harry lui avait été partiellement arraché, Ginny était dans l'entrée. Ce n'était pas son tour de garde mais elle ne pouvait pas dormir. Remus non plus. Harry, Hermione et les autres auraient dû rentrer de mission depuis des heures. De temps à autre, Remus sortait prendre l'air. Il semblait prêt à craquer. Lui et Hermione s'étaient liés magiquement quelques mois auparavant. Harry et Ginny attendaient la fin de la guerre pour se marier et se lier.
Assise, Ginny regardait silencieusement Remus qui faisait les cents pas. De temps à autre, le loup-garou tendait l'oreille, soupirait et se remettait à marcher. Cela aurait pu énerver Ginny si elle-même n'était pas aussi à cran. Là où Remus ne pouvait rester immobile, Ginny n'était pas capable de bouger, comme si un geste signerait la perte de ses amis.
Soudain, Remus s'était arrêté et avait semblé respirer.
-Ils sont rentrés, avait-il dit. Tous les deux.
Un soulagement sans équivoque les avait serré. Remus avait ouvert la porte, suivit de près par Ginny. Ils avaient courut dehors puis ils avaient vu. Ils avaient vu le peu de membre de retour. Ils avaient vu Hermione sérieusement blessée, soutenue par Seamus. Et le corps qui volait dans l'air. Il n'avait fallu qu'une demi-seconde à Ginny pour le reconnaître.
Ses jambes avaient lâché.
-Non, avait-elle murmuré la voix écorchée et brisée.
Remus avait courut jusqu'à sa femme qui s'était écroulée dans ses bras. Dès qu'elle fut dans les bras de son mari, Hermione brisa le masque et se mit à pleurer. La voix hachée, brisée, elle avait raconté qu'ils s'étaient faits avoir. Que c'était un piège. Voldemort les avait pris par surprise. Lui et Harry s'étaient lancés dans un duel. Harry avait perdu, touché par le sortilège de la mort.
-Voldemort s'est écroulé, raconta Hermione d'une voix lointaine et sanglotante. Mais il s'est relevé. Et pas Harry. Harry ne s'est pas relevé.
La jeune maman regarda son mari, les yeux rouges.
-Il respire encore Rem. Je te jure qu'il respire.
Ginny s'était alors relevée et avait demandé qu'on le mette dans l'infirmerie. Quelques secondes plus tard, elle était penchée sur le corps de son mari et regardait avec fascination les mouvements de sa cage thoracique : Harry était vivant. Il respirait et son coeur battait. Mais rien ne semblait le réveiller.
Les premiers temps, Ginny avait pensé qu'Harry ne tarderait pas à ouvrir les yeux. Elle pensait que son corps s'était protégé, qu'il était trop fatigué. Que d'un instant à l'autre, elle croiserait le regard émeraude. Ginny était constamment au chevet de son mari, bien souvent avec James. Hermione lui rendait également de nombreuses visites. Mais un an et demi plus tard, Harry était toujours inconscient, enfermé dans une bulle étrange que rien ne semblait pouvoir faire éclater.
Ginny poussa la porte de la, désormais, chambre de son mari.
Il était allongé sur le dos, comme à son habitude. Il était relié par des fils et un bip sonore raisonnait. Son traitement était mixte, entre moldu et sorcier. S'ils n'avaient eu recours qu'à des moyens magiques depuis son coma, Harry serait mort d'une overdose de magie. Chaque semaine, Ginny changeait de mode opératoire.
Au fond d'elle, Ginny pensait que le coma d'Harry était lié à la vie de Voldemort. Ce soir-là, avec la destruction de Nagini, elle avait l'impression qu'elle se rapprochait de son mari.
Délicatement, elle s'approcha du lit et prit la main d'Harry. Elle la serra puis la mit sur sa joue en fermant les yeux. Un instant, c'était comme s'il était vraiment là. Elle sourit.
-Je t'aime, murmura-t-elle sans savoir s'il pouvait l'entendre.
