I'm breaking down – Partie 1.
- Oh putain !
- Gueule plus fort.
- Bordel, baise-moi, OUI !
En étirant les bras pour s'appuyer contre le mur, Tomas accrocha l'ampoule pendue au-dessus de leurs têtes et la fit grésiller. Bill lui agrippa les fesses et s'assura de lui imposer son rythme, beaucoup trop crevé pour lui-même se charger de la pénétration.
- Putain, accélère, souffla-t-il, le regard rivé sur son bas-ventre.
- J'ai mal au cul, haleta Tomas, presqu'à bout de forces.
- Ta gueule, arrête de te plaindre et remue-le.
Tomas serra les dents et s'empala un peu plus profondément sur le sexe de son partenaire. Il baissa les bras pour s'appuyer sur son torse, mais Bill se redressa et lui poussa les épaules pour le faire tomber sur le dos, déliant par le fait même leurs parties intimes.
Il se pencha vers lui et lui écarta brusquement les cuisses pour le pénétrer à nouveau, reprenant le rythme effréné qu'il s'était employé à lui faire respecter. Le dos de Tomas s'arqua et ses doigts s'enfoncèrent dans la couette pour serrer quelque chose. Seul son souffle saccadé parvenait à sortir de sa bouche, il était probablement entrain d'atteindre le summum du plaisir et de la douleur combinés.
- Pourquoi tu gueule pas ? se fâcha Bill, enfonçant toujours plus ardemment son sexe entre ses fesses.
S'y sentant obligé, Tomas prit son souffle avant de se remettre à crier tout ce qu'il ressentait, comme quelques minutes auparavant.
- HEN ! Bill, j'te sens bien, plus fort ! Baise-moi plus fort !
- Tu l'aimes hein ma queue ? T'aime bien que j'te l'enfonce ?
- Oh oui, j'adore ça ! Continue, encule-moi, fais-moi jouir, putain OUI !
- T'as un trop bon cul, bébé.
Le regard de Tomas se perdit au plafond au moment où le sexe de Bill poussa exagérément contre sa prostate, le faisant grimper au septième ciel. Il hurla à s'en péter les cordes vocales et planta ses doigts dans le dos de son partenaire, le faisant jurer.
Malgré l'orgasme de son soumis, Bill continua ses vas-et-viens jusqu'à ce qu'il atteigne lui aussi le nirvana. Il jouit entre ses reins et se laissa retomber lourdement sur son corps, à bout de souffle. Tomas inspira profondément, tentant lui aussi de retrouver un rythme de respiration normal et passa ses bras autour de lui pour le serrer contre son corps.
Quelques minutes passèrent avant qu'ils ne reprennent tous les deux contact avec la réalité. Bill fut le premier à faire un mouvement et ce fut de se retirer du corps du pauvre petit garçon qu'il écrasait. Il se releva lentement et étira le bras pour récupérer une boîte de mouchoir quelque part pas trop loin de son lit. Il nettoya brièvement son sexe avant de tendre la boîte à Tomas, qui mit plus de temps à se nettoyer, complètement crevé.
- Tu veux pas que j'te torche le cul, toujours ? se moqua Bill en s'allumant une cigarette.
- Non merci, je suis assez vieux pour le faire.
Bill s'adossa contre son mur et s'assit en tailleur, recrachant la fumée de sa cigarette en direction de Tomas.
- La prochaine fois, retire toi avant de jouir, c'est dégueulasse, toussota-t-il en chassant la fumée avec sa main libre.
Bill rigola bêtement et ferma les yeux.
- J'ai pas le temps, Tomas. Ton cul est tellement serré autour de moi… c'est meilleur que de se finir à la main. Tu voudrais que je te vienne dessus, peut-être ?
- Dessus ou en dedans, c'est dégueulasse. On pourrait pas faire ça un peu plus proprement, la prochaine fois ?
- Tu veux me faire mettre une capote ? s'étonna Bill en le dévisageant.
- Faudrait peut-être commencer à y penser, avant que tu me files le sida.
- Ta gueule salope, soupira-t-il.
Tomas fronça les sourcils et se redressa, jetant ses mouchoirs par terre.
- Ne m'appelle pas comme ça ! se fâcha-t-il.
- Mais c'est ce que t'es, répliqua son ami en haussant les épaules.
Tomas baissa les yeux et haussa les épaules. Bill ne le voyait que comme simple partenaire de sexe, ça avait toujours été comme ça. Il se racla la gorge et s'allongea dans le bon sens du lit. Bill grogna et le poussa légèrement pour qu'il n'empiète pas trop sur son espace.
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Je suis crevé.
- Rentre chez toi.
Tomas ferma les yeux. Il était résigné à rester là où il était. Mais le brun ne voulait plus de lui dans son lit. Il soupira, délia les jambes et se leva pour marcher jusqu'à sa fenêtre. Il tira le rideau – constitué d'un bout de vieux t-shirt noir - et ne fut même pas étonné de voir qu'il pleuvait et qu'un orage venait vers eux.
- Il pleut ? s'informa Tomas.
- Ouais.
- Tu pourrais me ramener chez moi…
- Marche ou appelle ta mère, je sors pas.
Il ouvrit un tiroir et fouilla pour trouver un boxer propre. Il l'enfila puis se saisit de son bong, qui trônait fièrement au-dessus de la pile d'objets qui couvraient son bureau et alla se rassoir sur son lit. Son ami ouvrit un œil, intrigué par le bruit qu'il faisait. Il soupira en le voyant faire chauffer son cannabis.
- T'es incapable de rester à jeun pendant plus d'une heure, hm ?
- Avant, pendant et après le sexe c'est toujours bon, c'est tout.
- Je peux ?
- Mh.
Bill inhala une dernière fois avant de lui tendre son bong. Le petit blond se redressa et s'en saisit pour s'embrouiller l'esprit et oublier ses derniers instants. Bill ferma les yeux et attendit. Il avait juste hâte que Tomas reparte, même s'il savait que probablement, il allait finir la soirée dans sa chambre. C'était toujours comme ça.
- Tu vas appeler ta mère ? lui demanda-t-il au bout d'un moment.
- J'ai envie de rester ici.
Le brun soupira et reprit son bong. Il se leva pour aller le reposer sur sa pile d'objets et commença à fouiller par terre pour retrouver le boxer de son ami.
- C'est que j'attends quelqu'un, lui expliqua-t-il en lui tendant son sous-vêtement.
- Qui ? s'étonna Tomas en fronçant les sourcils.
Il prit son boxer mais ne l'enfila pas.
- Un mec.
- On peut le faire ensemble, non ?
Bill hésita. Il haussa les épaules et vint s'allonger sur son lit. Le blond en profita rapidement pour se serrer contre lui et poser sa tête sur son torse. Bill soupira et posa subtilement une main dans son dos, n'osant faire aucune pression.
- Je sais pas si ça le branche.
- Alors décommande-le et baise-moi encore, souffla difficilement le blond.
Bill prit le temps de quelques minutes pour réfléchir. Tout ce qu'il voulait, c'était du sexe. N'importe qui était apte à lui donner ce qu'il voulait. Sauf qu'au bout d'un moment, Tomas le barbait.
- J'ai vraiment envie de le voir. Alors reviens demain, puis c'est tout.
Tomas retint un soupir et hocha lentement la tête sur son torse. Il embrassa son pectoral gauche avant de se redresser pour enfiler son boxer. Bill le regarda faire, la main toujours à peine posée dans le bas de son dos. Il se leva du lit à la quête de ses habits et prit son temps pour les mettre.
Lorsqu'il fut complètement habillé, il revint vers le lit et se pencha légèrement vers Bill pour lui quémander un baiser. Il le lui accorda, sachant qu'il en avait besoin. Puis il redressa parce qu'il savait qu'ensuite venait l'étreinte. Tomas était le seul à en nécessiter.
Il lui lança un petit regard qu'il savait parfaitement identifier. Tomas était légèrement dépendant affectif et Bill le lui répétait souvent. « Ne t'attache pas à moi, Tomas. Ça pourrait te faire mal. » Le blond tenta de lui sourire, puis quitta sa chambre en refermant précautionneusement la porte derrière lui.
Sauf qu'il avait déjà mal.
Le lendemain, Bill avait hésité à se présenter en cours. Il avait à peine fermé l'œil de la nuit. Son ami de fin de soirée avait bien évidemment dormi chez lui, l'en empêchant donc. C'est les yeux petits et rouges qu'il arriva donc en retard en classe, perturbant le cours.
Tomas profita du moment où le prof avait le dos tourné pour changer de place et aller s'assoir avec lui. Le brun retint un soupir et garda les yeux sur sa table, ayant la très forte envie de les lever au plafond. Il se força à lui sourire.
- Alors ? chuchota le blond.
- Alors quoi ? marmonna Bill.
- C'était bien, hier soir ?
- Pas autant qu'avec toi, dit-il.
Bill savait charmer les gens. Il voulait revoir Tomas dans ses couvertures, ce soir-là. Il frissonna et se frotta distraitement la nuque, un sourire incontrôlé prenant forme sur ses lèvres. Il fut touché par ses paroles. Il l'était toujours, que ce soit négatif ou pas.
- Je peux dormir avec toi, ce soir ? osa-t-il lui demander.
- Tom… tu sais que j'aime pas…
- Arrête, je sais très bien que l'autre à dormi chez toi, hier soir. Tu pues encore le sexe.
Le brun leva le collet de son t-shirt sur son nez et renifla la peau de son torse. Il se dit qu'en tous cas, il aurait peut-être dut prendre une douche, ce matin-là.
- Tu sais que tu viens pas que dormir, hm ?
- Je sais Bill. C'est toujours pareil.
Bill fit comme si les paroles du blond ne sonnaient aucunement comme un reproche et hocha doucement la tête. Il s'affaissa sur la table et ferma les yeux, histoire de prolonger sa nuit. Tomas croisa les bras et y posa sa tête, profitant du moment pour l'observer. Ceci représentait l'intégralité de ses cours.
Tomas regardait la scène d'un œil malveillant. Sa mâchoire se serrait inconsciemment et son subconscient lui ordonnait de tourner la tête. La jeune fille dans ses bras n'était probablement que le coup d'un soir, d'après lui.
Le meilleur ami du blond s'approcha de lui et lui tapota doucement l'épaule pour lui faire tourner la tête vers lui. Tomas mit quelques secondes à sortir de sa léthargie pour regarder le pauvre Taylor. Il fronça les sourcils d'un air impatient.
- Quoi ?
- Tu fais quelque chose, ce soir ?
- Ouais, pourquoi faire ?
- On aurait put faire un truc.
- Désolé, je vais chez Bill, lui déclara-t-il.
Taylor soupira et hocha la tête. Il s'en attendait. Il jeta un petit regard en directement du brun et le mentionna au blond.
- T'es sûr que tu vas chez lui ?
Tomas tourna à nouveau la tête en direction de Bill pour le voir rouler une pelle à la petite blonde. Il inspira profondément puis regarda son ami.
- C'est quoi le problème ? lui demanda-t-il.
- Il aime bien les blonds, hm ? se moqua-t-il.
Tomas le dévisagea. Il se ressaisit.
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- Que vous faites des choses pas très catholiques, lorsque vous êtes ensembles. Je me trompe ?
- Ouais. Je suis une pédale, peut-être ? Va te faire foutre, j'ai vraiment autre chose à faire que de me faire enculer, tu sauras.
Taylor haussa les épaules et soupira. Depuis quelques temps, son meilleur ami était quelque peu irritable et son caractère affectait particulièrement son entourage. Mais il décida que ce jour-là n'était pas un bon jour où lui en faire part, alors il se tut tout simplement, alors que Tomas reprenait sa contemplation, un tantinet frustré.
- Quand est-ce que tu seras libre, donc ?
- Demain, j'imagine que je n'ai rien de prévu.
- Alors j'aimerais bien te réserver. Est-ce possible ?
Le blond hocha lentement la tête et tenta de lui faire un sourire. La tâche fut difficile. Lorsque Bill lâcha enfin la blonde et qu'il passa devant lui, Tomas se leva précipitamment et fit signe à Taylor qu'il revenait dans une minute pour suivre le brun. Son ami leva les yeux au ciel et partit rejoindre d'autres copains – qui partageaient son opinion sur le fait que Tomas soit de plus en plus étrange.
- Bill ?
Le brun se tourna vers Tomas et ralentit le pas. Il cacha son agacement.
- Oui ?
- Tu vas te la faire ?
Bill rigola doucement, haussa les épaules et ouvrit son casier pour prendre son sac. Tomas s'agrippa à la porte et s'y balança doucement, attentif.
- Éventuellement, répondit-il après un bref instant.
- Ce soir ?
Il secoua la tête et tenta de tirer sur la porte de son casier pour le refermer. Tomas la lâcha et se rapprocha de lui.
- Non, j'en sais rien. Mais vient plus tard quand même, ok ?
- Pourquoi ? J'pourrais rentrer avec toi.
- Non, j'ai des trucs à faire. Vers vingt-et-une heures, soit là.
Le blond hocha la tête et pinça les lèvres. Il mourrait d'envie de le serrer dans ses bras mais il savait qu'il devait s'en abstenir. « Aucun contact en public, j'ai une réputation à tenir. » Il l'aurait possiblement embrassé, sinon.
- Bon, moi j'me pousse, souffla le brun en jetant son sac sur son épaule.
- Déjà ? Il reste un cours.
- Quand je te dis que j'ai des trucs à faire, c'est pas un prétexte pour me débarrasser de toi. À ce soir.
Puis il le quitta, ne lui adressant même pas un dernier regard. Tomas s'adossa à son casier et le regarda partir, la mine déconfite. Bill était beaucoup plus mystérieux que lui ne l'était pour son meilleur ami.
- La sensation n'était pas la même, grogna Bill en retirant son préservatif.
Tomas tremblait sur le dos, le regard fixé au plafond, le souffle coupé. Il préféra ne rien dire, sachant que sa voix était probablement cassée. Bill lui tendit quand même sa boîte de mouchoirs pour qu'il puisse essuyer son ventre.
- Ouais, ben faut quand même le nettoyer, soupira-t-il en fixant son sexe.
Il tourna la tête vers Tomas.
- Lèche-le.
- Bill, souffla le blond, épuisé.
Il se redressa lentement, prenant appui sur ses coudes, et fixa le brun, qui lui désigna son membre d'un coup de tête. Tomas dévisagea la chose et se rapprocha doucement de lui.
- Je mérite au moins ça, rajouta Bill. J'ai mis ta merde de capote !
- C'est bon, t'énerve pas, je le fais…
Bill, satisfait, se recula pour s'adosser au mur et allongea ses jambes devant lui. Le blond se pencha vers son entre-jambe et saisit son sexe d'une main. Lentement, du bout de la langue, il le parcouru de long en large, s'assurant de lécher chaque parcelle de peau. La main de Bill qui se plaqua derrière sa tête l'obligea à s'attarder quelques secondes de plus sur son gland avant de se redresser.
- Merci bébé.
- Mh.
Le brun se laissa un peu glisser, s'installant un peu plus confortablement. Il pointa à Tomas son paquet de cigarettes sur sa table de chevet, lui indiquant de le lui donner. Il s'exécuta et posa ensuite sa tête sur ses jambes, se recroquevillant légèrement sur lui-même. Bill alluma sa clope et posa son paquet sur son oreiller, puis toucha ses omoplates du bout des doigts. Tomas frissonna à ce contact et ferma les yeux.
La pièce était silencieuse. Seul le souffle de Bill lorsqu'il recrachait sa fumée était audible. Tomas profitait de ce calme pour se reposer un peu, sachant qu'il passerait probablement une nuit mouvementée. Il était mal en point, il aurait juste aimé que le brun se soucie un peu de lui, de son moral.
Au bout de quelques minutes, leurs corps furent refroidis et Tomas commença à trembler. Bill lui frotta les épaules pour tenter de le réchauffer ne serait-ce qu'un tout petit peu pendant qui se battait avec ses couvertures pour les remonter sur son corps. Elles ne couvrirent que les jambes du brun, mais il s'en fichait pas mal. Il était habitué à la fraîcheur du grenier.
Il avait préféré cette pièce à une chambre normale du deuxième étage pour y faire son espace personnel. L'endroit était petit et sombre, simplement éclairé d'une petite fenêtre ronde souvent camouflée par ses t-shirt. Il avait peint les murs en noirs et les avaient recouverts de posters de groupes qu'il aimait bien, et d'autres dont il ne connaissait même pas le nom. C'était juste pour la déco. Puis un bordel jonchait le sol, comme chaque chambre de tout adolescent normal.
Malgré la température glaciale de la pièce, Tomas aimait cet endroit. Ça puait le sexe et le cannabis à plein nez, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais il s'y sentait bien. Le lit de Bill était simple et dur mais avec lui, il était confortable. L'ambiance était toujours assez calme – mis à part leurs moments de sexe torride. Il préférait s'endormir dans cette chambre plutôt que dans la sienne.
- Tu t'endors pas ? s'assura Bill.
Tomas secoua légèrement la tête contre ses cuisses. Bill passa sa main sur sa joue et alla lui caresser les cheveux.
- Par contre si tu fais ça, oui, marmonna-t-il.
Bill rigola doucement et posa donc sagement sa main dans son dos. Tomas passa un bras sur ses jambes et se serra un peu plus contre lui. Le brun trouva son comportement un peu étrange, il était beaucoup plus câlin que d'habitude.
- Tout va bien, Tomas ?
Le cœur du blond fit un bond. C'était la première fois depuis quelques mois que Bill lui posait cette question. Pas un « tout va bien ? » pendant un rapport sexuel, par crainte de lui faire mal ou quoi que ce soit – de toute façon, Bill n'était pas du genre à se soucier du confort de ses partenaires, tant qu'il prenait son pied. Mais un « tout va bien ? » très global. « Dans ta vie ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? » Tomas interprétait celui-ci de cette façon.
Il renifla légèrement et tourna un peu la tête pour pouvoir poser son regard dans le sien. Bill vit rapidement dans ses yeux que la réponse était « non, ça va pas. » Mais il attendit que Tomas le lui dise par lui-même.
- J'en sais rien, souffla-t-il.
- T'es grave en manque d'affection, non ?
- Je suis juste bien, là.
Bill hocha la tête et tenta de lui sourire. Il avait beau lui répéter de ne pas s'attacher à lui, il savait qu'il l'avait quand même fait. Mais Bill était impuissant face à cette situation. Il ne s'était jamais attaché à qui que ce soit.
- Tu vas pas me foutre à la porte ? voulu se rassurer le blond.
- Ben non, pourquoi ?
- J'en sais rien. T'aurais pus en avoir déjà marre de moi.
- Non. T'es pas chiant, là. Ça va.
- Mh.
Tomas retourna la tête et ferma à nouveau les yeux. Bill tenait inconsciemment à savoir ce qu'il avait, alors il insista malgré lui.
- Tu peux m'en parler si quelque chose te tracasse, tu sais ?
- Crois-moi Bill, j'en aurais très envie. C'est juste que pour cette situation, t'es pas le confident idéal.
- Si tu veux, Tom. C'est pour toi. Mais fais en sorte d'aller mieux bientôt, d'accord ? Ton humeur m'affecte.
Le blond hocha la tête. Il tenta de se ressaisir le plus rapidement car en aucun cas il ne voulait transmettre sa mauvaise humeur au brun. Bill n'était déjà pas très agréable de nature. Lorsqu'il était en rogne, c'était encore pire à voir.
- T'as besoin d'un câlin ?
- C'est que j'voudrais pas abuser…
Bill rigola légèrement et secoua la tête. Il le saisit par les épaules et le força à se redresser.
- T'es en manque d'affection là, ça se voit. T'es toujours pire après avoir baisé, non ?
- Hm, c'est possible, rougit le blond.
Tomas se réfugia alors dans ses bras, remontant la couverture avec lui. Bill le serra le plus tendrement possible – dans son cas, le terme « tendre » était quasi-inexistant. Tomas avait juste besoin de sentir qu'il était là pour lui. Il sentit au moins l'effort qu'il faisait pour le réconforter.
- J'ai juste un truc à te demander, bébé, souffla Bill avant de l'embrasser au coin des lèvres.
- Je sais Bill, tu me feras du mal.
- Je suis sérieux, ressaisi-toi.
Le blond hocha mollement la tête avant de lui rendre son baiser. Il cala sa tête contre son épaule et se lova contre lui. Bill remonta légèrement ses jambes et Tomas en profita pour les mêler aux siennes.
- On reprend bientôt ?
De violents coups furent donnés contre la porte du grenier. Bill se réveilla en sursaut et se redressa, quittant l'étreinte du blond. Il sortit de son lit en jurant et tituba jusqu'à la porte. Son père se tenait devant lui, l'air pressé.
- Quoi ? s'énerva le brun.
- T'es en retard Bill, achète-toi un réveille-matin, bordel !
- C'est le matin ? marmonna-t-il.
- Oui, il est huit heures ! Dépêche-toi.
Bill soupira, jeta un coup d'œil vers son lit.
- Tomas est là… je peux pas y aller plus tard ? Vas-y, toi…
- Je vais bosser. Ramène-le chez lui, je m'en fous.
Bill hurla de frustration et lui claqua la porte au nez, réveillant le petit blond endormit dans son lit. Bill le rejoignit et tira lentement les couvertures pour le découvrir.
- Bill, arrête… j'ai froid…
- Faut que tu te lève. Ne traîne pas.
- Pourquoi ? bailla-t-il.
- J'm'en vais.
Le blond grogna doucement et tenta de ramener les couvertures sur lui mais Bill les lui arracha. Il se redressa donc et regarda son ami chercher ses vêtements. Il couvrit son sexe avec l'oreiller de Bill, patientant.
- Il est quelle heure ?
- Huit heures, répondit Bill en lui lançant ses vêtements.
- Faut que j'appelle ma mère ?
- Non c'est bon, j'te ramène.
- Mh.
Tomas s'habilla lentement, encore un peu endormit, tandis que Bill courrait d'un bout à l'autre de sa chambre. Le blond le regarda se préparer à l'arrache, n'ayant qu'enfilé jean et t-shirt. Il n'avait pas envie de se rafraîchir un peu, il savait que lorsqu'il serait chez lui, il dormirait à nouveau.
- Allez, viens.
Bill lui attrapa la main et le tira complètement hors du lit pour lui faire dévaler les escaliers menant au rez-de-chaussée. Il fit un arrêt à la cuisine pour se prendre une pomme, puis jeta le blond dehors, verrouillant la porte d'entrée derrière lui. Tomas marcha lentement jusqu'à la voiture, encore un peu perdu.
- C'est où chez toi, déjà ? lui demanda Bill en lui déverrouillant la portière.
- C'est sur la neuvième…
- … avenue ? le coupa-t-il.
Le blond hocha la tête et monta dans la voiture, prenant tout son temps alors que Bill était un peu pressé. Le trajet fut silencieux, Tomas s'endormait légèrement contre la portière. Lorsque Bill se gara devant chez lui, il vit sa mère penchée dans ses plates-bandes et se dit qu'elle s'y prenait tôt pour jouer dans ses fleurs.
- Ta mère est motivée, rigola-t-il.
- Mh, c'est que… il va faire trop chaud, cet après-midi, bailla-t-il.
- Ha…
Elle se redressa et se tourna vers eux. Elle sourit à son fils en le voyant, puis se repencha à nouveau dans ses fleurs.
- Bon bah…
- Est-ce qu'elle le sait ? ne put s'empêcher de lui demander le brun avant qu'il ne descende de sa voiture.
- Si elle sait quoi ?
- Ce que tu fais quand tu viens chez moi, sourit-il.
Tomas rougit légèrement et baissa les yeux, puis haussa les épaules.
- J'imagine qu'elle doit sans douter, j'y suis souvent.
- Tes parents savent que t'es gay ?
Il secoua légèrement la tête.
- Mon père le sait. Je ne suis pas très proche de ma mère, alors je lui en ai pas parlé, c'est tout.
- Alors lui, il le sait pourquoi tu viens chez moi ?
- Il me l'a pas dit, mais je sais qu'il sait.
Bill rigola et hocha la tête. Tomas lui sourit. Il n'avait pas envie de descendre de sa voiture. Il aurait voulu passer la journée avec lui.
- Et toi, tes parents le savent ?
- Mon père en a rien à foutre de ce que je fais, donc…
Le blond fronça les sourcils.
- Et ta mère ?
Il baissa la tête et haussa les épaules.
- Pourquoi est-ce que je ne l'ai jamais vue ? Tes parents semblent…
- … père absent, le coupa-t-il. Mère malade. C'est tout.
- Malade ? s'inquiéta Tomas.
- Ouais, mais j'ai pas envie d'en parler. Désolé.
- Ça va, je comprends très bien, Bill.
- Hm. Bon, descends. J'ai des trucs à faire.
Tomas le fixa pendant un bref instant, le regard ancré dans le sien. Il tenta de l'analyser, de lire en lui, sauf que Bill semblait complètement renfermé. Il baissa les yeux avant qu'il ne puisse détecter quoi que ce soit.
- Bonne journée Tomas.
- Toi aussi. On se voit…
- … lundi. Salut.
Se sentant presque rejeté, Tomas n'eut d'autre choix que de descendre enfin de la voiture de Bill. Il ferma doucement la portière, puis le brun parti en furie, surprenant sa mère. Elle se redressa et se tourna complètement vers son fils. Il s'avança doucement vers elle, les mains dans les poches.
- Qu'est-ce que tu fais ici si tôt ? se renseigna-t-elle.
- Bill avait des trucs à faire…
- Mh. Tu devrais tout de même retourner au lit, avec la tête que tu as.
Il lui sourit.
- Ouais. J'y allais.
- Bon repos mon chéri.
Il rentra chez lui, se déshabilla rapidement et se jeta dans son lit. Le sommeil ne fut pas bien long à rattraper, et il s'endormit très vite.
- Merde Tomas, debout !
Le blond émergeait lentement. Ses rideaux avaient étés ouverts et le soleil lui plombait sur le dos. Taylor se pencha sur son lit et le tapota l'épaule. Tomas grogna et se retourna pour qu'il cesse. Il ouvrit lentement les yeux et ne fut presque pas surpris de voir le visage de son ami si près du sien.
- Qu'est-ce que tu fous ? marmonna-t-il.
- Je viens chercher mon meilleur copain pour qu'on passe un peu de temps ensemble, ce qu'on ne fait plus depuis… trop longtemps.
- Mh. Sauf que je dors.
- Sauf qu'il est quatorze heures.
- Sérieux ?
Il se redressa pour jeter un coup d'œil à son réveille-matin et fut surpris de voir qu'il avait dormi aussi longtemps. Il passa ses mains dans son visage pour se réveiller un peu et soupira.
- Tu me fiche la paix deux minutes ? Que je me réveille.
- Si je sors de cette pièce tu vas fermer les rideaux et te rendormir. Alors non.
- On pourrait pas se voir demain ? Je suis crevé.
- T'as fais quoi cette nuit ?
- Rien. J'étais sur le net, je me suis couché à trois heures du matin, c'est tout.
Taylor le fixa, sceptique, puis hocha lentement la tête. Il savait bien qu'il avait au moins passé une partie de la nuit avec Bill, il n'était pas idiot.
- Avec Bill, c'était bien ?
- De quoi ?
Tomas haussa un sourcil et le dévisagea pour lui donner l'impression qu'il disait n'importe quoi.
- Ben vous avez fait quoi ?
- Rien d'extraordinaire. On a fumé et on a joué à la playstation.
- Fumer ? Depuis quand tu fume, toi ?
- Longtemps. Tu m'as juste jamais demandé, c'est tout.
- Du cannabis ?
- Ben oui.
Taylor souffla doucement, un peu étonné. Son ami le surprenait de plus en plus. Il commença à croire qu'il passait autant de temps avec Bill pour la drogue. Il n'aimait pas ça.
- Tu me le dirais si… t'avais des problèmes de drogue ?
- J'en ai pas, idiot.
- J'en ai avec le sexe, pensa-t-il, se décourageant tout seul.
- D'accord. Je fais juste… tu m'inquiètes, c'est tout.
- Je vais bien, soupira-t-il.
Son ami le fixa longuement, cherchant à trouver des réponses à ses questions dans son regard, mais Tomas rompit le contact en se levant de son lit pour aller s'habiller. Taylor le regarda faire, silencieux.
- Bon, tu veux qu'on fasse quoi ?
- N'importe quoi, du moment qu'on est ensemble ça me va, Tom.
- On a qu'à se balader, j'sais pas. J'ai pas envie de grand-chose.
- D'accord.
Lorsqu'il fut prêt, Tomas descendit à la cuisine avec Taylor et se prit quelque chose à manger. Il informa sa mère de son départ et quitta la maison avec son ami et ils partirent en direction « se perdre dans les quartiers ».
Après quelques longues minutes de marche, ils se posèrent sur un banc de parc sous la demande de Tomas, qui réclamait déjà « un petit moment détente ». Taylor resta debout devant lui, les mains dans les poches. Le peu de motivation de son ami l'énervait quelque peu.
- Tu veux dormir chez moi ce soir ? lui demanda-t-il.
- Hm, j'sais pas… Peut-être, je verrai.
- Oh Tomas… s'il te plait !
- Mais pourquoi ?
- Parce que ça fait longtemps ! grogna-t-il, déçu.
Tomas ne voyait pas ce qu'il faisait autour de lui, il ne voyait pas à quel point il rendait triste son meilleur ami, qu'il le laissait complètement tomber un jour à la fois. Bill le rendait entièrement aveugle.
- On ferait quoi ? s'informa-t-il en plissant les yeux pour apercevoir Taylor à travers les rayons du soleil.
- Tout ce que tu voudras ! On peut se faire une soirée film d'horreur, manger des nachos, faire des coups de téléphones, jouer à la playstation… J'ai acheté Call of Duty 6.
- Sérieux ? s'intéressa-t-il.
- Ouais. On peut jouer toute la nuit si tu veux…
- M'ouais… d'accord, pourquoi pas…
Taylor aurait préféré une réponse un peu plus enthousiaste mais que Tomas ait accepté était déjà assez pour le satisfaire. Il lui sourit et s'assit avec lui sur le banc, heureux. Le blond eut un petit sourire en coin et secoua la tête, songeant qu'il n'en fallait pas beaucoup à son meilleur ami pour le rendre heureux.
