Disclaimer: les personnages d'Inazuma Eleven ne m'appartiennent pas
Dédié à Lordess Ananda. Merci pour tous tes encouragements! J'espère sincèrement que tu aimeras :)
Prologue
Le personnel du manoir Blade s'affairait: la famille de leur maître partait dans quelques minutes pour conclure un accord et il fallait que leur départ soit parfait – tout comme leur retour, prévu quelques jours plus tard. Leur flegme habituel était remplacé par une frénésie péniblement réprimée. Ils avaient été prévenus bien trop tard de ce voyage, soit au retour de leur maître dans la matinée. C'était la première fois qu'ils disposaient d'aussi peu de temps pour s'assurer que rien ne soit oublié et qu'ils étaient préparés contre toutes les possibilités.
Victor, le fils cadet de la famille, observait leurs allers-retours sans réellement y faire attention. Quelque chose le tracassait à propos de ce voyage mais il ne parvenait pas à déterminer ce que c'était. Leur destination ne lui posait aucun problème: ils se rendaient chez un quelconque mage ou alchimiste pour lui trouver un chaperon qui le sauverait de la chasse aux sorcières. C'était le voyage en lui-même qui l'inquiétait. Pourtant, il ne croyait pas aux pressentiments, ni à quoi que ce soit du même genre, bien qu'il rencontrait souvent des pratiquants de l'ésotérisme. Ce qui ne faisait qu'accentuer son inquiétude. Mais il ne voulait pas ennuyer sa famille avec ça: ils avaient des préoccupations bien plus importantes que des inquiétudes sans fondements.
L'adolescent quitta son poste d'observation de mauvaise grâce. Comme si, en restant dans leur demeure, un malheur pouvait être évité. Mais ils ne pourraient jamais rester cloîtrés éternellement. À cause, en grande partie, du travail de son père qui les faisait voyager d'un bout à l'autre du pays – voire du continent. Mais aussi – et surtout – parce que le mariage de son frère avec la cadette des Blaze approchait à grands pas: les nombreux préparatifs que cela leur demandait les obligeaient à se déplacer énormément.
Il sortit du manoir en évitant adroitement les serviteurs qui courraient en tous sens. Malgré leur empressement, ils s'arrêtèrent pour le noyer sous leurs excuses avant de reprendre leur travail. Bien que ce soit le début du printemps, le froid vif de l'hiver avait perduré. La végétation n'avait pas encore reprit ses droits.
Victor suivit le large chemin dallé, bordé d'arbres, qui reliait le manoir et la petite place où se trouvait la diligence nuit qui les mènerait jusqu'à leur destination. Le conducteur qui s'assurait une dernière fois de la bonne santé des chevaux le salua d'un hochement de tête auquel il répondit, même s'il était encore hanté par son mauvais pressentiment.
-Ça n'a pas l'air d'aller, Victor, lui fit remarquer une voix douce qu'il reconnaîtrait entre mille.
Il se retourna. Son frère se tenait à seulement quelques pas de lui, souriant. Contrairement à lui, il ne semblait pas inquiet. Il se trouvait ridicule de ne pas pouvoir s'empêcher de croire à cette intuition alors qu'il faisait de son mieux pour la chasser de son esprit – ou, du moins, de la repousser. Il baissa les yeux.
-Ça va, j'ai juste mal dormi, dit-il en espérant qu'un demi-mensonge serait moins visible qu'un entier.
Son souhait fut vain. Une légère pression s'exerça sur son épaule, lui communiquant un soutient loin d'être superflu. Il releva la tête.
-Si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler.
-Je sais.
Ils s'entre-regardèrent un moment en silence. Paradoxalement, son pressentiment se précisait sans qu'il ne parvienne réellement à le déchiffrer.
-Mais c'est ridicule, commenta Victor dans un murmure.
-Pas si cela t'inquiète.
Avant que Vladimir n'ait pu ajouter autre chose, leur père les avertit de leur départ imminent. Victor en profita pour esquiver la conversation: il savait que son frère ne se permettrait jamais de dévoiler un sujet qui le dérangeait devant un public. Il était bien trop prévenant et considérerait cela comme une trahison.
Le cadet entra le premier dans la diligence et s'installa près de la fenêtre pour pouvoir observer le paysage pendant le trajet. Son frère vint s'asseoir en face de lui. Leurs parents, qui les rejoignirent peu après, l'empêchèrent de lui demander des détails sur son état. Le véhicule fut agité de soubresauts avant de se mettre en marche. Le rythme régulier des sabots claquant contre le sol et le grincement cahoteux des roues étaient les seuls bruits qui brisaient le silence. Aucun membre de la famille Blade ne parlait: aucun d'entre eux n'était d'un naturel bavard – même si Victor était de loin le plus taciturne.
Celui-ci sentit son corps s'alourdir. Le manque de sommeil venait de s'abattre sur lui. Son front se posa sur la vitre froide où son souffle forma de la buée. La dernière chose qu'il vit fut un paysage flou avant que ses yeux ne se ferment.
XXX
La scène qui l'entourait était à la fois familière et étrangère. Il était aux abords de la propriété de sa famille, où seule la nature régnait: une forêt dense l'entourait. Il fit quelques pas en avant, partagé entre l'envie de savoir ce qu'il faisait là et celle d'ignorer tout cela et de partir.
-Grand frère! Grand frère! répétait une voix d'enfant affolé.
Sans qu'il le veuille, il se mit à marcher dans la direction des cris jusqu'à une minuscule clairière où se trouvaient deux enfants. L'un était étendu au sol, souffrant. L'autre, agenouillé près de lui, ne savait pas quoi faire pour l'aider. Il les identifia comme étant Vlad et lui, des années auparavant. Pourtant, il n'avait aucun souvenir de ce moment. Ce ne devait être qu'un mauvais rêve: si son frère avait été si gravement blessé, s'il avait eu aussi peur pour lui, jamais il n'aurait pu l'oublier.
-Pitié! On a besoin d'aide!
Il voulut s'avancer mais il ne le pouvait pas. Son corps figé ne lui obéissait plus. Il pouvait seulement observer ce qui se déroulait, impuissant.
Une présence – qu'il détermina ennemie – surgit. Ses yeux d'ambre se posèrent sur elle avec la volonté de la chasser mais elle marcha directement vers les enfants. Quand elle fut près d'eux, elle avait revêtue une apparence humaine: un homme d'âge indéterminable, anguleux et habillé de noir du chapeau aux chaussures. Son ombre se projetait sur les deux enfants comme un sinistre présage. Son moi passé releva ses yeux mouillés vers l'inconnu.
-Il a besoin d'aide, répéta-t-il d'une voix tremblante.
Le sourire lugubre qui s'afficha sur le visage de l'individu avant qu'il ne s'agenouille près d'eux remplit le cœur de Victor de colère. Il posa une main sur les jambes de Vlad dont l'expression se détendit immédiatement bien que ses yeux demeurèrent clos. L'autre enfant le fixait, peinant à croire en la rapidité de sa guérison.
-C'est de la magie? murmura-t-il.
-On peut dire ça. Dans sept ans, je reviendrai chercher mon payement. En attendant, vous n'avez pas besoin de vous en souvenir.
Sans que l'enfant puisse ajouter quoi que ce soit, il posa une main sur son front. Les yeux de l'enfant papillonnèrent avant de se fermer. Il glissa vers le sol en s'endormant.
L'individu se leva lentement puis se tourna vers Victor, le regard plongé dans le sien. L'horrible sourire s'élargit.
-Sept ans.
Finalement, ce n'était pas qu'un rêve...
XXX
Les yeux d'ambre s'ouvrirent subitement. Leur reflet était plus grave que d'ordinaire. Tandis que Victor s'éloignait de la vitre pour s'asseoir normalement, il fit défiler dans ses pensées toutes les possibilités quant à la nature du sinistre individu. Il en retint rapidement une seule: c'était un démon des croisement. Il en avait entendu parler – de par leur travail, ses parents jugeaient nécessaire que lui et son frère aient des connaissances sur le monde surnaturel. Ces créatures faisaient des marchés avec les humains et réalisaient n'importe lequel de leur souhait en échange de leur âme qu'ils revenaient un certain nombre d'années plus tard – cela variait selon les individus. Sauf qu'habituellement, les termes du contrat étaient dévoilés plus limpidement que ça. En même temps, si l'on devait compter sur la sincérité des démons...
Il se crispa en sentant la diligence s'arrêter. Il ne pouvait s'empêcher de se mettre sur ses gardes même si c'était inutile. Vlad, ayant remarqué son changement de comportement, lui jeta un regard interrogateur auquel il ne répondit pas, de peur qu'il puisse y lire tout ce qu'il savait. Il ne se voilait pas la face sur les prochains événements. De toute façon, même aujourd'hui, même en connaissant les conséquences, il était certain qu'il aurait accepté le marché. Il ne le regrettait pas.
Épée à la main, son père descendit pour demander ce qu'il se passait. Il y eut un bref échange avant qu'il ne revienne. Apparemment, ce n'était rien de grave puisqu'ils repartirent aussitôt. Cela surprit Victor mais il n'en laissa rien paraître.
Le demi-silence revint, pesant.
Ils arrivèrent devant leur destination sains et saufs mais la diligence s'arrêta une fois de plus devant le portail. Les chevaux refusèrent d'aller plus loin et le cocher se répandit en excuses pour n'avoir pas pu mener son travail à bien. N'ayant d'autres choix, la famille Blade descendit. Le père et les fils portèrent les bagages les moins encombrant – le cocher avait voulu les y aider mais ils lui avaient confié la surveillance de leur voiture et de leurs affaires. Étrangement, quand ils eurent tous mis pied à terre, les chevaux se remirent en marche malgré les tentatives du conducteur pour les arrêter.
Sans s'en préoccuper plus que nécessaire, ils avancèrent vers la demeure et en franchirent la barrière. Victor s'arrêta sur le seuil en ressentant la présence sinistre. Il se tourna dans sa direction. Le démon, sous forme humaine, l'attendait au bord d'un sentier qui formait un croisement avec la route principale que sa famille avait emprunté. Il leur jeta un dernier regard avant de s'éloigner et d'accepter son destin.
Fin du prologue
Et voilà le prologue de ma première fic IEGO! En fait, j'aurais dû le publier plus tôt mais j'ai pris trop de temps pour faire l'image de couverture x) On entrera dans le vif du sujet dans le chapitre 1 qui devrait être publié dans deux semaines.
