Titre : Duo dans le placard.

Source : Gundam Wing AC

Auteur(e) : Lysanea

Genre : yaoi, romance, POV de Duo, flash back, un peu d'humour…

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient, sauf Cento !

Pairing : Heero/Duo, Trowa/Quatre (allusion)

Personnages : Heero Yui, Duo Maxwell, Trowa Barton (allusion), Quatre Raberba Winner, Wufei Chang, Réléna Darlian Peacecraft (allusion) + Cento.

Résumé : une sorte de séquelle à mon précédent os sous forme d'os (c'est intelligent, ça) ; après la nuit mémorable que Heero et Duo se sont autorisés à vivre en pleine guerre, comme une parenthèse, que se passe-t-il pour eux ? Duo nous raconte et se souvient, caché dans le placard de l'escalier…

Notes de l'auteure : désolée pour les deux ou trois gros mots glissés dans la fic… J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture !


Décembre AC 196

Je suis confortablement installé dans le placard à balai, sous l'escalier.

Aussi confortablement qu'on peut l'être, à vrai dire…

Pourquoi moi, Duo Maxwell, ex-pilote 02, ex pilote du magnifique gun dam Deathscythe, ex Shinigami, ex petit-ami de Heero Yui (tous ces « ex » et surtout le dernier sont relatifs) suis-je dans cette situation ?

C'est une longue histoire…

Il y a un an et demi, jour pour jour (ça s'oublie pas), Heero et moi, nous avons fait l'amour.

Au retour d'une mission particulièrement difficile, où il s'en est fallu de peu pour qu'on y passe tous, et moi en premier, tous les sentiments qu'on contenait, sans même s'en rendre vraiment compte, depuis un bon moment, nous ont explosé à la figure. Et les barrières dues à notre mission et notre conditionnement ont volé en éclat.

Un joli feu d'artifice, je dois le reconnaître, dont on a été les cinq seuls spectateurs…

Ils auraient été fiers de nous, J & co., s'ils avaient vu les têtes de leurs pantins armés ! Et nos cœurs…

Rien à foutre, on l'a pas volé, ce bonheur…

Trois mois après cette foutue mission et cette putain de nuit -désolé du terme mais voilà- y a eu ma capture…

Après avoir été une marionnette programmée par des savants fous, je me suis retrouvé en rat de labo… Ces abrutis de manipulateurs génétiques, biologistes de mes deux, à la solde d'Oz, ont osé tester sur moi une nouvelle arme. Ils sont carrément entrer dans mon crâne pour me faire croire que ma plus grand peur s'était matérialisée : j'ai plongé dans un monde cauchemardesque où Heero était mort en voulant me protéger. Heero que j'avais « humanisé », et qui avait perdu la vie à cause de ça…

Si c'est pas du pur Shinigami, frappez-moi…

Heero était près de moi, mais j'étais sûr que je ne le voyais qu'en rêve…

Heureusement, Wufei et lui ont été récupérer ce qu'il fallait sur le satellite où la mission a un peu, mais rien qu'un peu merdée, et J & co. ont pu me sortir de cet enfer…

J'ai retrouvé mon Heero…

Enfin, 01, bien sûr…

Qui ne m'appartient pas…

Et n'appartient à personne…

Et puis les armes, les missions, les infiltrations, les combats…

La boule au ventre quand je voyais s'envoler Wing ou lorsqu'il partait seul, le soulagement de le voir revenir, même blessé…

Les rares nuits où on s'est autorisés à dormir l'un contre l'autre, apaisant nos cauchemars…

Parce qu'on en a eu, des fichues missions déstabilisantes et traumatisantes !

Mais on était presque habitués.

Habitués à ne rien ressentir, à ne rien montrer, à continuer en ignorant la douleur physique et morale.

Si c'est pas malheureux…

Enfin, rester tous ensemble nous suffisait parfois.

Mais j'aimais ce caprice qui conduisait chacun d'entre nous dans le lit de l'autre…

Wufei restait un peu à l'écart, fidèle à sa réputation du plus solitaire des pilotes…

Pourtant, quand Heero ne rentrait pas pour cause de mission, c'est dans sa chambre que je dormais, parfois même dans le même lit.

Mais c'était rare, Wufei, c'est un cas aussi, je suis pas suicidaire à ce point.

Je l'adore, mais quitte à mourir sous les coups d'un de mes potes, en punition de mon audace, je préfère que ça vienne d'Heero Dragon des Glaces que de Wufei Dragon de Feu.

Mourir gelé ou cramé, entre deux maux choisir le moindre, je vote Yui…

Bref, tout ça a duré encore trois mois…

Et puis, enfin, il y a eu la fin de cette guerre, la Paix pour tous.

God save the Queen, et tout le toutim, sauf que la Queen en question, ça m'aurait pas dérangé qu'il oublie de la sauver de temps à autre.

Bon, je l'ai aidé parfois, mais on peut zapper ces passages sivoupléééé ? Elle les zappe bien, elle !

Pétasse

Oups, désolé…

Bref, ça nous a fait bizarre de passer d'un état de guerre à la paix tant espérée.

Les premiers temps ont été difficiles pour tous, mais on continue de s'habituer à construire quelque chose d'autre…

Trowa travaille à la reconstruction du cirque et son agrandissement, aidé de Quatre, qui reprend peu à peu les rênes de l'Empire Winner. Il est doué et diablement rusé. Je l'ai senti très vite, derrière sa gueule d'ange, c'est un petit démon. Et moi, qui joue les démons, je suis un vrai petit ange, au fond, d'après les autres.

C'est pour ça qu'on se comprend et se complète si bien !

Wufei a passé beaucoup de temps à essayer d'apaiser ses ancêtres ; j'ai pas trop compris son délire, mais je le respecte…

C'est pas pour ça que j'ai arrêté de l'embêter !

On s'est tous installés ici, sur Terre, où on a pris du repos et reconstruit ce qui peut l'être, en aidant ceux qui en ont besoin.

Je retourne parfois sur L2, j'aide Hilde et Howard, m'occuper un peu d el'orphelinat reconstruit.

Au début, je revenais très vite ici, parce que c'est ici, sur Terre, qu'est ma famille…

Qu'était Heero…

Heero qui aidait Réléna, et que je n'aimais pas savoir seul avec elle…

Pétasse rose

Heero, qui a fini par me quitter et partir, après dix mois ensemble, et dont l'absence m'est parfois trop lourde à porter…

Heureusement que les autres sont là…

Comme nous l'avions pratiquement convenu, le lendemain de cette nuit mémorable d'il y a un an et demi, à la fin de la guerre, nous avons essayé de construire quelque chose, tous les deux.

C'était il y a bientôt un an…

FLASH BACK

Décembre AC 195

Royaume de Sank, Palais Royal, réception officielle célébrant la Paix Universelle.

Heero s'avance sur la terrasse pour rejoindre Duo qui regarde la Lune en souriant.

Il admire un moment la pâle lumière de l'astre se refléter dans les yeux améthyste de son ami.

- Tu peux venir plus près, 'ro… murmure Duo, qui a senti sa présence, comme personne ne sait le faire.

Heero s'approche, les mains dans les poches de son pantalon à pince.

- Ah ! la lune, soupire le natté… Elle est si belle... J'me lasserai jamais de ce spectacle, tu sais.

- Moi non plus, répond l'ex 01, les yeux rivés sur lui.

Duo s'arrache à la contemplation du ciel et se tourne vers Heero, qui le regarde si intensément qu'il en rougit.

Il a eu le droit à ce genre de regard toute la soirée, au grand dam de Mlle Peacecraft.

Mais pour son plus grand bonheur… ainsi que celui des autres pilotes…

- Tu vas retourner sur L2.

Ce n'était pas une question.

- J'ai des choses à y faire, oui, mais… m'y réinstaller, j'suis pas sûr. C'est plus intéressant de vivre avec vous quatre !

- Hn.

- Je suis vraiment content qu'on reste tous ensemble. Ca m'a bluffé que Wufei ait accepté.

- Il l'a fait pour toi.

- Pourtant, je suis celui qui lui en a le plus fait voir, et c'est pas fini ! Il doit être maso, quelque part ! Vivement qu'on emménage !

- Tu pars et tu reviens quand ?

Duo hausse les épaules.

- J'sais pas encore. Je pensais faire Noël là-bas, à l'orphelinat, et revenir fêter le Nouvel An avec vous.

- Je… Je t'attendrai. Comme tu l'as fait pour nous deux.

Duo se tourne vers lui, surpris.

Heero se rapproche encore et entoure sa taille de ses bras pour l'attirer contre lui.

- 'ro…

- Je ne sais pas si on y arrivera, Duo, mais je veux essayer.

- Essayer ? répète-t-il. Vraiment ? Tu parles de ce qu'on a mis entre parenthèses, y a six mois ?

- Hn.

Duo pose ses mains sur ses épaules et plonge son regard dans le sien. L'acier fond sous l'améthyste.

- Tu sais qu'on est que des gosses, quelque part, jetés dans un monde d'adultes, avec l'illusion d'en connaître et d'en maîtriser les règles.

- Je suis un gosse, Duo. Tomber amoureux de toi, ça a été comme une naissance. Il ne me reste qu'à grandir, et je compte sur toi pour m'y aider. Tu veux bien ?

Duo sourit en se blottissant dans ses bras, nichant son joli nez en trompette dans le creux de son cou.

- Je ne crois pas t'avoir déjà entendu faire de phrase aussi longue pour parler d'autre chose que d'une mission, 'ro !

- Et… tu aimes ?

- Je t'aime, toi, répond-il en levant le visage vers lui.

Heero esquisse un sourire avant de l'embrasser tendrement.

- Je t'aime aussi, baka.

- Hey ! Qui t…

Sa protestation meurt sous le nouveau baiser d'Heero, plus passionné et fusionnel, de ceux qui font oublier le monde autour.

FIN DU FLASH BACK

Nous avons été heureux, durant ces dix mois, mais quelque chose troublait profondément Heero, quelque chose que je n'arrivais pas à atteindre, moi qui savait si bien le mettre à nu, lui, son corps, son âme, son cœur…

On a tout traversé ensemble, mais face à ça, je me suis retrouvé impuissant…

Et il a fini par partir…

Ca fait 3 mois, maintenant, que je me brûle les yeux à fixer l'horizon…

Que je me torture l'esprit avec nos souvenirs…

Que je me retourne le cœur avec cet saleté d'espoir qu'il rentre, qu'il me revienne…

Je l'ai senti arriver, tout doucement, je me rendais compte que ça n'allait pas, qu'il n'allait pas bien même si on était si bien, ensemble…

On a vraiment eu des moments magiques.

Ca nous a même pas étonné de réussir si bien notre installation, aussi bien en couple qu'entre amis, alors qu'on avait à peine 16 ans…

Tout a toujours été si naturel, entre nous cinq et entre nous deux.

Les bons moments comme les prises de tête…

C'est fou, on se connaît par cœur.

Et ce matin-là, j'ai su avant même qu'Heero ne parle, que ça allait être ses derniers mots sur notre couple…

FLASH BACK

Trois mois plus tôt…

Duo termine de faire la vaisselle et veut rejoindre Heero dans le salon, mais il ne l'y trouve pas.

Il monte dans leur chambre… vide, elle aussi.

Dans le couloir, il croise Wufei.

- Dis, Wu, t'as pas vu 'ro ?

Wufei soupire en entendant les surnoms mais ne relève pas. Il sait que ce n'est pas le moment.

- On est monté ensemble après le petit-déj, mais je l'ai pas revu depuis.

- Bah si tu le vois, tu lui dis que je le cherche, ce serait sympa…

- Ok.

Duo sourit et le dépasse pour continuer ses recherches. Le chinois le rappelle.

- Maxwell !

- Yes ? fait-il en se retournant vers son ami.

- Si tu as besoin de moi… de n'importe lequel d'entre nous, hésite pas.

Le sourire de Duo s'élargit, mais l'inquiétude dans son regard n'échappe pas à Wufei, qui connaît parfaitement ses yeux à force de l'avoir regardé.

- Merci ! fait-il sur un clin d'œil.

Le chinois repart, un peu gêné.

Duo a envie de lui lancer une boutade, mais il sent que ce n'est pas le moment…

Il doit s'occuper de son Heero, et il sait où il va sûrement le trouver.

Il prend la direction du grenier et sourit : l'échelle est sorti, Heero est bien monté sur le toit.

Duo l'y rejoint.

Il s'installe derrière lui, passant ses jambes de part et d'autre des siennes, l'entoure de ses bras et pose son menton sur son épaule.

Heero se laisse aller en arrière, contre son torse, et soupire.

- Ca va pas, 'ro ?

- Non.

Heero a toujours été franc.

- Qu'est-ce qui se passe, tu veux m'en parler ?

- Je n'aime pas te faire souffrir, Duo.

- Je sais.

- Mais je vais le faire quand même.

- Je sais aussi.

Heero veut se dégager mais Duo l'enserre plus fort entre ses jambes et entre ses bras.

- On peut rester comme ça, s'il te plaît ?

- Hn.

- Dis-moi ce que tu as à me dire.

- Je t'aime, Duo.

Duo le sait, mais depuis la fin de la guerre, il n'a que très rarement prononcé ces trois mots. Lorsque Duo lui demande s'il l'aime, il lui répond « oui » ou « à ton avis » « comment je te supporterai sinon ? » et son éternel « hn ».

Mais il le lui montre de bien des façons, qui lui sont propres, que Duo a appris à reconnaître.

Et avec son corps, aussi, beaucoup…

Comme il aimait leurs fougueuses étreintes, leurs nuits passionnées, la fusion de leur corps et de tout leur être…

Heero pose ses mains sur ses bras qui l'entourent, l'arrachant à ses pensées.

- Je t'aime, mais je n'y arrive pas… C'est trop difficile, cette vie qu'on a, c'est pas pour moi, pas encore. Je me sens à ma place à tes côtés, tu donnes un sens à chacun de mes jours, tu es ma raison de vivre, mais je ne m'y fais pas. Il y a tout le contexte et je n'arrive pas à m'adapter.

- Heero…

- J'ai essayé, je te le jure, mais si on continue comme ça, je… je…

- Tu vas me détester ? avance-t-il d'une toute petite voix.

Heero se détache et lui fait face, prudemment parce que le toit glisse. Il prend son visage entre ses mains, cherche son regard et sent son cœur se serrer ; la douce lumière améthyste est en train de s'éteindre...

- Tu m'as donné toutes les raisons du monde de te détester, de nombreuses fois, pendant cette guerre, je n'en ai jamais accepté aucune. Je ne pourrais jamais te détester, Duo. Mais gâcher ce qui nous lie, j'en suis capable, bien malgré moi. Je suis si maladroit… Et c'est tellement précieux pour moi, que je refuse de prendre ce risque.

- Alors, tu… nous deux… murmure-t-il en baissant les yeux.

- Je m'en vais, Duo.

Duo replonge ses yeux améthyste dans le bleu nuit de ceux d'Heero.

- Comment ça, tu t'en vas ? Tu vas t'installer chez Réléna, c'est ça ?

- Baka, qu'irai-je faire chez elle ?

- J'en sais rien, moi… Vous êtes très liés…

- Oui, mais pas comme tu l'imagines et le redoutes encore aujourd'hui. Je m'en vais, mais je sais pas où, encore. J'ai juste besoin de partir, de comprendre certaines choses... Pour mieux construire avec toi.

- Tu as vraiment besoin de partir pour ça, on peut pas t'aider ? Je jure que je te laisserai tranquille ! J'en suis capable…

- Je sais, mais non, Duo. C'est quelque chose que je dois faire seul. Tu le sais aussi bien que moi.

Duo soupire et niche son visage au creux de son cou, les faisant frissonner tous les deux.

- J'ai pas eu besoin du don de Quatre pour le sentir venir. Mais c'est difficile… Tout comme c'est difficile pour moi de te voir, jour après jour, te débattre avec cette ombre qui t'empêche d'être heureux et de profiter vraiment de nous.

- Cette ombre, c'est mon passé, Duo. Je n'ai jamais été qu'un soldat, sauf dans tes bras. C'est là que j'ai compris et que tu m'as montré que j'étais un homme, en faisant naître des sentiments si forts dans un cœur si froid et fermé.

- Tu m'en veux ?

- Baka… C'est toi qui devrait m'en vouloir. Pardonne-moi, si je te donne l'impression de ne pas t'aimer assez…

- Pourquoi tu dis ça, c'est pas ce que je pense ! le coupe-t-il en secouant énergétiquement la tête.

- Si je t'aimais assez fort, et je t'aime plus que je n'ai jamais aimé personne, j'arriverai, on arriverait ensemble à casser mon conditionnement en entier, à faire qu'être avec toi me suffise, sans demander autre chose. Comme Trowa, Quatre et Wufei. Comme toi…

Duo se redresse et passe ses mains dans ses cheveux, le décoiffant encore plus, si c'est possible…

- Nous avons subi un entraînement et un conditionnement similaire, mais non identique, 'ro. Nous avons chacun notre vécu. C'est difficile pour nous tous de ne plus être soldat, ça fait bizarre. Mais on a autre chose. Trowa a le cirque et Quatre, Quatre a son héritage à assumer en mémoire de son père, et l'amour de Trowa, Wufei doit honorer ses ancêtres et apaiser leur colère, qui semble éternelle… Moi, je t'ai, je dois prendre soin d'Hilde et remercier Howard, il y a les orphelins sur L2 qui comptent aussi sur moi. Toi, tu m'as, et tous nos amis, tu dois protéger Réléna mais elle s'en sort très bien. Ca ne fait pas beaucoup, alors que tu as été si indispensable, pendant la guerre ! Combien de fois, jusqu'aux derniers instants, le sort de l'univers a-t-il dépendu uniquement de toi et de ta capacité à accomplir une mission ?

- Sans la guerre, on a pas besoin de moi, c'est-ce que tu essaies de me dire. Je ne sers à rien.

Duo lui caresse tendrement la joue et pose son front contre le sien.

- L'homme n'est pas fait pour servir à quelque chose comme un objet, on a trop longtemps eu ce rôle, 'ro. On a plus besoin de 01, 02, 03, 04 ni de 05. On a pas besoin de 0I, non, mais de Heero, oui. Du jeune homme que tu serais devenu sans cette guerre, de l'homme en devenir que tu es au fond. Tu es quelque un d'exceptionnel, Heero, bien au-delà du soldat. Je t'ai montré que cet homme existait, cette nuit-là, et durant tous ces derniers mois, mais c'est à toi de l'imposer, mon Hee-chan. Alors, si tu dois partir pour ça, pars te débarrasser du Perfect Soldier, abandonne le loin d'ici. Et reviens-moi, 'ro. Parce que je ne pourrai pas vivre sans toi. Je sais qu'il ne se laissera pas faire, il a sa fierté, l'enfoiré. Je l'ai souvent combattu, rappelle-toi. Je viens encore de perdre. Mais je m'efface pour lui laisser une chance de partir la tête haute. C'est aussi une part de toi que j'admire et que je respecte.

- Arrête de faire le con, Duo.

- Je plaisante pas, ' ro. Je te laisse partir, je te laisse le temps qu'il te faut, mais tu as intérêt à me tenir au courant, parce que ma patience à des limites. Si tu ne reviens pas, je te retrouverai. Si je dois combattre de nouveau 01, je le ferai sans hésiter. Quitte à réveiller Shinigami.

- Baka…

- Toi-même… murmure-t-il avant de l'embrasser doucement.

- Je suis désolé, Duo, désolé que ça se passe comme ça. Tu es… tu…

- Chuuuuut, fait-il avant de poser se lèvres sur les siennes, encore une fois. Je t'aime, Heero. Ne l'oublie jamais. Tiens, prends ma croix, que le Dieu auquel je n'ai jamais cessé de croire te guide et te protège.

Il détache sa chaîne de son cou et la pose dans sa main.

Heero referme le poing et l'attire contre lui.

- Ai shiteru, Duo.

Heero l'embrasse encore, longuement, et le sert fort, tellement fort.

Il embrasse les larmes qui coulent sur son visage, tendrement.

Puis il se lève et s'en va.

Duo replie ses jambes sur son torse et entoure ses genoux de ses bras, posant son menton dessus.

Quelques minutes plus tard, il entend le bruit de la moto.

Il la regarde s'éloigner et emporter au loin une part de lui, de son cœur.

La moto disparaît rapidement, mais Duo a toujours le regard rivé dans la direction qu'elle a prise.

Le temps passe, il n'en a plus la notion.

Soudain, il sent des bras autours de lui.

Quatre ?

Non…

Ce parfum où le sucré et l'épicé se disputent la note de tête…

Wufei…

Sa surprise ne dure qu'une minute et il accepte le réconfort que lui propose son ami, en se blottissant dans ses bras et pleurant comme ça ne lui était plus arriver depuis très longtemps…

FIN DU FLASH BACK

Wufei a été incroyable, avec moi, depuis le départ d'Heero. Il s'est révélé d'un réconfort inattendu, mais salutaire.

M'offrir autant de fois le bâton pour se faire battre, me donner tant de fois l'opportunité de l'embêter, uniquement pour que mon esprit soit occupé à autre chose que remuer mon chagrin d'amour, ça a été une réelle preuve d'amitié de sa part.

Quatre et Trowa m'ont beaucoup soutenu et continuent de le faire, mais cette situation a crée des tensions, au début.

Je ne sais toujours pas si Quatre a réagi ainsi parce qu'il était jaloux de ne plus avoir l'exclusivité de me réconforter et de me soutenir, mais il a très peu apprécié que Wufei et moi, nous nous rapprochions autant.

Je passe beaucoup de temps avec lui, il m'apprend des techniques de combat vieilles comme la Terre, il m'apprend à respirer, et même à méditer. C'est pas facile, je suis une vraie pile, mais j'avoue que quand je sombre à cause des souvenirs avec Heero, me transformer en lotus me permet de repousser le chagrin et la vague de tristesse.

C'est devenu un rituel, on médite ensemble, même si je ne tiens pas longtemps.

Dos à dos ou face à face, je finis toujours par perdre patience ! Je l'observe alors et mon regard perçant fini aussi par avoir raison de sa concentration.

Ce qui est drôle, c'est que j'ai parfois été interrompu dans ma méditation, et que j'ai donc pu comprendre ce que ressentais Wufei, quand je l'embêtais, avant, en lui faisant le même plan. Du coup, j'ai encore moins de scrupules qu'avant à le faire… Je sais, c'est totalement paradoxal, mais je le suis un peu moi-même !

Duo qui médite, ça ferait hausser le sourcil gauche d'Heero, pour le coup…

Wufei a vraiment fait des miracles, avec moi.

Concernant cette tension du début, comme je vais de mieux en mieux, que j'accepte mieux la situation, sans oublier Heero, bien sûr, elle a un peu diminuée, et Quatre a arrêté de faire des remarques.

Mais je sens parfois son regard lourd de reproches sur Wufei.

D'ailleurs, ce matin, j'ai entendu Quatre dire à Wufei qu'il voulait lui parler, après sa réunion.

Là, pour le coup, j'ai senti comme une décharge électrique dans l'air.

II est maintenant 14h, et Wufei est dans le salon, il attend Quatre, qui ne va plus tarder.

Je suis censé être sorti récolter les premiers jouets donnés pour les orphelins de L2, Noël approche à grand pas. J'ai accompli une partie de ma mission, mais j'avoue que la curiosité m'a fait déléguer cette tâche à un ami, pour revenir au plus vite avoir une chance d'assister à cette discussion demandée par Quatre.

Demandée, avec cette intonation et son sourire d'ange, mais ce regard qui n'admet aucun refus, c'est plutôt ordonner, quand il s'agit de Quatre Raberba Winner….

Donc, voilà comment je me retrouve dans ce placard sous l'escalier, un visuel rendu uniquement par un maigre espace entre les deux portes légèrement ouvertes, mais avec un son parfait, confortablement installé depuis déjà vingt minutes…

Enfin, le bruit d'un moteur, puis des pas, une clé dans la serrure, et la porte qui s'ouvre.

- C'est moi ! fait Quatre en suspendant son manteau.

- Dans le salon, répond Wufei.

Je vois Quatre s'avancer.

Wufei est en tailleur sur un coussin, à même le sol.

Quatre s'assoit sur le fauteuil, face à lui.

- Merci de m'avoir attendu, Wufei.

- Ça a été ?

- Oui, je te remercie.

- Il y a du thé sur la table.

Quatre se sert une tasse et boit une longue gorgée sous le regard de Wufei.

- J'ai reçu des rapports assez inquiétant dont je dois te faire part, mais avant, j'aimerai mettre certaines choses au clair avec toi.

- Je t'écoute.

- Tu sais que je n'apprécie pas ce que tu fais vis-à-vis de Duo.

- Oui.

- Pourtant, tu continues, malgré ce que je t'ai dit.

- Tu as le droit d'avoir ton avis, que je respecte.

- Tu me déçois tellement, Wufei. Tu parles d'honneur et de justice, de respect, je ne vois plus aucune de ces valeurs qui forçaient notre admiration, chez toi.

Les poings du chinois se crispent sous l'insulte.

Duo est estomaqué.

Il ne pensait pas que Quatre pouvait parler ainsi et attaqué un des leurs de cette façon.

Il se reprend, fermant son esprit pour ne pas que Quatre devine sa présence à cause de ses émotions trop fortes.

- Nous n'avons visiblement pas les mêmes définitions de ces valeurs, Quatre Raberba Winner. Ce que je fais et que tu me reproches, je le fais en accord avec moi-même.

- C'est bien pour ça que je suis déçu, Wufei.

- Tu as besoin que je t'explique certaines choses. Je déteste ça, parce que j'ai l'impression de me justifier. Mais je le fais pour Duo, uniquement pour lui. Je ne veux pas qu'il ait à subir les conséquences d'un malentendu.

- Parle.

- Tu m'as reproché, il y a peu, d'avoir cherché à remplacer Heero dès les premiers jours après son départ.

- Oui. Tu as profité de la douleur et de la faiblesse de Duo pour te rapprocher de lui. Tu profites du besoin d'affection qu'il ressent, tu cherches à combler le manque créé par l'absence d'Heero. C'est honteux, Wufei. Heero n'a pas quitté Duo, il a juste pris ses distances pour qu'ils puissent construire quelque chose, il veut juste être digne de son amour… Et toi, tu profites de ça…

Wufei laisse échapper un petit rire.

- Je fais justice, Quatre, c'est tout.

- Justice ? répète le blond.

- Je montre à Duo toutes les possibilités qui lui sont offertes. Il est plus juste qu'il sache exactement ce à quoi il renonce en étant avec Heero. Pourquoi devrais-je m'effacer devant Heero ? Parce qu'il l'a aimé le premier ? Qu'il a eu le premier le courage d'avouer ses sentiments ? N'était-ce pas plutôt une opportunité ? Parce que Duo l'aime ? Et alors ? Je lui montre simplement qu'il peut aussi m'aimer, et que je peux le rendre heureux. Si Heero revient, il aura au moins le choix en ayant tous les éléments face à lui.

Quatre ne laissa rien paraître, mais il était sidéré par les propos de son ami.

Il en reconnaissait leur logique, même si ce mode de raisonnement lui était tout à fait étranger.

- Tu ne peux pas séparer un couple sous prétexte que l'un des deux serait peut-être mieux avec un autre, c'est leur choix ! C'est pas correct, Wufei. Ils sont ensembles, ils s'aiment, pourquoi t'immiscer entre eux deux ?

- Je n'ai jamais rien fait, lorsqu'ils étaient ensemble. Le départ d'Heero m'a offert une possibilité que j'ai su saisir. Et depuis, je ne force pas Duo, je n'ai jamais eu un geste déplacé envers lui, je n'ai jamais critiqué Heero, que je respecte et considère comme un ami et un frère d'armes. Je laisse Duo comprendre les sentiments que j'ai pour lui, et voir s'il pense pouvoir y répondre. Quelle que soit sa décision, je la respecterai. Et si Heero revient et qu'ils me demandent tous les deux de m'effacer, je le ferai.

Du fond de mon placard, je n'en reviens pas de tout ce que je viens d'entendre…

Et pourtant…

Quatre soupire, et boit encore une gorgée de son thé.

- Heero va bientôt revenir, Wufei.

Je sursaute et manque de me trahir, aussi bien par l'accélération de mes battements de cœur, que par le bruit que fait ma tête en rencontrant le bas plafond du placard.

Quatre tourne un instant la tête, mais Wufei parle, le détournant.

Merci, Wu !

- Tu l'as eu récemment ?

- Je t'ai parlé de certains rapports qu'on m'avait communiqué. Il y a de l'agitation, une de celle qui annonce de nouveaux affrontements. C'est assez grave pour alerter Heero.

- 01 va revenir, ça ne veut rien dire concernant Heero.

Quatre se lève, Wufei aussi.

- Si notre amitié compte toujours autant pour toi, ne le blesse pas, s'il te plaît. Ni l'un, ni l'autre. Dans ce monde de paix, Heero n'a que Duo, il prend le temps de l'accepter et d'être à la hauteur. Ca risque d'être perturbé si nos craintes concernant un nouveau conflit s'avèrent fondées. Le retour de 01 ne laisse rien présager de bon pour la relation entre Heero et Duo, j'espère que tu n'en profiteras pas.

- J'ai montré à Duo ce que je peux être et représenter pour lui, c'est à lui de prendre sa décision. Il ne sait rien de mes sentiments, je ne lui en ai jamais parlé. Mais je vais le faire rapidement. Et je respecterai son choix. Satisfait, Winner ?

- Je ne comprend toujours pas ta façon de penser, mais je sens ce que tu éprouves, autant pour Duo que pour Heero et nous tous. Je sais que tu n'as pas un mauvais fond, que tu ne cherches pas à blesser, que cette attitude te paraît normale et en accord avec tes principes. Je sais que notre amitié est profonde et sincère, et que ton attitude ne te paraît pas en contradiction avec elle. Je ne suis pas là pour te juger, de quel droit le ferais-je ? J'essaye juste de protéger mes amis, dont tu fais partie.

- Je sais, Winner. Mais avant de te monter le crâne comme ça, vient me parler. Nos cultures et nos systèmes de pensées sont différents et si on se donne pas chacun les codes pour les comprendre, on ne vivra que sur des malentendus. Notre amitié vaut mieux que ça.

- Tu as raison.

Wufei lui ébouriffe les cheveux après qu'ils se soient serrés la main.

- Peux-tu me montrer ou me parler plus en détails de ces rapports ?

- Quand tout le monde sera là. C'est grave, Wufei.

- J'attendrai ce soir.

- Je monte me changer et je repars au bureau. Je serai là vers 19h. Tu as besoin de quelque chose ?

- C'est à moi de m'occuper du dîner, ça ira. Duo ne va plus tarder.

- D'accord. Je passe chercher Trowa avant de rentrer. Si tu as besoin, tu me téléphones.

- Ok. A ce soir.

- A ce soir.

Quatre passe devant l'escalier et s'arrête un moment devant le placard, puis le contourne pour monter. J'entends ses pas au-dessus de moi.

Ce n'est que dix minutes plus tard, quand il redescend et sort, que je m'autorise à souffler et relâcher toutes mes barrières.

La curiosité est certes un vilain défaut, mais au moins, je sais ce qu'il en est réellement…

J'ai trop de choses qui tourne dans ma tête : Wufei qui a des sentiments pour moi… et qui veut m'en faire part… La paix qui est menacée… ce qui annonce le retour d'Heer… non, de 01...

C'est qui, ces fouteurs de merde ?

C'était trop demandé d'avoir plus d'un an de vie paisible, c'est ça ?

Et ça a pas été si paisible que ça, en plus.

Et merde !

Je sors de mon placard discrètement, profitant de ce que Wufei soit parti ranger la théière à la cuisine.

Je défroisse mes vêtements, sort rapidement, attrape mon vélo laissé à l'arrière et pédale à toute vitesse.

Je rejoins Cento qui doit m'attendre depuis un bon quart d'heure.

Je récupère la voiture avec tous les cadeaux, lui rend son vélo et je rentre.

Me composant un masque tout sourire de celui qui ne sait rien, je rentre à la maison.

- C'est moi ! Y a quelqu'un ?

- Dans le salon.

Je grimace involontairement avant de le rejoindre.

Il est allongé sur le canapé en train de lire un livre.

Cette position alanguie le rend diablement sexy…

Merde ! Depuis quand je trouve Wufei sexy, moi ?

C'est juste sa position, c'est juste sa position… et son profil… et la courbe de sa nuque soulignée par ses mèches brunes… et…

Stop !

Si j'avais pas entendu tout ce que je ne devais initialement pas entendre, j'aurai pas fait attention à ça

Je remet mon masque un peu bancal avant d'avancer.

- Salut, Wu ! Tu fais quoi ?

- Je lis en t'attendant. La tournée a été bonne ?

- Génial, les enfants vont être contents !

- Je pourrais t'accompagner, sur L2 ?

Je lui fait un grand sourire en m'asseyant sur la table basse.

- Avec plaisir ! Mais je te préviens, ils sont pires que moi, ils vont pas te lâcher !

Il se redresse et me lance un drôle de regard.

J'aurai peut-être du m'installer plus loin que la table basse, la mettre entre nous deux, par exemple…

- Duo…

Tiens, il m'a appelé par mon prénom, ce qui est super rare.

Je crois que je devrai m'inquiéter sérieusement, là…

- Euh… oui ?

- Faut qu'on parle…

Et Merde


Notes : je n'ai pas de suite prévue pour cet os, (ça en serait pas vraiment un, sinon) mais je pense reprendre les flash-back, notamment celui de la capture de Duo par Oz, enfin surtout après son sauvetage, ou comment gérer un Duo en proie à son pire cauchemar… Classique, je sais, mais j'ai envie de donner ma version. Merci d'avoir lu, en tout cas ! Kisu et bonne année 2007 !!!