Il pleut.

Non, il neige.

Ou alors c'est de la pluie froide. Très, très froide.

John Murphy court sous la pluie (oui, il a décidé que c'était de la pluie), en short et tee-shirt. Il a froid, bordel de merde. Vraiment froid. Il est mouillé jusqu'aux os, ses cheveux trempés tombent sur son visage. Il n'a pas le temps de s'arrêter pour les remettre sous son bonnet. Il est en retard. Carrément, complètement, vraiment en retard.

Quand son réveil avait sonné (c'était la onzième fois, mais seulement la quatrième qu'il entendait), l'école avait déjà commencé. Vite se préparer, mettre son slip à l'envers, le réaliser trop tard, puis estimer que, tant pis, il allait survivre. Sortir de chez soi en claquant la porte, courir une minute sous la drache, se rappeler qu'un cartable, pour aller à l'école, c'est pratique, courir à nouveau une minute pour aller le rechercher puis se remettre à courir vers son école. Courir cinq bonnes minutes à un rythme soutenu, insulter cinq fois sa montre, et plus ou moins quarante fois l'univers. Puis, enfin, arriver face à son école.

Et se péter magistralement la gueule en glissant dans une flaque d'eau. Entendre les crayons dans son cartable se briser sous son poids. Avoir le bassin en compote, le cul dégueulasse. Voir son humeur empirer (car oui, comme vous le voyez, c'est possible), et hurler contre le monde entier. Ne plus rien voir du tout à cause de ses cheveux. En avoir marre d'être en retard, et d'être toujours aussi Murphesque. Se dire que si ça se trouve, on souffre d'une hémorragie interne du bassin et qu'on risque de crever d'ici peu. Se dire que ça ne serait pas si mal, que ça l'empêcherait de se prendre une retenue pour cet Xième retard. Puis avoir un coup de frousse, parce qu'on a qu'une envie, c'est ne pas crever. Et réaliser qu'une hémorragie interne du bassin provoquant sa mort, ça risquait pas d'arriver. Enfin...noter qu'on ne sait jamais. Toujours rester sur ses gardes.

Se trouver soudainement pathétique, là, couché au sol sur le dos, écrasé par la pluie, sans l'énergie nécessaire pour se relever. Avoir pitié de soi-même, et même une vague envie de chialer. Être toujours dans l'obscurité la plus totale, tout ça à cause de putains de cheveux mouillés.

Puis sentir une main sur son épaule. Une large main, forte, assurée. Et une seconde, sous l'autre épaule. Être relevé avec force, et atterrir sur ses pieds. Avoir une perte d'équilibre, forcer son sauveur à maintenir sa prise sur ses épaules. Être lâché par une des mains, qui dégage les cheveux de ses yeux.

Voir l'homme face à soi. Ses vêtements collants à son corps musclé suite à la pluie, ses lunettes embuées, ses cheveux noirs trempés. Voir ses tâches de rousseur, sa mâchoire carrée, son regard bienveillant. Réaliser qu'on est gay en moins d'une seconde.

Sentir que le monde se met à tourner différemment.

Changer de priorités.

Se poser des milliers de questions, s'intéresser pour la première fois de sa vie à quelqu'un d'autre que soi.

N'avoir qu'une envie, partir en courant.

Et être retrouvé, encore et encore

Tomber amoureux, soudainement, doucement, de Bellamy Blake.

...

...

Hey ! Bonjour. Et surtout bienvenue. Bienvenue dans ce recueil de OS un peu bizarre. Bizarre, pour deux raisons:

De 1, ce n'est pas un recueil mais un calendrier de l'avent.

De 2, je ne l'ai pas écrit pour vous, lecteurs, mais pour la chère Blondie ( / Alagnia / Solène). C'est bientôt ton anniv', cocotte, et je t'offre ce calendrier de l'avent de OS Bellarke ! Euh... Murphamy. Pardon, ma langue a zippé (clin d'oeil). J'espère que ce (modeste) cadeau te plaira. Bon anniv' à l'avance, Blondie !

PS : je t'ai pas volé ton idée de cadeau, j'avais commencé à écrire ces OS avant le 30 septembre... c'est fou, n'est-ce-pas ?