Disclaimer: la série NCIS est la propriété de Donald P. Bellisario, CBS et Paramount. Je ne gagne rien avec cette histoire. Ceci étant aussi valable pour les chapitres suivants.

Spoiler : aucun.

N/A : J'aurais voulu mettre le personnage d'Abby, mais il ne s'intégrait pas à la trame de ma fic.

Contrairement à ce que peut laisser supposer le titre, cette fic ne finira pas en NC-17 (vous avez lu le résumé, non ?).

Cette fic étant en français, tous les grades correspondent à ceux de l'armée française.


UNE NUIT : GIBBS

Les locaux du NCIS se vidaient doucement et déjà quelques lumières électriques tentaient de gagner sur l'obscurité. Kate triait plusieurs dossiers posés dans un certain équilibre instable sur son bureau. Tony était au téléphone. Abby s'avança vers eux.

"Où est Gibbs ?" demanda t'elle.

"Je suis là Abby" répondit il en sortant de l'ascenseur, un café à la main.

"Un café à cette heure ? Tu ne vas pas pouvoir dormir" lui fit elle remarquer.

"Le café n'a jamais empêché de dormir. Tu as quelque chose ? "

"Non, je n'ai aucune preuve qui le relie au meurtre de Shirley Kilpatrick. Je n'ai plus rien à faire, je voulais savoir si je pouvais rentrer ? "

"Oui, de tout façon les policiers new-yorkais ne devraient plus tarder." Gibbs décrocha la photo de la jeune femme du tableau. Il la regarda un moment. Il connaissait par cœur ce visage. Elle était restée là, en face de lui pendant une semaine. Elle était mignonne, tout juste la vingtaine, elle était souriante et avait des yeux plein de vie, ses cheveux tirant sur le roux encadrant son visage. Elle paraissait heureuse dans son uniforme tout neuf de marins. Cette affaire allait lui échapper dans quelques minutes, sans qu'il n'ait pu la résoudre, du moins pas complètement. Il savait qu'il tenait le meurtrier, mais celui-ci n'avait rien avoué, et la police de New York allait venir lui le prendre. Il ne supportait pas les échecs, pas cet échec si près du but.

"On l'a encore une nuit" annonça Tony en raccrochant. "C'était les flics chargés du transfert. A cause du mauvais temps, aucun avion ne décolle de New York ce soir. Ils arriveront demain à la première heure. "

"Une nuit ? " il dévisagea les deux agents. "Aucune preuve matérielle… la partie va être serrée. Annulez vos soirées, Kate je veux un nouveau profil. Tony, refais une liste de tous les contacts qu'il a eu avec Shirley. Je vais aller lui annoncer la bonne nouvelle."

"Gibbs ! Tu m'as déjà demandé trois profils, je n'ai rien de plus à ajouter" s'exaspéra Kate.

"Trouve quelque chose à ajouter" répliqua Gibbs, d'un ton cinglant. Il se dirigea vers la salle d'interrogatoire.

"Je vous souhaite un bonne soirée" leur lança Abby, avant de s'engouffrer dans l'ascenseur.

"Merci Abby" lui répondit Kate.

"Avec ou sans anchois la pizza ? " lui demanda Tony, le téléphone à la main.

"Tony, tu sais…" le reste de la réponse de Kate ne parvint pas à Gibbs qui venait de refermer la porte de la salle d'interrogatoire. Aucun son du bureau ne traversait les murs.

La pièce était toute petite, peinte dans les tons blancs cassés. Elle était meublée d'une table et de trois chaises. Gibbs regarda l'homme qui attendait. Il portait la tenue orange des prisonniers. Il avait la tête couchée sur la table, le front appuyé sur les mains. Gibbs s'attarda prés de la porte. L'homme resta sans bouger un moment, à croire qu'il dormait. Enfin il releva la tête pour dévisager l'agent du NCIS.

"Agent Gibbs ? Auriez-vous appris une bonne nouvelle qui expliquerait votre sourire ? " demanda l'homme d'une voix traînant et sans timbre.

"Je venais vous annoncer que vous ne partez pas ce soir" expliqua Gibbs. "Le mauvais temps."

"Ho ! Le temps, une de ses données qu'on ne peut maîtriser. Mais il va nous permettre de continuer notre discussion la où nous l'avions laissée." L'homme étira les bras. La lumière étincela sur l'acier des menottes.

Gibbs attrapa une des chaises et s'assit en face du prisonnier. L'homme avait quarante deux ans, il s'était engagé dans la marine à dix sept ans. Malgré une grande intelligence et un bon dossier, il n'était qu'au grade de sergent. Il avait un physique passe par tout.

"Nous en étions à comment je suis devenu un monstre, je crois… La question étant devenons-nous un monstre ou naissons-nous monstre ? "

Jusqu'à présent, Gibbs n'était pas rentré dans son jeu. Il l'avait interrogé toute la journée sans rien obtenir. Il tenta de lire dans ses yeux, mais ceux-ci ne reflétaient rien. Une nuit, il n'avait qu'une nuit. Il allait résoudre cette enquête, quoi qu'il lui en coûte.

"Je pense que l'on devient un monstre" répondit il, après quelques secondes d'hésitation.

L'homme lui sourit. "Vous vous décidez à répondre à mes questions ? Vous passez outre ce que l'on vous a appris, à savoir, de ne donner à l'ennemie que son nom, son grade et son matricule ? "

"Je ne suis pas votre prisonnier."

"C'est vrai, c'est moi qui suis le votre. Quel était votre grade dans l'armée ? "

"Nous en étions à parler de monstres" le reprit Gibbs.

"A la façon de diriger vos hommes, de donner l'impression de toujours tout contrôler, je dirais que vous étiez chez les marins, vous aussi." Il le regarda droit dans les yeux. Gibbs soutint le regard.

"Je suis parti avec le grade de sergent. Pourrions nous retourner aux monstres ? "

"Je ne pensais pas que vous étiez le genre d'homme à croire aux monstres… Donc d'après vous nous devenons des monstres ? Votre idée se défend mais à ça je peux vous répondre que les enfants sont méchants entre eux, aussi bien physiquement que psychologiquement. Ils ne font pas la différence entre le bien et le mal, pour eux le bien c'est quand maman est contente et le mal quand maman gronde. "

"Si je résume votre idée, nous naissons tous sociopathes et seule l'éducation nous soigne ? "

"C'est une façon un peu simpliste de résumer, mais d'une certaine façon c'est ça. "

"Simpliste ? " répéta Gibbs. "Ha oui ! J'oubliais, vous êtes beaucoup plus intelligent que moi, c'est ce que vous avez essayé de me faire comprendre tout l'après midi. Mais si c'est le cas, pourquoi avez-vous été arrêté ? " demanda Gibbs, d'un ton narquois.

Les yeux de l'homme prirent un éclat méchant. "J'ai été victime des circonstances, encore une donnée qu'on ne maîtrise pas toujours. Sans le meurtre de cette pauvre Shirley, je ne serais pas ici. "

"Et vous chercheriez votre nouvelle proie ? "

"Vous aimeriez que je vous le dise ? "

"Ce que j'aimerais que vous me disiez, c'est que vous avez tué Shirley Kilpatrick."

"Je pensais qu'on était présumé innocent jusqu'à ce qu'on soit déclaré coupable ? Mais j'ai l'impression que pour vous c'est le contraire, je suis coupable et que je dois prouver mon innocence." Il ne paraissait pas choqué ou contrarié par ce qu'il venait de dire.

"Avez-vous tué Shirley Kilpatrick ? " reformula Gibbs.

"Pourquoi cette affaire vous touche tant ? Shirley vous rappellerez quelqu'un, une ancienne petite amie ? "

"Avez-vous tué Shirley Kilpatrick ? " répéta Gibbs.

"Shirley vous aurez plu… un peu jeune pour vous, mais je pense qu'elle est votre style de femme, dynamique, indépendante mais qui cherche malgré tout à être protégée…"

"Avez-vous tué Shirley Kilpatrick ? " le coupa Gibbs.

"Non, je n'ai pas tué Shirley Kilpatrick. "

"Pourquoi devrais-je vous croire ? "

"Vous n'avez aucune preuve et vous avez lu mon dossier. J'ai étranglé mes deux victimes alors que Shirley a été poignardé. "

"Vous tuez deux femmes il y a sept ans, puis plus rien ? Vous avez épuisé votre potentiel à tuer ? "

"C'est tout le contraire. Il a sept ans, j'ai été blessé au cours d'une mission… huit mois de repos forcé et encore cinq mois avant de pouvoir reprendre le service actif. J'étais cantonné derrière un bureau alors que je ne sais faire qu'une chose : tuer. C'est l'armée qui m'a appris. Je suis même payé pour ça et parfois on m'a donné des morceaux de métal, ce qu'ils appellent des médailles. Mais vous savez de quoi je parle. Vous savez ce que l'on ressent quand on tient sa victime dans son viseur, qu'elle ne sait rien, vous tenez sa vie entre vos mains… cette montée d'adrénaline et puis pfou. "

"Vous les avez tués car vous vous ennuyiez ? "

"Disons plutôt que j'ai eu un coup de folie... Ce qui peut expliquer ma négligence. "

"La folie ? C'est ce que vous allez plaider ? Pourtant vous ne me paraissez pas fou, je dirais même assez sûr de vous. "

"Si j'étais si sûr de moi, pourquoi ai-je sous-estimé ma deuxième victime ? Non, si j'avais prémédité mon coup je n'aurais pas fait cette erreur avec ma deuxième victime. J'aurais vu qu'elle était apte à se défendre. C'est comme ça qu'ils ont eu mon ADN. Mon autre erreur fut d'avoir utilisé la même corde pour les deux meurtres. "

"Et le meurtre de Shirley a permis de mettre un nom sur cet ADN qui attendait depuis sept ans."

"Nous ne pouvons pas stopper la science…. Mais je vous ai déjà expliqué pourquoi vous avez retrouvé mes cheveux dans la voiture de Shirley. Nous étions amis et elle me raccompagnait parfois chez moi. "

"C'est bizarre, je n'arrive pas à vous croire. "

"Pourtant plusieurs personnes ont confirmé cette histoire de voiture. "

On frappa légèrement à la porte et Kate pénétra dans la pièce, un dossier dans les mains. Gibbs se leva et lui laissa la place. Il devait sortir de cette pièce. Il ouvrit la porte, mais au moment de sortir il se ravisa.

"Vous voulez boire quelque chose ? " demanda t'il au prisonnier.

"Un soda. Pourrais-je avoir quelque chose à manger ? "

"Tony a commandé une pizza" remarqua Kate.

Gibbs les regarda. "Je ne suis pas loin en cas de problème" fit il, à l'attention de Kate. Il referma la porte derrière lui.