Prologue / Chapitre 0

Un bébé avec une queue de singe crie. Une lame de poignard s'abat dans le ventre du nourrisson.

La vision se troubla …

Le nourrisson et un homme sont au milieu d'un champ d'ordures. L'adulte tient la main de l'enfant dans la sienne. Un bouclier se forme autour d'eux, tandis que tout explose.

La vision se troubla ...

Une onde de choc, suivie d'une pulsation qui se fait régulière. Un être à la chevelure dorée se dresse dans toute sa splendeur, mais son aura, jaune tirant sur le vert, est tellement aveuglante qu'il est impossible de distinguer le moindre trait. Une puissance écrasante émane de l'être. Celui-ci semble regarder sa main rouge de sang, puis lâche un hurlement de rage pur et de douleur qui se répercute aussi loin que possible.

La vision se troubla …

Le même être fait face à des centaines de guerriers. Son aura est légèrement plus faible, ce qui permet d'apprécier sa haute stature et ses muscles saillants. Ses yeux semblent verts. Un sourire mi-confiant mi-fou couvre son visage...

La vision se troubla …

Des centaines de corps, du sang, des restes, de la fumée. C'est le même lieu, probablement le même moment, mais il semble faire beaucoup plus chaud. Un véritable colosse de couleur mauve se dresse sur le champ de bataille, haletant. Il est couvert de sang et de brûlures. Son visage est complètement tuméfié, ses cornes sont brisées. Son torse porte les traces de coups destructeurs, ses blessures sont pleines d'éclats d'une armure en miettes. Son avant-bras gauche semble avoir été arraché, ou désintégré. Un moignon de queue dégoulinant fouette l'air.

Face à lui, l'être à la chevelure dorée rit, les poings sur les hanches, un très léger filet de sang s'échappant de sa lèvre inférieur.

La vision se troubla …

Une ville à feu et à sang. Aux pieds de l'être se trouve un autre colosse au corps calciné et brisé. L'être regarde ses mains pleines de sang, avant de se prendre la tête et hurle de toutes ses forces.

La vision se troubla …

L'être fait face à deux personnes. Les deux ont les cheveux dorés, dressés sur leurs crânes. Le plus grand porte un kimono orange, tandis que le plus petit porte une armure blanche couvrant son torse, sans épaulières, sur un haut de corps bleu.

La vision se troubla …

L'être...est-ce toujours le même ? Sa taille est plus importante qu'auparavant. Ses muscles sont trois à quatre fois plus gros. Son aura, très dense, est verte. Deux cents mètres plus loin gisent deux guerriers aux cheveux noirs, presque nus, couverts de blessures et de brûlures. L'être millénaire prend de la hauteur, semblant savourer intensément ce moment.

La vision se troubla …

Le guerrier millénaire fait face à toute une flotte. Des milliers de vaisseaux de combats sont présents et à leurs côtés, des milliers de guerriers. Derrière eux se trouve une planète, d'où les multiples constructions sont visibles depuis l'espace.

La vision se troubla …

Une planète entière est absorbée dans une explosion verte...

L'Oracle ouvrit les yeux et fixa la bougie en face de lui. Une fois de plus, un nouveau danger aller surgir. Il porta sa main droite à son menton imberbe. Comme à chaque vision, il pesait le pour et le contre sur le fait d'intervenir en prévenant les personnes adéquates.

Ces derniers siècles, il était intervenu beaucoup plus souvent dans les affaires de ses semblables mortels, notamment pour aider les démons du froid. Encore une fois, ces derniers allaient devoir justifier leur suprématie et prouver leur utilité en sauvant la vie dans l'univers.

L'Oracle était un être plusieurs fois millénaire. Il était une anomalie au sein de son peuple, aujourd'hui exterminé suite à sa propre impulsion, mais aussi au sein de l'univers.

Il voyait le passé, le présent et l'avenir, bien que par bribes. Et il avait vite compris que le futur n'était pas définitif, qu'il pouvait être changé à condition d'agir au bon moment et de parler aux bonnes personnes. En conséquence, il était devenu calculateur, pragmatique. Au point de privilégier l'ascension des tyranniques démons du froid en tant que maîtres incontestés de l'univers.

L'Oracle se leva. Il était d'un physique athlétique et d'une taille approchant les cent cinquante centimètres. Sa peau était verte et dénuée du moindre poil. Son flanc gauche était orné d'une gigantesque cicatrice, trace d'un antique combat au cours duquel son bras fut arraché avec quelques morceaux de son torse. Son unique habit était formé d'un pagne blanc descendant jusqu'à mi-cuisse, par dessus un pantalon moulant noir. Il s'étira durant de longues secondes avant de finalement claquer des doigts et de s'adresser à une ombre dans son dos :

« Trsch, que le vaisseau soit prêt à décoller après ma ballade quotidienne. Et envoie un message à Cold. Dis-lui juste que j'arrive.»

L'ombre acquiesça sans un mot avant de s'enfoncer plus profondément dans la pénombre ambiante.

L'Oracle inspira profondément, referma les yeux et commença à marcher. Il connaissait son humble demeure par cœur depuis des centaines d'années maintenant, suffisamment pour ne plus prêter attention à quoique ce soit durant sa marche. Sa maison était composée de deux étages et d'une petite dizaines de pièces, dont sa salle de méditation. De forme ovale, dans un style sobre et très épuré avec essentiellement du gris pour couleur dominante, le mobilier était rare et ne s'étendait qu'au strict minimum.

Garder les yeux fermés lui permettait surtout de se concentrer intensément. Il connaissait la nature du futur problème, le Super Saiyajin, l'anomalie millénaire. Il avait déjà entendu parler des légendes de ce peuple, mais c'était surtout le dernier en date dont il se souvenait. Le millénaire laissa une profonde marque dans l'esprit de nombreux peuples comme étant le 'Destructeur', mais sans que personne ne l'assimile aux saiyajins, ceux-ci n'étaient pas encore connue sur la scène galactique. Le lien ne se fit que bien plus tard, à l'époque de la guerre entre les Saiyajins et les Tsufuls. A l'époque, l'Oracle s'était abstenu d'intervenir, à cause d'une vision, montrant un combat titanesque entre le guerrier et une petite coalition, avec la victoire de cette dernière. Mais aujourd'hui, les visions étaient différentes.

Au contact de l'air frais, le bonhomme se rendit compte qu'il était arrivé dehors. Il ouvrit les yeux et laissa balader son regard sur les quelques champs et les rares fermiers y travaillant. La planète comptait une petite centaine d'habitants, majoritairement des fermiers ou des techniciens pour son petit vaisseau. Tous étaient là volontairement, afin de subvenir à ses besoins. Un fin sourire s'esquissa sur son visage, couvert de cicatrices, œuvre d'une vieille torture. Il était temps pour lui de se dégourdir un peu !