Salut !

Je publie aujourd'hui quelque chose de nouveau. C'est une histoire merveilleuse, magique, incroyable, et...ce n'est pas moi qui l'ai écrite. Il s'agit d'une traduction de la fic de LadyBattossai, une des meilleures que j'ai jamais eu l'occasion de lire. J'ai récemment obtenu sa permission pour cette traduction, et je dois dire que je suis assez fière de mon travail, qui est moins facile qu'on pourrait le croire.

Bref, j'espère que vous profiterez de ce récit, que je ne peux que vous conseiller de lire.

Enjoy!


Crédits : Inuyasha et ses personnages appartiennent à Rumiko Takahashi. Shiro et le Roi Dragon appartiennent à LadyBattossai.

Crédit image : YoukaiYume


Chapitre 1 : Ink on Skin

« L'as tu enfin trouvé, Inuyasha ? » une voix résonna depuis la brillante ouverture de la petite grotte. S'arrêtant de creuser, une silhouette poussiéreuse jeta un coup d'œil au dessus du bord du trou profond dans lequel il se tenait, ses oreilles triangulaires tournées vers la source du bruit.

« Feh, » répondit le hanyou avec désinvolture, sa voix râpeuse et légèrement plus irritée que d'habitude. Mais il était proche. 'Encore quelques dizaines de centimètres et...' pensa-t-il en inspirant l'air frais une dernière fois. Il se pencha, continuant de ramasser la terre froide à l'aide de ses mains griffues. Avec l'odeur âcre de la poussière piquant ses yeux et irritant son nez, il lui fallut un moment pour retrouver sa position initiale. Puis, d'un mouvement rapide et adroit, il envoya de nouveau la crasse au bord du trou, sur la pile grandissante derrière lui.

Kagome réprima un sourire narquois en voyant la scène, décidant qu'il valait mieux cacher son amusement que de déclencher la colère du hanyou. Shippo avait déjà glissé quelques remarques pendant qu'Inuyasha travaillait, et s'était vu récompensé de plusieurs bosses sur la tête. Malgré le fait que cela accentue sa ressemblance avec un chien, elle ne pouvait nier que la technique d'Inuyasha était efficace.

Quand ses ongles crissèrent sur une surface métallique, il laissa échapper un cri triomphant et épousseta l'objet, cherchant ses bords. Entendant son succès, Miroku, Sango et Shippo apparurent à l'entrée de la grotte. Tourmentés par la curiosité, ils avaient passés une bonne partie de la matinée à s'interroger sur cet objet que le hanyou avait tenu à récupérer, leur faisant faire un large détour sur la route du village où ils devaient exorciser un démon. Grognant sous l'effort, Inuyasha tira un large coffre de fer hors du trou et secoua la poussière de ses vêtements et de ses cheveux désormais davantage gris que blancs. Il s'accroupit, et étudia les verrous de la boîte autrefois richement ornementée, mais dont l'exposition aux éléments avait depuis longtemps volé sa beauté originelle. 'Cela faisait 70 ans, après tout – dont une cinquantaine passés scellé sur un arbre' songea-t-il en effleurant de ses griffes la complexe serrure.

« Laissez-moi faire, » offrit Miroku, s'agenouillant près du hanyou plongé dans sa réflexion. Frappant la serrure rouillée sèchement à l'aide de son shakujô, elle céda rapidement. Son sourire suffisant était déconcertant, davantage encore que la facilité avec laquelle il avait ouvert le coffre. Avec révérence, Inuyasha retira le couvercle et commença à trier soigneusement le contenu parfaitement emballé. La curiosité l'emportant sur la patience, tous s'agglutinèrent autour du coffre, cherchant désespérément à savoir ce qui captivait leur habituellement rêche compagnon. Inuyasha les observa avec circonspection alors qu'ils ramassaient chacun un paquet et dépaquetaient délicatement les différents objets. Satisfait du respect qu'ils manifestaient, il continua sa recherche, s'arrêtant parfois pour renifler certains articles, ses pensées s'envolant vers une autre époque, dans un autre endroit.

« C'est un kimono, » souffla Sango, la surprise perçant dans sa voix, « Et il est magnifique. » Soulevant la délicate soie, elle observa les délicates fleurs de lotus roses et violettes parcourant le tissu. Elle n'avait jamais rien vu de pareil, sauf peut-être pendant ses voyages en tant que chasseresse de youkais, quand les plus élégantes Hime revêtaient leurs atours. Elle l'approcha de son visage, laissant le doux et frais tissu effleurer son visage. Même si elle n'avait pas de désir particulier pour des vêtements somptueux, il était difficile de ne pas imaginer la sensation que procurerait la parure d'un tel habit.

Kagome glissa le sien hors de sa délicate enveloppe, révélant un tanto noir et laqué. Des fleurs de sakura et des branches s'entrelaçaient sur la poignée, entourant une perle de nacre incrustée dans la garde. En retirant le saya, elle découvrit une lame ternie, mais forgée de toute évidence par une main experte. Fascinée par sa beauté, la lycéenne ne remarqua pas le hanyou qui se tenait devant elle, l'air d'attendre quelque chose.

« Kagome, » fit-il doucement, glissant dans sa main libre un peigne de style kanzashi. Enchantée par son nouveau trésor, elle accepta le peigne en demi-lune, attentive à ne pas l'abimer. Elle n'avait jamais vu de peigne en ivoire, et elle s'émerveilla devant les gravures représentant des tortues parcourant chacune de ses dents. Les dorures étincelant dans la faible lumière de la grotte, elle tourna de nouveau ses yeux vers Inuyasha, la douceur nouvelle présente sur son visage la faisant immédiatement rougir.

« Pour la yurei, au village, » ajouta-t-il ensuite, intrigué par sa réaction puis souriant d'un air entendu. Le rouge de ses joues disparaissant alors qu'elle s'apercevait qu'il n'avait pas saisi, elle retourna à la contemplation du peigne. Ils tentaient en effet de faire trouver le repos à l'esprit vengeur d'une princesse, mais il leur avait échappé plusieurs fois ces derniers jours.

« Inuyasha, es-tu sûr de vouloir prendre ce risque ? Miroku pourrait avoir tort. Peut-être n'a-t-elle pas envie de revoir le luxe de sa vie passée, » s'inquiéta Kagome, serrant nerveusement la parure dans ses mains. Plongeant ses yeux dans ceux, dorés, de son ami, elle l'étudia alors qu'il pondérait ses mots.

« Feh ! Je la ferais fuir avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, » proclama-t-il avec confiance, sa main effleurant sans aucune subtilité la garde de Tessaiga. Il tourna ensuite des talons pour sortir de la grotte, à la recherche du kitsune malicieux qui s'était éclipsé avec la balle de cuir qu'il avait trouvé dans le coffre.

« Alors tous ces objets sont des souvenirs de son enfance ? » Demanda Sango après un court instant de silence. Elle plia le kimono soigneusement, le plaçant de nouveau sous son enveloppe protectrice.

« Je pense, oui, » répondit Kagome, pensant à des événements qui avaient eu lieu quelques années plus tôt, « L'illusion de sa mère qu'on avait utilisée pour le piéger portait des vêtements semblables. »

« L'âge du coffre confirme aussi cette théorie, » commenta Miroku d'un air absent, distrait par un vieux parchemin qu'il tenait en main. Rendue perplexe par sa matière, Kagome continuait de fixer le peigne d'ivoire. L'ivoire n'était pas commun au Japon durant l'ère Sengoku, et elle se demanda distraitement qui aurait pu offrir un cadeau si unique et si spécial. L'image d'un puissant inu daiyoukai voyageant en Chine ou en Inde à la recherche du cadeau parfait pour son amante traversa son esprit. Un sourire découragé s'échappa de ses lèvres. 'Je me contenterai d'un demi-youkai me donnant un bol de ramen,' pensa-t-elle tristement. Presque une année d'attirance et de rares moments intimes pesaient sur sa confiance en elle-même. Qu'est-ce qui lui donnait de l'espoir ? Elle avait seulement réussi à obtenir un câlin, et presque un baiser. Sans compter qu'elle avait dû lutter avec Kikyo pour attirer son attention. Comment était-elle supposée vaincre la morte ?

La taijiya posa une main rassurante sur l'épaule de Kagome, effleurant sa joue en un geste de réconfort. Elle comprenait, mais qu'aurait-elle pu dire ? Avec ses propres problèmes romantiques, elles auraient pu en parler ensemble toute la nuit, pour se demander si Inuyasha ou Miroku créait le plus de problèmes... Une série de malédictions bourrues et un couinement l'interrompirent, la tirant hors de son auto-apitoiement. Kagome se dirigea vers l'entrée de la grotte. Shippo méritait probablement sa punition, mais elle devait au moins intervenir avant qu'Inuyasha n'aille trop loin.

Miroku restait perplexe devant le parchemin usé qu'il manipulait délicatement. La calligraphie exotique paraissait être un liquide noir sur le parchemin crème et les caractères semblaient presque danser sur le papier mince sous la lueur des bougies. C'était magique, mais le kanji était si étrange que même lui, un prêtre bien éduqué, avait des difficultés à le déchiffrer.

« Kagome, » appela le moine tandis qu'elle entrait en tirant derrière elle un Shippo penaud et accompagné par Inuyasha à l'apparence innocente et lançant avec entrain une balle de cuir dans l'aire. « Peux-tu lire cela ? »

« Peut-être », répondit la lycéenne, déposant le kitsune dans les bras de Sango. Fronçant des sourcils, elle examina l'encre chatoyante. Ce qui donnait des difficultés au moine devait représenter un défi, mais elle s'étonna en s'apercevant que même le style du tracé lui semblait étranger.

« Le sujet semble être des légendes populaires. Il y est aussi fait mention d'une espèce de portail, mais c'est tout ce que j'ai réussi à comprendre, » expliqua Miroku, tandis que sa sournoise main gauche se rapprochait habilement de la taille de la jeune fille. Avec une égale dextérité, Kagome glissa hors de sa portée. Sans perdre le cours de ses idées, elle s'agenouilla près de son gros sac à dos et en fouilla l'intérieur.

« Mes précieuses notes de Kanji, » annonça-t-elle victorieusement en sortant un cahier usé et feuilletant ses pages froissées. Les années de pratiques de kanji à l'école se rappelèrent à l'esprit de la lycéenne enthousiaste, tandis qu'elle essayait de trouver un sens aux obscurs caractères tracés sur le parchemin.

L'encre glisse sur le parchemin
Et sépare les mouvants symboles
L'obscurité avale chacun

Sur le bois, les brisants noirs déferlent
Les coquilles chantent refuge dans le vent

Cachés loin du ciel
Courageux dans la tempête, la lune et le soleil
Cherchent l'avant


« Sesshomaru-sama, » appela une petite voix désespérément joyeuse. Sur un chemin étroit bordé de brins d'herbe ambrés, une silhouette haute et élégante interrompit sa démarche et jeta un coup d'œil en arrière en entendant son prénom.

« Rin ! » s'exclama une voix encore plus faible, alors qu'un petit youkai vert se précipitait sur la terre battue. Ses pieds d'oiseaux courant rapidement et ses mains cachés sous les lourdes manches d'un haori brun, il portait un haut bâton de bois. Sur cette canne étaient talentueusement gravées les têtes d'un vieillard et d'une jeune femme. Elle était bien plus grande que lui, et semblait prête à basculer à tout moment. Pourtant, il parvenait à s'avancer sans s'écrouler tout en montant sur la colline, vers la petite fille à son sommet.

« Rin, ne dérange pas Sesshoumaru-sama avec tes besoins ridicules, » l'admonesta Jaken, tournant les yeux du côté de la bête à deux têtes pour les plonger dans ceux, moqueurs, de Rin. « Il est occupé à chercher Naraku, ou un indice sur sa location. » Jaken tourna de nouveau la tête vers Sesshomaru, qui avait repris son chemin sur le chemin creusé.

« Jaken-sama, il y a une voix qui vient de Ah-Un, » dit calmement Rin.

« Une voix ? » répondit-il, le doute perçant dans sa voix. Alors qu'il ouvrait son bec pour la réprimander de lui avoir fait perdre son temps, et celui de leur seigneur, le petit youkai entendit une voix, dont le rythme faible résonnait dans ses oreilles pointues. « Sesshomaru-sama ! »

Fermant ses yeux dorés avec lassitude, Sesshomaru laissa échapper un inaudible soupir et stoppa de nouveau. Une idée, celle de relever ses serviteurs de leur devoir traversa l'esprit du youkai, pour s'y attarder plus longtemps que d'habitude avec le commentaire suivant.

« Il y a une voix venant de Ah-Un ! » hurla Rin, son observation renforcée par les bégaiement anxieux de Jaken et son manque d'explication. D'un mouvement fluide, Sesshomaru pivota et rebroussa chemin. Lui aussi fut confus en arrivant à leurs côtés : il y avait une voix. Rapidement, repérant l'origine du son, le seigneur démon défit l'un des sacs portés par le dragon youkai. Dans la besace, il récupéra un vieux parchemin, étrange héritage légué par son père. Il brillait d'une lumière bleue, et la voix s'en écoulait comme des gouttes d'eau dans une caverne. Avec aisance, il déroula le parchemin avec son unique main et étudia les lettres brillant devant lui. Chaque syllabe était prononcée selon un rythme lent, et l'étrange lueur glissait dans les nouveaux caractères, inondant le papier de lumière. Le parchemin n'avait jamais attiré l'attention du daiyoukai dans le passé, celui-ci l'ayant simplement ignoré en pensant que c'était une relique de son père témoignant de son goût pour la poésie.

Sept contes anciens sont réunis
Cris pleins de rage, vœux méprisés

L'ours lance le défi
Un garçon, d'or sont sa force et sa volonté
Les arbres annoncent la victoire

« Sesshomaru-sama ? » Jaken prit la parole, ses yeux jaunes s'écarquillant avec consternation. « Sesshomaru-sama, vous êtes en train de disparaître ! » Les yeux du daiyoukai fusèrent, pour s'apercevoir que son regard traversait ses habits blancs de soie et son armure polie jusqu'au sol et les formes vagues de ce qui était autrefois ses pieds. Il grogna, empli d'une rage brûlante en constatant qu'il était pris au piège. Il tenta de lâcher le vicieux parchemin, mais découvrit que même sa main n'était plus que vapeur. Désespéré, il se débattit pour conserver sa forme alors que son corps se fondait dans le néant et finalement, malgré tous ses efforts, son esprit fut avalé par l'obscurité.


Shakujô : Il s'agit d'un bâton autrefois utilisé par les prêtres japonais itinérants. Il se caractérise par les anneaux dont est ornée son extrémité.

Tanto : c'est l'équivalent japonais de la dague. Son fourreau est appelé saya.