Je ne sais pas trop d'où sort cet OS, l'idée m'est venue ce matin, quand j'étais encore à moitié endormie... Pas vraiment de lien avec Harry Potter, en dehors du personnage principal. J'espère que ça vous plaira !

Minuit, l'heure du crime. Les honnêtes gens sont partis se coucher depuis longtemps. En disparaissant avec le soleil, ils ont privé la ville de leur lumière. Le noir a envahi les ruelles mal éclairées, mal famées. Dans les rues, il lutte contre la clarté vacillante des lampadaires. Sur les grands boulevards, il s'incline devant la puissance des phares des voitures dont les moteurs rugissent. A l'angle d'une de ces rues, on distingue une silhouette cachée dans l'ombre. Elle scrute son poignet, les chiffres lumineux luisent doucement. Elle soupire.

Une heure, les derniers retardataires tentent, sans succès, de se glisser dans les soirées déjà surchargées. Les ombres ont progressé, la nuit s'est épaissie, la silhouette a avancé. On distingue une carrure d'homme, adossée à la vitrine crasseuse d'une boutique. Il consulte à nouveau sa montre, et s'installe plus confortablement.

Deux heures, quelques pubs commencent à se vider peu à peu. Les voitures se font de plus en plus rares. Sa patience ne semble pas s'égrener malgré le temps qui file.

Trois heures, un quart d'une demi-journée. N'importe qui serait parti. N'importe qui sauf lui. Il fait quelques pas. On ne distingue pas encore ses traits à la lueur des éclairages publics, mais sa peau est aussi sombre que la nuit qui l'entoure.

Quatre heures, les fêtards commencent à rentrer chez eux. Rares sont ceux qui marchent encore droit. La majorité, qu'ils auraient tous dû avoir atteint, avance en zigzagues. Certains groupes reprennent en cœur de vieilles chansons, d'une manière si atroce que les interprètes doivent se retourner dans leur tombe. Quelques-uns choisissent l'option la plus simple, et sûrement la plus raisonnable. Ils se laissent glisser au sol, et attendent de récupérer leurs esprits ou qu'une âme charitable vienne les aider à retrouver leur chemin.

Cinq heures, les bars et les boîtes se vident. Les trottoirs sont encombrés. Les soirées se poursuivent dans la rue, les participants grisés par l'alcool. Le ciel est gris.

Six heures, les premiers rayons du soleil apparaissent, et avec eux les premiers employés s'en vont travailler. Les rues sont partagées en deux mondes, celui de la nuit et celui du jour. Le premier a laissé place au second, et le second laissera place au premier sitôt l'astre envolé.

Sept heures, les rues s'animent, les commerçants sortent leurs étalages. Les voitures circulent à nouveau. L'homme est assis au pied d'un réverbère, ses yeux sombres ourlés de longs cils, et soulignés de profondes cernes, sont perdus dans le vague, il fixe un point connu de lui seul.

Huit heures. Neuf heures. Dix heures. Onze heures.

Midi, il a fait le tour du cadran. On pourra dire ce que l'on veut, ce n'est pas son record. Il a fait pire, il fera pire. Tu scrutes la foule. La première chose que tu remarques c'est ce sourire en coin. Son sourire. Il en profite, il savait que tu l'attendrais. Hier tu n'as rien dit. Tu n'en feras rien non plus aujourd'hui. Ni demain d'ailleurs. Mais un jour oui, un jour tu lui tourneras le dos, et avant de disparaître dans l'ombre, tu le lui diras. Tu lui diras qu'on avait dit minuit.