Attention ! Ceci est un slash. Vous êtes prévenus !
Cette fiction est l'oeuvre de Aethen à qui j'ai demandé la permission de traduire son histoire. Sachez que la version originale de cette fiction est terminée et qu'il est donc possible de lire la version originale dans son intégralité sur son profil. Je me lance donc dans sa traduction en espérant que celle-ci vous plaira. Ceci est la première histoire que je poste, alors soyez indulgents s'il vous plaît !
Bonne lecture !
Pour la première fois de sa vie, pensait Harry trois semaines après son retour de Poudlard, il était presque plus heureux enfermé avec les Dursley à Privet Drive qu'à l'école. Il se rappelait encore de sa première nuit dans le dortoir des Gryffondor et de la première fois qu'il s'était réellement senti chez lui. Mais il ne voulait plus être là-bas. Poudlard, Dumbledore, même Ron et Hermione, tout lui rappelait ce qu'il avait perdu.
« Sirius », pensa-t-il, balayé par la douleur familière de la perte et de la culpabilité. Sa baguette et ses livres étaient toujours dans sa malle qu'il n'avait pas ouverte depuis qu'il était arrivé dans cette maison. C'est à peine s'il se préoccupait d'Hedwige, excepté pour envoyer les lettres attendues tous les trois jours. Bien qu'il voulait éviter le plus possible de penser à tout ce qui avait un rapport avec le monde sorcier, il savait que Maugrey et Mr Weasley tiendraient parole, et s'il se passait trois jours sans qu'ils ne reçoivent de lettres de lui, il verrait probablement Tonks distraire les voisins à l'extérieur avec sa nouvelle couleur de cheveux tandis que Maugrey investirait la maison. Non, la dernière chose qu'il voulait, c'était que quelqu'un lui rende visite.
Les Dursley, cependant, ne savait rien de ce qui s'était passé les mois précédents. Harry n'était pas enclin à leur en faire part et les Dursley ne demanderaient sûrement pas. Cependant, le calme commençait à s'estomper. Sa tante avait commencé à faire des commentaires sur le fait qu'il était encore plus déprimé que d'habitude, et son oncle ne pouvait s'empêcher de grogner et de rouler des yeux chaque fois que Harry se laissait aller à un apitoiement bien mérité.
Pire encore, Harry savait qu'en dehors des murs de son habituelle prison estivale, la guerre approchait rapidement. Aussi douloureuses soient ses pensées – elles commençaient et terminaient toutes avec la mort de son parrain – la conscience de Harry refusait de le laisser oublier toutes ces vies encore en jeu. Mais toujours, le chagrin l'emportait tandis que Harry s'endormait en pleurant une fois de plus.
La nuit dernière avait été une de ces nuits, et une mauvaise en plus de ça. C'était toujours pire lorsqu'il devait écrire à Maugrey et aux Weasley. Les lettres étaient toujours courtes – juste assez pour empêcher les Aurors de le « secourir ».
« Cher Mr Weasley, » disait la dernière. « Je vais bien. Dites à Maugrey et aux autres (et à Ron et Hermione) qu'ils ne doivent pas s'inquiéter pour moi. »
Mais il mentait. Il n'allait pas bien. Oui, son oncle était avait trop peur de Maugrey, et encore plus de Tonks avec sa couleur de cheveux toujours différente (Que diraient les voisins?), pour ne serait-ce qu'élever la voix sur Harry. Mais, malgré cela, Harry allait tout sauf bien. Parfois, il voulait que son oncle crie, hurle, le frappe peut-être même, se déchaîne contre lui, pour que Harry puisse ressentir autre chose que ce terrible sentiment de perte. Ça n'arrivait jamais, cependant, et donc Harry avait été abandonné à son deuil la nuit dernière, comme toutes les autres nuits avant ça.
Un léger battement d'ailes et les doux sons émis par Hedwige entrant dans sa cage réveillèrent Harry d'un nouveau sommeil agité. Avec un faible hululement, la chouette adorée de Harry remarqua qu'il était réveillé et déposa un parchemin plié de son bec. Harry jeta un coup d'oeil au parchemin, qui ne portait aucune inscription à l'extérieur, avant de passer par-dessus et de s'habiller.
Harry n'était pas pressé de lire une autre lettre d'un des membres de l'Ordre. Il en avait déjà reçu assez, toutes sympathiques, toutes compatissant à sa perte car ils avaient aussi connu et aimé Sirius.
Mais merde ! Ils ne l'aimaient pas comme Harry l'aimait. Ils avaient leurs propres frères, leur propre père, leurs propres oncles – Oncle Vernon ne comptait sûrement pas comme un oncle pour autre chose que le nom. Sirius était devenu sa seule famille, et maintenant il était parti. Personne ne pouvait comprendre combien il avait perdu, et il leur en voulait de prétendre le contraire. Et les lettres de Ron et d'Hermione étaient presque pire. Il avait été parfaitement clair pendant les derniers jours de cours, il ne voulait pas parler de Sirius du tout. Alors même qu'il lisait leurs lettres ouvertement optimistes, il pouvait les voir tourner autour du sujet. Ça le déprimait encore plus.
Donc, c'est bien plus tard ce jour-là, après avoir aidé sa tante à nettoyer une grande partie de la maison, qu'il finit par succomber et prendre la lettre. Il savait qu'on attendait de lui une réponse, et la repousser ne la ferait pas disparaître.
Cette lettre, cependant, n'était pas ce qu'il attendait. Pas du tout.
Cher Harry,
Tu n'as jamais terminé tes leçons d'Occlumencie, donc je te l'enseignerai à partir de maintenant. C'est impératif que nous commencions tout de suite. Ci-joint, tu trouveras un petit paquet de poudre de Cheminette. Utilise la pour me rejoindre au Chemin de Traverse ce soir au coucher du soleil.
Bien à toi,
Remus Lupin
Poussant un soupir, Harry se dirigea vers sa malle, puis stoppa. Voulait-il vraiment y retourner ? La réponse était simple : non. Mais il savait aussi que s'il restait, Remus, et peut-être le reste de l'Ordre, viendrait pour le sauver de son oncle. Harry décida qu'il valait mieux le dire à Remus face à face, remarquant que le coucher du soleil était proche. Il fouilla dans sa malle et dénicha finalement sa baguette ainsi qu'une robe, il pourrait ainsi mieux se fondre dans la foule sur le Chemin de Traverse. Attrapant le paquet de poudre de Cheminette, il descendit les escaliers tranquillement.
Le claquement d'une porte fit savoir à Harry que l'Oncle Vernon était sorti pour arroser la pelouse devant la maison. Le jardin de derrière, bien sûr, était équipé d'un sprinkler vu qu'il n'y avait pas de problème à arroser un jardin hors de vue des voisins qui s'épanchait sur la qualité et la couleur de votre pelouse. Tante Pétunia était dans la cuisine, commençant tout juste la vaisselle du soir. Il aurait quelques minutes pour expliquer à Remus qu'il ne voulait rien apprendre et rentrer avant qu'on ne remarque qu'il avait disparu. Aucun problème.
Sur le Chemin de Traverse, Harry avait juste épousseté les traces de suie sur sa robe qu'une main forte agrippa son épaule. « Accroche-toi, 'Arry, » murmura la voix rauque de Hagrid derrière lui.
« En fait, Hagrid, je… » Harry fut interrompu tandis que le Chemin de Traverse disparaissait, remplacé par le désormais familier Square Grimmaurd. Harry se tourna vers Hagrid tandis que le géant faisait disparaître un hochet aux couleurs vives à l'intérieur de son manteau.
« Portoloin, » expliqua Hagrid, lui jetant un coup d'œil nerveux.
« Où est Remus, Hagrid ? » demanda Harry. « Je n'ai pas beaucoup de temps. Je dois rentrer chez les Dursley. Je suis juste venu le dire à Remus. »
« Pas maintenant, Harry. » Hagrid agrippa Harry gentiment, mais avec fermeté ce qui laissait savoir à Harry qu'il ne pourrait pas s'échapper. « Remus m'a envoyé te chercher. Il est sorti. Tout le monde est sorti, en fait. Tonks avait des ennuis avec quelques Mangemorts et ils sont allés l'aider. » Hagrid parlait tout en traînant à moitié Harry devant la porte marquée du numéro 12.
Le manoir familial des Black était le dernier endroit où Harry voulait être. Autant que Sirius ait haï cet endroit, cela rappelait, et rappellerait toujours, à Harry son parrain. L'obscurité désormais familière emplit son cœur tandis qu'il regardait le couloir autour de lui.
« Et Tonks ? » Harry se rappela soudainement ce que Hagrid lui avait dit. « Est-ce qu'elle va bien ? »
« J'ai bien peur de ne pas le savoir. J'étais juste entré que Remus m'a donné le Portoloin et m'a envoyé te chercher. Tout le monde est parti avec lui. » Hagrid ne pouvait dissimuler son inquiétude. « Je vais chercher à manger. » Le géant partit tranquillement dans la cuisine, laissant Harry se demander ce que les Dursley penseraient quand ils verraient qu'il avait disparu. Il avait espéré rentrer maintenant et il connaissait Hagrid suffisamment pour savoir qu'il ne pourrait pas convaincre le garde-chasse de le laisser partir sans un ordre direct de Dumbledore.
« Tout le monde n'est pas sorti, en fait. » Harry recula tandis que le Professeur Rogue entrait dans le couloir. « Un des bénéfices d'avoir à cacher mon allégeance est de ne pas avoir à courir pour porter assistance aux fous. »
« Professeur Rogue, » dit froidement Harry. Rogue était un autre rappel des choses qu'il voulait oublier, et il pensait toujours le Maître des Potions en partie responsable de la mort de Sirius.
« Je suis surpris de vous voir ici, Potter, » ricana Rogue. « Je m'attendais à ce que vous dépérissiez chez ces imbéciles moldus tout l'été. »
« Je ne veux pas être ici, » répondit Harry. « Je m'en irais dès que Remus reviendra. »
« Tss, tss, Potter. Est-ce une façon pour un héros d'agir ? Bien sûr, si Black avait eu autant la volonté de se cacher que vous, il serait peut-être encore vivant. »
« Ne parlez plus jamais de lui ! Au moins, il est mort sans porter cette Marque sur lui ! » Harry oublia à qui il parlait comme sa fureur prenait le dessus. Comment Rogue pouvait-il parler de Sirius de cette manière ? Rogue était celui qui incitait Sirius, le poussait et se moquait de lui jusqu'à ce que finalement, il ne puisse plus le supporter davantage. C'était la faute de Rogue si Sirius avait été si furieux de rester caché qu'il était allé au ministère ce soir-là. Toutes ces pensées se transformèrent en colère et Harry réagit. Le poing serré, Harry pivota vers son grand professeur, donnant carrément un coup de poing dans la mâchoire de Rogue.
Harry réalisa immédiatement ce qu'il avait fait et commença à trembler de terreur. La seule autre personne dans la maison était Hagrid, et le géant ne pouvait lancer que quelques sorts tout au plus, bien qu'interdit de toute magie. Si Rogue décidait de le tuer, Harry savait qu'il serait incapable de se défendre.
« Pro-professeur… » balbutia Harry, « je… »
Rogue n'avait pas bougé un muscle tout ce temps. Il ne paraissait même pas surpris ou furieux de ce que Harry avait fait. Cela rendit Harry encore plus effrayé. Après une éternité, les lèvres de Rogue se courbèrent en un petit sourire satisfait que tous les Serpentard semblent apprendre avant même de pouvoir tenir une baguette.
Avec un haussement de sourcils, le professeur dit froidement, « Arrêtez de trembler. Je n'ai pas l'intention de vous punir pour ça. Ce n'est, après tout, pas la première fois qu'un Potter me frappe. Votre père serait fier. J'imagine que votre parrain le serait tout autant. »
Pivotant doucement, l'ancien Mangemort sortit de la pièce, laissant Harry, toujours tremblant, s'effondrer contre le mur et se glisser sur une chaise à proximité.
Maudit soit-il ! Harry était en colère tandis que sa crainte de représailles s'estompait. Comment pouvait-il parler de Sirius comme ça ? Comment pouvait-il tourner ce qui venait de se passer en dérision ? Sirius ne se serait jamais caché si ça n'avait pas été absolument nécessaire ! Il voulait être dehors en train de combattre tout le monde.
Là où je devrais être.
L'idée lui était venue spontanément, mais Harry savait que c'était vrai. Tant de personnes étaient mortes en combattant Voldemort. Même s'il pouvait se cacher pour toujours, il leur devait de continuer à se battre. Il le devait à Sirius, et il le devait à ses parents.
Avec ça, une autre idée lui vint soudainement. Le commentaire de Rogue à propos de la fierté de son père. Il n'avait jamais vraiment eu l'occasion de parler avec Rogue de ce qu'il avait vu dans la Pensine et qui l'avait troublé. Après sa conversation avec Dumbledore à la fin du dernier semestre, Harry avait finalement réalisé quelque chose qui, alors que c'était évident, l'avait aussi choqué. Les adultes n'étaient pas parfaits. Ni Dumbledore. Ni son père. Même Sirius ne l'était pas, bien qu'Harry fût toujours en colère après Dumbledore pour avoir souligné autant les erreurs de Sirius cette nuit-là.
Mais il ne pouvait plus blâmer Rogue de le détester.
Tremblant toujours légèrement, autant à cause de son état d'esprit actuel que de l'intensité du moment plus tôt, Harry se leva et se dirigea vers la porte du petit salon dans lequel Rogue avait disparu. Tandis qu'il frappait à la porte entrouverte, il pouvait distinguer la forme de la silhouette de Rogue dans un fauteuil rembourré. L'obscurité de la pièce rendait le spectacle irréel, comme la peau pâle du professeur contrastait avec ses longs cheveux noirs.
Rassemblant son courage, Harry ouvrit la porte et entra dans la pièce. « Professeur Rogue ? » demanda-t-il, hésitant. « Professeur, je suis terriblement désolé. »
« Ne vous en faites pas, Potter. Je vous ai déjà expliqué que je ne vous punirais pas. Nous ne sommes, après tout, pas à Poudlard. Il n'est pas question de points ici et j'ai des choses plus importantes à faire qu'une retenue improvisée. »
« Je sais, monsieur. Je veux dire, je sais que vous n'allez… rien me faire. Mais… » Tout à coup, ses excuses semblaient ne plus avoir de sens. Combien Rogue avait-il souffert à cause de son père ? Ce qu'il avait vu dans la Pensine avait été assez méchant, mais il savait par Sirius et Remus que c'était juste une journée d'une longue liste d'humiliations. Et maintenant, il avait fait la même chose. Il savait le danger qu'encourait Rogue en trahissant Voldemort, mais Harry avait renvoyé les erreurs de jeunesse de Rogue en pleine face avant de le blesser physiquement. Aussi dur soit-il de penser que Rogue pouvait avoir des émotions, Harry savait quelle attaque avait dû le plus blesser Rogue. La voix d'Harry était très basse alors qu'elle se perdait dans l'obscurité entre eux. « Je suis désolé. » Il ne parlait plus de ce qui s'était passé dans le couloir. Pas entièrement.
Harry pouvait voir les yeux du Maître des Potions fixés sur lui, le blanc se reflétant dans l'obscurité. « Fermez la porte derrière vous, Potter. »
Harry obéit silencieusement, laissant le plus âgé dans la pièce sombre et se dirigeant vers la cuisine pour trouver Hagrid.
« Ça va, 'Arry ? » demanda Hagrid.
« Harry acquiesça. « J'ai juste rencontré le Professeur Rogue dans le hall. Je ne m'attendais pas à le voir ici. »
« Oh, c'est vrai, j'avais oublié qu'il était encore ici. Trop dangereux pour lui d'agir directement contre Tu-Sais-Qui. »
Harry acquiesça de nouveau et s'assit à la table.
« Tu es sûr que ça va ? » Hagrid semblait inquiet.
« Je suis désolé Hagrid. Je vais bien, vraiment, je vous assure. Je suis juste inquiet pour Tonks. »
« Ah, elle va s'en sortir. C'est une fille solide, vraiment. »
Harry sourit faiblement.
Ils s'assirent tous les deux en silence un moment, Harry perdu dans ses pensées à propos de Sirus, Rogue et son père, pendant qu'Hagrid mélangeait ce qui ressemblait à des saucisses et plusieurs ingrédients non identifiables dans une marmite et le laissait mijoter sur le feu. L'odeur de ce qu'Hagrid cuisinait était sur le point de devenir insupportable lorsque la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas.
Harry se précipita dans le couloir pour voir une foule de robes, de manteaux et de baguettes passer la porte. Un manteau se démarquait du groupe, et Harry fut soulagé de voir une brillante chevelure rose visible sous son capuchon.
« Harry ! » s'exclama la jeune Auror en le prenant dans ses bras.
Rougissant, Harry demanda, « Est-ce que ça va ? Hagrid a dit que tout le monde était parti pour te porter secours. »
« Secours ! » grogna Tonks, « Tout de suite les grands mots. J'avais juste besoin d'un peu d'aide, c'est tout. »
Ils furent interrompus par la voix grave de Maugrey, « Tout le monde est rentré ? J'ai vu un flash provenant de la baguette d'un des Mangemorts juste au moment où nous transplanions. » Maugrey enleva son manteau et examina le groupe dans l'entrée, son œil magique roulant, comme toujours.
« Où est Mr Lupin ? » Harry reconnut immédiatement la voix de Dumbledore.
Les autres membres du groupe enlevèrent leurs manteaux, révélant des visages inquiets tandis qu'ils réalisaient que la mission de sauvetage n'était pas aussi réussie que prévu. Mr Weasley, qu'Harry n'avait pas encore remarqué jusque là, prit la parole. « Je retourne pour lui. » Il avait sa baguette à la main et la porte était à moitié ouverte lorsque Maugrey lui prit le bras.
« C'est trop tard, » grogna Maugrey. « Ils étaient trop nombreux, Arthur. Et ça fait trop longtemps. Il a pris la fuite, ou alors ce rayon que j'ai vu l'a tué, ou... » la voix de Maugrey mourut. Personne ne voulait accepter la troisième option.
« Je refuse d'accepter ça ! » dit Mrs Weasley. « S'il est blessé, il a besoin de notre aide. S'ils l'ont touché, ils ne pourront peut-être pas l'amener tout de suite à Vous-Savez-Qui, tout dépend du sort qu'ils ont utilisé. »
Dumbledore acquiesça légèrement, « Oui, Molly, vous avez raison, bien sûr. Tant que cet endroit est sûr, nous n'avons rien à perdre à aller le chercher, et tout à gagner. Molly et Arthur, retournez -y discrètement et voyez si vous pouvez trouver des indices sur ce qui s'est passé. J'attends de vous que vous reveniez immédiatement dans le cas où vous croiseriez des Mangemorts, est-ce bien clair ? »
Les Weasley hochèrent la tête avec un regard déterminé qu'il ne s'était jamais attendu à voir chez les parents jovials de son meilleur ami.
« Le reste d'entre nous possède ses propres moyens de dénicher des informations. Je suggère que nous allions tous voir nos contacts, » termina Dumbledore.
« Et je vais aller voir les miens. » Harry sursauta lorsque la voix glaciale de Rogue retentit juste derrière lui.
« Non, Severus, je pense qu'il serait mieux que vous restiez. Dumbledore leva une main pour faire taire les objections de Rogue. « Je suis sûr que Remus vous remercierait de votre inquiétude. »
Rogue grogna en retour, « Si Lupin a été enlevé par les Mangemorts, il est fort possible que le Seigneur des Ténèbres m'autorisera à assister à sa torture. » Le groupe, en particulier Harry, tressaillit à la franchise de Rogue. Typiquement Serpentard, pensa Harry, et le regretta immédiatement.
« Il y a aussi une possibilité pour qu'on me demande de lui administrer du Veritaserum. Autant que je déteste faire une faveur à Lupin, je peux m'arranger pour que la potion le tue rapidement. » Dures paroles, mais même Harry savait que la mort serait la bienvenue pour toute personne interrogée par les Mangemorts.
« Non, Severus, » dit Dumbledore, secouant de nouveau la tête. « Vous êtes un Maîtres des Potions trop compétent pour que Voldemort croie que vous ayez accidentellement tué quelqu'un aussi important pour lui que Remus. Si vous faites ça, vous le paierez de votre vie, et il verra pour sans doute vous questionner ensuite. Je ne vous mettrez pas tous les deux en péril. Et oui, je sais que vous êtes en danger maintenant, cependant, » la peine se lisait sur le visage de Dumbledore, « tout ce que Remus sait, vous le savez aussi, mais vous savez plus de choses que Remus. Si l'un d'entre vous doit être questionné, c'est mieux pour nous, mieux pour tout le monde sorcier, que ce soit Remus. »
Le vieil homme fit signe aux autres, qui enfilèrent de nouveau leur manteau rapidement et sortirent dans la nuit. Dumbledore se prépara à partir lui aussi.
« Je dois retourner à Poudlard. J'ai des artefacts qui me permettront de voir où se trouve Remus. Severus, pendant ce temps, je vous demanderai de vous occuper une nouvelle fois des leçons d'Occlumencie de Mr Potter. »
Harry devint blême aux paroles de Dumbledore, et il pensa que si le Professeur Rogue n'était pas déjà blanc, il aurait fait la même chose.
« Je sais que ce que je vous demande n'est pas facile pour vous, mais Severus, c'est important. On ne peut pas toujours le couvrir, et le Seigneur des Ténèbres n'oubliera pas sa connexion avec Harry simplement parce que son dernier plan a échoué. La famille Black avait une Pensine dans sa collection d'artefacts. Et Harry, je ne te rappellerai pas pourquoi ces leçons sont si importantes. J'avais l'intention de te renvoyer chez les Dursley après tes leçons chaque soir, mais les partisans de Voldemort deviennent de plus en plus agressifs au fil des semaines. Tu resteras ici pour le moment. J'informerai ta tante. »
« Oui, monsieur, » répondit Harry. Peu importe combien de personnes lui avaient dit que ce n'était pas de sa faute, Harry savait que s'il avait suivi plus sérieusement ses cours avec Rogue l'an dernier, s'il n'avait pas accru la haine de Rogue envers lui en regardant dans la Pensine, alors Voldemort n'aurait pas attiré Sirius au Ministère de la Magie cette nuit-là. Et pour ce qui était d'informer sa tante, il supposait que ça les soulagerait au moins de l'inquiétude de savoir qu'il reviendrait bientôt.
Et soudain, Harry était à nouveau seul avec le Professeur Rogue. Même Hagrid était parti, vu que le garde-chasse avait passé les derniers mois à chercher quelques créatures intelligentes pour espionner plusieurs Mangemorts.
« Bien, Mr Potter, une fois encore vous allez avoir l'occasion d'échouer à m'impressionner avec vos médiocres compétences. » Ses robes flottant autour de lui, Rogue fit demi-tour et retourna dans le petit salon. Peu sûr de lui-même, Harry resta dans le hall. Comme cela l'était toujours quand il était question de Rogue, la décision d'hésiter était la mauvaise. « Qu'attendez-vous exactement, Potter ? Creevey n'est pas là, il va donc falloir vous habituer à entrer dans une pièce sans qu'une photo ne soit prise de votre entrée spectaculaire. »
Poussant un soupir, Harry entra dans le salon et s'assit en face de son impressionnant professeur. Confus, Harry réalisa que la Pensine dont Dumbledore avait parlé n'était nulle part en vue. Peut-être dans le grenier ?
« Pour protéger son esprit des intrusions... » commença Rogue dès que Harry fut assis.
« Euh, monsieur ? » osa interrompre Harry. Rogue allait sûrement utiliser la Pensine. « La Pensine... »
« Ne m'interrompez pas, Potter ! La Pensine n'est pas ici comme elle n'est pas nécessaire. Nous ne pratiquerons aucune magie ce soir. » Les lèvres de Rogue s'arquèrent en un rictus méprisant. « Voulez-vous réellement avoir accès à mon esprit pour que le Seigneur des Ténèbres découvre que je suis un espion pour le Directeur ? »
« Mais il ne peut pas vous trouver ici, n'est-ce pas ? »
« Professeur, » lui rappela Rogue calmement.
« Euh. Il ne peut pas vous trouver ici, n'est-ce pas, Professeur ? »
« Honnêtement, vivre chez ces moldus a détruit le peu de cerveau que vous aviez. Il n'a pas besoin de me trouver. La Marque suffit. Elle me lie à lui et il peut l'utiliser selon sa propre volonté. Il n'y a pas de cachette pour ça. »
Harry frissonna au ton de sa voix. Le Maître des Potions fixait maintenant Harry.
« En réalité, Mr Potter, je vais vous offrir quelque chose. Une chance pour laquelle chaque Gryffondor passé par ma classe donnerait tout ce qu'il a. Des replis de sa robe noire, Rogue retira une petite bouteille et la posa sur la table entre eux. Harry étudia curieusement la bouteille mais ne la prit pas. La bouteille en verre transparent contenait une épaisse substance noire. Le bouchon, lui aussi était en verre et tenu en place lanière de métal.
« Monsieur ? » demanda Harry.
« Poison, » dit simplement Rogue. « Si Lupin est amené devant le Seigneur des Ténèbres, ce n'est qu'une question d'heures avant que je ne sois découvert. » Harry ouvrit la bouche pour défendre son ami, mais Rogue l'interrompit. « Ce n'était pas une insulte, seulement les faits. Personne ne peut supporter un examen approfondi du Seigneur des Ténèbres très longtemps. Je sais ça mieux que personne. Je gardai cette bouteille pour le jour où ma traîtrise serait connue. Alors dites-moi, Mr Potter. Combien de fois depuis que vous êtes arrivé à Poudlard avez-vous souhaité ma mort ? » Rogue sourit au garçon d'un air satisfait.
« Monsieur ! » Harry était horrifié d'entendre son enseignant parler de sa propre mort de façon si désinvolte. « Je n'ai jamais – je veux dire, je ne... »
« Bien sûr que si, Potter. Tous les étudiants le font. La marque d'un bon enseignant est la peur et la haine qu'il instaure chez les étudiants. » Rogue eut un rire sans joie. « Honnêtement, Mr Potter. Vous n'avez jamais souhaité aucun mal à votre mauvais Maître des Potions ? Jamais espéré le jour où les rôles seraient inversés et où vous pourriez me faire souffrir ? »
Rogue le provoquait, et Harry le savait. Mais Harry refusa d'entrer dans son jeu. Il approuva simplement, « Eh bien, monsieur, je suppose que si, mais comme vous dites, ce ne sont que des stupides fantasmes d'étudiant. » Et il poursuivit. D'autre part, il avait décidé qu'il était important de montrer non seulement à Rogue, mais aussi à l'ensemble de l'Ordre, qu'il n'était plus un enfant. Dumbledore s'en était finalement rendu compte, et Harry avait réalisé que des affirmations irritées comme quoi il n'était pas un enfant ne faisaient que renforcer l'idée qu'il en était un. « Mais si vous me demandez si je suis prêt à utiliser cette potion sur vous, la réponse est oui. »
Harry se régala de la brève expression de surprise qui passa sur le visage de Rogue. « Si Voldemort découvre la vérité sur vous et vous attaque à travers la Marque, je le sentirais aussi. Du moins, c'était le cas avant, pourquoi est-ce que ce ne serait plus le cas maintenant ? » Harry essayait de paraître aussi nonchalant que Rogue, mais sa voix vacilla lorsqu'il ajouta, « je l'ai senti tuer auparavant. J'étais là, voyant à travers son regard quand il... p-prenait son temps... Quand il voulait qu'ils... qu'ils souffrent. Si je le devais, monsieur, je vous tuerais. » Harry rencontra le regard impassible de Rogue. Pourvu que je n'aie plus à refaire une promesse comme celle-là, pensa Harry.
« Extraordinaire, Potter. En un souffle, vous venez de me tuer et de réussir à vous faire passer pour un martyr dans le même temps. Une tâche facile pour le Survivant, pas de doute. »
Harry réussit à ravaler sa colère. J'ai dit ça seulement parce qu'il me l'a demandé ! Il remarqua, cependant, que la bouteille était toujours sur la table, placée à portée de main au cas où Harry aurait besoin de la prendre rapidement. Finalement, il l'ignora tandis que Rogue commençait son cours sur la théorie de l'Occlumencie.
A suivre
La suite arrivera dans la semaine mais je ne peux pas vous dire quand, je ne le sais pas moi-même. En espérant que ce premier chapitre vous ait plu !
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