Bonjour à tous,

Voila, je vous présente ma première fic. Elle se passe après le tome 5 mais sans être exactement une suite. Elle se déroule durant l'été. Je ne pense pas que je continuerai à poudlard, sauf si je suis vraiment inspirée. J'espère en tout cas qu'elle vous plaira. Elle se base sur l'hypothèse d'une interaction entre le monde des sorciers et les moldus.


Disclaimer: Bon rien n'est à moi, tout est à JKR, sauf ce que vous ne reconnaissez pas...
Chapitre 1 : St Brutus.

Une pluie fine battait le carreau d'une petite chambre du 4 Privet Drive mais ce bruit incessant ne semblait pas déranger le jeune homme avachi sur son lit et qui fixait le plafond de sa chambre comme si sa vie en dépendait. Harry fixait méthodiquement le plafond depuis deux semaines. Deux semaines qu'il passait quasiment tout son temps dans cette chambre et qu'il tentait de disparaître, avalé par son matelas.

C'était la pire épreuve qu'il n'eût jamais connue. Affronter Voldemort et ses mangemorts, endurer le contact des détraqueurs, supporter les calomnies lui semblaient bien peu de choses à présent. Rien n'avait jamais été aussi dur que de rester là, seul, à ressasser les derniers évènements. Ne pouvoir parler à personne, être juste face à soi, face au destin, face au vide de la perte de Sirius.

Et face à sa culpabilité. Elle s'était ancrée dans son cœur et ne semblait plus vouloir en sortir. C'était de sa faute si Sirius avait basculé dans l'abîme et c'était tellement injuste. Il aurait mérité de vivre une vie heureuse entouré de ses amis. Mais il avait un jour croisé la route de Harry Potter et aujourd'hui il était mort. Il n'avait même pas eu le temps d'être innocenté.

A cette culpabilité qui l'assaillait en permanence, venait s'ajouter un profond sentiment d'impuissance, face à la mort, face aux difficultés, face à Voldemort. Les deux dernières années s'étaient achevées sur la mort de personnes qui n'y étaient pour rien, et à chaque fois, c'était lui qui était visé.

Plus il y pensait, plus Harry se demandait si cette stupide prophétie n'était pas une plaisanterie grotesque. Comment lui, pouvait avoir été désigné comme le sauveur du monde sorcier alors qu'il n'avait même pas été capable de sauver Sirius ou Cédric ? Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire pour vaincre le mage noir. Même s'il s'entraînait d'arrache pied il lui faudrait des siècles pour atteindre la puissance de Voldemort, il n'en était pas capable.

Harry suivait des yeux les fines craquelures du plafond qu'il connaissait par cœur à présent. Ses seules occupations de la journée consistaient à faire de rapides apparitions dans la cuisine et la salle de bain. Parfois, il se risquait à aller se promener. Mais rarement. Juste quand il n'en pouvait plus.

Et puis, il y avait les lettres. Il n'en avait jamais reçu autant. Ses amis, l'Ordre, des admirateurs secrets…tous semblaient s'être mis d'accord pour l'inonder sous une avalanche de courrier dont il ne savait que faire. Il y a quelques années, il aurait tout donné pour recevoir des nouvelles. Il pouvait alors passer des nuits entières à scruter le ciel pour tenter d'apercevoir un hibou. Aujourd'hui les lettres de ses amis l'ennuyaient et leurs sempiternels conseils commençaient à l'irriter. Devoir sans cesse dire qu'il allait bien le faisait souffrir. Bien sûr que non, il n'allait pas bien ! Mais il ne pouvait pas le leur dire, au risque de voir débarquer l'Ordre du Phénix au grand complet. Alors, il continuait à leur mentir, en espérant qu'ils finiraient par l'oublier.

A cet instant Harry ne pensait pas à grand-chose. Il revoyait juste inlassablement les mêmes scènes. Son rêve, les mises en garde de Hermione, les sombrals, le ministère, Sirius et le vide total. Un tapotement à la fenêtre le sortit de ses pensées.

"Encore un hibou", murmura-t-il, en s'approchant de la fenêtre.

A croire que l'Ordre du Phénix n'avait rien de mieux à faire que d'écrire à Harry Potter. Harry en venait à se demander si Dumbledore n'organisait pas des séances obligatoires d'écriture de lettres à Harry Potter. Il faut dire que quel que soit l'auteur de la missive, les lettres disaient toute la même chose. « Ce n'est pas ta faute ! Tu ne dois pas te sentir coupable ! Sirius n'aurait pas aimé te voir malheureux ! ». Oui, plus il y pensait, plus Harry imaginait aisément Dumbledore, réunissant les membres de l'Ordre dans la cuisine et les surveillant pendant qu'ils écrivaient tous leur lettre. Cette pensée lui arracha presque un sourire. Il imaginait bien Lupin faire ses lignes sous la surveillance stricte de Dumbledore.

Harry ouvrit la fenêtre et Coq, le hibou de Ron se précipita à l'intérieur. Harry soupira. Il n'avait déjà pas envie de lire cette lettre alors se battre avec ce stupide volatile était au dessus de ses forces. Il adopta donc la seule attitude qui lui convenait et se rallongea sur son lit. Coq finirait bien par se lasser. Et en effet, quelques hululements sonores et quelques arabesques aériennes plus tard, Coq se posta devant lui, une lueur de reproche dans l'œil. Harry n'y prêta pas attention et détacha la lettre. Il reconnut l'écriture brouillonne de Ron. La lettre était courte comme d'habitude. Juste quelques mots, le minimum.

Salut Harry,

Les autres ne voulaient pas que je t'en parle mais je pensais que tu avais le droit de savoir.

A bientôt

Ron.

Harry soupira. Qu'est-ce qu'on avait encore voulu lui cacher ? Il remarqua aussitôt un deuxième feuillet dans l'enveloppe. Il s'agissait d'une page de la Gazette du Sorcier. Harry déplia la feuille, en se demandant ce que Fudge avait encore pu faire. Il manqua de s'étouffer en découvrant le titre de l'article. Sirius Black attente à la vie de plusieurs étudiants de Poudlard. Harry se redressa brutalement. Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? Il parcourut l'article, les mains tremblantes. Les évènements de juin dernier étaient relatés dans les moindres détails sauf que, selon le journaliste, Sirius Black faisait partie du groupe de mangemorts et avait cherché à le tuer. L'article s'achevait sur les paroles de Fudge qui se disait soulagé qu'un tel monstre ait aujourd'hui disparu.

Harry resta de longues minutes, prostré, la feuille de papier férocement serrée dans sa main. Comment pouvaient-ils se permettre de dire de telles choses ? Harry avait supposé que Sirius serait innocenté. Cela ne pouvait que se passer ainsi. Il avait sacrifié sa vie pour les sauver. Mais c'était sans compter les ambitions démesurées de Fudge. Harry chiffonna l'article et le balança au travers de la pièce dans un geste de rage. On ne laisserait donc jamais Sirius en paix ! Même mort, on continuait à salir son honneur !

Harry poussa un long soupir, en essayant de se calmer. S'énerver ne servait à rien, il le savait. Il était désormais habitué à ces injustices à répétition et n'avait plus la moindre considération pour ce ministère corrompu jusqu'à l'os. Harry enfouit sa tête dans son oreiller déjà humide et laissa échapper quelques larmes. Il pleurait rarement. Mais là, c'était trop. Quand tout cela s'arrêterait enfin ? Pourrait-il avoir la paix un jour ? Après, près d'une heure, à sangloter, dans son oreiller et à frapper d'un poing rageur sur son lit, Harry sécha ses larmes. Finalement cela ne tenait qu'à lui pour que cela finisse. Il avait le pouvoir de tuer Voldemort. Il ne savait pas comment il devait le faire mais il savait qu'il le pouvait. Et après, il ferait innocenter Sirius. On ne lui refuserait rien s'il parvenait à débarrasser le monde de cette ordure. Il se promit juste d'écrire à Dumbledore dès que Hedwige serait revenue, pour obtenir des explications. Pour le moment, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il était encore et toujours impuissant face aux évènements.

Harry se retourna dans son lit. Il en avait marre de penser à tout cela. Il aurait tout donné pour avoir un peu de changement. La monotonie de la vie à Privet Drive commençait à lui peser sérieusement. Si on ne venait pas le sortir de là rapidement, il allait finir par s'effondrer complètement. Une voix désagréable le tira définitivement de ses pensées.

"Potter, viens déjeuner tout de suite", hurla la tante Pétunia.

Harry poussa un long soupir et se leva. Il remit un peu d'ordre dans ses vêtements et respira profondément pour sortir Sirius de sa tête. Autant lorsqu'il était seul, il se permettait de déprimer, autant en présence de sa famille il faisait tout, pour se donner un air détaché. Il ne voulait pas donner des raisons supplémentaires à ses parents pour le rabrouer. Il sortit de sa chambre lentement et descendit dans la cuisine.

Sans un regard pour sa tante et son cousin qui regardait la télévision tout en s'empiffrant, il s'assit et se servit largement. Il n'avait pas vraiment faim mais il savait aussi que cette année, sa famille ne se permettrait pas de le priver de nourriture et il en profitait. Dudley n'était plus au régime. Non que la diète lui ait vraiment été profitable mais devant l'incapacité manifeste de leur fils à perdre du poids, les Dursley avaient fini par abandonner. Les Dursley avaient adopté une attitude plus conciliante à son égard. Il n'était certes pas facile pour eux de lui faire croire qu'il était le bienvenu dans cette maison après l'avoir ignoré et dénigré pendant des années, mais ils faisaient tout pour que Harry n'ait pas de raisons de se plaindre.

Dudley éclata d'un rire gras, plié en deux devant son feuilleton télévisé qu'il suivait avec passion depuis le début des vacances. Pétunia tressaillit légèrement, renversant au passage quelques gouttes de thé sur la table. Elle releva la tête et posa un regard attendri sur son pachyderme de fils. Elle le trouvait si touchant, si éveillé. Harry leva les yeux au ciel. Comme tout cela pouvait être stupide ! Cette situation lui semblait presque irréelle. Dudley représentait pour sa tante tout ce dont elle pouvait rêver. Et pendant ce temps là, Sirius était une fois de plus traîné dans la boue.

Aussitôt après, il reporta son attention sur son assiette essayant de se forcer à manger un peu. Il fixa, sans appétit, sa purée et commença à la remuer avec sa fourchette. Plus il regardait son assiette, plus il trouvait que sa purée prenait la forme d'un chien, d'un magnifique chien, de Sirius ! Harry avança un peu son visage, essayant de déterminer s'il s'agissait d'un effet d'optique ou pas mais plus il fixait sa purée plus il avait l'impression que c'était bien Patmol qui se tenait devant lui. Il reconnaissait son petit sourire, ses yeux pleins de malice, sa morgue. Oui, c'était bien Sirius qui était là et qui le regardait dans son assiette.

Harry secoua la tête violemment. Il allait devenir fou s'il continuait ainsi. Voila que comme Trelawney, il commençait à voir des signes partout. Sa purée avait juste pris cette forme par hasard, rien de plus. Il donna un coup de fourchette rageur dans son assiette et ferma les yeux, ravalant ses larmes, enfouissant sa peine au plus profond de lui-même. Il n'était plus temps pour ça. Il releva la tête. Sa tante le fixait, les lèvres pincées, comme s'il s'agissait d'un fou échappé de l'asile le plus proche. Harry soupira de nouveau. Pour une fois, il ne pouvait pas lui en vouloir, son attitude n'avait rien de très rationnel.

Soudain, la porte de la cuisine s'ouvrit bruyamment. Harry sursauta violemment, sortant ainsi de ses pensées. Pétunia manqua de s'étouffer avec son biscuit et même Dudley quitta des yeux son écran favori. Harry avait porté sa main à sa poche dans un geste de réflexe, prêt à sortir sa baguette à la moindre attaque mais il se détendit légèrement en constatant que l'intrus n'était autre que son oncle, Vernon Dursley, qui se tenait fièrement dans l'embrasure de la porte, un sourire satisfait collé aux lèvres.

Harry souffla longuement. Son cœur battait à tout rompre. Depuis le début des vacances, le moindre bruit le faisait sursauter. Il avait l'impression de voir des menaces partout. Dumbledore avait été très clair là-dessus. Maintenant que la prophétie avait été brisée, Voldemort n'avait plus besoin de lui et il n'hésiterait pas à le tuer dès qu'il le pourrait. Pour l'instant, la protection de sang de sa mère le tenait éloigné du mage noir mais Harry n'était pas dupe de l'efficacité de cette protection. Voldemort n'avait pas été l'un des élèves les plus brillant de Poudlard pour rien. Un jour ou l'autre, il trouverait comment briser cette protection et alors là, Harry ne voulait même pas imaginer ce qu'il se passerait. Harry reporta son attention sur sa famille pour ne plus penser à cela.

Sa tante fronçait les sourcils tandis que son mari restait planté à l'entrée de la cuisine, savourant manifestement l'effet de son apparition. Dudley avait reporté son attention sur son feuilleton stupide, ne se sentant pas plus concerné que cela par l'attitude étrange de son père. Harry, quant à lui, et bien, tout cela ne l'intéressait pas vraiment, si ce n'est que ça mettait un peu d'ambiance. Visiblement son oncle devait avoir une excellente nouvelle à annoncer à sa famille mais quoi que ce soit, Harry savait par avance que les bonnes nouvelles ne pouvaient pas le concerner.

Vernon Dursley avança finalement et se posta debout face à sa femme, son sourire ne semblant plus vouloir quitter son énorme visage. Ses yeux semblaient briller d'excitation, comme si on venait de lui annoncer qu'il avait remporté le prix de la plus belle pelouse. Harry ricana intérieurement à cette pensée, se rappelant de l'excuse inventée par les membres de l'Ordre pour éloigner les Dursley l'année précédente. Il essaya de dissimuler son dégoût tant sa famille lui paraissait pathétique. Alors que lui, chaque année, avait frôlé la mort. Eux ne se préoccupaient que de pelouses et de commérages. Cependant il releva la tête, curieux malgré tout de ce que son stupide oncle pouvait bien avoir à annoncer. Après tout cela le distrairait peut-être un peu.

Vernon Dursley tritura sa moustache pendant un moment tandis que Pétunia accentuait son froncement de sourcils et Dudley continuait à rire grassement devant la télé. Finalement Dursley prit une profonde inspiration et commença à parler.

"J'ai une grande nouvelle à vous annoncer", déclara-t-il pompeusement.

"Comme si on ne l'avait pas deviné", ricana Harry, juste assez fort pour être entendu.

Son oncle lui jeta un regard noir mais ne dit rien et reporta aussitôt son attention sur sa femme. Pétunia haussa un sourcil, visiblement intriguée. Dudley accepta de détourner les yeux du feuilleton télévisé et regarda son père, avec intérêt.

"Potter est atteint d'une maladie incurable ?" demanda-t-il, lançant un regard sadique à son cousin.

Harry lui renvoya un regard noir mais ne dit rien. En ce moment il n'avait pas la force de se battre avec ce stupide pachyderme et préférait ignorer ce genre de provocations, sachant parfaitement qu'il ne parviendrait jamais à se contrôler si il laissait la colère prendre le dessus. Son oncle regarda son fils d'un air entendu.

"Non, Dudley", répondit-il. "Bien que cela eût constitué une magnifique nouvelle, il ne s'agit pas de cela."

"Dommage", répondit le pachyderme, faussement désolé.

"Mais c'est encore mieux", reprit Vernon. "Et cela te concerne directement Dudley."

Ce dernier se redressa sur son siège, visiblement beaucoup plus intéressé. Sans doute s'attendait-il à un cadeau ou toute autre chose du même genre.

"Aujourd'hui", commença Vernon Dursley, sa moustache frémissant d'excitation, "je dois rencontrer l'un des plus importants entrepreneurs de la région qui veut signer un contrat avec moi."

Vernon marqua une pause, savourant l'effet de sa nouvelle. Pétunia semblait attendre la suite avec impatience et Dudley était passablement déçu.

"Et en quoi ça me concerne ?" demanda-t-il finalement, voyant que son père ne voulait pas continuer.

"Mon garçon, je n'ai jamais caché mon ambition que tu prennes ma suite à la tête de l'entreprise. Par conséquent, aujourd'hui, tu vas faire tes premiers pas dans cet univers fabuleux et m'accompagner pour la signature de ce contrat."

Dudley soupira bruyamment et reporta son attention sur son feuilleton télévisé. Harry ricana intérieurement. Les Dursley ne semblaient pas avoir encore compris que leur fils ne s'intéressait à rien d'autre qu'à sa petite personne et surtout que le concept du travail lui était totalement étranger. Vernon Dursley ne se formalisa pas plus de la réaction de son fils, mettant cela sur le compte de l'émotion et reprit de plus belle son exposé.

"J'aimerais également que tu rencontres ceux qui seront tes futurs employés, pour qu'ils apprennent à te respecter pour ce que tu es, leur futur employeur. L'autorité, mon garçon, il n'y a que l'autorité qui fonctionne", dit-il en levant son index boudiné devant le visage de son fils qui avait consenti à faire au moins semblant de l'écouter.

Pétunia souriait maintenant largement. C'était visiblement là, la meilleure ambition que les Dursley pouvaient avoir pour leur fils, soi-disant prodige. Harry ricanait toujours intérieurement. Il ne faisait d'ailleurs que cela depuis le début des vacances, dès lors qu'il était en présence de sa famille. Se moquer d'eux était l'une de ses rares distractions. Ce n'était pas une attitude digne d'un Gryffondor, il le savait mais il avait des circonstances atténuantes.

"Ce contrat va nous rapporter une petite fortune. Aussi, si nous parvenons à le signer, j'ai décidé que nous nous offririons des vacances dignes de ce nom. J'ai également l'intention de m'offrir une nouvelle voiture."

Harry vit le visage de sa tante virer légèrement au rouge. Elle devait sans doute déjà imaginer tout ce que cela impliquait et tout ce qu'elle allait pouvoir raconter dans le voisinage. Ses amies allaient être vertes de jalousie. Quant à Dudley, et bien, il regardait toujours la télévision, attendant avec impatience de savoir si Brad allait sortir avec Kylie ou non. Harry regardait tout cela avec une pointe d'amusement. Mais il était en réalité totalement amer. Toutes ces préoccupations futiles ne le concernaient pas, ne le concerneraient jamais. Pas lui, pas l'enfant de la prophétie, pas le sauveur du monde. Lui, il avait seulement le droit de se préoccuper de Voldemort. Harry sentit soudainement des regards sur lui, il releva la tête et constata que son oncle le fixait, les yeux plissés.

"Quoi ?" demanda-t-il, d'un ton rogue.

Il détestait qu'on le scrute ainsi, cela lui rappelait trop les évènements de l'année. Son oncle le regardait toujours. Il ne savait pas quoi faire. Il n'avait aucune envie d'emmener son neveu si bizarre en vacances mais de se faire menacer par tous ces sorciers farfelus, deux semaines auparavant, n'avait rien de drôle. Il ne savait pas si ces menaces étaient sérieuses mais ne s'était pas posé longtemps la question. L'œil de Maugrey tournant tout seul dans son orbite était encore bien gravé dans sa mémoire. Pétunia fixait également Harry, les lèvres pincées, semblant se poser les mêmes questions. Elle ne parvenait pas non plus à oublier le visage de tous ces terribles sorciers surtout cette sorcière de si mauvais genre, cette Tonks – comment peut-on, d'ailleurs, s'appeler ainsi ?- et ses cheveux roses bonbons. Si cette dernière venait à débarquer ici, elle ne s'en remettrait pas. Que pourraient dire les voisins ?

Harry les regarda tour à tour, ne comprenant pas très bien ce qu'ils lui voulaient. Depuis le début des vacances, ils étaient plutôt du genre distant. Ils ne se préoccupaient pas de lui et Harry ne s'en portait pas plus mal. Mais cette fois-ci visiblement, ils lui voulaient quelque chose.

"Qu'est-ce qu'il y a ?" répéta Harry, dans un long soupir exaspéré.

Le visage de son oncle rougit légèrement face à cette insolence, mais il se retint de faire la réflexion qui lui brûlait manifestement les lèvres. Dudley avait même accepté de quitter des yeux sa télévision et regardait le manège de ses parents avec intérêt, attendant avec impatience que son cousin se fasse réprimander.

"Je te préviens tout de suite que je n'ai pas l'intention de débourser un centime pour te payer des vacances", annonça finalement Vernon.

"Comme si vous aviez le choix !" répliqua Harry.

Lui-même n'avait aucune envie de partir en vacances avec eux mais il ne pouvait faire autrement et il savait que son oncle et sa tante en avaient parfaitement conscience. La moustache de son oncle frémissait sous la colère et Harry considéra qu'il était peut-être temps de battre en retraite. Même si sa famille ne faisait plus rien contre lui, il ne voulait pas tenter le diable et se les mettre à dos inutilement. Son oncle le fixait toujours de ses petits yeux porcins et cela ne présageait rien de bon. Harry se leva lentement et se dirigea vers la porte. La pluie avait cessé et il avait bien l'intention d'aller faire un tour pour se changer les idées.

"Je n'ai pas fini, mon garçon", gronda la voix de Vernon Dursley, interrompant Harry dans son mouvement.

Harry soupira et s'arrêta.

"Puisque je n'ai pas le choix, tu partiras en effet avec nous mais je te préviens tout de suite que si quelque chose de bizarre se produit, tu auras affaire à moi, et aucun de tes amis bizarres ne pourra te venir en aide, est-ce que c'est clair ?"

"C'est très clair, mon oncle. Mais de toute façon, ce contrat n'est pas encore signé, on ne sait jamais ce qu'il pourrait arriver", répondit Harry avec défi.

La dernière fois que son oncle avait été en phase de signer un tel contrat, Dobby avait fait capoté toute l'affaire et Harry se plaisait maintenant à le rappeler à son oncle. Vernon Dursley serra les poings, comprenant parfaitement l'allusion à demi cachée dans cette phrase. Harry n'attendit pas que son oncle réplique quoi que ce soit et quitta la maison.

Il commença à avancer à grands pas dans la rue. Il n'en pouvait plus. Il était coincé là, à supporter les sarcasmes de sa famille tandis que Voldemort continuait ses exactions, attaquant aussi bien les sorciers que les moldus. Sa cicatrice n'avait cessé de lui faire mal, depuis qu'il était revenu à Privet Drive, Voldemort était particulièrement actif et il le savait. Et lui, il ne pouvait rien faire. Harry ne s'était jamais senti aussi impuissant de toute sa vie. Il ne pouvait que ruminer sa colère et son dégoût. Il marchait toujours ne sachant trop où aller. Il connaissait ce quartier par cœur et commençait à se sentir vraiment oppressé à Little Whinging. Il se sentait si triste, si désabusé. Il avait l'impression d'avoir plongé dans un gouffre sans fond sans parvenir à en ressortir.

Sans même s'en rendre compte, Harry était arrivé dans le petit parc où il avait passé quasiment tout son temps au début des vacances. Il aimait bien cet endroit qui n'appartenait ni au monde des moldus, ni au monde des sorciers. C'était presque un endroit neutre. Et puis, Harry adorait l'odeur de la terre après l'averse. Il s'assit sur le sol, sans prêter attention au fait, qu'il était maintenant trempé. Un bon sort de nettoyage et il n'y paraîtrait plus.

C'était peut-être la seule chose qui avait un peu égayé ses vacances. Il avait reçu ses résultats des Buses et avait constaté que ses résultats étaient plutôt satisfaisants. A part un piètre en divination et en histoire de la magie et un désolant en astronomie, il avait réussi à obtenir un acceptable en botanique, un effort exceptionnel en sortilège et métamorphose et un optimal en défense contre les forces du mal, soin aux créatures magiques et, à son grand étonnement, en potion. Mais à dire vrai, il se fichait pas mal de tous ces résultats. Son ambition de devenir auror lui paraissait loin à présent puisqu'un stupide professeur de divination avait résumé son avenir plus simplement, tuer ou être tué. La seule chose qui avait vraiment retenu son attention dans ces résultats était la petite phrase laconique à la fin de la lettre « Vous êtes désormais un sorcier de second cycle, en droit de faire de la magie en dehors de Poudlard. » Au moins, de cette façon, il ne risquait plus de convocations devant le magenmagot pour usage abusif de la magie. Ses ennuis avec la justice étaient a priori terminés.

Harry soupira en rejetant sa tête en arrière, profitant des rayons du soleil, qui daignait enfin se montrer. Il ne savait plus quoi faire. Il savait qu'il n'était plus temps de se plaindre et de pleurer mais chaque fois qu'il essayait de se reprendre en main, il finissait par s'écrouler de nouveau. Il avait besoin de changement, de renouveau mais à Little Whinging, chaque journée ressemblait désespérément à la précédente. Cette monotonie commençait à le rendre fou. Si seulement il pouvait se passer quelque chose.

Soudain, il sentit des présences autour de lui. Harry se releva brutalement, la main dans sa poche. Il se figea sur place quand il constata qu'il était encadré par deux jeunes. Visiblement il ne s'agissait pas de mangemorts mais Harry n'en était pas pour autant rassuré. Il y avait une jeune fille et un jeune homme. Ce dernier représentait tout ce que les Dursley pouvait haïr. Il portait un jean délavé et un vieux tee-shirt troué. Mais surtout son visage était couvert d'un nombre de piercing impressionnant. Il affichait un sourire mauvais qui ne laissait rien présager de bon. La jeune fille n'était pas beaucoup mieux. Elle était également adepte de piercing en tous genres. Elle portait un tee-shirt à l'effigie d'un groupe de heavy metal particulièrement trash et un pantalon noir. Elle arborait des bracelets de force aux poignets et à dire vrai semblait encore plus terrible que son compagnon. Harry déglutit avec difficulté, ne sachant pas trop ce qu'il devait faire.

"Salut", lança le jeune homme, d'une voix éraillée.

"Euh…bonjour", répondit Harry, un peu intrigué. "Je peux faire quelque chose pour vous ?" demanda-t-il, en essayant de rester le plus poli possible, pour éviter de se les mettre à dos.

La jeune fille s'approcha de lui. Un peu trop près au goût de Harry.

"Tu pourrais nous prêter un peu d'argent ?" demanda-t-elle.

Harry fronça les sourcils. Le ton qu'elle avait employé était plus celui d'un ordre que d'une demande. Mais il ne put rien faire d'autre que de secouer la tête. Il n'avait que de l'argent sorcier et il n'était pas sûr que ces deux jeunes se satisfassent de galions. Il commençait à ressentir une vague inquiétude. Il n'avait pas vraiment peur mais il n'aimait pas cela. A Little Whinging, personne ne traînait jamais dans les rues, ça c'était pour les délinquants. Il savait qu'en cas de problème, personne ne serait là pour lui porter secours.

"Fais pas cette tête, on va pas te manger", reprit le jeune homme. "On a juste besoin d'argent. Tu comprends, on doit aller voire notre mère en Ecosse. Elle va bientôt mourir et on n'a pas de quoi prendre le train."

Harry vit se dessiner un sourire sur le visage de la jeune fille et le garçon tentait visiblement de conserver tout son sérieux et en rajoutait même en se donnant de faux airs mélodramatiques. Harry sut immédiatement qu'ils mentaient et inutile d'être un grand légilimens pour le savoir.

"Je suis désolé", répondit-il. "Mais je vous l'ai dit. Je n'ai pas d'argent sur moi. Ce n'est pas que je ne veux pas vous dépanner mais je n'ai vraiment rien."

"Tu crois qu'on va gober ça ?" répliqua la jeune fille, de plus en plus agressive. "Ne nous prends pas pour des idiots. Tous les petits bourgeois qui habitent ici ont les poches pleines de liasses de billets."

Harry eut un instant un regard triste. Bien sûr, elle avait raison. Dudley recevait une forte somme chaque semaine. Mais lui, non. Il ne se rappelait pas avoir déjà eu de l'argent moldu entre les mains, de l'argent à lui, il va sans dire. Maintenant, il s'en fichait pas mal. Il avait un coffre plein à Gringotts et il ne manquait de rien. Mais malgré tout, il ne put s'empêcher de penser qu'il n'avait jamais eu droit aux mêmes plaisirs que les autres. Le jeune garçon s'approcha à son tour et planta son visage à quelques centimètres de celui de Harry.

"Pourquoi tu as l'air si malheureux, d'un seul coup ? C'est papa qui a oublié de te donner ton argent de poche ?" fit-il en feignant de pleurnicher.

La jeune fille éclata de rire. Harry le regarda avec colère. Il commençait à en avoir marre. Il n'allait pas se laisser impressionner par ces deux crétins.

"Je vous ai dit que je n'avais pas d'argent sur moi", lança-t-il, d'une voix forte. "Alors si vous n'avez rien d'autre à me dire, j'aimerais retourner à mon occupation."

Les deux jeunes se regardèrent, un moment, comme s'ils cherchaient à apprécier la dernière remarque de Harry. Puis le jeune homme reporta son attention sur lui et le détailla de la tête aux pieds.

"Pourquoi tu es habillé, comme ça ?" demanda-t-il. "Tu vas à un carnaval ?"

Harry fronça les sourcils et regarda à son tour ses vêtements. Il portait encore les affaires trop grandes de son cousin. Et c'est vrai qu'il ressemblait plus à un épouvantail qu'à un jeune garçon, ayant grandi dans ce quartier. Il laissa échapper un long soupir.

"Ce sont mes vêtements", répondit-il. "Peut-être qu'ainsi, ils finiraient par accepter qu'il n'avait pas d'argent. Je n'ai pas de quoi m'en acheter des neufs."

Le jeune homme fronça les sourcils mais n'insista pas.

"On peut savoir ton nom ?" demanda la jeune fille.

"Pourquoi ?" répondit Harry.

"C'est juste que j'aime bien savoir à qui je cause", expliqua-t-elle.

"Harry", soupira le concerné. "Je m'appelle Harry."

"Alors enchantée, Harry", répondit-elle en lui serrant la main. "Moi, c'est Kate et lui Jack. Tu habites ici ?"

"Oui, je vis chez mon oncle et ma tante. Mais je peux savoir pourquoi tu me demandes tout cela. Je vous ai déjà dit que je n'avais pas d'argent."

"T'énerve pas !" répliqua Jack. "On veut juste faire connaissance, c'est tout. Pourquoi tu vis pas avec tes parents ?"

"Ils sont morts", répondit Harry.

Il ne savait pas pourquoi il répondait à toutes leurs questions. Peut-être simplement parce que ces deux jeunes, qui avaient perdu un peu de leur agressivité, apportaient un peu de changement au quotidien un peu trop bien huilé de Privet Drive. Au moins, discuter avec eux l'occupait.

"Désolé", fit Jack, avec une pointe de sincérité dans la voix.

Harry fit un vague geste de la main pour indiquer que ce n'était pas grave. Il avait, depuis longtemps, fait le deuil de ses parents.

"Et tu vas dans quel collège ?" poursuivit Kate.

"A St Brutus", répondit Harry, par automatisme.

Les Dursley lui avaient si souvent répété que c'est ce qu'il devait répondre qu'il ne songea même pas à ce qu'il disait. C'était devenu un réflexe de donner cette réponse. Mais il sentit bien vite qu'il aurait mieux fait de ne pas se plier à cette règle avec ces deux là. Kate et Jack se regardaient à présent les sourcils froncés.

"Tu nous prends pour qui ?" s'exclama soudain la jeune fille, qui avait retrouvé toute son agressivité. "Nous on vient gentiment discuter avec toi et tu nous mens. On vient de St Brutus, si tu avais été là-bas, on l'aurait su !"

Si la situation n'avait pas été ce qu'elle était, Harry aurait presque éclaté de rire tant la situation était risible. Les Dursley avaient depuis toujours prétendu qu'il avait été placé dans cette institution et voila que, maintenant, on lui demandait des comptes. Les deux jeunes gens le fixaient toujours et Harry n'aurait su dire si ils lui voulaient du mal ou pas. Il poussa un nouveau soupir.

"C'est ma famille qui m'a demandé de dire cela. Ils font croire à tout le monde que je suis à St Brutus. Alors je suis tenu de confirmer dès qu'on me pose la question."

Jack ouvrit de grands yeux, visiblement surpris par cette réponse. Puis, il éclata soudainement de rire.

"C'est l'explication la plus stupide que j'ai jamais entendu", haleta-t-il, entre deux rires. "Mes parents font tout ce qu'ils peuvent pour que tout le monde ignore que je suis là-bas et toi, tu vas me faire croire que ta famille répand volontairement cette rumeur. Pourquoi ils feraient cela ?"

"Je ne sais pas", répondit Harry, en haussant les épaules. "Je crois qu'ils veulent seulement prouver à tout le monde que je suis moins bien que mon crétin de cousin."

Jack mit plusieurs secondes pour se remettre de son hilarité. Kate souriait également. Et Harry ne put empêcher ses lèvres de s'étirer en un mince sourire. C'est vrai que la situation pouvait paraître étrange.

"Tu sais que tu me plais, toi", lança Jack en donnant une grande claque sur l'épaule de Harry. "C'est la première fois qu'on rencontre un petit bourgeois comme toi."

Puis il se tourna vers Kate et tous deux échangèrent un regard entendu. Harry fronça légèrement les sourcils, il n'aimait pas vraiment cela.

"Bon, c'est pas tout ça", continua Jack, "mais il faut qu'on y aille. Tu saurais pas où on peut acheter des cigarettes par hasard ?"

"Il y a un tabac, pas loin", répondit Harry.

"Tu pourrais nous montrer où c'est ?" demanda Kate.

Harry hésita un instant. Il était bien tenté de les accompagner. Ça le ferait bouger un peu et changerait de sa ballade habituelle. Et puis, ces deux jeunes n'étaient pas aussi terribles qu'il n'y paraissait au premier abord. Il leur trouvait même un petit quelque chose de sympathique. Peut-être simplement parce qu'à leurs yeux, il n'était ni un monstre, ni le survivant. Mais juste Harry. Parler avec eux lui faisait du bien et l'empêchait de ruminer ses sombres pensées. En même temps, il n'aimait pas trop leur air trop sûr d'eux. Au fond de lui, il sentait que quelque chose n'allait pas. Harry balaya cette idée. Après tout, il s'agissait juste de les accompagner jusqu'à la petite épicerie du quartier, rien de plus. Que pourrait-il lui arriver ?

"Suivez-moi", dit-il simplement.

Et il commença à avancer pour sortir du parc. Les deux autres le suivirent et Harry ne vit pas le petit sourire complice qu'ils s'échangèrent.

Ils arrivèrent rapidement devant le petit bureau de tabac du quartier. Bien qu'il eût prévu de les laisser dès qu'ils seraient arrivés, Harry pénétra avec eux dans la boutique. Il n'avait plus mis les pieds dans un magasin moldu depuis longtemps et il voulait prolonger ce moment où il était juste un garçon normal, le plus longtemps possible. Il commença à regarder tout ce qui était vendu ici et qu'il ne pourrait jamais s'acheter, faute d'avoir le moindre argent moldu. Il y avait de tout dans cette boutique. C'était un peu un magasin d'appoint, l'épicerie de secours, au cas où on ait oublié d'acheter quelque chose au supermarché.

Harry jeta rapidement un œil autour de lui. La buraliste était une femme d'une quarantaine d'année, bien en chaire, au visage peu avenant et aux réflexes de commerçante avare. Elle portait l'une de ses jupes à grosses fleurs fluos que Harry trouvait d'un goût plus que douteux. Dès qu'ils eurent mis un pied dans sa boutique, elle ne les quitta pas des yeux. Elle connaissait Harry et pensait, elle aussi, qu'il était à St Brutus. Elle voyait donc d'un très mauvais œil sa présence dans son magasin avec deux jeunes d'un bien mauvais genre. Harry ne se formalisa pas pour cela, habitué à ce genre de regards. Jack s'occupait d'acheter des cigarettes, tandis que Kate tournait dans tout le magasin comme si elle cherchait quelque chose. Harry fronça les sourcils trouvant son attitude bien étrange mais surtout il n'aimait pas du tout, le petit sourire qui ne quittait plus son visage. Il sentait qu'il allait se passer quelque chose.

Quelques secondes après, il eut la confirmation de ce qu'il redoutait. Kate s'approcha de la caisse et jeta un regard entendu à son ami. Harry commença à s'inquiéter vraiment et se décida à les laisser. Mais il n'eut pas le temps de faire un geste que Kate avait sorti une arme et la pointait sur la buraliste.

"Donne ta caisse et vite", dit-elle d'une voix glaciale.

La buraliste blêmit soudainement, terrorisée face à la menace de l'arme. Harry était figé sur place, ne parvenant pas à faire le moindre geste. Le monde avait comme arrêté de tourner autour de lui et il sentait le sol se dérober sous ses pieds. Kate et Jack étaient en train de commettre un vol et c'est lui qui les avait amené ici. Il ne parvenait pas à réfléchir à une solution pour ce sortir de là.

Pendant ce temps, face au manque de réaction de la buraliste qui fixait le canon de l'arme avec panique, Jack était passé par-dessus le comptoir et remplissait un grand sac avec tous les billets que contenait la caisse. Harry ne savait toujours pas quoi faire. Il ne pouvait pas fuir et laisser cette pauvre commerçante toute seule avec les deux autres mais pouvait-il vraiment intervenir ? Devait-il sortir sa baguette qu'il avait toujours dans sa poche et risquer ainsi de révéler l'existence du monde des sorciers à des moldus ? En même temps il y avait de fortes chances pour que Jack et Kate se contentent de prendre l'argent et de repartir aussi vite, c'était peut-être le moindre mal.

Harry réfléchissait toujours à ce qu'il devait faire, lorsque des sirènes de police se firent entendre dans la rue. Harry souffla, il était sauvé. La police allait s'occuper de régler la situation et il n'aurait pas à intervenir. Jack et Kate se regardèrent paniqués, visiblement, ils ne s'attendaient pas à une intervention si rapide des forces de l'ordre. Jack repassa de l'autre côté du comptoir et tous deux coururent vers la sortie, passant devant Harry, qui n'avait toujours pas bougé. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à sortir, une voiture de police s'arrêta devant la boutique dans un crissement de pneus. Les deux jeunes, se regardèrent, complètement paniqués. Harry n'osait pas bouger ne voulant pas attirer l'attention sur lui. Kate se tourna vers la buraliste.

"Il y a une sortie derrière ?" hurla-t-elle, en menaçant la femme de son arme.

La commerçante qui était maintenant aussi blanche que son tee-shirt, hocha la tête en ouvrant et fermant la bouche comme si elle essayait de dire quelque chose qui ne voulait pas sortir. Trois policiers sortaient déjà de leur voiture. Kate et Jack n'avaient plus que quelques secondes pour agir. Harry n'osait pas faire le moindre geste, il n'entendait plus que les battements de son cœur. Devait-il fuir avec eux ? Il ne savait plus où il en était. Il s'était senti moins perdu face à des mangemorts que dans cette situation où il ne maîtrisait plus rien.

Kate saisit son ami par le bras et l'entraîna avec elle pour rejoindre la sortie de secours, leur seule chance de s'en tirer. Elle se retourna et recommença à courir. Tout à sa fuite, elle ne vit pas Harry et lui rentra dedans. Harry s'écroula sur le sol, Kate effondrée sur lui. Dans la chute la jeune fille laissa échapper son arme qui tomba à quelques centimètres de la main de Harry. Ce dernier était légèrement sonné. Il n'eut pas le temps de faire le moindre geste que Jack aidait son amie à se relever et ils repartaient tous deux en courant. Harry se redressa légèrement, fixant le dos des jeunes gens qui disparurent bientôt par la porte du fond. La commerçante était toujours figée, la bouche ouverte, incapable de prononcer le moindre son.

Harry, un peu perdu, regarda autour de lui, et aperçut l'arme qui gisait à terre, juste à côté de lui. Sans avoir tout à fait conscience de ce qu'il faisait, il ramassa l'arme et la scruta un moment. Il sentait son cœur battre à toute vitesse dans sa poitrine, il transpirait terriblement. Il releva la tête lentement et se retrouva face à trois policiers qui pointaient leurs armes sur lui. Harry cligna des yeux à plusieurs reprises, ne comprenant pas très bien les raisons de cette menace. Il voulut dire quelque chose mais tout ce qui réussit à sortir de sa bouche était un borborygme inintelligible.

"Lâche ton arme immédiatement", ordonna l'un des policiers d'une voix glacée.

Harry fronça les sourcils, avant de se rappeler qu'il tenait bien un pistolet dans sa main. Il le lâcha immédiatement, le policier le força à se coucher sur le ventre et lui saisit les bras. L'instant d'après, il releva violemment Harry qui se retrouvait, maintenant, menottes aux poignets, sans avoir vraiment eu le temps de bien comprendre ce qu'il se passait. Il avait l'impression que tout se passait au ralenti. Il n'entendait plus rien et il ne voyait plus que des gens qui ouvraient la bouche sans qu'il entende vraiment ce qu'ils disaient. Des hurlements le ramenèrent à la réalité.

"Ils étaient trois, ils m'ont tout pris", hurlait la commerçante, en pointant Harry du doigt.

Harry fronça les sourcils. Comment pouvait-elle dire cela ? Il n'avait rien fait, il était complètement innocent. Lui aussi s'était fait piégé. Soudain Harry sembla prendre conscience de la situation. Pour la buraliste, il était venu avec les deux autres, il était donc forcément de mèche. Harry essaya de répliquer quelque chose à ces accusations mais il n'en eut pas le temps. L'un des policiers commença à fouiller ses poches et Harry le vit, avec horreur, sortir sa baguette magique.

"Ne touchez pas à cela !" hurla-t-il.

"Tu ferais mieux de te calmer !" ordonna le policier en resserrant sa prise sur le bras de Harry. "Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda-t-il, en brandissant la baguette sous le nez du jeune homme.

"Je…Ca ne vous regarde pas. C'est pas à vous, rendez la moi !"

Harry ne savait que répondre. Ils le croyaient déjà complice du vol, si, en plus, il disait qu'il s'agissait de sa baguette magique, il n'aurait plus aucune chance de prouver son innocence. Le policier ne sembla pas se formaliser de cette réponse et glissa la baguette dans un sac en pastique. Harry regardait tout cela, complètement désespéré. Il fallait vraiment s'appeler Harry Potter pour s'attirer autant d'ennuis, ce n'était pas possible autrement. Un homme entra alors dans le bureau de tabac. Harry le fixa un moment. Il était plutôt grand, vêtu d'un costume élimé, qu'il devait porter depuis de nombreuses années et avait un visage plutôt mystérieux. Des grands yeux d'un bleu profond, un visage fin d'où émanait une élégance naturelle et en même temps une expression de misère sur le visage. Il ressemblait au genre de type qui exerce le même métier depuis des années, et qui s'ennuie. Plus rien ne semblait pouvoir l'étonner. L'homme regarda un moment Harry avant de se retourner vers la commerçante qui pleurait à chaudes larmes.

"Bien, que s'est-il passé ?" demanda-t-il, en esquissant un petit sourire compatissant.

"Ils étaient trois", sanglota la femme. "Lui et deux de ses copains, une fille et un garçon. Les deux autres m'ont menacé avec leur arme pendant qu'il faisait le guet."

"Mais c'est n'importe quoi !" s'indigna Harry.

Le policier se tourna vers lui, tout sourire ayant quitté son visage.

"Tu parleras quand on t'interrogera", répliqua-t-il d'un voix glacée.

Harry fronça les sourcils mais estima préférable de se taire, il n'arriverait à rien en se mettant à dos la police.

"Continuez madame", reprit le policier en se retournant de nouveau vers la femme, un sourire, qui se voulait rassurant, aux lèvres.

"Ils m'ont tout pris, ils ont vidé ma caisse entièrement. Puis quand ils vous ont entendu arriver ils sont sortis par derrière. Mais lui n'a pas eu le temps de fuir."

"Vous les aviez déjà vu ?"

"Non, je ne connaissais que celui là. Il est à St Brutus. Je vous le dis, c'est de la graine de voyou, attaquer une faible femme comme moi."

Harry esquissa une grimace, il n'était pas sûr que le terme de « faible femme » soit tout à fait approprié pour elle. Elle devait bien faire deux fois sa taille et trois fois son poids.

"St Brutus ?" répéta le policier, en arquant un sourcil, le visage tourné vers Harry. "Ça doit être l'un des fugueurs que l'on nous a signalé."

Harry voulut répliquer quelque chose mais le policier le fit taire d'un geste. De toute façon, Harry ne savait pas trop quoi dire. Il n'avait jamais mis les pieds à St Brutus mais pouvait-il vraiment expliquer que sa famille racontait cela partout pour cacher le fait qu'il était un sorcier ?

Le policier le fixa encore un moment, le regardant sous toutes les coutures, comme pour décider s'il avait ou pas un dangereux criminel devant lui.

"Bien", dit-il finalement, "nous allons tirer tout cela au clair. Il faudrait que vous passiez au commissariat pour faire enregistrer votre déposition", indiqua-t-il à la buraliste.

"Et pour mon argent ?"

"Ne vous inquiétez pas, madame. Nous emmenons ce jeune homme et je suis sûr qu'il va se faire un plaisir de nous dévoiler l'identité de ses complices."

"Ce ne sont pas mes complices", répliqua Harry qui désespérait de pouvoir leur faire comprendre qu'il était parfaitement innocent.

Le policier le regarda un moment, avec un petit sourire mauvais aux lèvres et fit un signe de tête vers la porte. Celui qui tenait Harry par le bras, l'entraîna vers l'extérieur. Harry essaya de se défaire de cette emprise, ils ne comprenaient pas, il n'avait rien fait. C'était une abominable méprise. Le policier resserra sa prise sur le bras de Harry et le força à sortir. Il ouvrit la portière d'une des voitures et le poussa sans ménagement à l'intérieur. Harry ne savait plus quoi faire. Comment pourrait-il leur expliquer qu'il n'avait rien fait ? La voiture démarra quelques instants plus tard, emmenant un Harry, complètement perdu. Durant tout le trajet il répéta inlassablement, qu'il n'avait rien fait, qu'il s'était juste contenté de leur indiquer où ils pouvaient acheter des cigarettes mais le policier ne semblait pas disposer à l'écouter et Harry finit par abandonner alors que la voiture s'arrêtait devant le commissariat du quartier.

C'était un grand bâtiment moderne, d'une laideur absolue et qui aurait mérité d'être rénové depuis longtemps. Les murs étaient couverts de traînées de crasse et l'immeuble menaçait de tomber en ruine. Harry ne s'arrêta pas plus longtemps sur l'aspect du bâtiment. Le policier qui lui tenait toujours le bras, le poussa à l'intérieur. Harry regarda à peine ce qui l'entourait. Il sentait des regards se poser sur lui et préféra baisser la tête. Il était complètement en état de choc, alors il se contentait d'avancer, d'une démarche mécanique.

Après un long trajet dans un dédale de couloirs et d'escaliers, il fut emmené dans un bureau et assis sur une chaise. Puis le policier sortit et Harry se retrouva seul. Il regarda autour de lui. La pièce était tout, sauf accueillante. Le seul mobilier consistait en un bureau et une étagère sur lesquels s'entassaient des dizaines de dossiers. De grands rideaux aux fenêtres obstruaient presque complètement la lumière du soleil. Une vieille odeur de tabac froid emplissait l'air et commençait à embrumer l'esprit de Harry.

Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait dire. Comment avait-il pu se mettre dans cette situation ? Que diraient Ron, Hermione et les membres de l'Ordre ? Et Mrs Weasley qui le considérait comme son fils, elle allait être vraiment déçue. Il aurait du comprendre que Kate et Jack préparaient un mauvais coup. Pourquoi n'était-il pas resté dans la maison ? Harry commença à sentir la colère monter en lui. Ce genre de choses n'arrivait qu'a lui. Il n'avait aucun moyen de prouver son innocence et personne ne pourrait se porter garant pour lui. Dans le monde des moldus, Harry Potter n'était qu'un gamin comme les autres. Finalement la célébrité pouvait avoir du bon. Ici, Dumbledore n'aurait aucune influence pour le sortir de cette situation.

Et si Voldemort attaquait pendant ce temps là, que ferait-il, lui le héros du monde sorcier, accusé de vol ? Harry avait envie de hurler sa rage contre cette satanée vie qui s'acharnait toujours sur les mêmes mais les menottes l'empêchaient de faire le moindre mouvement. Il avait besoin d'expliquer qu'il n'avait rien fait et si quelqu'un n'arrivait pas rapidement, il sentait qu'il allait exploser. Comme une réponse à son désir, la porte du bureau s'ouvrit, à cet instant, pour laisser entrer le policier que Harry avait rencontré dans la boutique.

Sans un regard pour le jeune homme, il s'assit à son bureau et commença à trier des papiers. Harry suivait chacun de ses mouvements. Il n'en pouvait plus. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, mais il commençait à en avoir marre. Seulement, à regarder le policier, il pouvait deviner qu'il n'était pas prêt de sortir. Les minutes s'égrenèrent sans que l'homme ne le regarde une seule fois comme si Harry n'était pas là. Ce dernier commençait à se sentir vraiment oppressé dans ce bureau.

Finalement le policier rangea une dernière pile de dossier, alluma son ordinateur et se tourna vers Harry. Il le fixa encore un moment, les yeux légèrement plissés et se tourna vers l'écran de sa machine.

"Non et prénom", commença-t-il.

"Harry James Potter", répondit le concerné qui savait qu'il avait intérêt à coopérer s'il voulait prouver sa bonne foi.

"Adresse."

"4 Privet Drive à Little Whinging."

"Date de naissance?"

"31 juillet 1980."

Harry essayait de répondre de la voix la plus neutre possible même si intérieurement, il bouillait. Il voulait lui crier qu'il n'avait rien fait mais il savait par avance que cet homme serait sourd à toutes ses protestations.

"Tu vas à l'école ?" lui demanda le policier en lui jetant un regard soupçonneux.

Harry commença à gigoter sur sa chaise. Il ne savait toujours pas ce qu'il devait répondre. Dans ce genre de situation, était-il autorisé à dévoiler l'existence du monde des sorciers. Mais le croirait-on seulement ? Harry remarqua alors que le policier avait déposé sur son bureau, sa baguette magique. Peut-être pourrait-il jeter un sort pour le convaincre ?

"Je me suis renseigné", reprit le policier, sans attendre la réponse de Harry. "Je sais, que, contrairement à ce que dit tout le monde dans ton quartier, tu n'as jamais mis les pieds à St Brutus. Alors j'aimerais que tu m'expliques pourquoi tout le monde en est persuadé."

"Je ne sais pas", mentit Harry.

L'homme soupira bruyamment et se frotta les yeux, d'une main fatiguée. Il regarda encore un moment Harry et finalement il sortit une cigarette qu'il alluma d'un geste lent.

"Ecoute moi bien mon garçon, si tu veux que les choses se passent bien, tu as intérêt à répondre à mes questions."

"Je vous jure que je ne sais pas pourquoi tout le monde croit ça", insista Harry.

"Alors dis moi où tu vas à l'école."

"Je…je ne peux pas", répondit Harry, en détournant la tête.

"Comme tu voudras", répliqua l'homme en se levant et en commençant à arpenter la pièce tout en tirant sur sa cigarette. "Tu ne me facilites pas la tâche. De toute façon, je finirai bien par découvrir ce que tu veux me cacher. J'ai appelé chez toi. Tes parents n'étaient pas là mais dès que je pourrais leur parler j'aurais le fin mot de cette histoire."

Si la situation n'avait pas été aussi catastrophique, Harry se serait, sans doute, laissé à rire à la pensée des Dursley devant expliquer pourquoi ils racontaient à tout le monde qu'il allait à St Brutus. L'ironie de la situation lui arracha presque un sourire. Mais tout amusement le quitta immédiatement, alors que le policier s'asseyait sur son bureau face à lui.

"Qui sont tes deux complices ?" demanda-t-il, d'une voix dure.

"Ce ne sont pas mes complices", répéta Harry. "Je ne les connais pas. Ils m'ont juste demandé où ils pouvaient acheter des cigarettes."

"Je crois, mon garçon, que tu n'as pas très bien compris la gravité de la situation dans laquelle tu te trouves. Nous t'avons arrêté en flagrant délit de vol à main armée. Tu tenais une arme entre tes mains lorsque nous sommes arrivés. C'est très grave. Tu as intérêt à coopérer si tu veux limiter les dégâts."

"Ce n'était pas mon arme, c'est Kate qui l'a faite tomber quand elle s'est enfuie !" répliqua Harry, parvenant de moins en moins à contenir sa colère.

"Et bien voila on avance. Je sais maintenant que la jeune fille qui t'accompagnait s'appelait Kate. C'est tout de même étrange que tu connaisses son prénom alors que tu prétends qu'ils t'ont juste demandé où ils pouvaient acheter des cigarettes."

Harry fronça les sourcils, se rendant compte qu'il n'avait pas arrangé son cas. Il avait intérêt à tout raconter.

"Je ne les connais pas", soupira-t-il. "On a juste discuté un peu et ils m'ont dit comment ils s'appelaient, c'est tout. Ils m'ont dit qu'ils étaient de St Brutus et qu'ils voulaient acheter des cigarettes. Ils ont voulu que je les accompagne et c'est tout. Je ne savais pas du tout qu'ils avaient l'intention de cambrioler le magasin."

"Donc, ils te demandent où ils peuvent acheter des cigarettes, tu les accompagnes et tu restes avec eux dans le magasin pendant toute la durée de leur achat. Tu es quelqu'un de très serviable", ironisa le policier.

Harry se rendit compte à cet instant qu'en effet les circonstances ne plaidaient pas en sa faveur. C'est vrai que son attitude prêtait à confusion. Pourquoi était-il resté avec eux ? Il le savait parfaitement, en fait, c'était juste pour s'occuper, pour pouvoir ne pas penser à Sirius pendant juste un petit moment. Mais cela ne constituerait jamais une explication suffisante pour l'innocenter.

"Je vais te poser encore une fois ma question. Qui sont tes complices ?"

"Je vous ai déjà dit que je n'en savais rien. Je connais juste leurs prénoms, Kate et Jack."

"Ne te moque pas de moi", cria le policier en frappant du poing sur son bureau.

Harry sursauta, surpris par cette violence soudaine.

"Où peut-on les trouver ? Vous deviez bien avoir un lieu de rendez-vous au cas où cela tournerait mal ! C'était quoi votre plan pour après ?" interrogea le policier, en plantant son visage à quelques centimètres de celui de Harry

"Je vous répète que je n'en sais rien", s'énerva Harry." Je ne les connais pas !"

Le policier poussa un long soupir. Harry fronça le nez. Cet homme puait le tabac froid, mélangé à un reste de Whisky et ça n'avait rien d'agréable.

"Tu as pourtant l'air d'un bon petit gars", reprit le policier, en secouant la tête. "Mais je te préviens tout de suite que je ne te laisserai pas toi et toute ta bande de voyou mettre à sac ce quartier. Tu ferais mieux de tout avouer. Te taire ne va faire qu'empirer ta situation qui n'est déjà pas rose. Tu as attaqué une honnête commerçante, tu as été retrouvé avec une arme à la main et tu couvres la fuite de tes complices, ce n'est pas comme ça que tu vas t'en tirer. Si tu t'obstines à les protéger, tu paieras pour eux."

Harry déglutit avec difficulté. Il se voyait déjà en prison. Mais que pouvait-il dire ? Il n'avait vraiment aucune idée de qui étaient les deux jeunes.

"Leurs noms ?" répéta le policier.

"Je ne sais pas", répondit Harry, dans un soupir de lassitude.

"Qu'aviez vous l'intention de faire avec cet argent ? Partir en virée ? Vous offrir une voiture ?"

"Je ne voulais rien faire avec cet argent, je n'ai rien fait."

"Alors pourquoi te trouvais-tu dans ce magasin, avec une arme ?"

"Je vous l'ai déjà dit. Je leur ai juste montré où ils pouvaient acheter des cigarettes et je n'avais pas d'arme."

"Alors ce sont mes collègues qui mentent quand ils disent que tu avais une arme à la main quand ils sont arrivés ?"

"Je vous l'ai déjà dit, Kate l'a fait tomber en s'enfuyant et je l'ai juste ramassée."

"Alors toi, quand une arme tombe à tes pieds, tu la ramasses, avoue que c'est un peu étrange."

"C'était un réflexe."

"Un réflexe ? Tu as vraiment des réflexes intéressants pour un jeune homme de seize ans."

Harry baissa la tête. Bien sûr que c'était idiot de sa part d'avoir ramassé cette arme, et même lui ne pouvait expliquer pourquoi il l'avait fait. A présent, il n'avait plus qu'une seule envie, aller se coucher et se réveiller en constatant que tout cela n'était qu'un cauchemar. Le policier écrasa sa cigarette avec force dans son cendrier et se saisit de la baguette de Harry.

"Je peux savoir ce que c'est ?"

"Vous le voyez bien, c'est juste un morceau de bois", répondit Harry, qui avait finalement décidé de ne rien dire sur le fait qu'il était un sorcier.

Le policier était un peu trop obtus pour qu'il ait une chance d'être cru.

"Juste un morceau de bois ? Donc tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je le brise", ajouta le policier en saisissant la baguette à deux mains.

"NON !" hurla Harry en se redressant soudainement.

Le policier haussa un sourcil et força Harry à se rasseoir.

"Je te conseille de te calmer si tu ne veux pas aggraver davantage la situation. En tout cas, je trouve ta réaction un peu excessive pour un simple morceau de bois. De toute façon n'es-tu pas un peu grand pour garder un stupide morceau de bois dans ta poche comme un enfant qui se construit une épée. Alors, je te répète ma question. Qu'est-ce que c'est ?"

"Ça ne vous regarde pas."

Le visage du policier prit soudainement un teint rubicond du plus bel effet. Il s'approcha du jeune homme et planta ses yeux dans ceux de Harry.

"Je crois que tu n'as pas très bien compris ce qu'il se passe ici. Tu vas être inculpé de vol à main armée. Tu risques au moins cinq ans de prison, si ce n'est plus. Alors tout ce qui te concerne me regarde."

Harry détourna la tête mais le policier le saisit par le menton et l'obligea à le regarder.

"Réponds à mes questions. Qu'est-ce que c'est que ce truc, qui a l'air d'avoir tant de valeur pour toi ? Dans quelle école tu vas ? Qui sont tes complices ? Où est-ce qu'ils se cachent ?"

Harry fixa l'homme sans ciller. Il ne pouvait rien dire, il ne devait rien dire. Quoi qu'il lui arrive, révéler la vérité ne changerait rien, on le prendrait pour un fou. Cet homme commençait vraiment à l'insupporter.

"Très bien, comme tu voudras, c'est à toi de voir. Nous reprendrons cette conversation dans quelques heures."

L'homme lâcha Harry et s'éloigna. Il ouvrit un des tiroirs de son bureau et y rangea la baguette. Il regarda encore un moment Harry qui avait désormais les yeux fixés sur ses chaussures. Finalement, il sortit et appela un collègue. Le concerné pénétra dans la pièce et se saisit de Harry l'entraînant avec lui dans de nouveaux couloirs. Harry ne prononça pas un mot. Sa gorge était sèche. Il avait de sérieux problème. Si au moins il pouvait prévenir Dumbledore mais il ne pouvait pas compter sur les Dursley pour le faire. Sa famille ne ferait certainement aucun effort pour le sortir de là.

Le policier lui fit descendre de nombreux escaliers et finalement ils atterrirent dans une nouvelle pièce. Harry ne faisait même plus attention à ce qu'il se passait. Il tournait et retournait dans sa tête, toutes les solutions qui pouvaient se présenter à lui. Mais rien, il avait beau réfléchir, il devait bien admettre que la situation était catastrophique. On lui retira ses menottes et un homme lui prit ses empreintes digitales. Harry se laissa faire, trop abattu pour réagir. Voila que comme Sirius, il était accusé à tort.

Quelques instants plus tard et sans avoir bien fait attention à tous les évènements, il se retrouva enfermé dans une cellule en compagnie d'un autre jeune homme qui le regardait étrangement. Harry s'assit en soupirant longuement. Qu'allait-il faire à présent ?