Une nouvelle vie
Résumé complet: Lorsque Bella emménage à Forks chez son oncle John, elle est persuadée de ne jamais pouvoir trouver sa place dans cette ville qui lui semble si froide et austère. Pourtant, sa rencontre avec Jacob Black, un indien de la tribu Quileute, lui permet d'entrevoir l'espoir de commencer une nouvelle vie. Mais plus elle apprend à le connaître, plus elle est persuadée que le jeune homme lui cache de sombres secrets. Qui est-il vraiment, et quels mystères les Quileute tentent-ils de préserver ? En quelques mois, Bella va en apprendre bien plus sur le monde qui l'entoure et sur sa propre vie qu'en 17 années d'existence...
1.
Je n'ai jamais été très à l'aise avec les sentiments. C'est certainement pour cette raison que j'ai autant de mal à expliquer à mon père que je ne quitte pas Phoenix parce que je ne l'aime pas, mais que, bien au contraire, je le fais pour lui. Nous souffrons tous les deux d'un sérieux problème de communication, et ce depuis toujours. Des petits gestes simples pour certains, comme le prendre dans mes bras, lui dire que je l'aime, ou tout simplement l'appeler « papa », sont une vraie torture de chaque jour pour nous deux. Ce manque de preuve d'affection ne m'a jamais perturbée. Au contraire, ça m'arrangeait plutôt bien, étant donné que je ne suis moi-même pas très douée pour ça.
Mais alors, comment expliquer ce soudain sacrifice que je fais ? Mon oncle et sa femme semblent aussi surpris que moi par ma demande de m'installer chez eux, en plein milieu de l'année. Je ne m'explique pas moi-même mon geste. Tout ce que je sais, c'est que c'est la seule manière que j'ai trouvé de témoigner à mon père l'amour que je lui porte. Je voyais bien qu'il n'était pas comblé à Phoenix. Il rêve depuis des mois de pouvoir suivre sa nouvelle femme, Veronica, ma belle-mère, à travers les Etats-Unis, pour ses tournées. Pianiste renommée, il souffrait de la voir seulement un week-end toutes les trois semaines. Alors, j'ai fait la seule chose qui me paraissait possible : faire mes bagages et le décharger de toute responsabilité à mon égard. Il refusait de me laisser seule à Phoenix, prétextant qu'il ne pouvait pas quitter son travail, mais il faisait surtout ça pour ne pas culpabiliser de me laisser.
Alors, c'est moi qui le laisse. Je m'installe chez John et Mary, je pars commencer une nouvelle vie loin de Phoenix, dans une petite bourgade de l'État de Washington. Forks. Ville où il pleut, je dirais, les trois quarts de l'année. Bon, j'exagère peut-être un peu, mais je ne dois pas être trop éloignée de la vérité. John et Mary constituent ma famille la plus proche après mon père. N'ayant jamais connu ma mère, disparue dans un accident de voiture alors que je n'étais encore qu'un nourrisson, mon père s'est retrouvé à m'élever seul, et on peut dire que ça ne lui a pas beaucoup réussi. Je ne dis pas qu'il m'a mal élevé, ou que j'ai été malheureuse, loin de là, mais il n'a clairement pas la fibre paternelle.
Je ne sais pas si j'ai fait le bon choix. Peut-être que je ne vais pas supporter cette ville pluvieuse, peut-être que je vais regretter le soleil rassurant de Phoenix, peut-être que je ne vais pas me faire d'amis et me retrouver seule, ce qui ne me changera pas trop de Phoenix, peut-être qu'au contraire je vais enfin rencontrer des gens qui méritent d'être connus, peut-être que je vais me plaire ici, peut-être que m'éloigner de mon père nous fera du bien à tous les deux et nous permettra de mieux nous entendre les peu de fois où nous nous verrons.
Cela fait beaucoup de peut-être, beaucoup de questions, mais je ne peux plus reculer maintenant, pas maintenant que j'ouvre la porte de la chambre qui m'a accueilli pour la première fois il y longtemps, quand je suis venue passer mes premières vacances ici, à l'age de 8 ans. Beaucoup de peut-être, mais au moins une certitude. J'entame une nouvelle vie. Je ne sais pas de quoi elle va être composée, mais j'ose espérer qu'elle en vaudra la peine. Que cet exil en vaudra la peine.
Ma chambre n'a pas changé depuis toutes ces années, ce qui me fait sourire. John a toujours veillé à ce que je retrouve mon petit cocon les peu de fois où je viens à Forks. John et sa femme m'accueillaient avec joie pendant les vacances quand je le désirais. Petite, j'adorais venir à Forks, même si le voyage était rare. Avec le temps, j'ai peu à peu perdu le contact avec mon oncle et ma tante, ce que j'ai toujours regretté. Mary se rapproche pour moi le plus d'une mère, elle a toujours été la seule présence féminine dans ma vie. Jusqu'à l'arrivée de Veronica bien sûr. À partir de là, tout a changé.
-J'espère que tu y retrouves tes marques, dit John en observant mes réactions.
Je n'ai pas vu cette chambre depuis maintenant de nombreuses années. Seule différence avec ma dernière visite, les jouets ont disparu pour laisser place à un bureau spacieux et très pratique, qui me servira beaucoup pour le lycée.
-Elle est parfaite. C'est vraiment gentil de m'accueillir.
John m'adresse un sourire, appuyé contre le chambranle de la porte. Mon oncle a une quarantaine d'années et me surplombe de plusieurs centimètres, alors que je ne suis pas connue pour être petite.
-Ton père m'a dit que tu avais un ordinateur. Pour travailler, c'est mieux.
-Oui, ne t'inquiète pas pour ça.
John soupire soudain et je lui lance un regard interrogateur.
-J'ai du mal à comprendre, Bella, pourquoi tu as absolument voulu venir t'installer ici. Je veux dire, Mary et moi sommes très heureux de t'accueillir, mais avoue que c'est un changement plutôt brutal. Tu n'as jamais trop apprécié l'ambiance et le climat de Forks.
Je hausse les épaules.
-Je suis sure que je vais être très bien ici.
-Rassure-moi, tu n'as pas voulu te sacrifier pour laisser à ton père la possibilité de suivre son idiote d'artiste ?
Je grimace. John n'a jamais apprécié Veronica, il ne comprend pas comment elle peut accaparer autant mon père au point de l'éloigner de moi, déjà que nous ne sommes pas très proches. Il doit encore la détester davantage maintenant que je quitte carrément le domicile familial pour m'installer avec eux.
-Je veux que papa soit heureux, j'élude. Je serai heureuse ici, j'en suis certaine. Et puis, ça me changera d'air.
-Charlie m'a dit que tu avais quelques problèmes au lycée. Selon lui c'est pour ça que tu as préféré partir.
Je grince des dents. Pourquoi faut-il toujours que mon père raconte ma vie ?
-Oh, rien de bien grave. Je n'étais pas très appréciée.
John hoche la tête, n'insistant pas. C'est ce que j'aime chez lui. Il n'insiste jamais, il sait rester à l'écart quand il le faut. Un peu comme mon père. Ils se ressemblent beaucoup tous les deux.
-Bon, je vais te laisser t'installer, ta tante ne devrait pas tarder à rentrer.
Mary est médecin à l'hôpital de la ville. C'est John qui est venu me chercher à l'aéroport de Port Angeles. Partie de Phoenix, j'ai d'abord décollé jusqu'à Seattle, puis jusqu'à la ville voisine, avant un dernier trajet en voiture, où John a essayé de rattraper ces années d'éloignement.
Je hoche la tête, et John est sur le point de sortir quand il fait finalement demi-tour et repasse la tête dans ma chambre.
-Je suis content que tu sois là, dit-il d'un air gêné avant de s'éclipser.
Pour ça, mon père, John et moi nous ressemblons beaucoup. Il souffre comme nous d'un sérieux problème quand il s'agit d'effusions d'affection et de grands discours. Quand je suis arrivée à l'aéroport, il m'a pris maladroitement dans ses bras, et j'ai eu l'impression d'avoir mon père face à moi. Nous avons toujours été si maladroits l'un envers l'autre.
Ca ne me change pas trop de chez moi, finalement. Il sera plus difficile de calmer l'entrain de Mary, qui apparemment trépigne d'impatience depuis l'annonce de ma venue.
J'ouvre la valise que John a déposé sur mon lit, et commence à la défaire, rangeant mes affaires dans les placards vides. Je sors une photo de mon père et moi, quelques années plus tôt. C'est une des rares photos de nous deux. Nous étions allés dans un parc d'attraction et avions demandé à des passants de nous prendre en photo. Détestant tous les deux les sensations fortes, nous avions passé l'après-midi à observer les gens, et avions juste gagné un gros loup en peluche à la pêche aux canards. Je l'ai d'ailleurs emmené avec moi, emballé dans un grand sac plastique. Par chance, John ne m'a pas demandé ce qui se cache dans le sac, sinon il se serait sérieusement inquiété pour ma santé mentale. À 17 ans il peut sembler bizarre à tout adulte que j'emmène avec moi une peluche, en plus renommée Alpha. Je vais faire en sorte qu'il ne la voie pas, mais pour le moment elle trône sur mon lit.
J'installe ensuite mon ordinateur portable sur le bureau avant de m'asseoir sur mon lit et de sortir mon téléphone. Mon père a laissé un message. Je le rappelle rapidement, lui promettant que tout va bien et que je suis bien arrivée. Il me tient la jambe un moment, voulant être sûr que son frère m'a fait bon accueil. Je finis par lui promettre de l'appeler dans la semaine pour lui raconter ma semaine au lycée parce que je viens d'entendre la porte d'entrée s'ouvrir et Mary entrer dans la maison.
Mon estomac se serre en évoquant à haute voix ma rentrée au lycée de la ville le lendemain. Je reste assise encore un moment, essayant de chasser mes angoisses. Je déteste l'idée d'arriver au lycée en plein mois de janvier. J'ai peur d'attirer l'attention dans un lycée aussi petit, ne comptant qu'environ 300 élèves. C'est certain, mon arrivée va faire grand bruit. Les rumeurs vont aller bon train, surtout quand on apprendra que je suis la nièce d'un des professeurs d'anglais. C'est certainement ce qui me dérange le plus en venant habiter à Forks : que mon nom soit connu, qu'on sache qui je suis. Et que j'aille le matin au lycée avec mon oncle. J'ai passé mon permis l'été dernier, mais je n'ai pas encore de voiture. J'ai économisé un peu depuis la rentrée de septembre, et j'espère pouvoir trouver une petite voiture d'occasion qui me permettrait d'être plus libre de mes déplacements, même si John m'a assuré que je pourrai me servir de sa voiture ou de celle de Mary. Mais je ne veux pas m'y résoudre. Je m'impose chez eux, je veux avoir un minimum d'autonomie. Et surtout pouvoir me rendre seule au lycée, parce que pour le moment je vais être obligée d'attendre la fin de la journée de mon oncle avant de pouvoir rentrer, et il en sera de même pour lui. Il me faut une voiture au plus vite. Même si avec mes petites économies, ce ne sera pas chose aisée.
Je cache ma grande peluche dans mon placard et descends au salon. La maison est sur deux étages, comportant deux chambres et la salle de bains en haut, et le salon, la cuisine et le bureau de John en bas. A peine rentrée, Mary est déjà aux fourneaux dans la grande cuisine. Elle m'entend arriver et tourne la tête.
-Bella, ma chérie !
Elle s'essuie les mains et vient me prendre dans ses bras.
-Je suis contente de te voir Mary !
-Moi aussi! Si tu savais comme ça fait du bien d'imaginer qu'il va enfin y avoir une autre présence féminine dans cette maison ! Laisse-moi te regarder!
Elle m'écarte tout en gardant ses mains sur mes bras et me fait un sourire admiratif.
-Tu as drôlement grandi à nouveau.
-J'ai envoyé des photos.
-Oui, mais le voir en vrai c'est encore mieux ! Ça fait combien de temps que tu n'es pas venu ici ? Au moins 5 ans ! Et dire que tu vas vivre avec nous, j'ai du mal à y croire ! Assieds-toi, qu'on discute un peu, puis je reprendrai ma cuisine.
-Je peux t'aider si tu veux, comme ça on discute tout en travaillant ?
Mary acquiesce, ravie. J'ai toujours adoré ses belles boucles blondes et ses yeux pétillants. A côté, je fais vraiment terne, avec ma peau blanche comme la neige et mes cheveux bruns foncés légèrement ondulés. Nous nous mettons donc au travail, préparant des lasagnes pour le dîner, un de mes plats préférés. Mary semble vraiment vouloir m'accueillir comme il se doit. Elle a sûrement peur que je déguerpisse au bout de quelques jours. Nous papotons pendant toute la préparation, elle évoque son travail et sa vie à Forks tandis que je lui confie ma vie auprès de mon père. Elle aussi s'inquiète que je choisisse de venir vivre avec eux, mais elle n'insiste pas, m'assurant seulement qu'elle est là si j'ai besoin de discuter.
-J'espère vraiment que tu vas te plaire ici. Nous allons tout faire pour en tout cas.
Elle tourne la tête vers moi, me scrutant tandis que je sors la sauce tomate du feu.
-Tu sais, tu as toujours été comme ma fille.
Je souris.
-C'est pareil pour moi, je t'assure.
-Nous sommes complémentaires, c'est pour ça. Tu n'as jamais connu ta mère, et je n'ai pas d'enfants, nous étions destinées à nous entendre je crois, songe-t-elle avec un petit sourire triste.
Mary m'a confié quand j'étais petite son incapacité à avoir des enfants. Cette stérilité l'a beaucoup affecté, même si aujourd'hui elle semble l'avoir acceptée. Elle reporte depuis toujours son amour maternel sur moi.
-C'est vrai. En tout cas, merci beaucoup de me laisser venir vivre ici.
-Alors elles sont prêtes ces lasagnes ? demande John en passant la tête dans la cuisine.
Il regarde un match de base-ball, son sport favori dont il ne rate aucun match.
-On a plus qu'à mettre au four, ce sera prêt dans une petite heure, je réponds. Alors ce match ?
-Ils sont en train de les dégommer ! Lance-t-il, alors que je ne connais même pas les équipes en jeu. Il faut que j'y retourne !
Mary lève les yeux en l'air.
-Je ne le supporte pas quand il se vautre comme ça devant la télé. Quand je l'ai épousé j'imaginai qu'il était différent, mais finalement, il est comme tous les hommes, soupire-t-elle. J'espère que tu auras plus de chance que moi.
-J'ai tout entendu ! lance John depuis le salon.
Je m'esclaffe. Cette bonne ambiance me fait du bien. A la maison l'ambiance restait plutôt froide, étant donné que je passais soit la soirée seule avec mon père où nous nous jetions des coups d'œil gênés tous les quarts d'heure, soit en sa présence accompagné de Veronica, et dans ces cas-là je ne restais pas longtemps dans la pièce à vivre, supportant mal leur clins d'œils et la tension amoureuse qui régnait entre eux.
Nous mettons le couvert avant d'oser jeter un œil au match de base-ball, en se regardant d'un air désespéré quand John sautille sur le canapé. Nous finissons par passer à table. Mon ventre gargouille depuis au moins une demi-heure.
-Tu dois être fatiguée avec le voyage.
-Un peu, j'admets. Je crois que je vais vite m'endormir, surtout après ce beau repas.
-Allez, passe-moi ton assiette.
-Alors, prête pour demain ?
Je grimace.
-Ne t'inquiète pas, tente de me rassurer Mary. Tu verras les gens sont sympathiques dans le coin.
-Je vais un peu trop attirer l'attention.
-Quoi, parce que je suis prof ? rit John.
-Non c'est pas ce que je voulais dire, je m'empresse de corriger.
-Ne t'inquiète pas, je sais bien que c'est la hantise de tous les jeunes.
-C'est juste que c'est un petit lycée, ils vont forcément remarquer mon arrivée.
-Justement tu vas te faire pleins d'amis, s'enjoue Mary.
-J'espère.
Le sujet est clos et Mary enchaîne sur le voyage, me demandant si le vol s'est bien passé, et si je n'ai pas eu trop froid en arrivant.
-Le changement était plutôt radical, je concède. Heureusement que j'ai pensé à faire les boutiques pour m'acheter des vêtements chauds avant de venir ici.
-Oui, tu vas en avoir besoin! En tout cas s'il te manque quoi que soit dis-le moi, je pourrai peut être te dépanner.
-C'est gentil.
Un petit silence s'installe où on n'entend que le raclement des assiettes. Je perçois un certain malaise. Ils ne sont pas habitué à avoir du monde, et encore moins dans ces circonstances. J'espère ne pas trop les déranger dans leurs habitudes en m'imposant chez eux.
Après le dîner, je reste encore un moment discuter avant de me retirer, épuisée, même si j'ai conscience que je vais avoir du mal à trouver le sommeil. Je me change, enfilant un jogging et un débardeur et sors le loup en peluche avant de le glisser sous la couette. C'est certainement une réaction très enfantine, mais je me suis beaucoup attachée à lui, et même si je ne suis pas en grande relation avec mon père, être loin de lui me fait un peu bizarre. Ah non, pas de nostalgie. Pas ce soir. Pourtant, je ne peux m'empêcher de repenser à quelques souvenirs avec mon père, et surtout de mes dernières heures avec lui, quand il m'a déposé à l'aéroport. Nous nous sommes dévisagés, aussi gênés l'un que l'autre, puis il a fini par dire d'une petite voix :
-Tu sais, je t'aime Bella.
-Moi aussi, je lui ai assuré, surprise par son aveu qu'il n'avait quasiment jamais fait.
-Je ne veux pas que tu partes là-bas pour de mauvaises raisons. Si tu veux rester, il n'y a aucun souci, je demanderai à Vero de ralentir ses déplacements.
Elle ne le ferait jamais, c'est évident.
-Je t'assure papa, le frais va me faire du bien. Et puis je suis sûre que ça fera du bien à John et Mary de voir du monde, j'ai souri.
Il a hoché la tête, relativement rassuré.
-En tout cas, promets moi une chose. Non, deux.
Je l'ai incité à poursuivre.
-Premièrement, si tu as envie de rentrer, pour quelque raison que ce soit, je serai là, je te le promets. Même si je suis en déplacement, je reviendrai et on reprendra notre vie comme avant.
J'ai acquiescé, une boule dans la gorge m'empêchant de parler. C'était certainement un de ces plus longs discours à mon encontre.
-Et deuxièmement, promets-moi de faire attention à toi. Je te connais, tu es toujours du genre à t'attirer des ennuis.
-Ça, ça va être difficile de le promettre! je me suis esclaffée. J'attire les problèmes tu le sais bien. Mais je vais essayer, c'est promis.
Il a finalement souri.
-Tu peux y aller alors, je suis un tout petit rassuré.
Je l'ai serré dans mes bras en rigolant, alors que j'avais les larmes aux yeux. En repensant à ces souvenirs les larmes me viennent à nouveau, mais je les retiens. C'est moi qui ai demandé à venir, ce n'est pas mon père qui m'a chassé, alors je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je ne m'explique d'ailleurs toujours pas ce geste. Je suis peut-être du genre à me sacrifier pour ceux que j'aime.
À force de réfléchir à mon passé et à mon avenir (et plus particulièrement à demain), je finis par me sentir engourdie. Je tends la main dans le lit et attrape une des pattes d'Alpha. Je me sens peu à peu sombrer dans le sommeil.
X
Le lendemain matin, je me lève avec une forte nausée. J'ai passé une nuit atroce, peuplée de cauchemars imaginant mon arrivée au lycée dans les pires conditions possibles. John et Mary font tout pour me détendre, mais je me sens vraiment angoissée. Déjà les jours de rentrée ne sont pas pas mon fort, alors un deuxième dans la même année scolaire, c'est un peu trop pour moi. Heureusement que j'y vais avec John, finalement. Sa présence m'aidera peut-être à me calmer.
Nous prenons un petit-déjeuner dans un grand silence, même si Mary me lance des petits sourires encourageants. J'avale un bout de brioche et un verre de jus d'orange avec difficulté avant de m'enfermer un moment dans la salle de bains pour calmer mes nerfs.
-Ce n'est qu'une rentrée, personne ne va te tuer, je me répète devant la glace en scrutant mon visage dévasté par le manque de sommeil.
J'ai de grandes poches sous les yeux, que j'essaye de cacher tant bien que mal avec un peu de fond de teint. Je ne me maquille pas, mais aujourd'hui c'est nécessaire si je ne veux pas ressembler à un zombie. Si je veux m'intégrer un minimum, il vaut mieux que j'évite de passer pour un monstre.
Une fois prête, je prends mon sac et redescends au salon. Mary est elle aussi sur le départ.
-Passe une bonne journée, me dit-elle en souriant.
-Je vais essayer, je réponds en grimaçant. Je ne te promets rien.
Elle rit.
-Cesse d'être aussi nerveuse, ça ira très bien.
Facile à dire, je marmonne intérieurement. John nous rejoint peu après.
-Tu es prête ? Bonne journée chérie, dit-il en embrassant sa femme.
Je prends mon sac et il m'emmène jusqu'à sa voiture, une Golf grise. Dehors, le sol est légèrement verglacé à cause du froid de cette nuit.
-Il devrait neiger d'ici la fin de la semaine, m'informe-t-il. On en a pas eu depuis Noël, il y a eu un petit coup de chaud, tout a fondu.
Je lève un sourcil en frissonnant.
-J'aurai dû venir plus tôt pour en profiter dans ce cas...
Ma respiration libère de la vapeur d'eau.
-Je ne te propose pas de conduire, je ne suis pas sure que tu sois en état, sourit-il.
J'acquiesce, la gorge nouée, et monte dans la voiture. Je pose mes mains sur mes genoux, essayant de calmer les tremblements de mes mains. John démarre la voiture.
-Destination : l'enfer ! me raille-t-il.
Je ne peux m'empêcher de lui tirer la langue.
-C'est facile à dire pour toi.
-Ne t'inquiète pas, je suis un super prof, les gens vont t'adorer ! dit-il en prenant la route.
Nous faisons un signe à Mary qui sort de la maison à son tour.
-J'espère juste que tu n'es pas mon prof, je veux dire, c'est pas que t'es pas un bon prof, mais...
-Je comprends, m'assure-t-il. Et ne t'inquiète pas pour ça, je me suis arrangé pour que ça n'arrive pas.
Je le remercie, soulagée. Il nous faut un petit quart d'heure pour rejoindre le lycée. Situé le long de la quatre voies, il ne fait pas du tout penser à un établissement scolaire. Seul un panneau renseigne sur sa nature de lycée. Il est aux abords de la forêt, qui s'étend derrière l'établissement. La forêt couvre une bonne partie de la région, elle rejoint également la maison de mon oncle -qui va devenir ma maison, désormais.
John se gare devant le premier bâtiment où un écriteau annonce qu'il s'agit de l'accueil.
-Comme ça tu vas pouvoir récupérer ton emploi du temps et tes livres.
Je remarque avec bonheur que nous ne nous garons pas sur le parking propre du lycée, mais sur celui réservé aux professeurs et au personnel. En effet un écriteau affiche l'interdiction de stationner pour les élèves. Comme ça je ne me mêlerai pas tout de suite à la masse. Nous remontons un étroit chemin pavé bordé de haies et entrons dans le bâtiment. J'essaye de garder mes mains dans mon blouson, mais je les sens trembler. John se dirige vers le bureau installé au milieu du bâtiment.
-Bonjour Paula ! lance-t-il à la femme assise derrière le bureau.
Elle lève les yeux et fait un grand sourire à John.
-Monsieur Swan! Que puis-je faire pour vous ?
-Je vous présente ma nièce, Isabella.
-Oh ! s'exclame-t-elle en me dévisageant de derrière ses petites lunettes rondes. Nous sommes très heureux de votre venue dans ce lycée. Votre oncle est un atout fort dans cet établissement.
-C'est... C'est gentil, je balbutie.
-J'ai déjà préparé votre emploi du temps, m'informe-t-elle avant de me montrer une petite pile de livres. J'ai rempli une fiche d'état des livres. Oh, et voici un plan de l'établissement.
Elle me tend les trois papiers dans un sourire. Je range vite les livres dans mon sac avant de le remettre sur mon dos. La sonnerie retentit.
-Les cours vont commencer, me dit John. Ça va, tu as tout ce qu'il te faut ?
J'acquiesce.
-Ton premier cours est dans quel bâtiment ?
-Euh...
J'ouvre l'emploi du temps.
-Bâtiment 3.
-Il est juste à côté du mien, je t'y emmène.
-Merci, je lance à la secrétaire qui me souhaite une bonne journée.
Nous ressortons du bâtiment et je remarque avec désespoir qu'il faut à chaque fois retourner dans le froid pour accéder aux différents bâtiments du lycée. Au moins je me rappellerai toutes les heures à quel point j'ai été idiote de venir vivre ici. Cette fois-ci les allées du lycée sont bondés, et quelques élèves nous jettent des coups d'œils, à croire qu'un radar indique sur mon front "Nouvelle, nouvelle". Je me cache le plus possible derrière John, qui finit par me laisser devant la porte de mon bâtiment.
-Passe une bonne journée. Oh, et rappelle-toi.
-Hum ?
-Les gens sont sympas, ils ne vont pas te manger, me sourit-il.
-Oh, ça va !
Il rit.
-Bon allez ne sois pas en retard. On se rejoint à la voiture ce soir.
Je hoche la tête avant de pousser la porte. Cherchant ma salle, je fais tout pour essayer de graver le plan du lycée dans ma mémoire, pour éviter de le sortir toutes les heures. J'ai pour commencer un cours de physique. Je finis par trouver ma salle, et le prof me gratifie d'un sourire et d'un bonjour avant de m'indiquer une table vide. Les élèves de la classe me lancent des coups d'œils surpris et passent les dix premières minutes de cours à discuter de la "nouvelle". J'ai moins de chance en cours d'anglais, où le professeur m'oblige à me présenter devant toute la classe. Je balbutie mon nom, mon âge et d'où je viens avant de me réfugier à une table, rouge comme une pivoine. Par chance, personne ne se moque de moi et certains me lancent même des sourires compatissants.
A la fin du cours, une fille et un garçon s'approchent de moi, sourires aux lèvres.
-Tu es Isabella Swan, c'est bien ça ?
-Oui, j'acquiesce (une question stupide puisque je viens de me présenter, mais ils veulent sûrement être gentils). Enfin, Bella plutôt.
-Bella, répète la fille. Je m'appelle Khristie Jens et voici Marc Daniels.
Khristie a de longs cheveux blonds et un sourire rassurant. Son ami Marc semble également très gentil, avec de beaux yeux verts et des cheveux bruns. Je me lève enfin de ma table et leur souris.
-Enchantée.
-Alors, cette première journée ? Ca se passe bien ?
-Pour le moment ça semble aller, je dis en me dirigeant vers la sortie de la salle.
-Ca ne doit pas être facile d'arriver en plein milieu d'année, compatit Marc.
-Oui, c'est certain, j'aurais du mal à supporter tous les regards posés sur moi.
-C'est ça, je dis, vous avez tout compris. C'est assez... Troublant.
-C'est quoi ton prochain cours ?
-Je crois que c'est la philosophie.
-Moi aussi, dit Marc.
Nous comparons alors nos emplois du temps, et il s'avère que je suis avec l'un des d'eux dans quasiment tous les cours, et nous sommes tous ensemble en sport. Super, comme ça ils pourront admirer ma maladresse. Je sens que Marc et Khristie veulent faire plus connaissance avec moi. Ils me proposent de déjeuner avec eux le midi pour me présenter à leur petit groupe d'amis. Je grimace en comprenant qu'ils restent avec plus de monde que je ne le pensais, mais je me force à sourire. Après tout, ça ne me fera pas de mal de me faire quelques amis. Marc m'accompagne donc jusqu'en philo, et me présente au passage à Brad, un blond aux cheveux coiffés en pics et aux yeux bleus qui ne me lâche plus de la matinée. Il a également cours de philosophie avec nous, et pendant tout le cours me jette des coups d'œils. Je soupire mentalement, espérant qu'il veut juste se faire des amis. Je me suis assise à côté de Marc. J'ai failli lui demander si lui et Khristie sont en couple, mais ça semble évident. Ils marchent très serrés et se dévorent des yeux à la moindre occasion.
Il est enfin l'heure d'aller déjeuner. Marc et Brad me guident jusqu'au bâtiment qui occupe le réfectoire. Je remarque des tables également disposées à l'extérieur, pour les jours ensoleillés. Dès qu'il y a un peu de soleil les lycéens doivent certainement se ruer dehors.
Nous rejoignons alors Khrisite, qui est aux côtés de Julie, une petite toute fine et guillerette qui saute partout, excitée à l'idée de pouvoir discuter avec une fille de Phoenix. Gênée, j'essaye de refréner son excitation, mais il est claire qu'elle est très sensible. Une fois à table nous sommes finalement 7. J'ai un peu de mal à me retrouver au milieu de tout le monde, surtout que leur attention reste un moment concentrée sur moi. Il m'est impossible de me rappeler du nom de l'autre garçon et de l'autre fille qui nous accompagnent. Quelque chose comme Teddy, mais je n'en suis pas certaine. Je guette le moment où ils se feront de nouveau appeler, pour essayer de mémoriser leurs prénoms. Finalement, ils se calment sur les questions et commencent à reprendre leurs conversations quotidiennes, les filles parlant de fringues et de maquillage et se rappelant leurs sorties pour le nouvel an, et les garçons commentant le match de base-ball de hier soir et les super séries qui passent en ce moment à la télé. J'ai un peu de mal à m'intégrer dans la discussion et mon esprit commence à s'égarer.
Mon regard est alors attirée par une table particulièrement bruyante. Je suis obligée de me retourner pour voir d'où toute cette agitation provient. Non, ce n'est pas une table bruyante, ce sont trois tables. Trois tables surroccupées. Je ne pourrais pas dire combien ils sont en tout, certainement une cinquantaine, répartis sur les trois longues tables. L'ambiance est plutôt bon vivant, ils attirent les regards de tout le monde mais ne semblent pas s'en préoccuper. Je distingue tout de suite deux catégories de personnes. Certains garçons attirent immédiatement mon regard par leur taille. Ils doivent être une dizaine, répartis sur toutes les tables. Une dizaine de lycéens qui paraissent tous, même assis, terriblement grands et musclés. Ils font tâche à côté des autres, plus frêles. Leur point commun à tous : des cheveux foncés, souvent noirs, coupés courts pour les garçons, et une peau légèrement cuivrée.
Khristie a suivi mon regard car elle se penche vers moi.
-Ils t'intriguent, n'est-ce pas ?
-Un peu, j'avoue. Qui sont-ils?
-Les jeunes de la réserve de la Push. Ce sont des indiens de la tribu Quileute.
-Quileute ? je répète.
J'ai déjà entendu ce nom. John n'habite pas très loin de la réserve, au bord de la plage, j'ai déjà rencontré quelques indiens lors de mes séjours chez eux. Un des garçons tourne soudain la tête vers nous, comme s'il nous avait entendu. Il fait partie de ceux qui sont particulièrement imposants. Comme les autres, il a des cheveux noirs, quoique un peu plus long et plus ébouriffés, et des yeux sombres. Ses épaules carrés et ses muscles puissants le rendent très imposant. Il a un regard vraiment très... profond. J'ai l'impression de m'y perdre. Je baisse immédiatement les yeux, surprise par son regard, et me tourne vers Khristie.
-Ceux qui sont super musclés sont impressionnants, n'est ce pas ?
-Je dirais imposants, j'acquiesce. Les Quileute ne mangent pas avec les autres lycéens ?
-Non, jamais. Pourtant ils sont très gentils, mais ils sont un peu étranges parfois.
Je lève les yeux. L'Indien a retourné son attention sur les autres, un petit sourire amusé aux lèvres.
-Pourquoi ?
-Surtout ceux qui sont gigantesques. Ils sont flippants. Ils se mettent en colère facilement, et crois-moi, tu n'as pas envie de les voir énervés. Avec leurs muscles et leurs deux mètres de haut, ils font flipper. Tous les garçons les craignent, même s'ils essaient de faire croire le contraire, me confie-t-elle avec un clin d'œil. Pour ce qui est des Quileute en général, ils mangent toujours tous ensemble. Parfois, les musclors mangent de leurs côtés, avec quelques filles. Et quand je dis qu'ils ne se mélangent pas aux autres, je parle pour tout, dit-elle en insistant sur le "tout".
Je fronce les sourcils.
-C'est-à-dire?
-Ils ne sortent jamais avec les autres. Seulement entre eux. Il ne se fréquentent qu'entre jeunes de la réserve. Dommage, ils sont tous drôlement bien foutus et vraiment mignons, enfin surtout ceux avec leurs muscles si imposants. Alors ne tente pas ta chance, sourit-il.
-Bizarre, je déclare sans relever la remarque.
-Ce n'est pas ça, le pire. De temps en temps, l'un d'eux se met à la muscu et devient géant comme les autres. Super étrange non ? A croire que les plus imposants font partie d'une secte qui est vouée à la musculation ou j'en sais rien. Enfin bref, ils sont tous très sympas, mais on les évite un peu.
-Merci des infos, je lui murmure avant de jeter un dernier coup d'œil aux différentes tables.
Ils sont concentrés dans leur discussion, laissant échapper des salves de rire, mais je remarque tout de même que celui qui m'a regardé tout à l'heure reste légèrement en retrait. Il lève une nouvelle fois les yeux, mais détourne le regard en me voyant.
-Arrête de les fixer comme ça, me chuchote Khristie.
Je finis par détourner mon attention de la table et essaye de me remettre dans la discussion. Pourtant, quand je tourne une nouvelle fois les yeux vers eux, le garçon aux cheveux ébouriffés rigole de nouveau avec les autres, totalement oublieux de notre échange de regard de tout à l'heure.
Après le repas, je commence l'après-midi avec un cours de maths. Ma matière préférée... J'ai toujours du mal à me concentrer dans ce cours, mon esprit ne supportant pas les chiffres, je suis du genre à le laisser dériver vers d'autres pensées et manque la moitié de ce que dit le prof, prenant seulement des notes quand c'est nécessaire. Mais quand j'arrive dans la salle, je comprends que j'aurai encore plus de mal à me concentrer cette année. Je remarque tout de suite le garçon de tout à l'heure, l'indien aux cheveux noirs ébouriffés, assis à une des tables. Il lève immédiatement les yeux vers moi, et je faillis de nouveau me perdre dans là contemplation de son visage. L'estomac soudain noué, je m'approche du prof pour me présenter:
-Bonjour...
-Vous êtes la nouvelle ? Bienvenue au lycée, installez-vous.
Je tourne la tête et remarque que toutes les places sont prises. Sauf une.
-Mettez-vous près de Jacob, fait-il en me désignant le siège vide à la table du garçon.
Mon cœur a un raté. Je finis par penser à respirer à nouveau et m'approche, fébrile. Bien entendu, je me prends le pied dans la table de devant et faillis m'étaler. Je me raccroche tant bien que mal et me laisse tomber sur la chaise, les joues brûlantes. Ma malchance a de nouveau opéré. Je sors mes affaires en jetant un coup d'œil sur ma gauche. Il m'observe avec un petit sourire. Il doit se moquer de moi après mon entrée fracassante. Le petit manège dure plus d'une minute après quoi je me décide à oser ouvrir la bouche :
-Tu es Jacob, c'est ça ?
Il parait surpris que je lui adresse la parole mais se reprend vite.
-C'est ça, sourit-il et je me mets à penser qu'il a un magnifique sourire, comme un rayon de soleil qui réchaufferait le cœur. Jacob Black. Et toi, c'est Isabella, mais tu préfères Bella, je me trompe ?
Je suis surprise qu'il le sache. Les nouvelles vont vite.
-C'est ça, je confirme. Bella Swan.
-Pourquoi Bella ? demande-t-il, visiblement réellement intrigué.
Je hausse les épaules.
-C'est plus court, et c'est une habitude. Je n'aime pas Isabella.
-Je vois. Tu as un lien de parenté avec monsieur Swan ?
-C'est mon oncle, je réponds en posant mon coude sur la table puis en appuyant ma main dans mon cou, mes cheveux cachant légèrement mon visage.
-Oh, d'accord, et tes parents sont venus s'installer ici ?
-Pas tout à fait. C'est moi qui suis venu m'installer chez mon oncle.
Il écarquille les yeux.
-Ce n'est pas une pratique très courante, si ?
-Non, ça ne l'est pas, je ris.
Jacob se concentre soudain sur son cahier. Le prof nous jette un regard désobligeant. Je me concentre alors sur le cours. Il est en train d'expliquer la façon de résoudre des équations du second degré, ce que j'ai déjà fait en début d'année. Je m'oblige à écouter, même si c'est un des seuls cours que j'ai bien compris. De nouveau mon esprit finit par s'égarer, et je pense à mon père, puis à Jacob. Il semble vraiment gentil, et pas du tout étrange comme le disait Khristie. Mais son physique est assez impressionnant c'est vrai. Il me surplombe de plus d'une tête sûrement, même assise je suis obligée de lever les yeux pour lui parler. Le prof finit par nous donner une série d'exercices à finir pour le prochain cours. Je sors enfin de ma léthargie, me rappelant tout à coup que je suis en cours. J'ouvre mon livre et retombe sur les yeux de Jacob fixés aux miens.
-Tu semblais perdue dans tes pensées, observe-t-il d'un air amusé.
-C'est vrai, j'avoue d'un petit sourire gêné. Ça m'arrive souvent, surtout en maths.
Nous essayons de nous concentrer un moment sur nos équations, puis Jacob reprend ses interrogations :
-Alors comme ça tu quittes tes parents pour venir te perdre ici ?
-Je quitte mon père, je rectifie. Nous habitons à Phoenix.
-C'est une drôle d'idée. Et ta mère ?
Je me pince les lèvres.
-Elle n'est plus là depuis mon enfance, je dis doucement.
Il paraît tout de suite gêné.
-Oh, excuse-moi.
Je balaye ses excuses d'un revers de la main.
-Et toi, tu vis à la Push ?
-Oui, répond-il, encore ébranlé apparemment, mais il finit par se reprendre en voyant que je n'ai pas l'air vraiment affecté. Nous sommes facilement reconnaissables, rit-il.
-Je crois que je suis ton opposée avec ma peau blanche comme un cadavre.
-C'est vrai que tu n'es pas très bronzée pour une fille de Phoenix.
-Je crois que ma peau n'aime pas le soleil, je dis en haussant les épaules. Ou alors j'ai hérité de mon père.
-Alors, qu'est-ce que tu viens faire ici ? Tu préfères le froid ?
-Non, je n'aime pas le froid. C'est seulement ma peau qui n'aime pas le soleil, moi ça me va très bien.
-Tu n'aimes pas le froid et tu viens ici ? Tu vas être servie.
-C'est un peu compliqué. En fait mon père s'est remarié.
-Oh.
-Elle est très gentille, simplement elle voyage beaucoup pour le travail - elle est pianiste- et je voyais bien que mon père souffrait de ne pas pouvoir l'accompagner, alors, j'ai résolu le problème et me voila.
Jacob reste interdit.
-Alors là, c'est la première fois que j'entends ça.
-Quoi ?
-Tu t'es exilée dans ce trou paumé pour que ton père puisse partir à l'aventure ?
-Dis comme ça...
-Et tu le dirais comment toi ?
Il me scrute et je suis une fois de plus troublée par ses yeux si sombres.
-Je veux que mon père soit heureux. J'avais peut être en plus besoin de changer un peu d'air, je finis par avouer.
-Là, ça me parait plus plausible. Quoi, des problèmes au lycée ?
Je grimace.
-Excuse-moi, c'était peut-être un peu indiscret. Laisse tomber, s'empresse-t-il d'ajouter. Alors, cette première journée, ça se passe bien ?
Je suis surprise par sa capacité à sentir mon malaise.
-Euh, oui, ça va, je balbutie. Peut être un peu trop de regards sur moi.
-Oh, tu prônes la discrétion, sourit-il. Je suis un peu comme ça moi aussi. Je n'aime pas trop attirer l'attention. Même si je dois avouer que mes fr.. mes amis sont plus bruyants.
Je me demande un instant quel mot il a failli employer pour les qualifier, mais je passe vite outre.
-C'est vrai qu'ils sont assez... Expressifs.
De nouveau Jacob se replonge dans ses maths. Je le suis, devinant que le prof nous observe. Je suis surprise qu'il remarque aussi rapidement le regard du prof. Personnellement je ne m'en serais rendue compte que lorsqu'il nous aurait réprimandé.
Nous échangeons peu le reste du cours. Je fais mes équations sans trop de difficultés, même si Jacob me propose plusieurs fois son aide quand il me voit grimacer au-dessus de ma feuille.
Quand la sonnerie retentit, je range mes affaires rapidement avant de me lever. Jacob est déjà prêt à partir.
-Tu as quoi après ?
-SVT il me semble.
-OK. Moi je suis de l'autre côté du lycée.
-D'accord, eh bien, à plus tard dans ce cas ?
-C'est ça, dit-il dans un sourire. J'ai été content de te rencontrer, Bella. Peut-être qu'on aura d'autres cours ensemble.
Je lui fais un sourire et il s'éclipse. Quand je sors de la classe il a déjà disparu. Je sens soudain une main sur mon épaule. Khristie me regarde d'un drôle d'air.
-Comment t'as fait ça ?
-Fait quoi ?
-Je crois bien que c'est la première fois que je vois Jacob Black discuter avec une fille. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais il a beaucoup souri.
Je frémis, gênée qu'elle nous ait observée. Je n'ai pas pensée, occupée à discuter, que les autre filles pourraient nous observer, étant donné que les Quileute restent plutôt dans leur coin. Je hausse les épaules.
-Alors raconte ! Vous avez parlé de quoi ?
-Euh, de tout et de rien je suppose. Je t'assure, pas de quoi en faire tout un plat. Il n'est pas bizarre finalement. Enfin, pas trop.
-Il faut que je raconte ça à Julie et Mercy, elles ne vont pas y croire !
J'ai enfin retrouvé le nom de la dernière camarade du groupe. Le reste de la journée se passe dans le calme. Je ne revois pas Jacob, il ne doit pas être souvent dans ma classe, et Khristie ne peut s'empêcher de me poser des questions sur notre discussion en maths. A la fin des cours, je rejoins enfin le parking en face de l'accueil et y attends John. Je remarque alors une affiche collée à la porte de l'accueil, annonçant qu'un élève vend une voiture d'occasion, une petite camionnette plutôt âgée mais qui tient la route. Le prix n'est pas affichée, il faut contacter le propriétaire. Je note le numéro de téléphone et le modèle de la voiture. Peut être que finalement je vais trouver un véhicule plus vite que prévu, ce qui serait formidable. Je vais peut-être réussir à m'adapter à cette ville finalement, même s'il reste beaucoup de travail.
Durant le trajet de retour, John me demande si la journée s'est bien passée. Je le rassure en lui racontant que j'ai fait des connaissances.
-J'ai aussi rencontré un des Indiens. De la Push.
John rigole, mais juste avant, j'ai cru voir passer l'ombre d'une grimace sur son visage.
-Lequel connais-tu ?
-Euh, Jacob. Jacob Black.
-Oh, le fils de Billy ! Un gamin charmant. Je l'avais comme élève l'année dernière. Il est dans ta classe ?
-En maths, et peut-être dans d'autres matières je ne sais pas.
-Il a drôlement changé. Tu l'aurais vu au début de l'année de seconde. Il faisait drôlement gamin. On aurait dit qu'il n'avait que quatorze ans, il n'étais pas très grand. Il a eu une belle poussée de croissance vers Noël. Il a dû se mettre au sport. Il est plutôt impressionnant.
-Ils sont tous très grands. Enfin la plupart.
-C'est vrai, ils doivent avoir ça dans le sang. Les garçons ont des poussées de croissance extraordinaires et très rapides. En quelques semaines ils deviennent des géants. D'ailleurs…
Je sens son hésitation.
-Hum ?
-Jacob est un gamin sympa, mais… Tu devrais peut-être éviter de le côtoyer de trop.
-Pourquoi ça?
-Avec certains de ses camarades, ils sont assez… instables.
Je fronce les sourcils.
-Comment ça ?
-Ils sont très impulsifs, et crois-moi, avec leur carrure, tu n'as pas envie de te retrouver au milieu d'un conflit. Ca n'arrive pas tous les jours, mais régulièrement il y a des problèmes.
-Quoi, ils se battent ?
-Jacob non, mais ses amis, ce n'est pas loin. Heureusement leurs camarades arrivent généralement à les calmer. Je t'assure, j'ai déjà assisté à ça. Il suffit qu'un élève leur dise quelque chose qui leur deplait, et immédiatement ils deviennent flippants, à croire qu'ils vont exploser sous tes yeux.
J'ai du mal à imaginer ce que me décrit mon oncle.
-Il m'a semblé plutôt calme.
John hausse les épaules.
-Jacob se tient à l'écart des ennuis. La plupart du temps.
Je n'aime pas son « la plupart du temps ». Est-ce que ça veut dire que lui aussi s'énerve pour un rien ? Il n'a pas l'air de quelqu'un de violent. C'est la deuxième fois qu'on me parle de leur impulsivité. C'est sûr que vu leur physique, la scène doit être assez marquante. Mais Jacob m'a paru si gentil, j'ai du mal à y croire.
-Enfin bref, fais attention.
Le sujet est finalement clos et John me pose des questions sur mon emploi du temps et mes profs. Je réponds par des phrases courtes, mon esprit vagabondant dans les souvenirs de cette journée. L'image de Jacob s'impose dans mon esprit. Je n'arrive pas à faire coller notre discussion et ce que j'ai pu observer pendant le déjeuner. Il semblait tellement étrange et... Mystérieux au milieu des autres garçons de la réserve, alors qu'il m'a semblé un garçon comme les autres en maths. Enfin, comme les autres, façon de parler. Il est vraiment plutôt impressionnant, surtout sa taille. J'avais l'impression d'être une naine à côté de lui. Je me remémore sa voix grave et son sourire éclatant. Quand il rigole, ses yeux semblent moins sombres, comme s'ils s'éclairaient quand il est joyeux. Je suis étonnée qu'il m'ait posé autant de questions, et d'y avoir autant répondu. D'ordinaire je n'étale pas ma vie privée, même à mes amis. Je ne leur confie que le strict nécessaire, refusant de m'avancer plus, alors que là, les paroles sont sorties de ma bouche sans que je pense à les filtrer. J'ai la curieuse impression de le connaître depuis un moment, et d'avoir seulement discuté avec un ami d'enfance, alors que je ne l'ai jamais vu. Mais après ce que m'a dit John, je ne sais pas quoi penser de lui. Je devrais sûrement me méfier, mais je ne vois pas pourquoi je devrais émettre un jugement sur lui avant de le connaître vraiment.
Je chasse mes pensées quand on arrive à la maison. Je lui ai parlé dix minutes, pas besoin d'en faire tout un plat. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas tendance à parler aux filles que je dois me faire des films. Mais d'un coté, je suis venue ici en espérant me faire des amis, alors, je ne devrais pas me plaindre.
Il commence déjà à faire nuit. Je me réfugie vite dans ma chambre après avoir embrassé Mary et lui avoir un peu parlé de ma journée, pour y déposer mon sac et travailler un peu. Je vais devoir rattraper pas mal de cours, car à Phoenix nous les faisions dans un ordre différent et j'ai donc loupé plusieurs chapitres alors que je vais devoir réécouter les mêmes leçons. Je demanderai peut-être à mes profs de m'autoriser à travailler les cours manqués pendant ce temps-là. J'appelle également rapidement mon père, lui assurant que ma journée s'est plutôt bien passée, même s'il me faudra bien sûr un petit temps d'adaptation. Après avoir raccroché je compose un nouveau numéro, cette fois celui de l'affiche pour la voiture à vendre. On décroche au bout de trois sonneries.
-Allo ?
-Bonjour, je suis au lycée, et j'ai vu l'affiche pour la voiture...
-Oh, d'accord ! Attends, Bella ?
Je remarque alors que cette voix me dit quelque chose.
-Euh, oui.
-C'est Brad !
Je grimace. Sur tous les élèves du lycée, il faut que ce soit lui qui vende cette voiture. Magnifique, il ne m'a pas lâché des yeux de la journée.
-Oh, alors c'est toi le vendeur ! Je ne t'ai pas entendu en parler aujourd'hui.
-Oh je n'en parle plus, ça fait plus d'un mois qu'elle est vente et je n'ai pas eu de propositions. Elle t'intéresse ?
-Comme tu le sais je viens d'arriver, et pour l'instant c'est mon oncle qui m'emmène, alors j'aimerai avoir un moyen de locomotion.
-Je t'assure que c'est une super voiture ! Par contre je te préviens elle n'est pas toute jeune, ça fait un moment que je ne l'ai pas démarré, il faudra que je vérifie que tout va bien. Elle était à mon père, il me l'a passé mais depuis j'ai une nouvelle voiture.
Ça ne me rassure pas. Il ne la voulait plus parce qu'elle est vraiment trop vieille ou juste parce qu'il voulait changer ?
-Avant de te déranger je voudrai savoir à combien tu la vends. Je n'ai pas beaucoup de moyens, alors...
-Je peux te faire un petit prix !
Je me pince les lèvres. C'est une vraie épave ou quoi? Il semble deviner mes pensées.
-Crois-moi, c'est une voiture très attachante et en plutôt bon état, je disais ça juste parce que ça fait un moment que je cherche à la vendre, et puis si ça peut te faire plaisir.
-Alors, donne-moi un prix et j'y réfléchirai.
Il réfléchit un instant puis me donne un nombre. Je m'assois sur le lit, découragée.
-Je ne peux pas faire moins je suis désolée, j'essaie de récupérer de l'argent pour l'université.
-Oui, je comprends, ne t'inquiète pas. Je vais y réfléchir, on en reparle demain.
-D'accord, et moi je vais aller voir si tout va bien de son côté.
-Bonne soirée.
-A toi aussi, Bella.
Je raccroche et reste un moment les yeux dans le vide, pensive. Si j'ai bien compté ce que j'ai sur mon compte en économies, il me manque un quart de la somme. Ce n'est pas grand chose mais je ne vois pas comment les obtenir. Je vais peut-être repasser un coup de fil à mon père finalement, même si je ne veux pas lui demander ce genre de chose. Mais bon, je ne risque pas de retrouver pareille occasion dans cette petite ville.
Je prends une rapide douche avant de descendre dîner. Mary me pose pleins de questions sur cette journée, me demandant si je me suis fait des amis. J'évoque rapidement le petit groupe avec qui j'ai déjeuné et ma brève discussion avec Jacob. A son tour Mary me confie à quel point les Quileute étaient renfermes. Elle n'en voit pas souvent à l'hôpital, en tout cas pas les plus gaillards. Comme s'ils ne leur arrivaient jamais rien.
-Au fait nous voulions te parler de quelque chose, annonce soudain John en posant sa serviette.
J'arrête d'écraser ma purée et lève la tête.
-Nous en avons parlé avec ton père, et on a fini par tomber d'accord sur le fait que tu aimerais sûrement te trouver un moyen de te déplacer toute seule. Ta tante et moi, avec ton frère, on voudrait se cotiser pour...
Je l'arrête d'un geste.
-Il n'est pas question que vous me payiez une voiture.
-On peut en trouver une pas trop chère, intervint Mary.
-Écoutez, j'ai déjà trouvé une voiture à vrai dire.
Ils écarquillent les yeux.
-Un garçon du lycée vend une camionnette à plateau, une Chevrolet. Elle est un peu âgée mais elle semble tenir la route.
-Oh... Qui est ce garçon ?
-Bradley. Je ne sais plus son nom de famille.
-Adams?
-C'est peut être ça, je dis, agacée que mon oncle connaisse tous les jeunes de la ville.
-Oh, c'est un garçon gentil. Ses parents tiennent un restaurant. Dans ce cas nous pouvons peut être t'aider, elle ne doit pas trop chère.
-On veut faire ça pour toi, insiste Mary.
-J'ai fait quelques économies, mais il manque une partie, je finis par avouer. Pas grand chose, et je ferai en sorte de vous rembourser...
-Oh non, pas question. Tu viens vivre ici, on veut que tu te sentes bien. Il te manque beaucoup ?
-Environ un quart du montant.
Je leur parle alors de la voiture et du prix de vente. John est surpris par le prix, annonçant que c'est une très bonne affaire. Il propose alors de payer la moitié de la somme, pour que je puisse garder quelques économies pour me faire plaisir. Je refuse vivement, et après un bon quart d'heure de négociations, je finis par accepter qu'ils payent un tiers de la somme. Je suis soulagée d'un tel retournement de situation. J'aurais une voiture bien plus vide que prévue apparemment. Je les remercie vigoureusement, leur promettant de les tenir au courant. Après le dîner, j'envoie un SMS à Bradley, lui disant que normalement c'est ok pour le prix, mais que je veux la voir. Il me renvoie un message : le moteur ronronne comme un chat, il vient avec au lycée demain pour que je puisse la voir.
Toute excitée, je le remerciai avant d'aller me laver les dents et de me glisser dans mon lit. J'espère qu'elle n'est pas si vieille que ça, je n'aurai pas de quoi payer des réparations toutes les trente secondes.
Avant de m'endormir, le visage de Jacob me revient de nouveau à l'esprit. J'attrape alors Alpha, toujours caché sous la couette, et le ramène contre moi. Après toutes ces bonnes nouvelles, je finis par penser que je m'habituerai à Forks. Puis je me rappelle le froid et la neige qui risque bientôt d'arriver, et me ravise. J'ai vraiment eu une idée idiote de venir m'installer ici.
NA : Je débarque aujourd'hui dans le monde de Twilight, avec cette fiction dont je vous propose ici le premier chapitre. J'ai préféré vous laisser lire avant de faire mon blabla. A vrai dire, c'est bien la première fois que je commence à poster une histoire avant d'avoir terminé son écriture, mais je me suis dit que ce serait une bonne chose, parce que j'ai un peu de mal à la finir. Je suis dans les derniers chapitres, mais ayant passé de nombreux mois dessus, j'ai peur de m'être éloignée du départ de ma fiction, puisque j'ai tendance à partir un peu loin parfois, alors, je pense que vos critiques pourront m'encourager à écrire. Je dois la terminer avant la fin de l'été, alors, j'ai plus que besoin de vos conseils !
Je voudrais juste expliquer un peu le but de mon histoire : vous l'avez compris, une sorte de réécriture du premier tome de la série, avec de nouveaux personnages et une histoire totalement différente, même si vous y verrez certainement des références à l'œuvre originelle. Pour les fan du couple Bella/Edward, je vous conseille de quitter cette page ! J'aime bien Edward, mais je préfère Jacob, vous l'aurez sûrement deviné x)
Juste un petit conseil avant que certaines personnes soient perdues : lisez cette histoire comme si vous n'aviez jamais lu/vu Twilight, sinon vous risquez de vous perdre, parce que j'ai pris de nombreuses libertés quant aux personnages et à l'aspect surnaturelle de l'histoire ! En résumé, on peut dire que c'est une fiction Twilight puisque je reprends des personnages, la ville et le côté fantastique, mais il y a beaucoup de choses qui s'en éloignent, je donnerai des détails prochainement si certains partent sur de mauvaises pistes. Faites comme Bella, découvrez les choses au fur et à mesure !
Sur ce, je vous laisse avec mon blabla, j'espère publier rapidement la suite, qui vous l'avez compris est déjà écrite, mais en cours de reprise, pour être sûre de ne pas faire d'incohérences entre le début de ma fiction et la fin ;)
N'hésitez pas à faire des critiques, positives ou négatives, tout est bon à prendre !
